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Points de vue

  • Gouverner par la vertu : le despotisme doux des démocraties libérales contemporaines...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Lejeune cueilli sur Polémia et consacré au « despotisme doux » en vigueur dans les démocraties occidentales...

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    Gouverner par la vertu : le despotisme doux des démocraties libérales contemporaines

    Les démocraties libérales européennes connaissent depuis plusieurs décennies un paradoxe grandissant : alors qu’elles se présentent comme les garantes des libertés publiques, elles multiplient les dispositifs normatifs qui restreignent, contrôlent et encadrent les comportements individuels. Ces mesures ne se donnent jamais pour ce qu’elles sont – des contraintes supplémentaires – mais se justifient systématiquement au nom de principes supérieurs : la santé publique, la sécurité, la lutte contre la haine, la solidarité, la protection de l’environnement ou des mineurs.

    Ce mode de gouvernance correspond à ce que Tocqueville appelait un « despotisme doux »1, ou encore à la biopolitique analysée par Foucault2 : une gestion politique de la vie et des comportements. D’autres auteurs contemporains, comme Philip Rieff3 ou Paul Gottfried4, parlent d’État thérapeutique : un pouvoir qui prétend guérir la société de ses pathologies.

    Un mode de légitimation par la vertu

    La mécanique est constante :

    1 - Une contrainte est introduite (interdiction, taxe, obligation, surveillance).

    2 - Elle est justifiée par une valeur morale consensuelle (sauver des vies, protéger les enfants, défendre la planète, accueillir les réfugiés).

    3 - Le pouvoir politique en sort renforcé, et la contestation neutralisée.

    Ce recours permanent à la vertu pour justifier l’extension de la sphère normative explique la difficulté à critiquer ces mesures sans apparaître comme « irresponsable », « insensible » ou « extrémiste ».

    Exemples nationaux

    France

    • Limitation de vitesse à 80 km/h (2018) : justifiée par un impératif de sécurité routière, elle a entraîné un maillage accru de radars et une hausse des amendes. La baisse de mortalité a été marginale, comparable aux tendances préexistantes5. Elle a en revanche contribué à nourrir le ressentiment des zones rurales et à catalyser le mouvement des Gilets jaunes.
    • Loi Avia (2020) : présentée comme lutte contre la haine en ligne, elle imposait un retrait en 24h des contenus signalés. Le Conseil constitutionnel l’a censurée pour atteinte disproportionnée à la liberté d’expression6.
    • Pass sanitaire et vaccinal (2021–2022) : instruments de contrôle social justifiés par la santé publique, ils ont conditionné l’accès à la vie sociale et divisé la société en « bons » et « mauvais » citoyens. Les rapports officiels européens soulignent que le certificat COVID a facilité la libre circulation et incité à la vaccination, mais ses effets directs sur la transmission restent largement discutés7.

    La sécurité routière : un exemple flagrant

    • En 2018, on dénombre 3 248 tués sur les routes françaises (France métropolitaine + outre-mer). Ils sont 3 167 tués en 2023 (France métropolitaine + outre-mer), selon l’INSEE.
    • À titre de comparaison, pour 2025, le Projet de loi de finances prévoit que les recettes du compte d’affectation spéciale (CAS) « Radars » s’élèveraient à 1,86 milliard d’euros (hausse de 12,3 % en AE/CP par rapport à 2024).
    • Un article de La Dépêche (19/01/2025) annonce qu’en 2025 on anticipe une recette de plus de 2 milliards d’euros pour l’ensemble des infractions routières. Toujours selon cet article, en 2023 les recettes des radars automatiques (amendes forfaitaires + majorées) s’établissaient à environ 967 millions d’euros (747 M€ d’amendes forfaitaires + >220 M€ d’amendes majorées).
    • Le nombre de tués est passé de 3 248 en 2018 à 3 167 en 2023, avec des fluctuations intermédiaires, mais l’augmentation des recettes ne coïncide pas avec une baisse spectaculaire de la mortalité.

    Si la répression routière fonctionnait mieux que l’infrastructure ou l’éducation, on s’attendrait à un effet plus marqué. Cela suggère que les PV/radars sont devenus un levier de recettes budgétaires davantage qu’un outil principal de réduction des morts (ou du moins qu’ils ne sont pas suffisants à eux seuls).

    Royaume-Uni

    • Online Safety Act (2023) : au nom de la protection des enfants, il impose aux plateformes de mieux lutter contre les contenus illégaux et d’offrir aux mineurs des garanties renforcées. Les critiques portent sur la possibilité, via des notices d’Ofcom, de contraindre des services chiffrés à mettre en place des systèmes de détection, ce qui met en cause la protection du chiffrement de bout en bout8.
    • Prevent Duty (depuis 2015) : impose aux enseignants et travailleurs sociaux de signaler tout soupçon de radicalisation. De nombreux cas absurdes ont montré les dérives d’un tel dispositif (par ex. un enfant de quatre ans soupçonné après avoir mal prononcé “cucumber”, compris comme “cooker bomb”)9.

