Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Géopolitique

  • 2025, année de la clarification douloureuse ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré aux probables clarifications qui vont intervenir au cours de l'année 2025 dans les relations entre les puissances, et notamment dans le conflit russo-ukrainien.

     

    2025_Menaces.jpg

    2025, année de la clarification douloureuse

    Pour chacun, dans le cercle de nos amis et connaissances, ces premiers jours de l’année nouvelle sont ceux des vœux, des pensées amènes, des espérances et des bonnes résolutions.

    Pour le monde occidental, dont la France est partie (même si notre pays a tant renoncé à lui-même depuis des décennies qu’il n’a rien su faire de ses atouts ni su adopter une position non alignée et médiatrice qui aurait été très utile à la paix en Europe sur le dossier ukrainien), ce devrait être l’occasion de revenir sur les erreurs passées, de tenter enfin autre chose que la surenchère guerrière, d’infléchir une trajectoire qui sinon nous promet un enfermement de plus en plus douloureux et dangereux dans les ornières du passé.

    Encore faudrait-il oser identifier les mauvais chemins empruntés, les raisonnements abscons, les postures bravaches si nuisibles aux intérêts des peuples que l’on prétend guider ou représenter ; des peuples in fine toujours victimes, notamment économiquement et socialement dans le cas des Européens, de décisions prises sous l’empire du déni, de la rage, de la haine ou de la prétention.

     Et de ce point de vue, 2024 fut un must, une année perdue et sanglante, une année de trop dans la poursuite effrénée, paniquée même, d’illusions de toute puissance et de maintien d’une domination minée par ses propres flagrants excès.

    Où que se tourne le regard, il contemple donc des champs de ruines et de cadavres innocents livrés sans réfléchir à la lutte implacable que nous livrons à un monde nouveau, récalcitrant à notre férule. Un monde qui n’a pas plié et n’a pas plus l’intention de plier cette année.

    L’Ukraine est le plus proche de ces buchers de nos vanités. Notre « soutien » borné à un régime dévoyé qui n’est que l’instrument de notre indécrottable volonté d’affaiblissement de la Russie, n’a abouti qu’à une situation bien plus dommageable pour ce malheureux pays qu’il y a encore un an ou deux. Si la paix avait été notre préoccupation, nous aurions depuis déjà longtemps recherché les bases d’un accord avec Moscou permettant le retour de la sécurité en Europe. Mais la paix n’est pas notre problème. Nous voulons la guerre jusqu’au dernier Ukrainien, même si nous finissions par y laisser bien plus que des plumes et demain des soldats s’il le fallait. C’est délirant, c’est parfaitement inutile mais c’est ainsi. Une question de « principes » et de « valeurs » parait-il.  Le comble du cynisme.

    Quand je dis si « nous » recherchions la paix, je pense naturellement à Washington, puisque l’Europe ne comprend rien à ses propres intérêts et se contente de donner dans la surenchère belliqueuse pour complaire à la volonté de l’Administration américaine. Donald Trump, qui sera officiellement président dans quelques jours, pourra-t-il changer la donne, mettre au pas l’État profond, purger les abcès de corruption qui gangrènent l’appareil décisionnel américain et proposer les bases pourtant évidentes depuis très longtemps d’un accord à son homologue russe ? Ce n’est pas du tout certain, tant tout est fait pour le désinformer sur la réalité militaire du conflit et l’enfermer dans des logiques guerrières. Il semble néanmoins avoir compris que sa posture initiale consistant à menacer Moscou de faire pleuvoir les armes et l’argent sur Kiev si le président Poutine n’acceptait pas un gel des combats et une force otano-européenne de surveillance, n’avait strictement aucune chance d’engager la Russie aux moindres pourparlers. Moscou néanmoins, connait par le menu la violence de la scène politique américaine et tempère le rythme de ses gains militaires (mais jusqu’à quand ?) pour donner une chance à un dialogue sérieux, même si les pressions internes sont de plus en plus fortes pour pousser le Kremlin à accélérer le rythme de la SMO au premier semestre 2025.

    Il faut souhaiter que les avancées russes actuelles constantes dans le Donbass et les très lourdes pertes ukrainiennes depuis plusieurs mois poussent la nouvelle Maison blanche au réalisme, même si le déni demeure très lourd et la volonté de saboter la nouvelle présidence de Donald Trump profonde. On peut donc craindre, si ce dernier ne part pas sur des bases pragmatiques et raisonnables avec Moscou, que la prophétie autoréalisatrice ressassée à Bruxelles, Paris, Londres et (de moins en moins) Berlin ne finisse par advenir : On verrait alors Moscou sevré de ses dernières illusions, finir par avancer vers la Pologne ou les pays baltes alors que cela n’était clairement pas son intention initiale. On serait même capables de s’en réjouir et de dire « qu’on le savait bien ».

