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Métapo infos - Page 630

  • Les communes, le dernier lieu de sociabilité humaine...

    Le numéro 26 du mensuel conservateur L'Incorrect est arrivé en kiosque. On peut découvrir à l'intérieur, notamment, un dossier consacré aux communes comme dernier lieu de sociabilité humaine et un grand entretien avec l'intellectuel conservateur anglais Douglas Murray,  ainsi que les rubriques habituelles "L'époque", "Politique", "Monde" "Essais" , "Culture" et "La fabrique du fabo"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

     

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  • L'énergie nucléaire et la transition énergétique...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Marc Jancovici à Figaro Vox et consacré à la question de la transition énergétique. Polytechnicien, spécialiste des questions énergétiques, Jean-Marc Jancovici est l'auteur ou le co-auteur de plusieurs essais sur le sujet, dont "Dormez tranquille jusqu'en 2100", et autres malentendus sur le climat et l'énergie (Odile Jacob, 2017). On peut découvrir les thèses de cet auteur dans de nombreuses vidéos, dont celle de sa leçon inaugurale à Science Po en août 2019 : "Vous avez dit « transition énergétique » ? ".

     

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    Jean-Marc Jancovici: «L’Allemagne est le contre-exemple absolu en matière de transition énergétique»

    LE FIGARO.- Vous évoquez souvent l’immense décalage entre le coût de l’énergie et son utilité sociale. Nous ne nous rendons pas compte de la valeur de l’énergie? Est-ce l’impensé de l’écologie?

    Jean-Marc JANCOVICI.- La quantification économique a pris le pas sur d’autres métriques pour juger l’utilité de quelque chose. On pense spontanément que ce qui est utile vaut cher, que tout ce qui fait notre vie s’achète, or comme l’énergie ne coûte pas très cher dans notre poste de dépense (environ 10% pour un ménage pour logement et transports), le lien de dépendance n’est pas ressenti. Or ce qui fait notre mode de vie: les villes, le pouvoir d’achat, les études longues, le basculement dans le tertiaire, les week-ends, les 35h, les retraites, les six semaines de congés payés, la viande à tous les repas, c’est l’énergie, et très majoritairement les combustibles fossiles.

    Les machines sont invisibles dans la convention économique: on continue à dire que les gens travaillent mais en réalité ce sont surtout les machines qui produisent. La puissance des machines dans le monde occidental, c’est 500 fois la puissance des muscles des Occidentaux. Pour que la France produise ce qu’elle produit aujourd’hui, sans machines, il faudrait multiplier sa population par 500 à 1000. Les machines sont totalement dépendantes de l’énergie, qui est un facteur beaucoup plus limitant que la force de travail pour l’économie. On ne se rend pas compte car on juge les choses à travers leur prix, convention humaine qui ne tient pas compte des réalités physiques. Dans le système économique moderne, on a considéré que tout ce qui venait de la nature était gratuit, n’avait pas de prix. En ce sens le pétrole est aussi gratuit que le vent car personne n’a rien payé pour qu’il se forme. La gratuité de ces sources énergétiques fait qu’elles ne sont pas dans notre radar. Nous sommes des urbains déconnectés des flux physiques qui nous permettent de vivre. Le thé que nous sommes en train de boire en ce moment a poussé à des milliers de kilomètres d’ici!

    Vous ne croyez pas à la possibilité d’une transition énergétique à 100% vers le renouvelable?

    J’y crois tout à fait: il suffit de revenir à là où on en était en 1700, un monde à 100% renouvelables, avec 500 millions d’agriculteurs. Est-ce que c’est possible? La réponse est oui. Est-ce que ce sera le monde actuel, avec 8 milliards d’habitants consommant ce qu’ils consomment? La réponse est non. Le monde actuel repose sur les combustibles fossiles, qui ne sont pas renouvelables. On en aura un jour de moins en moins, c’est inexorable. Cela a déjà commencé en Europe depuis 2006: nous avons déjà une baisse du gaz, du pétrole et du charbon disponibles, et cela ne vient pas de politiques climatiques, qui pour le moment restent bien trop timides.

    Ne faites-vous pas l’impasse sur la possibilité du progrès technologique? Ne va-t-on pas trouver des façons de stocker l’énergie verte?