    Belgique

    • Taxe soda (2016) : censée lutter contre l’obésité infantile, elle a eu un effet quasi nul sur la consommation mais un impact budgétaire certain, frappant surtout les ménages modestes10. Il est à noter qu’elle est entrée en vigueur en France en 2012 et au Royaume-Uni en 2024.
    • Plans contre la désinformation (2020–) : instaurés pour protéger la démocratie, ils confient à des fact-checkers le soin d’arbitrer le vrai et le faux, avec des risques évidents de partialité et de réduction du débat public.

    Suisse

    • Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (2021) : permet des assignations et restrictions de déplacement sur simple soupçon de radicalisation, sans décision judiciaire. Amnesty International a dénoncé une atteinte grave à l’État de droit11.
    • Interdiction de publicité pour le tabac (2022) : justifiée par la protection des mineurs, elle fragilise l’économie culturelle et publicitaire, sans effet prouvé sur le tabagisme global.

    Exemples européens

    • Chat Control (proposé en 2022 par la Commission européenne, toujours en discussion pour une mise en application en octobre 2025) : en toutes lettres, « Règlement établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur enfants », présenté comme outil de lutte contre la pédopornographie, il obligerait les services de messagerie à scanner les communications privées. Les associations de défense des libertés numériques y voient une légalisation de la surveillance de masse12. Cela fait actuellement l’objet de débats intenses.
    • Directive Copyright (2019/790) : au nom des auteurs, elle impose des obligations de “meilleurs efforts” qui, dans la pratique, conduisent à l’utilisation de filtres automatiques, provoquant une censure préventive et renforçant la domination des GAFAM13.
    • Pacte vert (2019) : présenté comme solution à la crise climatique, il prévoit l’interdiction des moteurs thermiques en 2035. Plusieurs think tanks redoutent une désindustrialisation européenne face à la concurrence chinoise14.

    Le paradoxe des États post-modernes : impuissance externe, tyrannie interne

    Ces dérives ne sont pas accidentelles. Elles découlent d’une mutation structurelle : la perte de souveraineté externe des États européens. Monnaie, commerce, diplomatie, défense, frontières : les compétences régaliennes ont été transférées à des instances supranationales (Union européenne, BCE, OTAN). Les gouvernements nationaux, privés de leviers stratégiques, cherchent alors à justifier leur existence par une hyper-normativité intérieure.

    Moins un État est souverain, plus il devient tatillon : impuissant sur la scène internationale, il se rattrape par un contrôle accru des comportements privés. Ce rétrécissement de la souveraineté externe s’accompagne d’une extension de la contrainte interne, donnant naissance à une forme de totalitarisme doux, où la liberté est sans cesse suspendue au nom de motifs vertueux.

    L’apanage de la gauche ?

    À première vue, le « despotisme doux » semble bien être l’apanage de la gauche. C’est elle, en effet, qui s’est faite la championne de la morale publique et du progressisme universel. Au nom de l’égalité, de l’inclusion, de la lutte contre les discriminations ou encore du salut écologique, elle a multiplié les textes qui encadrent, surveillent et corrigent la conduite des citoyens. La gauche, héritière d’un messianisme politique qui entendait jadis « libérer l’humanité », a peu à peu transformé l’État-providence protecteur en un État-tuteur intrusif, chargé non seulement de redistribuer les richesses, mais de corriger les comportements, de discipliner les habitudes, voire de censurer les opinions. Dans cette logique, toute contestation devient suspecte : s’opposer à la norme, c’est apparaître aussitôt comme rétrograde, réactionnaire ou immoral.

    Il serait toutefois réducteur de réserver ce travers à la seule gauche. La droite elle aussi, lorsqu’elle se fait gestionnaire ou sécuritaire, prolonge cette logique de contrainte, et pas seulement par « suivisme ». Là où la gauche invoque l’égalité et la santé publique, la droite se prévaut de l’ordre, de la stabilité, de la sécurité nationale. Les deux convergent dans le même résultat : une prolifération de règles qui, sous des visages différents, enserrent la société civile. Quant à l’Union européenne, elle incarne ce consensus transpartisan : ses grandes initiatives – du Pacte vert au Digital Services Act – témoignent d’un pouvoir normatif qui transcende les clivages partisans.

    En vérité, le despotisme doux n’est donc pas le monopole d’un camp, mais le symptôme d’un régime tout entier : celui des démocraties libérales post-modernes, où la vertu proclamée justifie indifféremment, à gauche comme à droite, l’expansion continue du contrôle.

    L’immigration comme prétexte vertueux et matrice sécuritaire

    Un autre domaine où ce mécanisme apparaît avec force est évidemment celui de l’immigration. Les gouvernements européens invoquent sans cesse la vertu humanitaire : accueillir les réfugiés, secourir les migrants, pratiquer la solidarité internationale. Ces justifications morales, incontestables dans le discours officiel, servent de légitimation à des politiques migratoires généreuses.

    Or, les effets concrets de cette immigration massive sont marqués par une hausse de la criminalité et du risque terroriste dans les sociétés d’accueil15. Là où les flux ont été les plus intenses (France, Belgique, Allemagne, Royaume-Uni), les services de sécurité sont mobilisés dans une logique d’exception permanente, avec une surveillance généralisée des espaces publics. A contrario, les pays qui ont refusé l’immigration extra-européenne (Pologne, Hongrie) connaissent certes des problèmes sociaux endogènes, mais sont épargnés par le terrorisme islamiste et par une explosion comparable de la criminalité de rue.