    Les USA ont tout intérêt pourtant à trouver une issue en Ukraine et les Russes à leur laisser sauver la face. Washington doit choisir ses combats en fonction de la réalité de ses moyens militaires, de sa relation avec la Chine et de l’état du rapport de force mondial qui n’est plus en sa faveur. Le problème est que même cette évidence ne parvient pas à franchir le front du déni et à atteindre les cerveaux embrumés de nos dirigeants sans expérience ni culture. Ils sont intoxiqués par leur propre propagande délirante depuis trop longtemps et même le pragmatique Trump semble actuellement vouloir s’entourer d’un nombre conséquent de faucons qui risquent de ne pas saisir ce moment historique qui permettrait à l’Amérique d’entamer le sauvetage stratégique mais aussi moral et politique de l’Occident.

    Si le théâtre ukrainien va donc malheureusement rester encore un bon moment actif, le Moyen-Orient n’est pas non plus près de s’apaiser tout au contraire. L’affaissement de la Syrie sur elle-même, tombée d’épuisement et victime de ses illusions de réhabilitation internationale, livrée aux pires djihadistes, l’avancée turque qui pourrait finir par heurter les ambitions américano-israéliennes et se retourner contre Erdogan, celle toute relative d’Israël sur les ruines de la Palestine et du Liban qui ne rêve que de pousser Trump à lancer les hostilités avec l’Iran, tout cela augure une année de violence sectaire et souffrances indicibles pour les Palestiniens, les Syriens et les Libanais, mais aussi de  probables tentatives de déstabilisation redoublées à l’échelle régionale.

    Je pourrais encore évoquer le renforcement de la dynamique des BRICS, la consolidation de la position chinoise au plan diplomatique et stratégique en dépit de ses difficultés économiques conjoncturelles, l’empreinte de plus en plus profonde de la Russie en Afrique sur les ruines notamment de notre politique anachronique, la dureté des affrontements énergétiques, l’Amérique latine et ses incertitudes. Ces sujets ont tous un point commun : ils illustrent, chacun à leur façon, la formidable opposition qui n’est ni « civilisationnelle » ni religieuse, mais bien idéologique et économique, entre d’une part un « vieux monde » longtemps dominant qui ne veut pas reconnaitre sa perte d’influence et de crédit, qui croit encore pouvoir faire la leçon au reste de la planète et régner par le mensonge, la guerre des perceptions, la communication et la propagande, et d’autre part,  lui faisant face avec sérénité et détermination, un « jeune monde » dirigé paradoxalement par de vieilles puissances et des hommes d’État chevronnés qui recherchent la légitimité populaire au lieu de s’en défier, prisent la souveraineté, la tradition, l’égalité internationale, le long terme et la cohérence.

    C’est bien un combat de titans qui se déploie sous nos yeux, dangereux et passionnant.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 6 janvier 2025)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Tolga Bilener : « Historiquement, la Turquie a toujours profité de l’affaiblissement de l’Iran »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien de Daoud Boughezala avec Tolga Bilner, directeur du Centre de recherches stratégiques de l'université Galatasaray (Turquie),cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la victoire stratégique obtenue par la Turquie en Syrie.

     

    Turquie-Iran.jpg

    Tolga Bilener : « Historiquement, la Turquie a toujours profité de l’affaiblissement de l’Iran »

    ÉLÉMENTS : Début décembre, au terme d’une offensive éclair, les rebelles syriens menés par le groupe islamiste Hay’at Tahrir-Cham ont chassé Bachar al-Assad du pouvoir. Quels liens la Turquie entretient-elle avec les divers mouvements qui ont pris le pouvoir à Damas ?

    TOLGA BILENER. Ankara entretient des relations complexes avec une multitude d’organisations sur le terrain. Les troupes turques sont présentes sur le sol syrien depuis 2016 et la Turquie était l’une des puissances garantes de la zone démilitarisée d’Idleb. Donc effectivement, les responsables turcs étaient en contact permanent avec divers groupes rebelles. Pourtant, l’allié principal de la Turquie était l’Armée nationale syrienne (ANS), Hayat Tahrir al-Cham restant qualifié jusqu’ici de terroriste par Ankara. La relation entre HTC et l’ANS étant quelque peu complexe, avec une certaine hostilité mais aussi une porosité, Ankara ne s’est finalement pas opposé aux attaques menées contre Alep par des groupes dirigés par Hayat Tahrir al-Cham fin novembre et l’a soutenu en fournissant essentiellement du renseignement.

    ÉLÉMENTS : C’est donc une victoire militaire, diplomatique et idéologique pour Recep Tayyip Erdoğan…

    TOLGA BILENER. Il s’agit surtout d’une victoire diplomatique, sans oublier la dimension de politique intérieure : le président turc avait besoin de cette victoire pour la présenter à son électorat. Depuis 2011, la Turquie a souhaité le départ d’Assad et elle a beaucoup investi en ce sens. Il faut savoir aussi qu’il existe une continuité dans la politique étrangère turque : Ankara a toujours considéré la Syrie comme une sorte d’affaire intérieure.

