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  • La prédation capitaliste...

    Nous vous signalons la parution du numéro 103 (Équinoxe de printemps) de la revue Terre & Peuple, dirigée par Jean-Patrick Arteault, dont le dossier est consacré à la prédation capitaliste. On y trouvera des textes de François-Xavier Robert, Roberto Fiorini et Gabriel Adinolfi ainsi que des entretiens avec Jean-Paul Gourévitch et le général D. Delawarde.

    Vous pouvez commander cette revue sur le site de Terre & Peuple.

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  • François Bousquet : « Le racisme antiblanc est le tabou des tabous parce qu’il menace tout l’édifice idéologique victimaire »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par François Bousquet à Breizh-info à l'occasion de la sortie de son enquête intitulée Le racisme antiblanc (La Nouvelle Librairie, 2025).

     

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    François Bousquet : « Le racisme antiblanc est le tabou des tabous parce qu’il menace tout l’édifice idéologique victimaire »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, on trouve trois livres sur le racisme anti-blanc publiés au début des années 2000 et 2010, puis plus rien : un d’Hervé Ryssen, un autre de Gilles-William Goldnadel, et un édité à l’époque par Une Autre Jeunesse et les Identitaires. Que s’est-il passé depuis ?

    François Bousquet : La théorie du racisme systémique est passée par là. C’est une théorie fumeuse, délirante, hégémonique importée des États-Unis. Elle a pétrifié le débat comme après un hiver nucléaire. Débat figé = pensée stérilisée. À l’époque du communisme, on parlait du glacis soviétique, une ceinture de pays vassalisés qui empêchait toute forme de dissidence. Le glacis décolonial procède ainsi. En son centre, une vision manichéenne du monde : les méchants Blancs et les gentils « racisés ». Le Trofim Lyssenko français de cette fiction raciale est Éric Fassin. Du haut de sa chaire universitaire et de ses multiples tribunes franco-américaines, il a décrété que la terre est plate et que le racisme antiblanc n’existe pas pour les « sciences sociales ». Le simple fait d’évoquer cette réalité – que je documente largement dans mon enquête à partir d’une quarantaine de témoignages-chocs – vous condamne aussitôt à l’excommunication universitaire et médiatique. C’est ainsi qu’on a verrouillé le débat. Car à cette chape de plomb idéologique s’ajoute une censure de fait : les éditeurs reculent et les chercheurs ne cherchent pas. Le racisme antiblanc est devenu un impensé volontaire.

    Breizh-info.com : Votre livre s’ouvre sur une citation tirée d’un forum en ligne. Pourquoi avoir choisi cette source plutôt qu’un discours institutionnel ou universitaire ?

    François Bousquet :La vérité sort peut-être de la bouche des enfants, mais plus encore des adolescents. Ce sont eux qui encaissent, dans les cours de récréation et les terrains de foot, les regards hostiles, les invectives raciales, les brimades. Ce sont eux qui doivent de plus en plus souvent baisser les yeux et raser les murs. Voilà ce que l’on trouve dans les forums de discussion. Ce sont les cahiers de doléances de la jeunesse. Les journalistes, les éducateurs, les adultes devraient les consulter plus souvent, ils y découvriraient une jeunesse abandonnée qui exorcisent son mal-être avec les registres du langage propres à l’adolescence : non pas le pathos, mais le sarcasme, le ricanement, la provocation – qui saisissent la main qu’on ne leur tend pas… pour la mordre.

    Pourquoi suivre les discours institutionnels ? Pour avoir déserté le réel, ils n’ont plus aucune crédibilité. Ils se sont réfugiés dans des bulles idéologiques où l’on disqualifie toute approche empirique. Dans ces cas-là, il faut repartir de la base. Prendre le pouls de la France, non pas à la terrasse des cafés gentrifiés des grandes villes, mais dans les commentaires YouTube, sur les forums de jeux en ligne, sur les réseaux où la jeunesse invisibilisée s’exprime. Dans une époque où les grandes voix sont devenues muettes ou complices, il faut réapprendre à écouter les petites.

    Breizh-info.com : Le cœur de votre livre, ce sont les témoignages. Pourquoi avoir choisi cette méthode directe ? Quel en a été l’impact sur votre propre perception du phénomène ?

