Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Points de vue

  • Défendre l'Occident ou se tourner vers l'Orient ?...

    Dans cette nouvelle vidéo, Ego Non nous fait découvrir l'essai d'Henri Massis, Défense de l'Occident ainsi que son auteur qui fut un des grands noms de la droite maurrassienne et un penseur chrétien, aux côtés de Chesterton, Nicolas Berdiaev, Gustave Thibon ou encore son ami Jacques Maritain.

    En contrepoint, les lecteurs curieux pourront se replonger dans Les Décombres (réédité chez Bouquins) pour lire le portrait assez cruel que Rebatet dresse du personnage...

     

                                                

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Comment la guerre contre les agriculteurs menace l’Occident et la sécurité alimentaire mondiale...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Yann Vallerie , cueilli sur Breizh-Info et consacré à la véritable guerre d'extermination que subissent les agriculteurs européens et à ses conséquences...

    Révolte paysanne.jpg

     

    Comment la guerre contre les agriculteurs menace l’Occident et la sécurité alimentaire mondiale

    Les agriculteurs, véritables piliers de nos sociétés, assurent chaque jour notre sécurité alimentaire. Pourtant, dans le monde moderne, leur rôle essentiel est souvent négligé. Si leur activité venait à disparaître, nos assiettes resteraient vides, et les conséquences seraient désastreuses. Aujourd’hui, la sécurité alimentaire, autrefois au cœur des politiques nationales, est menacée par des idéologies globalistes et des mesures bureaucratiques qui mettent en péril non seulement l’agriculture, mais aussi les fondements mêmes de la civilisation occidentale.

    Un héritage de sécurité alimentaire fragilisé

    Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a tiré des leçons des pénuries alimentaires qui avaient ravagé le continent. La création de la Communauté économique européenne (CEE) et, en 1962, de la Politique agricole commune (PAC) visait à garantir une production suffisante, réduire la dépendance aux importations et protéger les citoyens contre de futures crises alimentaires. Ce système a transformé l’Europe en un leader mondial de l’agriculture.

    Aujourd’hui, cependant, ces principes semblent oubliés. L’Union européenne (UE), sous prétexte de durabilité environnementale, impose des politiques qui étranglent littéralement ses agriculteurs. Aux Pays-Bas, les émissions d’azote servent de prétexte pour exproprier des terres agricoles. En Allemagne, des taxes punitives affaiblissent les exploitants. Cette tendance conduit à une crise généralisée, marquée par des faillites, des suicides d’agriculteurs et une menace croissante sur la souveraineté alimentaire.

    Une crise mondiale de l’agriculture

    Le phénomène ne se limite pas à l’Europe. En Amérique du Nord, les réglementations sur l’eau et les engrais mettent les agriculteurs sous pression. Au Canada, des restrictions sévères sur les fertilisants handicapent la productivité. En Nouvelle-Zélande, les émissions de méthane sont au centre des politiques, tandis que les agriculteurs sud-américains font face à des contraintes économiques et environnementales croissantes. Ces tendances montrent un effort coordonné visant à affaiblir les fondations agricoles des sociétés occidentales.

    Derrière ces mesures se cache une idéologie globaliste promue par des institutions supranationales comme les Nations unies. Sous couvert de durabilité et d’égalité, des initiatives comme l’Agenda 2030 cherchent à concentrer le pouvoir entre les mains d’élites non élues, au détriment de la souveraineté nationale et de la démocratie. Les ONG, financées par des philanthropes influents, exercent également une pression immense sur les politiques agricoles, contournant ainsi la volonté populaire.

    Le discours climatique est utilisé pour justifier des restrictions draconiennes sur l’agriculture, tout en négligeant des incohérences flagrantes. Par exemple, l’Union européenne continue de signer des accords commerciaux avec des pays qui ne respectent pas les mêmes normes environnementales. Les importations de denrées produites dans des conditions peu régulées exposent un double discours : il ne s’agit pas de protéger la planète, mais de contrôler les ressources.

    Une attaque contre les valeurs occidentales

    Cette guerre contre les agriculteurs va au-delà de l’économie. Elle menace les valeurs occidentales enracinées dans les traditions agricoles. Depuis des siècles, les agriculteurs incarnent la stabilité, l’indépendance et le lien avec la terre. Leur disparition affaiblit ces piliers culturels et ouvre la voie à une société globalisée et homogénéisée, dépourvue de son identité propre.