    ÉLÉMENTS : Entre agenda intérieur et ambitions géopolitiques, quels objectifs le président turc poursuit-il en Syrie ?

    TOLGA BILENER. Tout d’abord, il faut éviter le démembrement de la Syrie. Deuxièmement, il faut ne pas avoir un gouvernement hostile au pouvoir à Damas. Troisièmement, il y a les intérêts économiques : la Turquie voudrait obtenir la part du lion dans la reconstruction du pays. Quatrièmement, la lutte contre le terrorisme du PKK/PYD et des organisations affiliées, pour faire en sorte que le territoire syrien ne serve pas de base arrière à des militants armés kurdes qui frapperaient la Turquie. Enfin, il y a la question des réfugiés syriens. La Turquie abrite à ce jour 3,7 millions de Syriens. Si une partie de ceux-ci rentrait chez eux, ce serait déjà pas mal. Pour résumer, l’objectif de la Turquie est de faire en sorte que la Syrie soit un pays stable qui n’exporte pas ses problèmes.

    ÉLÉMENTS : C’est aussi une préoccupation d’Israël. Tout en dénonçant les crimes de guerre perpétrés à Gaza, Erdoğan a-t-il bénéficié des conséquences géopolitiques du 7 octobre 2023 (écrasement du Hezbollah, chute d’Assad…) ?

    TOLGA BILENER. La Turquie s’est montrée critique vis-à-vis d’Israël depuis le début des opérations militaires à Gaza. Elle a d’abord proposé sa médiation, ensuite elle a dénoncé le sort réservé aux Palestiniens et dernièrement, elle a décidé de se joindre à la requête sud-africaine devant la Cour internationale de justice contre Israël. Cependant, Ankara ne va pas non plus se plaindre de l’affaiblissement des proxys de l’Iran. Historiquement, et là, je remonte aux temps impériaux, la Turquie a toujours profité dans la région de l’affaiblissement de l’Iran, et vice-versa. Cela n’est que le reflet des complexités des relations régionales. L’ennemi de mon ennemi ne devient pas forcément mon ami.

    ÉLÉMENTS : À la faveur du changement de pouvoir à Damas, certains observateurs craignent une partition à la libyenne, ou à l’irakienne, avec un État failli confronté à des guérillas locales. Quel type de régime serait capable de tenir les rênes de cette société morcelée ?

    TOLGA BILENER. Toutes les options sont sur la table en Syrie et il est trop tôt pour savoir quelle trajectoire prendra ce pays. L’idéal serait évidemment une Syrie qui préservera son intégrité territoriale, non menaçante pour ses voisins et capable d’assurer la sécurité et le bien-être de ses citoyens. Mais il ne faut pas oublier que l’on est au Proche-Orient. Les problèmes fondamentaux de la région ne sont pas du tout réglés, à savoir la question palestinienne, les rivalités géopolitiques, les problèmes économiques, le déficit démocratique, la pression démographique… Je ne vois pas comment la Syrie pourrait surmonter ses problèmes dans un avenir proche. De toute façon, qu’on le veuille ou non, ce n’est pas à Damas que tout se décidera. La Syrie est un pays si important que l’on ne va pas laisser aux seuls Syriens les décisions concernant leur destin. L’avenir de ce pays dépendra des tractations et des rivalités entre les pays de la région, ainsi que des grandes puissances dans les années à venir.

    ÉLÉMENTS : La capitulation de l’armée syrienne et le départ d’Assad semblent d’ailleurs avoir été négociés entre puissances…

    TOLGA BILENER. On entend souvent dire que la chute de Bachar al-Assad a été fulgurante. Il est vrai que la toute dernière phase n’a pris que 12 jours, mais c’est quand même 13 ans + 12 jours. Le changement du régime syrien a été un processus lent, sanglant et alambiqué dans son ensemble. Il est pour le moment impossible de savoir exactement quelles ont été les négociations menées pour aboutir au résultat final. Néanmoins, j’ai du mal à croire que tout cela serait négocié uniquement entre les pays que vous avez évoqués, sans l’implication, directe ou non, des États-Unis, d’Israël, des pays européens qui sont présents sur le terrain avec leurs forces spéciales, mais aussi avec leurs services de renseignement… Il serait plus raisonnable de penser qu’il y a eu plusieurs négociations en parallèle à différents niveaux avec différentes parties prenantes.

    ÉLÉMENTS : Malgré l’ancrage d’Ankara de l’OTAN et ses divergences d’intérêt avec Moscou et Téhéran, ces trois puissances ont-elles forgé un partenariat eurasien ?