    François Bousquet :Ce sont eux qui nous disent le réel, sans filtre, sans édulcorant – et il ne correspond pas du tout au récit dominant. Si j’ai choisi cette méthode – la parole brute –, c’est qu’il n’y avait pour ainsi dire rien eu jusque-là. Aucune enquête de terrain sérieuse, aucun rapport public, aucun travail universitaire digne de ce nom. Rien. Le désert. Ce vide documentaire permettait aux chercheurs militants de décréter que le racisme antiblanc n’existait pas, faute de preuves. La boucle était ainsi bouclée : on ne cherche pas, donc on ne trouve pas, donc ça n’existe pas. J’ai fait le pari inverse : je suis allé à la rencontre du chœur étouffé de la société. Des adolescents, des étudiants, des salariés, des professeurs, des parents. J’ai été tour à tour bouleversé, ému jusqu’aux larmes, scandalisé par ces récits, pas seulement en tant que journaliste ni seulement en tant qu’homme, mais en tant que français, en tant qu’européen – et, oserais-je le dire, en tant que blanc. Tout d’un coup, il ne s’agissait plus de concepts, mais de confiance trahie, d’abandon, de mépris. C’est à ce moment que je suis devenu, non pas leur porte-parole, mais leur porte-voix : je ne parle pas à leur place, je parle pour qu’on les entende.

    Breizh-info.com : Pourquoi le racisme anti-blanc reste-t-il un tabou si tenace dans les médias, à l’université ou dans le champ politique ?

    François Bousquet : Le racisme antiblanc est le tabou des tabous parce qu’il menace tout l’édifice idéologique victimaire. Il brise le monopole de la plainte. Il dérange les équilibres symboliques sur lesquels repose l’architecture mentale des sociétés postnationales. Dans ces sociétés, les peuples historiques sont sommés de se taire, de se soumettre ou de se démettre. Reconnaître l’existence du racisme antiblanc revient à faire exploser cette logique asymétrique, qui est celle du multiculturalisme : oppresseurs d’un côté, opprimés de l’autre.

    Breizh-info.com : Vous distinguez les « grands Blancs » des « petits Blancs ». Cette fracture est-elle au cœur de l’invisibilisation de cette forme de racisme ?

    François Bousquet : Absolument. Le racisme antiblanc frappe les « petits Blancs », pas les éditorialistes de Radio France. Il y a deux Blancs en France : le grand et le petit. Le premier a les mots, les postes, les réseaux. Le second a le mépris, le silence, l’infériorisation. Le grand Blanc milite pour l’ouverture des frontières, mais pas dans son immeuble, encore moins dans l’école de ses enfants. Il célèbre la diversité, à condition qu’elle reste théorique. S’il y a un privilège blanc, ce n’est jamais que le sien : un privilège de caste –progressiste, gauchiste, métropolitain, sanctuarisé, qui ouvre toutes les portes. Le grand Blanc milite pour l’accueil inconditionnel des autres, mais c’est au petit Blanc d’en assumer les conséquences. C’est lui qu’on insulte dans les cours d’école, qu’on injurie sur les terrains de foot, qu’on humilie lors du ramassage scolaire. Cette fracture n’est pas anecdotique. Elle explique pourquoi le racisme antiblanc reste tabou : il touche ceux qui n’ont ni porte-voix ni relais.

    Breizh-info.com : Peut-on dire que ce racisme vise d’abord les plus vulnérables – géographiquement, socialement, scolairement – là où l’État semble avoir déserté ? Et qu’est-ce que cela dit du divorce entre les élites et le peuple ?

    François Bousquet : Plus personne n’est aujourd’hui à l’abri : la mort d’Élias, en début d’année, dans le 14e arrondissement parisien, l’a rappelé tragiquement. Mais de fait le racisme antiblanc frappe d’abord les catégories populaires. C’est ce qui ressort de la seule enquête menée conjointement par l’Insee et l’Ined en 2008-2009 – il n’y en aura plus jamais d’autre. Un Français sur sept non paupérisé, appartenant à la « population majoritaire » (volens nolens les Français de souche), dit avoir été victime de racisme (antiblanc en l’occurrence), mais parmi les Français paupérisés, c’est un sur quatre. On voit l’écart. Le racisme antiblanc frappe là où l’État s’est effacé : dans les zones de relégation, les marges oubliées, les établissements scolaires abandonnés. Plus on descend dans l’échelle sociale, plus les gens sont exposés, plus le racisme antiblanc est fort. Dit autrement : moins vous avez les moyens de la ségrégation – spatiale, sociale, raciale –, plus vous êtes exposé. À l’abri derrière ses envolées sur la mixité, le grand Blanc pratique la ségrégation – une ségrégation feutrée – derrière les murs de la gentrification et les codes sociaux qu’il maîtrise mieux que personne. La mixité est une farce que seuls les pauvres vivent pour de bon, à leurs dépens. Eux n’ont pas le luxe de la choisir ni de la doser. Ils la subissent de plein fouet, dans des environnements où l’on ne parle plus de coexistence mais de confrontation. Ils n’ont les moyens ni de l’évitement ni du séparatisme. Nous voilà au cœur de l’hypocrisie et des faux-semblants : ceux qui clament que le racisme antiblanc est un fantasme sont précisément ceux qui ont les moyens de ne jamais y être confrontés. Ils vivent dans une France fictionnelle ; pour les autres, elle est frictionnelle.