    Je vous retourne la question: souhaitez-vous vous reposer en totalité sur la possibilité d’une avancée qui pour le moment n’existe pas? Peut-être que ça va arriver. Mais, si vous êtes raisonnable, vous ne pariez pas sur sa survenue certaine. Avec les connaissances qui sont les miennes, je pense que le pari le plus intelligent à faire n’est pas de croire qu’on va trouver des solutions techniques inédites pour résoudre les problèmes environnementaux et garantir le niveau de vie. Le changement climatique a des effets différés après le maximum des émissions. Donc même si on trouve une solution miracle il y a des dégâts irrémédiables qui sont déjà là.

    Est-ce à dire que le nucléaire seul pourra sauver le climat?

    Le nucléaire fait partie des canots de sauvetage. À partir du moment où le navire principal -les fossiles - prend l’eau, et que vous devez le saborder aussi vite que possible pour des raisons climatiques, il vous reste les canots de sauvetage: les économies d’énergie, les énergies renouvelables et le nucléaire. Les militants qui s’opposent au nucléaire disent en fait «je ne veux pas utiliser un des canots de sauvetage car le gouvernail pourrait grincer». Ça ne fait pas baisser le risque global, ça l’augmente!

    La France a-t-elle eu tort d’abandonner la quatrième génération de réacteurs nucléaires?

    Bien sûr. D’une manière générale, la France gère ses filières de long terme à la petite semaine, au nom d’une idéologie discutable - la concurrence généralisée, et d’une démagogie électorale, «l’antinucléaire qui fait peur». Dans le domaine des infrastructures, qu’il s’agisse d’un réseau électrique, d’un système de production, de transports, ou d’aménagements du territoire, la période pertinente pour penser le système est de l’ordre d’un siècle. Cela ne peut se gérer en se basant sur les prix du marché de la semaine dernière ou des objectifs court-termistes de rentabilité. La mise en concurrence généralisée dans ces domaines est un piège qui déstructure totalement le pilotage des investissements et raccourcit les horizons de temps. Et pour planifier on doit défaire d’une main ce que l’on a fait de l’autre: les tarifs d’achat sur les renouvelables consistent justement à sortir un mode de la concurrence après avoir créé cette dernière…. Les travaux gigantesques de fortification mise en œuvre par Vauban n’auraient pas été possibles si on avait dû le mettre en concurrence! C’est la même chose dans le ferroviaire, ou le nucléaire qui a besoin d’un système planifié. Démagogie électorale ensuite: Superphenix le réacteur de quatrième génération créé dans les années 1970 a été arrêté pour des raisons électorales en 1997 par Jospin. Fessenheim a été arrêté par Hollande pour des raisons similaires. Satisfaire 3% d’antinucléaires dans un électorat est plus important que l’avenir de long terme..

    Que pensez-vous de l’exemple allemand?

    L’Allemagne est l’exemple de tout ce qu’il faut ne pas faire en matière de transition énergétique. Elle a commencé à supprimer son nucléaire avant de supprimer son charbon. Elle est vent debout contre les contraintes sur les émissions de l’industrie lourde, via un système de quotas, et contre une réglementation sévère sur les voitures neuves vendues. L’Allemagne plaît beaucoup aux antinucléaires, mais l’Angleterre est un pays beaucoup plus intéressant pour nous. Cette attitude est un vrai problème pour l’axe franco-allemand, moteur de l’Europe.

    On l’a vu pendant la crise des gilets jaunes, une simple augmentation de la taxe carbone peut avoir des conséquences sociales violentes. Il y a une tension grandissante entre le désir de consommation des classes populaires et l’impératif écologique prôné d’abord par l’élite (les plus gros scores des verts sont dans les métropoles). Pensez-vous que la transition énergétique puisse se faire sans douleur sur le portefeuille des classes populaires occidentales ou est-ce un mensonge?

    Malheureusement, quand on regarde la physique, on se rend compte que même le niveau de vie d’un smicard est trop consommateur de ressources non renouvelables pour qu’on puisse le maintenir en l’état. Son niveau de vie n’a rien à voir avec celui d’un paysan, et même d’un baron du Moyen Âge. Il vit dans un appartement chauffé, a un poste de télévision, part en vacances, mange à sa faim, et mobilise un énorme flux de ressources pour sa consommation de produits de toute nature. À 8 milliards, se remettre dans un système compatible avec les limites de la planète ne pourra se faire sans un effort de tous, y compris des classes populaires. Certes les plus riches devront donner l’exemple et être sur le front, pas à l’arrière, mais tout le monde va devoir faire des efforts.

    «L’humanité n’a pas dit son dernier mot», a assuré le premier ministre Édouard Philippe avant sa visite à la COP25. Faut-il être comme lui optimiste? Attendez-vous quelque chose de cette COP?

