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Points de vue

  • Quand la magistrature devient tyrannique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré, au travers du cas de Matteo Salvini, au développement de la tyrannie judiciaire en Europe.

     

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    Quand la magistrature devient tyrannique : l’affaire Salvini et la dictature judiciaire…en Italie…comme en France

    Le cas Salvini en Italie n’est pas un fait divers judiciaire. C’est un symptôme. Celui d’une maladie gangrenant toutes les démocraties européennes : la tyrannie des juges.

    L’Europe se meurt lentement, mais sûrement, étranglée non par les coups d’État militaires ou les révolutions de rue, mais par les caprices glacés d’une magistrature hors de tout contrôle. L’affaire Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien, acquitté pour avoir défendu les frontières de son pays, puis de nouveau traîné devant les tribunaux par des procureurs acharnés, en est une nouvelle démonstration. Une de plus. Une de trop.

    Un acquittement ? Qu’à cela ne tienne. On rejoue.

    En décembre 2024, Salvini est blanchi par la justice italienne dans l’affaire dite Open Arms. Le tribunal reconnaît qu’il n’a fait que son devoir : empêcher un navire ONG – qui avait déjà ignoré plusieurs ports sûrs – de forcer le territoire italien avec 147 clandestins à bord. Le droit de la mer était de son côté, la Constitution italienne aussi. Fin de l’histoire ? Non. Car dans l’Europe post-démocratique, le droit n’est plus une boussole : c’est une arme, brandie au gré des humeurs militantes de certains magistrats.

    Voilà donc que le parquet de Palerme, incarné par le procureur Maurizio de Lucia, décide de passer outre l’appel pour se pourvoir directement en cassation. Un recours per saltum, rare, exceptionnel, mais devenu désormais l’outil des juges militants pour contourner la loi lorsqu’elle ne va pas dans leur sens. Ce n’est plus de la justice, c’est du sabotage politique. C’est un coup d’État rampant.

    Les juges n’ont de comptes à rendre à personne. C’est cela, le vrai scandale.

    Dans une démocratie normale – si tant est que cela existe encore en Europe de l’Ouest –, les magistrats seraient responsables de leurs actes. Ils devraient rendre des comptes sur leurs décisions, sur leurs éventuelles erreurs, sur leurs engagements politiques ou idéologiques. Ils devraient être évalués, contrôlés, révoqués s’ils trahissent leur serment d’impartialité. Mais aujourd’hui, ils sont tout-puissants et irresponsables. Ils peuvent détruire des vies, ruiner des réputations, renverser des ministres… sans jamais en répondre. Et surtout, sans jamais être élus.

    Pire : cette magistrature se permet de définir ce qu’est une politique migratoire légitime, en niant toute notion de souveraineté, en piétinant la volonté populaire, en criminalisant ceux qui osent dire non à l’invasion migratoire. Refuser un débarquement illégal devient un crime. Défendre ses frontières, une séquestration. Exiger des juges qu’ils ne fassent pas de politique ? Une hérésie.

    Alors que faire ? Reprendre la main.

    Il est temps, grand temps, que les gouvernements dits démocratiques rétablissent une hiérarchie claire : celle du pouvoir politique sur la magistrature. Il faut un contrôle parlementaire mais aussi populaire des juges. Un examen de leur neutralité. Une traçabilité de leurs décisions. Et, en cas d’abus, des sanctions : blâmes, suspensions, radiations. Oui, même la radiation à vie. Car une erreur judiciaire n’est pas une faute technique, c’est une trahison du peuple.

    Et s’ils refusent l’examen, s’ils persistent dans leur volonté de faire de la justice un instrument d’idéologie mondialiste, alors peut-être faut-il aller plus loin. Oui, songer à robotiser la justice. À remplacer les juges par des algorithmes, des IA impartiales, infaillibles, insensibles aux pleurnicheries des ONG et des avocats militants. Car au moins, un robot ne se prend pas pour Robespierre.

    Et que dire de la féminisation accélérée de la magistrature ?

    En France, plus de 70 % des magistrats de première instance sont désormais des femmes. Ce changement radical de sociologie n’est jamais interrogé. Pourtant, il modifie profondément la façon de rendre la justice. L’émotion peut remplacer la rigueur. La compassion systématique pour les minorités remplace l’équilibre. La perception subjective prime sur l’ordre légal. Et les hommes – pères, maris, chefs d’entreprise – sont de plus en plus nombreux à se demander si la justice rendue en leur nom l’est encore à égalité.