    Breizh-info.com : Pensez-vous qu’il faille en faire un combat universaliste et risquer de tomber dans une tendance à la mode, la victimisation ?

    François Bousquet : Universaliste, certainement pas. C’est précisément au nom d’un universalisme abstrait et d’une République prétendument aveugle aux différences que l’idéologie antiraciste a vu le jour il y a plus de quarante ans – pour dériver ensuite en machine de guerre contre les peuples autochtones et les appartenances légitimes. Il ne s’agit pas de recourir à notre tour à une victimisation en miroir, mais de pointer les effets pervers d’un multiculturalisme imposé d’en haut, sans consentement, et de se donner les moyens concrets d’y répondre, à partir d’un diagnostic d’échec.

    Breizh-info.com : L’ouvrage évoque aussi une société balkanisée, fracturée démographiquement. Peut-on vraiment dissocier le racisme antiblanc des effets de l’immigration massive ?

    François Bousquet :L’un ne va pas sans l’autre. Le tabou du racisme antiblanc ne tombera pas tant qu’on refusera de voir ce qui l’alimente : le déséquilibre démographique massif engendré par une immigration extra-européenne hors de contrôle. Le racisme antiblanc n’est pas une émanation spontanée de l’air du temps. Il est le produit d’une société fracturée, balkanisée, archipélisée, où l’élément majoritaire devient localement minoritaire, souvent dans l’indifférence – voire avec la bénédiction – des élites. Une société multiculturelle sans culture commune devient un champ de bataille. Le multiculturalisme n’est pas une richesse, c’est une poudrière.

    Breizh-info.com : SOS Racisme mettra-t-il un jour un « S » à « racisme », comme le suggérait Desproges ? Autrement dit, voyez-vous poindre une prise de conscience politique plus large, y compris à gauche ? En un mot : le tabou est-il en train de tomber, ou faudra-t-il encore, pour le briser, que le réel s’impose de manière plus brutale encore ?

    François Bousquet :La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a assuré sur CNews ne pas avoir de pudeur à parler du racisme antiblanc. Sur la même chaîne, Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations – tout un programme –, a dit l’inverse. Traitée de « Sale Blanche, crachats à l’appui, elle ne reconnaît pas l’existence du racisme antiblanc. On voit que l’ethnomasochisme a encore de beaux jours devant lui.

    La bonne nouvelle, néanmoins, c’est que, dans ce panorama désolé, une fissure apparaît. L’affaire de Crépol, et la mort de Thomas, a marqué un tournant. Non pas parce que la justice y a vu clair – elle s’emploie au contraire à éviter toute qualification aggravante pour racisme, au prix d’une instruction biaisée –, mais parce que l’opinion prend de plus en plus conscience qu’il ne s’agit pas de faits divers, mais de faits de société où s’exprime une rage anti-européenne, cultivée et canalisée par des années de ressentiment. Le mur du silence autour du racisme antiblanc commence ainsi à se fissurer. De plus en plus de gens en parlent librement. On ne peut pas indéfiniment se réfugier dans le déni, le délit et le délire – la loi des trois « D » auquel je tiens particulièrement – sans exposer à un violent retour du refoulé. Bienvenue dans le réel !

    François Bousquet, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-info, 24 avril 2025)

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  • Moi, Jules César !...

    Les éditions Allary viennent de publier une bande-dessinée intitulée Moi, Jules César, réalisée par Alfred de Montesquiou (scénariste) et Névil (dessinateur).

