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  • Le sacrifice paysan...

    Les éditions Erick Bonnier viennent de publier un essai de Jean-Paul Pelras intitulé Le sacrifice paysan. Agriculteur et figure catalane de la résistance paysanne, Jean-Paul Pelras a été pendant plusieurs années rédacteur-en-chef de L'Agri, "le journal des gens d'ici" édité à Toulouges (Pyrénées orientales).

     

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    " À l’heure où l’agriculture française vient de perdre 100 000 exploitations en dix ans, soit un quart des fermes pour environ 400 000 paysans contre 10 millions au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il faut redouter un effacement à court terme de ce secteur d’activité.

    Malmenés par les compétitions déloyales, méprisés par les politiques, car ils ne représentent plus grand monde au moment des élections, stigmatisés par certains médias et harcelés par les écologistes, les agriculteurs, acteurs essentiels de notre économie et garants de notre autosuffisance alimentaire, pourraient bien lâcher prise.

    S’ensuivrait un abandon et une paupérisation historique des territoires ruraux, une dépendance accrue aux productions importées, la disparition de centaines de milliers d’emplois directs ou induits et le déclin d’une carte postale française confrontée à la friche, à la déprise et au plus grand plan social qu’ait eu à affronter notre pays.

    Pour alerter nos décideurs, Jean-Paul Pelras, journaliste, écrivain et ancien syndicaliste agricole, dresse ici un constat sans concessions à l’adresse des politiques et des médias influenceurs, mais également des responsables professionnels et des consommateurs. Comme un appel aux consciences dans une France qui semble avoir perdu ses quatre points cardinaux et le sens des priorités.

    Alors, dans 20 ans les agriculteurs français auront-ils disparu ? Si la formule peut provoquer, elle n’en demeure pas moins empreinte de lucidité, quand les hommes s’en vont, quand les machines s’arrêtent, quand la terre se tait ! "

     

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  • L’évolution de la classe moyenne en France...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Lanoix, cueilli sur le site de l'Institut Georges Valois et consacré à la précarisation des classes moyennes.

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    L’évolution de la classe moyenne en France depuis les années 50 jusqu'à aujourd'hui

    « C'est là où la classe moyenne est nombreuse qu'il y a le moins de factions et de dissensions parmi les citoyens. » Par cette phrase tirée de sa Politique, Aristote mettait en exergue le rôle stabilisateur, presque tampon, que possède la classe moyenne au sein d’une cité. Néanmoins, nous allons constater que ce rôle est aujourd’hui largement remis en question, notamment après les nombreuses mutations qu’a vu passer la classe moyenne et le paysage politico-économique de ces cinquante dernières années.

    Depuis 1945, la classe moyenne s’est vue prendre une place centrale dans la société française, incarnant à la fois un idéal de prospérité partagée et un pilier majeur de la stabilité sociale (nous ramenant à notre cher Aristote). Profitant pleinement de l'essor économique des Trente Glorieuses, elle s'est affirmée comme l’un des moteurs du progrès matériel et de l'expansion culturelle en France. Néanmoins, la classe moyenne française est en perpétuelle évolution, et depuis les années 1970, cette pierre angulaire du paysage socio-économique a connu de multiples et profondes mutations : crises économiques, transformations du marché du travail, mondialisation et montée des inégalités ont successivement érodé ce pilier historique de la société française.

    Après la guerre, la France connaît une reprise économique rapide, motivée par la volonté de reconstruction et soutenue par d’importants et nombreux investissements dans l'industrie et dans la modernisation des infrastructures existantes ; notamment exprimé par le plan Monnet et le plan Marshall, lancés entre 1946 et 1948, qui visent notamment à moderniser les secteurs clés tels que l'énergie ou bien l'automobile. Ce renouveau rapide de l’industrialisation mène à une augmentation significative de la production et de l'emploi. Rêve économique, le plein emploi devient une réalité grâce à des politiques favorables et à une forte demande de main-d'œuvre qualifiée. Le chômage est alors très faible, atteignant des taux historiquement bas (moins de 1 % dans les années 1950).