    Ce constat n’a rien de misogyne. Il est factuel, observable. Et il appelle une réflexion : peut-on confier les clés de l’autorité judiciaire à une institution qui n’est plus ni représentative, ni contrôlée, ni même soumise au peuple ?

    L’Europe est devenue une oligarchie judiciaire. Une dictature froide, qui n’a pas besoin de chars ni de prisons : elle a des robes noires et des codes. Si les dirigeants politiques ne reprennent pas le contrôle sur cette caste, alors la démocratie ne sera plus qu’un souvenir. Un mot vide. Une illusion.

    L’affaire Salvini n’est pas un accident. C’est une alerte. La dernière, peut-être.

    Julien Dir (Breizh-Info, 22 juillet 2025)

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  • Comme l’URSS, la France ne peut pas être réformée de l’intérieur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'endettement massif de la France lié à l'incurie des tenants du Système depuis cinquante ans....

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Comme l’URSS, la France ne peut pas être réformée de l’intérieur

    Les perspectives budgétaires du gouvernement Bayrou, qualifiées de « propositions choc » par les médias complaisants, nous démontrent clairement que, comme autrefois l’URSS, la France, usée par 50 ans de socialisme, n’est plus réformable.

    Une audace prétendue

    La prétendue audace budgétaire du gouvernement Bayrou consiste en effet à faire comme les précédents : donc à augmenter les prélèvements, à bloquer des revalorisations ou des remboursements, et à imposer un rabot budgétaire indifférencié. Même si la perspective de suppression de quelques jours fériés sert à détourner l’attention.
    Bref, on prend des décisions déflationnistes, alors même que notre dynamique économique est en panne, comme l’illustrent les faillites industrielles et une « croissance » dérisoire, qui ne produiront donc que des effets encore plus déprimants sur notre dette. C’est à cela que l’on reconnaît un Mozart de la Finance.
    Mais derrière l’écran de fumée médiatique, on se garde bien de s’attaquer aux vaches sacrées du Système : immigration incontrôlée, versements croissants à l’UE, subventions aux associations et aux médias militants, coût de la « transition énergétique », foisonnement bureaucratique, etc. Ni, bien sûr, d’apporter la moindre réponse aux questions qui préoccupent la majorité de la population.

    La tyrannie du statu quo

    Soyons juste avec François Bayrou : il ne fallait pas s’attendre à ce que des apparatchiks mettent à bas un Système qui leur assure pouvoir, notoriété et prébendes. Car leur intérêt de classe consiste à maintenir coûte que coûte un statu quo qui leur réussit si bien.
    Alors on continue comme avant : en faisant payer, une fois de plus, Nicolas, qu’il soit actif ou retraité. Puisque Nicolas se laisse toujours tondre.
    Car il n’y a plus de véritable opposition en France : tous les partis représentés au Parlement vont désormais dans le même sens, même ceux que la propagande qualifie d’extrémistes pour mieux les inciter à la soumission.
    Même la prétendue droite, forte en gueule, mais qui finit toujours par venir piteusement au secours de la macronie.

    Les innombrables collabos du Système

    Mais comme autrefois en URSS ou en RDA, le Système s’appuie aussi sur d’innombrables collaborateurs pour dénoncer ceux qui pensent mal et les envoyer, sinon au Goulag, du moins devant les Juges : pour dénoncer ceux qui ne respectent pas les règles de confinement, ceux qui tiennent un « discours de haine » vis-à-vis de l’immigration, ceux qui ne croient pas à l’alarmisme climatique, ceux qui critiquent le gouvernement israélien ou ceux qui ne sont pas assez russophobes. Pour surveiller la Vie des Autres donc.
    Autant de collaborateurs appointés ou bénévoles qui tiennent le Système à bout de bras et qui rendent impossible toute réforme.
    Pour cette raison, il est bien naïf de laisser croire que le renouveau national se réduirait à une simple échéance électorale, en admettant que nos oligarques acceptent le résultat des urnes. Ce qui devient de plus en plus douteux en Europe.