    De manière un peu désabusée, on pourrait dire que toutes les COP qui ont précédé n’ont servi à rien. La concentration de CO2 dans l’atmosphère n’a pas augmenté moins vite dans l’air depuis le début des réunions de ce type en 1995. Il n’y a eu aucune inflexion. Une COP, c’est une assemblée de 198 copropriétaires, où chaque pays-propriétaire possède une voix, qu’il possède un placard à balais ou le duplex du dernier étage, et qui doivent se mettre d’accord à l’unanimité sur une rénovation de l’immeuble de fond en comble, sans syndic, sans projet de résolutions, où les charges seront payées par chacun au prorata de sa surface. Les chances de réussite sont nulles.

    Quelle est la bonne échelle?

    La puissance publique, la puissance privée, les particuliers ont chacun des possibilités d’agir. L’ONU ne fait qu’entériner ce que ces trois corps ont déjà décidé par ailleurs.

    Que peuvent faire les individus?

    Nous avons sorti une étude avec Carbone 4 intitulée «Faire sa part» pour essayer de calculer comment diminuer de moitié son empreinte carbone par des gestes et des investissements sans que ça soit trop violent. Il y a quatre gros postes d’émissions carbone chez les particuliers. D’abord l’alimentation: un premier geste peut être de manger moins de viande. En France, il faudrait diviser le cheptel bovin par deux et multiplier les prix unitaires par trois pour que les éleveurs puissent se payer correctement. Ensuite, les déplacements. Le particulier doit privilégier les voitures les plus petites possibles, et les déplacements sans voiture (bus, vélo, marche, train, diminution des trajets en portée, ou covoiturage). L’état devrait mettre une prime à la casse extrêmement élevée dès lors qu’on achète une voiture neuve qui consomme moins de la moitié de l’ancienne. Il peut aussi remettre en place la vignette et réglementer à la baisse les émissions des voitures neuves. Troisième poste d’émission: la consommation: il faut acheter moins de «tout», que ce soit des vêtements ou de l’électronique (cette dernière représente un pas qui croit très vite!). Enfin, le chauffage: on peut baisser le thermostat, isoler, ou changer sa chaudière fioul ou gaz pour une pompe à chaleur ou au bois en milieu rural.

    Et au niveau de l’état, quelle serait la mesure la plus urgente à mettre en œuvre qui aurait le plus d’impact?

    D’abord, je dirais, passer du temps à bien comprendre le problème! Ensuite, arrêter demain matin le soutien au solaire et à l’éolien et réorienter les quelques milliards d’euros qui y sont consacrés chaque année dans des mesures vraiment efficaces: aider les ménages modestes à passer à la pompe à chaleur, à isoler, à acquérir des voitures consommant très peu tout en obligeant les constructeurs à en faire, à faire des pistes cyclables et de l’agriculture moins émissive, etc..

    Jean-Marc Jancovici, propos recueillis par Eugénie Bastié (Figaro Vox, 13 décembre 2019)

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  • La Déshumanisation de l'art...

    Les éditions Allia viennent de rééditer un essai de José Ortega y Gasset intitulé La Déshumanisation de l'art. Philosophe et publiciste espagnol, partisant d'un conservatisme libéral, José Ortega y Gasset (1883 - 1955) est particulièrement connu en France pour son essai de 1929, La révolte des masses (Le Labyrinthe, 1986), dans lequel il annonçait l'apparition de l'« homme moyen » , qui « n'a que des appétits »  et qui « ne se suppose que des droits ». Plusieurs de ses essais ont été récemment réédités, comme Méditation sur la technique (Allia, 2017), Autour de Galilée - Du christianisme au rationalisme, du monde moderne à la post-modernité (Perspectives libres, 2018) ou encore Sur la chasse (Atlantica, 2019).

     

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    " « Si le nouvel art n'est pas intelligible à tout le monde, cela signifie que ses ressorts ne sont pas ceux du genre humain. Ce n'est pas un art pour les hommes en général, mais pour une classe très particulière d'hommes qui, même s'ils ne valent pas plus que les autres, sont de toute évidence différents. »