    Parallèlement à la croissance économique et par son influence, les Français connaissent une transformation radicale de leurs modes de consommation. La consommation de masse s’impose comme modèle généralisé, soutenu par une importante augmentation des crédits à la consommation, et devient ainsi un élément clé du développement économique. L'accessibilité à des biens jusque-là réservés aux classes supérieures permet à la classe moyenne de se développer. L'accès à la propriété est également facilité grâce à des politiques publiques de soutien au logement (construction de logements, financements d’achats immobiliers, etc…). De nombreuses familles, auparavant locataires, deviennent propriétaires de leur logement, notamment dans les banlieues ou les villes nouvelles. Ces logements nouveaux sont également portés par les innovations technologiques successives, principalement en ce qui la généralisation de l’utilisation de l’électricité et la modernisation de l’hygiène (notamment au travers de la démocratisation des sanitaires au sein des logements, des réfrigérateurs particuliers), qui est une véritable révolution, pour une partie de la population alors habituée à des moyens bien plus précaires en ce domaine. Ces transformations permettent à la classe moyenne (alors consommatrice et actrice de l’économie) d'émerger comme l'une des clés de voute de la prospérité française, ainsi que de devenir un idéal à atteindre pour les classes inférieures. Ce processus est renforcé par une plus grande généralisation de l’aide social et par des réformes éducatives : c’est la naissance de l’Etat providence. Malheureusement, cette idylle ne sera que de courte durée. A partir du milieu des années 1970, la France connaît un tournant économique et social, marquant la fin de ce qui sera par la suite appelé « les Trente Glorieuses » : s’annonce le début des difficultés pour notre classe moyenne.

    Le premier choc pétrolier provoque une hausse drastique des prix de l'énergie. La multiplication par quatre du prix du baril de pétrole entraîne un ralentissement brutal de la production industrielle et une montée du chômage — dont le taux ne sera jamais revenu au niveau d’origine. Même constat vis-à-vis de la croissance économique, qui subit un ralentissement tout aussi brutal, passant d'une moyenne de 5% par an entre 1950 et 1973 à 2,1% entre 1973 et 2000. L’inflation, elle, atteint un pic de 13,7% en 1974 ; les salaires peinent à suivre le rythme, entraînant une forte baisse du pouvoir d’achat. L'accession à la propriété, qui était alors le fer de lance de cette classe, se complique ; le coût du crédit augmente et l'immobilier connaît une flambée des prix.

    Cette suite de complications économiques entraîne une polarisation de la classe moyenne, qui commence à se séparer en deux franges : la plus haute, qui parvient à maintenir son niveau de vie, et la plus basse, dont les emplois sont plus précaires, voit sa situation se dégrader. Le début de la désindustrialisation française — déplaçant l’économie vers le tertiaire — et l’ouverture économique, continuera d’entériner cette division.

    Tel que mentionné juste avant, les décennies 1980 et 1990 sont marquées par de profondes mutations de l'économie de notre pays, dont la principale est la désindustrialisation. Cette tendance amorcée dans les années 70, transforma complètement le paysage socio-économique français — déplaçant, comme dit précédemment, le pôle économique vers le secteur tertiaire. La part de l'emploi industriel dans l'ensemble de l'économie française passera de 24% en 1975, à 13% en 2009 ; à l’inverse, celle du secteur tertiaire passera de 48% à 80% des emplois. Ce bouleversement entraîne une augmentation drastique du chômage, particulièrement chez les ouvriers ou les emplois peu qualifiés — alors frange inférieure de la classe moyenne.

    A l’inverse, la partie supérieure de la classe moyenne profitera largement de cette tertiarisation, qui s’accompagne de la création de nouveaux métiers mieux rémunérés et accessibles aux diplômes supérieurs. Cette évolution continue de creuser le fossé entre deux parties de ce qui était alors une seule et même classe sociale : la partie inférieure de la classe moyenne se verra marquée par un déclassement social et une limitation des perspectives d’ascension ; là où la partie supérieure verra naître un bon nombre de transfuges de classe.

    Confrontée à de plus en plus de défis, les années 2000 ne vont pas cesser de transformer la classe moyenne française, la confrontant à encore plus de changements et de nouvelles problématiques.

    La précarisation de l’emploi, débutée dans les années 70, n’a cessé de s’accentuer ; amenant à une augmentation drastique des contrats de courte durée ou des temps partiels (dont l’aboutissement se trouve dans l’uberisation des emplois). Cette évolution conduit à la généralisation d’une instabilité professionnelle pour un grand nombre d’individus, causant notamment des difficultés de projection dans l’avenir. La crise de 2008 vit une quasi-stagnation du niveau de vie médian — du moins, une progression très lente (0,5% par an, en moyenne, entre 2013 et 2017 ; là où elle était de 1,4%). En ce qui concerne l’accession à la propriété, elle n’a cessé de se compliquer pour la classe moyenne. La hausse des prix de l’immobilier toujours plus importante, la poussant à un simili-exode vers les zones périurbaines, accentuant une ségrégation socio-résidentielle déjà présente.