    En parallèle, des politiques migratoires massives redéfinissent les dynamiques sociales et culturelles des nations occidentales. Ces deux tendances combinées semblent viser à effacer les spécificités culturelles et économiques, créant une population mondiale uniformisée et docile.

    L’histoire regorge d’exemples tragiques où l’agriculture a été sacrifiée sur l’autel de l’idéologie. Dans les années 1930, la collectivisation stalinienne en Ukraine a entraîné l’Holodomor, une famine artificielle ayant causé des millions de morts. De même, le Grand Bond en avant de Mao Zedong a dévasté l’agriculture chinoise, provoquant une famine généralisée. Ces exemples montrent que s’attaquer aux agriculteurs, c’est mettre en péril la société entière.

    Pour préserver la souveraineté alimentaire et les valeurs occidentales, il est crucial de défendre les agriculteurs face à ces politiques globalistes. Les gouvernements doivent soutenir les producteurs locaux, adopter des politiques agricoles équitables et résister aux pressions des organisations supranationales. La promotion de pratiques agricoles durables et locales doit primer sur les importations bon marché venues de régions aux régulations laxistes.

    Protéger les agriculteurs revient à défendre notre liberté, notre patrimoine et notre avenir. Un réfrigérateur vide n’est pas qu’un simple inconvénient : c’est le symbole d’une dépendance et d’une vulnérabilité croissantes. Il est impératif d’agir maintenant pour garantir que les agriculteurs, gardiens de nos terres et de nos traditions, continuent à nourrir non seulement nos corps, mais aussi notre civilisation.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Quand la haine de la France prospère dans la population d'origine algérienne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Diane de Bourguesdon cueilli sur le Figaro Vox et consacré à la montée de la haine de la France dans la population d'origine algérienne qui réside sur notre sol et possède souvent des papiers français.

    Influenceurs algériens.jpg

    « Le discours des influenceurs algériens est le résultat de nos aveuglements, nos errements et nos reniements collectifs »

    Dans l’affaire des influenceurs algériens, il y a d’abord les étonnés. Ceux qui découvrent, ébahis, que la France héberge sur son sol des individus ouvertement hostiles et animés des intentions les plus mauvaises à notre égard. Qui à Lille, qui à Montpellier, qui à Brest, ce n’est pas un cas isolé mais plusieurs individus, qui disposent chacun d’une audience significative sur les réseaux sociaux, et appellent simultanément leurs abonnés à commettre viols et meurtres sur des Français. 

    Force est de reconnaître que ces influenceurs ne s’embarrassent pas de précautions oratoires ni ne cherchent à dissimuler leur identité, alors même que l’un d’eux est sous le coup d’une OQTF. Difficile cette fois aux relativistes en chef et autres virtuoses de l’euphémisme de trouver des excuses, de plaider la sempiternelle cause du déclassement social ou de la discrimination, ou de tenter une exégèse alambiquée : les propos tenus sont purement et simplement des appels au meurtre, prononcés depuis le sol français contre des Français. On aimerait d’ailleurs entendre davantage les militants de la lutte contre les messages haineux, d’habitude bien prompts à débusquer la faute à chaque virgule dès qu’une parole émane d’un représentant dit «de droite», qui auraient pourtant là une raison légitime de s’alarmer.

    Et puis il y a les étonnés qu’il y ait encore des étonnés. Ceux qui ont compris ce qui se tramait en France depuis des années, qui n’est autre que la diffusion d’une culture de haine de notre pays. En découvrant les messages publiés par les influenceurs, je n’ai pu m’empêcher de penser à une autre vidéo diffusée il y a quelques mois sur un réseau social. Il s’agissait d’un micro-trottoir réalisé dans la rue à Paris et montrant l’interview de trois jeunes garçons de dix ou onze ans. Après avoir revendiqué fièrement leur origine algérienne, ils sont invités à énoncer leur préférence entre la France et l’Algérie. Ils répondent du tac au tac l’Algérie, ce qui n’a rien de bien étonnant hélas. On leur demande ensuite la devise respective des deux pays. Pour l’Algérie ils s’exclament avec ferveur : «One, two, three, viva l’Algérie !» . Mais quand vient le moment de dire celle de la France, l’enthousiasme fait instantanément place au mépris le plus total. Ils prononcent quelques mots d’arabe qui ne respirent pas franchement la sympathie, et que l’un d’eux finit par traduire : «la devise de la France, c’est Nique ta mère la France !»