    Jean Cassou disait d'Ortega y Gasset qu'il ne craignait pas la frivolité, voire la recherchait. Ce n'est pas le moindre des paradoxes, quand on lit ce texte-ci, mélange de critique "sérieuse" et de fascination-répulsion pour un art désormais futile aux yeux de l'auteur. Ortega y Gasset s'attaque en effet à une tendance de l'art de l'époque (ce texte est publié pour la première fois en 1925) à éliminer la figure humaine de ses sujets au point de devenir autocritique, voire un jeu entre artistes. Cela conduit à le rendre impopulaire. Dégagé du sérieux et de tout pathos, l'art perd sa transcendance au profit de la superficialité, du divertissement. Il est désormais élitiste, il exclut les masses. Il est le symptôme d'une crise culturelle, qui annonce la décadence d'une société de plus en plus tournée vers le spectacle. En effet, l'art finit par se vider de tout contenu : « Tout comme dans un système de miroirs qui se réfléchissent indéfiniment les uns dans les autres, aucune forme n'est la dernière. Toutes sont moquées et réduites à pure image. » "

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  • Toutes les violences ne sont pas destructrices !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question de la violence, notamment politique. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « La violence peut être parfois condamnable, mais je ne la condamne pas par principe ! »

    Aujourd’hui, toute action politique peut se trouver disqualifiée, en termes médiatiques s’entend, dès lors qu’elle en vient à s’exprimer de façon violente, que cette violence soit réelle ou supposée. C’est donc l’effet qui se trouve condamné, et non point la cause. Angélisme ou cynisme ?

    Je dirais plutôt : « mécompréhension ». La condamnation sans nuances de la violence est le fait, d’une part, des pacifistes, qui se retrouvent du même coup condamnés à « faire la guerre à la guerre », position inconfortable, d’autre part, de l’éternel parti bourgeois, acquis aux idées libérales, qui s’imagine que la discussion, la négociation, le compromis, voire le « doux commerce », peuvent toujours permettre d’éviter l’affrontement. Les maîtres de l’idéologie dominante capitalisent sur cette condamnation inconditionnelle de la violence pour se prémunir contre les insurrections qu’ils redoutent. Mais une telle attitude est irréaliste. La violence est un caméléon. Non seulement elle est omniprésente et protéiforme, mais elle n’apparaît pas toujours comme telle. Elle est partout, même là où on ne la voit pas.

    À la violence ouverte, explosive, s’ajoute la violence structurelle, systémique et virale. La dérégulation libérale est une violence, le conditionnement publicitaire, la propagande de la pensée unique, l’esclavage du salariat, les aliénations dont le monde moderne est le lieu, la mondialisation elle-même, sont autant de formes de violence. La politique s’apparente elle aussi à la guerre dans la mesure où son critère essentiel est la distinction de l’ami et de l’ennemi. En politique, seul est souverain celui qui décide, et la décision est également une façon de mettre un terme aux parlotes et aux palabres.

    « Une planète définitivement pacifiée », écrit Carl Schmitt, « serait un monde sans politique. » Le droit lui-même ne peut être instauré et garanti que par un rapport de force. Quant aux révolutions, inutile de rappeler qu’elles n’ont jamais été des promenades de santé. Il n’y a tout simplement pas de vie en société sans la possibilité d’une violence.

    La violence, je la condamne personnellement souvent, je dirais même le plus souvent, surtout quand elle est gratuite, stupide et contre-productrice, mais je ne la condamnerai jamais par principe. Tout dépend des circonstances et du contexte. Dans les affaires humaines, il ne faut jamais se prononcer sur des abstractions, qu’il s’agisse de la violence (à quelle fin s’exerce-t-elle ? Par quels moyens ?), de l’immigration (qui immigre ?) ou de l’avortement (qui avorte ?). Toutes les violences ne sont pas destructrices. Elles peuvent aussi être fondatrices. Pendant la guerre, tous les mouvements de résistance ont fait usage de la violence. À l’époque de la décolonisation, tous les mouvements de libération en ont fait autant – et avec succès.

    Une formule canonique, attribuée à Max Weber, réserve à l’État le « monopole de la violence légitime ». Quand on voit l’état actuel des choses, ne peut-on pas dire que l’État a depuis longtemps perdu ce monopole ?

    Notons d’abord qu’on ne peut prétendre avoir le monopole de la violence légitime qu’aussi longtemps qu’on est soi-même légitime. La notion de légitimité est donc centrale, dans cette affaire. Un gouvernement, même régulièrement élu, peut perdre sa légitimité de bien des façons. Il n’est a priori légitime qu’à la condition de servir le bien commun en assurant la paix à l’extérieur et la concorde à l’intérieur. Face à une autorité devenue illégitime, à un État qui ne fait plus son travail, à des dirigeants qui ne se préoccupent plus que de leurs seuls intérêts, le contrat social est rompu et les citoyens doivent prendre leurs responsabilités car, comme l’observe Éric Werner (Légitimité de l’autodéfense), « il est bon en soi de se défendre ».