    Le paradoxe est clair : au nom de la vertu humanitaire, l’Europe a ouvert ses frontières, mais cette ouverture débouche sur une inflation sécuritaire. Les caméras, drones et technologies de reconnaissance faciale se déploient massivement, touchant indistinctement l’ensemble des citoyens, bien au-delà des seuls groupes criminels visés initialement.

    Ainsi, la vertu proclamée – générosité envers les migrants – se renverse en un résultat concret : le renforcement du contrôle social sur tous les Européens.

    La politique de l’hypocrisie vertueuse

    Ce mode de gouvernance peut être résumé comme une politique de l’hypocrisie vertueuse : au lieu d’assumer leur impuissance croissante dans les domaines régaliens, les États compensent en multipliant les lois intrusives dans la sphère quotidienne. Le citoyen est ainsi cerné par un État qui ne sait plus projeter sa puissance à l’extérieur, mais qui s’emploie à régenter ses gestes les plus ordinaires.

    Le « despotisme doux » n’a pas besoin de brutalité : il s’exerce au nom de la santé, de la sécurité, de l’égalité, de l’environnement et désormais de la solidarité humanitaire. Il s’épanouit dans une étrange alchimie : d’un côté, l’impuissance des États qui ont perdu leurs leviers de souveraineté ; de l’autre, une frénésie normative qui s’abat sur la vie intime des citoyens. Faiblesse externe et intrusion interne se répondent ainsi, nourrissant l’illusion d’un pouvoir protecteur qui n’est en réalité qu’un pouvoir tatillon : sa force tient à ce qu’il rhabille la contrainte de la vertu. Mais ce faisant, ce despotisme révèle la dérive totalitaire des démocraties libérales post-modernes, qui sacrifient la liberté pour masquer leur propre impuissance.

    Comment s’en libérer ?

    Il existe un phénomène récurrent dans l’histoire politique : plus un régime est fragile ou illégitime, plus il tend à se justifier par un discours moral. Les dictatures africaines ou orientales du XXe siècle en fournissent une illustration grossière : combien de « républiques démocratiques », de « mouvements de libération » ou de « conseils populaires » qui, derrière ces appellations pompeuses, n’étaient que des régimes autoritaires ou prédateurs, souvent sanglants.

    Les démocraties libérales contemporaines, sans en adopter les formes brutales, recourent à une logique comparable. Plus elles imposent de contraintes, plus elles invoquent la vertu. Plus elles empiètent sur les libertés, plus elles prétendent protéger la santé, l’égalité, l’environnement ou la sécurité. Cette surenchère morale fonctionne comme un paravent : elle permet de masquer l’extension continue de la sphère normative et de neutraliser toute contestation en la disqualifiant d’avance comme immorale ou criminelle.

    Le premier devoir d’une force politique novatrice ou dissidente consisterait donc à nommer le problème, à démasquer cette logique hypocrite qui rhabille la contrainte des atours de la vertu. Le deuxième, sous réserve de parvenir au pouvoir, est de rétablir une autorité claire au sommet, recentrée sur les fonctions régaliennes : défendre les frontières, rendre la justice, assurer la sécurité extérieure et la diplomatie. Enfin, le troisième est de redonner souffle aux libertés concrètes en bas, dans la vie quotidienne : liberté d’expression, respect de la vie privée, autonomie des communautés locales.

    La maxime de Charles Maurras – « l’autorité en haut, les libertés en bas » – garde ici toute sa force. Mais elle ne peut demeurer simple formule. Elle doit devenir la charpente d’un projet institutionnel et culturel, à la fois réaliste et libérateur, capable de rompre avec l’infantilisation permanente et de rendre aux citoyens la dignité d’hommes libres.

    Yves Lejeune (Polémia, 1er octobre 2025)

     

    Bibliographie (sélection)

    1- Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, t. II, Paris : Gallimard, coll. « Quarto », 1992 [1840].
    2- Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France (1978-1979), Paris : Seuil/Gallimard, 2004.
    3- Philip Rieff, The Triumph of the Therapeutic: Uses of Faith after Freud, Chicago : University of Chicago Press, 1987 [1966].
    4- Paul E. Gottfried, After Liberalism: Mass Democracy in the Managerial State, Princeton : Princeton University Press, 1999.
    5- Cour des comptes, La politique publique de sécurité routière, Rapport public thématique, 1er juillet 2021.
    6- Conseil constitutionnel (France), Décision n° 2020-801 DC du 18 juin 2020.
    7- Commission européenne, Report on the EU Digital COVID Certificate, COM(2022) 123 ; rapport au titre de l’art. 16(3), déc. 2022.
    8- Ofcom (UK), Online Safety Act 2023: overview, 2023.
    9- BBC News, “Radicalisation fear over cucumber drawing by boy, 4”, 2016.
    10- Test-Achats (Belgique), Taxe sodas : des bénéfices pour l’État, pas pour la santé, 2019.
    11- Amnesty International Suisse, Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, position publique, 2021.
    12- Commission européenne, Proposal for a regulation laying down rules to prevent and combat child sexual abuse, COM(2022) 209 final ; EDRi, Analysis of the CSA Regulation, 2023.
    13- Directive (UE) 2019/790, Droit dauteur dans le marché unique numérique, JO L 130, 17 mai 2019.
    14- Bruegel, Re-energising Europes global green reach, Policy Contribution, 2024.
    15- Europol, European Union Terrorism Situation and Trend Report (TE-SAT), 2024 ; INSEE (France), Insécurité et délinquance (2019) ; Bundeskriminalamt, Polizeiliche Kriminalstatistik 2023.
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  • Les hooligans du néant

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré aux rivalités destructrices au sein du "camp national"...