    Le monde irréel des oligarques

    Comme autrefois en URSS, tous les apparatchiks communient dans la même idéologie, et celui qui s’en écarterait se suiciderait socialement : politiques, administrateurs, syndicalistes, grands patrons, médiacrates, cultureux, prélats, tous ont désormais la carte du même parti : le parti immigrationniste, mondialiste, atlantiste, européiste et laxiste, qui a pris le pouvoir en France dans les années 1980 et qui n’entend pas le lâcher.
    Tous répètent en chœur le même credo, les mêmes erreurs et soutiennent les mêmes politiques : mais qu’importe, puisque cela leur assure pouvoir et notoriété. Après, ce sera le Panthéon pour eux, et le déluge pour les autres !
    Comme autrefois en URSS, nos oligarques vivent dans un monde à part, bien au chaud dans leurs datchas ou leurs appartements avec digicode : celui des joies du « vivre ensemble », de l’UE « qui nous rend plus forts », du niveau « qui monte » dans nos universités et nos écoles, de l’emploi qu’il est facile de trouver « en traversant la rue », de la start-up France, des joies de la circulation à trottinette et des menus végans.
    Un monde officiel mais de plus en plus imaginaire, et surtout de plus en plus en décalage avec la marche du monde réel.
    Pour cette raison, il est vain d’attendre que le renouveau vienne d’une oligarchie aussi aveugle et aussi corrompue.

    La France s’enfonce, mais plus vite que l’URSS

    L’URSS a mis 80 ans pour disparaître, mais après avoir remporté la Grande Guerre Patriotique et réalisé de grandes avancées scientifiques et structurelles. Et de nos jours, la Fédération de Russie est redevenue une puissance mondiale.
    Au bout de 50 années de socialisme mondialiste, ayant au contraire accumulé défaites sur défaites, la France, elle, est exsangue, sans perspectives et sans ressort.
    Non, le Système français n’est pas réformable car, pour reprendre une formule célèbre, s’il gouverne mal, il se défend bien. Il a encore plein de leviers pour garder le pouvoir : la dictature des juges, la spoliation des épargnants, le changement démographique, la mise en place du fédéralisme « européen » ou encore le contrôle numérique et bancaire de la population. Car, dans ce domaine, l’imagination est effectivement au pouvoir !

    Hélas, dans un tel contexte, cela signifie que l’URSS française ne sera mise à bas que par un bouleversement catastrophique. Comme toutes les républiques utopiques en France depuis 1792 se sont effondrées dans une défaite.
    C’est une triste perspective, mais c’est faire preuve de réalisme que de s’y préparer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 juillet 2025)

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  • La guerre à l’heure des grands blocs civilisationnels...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Saint-Clair, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'illusion humanitaire et à celle du droit international à l'heure des conflits entre blocs civilisationnels.

    Politologue et analyste en stratégie et en communication politique, Frédéric Saint-Clair a publié un essai incisif intitulé L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal (La Nouvelle Librairie, 2024).

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    La guerre à l’heure des grands blocs civilisationnels

    La guerre est, aujourd’hui plus que jamais, un phénomène médiatique. Elle est commentée heure par heure, minute par minute, sur les chaînes d’info en continu. Chaque Français est devenu fin connaisseur des régions les plus reculées de l’Ukraine autant que des missiles longue portée iraniens. Et pour ambiancer le tout, les journalistes se survoltent, passent en mode « breaking news », saturent les ondes, chaque fois qu’ils ont l’impression de vivre un moment historique, un moment décisif pour l’avenir du monde : envoi massif de drones sur Kiev, salve de missiles iraniens sur Tel-Aviv… Pendant ce temps, Athéna, la déesse de la guerre, les regarde en ricanant. Car depuis l’invasion de l’Ukraine jusqu’au pilonnage de Gaza, elle n’a pas bougé un sourcil. C’est qu’il y a, dans la mythologie grecque, deux dieux de la guerre : Arès et Athéna. Le premier est attaché à la force brute, au choc frontal et à la destruction ; la seconde est l’incarnation de la mètis qu’elle a héritée de son père, Zeus ; elle s’occupe de stratégie, de la dimension politique de la guerre. Elle a inspiré à Clausewitz, entre autres, sa conception de la guerre comme continuation de la politique par d’autres moyens. La seule question qui devrait nous occuper en ce moment est : à quoi pense Athéna lorsqu’elle regarde les guerres du XXIe siècle ?