    Le point commun entre le message des influenceurs et le discours des jeunes Parisiens, c’est la haine décomplexée de la France. La haine de la France portée en étendard, comme un motif de fierté. La haine de la France brandie effrontément, au nez des Français, à même le sol français. La différence, c’est que les premiers sont Algériens, tandis que les autres sont Français, nés en France. Et c’est bien là le plus grave.

    Ce que n’a pas voulu voir et persiste à ne pas vouloir voir une immense partie des élites, c’est le succès croissant, auprès de toute une frange de la jeunesse issue de l’immigration, de la posture du rejet de la France. Elle est progressivement devenue à la mode, en vogue, incontournable. Dans le milieu maghrébin, le lait du biberon de nombreux enfants n’a pas seulement l’aigreur de l’antisémitisme, il a aussi le relent amer de la détestation de la France. Pour beaucoup de jeunes il est désormais de bon ton de dénigrer la France, de montrer le plus souvent possible et de manière ostentatoire les preuves de sa non-appartenance à la nation. Bientôt viendra le temps où la seule parole ne suffira plus, il sera demandé d’y adjoindre l’acte, pour garantir sa bonne intégration dans tel ou tel groupe d’amis. La cécité des classes politique et médiatique est immense et immensément coupable.

    Elles ont été coupables de ne pas voir, derrière les émeutes de juillet 2023 et leur lot d’écoles, de bibliothèques, de mairies et de commissariats incendiés, la marque de la haine de la France. Coupables d’ignorer, derrière les agressions de policiers et les refus d’obtempérer désormais quotidiens, la marque de la haine de la France. Coupables de ne pas comprendre, derrière les insultes et les coups portés par des élèves sur leurs professeurs dans l’enceinte même de l’école, qu’il s’agit là aussi de la marque de la haine de la France. Coupables de ne pas faire le lien entre l’explosion des agressions dans les hôpitaux et la montée de la haine de la France. Coupables enfin, et surtout, de ne pas nommer le caractère antifrançais du meurtre de Thomas à Crépol.

    Elles se sont montrées coupables de refuser de voir et de nommer la haine de la France, a fortiori de la combattre, la laissant ainsi prospérer en toute impunité sur notre territoire. Mais la faute morale ne se limite pas à la cécité. Pour que la haine de la France prenne aussi bien, il a fallu au préalable que le terreau lui soit favorable. Ce terreau, c’est celui de plusieurs générations qui ont été délibérément privées de la transmission de l’amour de leur pays. Ce sont plusieurs générations d’enfants qui ont appris à l’école que France rimait avec repentance et que son histoire pouvait se résumer à la colonisation et l’esclavagisme. Plusieurs générations à qui l’on a martelé que toutes les cultures se valaient et que la culture française n’avait rien d’exceptionnel, jusqu’à la négation même de son existence par le chef de l’État. Des générations d’enfants qui, postés devant leur téléviseur, n’ont entendu parler de la France que sur le ton de la dérision ou de la condamnation. 

    Ce dénigrement permanent a fait des ravages dans toute la société, mais plus encore auprès des personnes d’origine immigrée. Ce pour au moins deux raisons : premièrement parce que l’amour d’un pays qui n’est pas celui de ses ancêtres n’a rien de spontané ; il ne préexiste pas par nature et ne peut naître que par la médiation de la culture. Deuxièmement parce qu’il fallait tout faire pour assécher à la source le ressentiment colonial qui anime malheureusement certains immigrés. Tâcher de faire naître l’amour patriotique chez tous les jeunes Français était un devoir auquel les élites ont collectivement failli. C’était la meilleure manière d’éviter la propagation de la maladie de la haine de la France, qui aujourd’hui gangrène la jeunesse des quartiers sensibles. Elle est le résultat de nos aveuglements, nos errements et nos reniements collectifs.

    Diane de Bourguesdon (Figaro Vox, 13 janvier 2025)

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Elon Musk, héros ou tyran de l'Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 10 janvier 2025 et consacrée à Elon Musk.

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                         

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • 2025, année de la clarification douloureuse ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré aux probables clarifications qui vont intervenir au cours de l'année 2025 dans les relations entre les puissances, et notamment dans le conflit russo-ukrainien.