     

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    Partisans du RN contre Fans de Reconquête: les hooligans du néant

    Ah, quelle farce. Chaque jour qui passe, les réseaux sociaux nous offrent le spectacle pathétique d’une guerre de tranchées entre groupies du RN et ultras de Reconquête, incapables de penser autrement que par les voix ou agissements de leurs chefs/élus respectifs. On s’insulte, on s’excommunie, on brandit des captures d’écran comme autant de trophées de chasse numérique. Pendant ce temps-là, la Bretagne, la France, l’Europe continuent de se déliter, l’immigration de prospérer, et l’État de se soumettre à toutes les idéologies mondialisées. Mais les “patriotes”, eux, préfèrent se déchirer dans un concours de pureté stérile.

    Des bulles qui tournent en rond

    Les partisans de Zemmour accusent les électeurs du RN de trahison, de compromission, de mollesse. Ceux de Marine et Bardella répliquent en expliquant que Reconquête les “plombe électoralement”. Les uns se prennent pour des stratèges, les autres pour des résistants. En réalité, ils ne sont que les otages d’une société de bulles : bulles médiatiques, bulles virtuelles, bulles narcissiques. Chacun vit enfermé dans son aquarium numérique, persuadé de représenter le “vrai peuple” alors qu’il ne fait que s’adresser à son reflet.

    C’est la victoire du marketing sur les idées. Les uns se rassurent en jouant aux gaullistes de province, terroir et saucisson, les autres se grisent d’une radicalité de plateau télé. Mais au fond, ces guerres de boutique ne servent qu’à gonfler les egos de leurs chefs respectifs, qui se nourrissent de cette rivalité pour exister.

    Les angles morts des uns et des autres

    Les pro-RN hurlent que Reconquête leur “vole des points”. Jamais ils ne se demandent pourquoi tant d’électeurs sont lassés par les ambiguïtés sociétales d’un parti qui flirte parfois avec la gauche progressiste sur des sujets décisifs. À force de se travestir en parti de gouvernement respectable, à force de n’être qu’un RPR des années 90 et de refuser d’appeler à descendre dans la rue, le RN finit par singer ses adversaires.

    À l’inverse, les pro-Zemmour ne comprennent pas que nombre de Français, fatigués, précarisés, veulent avant tout être rassurés. Peu leur importe la hauteur des discours ou la radicalité des propositions : ils se tournent vers Marine Le Pen et Bardella parce qu’ils apparaissent comme plus “proches du peuple”. Illusion ? Sans doute. Mais les illusions font partie du réel, et les ignorer, c’est se condamner à ne jamais gagner.

    Le panier de crabes

    Ces querelles intestines ne sont pas seulement ridicules, elles sont révélatrices : la politique est un tas de lisier où chacun patauge avec un rictus de haine. On se déteste, on se jalouse, on se fantasme en gladiateur d’Internet, alors qu’au fond, on partage les mêmes constats sociaux, les mêmes angoisses démographiques, la même colère contre la dépossession de notre pays.

    Et comble du cynisme : ceux qui s’invectivent comme des chiens enragés sur les réseaux ignorent que dans la réalité, nombre de cadres du RN et de Reconquête sont copains comme cochons. On se vouvoie à l’antenne et on s’engueule pour le spectacle, puis on se tape dans le dos hors caméra. La guerre des supporters n’est qu’un théâtre d’ombres pour amuser la galerie.

    Voilà le fond du problème : les vrais perdants, ce sont les militants, les sympathisants, les fans. Comme des hooligans sans stade, ils gueulent, ils insultent, ils s’écharpent… mais ils ne construisent rien. Ils vivent par procuration, attendant que leur chef providentiel conquière le pouvoir à leur place. Ils se passionnent pour des joutes virtuelles, plutôt que d’agir concrètement, de s’organiser localement, de prendre leur destin en main.

    Ils ne voient pas que ce qui les divise n’est rien face à ce qui devrait les unir : la défense d’un peuple, d’une civilisation, d’une identité. Mais la politique moderne est devenue un spectacle, et comme tout spectacle, elle a besoin de son lot de supporters décérébrés pour exister.

    Réveillez-vous

    Alors oui, il est temps de secouer le cocotier. Droite nationale, droite identitaire, droite radicale : arrêtez de jouer aux hooligans du néant. Cessez d’être les groupies hystériques de leaders qui ne voient en vous qu’une masse de clics et de voix interchangeables.

    Le véritable combat n’est pas sur Twitter ni sur TikTok. Il est dans la rue, dans les associations, dans les familles, dans les villages et les quartiers où se joue l’avenir. Le choix est simple : continuer à se haïr au nom de querelles d’appareil, ou bâtir une force populaire réelle, qui dépasse les boutiques partisanes et les petites vanités.