    Pourquoi Athéna méprise les discours de paix de l’Europe occidentale

    Soyons clairs : Athéna ne se soucie pas de l’utilisation de drones, ni de l’obsession technologique de la guerre de manière générale, dont elle ne nie pourtant pas l’importance. Elle ne soucie pas davantage de la querelle sémantique : Hamas, mouvement de résistance ou groupe terroriste ? Selon elle, il s’agit d’un mouvement de résistance. Non pas pour les raisons évoquées par LFI, mais pour des raisons théoriques, parce que le terrorisme est un moyen, pas une fin. Tout comme la guerre d’ailleurs. Le Hamas est, à ce titre, plutôt un mouvement de résistance engagé dans une guérilla, menant parfois une guerre irrégulière contre une armée régulière, Tsahal, et parfois organisant des attaques terroristes contre les populations civiles. Athéna se dit que, de toutes façons, ceci a peu d’importance ; la question qui l’occupe en ce moment est : jusqu’à quand l’Occident soutiendra-t-il une solution impossible à deux États ? Quand le nationalisme islamique et le nationalisme hébreux, tous deux habités par le principe d’un seul État, se retrouveront-ils face à face ? Il ne peut en être autrement. Et la guerre ne cessera pas tant qu’une solution territoriale quasi unitaire ne sera pas trouvée. Ce que l’Occident nomme « radicalisation » du conflit israélo-palestinien est en réalité une clarification inédite et salutaire. La confrontation Iran-Israël est à ce titre un grand pas en avant vers une solution négociée puisqu’enfin les deux véritables protagonistes sont face à face, à couteaux tirés. Quelle place les pays de la région sont capables de faire à une diaspora palestinienne refusant de vivre sous un État israélien quasi global et accueillant la part du peuple palestinien désireux d’y résider en paix est l’unique nœud que le dialogue diplomatico-militaire Israël-Iran mérite de trancher. Athéna le sait, même si elle n’en parle pas… car personne n’est encore prêt à l’entendre.

    Mais revenons un instant au réalisme politique d’Athéna, et à la question plus globale de la guerre au XXIe siècle. Rappelons que l’entrée du monde dans le XXIe siècle se fait par deux chocs consécutifs : les attentats du 11 septembre 2001 et l’entrée de la Chine dans l’OMC au mois de décembre de la même année.

    1°) L’irruption du Choc des civilisations dans la grammaire des relations internationales.

    2°) Le basculement à l’Est de l’ordre du monde signant la défaite du projet néo-libéral formalisé dix ans plus tôt par Francis Fukuyama.

    Fin de partie pour les idéalistes

    Voilà plus de vingt ans que cela s’est produit, et on entend encore, tous les dimanches sur France Culture, le même vieux discours libéral-idéaliste d’un Bertrand Badie. Athéna, qui ne pense pas de manière « morale », s’en agace parfois. Elle s’irrite de l’habitus idéaliste de l’Europe de l’Ouest : « La guerre c’est mal » ; « Nous devons œuvrer résolument à l’établissement de la paix » ; « La première condition est d’obtenir un cessez-le-feu » ; « Il faut protéger les populations civiles à tout prix » ; « Le droit international a été bafoué » ; « Les criminels de guerre doivent être traduits en justice ». Or, Bertrand Badie, icône du social-libéralisme intellectuel en matière de relations internationales, prend toujours l’exact contre-pied d’Athéna. Pour s’en convaincre, deux ouvrages, entre autres : La Fin des territoires (en 1995) et L’Impuissance de la puissance (en 2004). Autant dire qu’il a faux sur toute la ligne. Mais il persiste ! Voici deux citations qui ne résument pas seulement sa pensée, mais celle de toute la classe politique progressiste française : « Penser le monde à travers une filiation où se succèdent Hobbes, Metternich, Clausewitz, Carl Schmitt et Kissinger ne permet plus d’accéder à la complexité du jeu international qui a cours aujourd’hui » et « Dès les « quatorze points », Wilson réintroduisait le rôle équilibrant des sociétés… L’ancien professeur de Princeton était certain que l’ordre triompherait par la démocratie, et donc par le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, complété des vertus de la délibération collective. Les nations libres devaient décider entre elles de la marche du monde, selon les codes naissants d’un multilatéralisme que la SDN devait annoncer. »

