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Points de vue - Page 2

  • La « sud-américanisation » de l'Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Andrea Zhok cueilli sur Euro-Synergies et consacré à la dernière capitulation européenne face aux droits de douanes imposés par les Etats-Unis.

     

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    La « sud-américanisation » de l'Europe

    Après l'accord dûment genuflexé d'Ursula von der Leyen devant le président Trump, même certains des traditionnels gobe-tout pro-européens des journaux italiens Repubblica/Corriere ont commencé à avoir des doutes.

    Ce qui plane à l'horizon serait-il l'oiseau padulo* ?

    Cette soupe brunâtre et malodorante qu'on m'a servie pendant des années serait-elle vraiment ce qu'elle semble être ?

    Mais ce n'est qu'un moment furtif d'incertitude.

    Ils se reprennent rapidement et s'emportent, prêts à réclamer « plus d'Europe ! », « plus de productivité ! », « plus de compétitivité ! » et « moins de gaspillage ! ». Nous avons vécu au-dessus de nos moyens, bordel !

    La solution pour cette génération de pauvres idiots est toujours la même: une dose supplémentaire de la même recette prônée depuis des décennies et qui nous a menés droit dans le mur. Mais cette fois, on va y aller à fond !

    Bon, ce groupe social de béotiens représente peut-être 25% de la population, mais il constitue la garde prétorienne qui défend le bastion du pouvoir réel, celui qui nous met en pièces. Ces gens-là ne jouissent d'aucun privilège particulier, ils ne participent pas au partage des prébendes entre les oligarchies, mais, se nourrissant comme de petits pélicans des régurgitations idéologiques des élites, ils les défendent bec et ongles, accusant les critiques avec l'arsenal habituel (souverainistes, populistes, communistes, fascistes, rouges-bruns, complotistes, etc. etc.).

    Quand on regarde von der Leyen et qu'on se plaint d'avoir assisté à une « capitulation », on dit une chose en partie juste, mais en partie seulement. Il n'y a pas eu de capitulation ici, dire cela c'est une tromperie, car les intérêts que l'on voulait protéger ont été protégés.

    Pour parler de capitulation, il faudrait supposer que von der Leyen, Kallas, Meloni, Picierno, Lagarde (à propos : girls power !) sont là pour représenter les intérêts européens.

    Mais c'est là une erreur totale.

    Ces personnes sont membres d'une élite restreinte qui évolue en étroite collaboration avec les grandes oligarchies économiques transnationales (celles qui, entre autres, contrôlent l'information), dont les intérêts sont tout simplement totalement indépendants de ceux des peuples européens.

    Puis, au fur et à mesure, selon l'intérêt particulier qui aura été promu, on mettra la pièce dans le jukebox d'un économiste à la petite semaine qui vous expliquera avec autorité comment servir les intérêts de telle ou telle multinationale est exactement dans votre intérêt en tant qu'ouvrier, employé, professeur, barbier, etc.

    Faites confiance aux experts et payez, sans discuter.

    Ce qui se passe en Europe n'est pas une « capitulation », mais un processus bien connu, un processus qui a été observé pendant longtemps en Amérique latine, où des oligarchies restreintes ont conservé des positions extrêmement privilégiées en occupant les carrefours par où passent les trafics cruciaux avec les États-Unis.

    Dans le langage marxiste (qui continue de fournir des outils utiles, malgré la mauvaise réputation qu'il a acquise), on opposait la « bourgeoisie nationale » à la « bourgeoisie compradora » (comprador bourgeoisie). Alors que la bourgeoisie nationale, tout en restant évidemment attachée à ses intérêts de classe, agissait en conservant un intérêt pour la prospérité de son pays (et donc, peut-être de manière indirecte, en procurant certains avantages à l'ensemble de la population), la bourgeoisie compradora joue le rôle d'agent pour des organisations étrangères, généralement multinationales, en promouvant leurs investissements locaux et en négociant leurs revenus. Le PDG de la filiale italienne d'une multinationale pharmaceutique, le « promoteur » immobilier international résidant à Milan, etc. ne dépendent en aucune mesure de la santé économique et sociale de l'Italie pour leur bien-être économique.

    Mais ce sont précisément ces personnes qui sont représentées par Ursula-au-heaume-d'or dans les forums internationaux.

    Le résultat naturel de ce processus de « sud-américanisation » est la destruction de la classe moyenne et la création d'une élite économique qui vit en fait au-dessus des lois (car lorsque les différences économiques sont énormes au sein d'une société, tout le monde est susceptible d'être soumis à un chantage et le pouvoir économique se transforme sans difficulté en tout autre pouvoir).