    TOLGA BILENER. Les relations entre la Turquie, l’Iran et la Russie ont un arrière-plan historique d’au moins six siècles. Ce sont trois pays dont les intérêts sont tantôt divergents, tantôt convergents. Il serait exagéré de dire qu’ils ont constitué un partenariat, car il existe un frein naturel à cela : la Turquie fait partie du système d’alliance occidentale. C’est un pays membre de l’OTAN, de l’OCDE, du Conseil de l’Europe et candidat à l’adhésion à l’UE. Cela n’empêche évidemment pas la Turquie de se coordonner avec la Russie et l’Iran sur certains dossiers, car elle n’a tout simplement pas le luxe d’ignorer ces pays ou de les antagoniser en permanence. D’ailleurs, la Turquie vise à renforcer son dialogue avec tous les acteurs extra-occidentaux ces dernières années tout en demeurant dans les structures occidentales, comme on peut le constater par son intérêt vis-à-vis des BRICS+. Il est évident qu’Ankara souhaite renforcer son autonomie stratégique, multiplier ses partenaires économiques, devenir un acteur capable de parler à tous ; et son ancrage dans le système occidental ne l’empêchera pas de coopérer avec d’autres pays au cas par cas. Rester alliée de l’Occident mais pas alignée… Ajoutez à cela l’ambition turque de développer une industrie militaire robuste, les projets de centrales nucléaires pour réduire sa dépendance à l’extérieur en vue de renforcer son autonomie stratégique… Peut-être, après tout, la Turquie ne fait que mettre en œuvre une version turque de la politique étrangère gaulliste ! Ce n’est pas le pire des modèles.

    ÉLÉMENTS. Grande pourvoyeuse de drones, la Turquie possède aussi des infrastructures d’acheminement des hydrocarbures. La chute d’Assad relance-t-elle les projets de gazoducs entre la Turquie et Israël ou entre le Qatar et la Turquie ?

    TOLGA BILENER. Il existe une véritable « guerre des corridors » dans la région : les nouvelles routes de la soie, le projet IMEC de l’Inde, ainsi de suite. La Turquie développe ses propres projets en la matière, comme celui du « Corridor central » (Orta Koridor) qui a pour objectif de renforcer la connectivité entre le continent européen et la Chine via l’Asie mineure. Ensuite, il existe le projet de la Route du développement (Kalkinma Yolu) qui vise à construire des infrastructures autoroutières et ferroviaires reliant la Turquie et l’Irak, jusqu’à Bassorah.

    Le projet de gazoduc entre le Qatar et la Turquie, est une idée vieille de 20 ans, et des itinéraires alternatifs sont à l’étude. Est-ce qu’on pourra passer par le territoire saoudien et syrien, ou est-ce qu’il serait plus avantageux d’utiliser le Kalkinma Yolu (NDLR : projet de corridor logistique aussi appelé « route du développement » reliant l’Irak à la Turquie puis à l’Europe) pour cela ? À suivre.

    Quant à un éventuel gazoduc/oléoduc entre la Turquie et Israël, tant que Netanyahu reste au pouvoir et que la question palestinienne reste ce qu’elle est actuellement, je vois mal comment ce projet pourrait être mis en place. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui l’Azerbaïdjan est un fournisseur important de pétrole pour Israël via la Turquie, à travers l’oléoduc BTC. Par ailleurs, pour une nouvelle infrastructure en Méditerranée orientale, il faudrait aussi régler les différends concernant le partage des espaces maritimes autour de Chypre. Vaste sujet !

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Géopolitique 0 commentaire Pin it!
  • Ukraine, Proche-Orient : une révolution mondiale ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 14 décembre 2024 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Alain Juillet pour évoquer les bouleversements au Proche-Orient et l'instabilité géopolitique mondiale...

    Alain Juillet a été Haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès des premiers ministres de 2003 à 2009 (Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et François Fillon), après avoir été, notamment, officier au service Action du SDECE, cadre dirigeant dans plusieurs entreprises du secteur privé et directeur du renseignement à la DGSE.

     

                                             

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Géopolitique, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • La dette française, risque géopolitique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun cueilli sur Geopragma et consacré au risque géopolitique que fait peser la dette publique sur notre pays.

    Membre fondateur de Geopragma, Pierre de Lauzun a fait carrière dans la banque et la finance.

     

    Dette publique.jpg

    La dette française, risque géopolitique

    J’ai évoqué précédemment la question de l’endettement public, notamment de la France. Sujet maintenant bien familier à tous. Voyons comment cela s’inscrit dans le jeu des relations géopolitiques.

    Des dettes de nature profondément nouvelle

    Rappelons d’abord qu’il y a eu une expansion générale de la dette des pays développés depuis 40 ans, même si les situations varient selon les cas. Mais presque partout il ne s’agissait pas principalement de financer des investissements, mais des dépenses courantes. C’est le signe d’une incapacité à faire des choix collectifs rationnels. Ce qui n’est jamais de bonne augure en termes de puissance.