    Bien entendu, une déclaration d’illégitimité peut être tout à fait arbitraire et injustifiée, j’en suis bien conscient. Mais ce qu’il faut retenir est que, contrairement à ce que prétend le positivisme juridique, la légalité et la légitimité ne sont pas synonymes. D’où l’éternel combat d’Antigone contre Créon.

    Aujourd’hui, le « monopole » dont parlait Weber est effectivement partout battu en brèche. Nombre de guerres opposent désormais acteurs étatiques et non étatiques. Ce n’est pas nouveau : Clausewitz donnait déjà le nom de « petite guerre » à la guerre de partisans, à laquelle se rattache également le terrorisme. Violences sur la voie publique, violences sexuelles, violences conjugales, la violence brutale est partout : elle éclate dans la rue, dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les transports. Dans certaines banlieues, elle est devenue un mode de vie. Cela signifie qu’aux yeux d’un nombre croissant d’individus, elle devient acceptable. Face à cette violence, les « appels à la raison » ne peuvent que tomber dans le vide. Seule la force peut briser la force.

    Quid de la violence que l’on a vue s’exprimer en marge du mouvement des gilets jaunes ?

    Il ne faut pas s’y tromper, la violence qui s’est révélée lors des manifestations des gilets jaunes a d’abord été la violence étatique. Les forces de police n’ont pas été chargées de maintenir l’ordre mais de faire de la répression. Elles l’ont fait avec une violence dont on n’avait pas vu l’équivalent depuis la guerre d’Algérie – et dont les pouvoirs publics n’ont jamais fait usage à l’encontre des racailles des banlieues. Bien des gilets jaunes ont subi de véritables blessures de guerre : mains arrachées, yeux crevés, visages défigurés. Au total, 2.200 blessés parmi les manifestants, dont plus de 200 blessures à la tête, sans oublier les procès devant les tribunaux, là encore beaucoup plus sévères qu’avec les voyous et les bandits : 1.800 condamnations, 1.300 comparutions immédiates, 300 incarcérations. À cela s’est ajoutée la violence provocatrice des Black Blocs qu’il était parfaitement possible d’enrayer, mais qu’on a objectivement encouragée pour discréditer le mouvement. Enfin, il y a eu des actes de violence de la part des gilets jaunes qui, eux, ont au moins servi à faire reculer le gouvernement. S’ils étaient allés plus loin, il aurait peut-être reculé plus encore. Ce n’est, en tout cas, pas moi qui vais pleurer sur l’incendie du Fouquet’s !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 4 décembre 2019)

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  • Les snipers de la semaine... (190)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Figaro Vox, Paul Sugy cible Greta Thunberg, personnalité de l'année selon Time Magazine, après ses déclarations délirantes inspirées par les théoriciens de l'intersectionnalité des luttes...

    Greta Thunberg et le spectre de «l’écologie décoloniale»

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    - sur Vu du droit, Régis de Castelnau mouche tranquillement Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, pris la main dans le peau de confiture...

    Jean-Paul Delevoye : petits et gros arrangements du bénévoleur

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  • Feu sur la désinformation... (259)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous, dans son nouveau format, un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Greta Thunberg est la personne de l’année pour le Time. Une récompense qui vient couronner un parcours ultra politiquement correct, jusqu’à des déclarations ethnomasochistes récentes.
    • 2 : Grève : des médias parisiano-centrés et pro-Macron ?
      Les Français de province vivent beaucoup moins durement que les Parisiens la grève contre la réforme des retraites. Pourtant, les médias restent focalisés sur Paris. Et, pour certains journalistes, sur la défense d’Emmanuel Macron.
    • 3 : Revue de presse
      Dans la revue de presse de la semaine, France Culture continue son travail de sape de l’identité civilisationnelle européenne. Heureusement, Charlotte d’Ornellas sera là pour apporter un peu de lumière.
    • 4 : Brexit : les médias en roue libre contre Boris Johnson !
      En Grande-Bretagne, c’est jour de vote pour des élections législatives dont l’enjeu est limpide : le Brexit. En France, les médias tirent à boulets rouges sur Boris Johnson.
    • 5 : Watching Giants, une initiative salutaire
      Face aux pressions exercées par des officines d’extrême gauche contre des annonceurs apparaissant sur le site de Valeurs Actuelles, un lobby patriote est en train de se former !

     

                                    

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