     

    2025_Menaces.jpg

    2025, année de la clarification douloureuse

    Pour chacun, dans le cercle de nos amis et connaissances, ces premiers jours de l’année nouvelle sont ceux des vœux, des pensées amènes, des espérances et des bonnes résolutions.

    Pour le monde occidental, dont la France est partie (même si notre pays a tant renoncé à lui-même depuis des décennies qu’il n’a rien su faire de ses atouts ni su adopter une position non alignée et médiatrice qui aurait été très utile à la paix en Europe sur le dossier ukrainien), ce devrait être l’occasion de revenir sur les erreurs passées, de tenter enfin autre chose que la surenchère guerrière, d’infléchir une trajectoire qui sinon nous promet un enfermement de plus en plus douloureux et dangereux dans les ornières du passé.

    Encore faudrait-il oser identifier les mauvais chemins empruntés, les raisonnements abscons, les postures bravaches si nuisibles aux intérêts des peuples que l’on prétend guider ou représenter ; des peuples in fine toujours victimes, notamment économiquement et socialement dans le cas des Européens, de décisions prises sous l’empire du déni, de la rage, de la haine ou de la prétention.

     Et de ce point de vue, 2024 fut un must, une année perdue et sanglante, une année de trop dans la poursuite effrénée, paniquée même, d’illusions de toute puissance et de maintien d’une domination minée par ses propres flagrants excès.

    Où que se tourne le regard, il contemple donc des champs de ruines et de cadavres innocents livrés sans réfléchir à la lutte implacable que nous livrons à un monde nouveau, récalcitrant à notre férule. Un monde qui n’a pas plié et n’a pas plus l’intention de plier cette année.

    L’Ukraine est le plus proche de ces buchers de nos vanités. Notre « soutien » borné à un régime dévoyé qui n’est que l’instrument de notre indécrottable volonté d’affaiblissement de la Russie, n’a abouti qu’à une situation bien plus dommageable pour ce malheureux pays qu’il y a encore un an ou deux. Si la paix avait été notre préoccupation, nous aurions depuis déjà longtemps recherché les bases d’un accord avec Moscou permettant le retour de la sécurité en Europe. Mais la paix n’est pas notre problème. Nous voulons la guerre jusqu’au dernier Ukrainien, même si nous finissions par y laisser bien plus que des plumes et demain des soldats s’il le fallait. C’est délirant, c’est parfaitement inutile mais c’est ainsi. Une question de « principes » et de « valeurs » parait-il.  Le comble du cynisme.

    Quand je dis si « nous » recherchions la paix, je pense naturellement à Washington, puisque l’Europe ne comprend rien à ses propres intérêts et se contente de donner dans la surenchère belliqueuse pour complaire à la volonté de l’Administration américaine. Donald Trump, qui sera officiellement président dans quelques jours, pourra-t-il changer la donne, mettre au pas l’État profond, purger les abcès de corruption qui gangrènent l’appareil décisionnel américain et proposer les bases pourtant évidentes depuis très longtemps d’un accord à son homologue russe ? Ce n’est pas du tout certain, tant tout est fait pour le désinformer sur la réalité militaire du conflit et l’enfermer dans des logiques guerrières. Il semble néanmoins avoir compris que sa posture initiale consistant à menacer Moscou de faire pleuvoir les armes et l’argent sur Kiev si le président Poutine n’acceptait pas un gel des combats et une force otano-européenne de surveillance, n’avait strictement aucune chance d’engager la Russie aux moindres pourparlers. Moscou néanmoins, connait par le menu la violence de la scène politique américaine et tempère le rythme de ses gains militaires (mais jusqu’à quand ?) pour donner une chance à un dialogue sérieux, même si les pressions internes sont de plus en plus fortes pour pousser le Kremlin à accélérer le rythme de la SMO au premier semestre 2025.

    Il faut souhaiter que les avancées russes actuelles constantes dans le Donbass et les très lourdes pertes ukrainiennes depuis plusieurs mois poussent la nouvelle Maison blanche au réalisme, même si le déni demeure très lourd et la volonté de saboter la nouvelle présidence de Donald Trump profonde. On peut donc craindre, si ce dernier ne part pas sur des bases pragmatiques et raisonnables avec Moscou, que la prophétie autoréalisatrice ressassée à Bruxelles, Paris, Londres et (de moins en moins) Berlin ne finisse par advenir : On verrait alors Moscou sevré de ses dernières illusions, finir par avancer vers la Pologne ou les pays baltes alors que cela n’était clairement pas son intention initiale. On serait même capables de s’en réjouir et de dire « qu’on le savait bien ».