    Rappelons-le, encore et encore : si, Hobbes, Clausewitz, Schmitt et Kissinger sont essentiels pour comprendre notre monde ! Et, pour ceux qui souhaitent poser un regard pertinent sur le conflit russo-ukrainien, La Grande Rupture de Georges-Henri Soutou est sans nul doute l’ouvrage à lire : revisiter l’époque Eltsine en Russie ; se remémorer le rejet de la greffe libérale à la fois par les communistes post-URSS et par les nationalistes ; comprendre le changement de paradigme résolument impérialiste de Bill Clinton, dont le wokisme actuel est largement issu ; rappeler les contradictions de l’Europe occidentale, une Europe de l’Ouest que Robert Kagan associe à la faiblesse quand les États-Unis – démocrates et républicains confondus – persistent dans une logique de puissance. C’est l’idéal wilsonien, lequel anime autant un Badie qu’un Macron, qui est mort ! Les penseurs de la puissance sont, à l’inverse, plus vivants que jamais ; indispensables pour comprendre un monde où se superposent deux logiques : une logique civilisationnelle oubliée du XXe siècle, principalement lors de la guerre froide, mais omniprésente au XXIe, et une logique impérialiste réhabilitée.

    Empire et bloc civilisationnel

    Les blocs civilisationnels ont ceci de spécifique qu’ils mélangent habilement hard power et soft power. Ces grands espaces se conçoivent comme des empires à part entière. L’Union européenne ne fait d’ailleurs pas exception. L’obsession macroniste visant à nier la souveraineté propre de la France pour faire de celle-ci une région de l’Europe – si possible la principale ; la multiplication des discours de propagande affirmant que telle ou telle question (immigration, industrialisation, etc.) ne peut pas être réglée au niveau national, mais seulement au niveau européen, sont autant de signes témoignant d’une volonté impériale européenne. Une spécificité : l’annexion territoriale ne se fait pas par la guerre, mais par l’adhésion contrôlée des pays postulant. Pas de coercition dans l’univers idéologique wilsonien, mais une coopération basée sur l’accord des peuples (et quand ils ne veulent pas, les responsables politiques progressistes les aident un peu…). Le trumpisme, aux États-Unis, rime également avec néo-impérialisme. Le moyen et la fin sont tout autres en revanche. Le projet d’hyper-puissance demeure, mais il a muté : on ne parle plus seulement d’imposer un régime démocratique et libéral à la planète par les armes – en n’oubliant jamais les contreparties financières –, mais aussi d’annexion territoriale en bonne et due forme, de prise de terre, pour parler comme Carl Schmitt : Canal de Panama, Canada, Groenland… La logique russe n’est pas très différente. Le moyen seul diffère. À ce titre, la guerre russo-ukrainienne n’est pas un objectif militaire en soi, ni même strictement politique. Seule la guerre civilisationnelle sous-jacente importe – d’un côté comme de l’autre d’ailleurs, pour la Russie comme pour les pays membres de l’Otan.

    Parce que les empires mélangent habilement soft et hard power, aucune forme de puissance ne mérite d’être négligée. C’est ainsi que nous vivons probablement le siècle non pas de la « guerre totale » – dont Ludendorff est le théoricien et qui n’a rien à voir avec cela –, mais de la puissance totale. Le soft power civilisationnel a été reconnu par les blocs chinois, russe et islamique comme le fondement de toute puissance digne de ce nom. Ils ont retrouvé ce que l’Occident romain avait rangé sous le vocable imperium et qui comprenait une dimension éminemment spirituelle. Dimension que l’Europe de l’Ouest, sous l’influence combinée du matérialisme athée socialiste et du sécularisme « laïc » libéral, a détruite. Dès lors, comprendre la guerre russo-ukrainienne, c’est comprendre la réaffirmation de la dimension eurasienne de la Russie au travers du conflit, avec en ligne de mire l’offensive idéologique woke d’une partie de l’Europe et des États-Unis. L’incompatibilité entre le modèle de développement progressiste occidental et le trio Russie-Chine-Islam est désormais totale. La recomposition du monde en blocs civilisationnels adverses suppose une concurrence féroce dans la constitution de ces blocs. Et s’il faut la guerre, il y aura la guerre. Car l’économie se reconstruit, parfois avec une étonnante facilité. La civilisation et son socle spirituel, non. La fracture idéologique qui traverse l’Ukraine – et qui est politiquement affichée depuis l’Euromaïdan de novembre 2013 – ne pouvait pas ne pas poser la question de la fracture territoriale du pays. Si Poutine a échoué à ramener Kiev à lui. S’il a échoué à imposer militairement la supériorité de la Russie. Il a en revanche réussi à tracer une frontière culturelle, civilisationnelle, encore politiquement imprécise à ce jour, car tout se décide en ce moment-même, mais dont on sait d’ores et déjà que l’Histoire retiendra qu’elle est la nouvelle ligne de démarcation de la guerre civilisationnelle globale ouverte en 2001. L’objectif ? Convaincre ou annexer. Dominer. Refaçonner de nouveaux hegemon. Et surtout, mettre un terme à une époque, celle des Badie & Co, celle du droit international sacralisé, celle des institutions internationales vénérées, celle même des droits de l’Homme divinisés. Celle du progressisme occidental. Athéna sait que la morale progressiste ne fera pas le poids face au soft power des centres spirituels russes, chinois et islamique. D’où ce léger ricanement que l’on entend parfois lorsqu’on éteint les chaînes d’info en continu.