    L’augmentation du déclassement et des injustices sociales ont vu naître plusieurs mouvements de protestation, dont le plus majeur, celui des Gilets jaunes (débuté en 2018 en raison de la hausse du prix du carburant), est un reflet criant de la colère montante d’une classe qui se sent laissée pour compte. L’explosion de ce mouvement, regroupant tous horizons politiques, a démontré le profond malaise social qui ne faisait que s’étendre depuis la fin des Trente Glorieuses.

    En parallèle, la liste des revendications de la classe moyenne ne cesse de s’étendre : en premier lieu, la volonté d’une stabilité économique, garante de son niveau de vie et notamment représentée par son aspiration à recouvrer le pouvoir d’achat qu’elle possédait et qui fut perdu suite aux crises successives ; mais également par une recherche de la sécurité de l’emploi, pierre angulaire de cette stabilité. La sécurité est également l’une des revendications de cette classe, obligée de plus en plus à s’établir dans des banlieues sujettes à l’insécurité grandissante, voyant ainsi son cadre de vie se dégrader et la classe politique rester sourde à leurs appels. Enfin, la justice sociale reste au cœur de ces revendications : un accès égalitaire aux services publics (parfois éloignés voire absents de leurs lieux d’habitations, car concentrés dans les métropoles), principalement en ce qui concerne l’éducation et la santé ; une aspiration à l’équité fiscale, perçue comme absente de par la répartition des impôts, défavorables à une classe moyenne jugée trop riche pour être aidée mais qui est souvent pourtant trop pauvre pour vivre correctement ; et enfin, une aspiration à la reconnaissance par la société de son rôle socio-économique, et une volonté de recouvrer son rôle stabilisateur et l’image de « classe rêvée » qui allait avec.

    L’avenir de la classe moyenne française, doux rêve menacé de disparition face à une progression toujours plus importante des inégalités en son sein (et en général) est ainsi aujourd’hui toujours incertain, mais dépendra assurément des trois mêmes facteurs qui la régissent depuis le début : « la patrie, le pain et la justice ».

    Gabriel Lanoix (Institut Georges Valois, 20 janvier 2025)

     

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  • Un itinéraire rouge-brun...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier Nationaliste et révolutionnaire - Un itinéraire rouge-brun, une autobiographie de Christian Bouchet, sous forme de dialogue avec Georges Feltin-Tracol.

    Docteur en ethnologie et spécialiste des mouvements spirituels et politiques marginaux, Christian Bouchet a également été un des principaux dirigeants de la mouvance nationaliste-révolutionnaire française. A côté de ses activités d'éditeur, il est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages comme Aleister Crowley (Camion noir, 2011), Georges Gurdjieff - Le maître caucasien.(Camion noir, 2015),  La Wicca - Les sorcières d'aujourd'hui (Camion noir, 2016), Être païen au XXIe siècle -Druides, odinistes, wiccans, etc., voici les néopaïens d’aujourd’hui (Camion noir, 2020), Le devoir de mémoire (Ars magna, 2021) et  In memoriam (Ars Magna, 2022).

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    " De son premier engagement, en 1969, à l’âge de 14 ans, jusqu’à aujourd’hui, Christian Bouchet relate dans Nationaliste et révolutionnaire, un itinéraire rouge-brun les raisons et les choix qui l’ont conduit de l’Action française au nationalisme-révolutionnaire le plus radical qui soit, en passant par la Nouvelle Droite, le Mouvement national républicain et le Front national.

    Ne traitant pas que de politique, ce livre aborde la fascination de son auteur pour l’Inde, pour les marges et les subcultures, ainsi que son engagement dans la mouvance traditionaliste et son travail d’auteur, de traducteur et d’éditeur.

    De Nantes à Moscou en passant par Tripoli et Srinagar, de Charles Maurras à Alexandre Douguine en passant par Jean Thiriart et Julius Evola, Nationaliste et révolutionnaire témoigne de la vie particulière de tous ceux qui estiment que l’action doit être la sœur du rêve. "

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  • Face aux délires de l'intelligentsia française...

    Le 20 janvier 2025, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Jean Sévillia pour évoquer avec lui la sortie de son essai Les habits neufs du terrorisme intellectuel (Perrin, 2025).