    Parce que sinon vous finirez tous par ressembler à ce que vous prétendez combattre : des spectateurs passifs, consommateurs d’illusions, prisonniers de la société du spectacle. Et dans ce cas-là, vous ne mériterez même plus de parler de “patrie”. Qui aura disparu depuis bien longtemps…

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er octobre 2025)

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  • Les oligarchies contre les peuples, la menace du totalitarisme en Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Festivi cueilli sur EuroLibertés et consacré à l'étranglement progressif de la liberté des peuples en Europe...

    Avocat honoraire et ancien bâtonnier de l'ordre, Michel Festivi est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques consacrés à l'Espagne de la première moitié du XXe siècle.

     

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    Les oligarchies contre les peuples, la menace du totalitarisme en Europe

    Partout en Europe, dans une Europe passoire sans frontières protégées, submergée au demeurant par une immigration incontrôlée, le plus souvent illégale, gangrenée par une violence exponentielle, et livrée aux narcotrafics, les États profonds et les technostructures mondialisées recherchent par tous les moyens à empêcher la libre expression populaire, qui tente de s’opposer à la disparition de la civilisation millénaire, qui depuis Athènes et Rome, en passant par le Christianisme bâtisseur de nos Cathédrales, avaient façonné nos pays, nos lois, nos mœurs, nos coutumes, nos traditions et ont apporté au monde les splendeurs absolues de la littérature, de la peinture, des arts, de l’architecture, la France étant de surcroit  « mère des arts, des armes et des lois », comme la décrivait Joachim du Bellay dans son recueils Les Regrets en 1558 .

    Dans une envolée lyrique dont il avait le secret, Charles de Gaulle avait déclaré : « Il ne peut y avoir d’autre Europe que celle des États en dehors des mythes, des fictions, des parades ». Il avait rajouté : « Je ne crois pas que l’Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l’Allemagne avec ses Allemands, l’Italie avec ses Italiens, etc, Dante, Goethe, Chateaubriant appartiennent à toute l’Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapük intégré ». (Conférence de presse du 15 mai 1962).

    Mais depuis, les temps ont bien changé. Désormais, c’est tout le contraire qui est entrepris, pour broyer les peuples, les supprimer, les nier, pour les agglomérer dans un magma informe et infect. Cette politique totalitaire se retrouve partout. En Roumanie, avec le scandale des annulations des élections qui allaient porter au pouvoir un anti-européiste convaincu largement gagnant dès le premier tour de scrutin. En Pologne, où la mobilisation bruxelloise a fini par faire revenir Tusk au pouvoir, mais heureusement n’a pas pu empêcher la victoire, à la présidentielle, du nationaliste Karol Nawrocki. En Géorgie, où tout est entrepris pour forcer la main mise de Bruxelles. En France, avec des tripatouillages électoraux entre les deux tours, qui ont empêché la victoire du RN en 2024, et la prise de pouvoir de juges non élus, qui entendent phagocyter la libre expression des citoyens par des révolutions institutionnelles et juridiques des plus dictatoriales, retoquant certaines lois sur des motifs les plus stupéfiants, et interdisant à certains candidats capables de parvenir au plus haut, de se présenter. Il faudra surveiller de près les prochaines élections en Moldavie, et l’an prochain en Hongrie, où les appareils internationaux se mobilisent comme jamais. La Grande Bretagne, pays à la pourtant longue tradition des libertés publiques, malmène ses opposants, n’hésitant pas à les emprisonner pour de simples délits d’opinion, même un comique, qui n’avait pas l’heur de plaire au pouvoir, avait été appréhendé à sa descente d’avion.

    Mais c’est en Allemagne, où les éléments se déchainent avec le plus de force contre le peuple allemand. Et c’est l’AfD qui est au centre de toutes les attentions mortifères, pour l’éliminer, la dégager, et l’empêcher d’exister. Depuis sa création en 2013, elle est au centre d’une incroyable série de procédures policières, administratives et juridiques, car elle gène, elle dérange et ses immenses succès électoraux ravivent les intentions d’ostracisme à son égard.

    J’ai décrit ici même, comment dans l’Ouest du pays, elle avait il y a quinze jours, triplée son score précédent à des élections locales en Westphalie. L’excellent site Breizh-Info nous apprend, qu’à Ludwigshafen, ville industrielle de Rhénanie-Palatinat, elle a été interdite de se présenter par le conseil municipal. L’argument sempiternellement avancé « la défense de la démocratie » ! Belle litote au demeurant, rejoignant celle du guillotineur Saint-Just, et préfigurant toutes les dictatures rouges « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Par tous les moyens, l’État allemand, avec la bénédiction des instances européennes, entend paralyser l’action de l’AfD, qui n’a qu’un tort, se présenter librement au suffrage des Allemands et y recueillir de plus en plus de succès, en luttant contre l’immigration invasive, la délinquance qui se multiplie, les escrologies climatiques et environnementales qui détruisent les industries, l’appauvrissement de ceux qui travaillent, la gabegie généralisée.   

    Le 2 mai 2025, l’Office de protection de la Constitution (sic), chargé du renseignement intérieur, a classé l’AfD comme un mouvement « extrémiste de droite confirmé », avec comme motif « les indices selon lesquels l’AfD aurait des aspirations contre l’ordre fondamental libéral et démocratique », sont devenus des « certitudes », pour cette police de la pensée, digne du ministère de la Vérité d’Orwell, dont son récit d’anticipation, 1984, n’a jamais été aussi près de la réalité. L’AfD a contesté cette décision, qui a été suspendue pendant la procédure d’appel, mais le risque est immense. En dernier ressort, c’est la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui tranchera.