    Frédéric Saint-Clair (Site de la revue Éléments, 15 juillet 2025)

     

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  • Allemagne : le marteau pour les patriotes, l’impunité pour les antifas...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 4 juillet 2025 et consacrée à la répression qui sévit en Allemagne contre la mouvance patriote...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                                  

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  • Ces enclaves qui concentrent les tensions mémorielles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ulysse Manhes cueilli sur Figaro Vox et consacré aux enclaves.

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    « L’enclavologie, cette géographie des lieux qui résistent à toute définition »

    Prenons une carte du monde. Pas celle des atlas étatiques rigoureusement découpés. Plutôt une carte artisanale, qu’on pourrait déplier dans un train ou gribouiller sur une serviette. Traçons-y quelques cercles au hasard : Kaliningrad, Nakhitchevan, Abkhazie, Sahara occidental, Transnistrie…

    Que voit-on ? Que des enclaves condensent, à elles seules, les tensions que les empires dispersent. Kaliningrad en est peut-être l’illustration la plus claire. Ancienne Königsberg, joyau prussien et patrie d’Emmanuel Kant, elle fut rattachée à l’Union soviétique à la faveur des conférences de 1945. Churchill, d’abord réticent, céda finalement sous la pression de Staline ; Truman confirma l’accord dans le silence stratégique de Potsdam. Rebaptisée du nom de Mikhaïl Kalinine (cacique discret du régime mais signataire de l’accord qui permit le massacre de Katyn), la ville devient une excroissance soviétique enchâssée dans l’Europe.

    Aujourd’hui, Kaliningrad est une enclave militaire russe, verrouillée entre la Pologne et la Lituanie, bardée de missiles, tournée comme une tourelle vers l’Europe tout entière. Le moindre navire quittant les ports baltes doit négocier son passage dans des eaux « russes », et la simple existence de l’enclave rend vitale la défense du corridor de Suwałki, 65 kilomètres de territoire que les pays baltes considèrent comme une voie décisive. 
    À elle seule, Kaliningrad conjugue le souvenir des empires déchus, la fiction étonnante des accords de guerre et la hantise balte d’un retour de l’Histoire.

    Mais Kaliningrad n’est qu’un point sur la carte. D’autres poches, ailleurs, racontent les mêmes contradictions géopolitiques, les mêmes cicatrices non refermées. Elles ne sont pas des pays, pas même des régions : elles sont des îlots historiques, des zones où la carte officielle ne mentionne rien… Par exemple Daugavpils, en Lettonie – mi-russe, mi-européenne, comme en apnée. Ce qui saute aux yeux du visiteur à chaque fois, c’est un excès de mémoire. Chaque coin de ces poches semble saturé de récits non soldés, formant des trop-pleins qui fermentent.

    Certaines poches sommeillent, d’autres font surface. Aucune ne s’efface : elles restent en latence, peuvent changer de nom ou de protecteur mais ne quittent jamais la carte. La République serbe de Bosnie ? Un fragment figé dans l’État bosnien mais qui continue à parler une langue d’ailleurs. Le Syunik arménien ? Une gorge étroite que Bakou rêve d’ouvrir au scalpel. Le Donbass ? Une saignée permanente, stabilisée par les compromis, non par la paix. Il faudrait une science pour désigner tout cela. Une géographie secondaire, une cartologie mineure. Appelons-la enclavologie, faute de mieux : l’art d’observer les histoires non résolues, les accrocs de la carte et les lieux qui résistent à toute définition stable.