     

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    " La vie de Jules César (100 -44 avant J.C.) est un thriller épique.
    Cette bande dessinée est une enquête historique impressionnante, et le récit d'un destin hors norme.

    Comment Jules, adolescent chétif et désargenté, est-il devenu César, l'homme le plus puissant du monde ?
    Comment a-t-il pu terrasser tous ses ennemis, et mourir assassiné par ses amis ? "

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  • Attaques coordonnées contre les prisons : l’État à genoux face au chaos organisé...

    Le 24 avril 2025, Liselotte Dutreuil recevait Xavier Raufer sur Ligne droite pour évoquer avec lui les attaques visant les prisons françaises.....

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014), Le crime mondialisé (Cerf, 2019) et, tout récemment, Jeffrey Epstein - L'âme damnée de la IIIe culture (Cerf, 2023).

     

                                               

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  • En bande organisée...

    Le Livre de poche vient de rééditer une enquête de Sébastien Le Fol intitulée En bande organisée - Mitterrand, le pacte secret. Journaliste, Sébastien Le Fol est directeur adjoint de la rédaction de l'Express.

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    " Tout en ayant construit sa stratégie politique autour de l’union de la gauche, François Mitterrand a conservé des amitiés aussi secrètes que sulfureuses. Pierre de Bénouville (éminence grise de Marcel Dassault), André Bettencourt (ministre et deuxième fortune française par sa femme) et François Dalle (longtemps P.-D.G. de L’Oréal) : rarement une bande d’amis avait-elle joué un si grand rôle dans l’histoire. Leur ambition balzacienne, soudée par la guerre, le passage à Vichy, puis la Résistance, a quelque chose de fascinant ; ces hommes n’ont cessé de se faire la courte échelle. En s’appuyant sur des archives et des témoignages inédits, Sébastien Le Fol nous raconte comment un clan, après mai 1981, a tiré les ficelles de la politique et des affaires pendant quinze ans, héritage encore largement d’actualité aujourd’hui. "

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  • Mort du pape François : l’Église catholique à la croisée des chemins idéologiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Xavier Consoli cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la succession du Pape François. Essayiste et journaliste, François-Xavier Consoli est l'auteur de deux ouvrages, La République contre la France et Les aventuriers de la vie - Destins d'exception.

     

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    Mort du pape François : l’Église catholique à la croisée des chemins idéologiques

    Le Vatican a confirmé le décès du souverain pontife ce lundi, succombant à un accident vasculaire cérébral ayant entraîné une insuffisance cardiaque. Quelques heures avant sa mort, le pape avait rencontré le vice-président américain J.D. Vance et avait fait une dernière apparition pour bénir les foules de Pâques à la basilique Saint-Pierre. L’Église se prépare maintenant à l’un des conclaves les plus diversifiés et les plus idéologiquement chargés de l’histoire pour choisir un nouveau Pape. Actuellement, 135 cardinaux âgés de moins de 80 ans sont habilités à voter pour le prochain occupant du trône de St Pierre. La grande majorité d’entre eux ont été nommés par François lui-même. Dans sa démarche un brin « tiers-mondiste », le défunt Pape a élevé 79 % des cardinaux en âge de voter, dont beaucoup viennent de régions sous-représentées du monde catholique : le « sud global », les petites nations insulaires et les diocèses éloignés qui n’ont jamais été influencés par le Vatican.

    « Dans les semaines à venir, 120 des cardinaux ayant le droit de vote entreront dans la chapelle Sixtine pour entamer la tâche solennelle et secrète d’élire le prochain pape. Le conclave doit commencer dans les 20 jours suivant la mort du pontife. Ce sera très intéressant cette fois-ci car, contrairement à ce qui s’est passé dans le passé, je ne pense pas qu’il y ait un successeur évident », déclare Rebecca Rist, professeur d’histoire médiévale à l’université britannique de Reading.