    Les USA ont tout intérêt pourtant à trouver une issue en Ukraine et les Russes à leur laisser sauver la face. Washington doit choisir ses combats en fonction de la réalité de ses moyens militaires, de sa relation avec la Chine et de l’état du rapport de force mondial qui n’est plus en sa faveur. Le problème est que même cette évidence ne parvient pas à franchir le front du déni et à atteindre les cerveaux embrumés de nos dirigeants sans expérience ni culture. Ils sont intoxiqués par leur propre propagande délirante depuis trop longtemps et même le pragmatique Trump semble actuellement vouloir s’entourer d’un nombre conséquent de faucons qui risquent de ne pas saisir ce moment historique qui permettrait à l’Amérique d’entamer le sauvetage stratégique mais aussi moral et politique de l’Occident.

    Si le théâtre ukrainien va donc malheureusement rester encore un bon moment actif, le Moyen-Orient n’est pas non plus près de s’apaiser tout au contraire. L’affaissement de la Syrie sur elle-même, tombée d’épuisement et victime de ses illusions de réhabilitation internationale, livrée aux pires djihadistes, l’avancée turque qui pourrait finir par heurter les ambitions américano-israéliennes et se retourner contre Erdogan, celle toute relative d’Israël sur les ruines de la Palestine et du Liban qui ne rêve que de pousser Trump à lancer les hostilités avec l’Iran, tout cela augure une année de violence sectaire et souffrances indicibles pour les Palestiniens, les Syriens et les Libanais, mais aussi de  probables tentatives de déstabilisation redoublées à l’échelle régionale.

    Je pourrais encore évoquer le renforcement de la dynamique des BRICS, la consolidation de la position chinoise au plan diplomatique et stratégique en dépit de ses difficultés économiques conjoncturelles, l’empreinte de plus en plus profonde de la Russie en Afrique sur les ruines notamment de notre politique anachronique, la dureté des affrontements énergétiques, l’Amérique latine et ses incertitudes. Ces sujets ont tous un point commun : ils illustrent, chacun à leur façon, la formidable opposition qui n’est ni « civilisationnelle » ni religieuse, mais bien idéologique et économique, entre d’une part un « vieux monde » longtemps dominant qui ne veut pas reconnaitre sa perte d’influence et de crédit, qui croit encore pouvoir faire la leçon au reste de la planète et régner par le mensonge, la guerre des perceptions, la communication et la propagande, et d’autre part,  lui faisant face avec sérénité et détermination, un « jeune monde » dirigé paradoxalement par de vieilles puissances et des hommes d’État chevronnés qui recherchent la légitimité populaire au lieu de s’en défier, prisent la souveraineté, la tradition, l’égalité internationale, le long terme et la cohérence.

    C’est bien un combat de titans qui se déploie sous nos yeux, dangereux et passionnant.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 6 janvier 2025)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Désoccidentaliser l’Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Walter Aubrig et Olivier Eichenlaub, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la question de la désoccidentalisation de l'Europe.

    Yankee go home.jpg

     

    Désoccidentaliser l’Europe

    Au sortir de la Première Guerre mondiale, en 1922, parut en Allemagne le second volume d’un livre à la destinée particulière, et à la postérité paradoxale : Le Déclin de l’Occident d’Oswald Spengler. Un siècle plus tard, en 2022, Michel Onfray intitulait « Fin de l’Occident ? » un numéro spécial de sa revue Front populaire, alors qu’Emmanuel Todd publiait en 2023 La Défaite de l’Occident. Le mot d’Occident est aujourd’hui plus que jamais dans toutes les bouches, accusant les accents dramatiques d’une fin de règne. Pourtant, sa signification a subi des revirements considérables.