    Sous cet angle, le facteur majeur est le fait que la plupart de ces pays se financent pour l’essentiel sur les marchés financiers, qui sont volatils et capables de se retourner rapidement. Trop recourir à leurs services comporte donc un risque réel. Cela dit, dans un premier temps c’est l’inverse qui se produit. En effet il est bien plus facile d’y avoir recours qu’à tout autre source, et beaucoup moins cher. En outre, ils se révèlent d’une grande patience, et même d’une certaine cécité pendant de longues périodes. De ce fait, ils n’envoient pas les signaux avertisseurs en temps utile. Mais quand finalement ils perçoivent qu’il y a un problème, ils se retournent, et c’est la crise. On l’a vu avec la Grèce.

    Des situations très variables

    Toujours en termes de pouvoir, la question est très différente selon la monnaie et les créanciers. Les pays endettés dans une autre monnaie que la leur, principalement les pays en développement, ont connu régulièrement des crises de la dette depuis plus de 40 ans. Et cela s’est traduit par des restructurations humiliantes et coûteuses. Pour une souveraineté, c’est une rude épreuve. A l’inverse, on a les pays endettés dans leur propre monnaie. On passera sur les détails, mais comme ils contrôlent leur monnaie, qui sont désormais de pure convention, ils ne peuvent en principe pas avoir de vraie crise des paiements, puisqu’ils pourront toujours faire des dollars, yens, livre ou autres pour payer. Quitte à subir une hyper inflation et une crise des changes : ce serait évidemment un événement majeur, mais cela leur laisserait un contrôle relatif de leurs décisions.

    Et il y a enfin un cas très particulier, celui des pays de l’Union européenne. Ils ne sont pas endettés à proprement parler dans leur monnaie nationale, car l’euro est commun et géré par la BCE. Or les décisions de celle-ci résultent d’un équilibre entre des positions diverses ; les politiques internes de ces pays sont très différentes et leur niveau d’endettement très variable ; leurs intérêts divergent donc.

    A proprement parler, on ne sait donc pas déterminer à l’avance comment une crise significative se règlera en zone euro. De plus, en principe, la BCE ne finance pas les Etats ; même si en pratique elle l’a fait indirectement, par achats sur le marché secondaire, mais avec des limites. C’est donc une situation sans équivalent.

    Le cas de la France

    Dans ce contexte, la dette de la France est un cas particulier. Sa dette croît sans cesse, en valeur absolue et relative, du fait de déficits constamment supérieurs à la croissance du PNB. Cela fait des années que de nombreuses voix autorisées avertissent du risque croissant que cela représente. Mais sans écho réel, ni des politiques, ni sur les marchés. Ce n’est que tout récemment qu’on commence, et encore, ce n’est pas à la mesure du problème.

    Parmi les causes, deux principales. D’un côté, une incapacité toute particulière à mettre de l’ordre dans ses affaires et à se réformer, qui ne date pas d’hier. D’un autre côté, d’une situation favorable sur les marchés, car la France a longtemps été perçue comme un brillant second de l’Allemagne. Or dans le système financier mondial des sommes colossales doivent être placées, et dans une proportion appréciable sans risque ; les professionnels ont donc besoin d’une dette publique jugée telle. Mais l’Allemagne n’emprunte pas assez et sa périphérie non plus. Restait donc la France, qui en a bien profité et abusé.

    Cela dit, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, et on ne peut continuer à emprunter indéfiniment, de façon de plus en plus élevée. Cela casse forcément un jour, même si on ne peut le prévoir avec précision. Un enfant de 10 ans peut le comprendre. Et quand, en plus, on se révèle politiquement ingouvernable, on tente le diable. Surtout si on est en Europe la seule à continuer dans ce sens.

    Que peut-il se passer maintenant ?

    On se placera ici dans l’hypothèse où la situation politique ne permet pas de redressement véritable à court terme. Dans ce cas, la crise est inévitable même si à nouveau on ne sait pas quand, surtout si comme la France on part d’une image favorable. Bien entendu, une rupture éventuelle serait précédée d’une période plus ou moins longue de dégradation, déjà entamée, notamment avec hausse du spread (différentiel par rapport à la dette allemande), puis difficulté à lever les capitaux voulus.

    Dans une hypothèse concevable mais optimiste, cette dégradation conduirait à une forme de sursaut, permettant une stabilisation relative, quoiqu’à un très haut niveau de dette, comme en Italie ou en Belgique. Cela resterait une situation risquée, mais peut-être tenable sur une certaine durée, quoique très coûteux ; cela impliquerait aussi qu’on resterait sous la surveillance des marchés. Mais même cela supposerait l’arrêt des déficits, du moins l’apparition d’un excédent primaire du budget, avant service de la dette. Concevable, cette évolution est à ce stade peu probable, au vu de la situation politique française. Et si cela se faisait en accroissant encore la fiscalité française, cela signerait l’étouffement du pays. Déjà d’ailleurs le poids des intérêts sera un handicap considérable.