    Observons maintenant le Caucase. On croit que le conflit se joue entre États (Russie, Turquie, Azerbaïdjan, Iran) quand l’essentiel se décide en réalité dans les interstices. Le Nakhitchevan, ce bras géographique sans épaule, coupe l’Arménie comme un trait de hache et rêve d’un corridor vers l’Azerbaïdjan comme un retour au pays. À l’est, l’Artsakh (Haut-Karabakh) a été rayé d’un trait de plume mais persiste à flotter dans les esprits arméniens, comme une île perdue qu’on continue de voir après la marée. Plus au nord, l’Abkhazie géorgienne est une station balnéaire transformée en État russo-spectral aux intentions hautement impérialistes. L’Ossétie du Sud, quant à elle, n’est plus qu’un sas russe dans une république caucasienne qui n’a jamais choisi son camp.

    Dans les Balkans, l’Europe se lézarde à bas bruit. La Republika Srpska (enclave pro-serbe au sein de la Bosnie-Herzégovine) ne clame rien mais avance à pas lents vers ses deux grands frères orthodoxes : la Serbie et la Russie. Le Kosovo, reconnu ici, nié là, se maintient dans une position d’équilibre précaire, un pied dans la souveraineté, l’autre dans l’angoisse d’un effondrement. En Serbie même, le Sandjak musulman, entre Novi Pazar et la frontière monténégrine, reste une tache sans légende, invisible dans son voisinage orthodoxe. Quant à la Moldavie, elle plane, à moitié roumaine, à moitié russe, tout entière promise à une fusion qui paraît impossible.

    Autour, entre les poches et les enclaves, vivent bien des mondes sans capitale ni ministère. La Gagaouzie, dans le Sud moldave, peuplée de chrétiens turcophones qui ne ressemblent à aucun de leurs voisins. Les Tziganes, dont les capitales innommées migrent en silence entre les Carpates, les bords du Danube et les rives de la mer Noire. Les Souabes du Banat, les Arméniens de Djoug (Jugha en arménien classique), les Ruthènes de Slovaquie orientale, les Aroumains, les Pontiques, les Karakalpaks, les Kurdes, communautés interstitielles, transfrontalières, transculturelles, translinguistiques, survivances nomades ou sédentaires à flou politique constant. Ils ne revendiquent pas tous un État mais ils occupent les creux. Et c’est dans ces creux que s’agrègent les conflits futurs.

    Dans les médias, on parle d’équilibres régionaux. Il faudrait plutôt évoquer les déséquilibres localisés et, disons-le ainsi, enclavologiques. Ce sont ces enclaves visibles ou latentes qui fonctionnent comme des sismographes. Elles signalent les failles, les dénis, les chagrins, les rancœurs, les promesses non tenues. Elles condensent les haines frontalières, les malentendus culturels, les résidus de traités anciens. Et parfois elles explosent, non parce qu’elles veulent exister, mais parce qu’on les ignore ou qu’on refuse de les penser.

    Une enclave n’est pas un détail historico-géographique. Une poche territoriale, si petite soit-elle, porte avec elle des couches de mémoire, de frustration, de dignités bafouées et de fantasmes d’unité. C’est là, dans ces formations exiguës, que les conflits latents deviennent palpables. Là que se forment les appétits de revanche, les logiques de corridor, d’allégeance et de survie. Le monde se joue, de plus en plus, à l’échelle des zones non résolues.

    Dans un verrou caucasien comme le Syunik, qui détermine l’accès iranien à la mer ; dans le corridor de Suwałki, fragile jointure entre l’Europe balte et le reste de l’OTAN ; ou dans la poche ibérique de Ceuta, promontoire espagnol sur le sol africain, où se télescopent héritage colonial, pression migratoire et dépressions des sociétés occidentales. Il n’est pas exclu que le destin des puissances se dessine dans ces interstices qu’elles feignent d’ignorer. Une enclave n’est ainsi pas un « symptôme » mais un territoire témoin dont les diplomaties diffèrent le traitement, mais qui se révéleront peut-être autant d’épines dans le pied dans la construction d’un monde pacifié.

    Ulysse Manhes (Figaro Vox, 4 juillet 2025)

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  • Canicule mentale...

    Nous reproduisons ci-dessous un coup de gueule de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré au sectarisme écolo-gauchiste.