    Journaliste et écrivain, Jean Sévillia est l'auteur, notamment, d'essais comme Le Terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours (Perrin, 2000), Historiquement correct - Pour en finir avec le passé unique (Perrin, 2003), Historiquement incorrect (Fayard, 2011) ou Les vérités cachées de la guerre d'Algérie (Fayard, 2018).

     

                                             

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  • Les archives Mitrokhine...

    Les éditions Nouveau Monde viennent de rééditer le livre de Christopher Andrew écrit sur la base des archives de Vassili Mitrokhine et intitulé Le KGB contre l'Ouest  1917-1991.

    Christopher Andrew est professeur émérite d'histoire moderne et contemporaine à l'université de Cambridge et spécialiste de l'histoire des services de renseignement. Ancien colonel et archiviste du KGB, Vassili Mitrokhine est mort à Londres en 2004.

     

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    " 1992. Réfugié en Lettonie après la chute de l’Union soviétique, Vassili Mitrokhine est exfiltré par les services secrets britanniques. Ancien colonel et archiviste du KGB, il a risqué sa vie pendant près de vingt ans en recopiant les archives secrètes du renseignement soviétique.

    Durant toute la guerre froide, dissidents et transfuges ont fait entrevoir la pénétration du KGB dans le monde occidental. Mais personne avant Mitrokhine n’avait livré une telle masse d’informations. Fruit d’une longue collaboration avec l’historien Christopher Andrew, cette somme unique lève le voile sur l’activisme stupéfiant du KGB et de ses services « frères ». Assassinats ciblés, infiltrations des structures étatiques et des milieux politiques, recrutements de journalistes, campagnes d’intoxication, sabotages, pillage scientifique et technologique, chantage : les révélations exposées dans ces pages, soumises à une rigoureuse critique historique ont jeté une lumière crue sur l’étendue d’un conflit qui a durablement marqué les sociétés occidentales. Enfin réédité, le « dossier Mitrokhine » se lit comme un roman de la guerre froide. Il renouvelle en profondeur notre connaissance de l’histoire du XXe siècle. Cette édition mise à jour livre notamment les noms des recrues françaises du KGB. "

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  • La cage d'acier de Weber et le néo-totalitarisme libéral-démocratique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Tiberio Graziani, cueilli sur le site Euro-Synergies et consacré au néo-totalitarisme libéral-démocratique qui sévit en Europe...

     

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    La cage d'acier de Weber et le néo-totalitarisme libéral-démocratique

    Dans le contexte contemporain, caractérisé par l'omniprésence croissante des nouvelles technologies de la communication dans les processus de formation de l'opinion et de prise de décision, les réflexions sociologiques de Max Weber sur la « cage d'acier » s'avèrent être un outil fructueux pour comprendre les avertissements de ce que l'on peut définir comme les dérives du système néo-libéral-démocratique.

    En effet, le lien entre rationalisation technocratique, éthique utilitariste et conformisme social et culturel, bien décrit par Weber, trouve aujourd'hui un nouveau souffle dans l'instrumentalisation croissante du phénomène de l'intelligence artificielle, la montée du politiquement correct et la transformation des démocraties occidentales en régimes présentant des traits de néo-totalitarisme.

    L'intelligence artificielle : la face rationnelle de la cage d'acier

    L'intelligence artificielle (IA), appliquée aux processus industriels, représenterait en quelque sorte l'apogée de la rationalisation théorisée par le penseur allemand. Il s'agit essentiellement d'une technologie qui promet - et permet - l'efficacité et l'optimisation, mais - si elle n'est pas gérée de manière critique et appropriée - au prix d'une aliénation croissante et généralisée. En effet, les décisions automatisées, basées sur des algorithmes, pourraient réduire la capacité de l'individu à influencer les résultats des processus sociaux : du point de vue de la critique du pouvoir, l'utilisation de ces algorithmes semble renforcer une structure bureaucratique qui se nourrit d'elle-même, contribuant à la création d'une « cage d'acier » numérique. Cette « cage d'acier » numérique, apparemment neutre, imposerait ainsi une logique instrumentale qui vide les valeurs humaines de leur sens, poussant les classes dirigeantes vers un contrôle de plus en plus prononcé, envahissant et déshumanisant des sociétés.