    Reste alors le risque majeur, celui de la crise. On l’a dit, la difficulté des marchés est qu’on ne peut prévoir avec assurance le moment et les modalités d’une crise. Cela dépend de leur tendance du moment, des histoires qui y circulent (‘stories’), du reste de la situation mondiale etc. Ce n’est donc pas nécessairement à court terme ; cela peut prendre un temps sensiblement plus long. Mais sauf redressement vigoureux, à un moment donné il devient impossible de financer les sommes demandées.

    Il va de soi que la crise en question serait majeure et dépasserait largement le cadre de la France. On l’a vu, elle ne contrôle pas sa monnaie, qui est cogérée. En même temps, on ne voit pas comment traiter la question sans un volet monétaire. Il y aura donc ici une question difficile pour ses partenaires dans la BCE, les Allemands en premier lieu. Leur ligne politique exclut en théorie ce genre d’intervention massive, surtout au profit d’un seul pays, et alors même qu’ils se considèrent, non sans motif de leur point de vue, comme bien mieux gérés et plus ‘vertueux’. En outre, leurs électeurs sont terrifiés par le spectre, qui est loin d’être irréaliste, d’une forte reprise d’inflation. De plus, les stocks de dettes sont très différents de pays à pays, et donc monétiser la dette n’aurait pas du tout le même impact partout.

    Mais restera l’ampleur de la déflagration. Une action au profit de la France, au vu de son poids en Europe, serait par nature une opération énorme, sans précédent. Outre ce que pourrait faire la BCE, il faudrait jouer sur toute une panoplie : des restructurations de dette, l’action du FMI, peut-être d’autres mécanismes à inventer, etc. A cela s’ajouterait surtout ce qu’on appelle une conditionnalité :  une politique de rigueur et d’économies, qui dans ces cas est presque nécessairement grossière et brutale – avec pas mal de casse, non seulement sociale, évidemment, mais aussi par ses effets sur le tissu productif. Compte tenu de ce que l’on sait de la situation sociopolitique française, cela risque de ne pas être évident du tout et pourrait déraper gravement. Et d’ailleurs, quel gouvernement assumerait cela ?

    Perspectives

    D’un point de vue géopolitique, une question majeure sera celle de la suite, des effets ultérieur d’une telle dérive puis crise.

    En France d’abord. On a ici un banc d’essai intéressant, celui des pays d’Amérique latine après la crise des années 80. Au Brésil ou au Mexique, on a eu une stabilisation relative, même si on peut en discuter la pertinence. Mais pas en Argentine. Car la culture politique, marquée par le péronisme, n’a pas véritablement changé (du moins jusqu’à l’expérience Milei, en cours). Et le pays a connu crise sur crise, sur très longue durée. Dans quelle rubrique la France se situerait-elle ? On craint que ce ne soit pas dans la meilleure case.  

    En Europe ensuite. Pourquoi la France est-elle un cas, en outre symptomatique ? Il y a bien sûr les causes internes qu’on a citées, qui ont joué un rôle majeur. Mais il y a aussi un lien avec son rêve européen, plus précisément avec la manière particulière dont la classe politique française a vu l’Europe : elle a gardé en un certain sens des ambitions internationales, bien plus que la plupart des autres pays européens, mais elles les a transférées sur l’Europe. Elle n’a donc pas eu les réflexes d’un pays indépendant, qui sait ne pouvoir compter que sur lui-même, et qui d’ailleurs est averti plus tôt de ses errements éventuels (par des crises de change, par une difficulté à emprunter etc.). Elle a au contraire bénéficié d’une monnaie plus forte que ce dont elle est capable, et comme on l’a dit, d’un positionnement avantageux mais artificiel sur les marchés. Et, bien trop introvertie politiquement, elle n’a pas eu non plus le sens de ses responsabilités au sein de cette Europe.

    Or une crise du type de celle qu’on peut craindre remettrait radicalement en cause ce positionnement. Le brillant second deviendrait l’homme malade, pesant sur tous ; ce qui reste éventuellement de couple franco-allemand serait définitivement enterré ; les ambitions de puissance, s’il en reste, prendraient un coup très rude. On n’est donc pas dans le cas d’une Grèce qui serait simplement démultipliée par la taille. En supposant même que cela n’aboutirait pas à une dislocation des institutions européennes, cela impliquerait un redimensionnement majeur des relations en Europe. Au risque, bien sûr, de voir celle-ci s’affaisser encore un peu plus dans la vulnérabilité, l’absence d’ambition et la vassalité à l’égard de Washington.

    Pierre de Lauzun (Geopragma, 23 décembre 2024)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Et si la France commençait à s’intéresser sérieusement à l’Italie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré à la montée en puissance de l'Italie en Europe. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

    Italie.jpg

    Et si la France commençait à s’intéresser sérieusement à l’Italie ?