    Bien sûr, si quelqu'un remarque que l'existence d'une bourgeoisie ayant des intérêts nationaux, d'une politique attentive à la souveraineté économique ou d'une société préservant une certaine identité culturelle, même si ce n'est pas le paradis sur terre, vaut mieux que d'être démembré par des oligarchies lointaines, les chiens de guerre des journaux et des universités se déchaînent immédiatement, prêts à se remplir la bouche d'accusations de « souverainisme », de « nationalisme », de « chauvinisme », etc.

    Avec la garde prétorienne de ces 25 % de semi-cultivés qui se jettent sur les malheureux au moindre signal.

    Et rien ne se passe, tout va bien comme ça.

    Épargnez-nous seulement les mises en scène affectant la surprise face au fait que « les intérêts européens n'ont pas été pris en compte », que « c'est une capitulation inattendue », etc. Non, c'est la seule direction claire et manifeste dans laquelle nous allons depuis des décennies.

    Alors retournez donc vous occuper de vos broutilles quotidiennes, le pilote automatique fonctionne très bien.

    Andrea Zhok (Euro-Synergies, 12 août 2025)

    * D'après le site italien Nonciclopedia, "le padulo (communément appelé « celui qui te met dans le cul dès que tu te retournes ») est un animal qui existe à la fois sous forme de poisson et sous forme d'oiseau"...

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  • Une étrange apathie française...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré à la dépression française.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

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    Une étrange apathie française

    Les politologues des temps futurs s’interrogeront certainement sur les raisons de l’étrange apathie qui, au début du XXIᵉ siècle, a touché le peuple français.
    Comment l’expliquer, en effet, alors qu’il y a à peine 50 ans de cela, la France restait encore un pays fier, politisé et agité socialement ?
    Mais, de nos jours, force est de constater que plus rien ne semble pouvoir faire sortir nos concitoyens de leur torpeur : ni la catastrophe sécuritaire qui les frappe, ni le déclin économique, ni la réduction continue des libertés publiques, ni la fin de l’indépendance nationale, ni les palinodies politiciennes, ni les perspectives de guerre, ni les vaccins obligatoires.
    Les apathiques assistent au naufrage de leur patrie comme si la catastrophe ne les concernait pas.
    Cinq raisons principales expliquent cette étrange, mais dangereuse, apathie.

    Le changement de population

    D’abord, le nombre de Français d’origine ne cesse de diminuer du fait du vieillissement de la population et de 50 ans de laxisme migratoire organisé par l’oligarchie.
    Le Système fabrique donc des Français de papier à la chaîne, qui ne se sentent pas vraiment concernés par le destin français, comme ils préfèrent, lors des matchs de foot, brandir le drapeau de leur pays d’origine plutôt que le drapeau national. Et, comme on l’a vu lors des rares manifestations sociales, les banlieues de l’immigration restaient significativement à l’écart.
    Plus la France agrège des communautés différentes, plus elle devient une coquille institutionnelle vide. Et moins la notion de peuple a du sens.
    Ubu roi est donc en train d’atteindre son but : changer le peuple pour effacer ce gêneur.

    Le déracinement culturel

    Ensuite, le déracinement culturel et les conséquences de l’effondrement de l’enseignement public font désormais pleinement sentir leurs effets.
    La France d’aujourd’hui, c’est celle du collège unique, du bac pour tous, des carnets de notes dithyrambiques et du laxisme personnel généralisé.
    Une France où la majorité de la population maîtrise mal l’orthographe, ignore l’histoire, la géographie, l’économie et ne lit quasiment plus aucun livre. Où le moindre effort requis devient du harcèlement ou une agression insupportable aux égoïsmes individuels. Où l’on attend tout de l’État, donc des autres.
    Une France qui gobe tout, pourvu qu’on lui permette de faire du sport, d’écouter du rap et de « twitter » sur son portable.
    Une population incapable de comprendre et donc d’agir sur le monde.

    La société de propagande

    Le fait que nous vivions désormais dans une société de propagande, comme l’a démontré Jean-Yves Le Gallou dans son essai éponyme, explique aussi l’apathie nationale.
    En 2025, la propagande n’est pas seulement le fait de l’État : elle est portée par une multiplicité d’acteurs économiques et sociaux, car les entreprises se politisent de plus en plus aussi, et bien sûr par tout le système médiatique, associatif et culturel. Il suffit de penser à la façon ridicule dont la publicité met systématiquement en scène des « racisés » pour comprendre qu’il est désormais difficile d’échapper à un tel matraquage idéologique.
    Alors pensons à ces millions de Français qui, tous les soirs, ingurgitent leur dose de propagande en regardant les chaînes « d’information » avec entrain.
    On se résigne à tout, puisque la propagande martèle en continu que tout va mieux dans le meilleur des mondes possibles et que tout ce qui nous arrive constitue un évident progrès. Et que tous ceux qui prétendent le contraire sont des méchants de « strême-drouatte ».