    Un pape hostile au vieux continent

    Le pontificat de François Ier aura marqué les esprits. Premier Pape jésuite et non européen, et ostensiblement hostile au vieux continent, ses nombreuses interventions auront provoqué la controverse. Sous ses airs débonnaire et populaire, c’est avec une main de fer dans un gant de velours qu’il s’est évertué à exercer son autorité. La curie romaine s’en est d’ailleurs difficilement remise. La caractéristique des démocrates qui, une fois au pouvoir, ne peuvent s’empêcher de faire le vide autour d’eux. Certains catholiques appellent à prendre du recul par rapport à ce qu’ils considèrent comme les bouleversements de ces dernières années. En bon jésuite, nombreuses de ses déclarations se sont révélés plus des exercices de rhétoriques, soufflant le chaud le lundi, pour vite faire retomber le thermomètre le mardi. François a souvent frustré les catholiques conservateurs par son ton pastoral et son programme réformateur. En restreignant la messe traditionnelle en latin et en adoptant une position plus accueillante à l’égard des catholiques LGBTQ et des personnes divorcées, il a adopté une approche qui, selon ses détracteurs, a brouillé les lignes doctrinales et remis en cause des normes établies de longue date. Pour autant, le cardinal Bergolio n’était pas un partisan de l’herméneutique marxiste de la « théologie de la libération[1] » comme il lui a souvent été reproché. Ce dernier mettant en garde contre la tentation d’idéologiser le message évangélique par une «réduction socialisante. »

    Un pape Arc-en-ciel ?

    « Notre Dieu est peut-être un Dieu de surprises, mais aujourd’hui, j’ai l’impression que nous avons besoin de beaucoup moins de nouveautés, d’intérêts et de surprises, et de beaucoup plus de choses simples, solides et saines », écrit le commentateur catholique Robert Royal dans The Catholic Thing.

    D’autres catholiques se sont opposés à l’idée que François soit un « pape progressiste ».

    « François était extrêmement traditionnel. Et je pense que c’est un malentendu de dire qu’il n’était pas traditionnel. Rien de ce qu’il a dit ne remet en cause la doctrine », rappelle Phyllis Zagano, professeur adjoint de religion à l’université Hofstra. Il ajoute : « Je pense donc que l’Église, dans sa sagesse, élira un pape qui poursuivra les enseignements de l’Église catholique. Ce qui doit déranger certaines personnes semble-t-il, c’est le sentiment que l’enseignement social catholique est un commentaire politique sur des pays ou des actions spécifiques, alors que l’enseignement social catholique est simplement l’explication de l’Évangile. »

    Les prises de position concernant l’immigration du Pape défunt restent le point d’achoppement pour certains, notamment l’administration Trump. En février, le pontife a écrit une lettre aux évêques américains pour excuser les politiques d’immigration de la Maison-Blanche et qualifier les efforts d’expulsion de « crise majeure. »

    « L’acte d’expulser des personnes qui, dans de nombreux cas, ont quitté leur propre pays pour des raisons de pauvreté extrême, d’insécurité, d’exploitation, de persécution ou de grave détérioration de l’environnement, porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles entières, et les place dans un état de vulnérabilité particulière et sans défense », pouvait on lire dans cette lettre.

    Indépendamment des tendances politiques de François, ou de leur absence, certains s’attendent à ce que son successeur ramène l’Église vers le centre idéologique.

    « Quel que soit le candidat élu, il sera d’un tempérament centralement conservateur, après 12 ans de « remue-ménage » de la part du pape François », a déclaré Serenhedd James, rédacteur en chef du magazine britannique Catholic Herald. « Je pense que les cardinaux voudront quelqu’un qui adoptera une approche différente et plus calme. »

    D’autres estiment que l’Église continuera à suivre la voie idéologique tracée par François.

    « L’Église devient plus globale et moins centrée sur Rome qui « dirige » tout », nuance David Gibson, directeur du Centre sur la religion et la culture à l’université Fordham, à Newsweek. « Je pense qu’il est peu probable que l’on obtienne le pape-policier que certains membres de la droite américaine semblent souhaiter. »

    Les changements au sein du conclave sont en effet d’ordre géographique. En 2013, lorsque François a été élu, les cardinaux européens représentaient 57 % de l’électorat. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 39 %. L’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie n’ont cessé de gagner en influence. Cette évolution pourrait ralentir le prochain conclave.

    « Il est possible qu’un grand nombre des hommes qui se réuniront pour élire le prochain pape soient des étrangers les uns pour les autres », précisait le site d’informations catholique The Pillar l’an passé.