    La décomposition du Moyen Orient s’accroît et s’étend, on meurt toujours en Ukraine même si l’on commence enfin à parler de paix, l’Amérique gonfle ses prétentions et ses ambitions, la Chine poursuit discrètement ses prises de contrôle, l’Afrique retrouve ses démons et oublie le désespoir des populations, l’Europe, à force de se perdre dans le nombrilisme et l’autosatisfaction, s’étiole et s’efface, la France se délite et fait le spectacle… Essayons d’oublier un moment ce contexte préoccupant et intéressons-nous à un proche et beau pays.

    Les Français ont l’habitude de regarder l’Italie avec un mépris certain : pour eux, l’Italie, ce sont de belles, mais vieilles, pierres, un bel canto juste bon pour une promenade en gondole, et des pizzas bien pratiques pour rendre sages les enfants turbulents ; les Européens dignes de nous, ce sont les Allemands et les Britanniques car eux, au moins, sont sérieux. Ne serait-il pas temps d’abandonner ces niaiseries ?

    L’Italie est le 3ème pays de l’Union Européenne par la population [1], le 3ème aussi par le PIB [2]. Elle a demandé son admission à l’ONU dès 1947 [3], fut l’un des 12 pays qui ont fondé l’OTAN en 1949 et a, dès l’origine, participé à l’aventure européenne en étant l’un des 6 pays signataires du Traité de Rome de 1951 créant la CECA.

    Son positionnement géographique la place à proximité de plusieurs foyers de tension qui menacent l’Europe : le Proche-Orient, l’Afrique du Nord et les Balkans. Elle est autant que la France soucieuse à la fois d’entretenir des relations de confiance avec les pays concernés et de se prémunir contre leurs influences délétères.

    C’est aussi une puissance économique. Elle est désormais le 4ème exportateur mondial, devant le Japon. Ses capacités sont particulièrement reconnues dans les secteurs industriels de haute technologie, grâce à un outil industriel mêlant entreprises de stature mondiale [4] et un tissu extrêmement dense d’ETI œuvrant, soit directement, soit comme sous-traitants des grands groupes mondiaux (on estime ainsi que 20 % de la valeur d’une automobile allemande correspond à ses composants venant d’Italie [5]). Les qualités de cet outil industriel expliquent que l’Italie soit le 3ème pays d’excédent commercial de l’Union Européenne (la France étant le pays dont le déficit est le plus important) et qu’au cours de la dernière décennie, les exportations italiennes ont été les plus dynamiques du G7 [6].

    L’Italie tient également une place significative en matière de recherche fondamentale et dispose d’instruments de recherche particulièrement novateurs utilisés dans le cadre de coopérations mondiales [7].

    Enfin, l’instabilité gouvernementale qui a longtemps caractérisé l’Italie n’est plus de mise aujourd’hui. Giorgia Meloni est l’une des rares personnes au pouvoir en Europe à être sortie renforcée du scrutin européen, son gouvernement a déjà dépassé la durée moyenne des gouvernements italiens des cinquante dernières années, et la présidente du conseil reste, après plus de deux ans de pouvoir, la personne politique préférée des Italiens. Les dirigeants européens ne peuvent pas tous en dire autant.

    A l’heure ou la Grande-Bretagne renforce son ancrage anglo-saxon – tout en cherchant à palier certaines conséquences du Brexit – et où l’Allemagne fait face à la fois à une remise en cause de son modèle économique (perte de l’approvisionnement en gaz russe à bon marché et chute des exportations en Chine) et à une instabilité politique nouvelle, la France aurait intérêt à raffermir ses liens avec l’Italie. Celle-ci pourrait l’aider à équilibrer un dialogue franco-allemand qui évolue régulièrement, avec l’appui de la présidente de la Commission européenne, en faveur de nos voisins et à notre détriment. Deux dossiers récents illustrent ces possibilités de convergence : Giorgia Meloni a annoncé officiellement son souhait de recourir au nucléaire [8] pour son approvisionnement énergétique et l’Italie a rejoint la France et la Pologne dans leur opposition au traité du Mercosur, auquel l’Allemagne est favorable.

    Certaines faiblesses de l’Italie, souvent invoquées, méritent d’être relativisées quand on les compare aux performances de la France. La croissance économique italienne est faible, 0,9 %, mais celle de la France n’est qu’à peine plus élevée : 1 %. Le chômage est significatif, mais moindre qu’en France (6,2% contre 7,5%). Le fort endettement public est très préoccupant (137% du PIB contre 112% en France) ; mais la dette italienne est prioritairement détenue par des Italiens (35%) alors que la dette française l’est par des étrangers (54%), ce qui accroît les risques de déstabilisation financière externe. De plus, l’endettement privé est beaucoup plus faible en Italie qu’en France : 95,3% du PIB contre 136,6%. Si le spread [9] italien est encore supérieur au français, il décroît alors que celui de la France augmente : le premier est passé, en un an, de 180 à 108 pb alors que le second a augmenté de 50 à 90 pb.