    Ce qui a longtemps été l’acception commune de l’Occident, c’est ce qu’outre-Rhin, on appelle Abendland, le pays du couchant. Le terme porte en lui toute la charge romantique d’un temps où le monde était divisé en deux moitiés — l’Occident chrétien d’une part, héritier de l’Empire romain du même nom, l’Orient d’autre part, qui commençait à Byzance et s’étendait dans un continent asiatique encore mal connu. Cependant, cet Occident s’est peu à peu effacé au profit de l’idée d’Europe avec l’entrée dans la modernité, à la Renaissance. C’était l’âge des grandes découvertes, le début du nomos de la terre, pour parler avec Carl Schmitt. Dès lors, les Européens se sont définis non plus par rapport à un axe est-ouest, mais par rapport à un territoire : le continent européen dans sa confrontation avec le reste du monde. Ce n’est qu’au cours du XXe siècle, et singulièrement dans le face-à-face des grands blocs durant la guerre froide que le terme d’Occident a été remobilisé pour désigner une réalité aux implications toutes différentes : le grand Ouest, the Western World.

    Pour autant, et malgré cette rupture qui est à bien des égards pour l’Europe le synonyme d’une dépossession, la mobilisation de l’Occident comme notion de référence persiste, tout particulièrement auprès de ceux qui se veulent les défenseurs de l’identité européenne. Cet Occident n’est plus véritablement chrétien, et il prend de plus en plus les traits d’un « monde blanc » — une projection qui, au vu de la réalité ethnique de la société américaine, par exemple, pose évidemment des questions. La résurgence du terme suggère néanmoins l’idée qu’Occidentaux, Européens et « Blancs » sont unis dans leurs modes de vie et dans leurs relations avec le reste du monde du fait d’une matrice culturelle commune. L’entrée des troupes russes en Ukraine en 2022 ou de l’attaque d’Israël par le Hamas en 2023 ont encore favorisé la revendication du vocable, transposant ainsi un désir de reconnaissance identitaire dans le domaine des réalités géostratégiques. Son invocation semble d’abord avoir une valeur performative — on espère quelque chose de cet ensemble d’appartenance, on se cherche des alliés, voire des frères, au moment où les confrontations communautaires se font de plus en plus vives. Et comment, après tout, ne pas le comprendre ? Dans ce contexte, au regard de la situation géopolitique du XXIe siècle plus encore qu’avant l’effondrement du rideau de fer, il nous semble néanmoins que soutenir l’attachement de l’Europe à « bannière occidentale » relève d’une erreur historique fondamentale.

    Elle se fonde sur l’idée fallacieuse selon laquelle l’Occident pourrait aujourd’hui fournir l’occasion de fonder un nouvel équilibre géopolitique, en s’appuyant exclusivement sur la solidarité entre populations d’origine européenne, dont la « dispersion » est le résultat d’aventures coloniales anciennes. Cette opportunité offrirait des perspectives de salut inattendues, grâce au soutien d’une « diaspora européenne » homogène et bienveillante, répartie pour l’essentiel en Amérique du Nord, dans certains pays d’Amérique du Sud, en Afrique du Sud, ainsi qu’en Israël, et confrontée à des défis démographiques et des menaces civilisationnelles similaires à ceux qu’affrontent aujourd’hui les Européens. S’il est manifeste que des convergences se font jour en vertu de ces racines communes, et s’il est éminemment souhaitable que ces convergences aboutissent à des synergies fructueuses, rappelons néanmoins que la réalité des logiques géopolitiques propres à chaque continent est susceptible de compromettre considérablement, à terme, ces perspectives de cohésion. À moins qu’on ne se contente ici de simples discours susceptibles de légitimer ponctuellement la coïncidence des intérêts particuliers et de la générosité du cœur.

    Pourquoi alors ces racines communes ne priment-elles pas ? La plupart des nations « occidentales » situées sur d’autres continents sont issues d’un mouvement de colonisation ayant amené des populations originaires d’Europe à s’installer durablement au-delà des mers pour exploiter des terres qui semblaient à leurs yeux peu mises en valeur jusqu’alors, selon un processus comparable à celui qui conduisit sous l’Antiquité à la fondation de cités grecques sur le pourtour méditerranéen ou à l’expansion territoriale de l’Empire romain. Mais les nations anglo-saxonnes fondées jadis par des colons européens, à l’image des colonies grecques qui ont peu à peu échappé à la koinè qui les unissait à leur cité mère, se sont depuis longtemps émancipées de la tutelle du Vieux Monde, pour poursuivre légitimement la satisfaction de leurs intérêts propres, sur un territoire neuf permettant de démultiplier les possibles.