    Gageons que le combat, en Allemagne, comme partout en Europe est loin d’être fini. Les coups bas vont continuer à tomber comme à Gravelotte. Ainsi, on vient juste de l’apprendre, un tribunal du land de Berlin vient d’ordonner à l’AfD de quitter son siège national, donnant raison au propriétaire qui invoquait la violation par l’AfD de ses obligations lors de la soirée électorale de février 2025, célébrant son succès aux élections législatives. L’AfD devrait quitter les lieux à la fin de 2026, le motif invoqué, l’AfD avait projeté son résultat exceptionnel et son logo sur un des murs du bâtiment. Mais l’AfD a fait savoir, qu’elle avait acquis désormais de nouveau locaux. (En février 2025 L’AfD avait augmenté son score de 10,4%, passant à 20,80%, obtenant 152 députés contre 69 auparavant et devenant avec plus de 10 millions de voix le second parti du pays).

    C’est le stalinien Bertolt Brecht, qui après la révolte ouvrière berlinoise du 17 juin 1953, réprimée dans le sang par les communistes de Berlin-Est, avait renouvelé son soutien au parti communiste Est-allemand, le SED, et dans une lettre adressée au tyran Walter Ulbricht avait affirmé : « puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». C’est cette continuité historique qui se développe partout actuellement en Europe et singulièrement en Allemagne. Espérons que les peuples ne se laisseront pas faire.

    Michel Festivi (EuroLibertés, 30 septembre2025)

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  • "Grosse poularde gavée d'aliments toxiques" : autopsie du citadin contemporain...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous,  sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, la chronique du 23 septembre 2025 de Romain Petitjean consacrée au citadin contemporain et à sa coupure du monde réel.

    Romain Petitjean est coordinateur du développement de l'Institut Iliade.

     

                                              

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  • Privatiser l’audiovisuel public : une si bonne idée ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la polémique qui enfle autour de la mainmise de la gauche sur le service public de l'audiovisuel et à l'idée d'une privatisation intégrale comme unique remède...

     

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    Privatiser l’audiovisuel public : une si bonne idée ?

    Notre gauche médiatique, c’est un peu comme les sportifs anglais, qui ne font preuve de fairplay que lorsqu’ils gagnent. Ainsi, nos donneurs de leçons aiment tourmenter leurs adversaires politiques, mais ne supportent pas de se trouver à leur tour dans la tourmente. Jurisprudence France Inter ?

    Normalement, selon leurs calculs (comme disent les technocrates), la chasse à courre devrait obéir à des règles immuables. En bonne logique, Mediapart lance l’affaire, avant d’être tôt relayé par Libération et L’Humanité. Puis, Le Monde et France Inter se chargent de l’onction officielle. Les loups chassent en meute ; les rats aussi, semble-t-il. Seulement voilà, la gauche n’a plus le monopole du fric et de la rancœur. La preuve par Vincent Bolloré, par exemple, qui, à droite, a le portefeuille et le cœur. Et qui vient les chatouiller sur leur propre terrain, avec leurs propres méthodes. Car lui aussi, sait chasser en meute et faire sien le principe d’opportunité. La vidéo de L’Incorrect, où l’on voit Thomas Legrand et Patrick Cohen expliquer comment ils vont influer en même temps sur les municipales à Paris (en s’occupant de Rachida Dati) et sur l’élection présidentielle à venir (en faisant la retape de Raphaël Glucksmann contre Jean-Luc Mélenchon).

    Et son système, calque de celui de ses adversaires politiques, d’aussitôt tourner en boucle : Cnews fait enfler la polémique, aussitôt relayée par le JDNews, ensuite reprise par Europe 1 et qui fait la une du Journal du dimanche. Du beau boulot. À gauche, on n’aurait pas mieux fait.

    Delphine Ernotte acculée…

    D’où une Delphine Ernotte, femelle blanche de plus de 50 ans, matriarche du service public, et qui, bousculée par la vague médiatique, est désormais tenue de se justifier. Bon, elle ne le fait pas n’importe où, mais dans Le Monde, gardien vespéral des élégances démocratiques, ce 18 septembre. Sa stratégie ? Simple comme bonjour : « La galaxie de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation et l’exprime avec violence. (…) On a besoin de toutes les bonnes volontés républicaines de ce pays pour s’élever contre cette violence verbale de nature presque politique».  Allons bon. Comme si l’audiovisuel public n’en faisait pas, lui, de la politique. Passons.

    D’ailleurs, si l’on résume : le méchant Bolloré attaquant le gentille Ernotte vaudrait donc brevet de bonne conduite « républicaine » pour ce service public censé être au service de la nation. Pauvre Marianne qui, à force de se voir embrigadée de force par tel ou telle, doit aujourd’hui peiner à s’asseoir, à force d’avoir mal au fion.