     

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    Canicule mentale : les écolos-gauchistes rêvent de notre disparition, mais s’indignent qu’on puisse mourir

    On les voit, on les entend, on les subit. En boucle, depuis des années, les sirènes du climat hurlent dans nos oreilles : « Il fait chaud, on va tous mourir ! » après le « il fait froid, c’est un signe que ça se réchauffe et qu’on va tous mourir » et le « il pleut, c’est lié au réchauffement climatique on va tous mourir ». Les thermomètres s’affolent, les journalistes transpirent, les médecins de plateau paniquent, les écolos twittent en nage. C’est le réchauffement climatique, ma brave dame, l’Apocalypse éco-responsable. Fermez les volets, arrêtez les barbecues, coupez les moteurs thermiques et hydratez-vous — de l’eau du robinet, bien sûr, surtout pas un Coca dans une bouteille plastique, assassin de tortue marine. Encore moins de la climatisation dans les écoles, et si vous allez sous les 26 degrés dans les commerces, on envoie la police de l’écologie vous mettre à l’amende.

    Mais permettez-moi une question simple : pourquoi diable ces gens s’émeuvent-ils autant à l’idée de la disparition de l’humanité, alors que c’est précisément ce qu’ils promeuvent toute l’année ?

    Ils détestent l’homme, mais redoutent sa fin

    C’est une contradiction aussi hilarante qu’abyssale : ces militants du néant, ces prédicateurs de l’extinction douce, geignent à l’idée que l’humanité puisse s’éteindre… alors même qu’ils passent leur vie à prôner son effacement. Car enfin, qui martèle à longueur de colonnes, de podcasts et de tribunes que faire des enfants est un acte écocidaire, que chaque naissance est un fardeau carbone, que l’avortement est un droit sacré, que le suicide assisté est un progrès, et que l’espèce humaine (enfin surtout l’homme blanc) est un virus sur la planète ?

    Qui, sinon eux ?

    Les mêmes qui célèbrent la stérilité comme un acte militant, la solitude comme une victoire, l’utérus comme un champ de bataille à neutraliser. Les mêmes qui transforment chaque revendication LGBT en nouveau modèle anthropologique, et qui considèrent le transhumanisme, la PMA pour toutes, l’auto-identification sexuelle et le polyamour asexué comme l’horizon d’une humanité enfin déconstruite.

    Et les voilà, pourtant, à pleurnicher à l’idée que “la planète ne nous survivra pas”, comme si cela les attristait.

    Le culte de Gaïa contre la vie

    Ne vous y trompez pas : ce ne sont pas des défenseurs de la nature, ce sont des partisans d’un ordre moral totalitaire, masqué sous un vernis verdâtre. Ils n’aiment ni les arbres ni les animaux ; ils haïssent simplement les hommes — surtout ceux qui sont blancs, ont des enfants, un barbecue, un 4×4, et un avis divergent.

    Leur écologie n’est pas une science, c’est une théologie punitive. Elle ne cherche pas à protéger la création, mais à justifier la destruction de notre civilisation. Il faut expier. Se taire. S’excuser d’exister. Et surtout, ne pas se reproduire.

    Mais alors, qu’est-ce qui les dérange tant dans le réchauffement ? Si l’humanité est un fléau, ne devraient-ils pas se réjouir qu’une canicule en finisse avec quelques boomers climato-sceptiques ? Ne serait-ce pas là une épuration naturelle, dans leur logique ? Pourquoi cette panique, si l’effacement de l’espèce est leur Graal ?

    Parce qu’au fond, ils ne veulent pas mourir. Ils veulent que vous, nous, les autres, mourions à leur place.

    Le véritable réchauffement, ce n’est pas celui du climat, c’est celui du délire idéologique. La température des cerveaux a dépassé les 42° dans les bureaux de Bruxelles, dans les salles de rédaction, et sur les bancs de la gauche morale. C’est une canicule mentale, un incendie de la raison.

    Ceux qui rêvent de mondes “dégenrés”, “décarbonés” et “posthumains” nous expliquent avec des trémolos dans la voix que la planète va mal parce qu’il y a encore des gens vivants dessus. Et ils s’affolent quand le thermomètre grimpe. Incohérence ? Non. Hypocrisie.

    Oui, il fait chaud. Et alors ?

    Le climat change ? Sans doute. Il a toujours changé. L’homme s’adapte — ou il disparaît. Mais il ne supplie pas Gaïa à genoux en récitant des mantras inclusifs.

    L’avenir n’appartient pas aux sectaires suicidaires en tongs biodégradables. Il appartient aux peuples enracinés, féconds, conscients d’eux-mêmes et debout. Pas aux effacés de l’histoire qui célèbrent leur propre extinction entre deux shots de soja tiède.

    Alors oui, il fait chaud. Qu’ils transpirent. Nous, on construit.

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er juillet 2025)

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