    L'IA - telle qu'elle est gérée actuellement - se présente comme un instrument supplémentaire de consolidation du pouvoir des classes dirigeantes des États les plus avancés sur le plan technologique et des groupes de pouvoir au sein des grandes sociétés financières et industrielles, produisant des inégalités structurelles dans les sociétés et les sphères de travail. L'accès aux technologies les plus avancées est réservé à quelques acteurs mondiaux, tandis que les citoyens ordinaires deviennent de simples rouages d'un système qu'ils ne semblent pas comprendre. La promesse de liberté, typique du discours néolibéral, se transforme en une forme d'« esclavage algorithmique », où la capacité d'autodétermination est de plus en plus limitée.

    Le politiquement correct : symptôme du néo-État éthique occidental

    Le politiquement correct, souvent perçu et surtout véhiculé comme un progrès civilisé, peut être interprété - dans le contexte de la critique du comportement social actuel et de l'évolution politique de la société occidentale - comme un symptôme concret de l'affirmation d'un État éthique occidental. Par un contrôle rigide du langage et de l'opinion, on tente de conformer la société à un ensemble de valeurs considérées comme universelles, mais qui reflètent en réalité l'idéologie des classes dirigeantes. Ce phénomène, loin d'être une forme d'émancipation, devient un instrument d'homologation culturelle.

    L'imposition du politiquement correct ne restreint pas seulement la liberté d'expression, mais trahit une hétérogénéité des finalités. Les démocraties libérales, nées pour protéger le pluralisme et la diversité, finissent par adopter des pratiques totalisantes qui visent à éliminer la dissidence. C'est ainsi que se réalise une nouvelle forme de totalitarisme doux, dans lequel le consensus se construit par la pression sociale et l'isolement des « déviants », à travers, entre autres, des formes sophistiquées de mise au pilori médiatique (la fameuse « machine à boue »), l'attribution de liens, de relations et de comportements perçus comme embarrassants, socialement et politiquement répréhensibles, et même susceptibles d'être sanctionnés par la coercition.

    Totalitarisme et hétérogénéité des fins

    La pensée démocratique néolibérale, qui met l'accent sur le marché, les droits individuels et le progrès technologique, semble donc incarner l'apogée de la modernité. Cependant, elle se révèle paradoxalement, dans son explicitation pratique, comme l'aboutissement du cycle historique libéral-démocratique. La recherche incessante de l'efficacité, liée à la concentration croissante du pouvoir économique et financier entre les mains de quelques groupes, comme l'a bien décrit Alessandro Volpi, a conduit à un système qui restreint de plus en plus la liberté réelle, transformant les citoyens en sujets d'un ordre rationalisé et globalisé, dans lequel le débat démocratique, là où il s'exerce encore, prend au mieux le caractère d'un simple rituel sclérosé, au pire, compte tenu de la virulence polarisante croissante qui le caractérise actuellement, d'une forme singulière de névrose.

    L'hétérogénéité des fins - le principe selon lequel des actions conçues et entreprises dans un but précis aboutissent plutôt à des résultats opposés impensables - est clairement évidente dans la pratique de la démocratie libérale contemporaine. Les démocraties, telles que nous les connaissons sur notre continent au moins depuis la Révolution française jusqu'à aujourd'hui, nées pour protéger l'individu de l'arbitraire du pouvoir, se sont transformées, en l'espace de quelques décennies, en systèmes qui contrôlent largement la vie des citoyens. Les mécanismes de surveillance, la censure implicite et la manipulation de l'information constituent quelques-uns des instruments d'un pouvoir qui ne se présente plus visiblement comme autoritaire, mais parodiquement paternaliste et salvateur, enveloppé dans une superstructure rhétorique empruntée aux réflexions de Popper.

    La nécessité et l'urgence d'une nouvelle critique de la modernité

    Raisonner sur la métaphore de la « cage d'acier » de Weber, actualisée au contexte d'aujourd'hui, permet de réfléchir aux dérives du modèle néolibéral-démocratique que nous connaissons actuellement. L'instrumentalisation de l'intelligence artificielle, le politiquement correct et la dynamique d'hétérogénéité des finalités sont des symptômes clairs de la trajectoire d'un système autoréférentiel qui semble se diriger vers l'effondrement.

    Pour contenir et échapper à cette nouvelle forme de totalitarisme, il est nécessaire et urgent de retrouver la valeur de la pensée critique et la pratique de l'action collective. Ce n'est qu'en reformulant les rapports entre technologie, éthique et politique qu'il sera peut-être possible de construire un avenir qui ne soit pas dominé par la logique impersonnelle de la « cage d'acier », mais qui redonne une place centrale à l'être humain et à sa dignité.

    Tiberio Graziani (Euro-Synergies, 24 janvier 2025)

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