    Rachida Dati ou la « diversité » à géométrie variable…

    Après la lecture des Évangiles, le sermon, publié dans Le Monde, quatre jours plus tard, dans un éditorial anonyme. Et là, il y en a pour tout le monde. Rachida Dati, ministre de la Culture (jusqu’à quand ?) : « En multipliant les propos dévalorisants, la ministre de tutelle de l’audiovisuel préfère se joindre à la curée au lieu de défendre et de mettre en avant ses réussites, comme les audiences record de Radio France». Hormis les relents nauséabonds de misogynie et de marocanophobie, on ajoutera que ce n’est pas parce qu’une émission cartonne qu’elle est forcément bonne. Autrement, Cyril Hanouna serait à la place d’une Léa Salamé, la nouvelle speakerine de France 2, et Christine Kelly à celle de Delphine Ernotte.

    Et la même tribune d’en appeler ensuite aux mannes géopolitiques : « Trop de précédents étrangers disent ce que peut recouvrir une attaque en règle contre un service public de l’information par un courant politique sous le couvert de la lutte pour la liberté d’expression : un démantèlement suivi par la mise en place d’une parole monolithique. En France, la transformation des médias privés rachetés par Vincent Bolloré, traduite par la purge de leurs rédactions, a d’ailleurs suivi ce modèle».  Si France Inter se retrouve prise dans son propre piège, c’est donc à la faute de Cnews. La dialectique est un peu courte, madame.

    Quand France Inter n’était ni de gauche et ni de droite…

    Ou de l’art de peindre des diables sur les murs pour ensuite faire mine d’y croire, comme si la parole de Radio France n’était-elle pas, elle aussi, de longue date « monolithique ». Ce qui ne fut d’ailleurs pas toujours le cas, il convient de le noter. Ainsi, au siècle dernier, sur France Inter, un certain Jean-François Chiappe, époux de Marina Grey, fille du général Denikine, chef de la contre-révolution russe ayant manqué de peu de battre l’Armée rouge, fut l’un des principaux animateurs des émissions historiques diffusées par le service public. Dans le même temps, il assurait la formation politiques des militants du Front national d’alors. Et personne n’y trouvait rien à y redire, même ses homologues communistes ayant également leurs ronds de serviette dans ce qui s’appelait alors l’ORTF, avant qu’un Valéry Giscard d’Estaing ne vienne y mettre mauvais ordre en procédant à son démantèlement.

    Dans le même registre, et cela devrait faire honte à Delphine Ernotte, il n’est pas si lointain, le temps où un Michel Polac, avec son émission Droit de réponse, diffusé sur un TF1 pas encore privatisé par la droite chiraquienne, invitait indifféremment Claude Cabanes, de L’Humanité, Dominique Jamet du Quotidien de Paris, Jean Bourdier de Minute, et même des ludions incontrôlables tels que Jean-François Kahn, directeur des Nouvelles littéraires.

    La privatisation, nouvelle paupérisation…

    Et c’est quand TF1 fut racheté par le groupe de BTP Bouygues que ce bel éclectisme prend fin. Dans un registre similaire, et à l’époque où la télévision était tenue par l’État, les amateurs de musique y trouvaient leur compte. Pour ceux de l’opéra, il y avait Ève Rugierri. Ceux de rock pouvaient regarder Chorus, d’Antoine de Caunes ou Les Enfants du rock, de Pierre Lescure avec Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre, tandis que ceux de chansons françaises à l’ancienne, pouvaient trouver leur miel avec La France aux chansons, de Pascal Sevran. Aujourd’hui ? Plus rien, si ce n’est du rap partout et de la chanson de qualité frelatée, façon Laurent Delahousse déroulant le tapis rouge devant une Juliette Armanet.

    Comme quoi la privatisation n’est pas forcément la solution à tout. De cette dernière, il est actuellement beaucoup question, le groupe Bolloré en ayant fait l’un de ses étendards. Mais ces positions sont-elles aussi caricaturales qu’on le dit ? Rien n’est moins sûr, un Pascal Praud se montrant bien souvent nostalgique de l’ORTF à papa. Certes, le Moloch public nous coûte « un pognon de dingues », comme dirait « l’Autre ». 4 milliards d’euros par an, ce n’est pas rien. 665 millions d’euros pour Radio France, c’est plus que l’ensemble du budget de toutes les radios privées réunies. 14 chaînes de télévision, c’en est au moins quelques-unes de trop, à l’instar de leurs 59 stations de radio. Ainsi, les partisans de la privatisation du service public ne sont pas sans arguments. Bref, il conviendrait peut-être de « dégraisser le mammouth », tel que jadis préconisé par Claude Allègre, ministre de l’Éducation de Lionel Jospin.

    Ce qu’en dit Marine Le Pen…

    Ainsi, Marine Le Pen, interrogée par Le Journal du dimanche du 21 septembre, ne semble pas tomber du cocotier vis-à-vis de la polémique en cours : « Non, je ne suis pas surprise. C’est un secret de Polichinelle que madame Ernotte est une militante très marquée à gauche. Mais là, elle franchit un cap supplémentaire. Elle n’est absolument pas dans son rôle. Et ce type de type de sortie devrait conduire à son départ. Parce qu’il ne revient pas à la présidente de France Télévision de distribuer des brevets d’honorabilité aux chaînes privées». Quant à l’éventuelle privatisation de ce qui fut naguère un joyau français, cette réponse : « Nous proposons une privatisation quasi-totale, avec quelques exceptions : garder une voix pour l’international, un canal d’urgence pour les crises et le lien avec l’Outre-mer».