    Des candidats se démarquent

    Plusieurs candidats de premier plan ont émergé des ailes progressistes et traditionalistes de l’Église. Parmi ces derniers, figure le cardinal Luis Antonio Tagle, originaire des Philippines, 67 ans, théologien et ancien fonctionnaire du Vatican souvent décrit comme le « pape François asiatique. » Ce dernier a appelé à une Église catholique plus inclusive et a parlé ouvertement de la nécessité d’accueillir les catholiques divorcés et LGBTQ. Son élection constituerait la première papauté asiatique. Le cardinal français Jean-Marc Aveline, 66 ans, est également en lice. Il serait le cardinal « préféré » de François pour lui succéder. L’analyste du Vatican Giuseppe Masciullo a déclaré que le cardinal Aveline « est particulièrement apprécié » dans les camps ecclésiastiques et politiques de gauche et qu’il soutient une « forte décentralisation » de l’Église, selon le New York Post.

    Dans le camp conservateur, c’est bien sûr cardinal Robert Sarah, 78 ans, originaire de Guinée, qui se démarque. Énergique partisan de la tradition, il a appelé à un retour à la messe en latin et a vigoureusement critiqué ce qu’il considère comme une dérive théologique sous le pape François.

    Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu du Congo, 65 ans, est également considéré comme un candidat conservateur. Il dirige le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar et s’est aussi avéré être un grand critique de la décision du Vatican d’autoriser les bénédictions homosexuelles.

    Le cardinal italien Pietro Parolin, 70 ans, secrétaire d’État du Vatican, représente l’establishment centriste. Il est considéré comme un candidat de continuité qui pourrait atténuer l’audace de François tout en conservant son héritage en matière de politique étrangère. Un candidat « en même temps » pouvant faire la différence, histoire de calmer tout ce petit monde, s’inscrivant dans la continuité du défunt Pape.

    Parmi les autres noms en lice figurent le cardinal italien Matteo Zuppi, un confident de François connu pour avoir mené des pourparlers de paix en Ukraine ; le cardinal hongrois Peter Erdo, un intellectuel rigide sur le plan doctrinal ; le cardinal sri-lankais Malcolm Ranjith, qui s’oppose au mariage homosexuel et soutient la liturgie latine ; et le cardinal brésilien Odilo Scherer, un modéré ayant l’expérience des finances du Vatican. Le cardinal Ranjith, 77 ans, archevêque de Colombo, au Sri Lanka, est considéré comme un candidat particulièrement plausible, sa région d’origine connaissant une forte croissance du catholicisme. Un autre candidat, le cardinal Willem Jacobus Eijk, 71 ans, médecin et théologien des Pays-Bas, attire l’attention. Administrateur accompli, il s’oppose à la bénédiction des couples homosexuels et à la « thérapie de genre. »

    Même avec des idéologies concurrentes, les cardinaux doivent élire un pape qui sera à la hauteur de l’accessibilité de François, tout en adoucissant peut-être son rythme de changement, un brin soutenu.

    « En termes de relations publiques, il ne serait pas bon d’avoir un pontife très distant et royal », a déclaré Mathew Schmalz, professeur d’études religieuses au College of the Holy Cross. « Je m’attends donc à quelqu’un qui soit un homme du peuple (…) mais qui s’engage avec les autres un peu différemment du pape François. Si ce n’est pas le cas, le conclave pourrait durer très longtemps. » Quoi qu’il en soit, l’Église ne devrait pas s’attendre à ce que le prochain pape penche d’un côté ou de l’autre, politiquement parlant.

    Dans la marine, on dit : « Dirigez votre propre cap, mais restez dans la flotte. » Il est à parier que c’est cette direction qui ressortira du conclave. A l’intérieur de la chapelle Sixtine, pendant le conclave (du latin « cum clave », qui signifie « avec la clé »), les cardinaux voteront jusqu’à quatre fois par jour. Si aucun candidat n’obtient la majorité des deux tiers requise après 30 tours, le vote se resserre. Seuls les deux premiers candidats restent éligibles et les électeurs doivent choisir entre eux jusqu’à ce que l’un d’entre eux obtienne le soutien nécessaire pour devenir le prochain évêque de Rome.

    François-Xavier Consoli (Site de la revue Éléments, 24 avril 2025)

     

    Note :

    [1] Courant de pensée théologique chrétienne venu d’Amérique latine, suivi d’un mouvement socio-politique, visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus en les libérant d’intolérables conditions de vie. L’expression « théologie de la libération » fut utilisée une première fois par le prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez lors du congrès de Medellín du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), en 1968. Il développa sa pensée dans l’ouvrage Théologie de la libération, paru en 1972, qui est largement considéré comme le point de départ de ce courant. Pour la pratique, l’instrument d’analyse et d’observation utilisé s’inspire du marxisme

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