    Les États-Unis, auxquels on a d’abord tendance à se référer lorsqu’il est question de l’ensemble occidental, n’ont jamais cessé de revendiquer une « destinée manifeste », justifiant ainsi leur profonde rupture avec la tradition européenne, même si les élites américaines et anglaises ont continué de tisser depuis deux siècles des liens personnels et familiaux étroits. Cette rupture procède de l’idéologie des « pères pèlerins », du rêve messianique des communautés fondamentalistes protestantes qui quittèrent l’Europe pour vivre dans une société purifiée de la corruption du « vieux monde », aristocratique et monarchique. En dépit de références récurrentes à l’Antiquité grecque ou romaine, permettant de revendiquer, de manière plus ou moins légitime, l’héritage de la démocratie athénienne et celui de la mission « civilisatrice » de l’Empire romain, la « ville sur la colline » s’est dès ses débuts pensée comme une refondation de Jérusalem, pour laquelle le long détour historique par l’Europe n’avait plus guère de signification. Par ailleurs, l’histoire de l’Amérique s’est fondée sur un épisode anomique en rupture volontaire et totale avec les institutions alors en place en Europe : c’est le Far West, en tant que système d’organisation de la conquête territoriale et du peuplement, puis la guerre de Sécession qui ont servi d’acte fondateur à un Nouveau Monde et qui en constituent aujourd’hui encore la mythologie dans l’imaginaire collectif américain.

    Il en ressort qu’à bien des égards, la seule acception valable d’une « civilisation occidentale » est celle d’un canon de valeurs qui s’est diffusé de manière à peu près uniforme à la fin du XVIIIe siècle, par la cristallisation de ce que les historiens ont pu qualifier de « révolutions atlantiques », et dont les exemples américains puis français ne sont que les plus emblématiques. Un corpus philosophique projetant la fondation ex nihilo d’une société meilleure et d’un homme nouveau a ainsi pu emprunter les réseaux de puissance établis dans ce qui était alors encore la sphère d’influence de l’Europe triomphante. Les principes de liberté et d’émancipation individuelles, de démocratie, d’égalité devant la loi et de progrès devaient servir de socle à pères fondateurs des États-Unis, tandis qu’en Europe ils se manifestèrent comme le produit tardif d’une civilisation qui possédait sa dynamique propre, orientée par des traditions vives qui en avaient tracé la trame de fond, génératrice de structures politiques et sociales éprouvées par les siècles. Là encore, il s’agit donc d’un paradigme ancré dans le temps, et qui, justement parce que les Américains ont pu se délester du poids de l’héritage civilisationnel européen, a trouvé son expression dans des formes tout à fait différentes de part et d’autre de l’Atlantique.

    Ainsi, le rapprochement institutionnel de l’Amérique du Nord et de l’Europe sur fond d’adhésion commune aux valeurs de la démocratie libérale doit précisément être compris comme le symptôme d’une asymétrie des rapports de dépendance, voire de domination. Il s’est réalisé au profit de la « colonie », au détriment des nations européennes d’origine. Au cours des Trente Glorieuses et la Guerre froide, profitant de l’affaiblissement des puissances européennes dans le cataclysme des guerres mondiales, c’est bien le Soft power des États-Unis qui a permis à la puissance américaine de se prémunir contre une potentielle récession de son influence en consolidant sa domination culturelle, idéologique, économique et militaire sur l’ensemble du territoire européen dit « occidental ». En d’autres termes, si l’Amérique du Nord n’a jamais été pensée par ses fondateurs comme une colonie européenne, c’est l’Europe qui aujourd’hui, sous de nombreux aspects, est bel et bien spirituellement colonisée par les États-Unis, dont la stratégie d’expansion impériale porte de fait le nom d’Occident.

    Les nations et les peuples européens se voient aujourd’hui plongés dans une grande recomposition des équilibres géopolitiques. Ce contexte risqué pour les États d’Europe, à plus forte raison après l’élection de Donald Trump en novembre 2024, confronte désormais ses dirigeants au défi considérable du retour à la puissance.  Et ce défi ne pourra être relevé qu’au prix d’une désoccidentalisation de l’intérieur, d’un dépassement d’un ordre orienté par l’idéal illusoire des démocraties libérales. C’est dans sa tradition politique la plus pérenne qu’elle trouvera les ressources nécessaires pour insuffler une dynamique nouvelle à son destin civilisationnel, à la hauteur des enjeux à venir.

    Walter Aubrig et Olivier Eichenlaub (Institut Iliade, 6 janvier 2025)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!