    Est-ce la bonne solution ? Pas forcément, sachant qu’au lieu de réformer en profondeur l’institution en question (tâche éventuellement impossible, tant les syndicats y dictent leur loi), une Marine Le Pen entend, sans lui faire un procès d’intention, peu ou prou la brader. Mais à qui ? Des fonds d’investissement étrangers ? Des multinationales n’ayant que faire de nos contingences nationales ou de ce qui en demeure ? Vaste question, la logique de ceux qui font la politique n’étant pas toujours celle de ceux qui la commentent.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 23 septembre 2025)

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  • Quand les Français attendent Godot désespérément...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré à l'attente par nos compatriotes d'un dirigeant capable de redresser le pays.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Les Français attendent Godot désespérément

    Les Français attendent désespérément Godot. Un Godot politique qui les sauverait du naufrage annoncé de leur pays. Mais, comme dans la pièce de Samuel Beckett, Godot se fait attendre. Et, compte tenu de la tournure prise par la classe politique française, on se demande finalement si Godot n’arrivera jamais…

    Le Godot de gauche ne viendra plus

    D’abord, le Godot de gauche ne viendra pas… puisqu’il est déjà là.
    Il ne peut constituer une alternative au Système, puisqu’il est le Système.
    En France, la gauche a pris le pouvoir dans les années 80 et elle ne l’a pas lâché depuis. Mais cette gauche, à l’instar d’Emmanuel Macron, a renié son assise populaire pour se rallier à l’agenda globaliste de l’oligarchie et au turbo-capitalisme.
    Se proclamer de gauche, de nos jours, signifie donc promouvoir un monde woke, peuplé de monades égoïstes, sans traditions ni identités d’aucune sorte et livrées aux appétits des oligopoles, au prétexte de « jouir sans entraves ». Il y a désormais congruence totale entre l’idéologie de la société ouverte, telle que la promeut par exemple la galaxie Soros, et ceux qui continuent, chez nous, de se prétendre de gauche et de jouer aux « républicains ».
    Il n’y a donc rien à attendre du Godot de gauche, puisqu’il ne propose que d’accélérer dans la catastrophe : encore plus d’impôts et de dépenses publiques (alors que la France est déjà numéro un européen en ces domaines), encore plus d’immigration, encore plus d’éoliennes, encore plus de laxisme ou de censure selon les cas, encore plus d’européisme et d’atlantisme.

    Le Godot de droite a fini noyé dans l’extrême-centre

    Le Godot « de droite » ne viendra pas non plus, car il a fini noyé dans le marécage d’extrême-centre, à force de cohabiter avec la gauche depuis les législatives de 1986.
    La droite parlementaire ne correspond plus qu’à un rassemblement de notables, bien ancrés sur leurs prébendes locales, mais aux convictions indécises et à la détermination faiblarde.
    « Retenez-moi ou je fais un malheur », tel est son mantra, comme dans les opérettes marseillaises d’autrefois.
    Car cette « droite » finit toujours par accompagner le désastre tout en faisant mine de le contrer, et donc de soutenir le Système au prétexte hypocrite de rejeter « les extrêmes ». Comme si l’extrême-centre au pouvoir n’incarnait pas le nouvel extrémisme !

    Mais d’où pourrait donc provenir Godot ?

    Mais alors, d’où pourrait donc venir Godot s’il n’est ni de gauche ni de droite ?
    De « l’extrême-droite », nous disent les médias, qui nous prédisent à chaque élection la victoire imminente du RN, sa principale incarnation parlementaire. Et il est de fait que nombre de nos concitoyens voient en lui la rupture qu’ils souhaitent d’avec le Système.
    Pourtant, on peut s’interroger.
    D’abord, curieusement, ce mouvement a déserté les incessantes révoltes populaires qu’a connues notre pays depuis les grandes manifestations contre le « mariage pour tous », sous la présidence de François Hollande, abandonnant de fait la rue ou les pétitions à la gauche et aux black blocs, donc au Système.
    Ensuite, il attache tellement d’importance à sa dédiabolisation que sa ligne programmatique inquiète : par exemple, comment prétendre mettre fin au chaos migratoire ou instaurer la préférence nationale tout en promettant de respecter les traités européens et l’État de droit ? Comment proclamer sa volonté d’indépendance stratégique tout en voulant rester dans l’OTAN et en s’alignant en tout sur le bellicisme russophobe ? Comment prétendre relancer notre économie tout en promettant de recréer un impôt sur le capital financier ?

    La France attend

    Quant aux autres mouvements : souverainistes, partisans de Zemmour ou de Marion Maréchal, divisés à l’extrême tout en prônant l’union des droites (un grand classique quand on est minoritaire…), pour le moment, ils ne pèsent guère sur la scène électorale, malgré tous leurs efforts ou leur créativité 2.0.
    Même s’il ne faut jamais insulter l’avenir, les Français risquent donc d’attendre encore longtemps la venue de leur sauveur. Et de passer à côté du grand mouvement de renouveau qui saisit en ce moment l’Occident.
    Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que le soleil qui poudroie…
    Comme dans la pièce de Beckett ou le conte de Perrault, la France attend, fors l’espoir.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 septembre 2025)

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