    Les vraies faiblesses de l’Italie sont ailleurs. Son taux de natalité est extrêmement faible (6,7 pour mille contre 10,6 pour mille en France), ce qui menace le dynamisme économique futur du pays. Son approvisionnement en énergie repose pour l’essentiel sur les importations, ce qui est à l’évidence un facteur de dépendance. L’économie informelle est importante et par définition hors de contrôle. Enfin, sa politique étrangère est ultra-atlantiste et l’influence des Etats-Unis sur la politique italienne est très forte, si bien qu’on peut s’interroger sur les véritables marges d’autonomie du pouvoir italien en la matière.

    Les deux pays ayant, dans de nombreux domaines, des intérêts communs, la France aurait tort de se priver de l’atout que serait, sur certains dossiers importants et en particulier au sein des instances de l’Union européenne, une convergence avec l’Italie. Un « accord du Quirinal » a bien été signé entre les deux pays en 2021 mais n’a guère eu de suites. Faisons le vivre !

     Certains, bien sûr, diront que Madame Meloni pense mal. On pourra leur répondre que le peuple italien est souverain pour penser ce qu’il veut et qu’il ne s’agit pas pour la France de discuter avec un parti, dont le pouvoir est transitoire, mais avec un pays, qui demeure quels que soient ses dirigeants. Ou qu’il ne faudrait pas jeter l’opprobre sur un dirigeant qui, contrairement à d’autres que l’on fréquente, n’a pas cherché à influencer ou déstabiliser une puissance étrangère, ni à faire assassiner un opposant. Et que Mme Meloni bénéficie, si l’on en croit les sondages, d’un appui populaire dont rêveraient tous ceux qui dirigent, ou aspirent à diriger, la France.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 16 décembre 2024)

     

    Notes :

    [1] Allemagne 84 millions d’habitants, France 68, Italie 59, Espagne 48.

    [2] Allemagne 4122 Md€, France 2803, Italie 2085, Espagne 1462.

    [3] Elle n’a été admise qu’en 1955, à la suite d’un long processus politique et administratif. Bien évidemment, elle ne dispose pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie).

    [4] Ces entreprises sont particulièrement actives dans les secteurs de l’aéronautique, notamment militaire (Leonardo, anciennement Finmeccanica), l’espace (c’est grâce à Avio que l’Europe a pu se doter, avec Vega, d’un lanceur spatial léger), les missiles (Leonardo est l’un des trois actionnaires du missilier MBDA), la construction navale (Fincantieri). Lorsque des coopérations internationales d’ampleur sont envisagées, ces grands groupes italiens ne se retrouvent pas toujours (de leur fait ou de celui de leurs partenaires) dans les équipes auxquelles la France participe : pour le programme d’avion de 6ème génération SCARF[4] l’Italie s’est alliée à la Grande-Bretagne et le Japon, qui rivaliseront avec l’Allemagne, l’Espagne et la France ; de même, pour le char du futur Leonardo, longtemps tenté par le programme franco-allemand confié à l’industriel binational KNDS, a finalement choisi de s’allier à l’autre grand industriel allemand Rheinmetall pour fabriquer un char concurrent. De même, le rapprochement entre Fincantieri et les Chantiers de l’Atlantique a fait long feu en 2021.

    [5] Aussi les sous-traitants italiens subissent-ils actuellement les conséquences des difficultés des constructeurs allemands.

    [6] Elles ont augmenté de 48%, contre 28% pour la France et 27% pour l’Allemagne.

    [7] En particulier le Laboratoire du Gran Salto pour les recherches sur les particules et VIRGO, près de Pise, pour les recherches sur les ondes gravitationnelles.

    [8] L’Italie pense en priorité aux petits réacteurs dits SMR (small modular reactor).

    [9] L’écart entre le taux d’intérêt des obligations publiques d’un pays avec celui de celles d’Allemagne est d’autant plus élevé que la confiance à l’égard des finances publiques du pays est faible. Il se mesure en points de base (pb), qui sont l’écart entre les taux intérêt (une différence de taux entre 3,10% et 3,20% induit un spread de 10 pb).

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • La profondeur stratégique russe mise à l’épreuve ?...

    Pour son émission sur TV Libertés, Chocs  du monde, Edouard Chanot reçoit Jacques Hogard,pour évoquer avec lui le grave revers que vient de subir l'armée syrienne à Alep, face aux milices djihadistes, malgré le soutien de l'aviation russe.

    Ancien officier de Légion, au prestigieux 2ème REP, Jacques Hogard a servi au Kosovo, au sein du Commandement des opérations spéciales (COS), et est désormais expert en intelligence stratégique. Il vient de publier La guerre en Ukraine - Regard critique sur les causes d’une tragédie (Hugo Doc, 2024).

     

                                        

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Géopolitique, Multimédia 0 commentaire Pin it!