    La répression croissante

    A fortiori quand la répression idéologique s’installe partout, sous la poussée liberticide de l’Union européenne, au nom du politiquement correct.
    Car la répression croissante de toute dissidence, qu’elle soit en actes, en paroles ou en écrits — fait marquant de ce siècle —, conduit à l’apathie : on se résigne, on « prend sur soi » parce que, sinon, on risque de se retrouver un jour devant un juge, dénoncé par des voisins, des collègues ou des associations militantes.
    Et la répression vise à empêcher de débattre politiquement d’un nombre croissant de sujets : de l’immigration et de l’islam (car ce serait de la haine), de l’écologie punitive (c’est refuser le consensus scientifique), de l’UE (c’est du complotisme), de l’OTAN (c’est être un agent de Poutine), de la propagande LGBT (c’est de l’homophobie), de la Palestine (c’est de l’antisémitisme), etc.
    La violente répression du mouvement des Gilets jaunes en 2019 a servi de leçon à nombre de nos concitoyens et elle a atteint son but : la révolte contre le Système peut coûter cher, alors il vaut mieux rester tranquille.
    Dormez, braves gens ! Populations abandonnées, faites confiance à l’oligarchie…

    La destruction du système politique

    L’apathie française résulte enfin de la destruction de notre système politique, programmée par l’oligarchie.
    À la fois parce que les élections ne servent plus à rien dès lors que les vrais choix politiques se font ailleurs que chez nous, et parce qu’il n’y a plus d’alternative politique organisée dans notre pays, puisque tous les partis représentés au Parlement partagent peu ou prou la même idéologie : celle de l’extrême-centre. Pourquoi donc se mobiliser puisque cela ne sert plus à rien ?
    Les Français vivent désormais la politique façon Le Bon Coin : pour accéder à des produits anciens ou de seconde main.
    Telle cette prétendue opposition entre la droite et la gauche, toujours mise en scène par les médias, alors que ce clivage a perdu de son sens et que la droite n’est plus qu’une gauche honteuse. Tels ces prétendus extrêmes qui finissent toujours par se rallier à la fin pour sauver le Système. Tel cet antifascisme bidon qui prétend nous faire revivre au bon vieux temps des années 1930, pour le plus grand profit des oligarques.

    De l’apathie à la défaite

    L’apathie nationale n’a donc finalement rien d’étrange, car elle est un sous-produit du Système oligarchique ; mais cela ne la rend pas excusable pour autant.
    Car l’apathie nationale, la dormition, pour reprendre l’expression de Dominique Venner, dans un monde de plus en plus conflictuel et alors que les autres civilisations, elles, se réveillent, conduit forcément, tôt ou tard, au désastre. L’étrange apathie conduit toujours à l’étrange défaite : nos grands-parents et nos parents le savaient depuis 1940, mais on semble l’avoir oublié.
    Bien sûr, tous les Français ne restent pas apathiques, heureusement. Il y en a que le déclin catastrophique de notre pays révolte et qui ne se résignent pas. Mais, pour le moment, il faut bien constater qu’ils ne parviennent pas à mettre en mouvement la grande masse des endormis.
    Sans doute le choc de l’Histoire fera-t-il un jour, comme toujours, se réveiller les apathiques. Mais au prix du sang et des larmes.

    Michel Geoffroy (Polémia, 11 août 2025)

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  • « L’occidentalisme » est-il la meilleure réponse à « l’islamo-gauchisme » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'occidentalisme...

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    « L’occidentalisme » est-il la meilleure réponse à « l’islamo-gauchisme » ?

    Pour commencer, un peu de sémantique, tant ces vocables sont à l’évidence biaisés. L’islamisme est une chose ; le gauchisme en est une autre, et accoler ces deux termes tient plus de l’oxymore que d’un projet politique cohérent, tant il est impossible d’être les deux à la fois ; la preuve par ces militants LGBTQ+ affichant leur soutien au Hamas palestinien. On imagine vite la longévité de ces gugusses dans la Bande de Gaza.

    Mais cet occidentalisme, de plus en plus répandu à droite, et guère plus cohérent, participe lui aussi d’une autre fiction, « l’Occident » en question étant une notion tout aussi fantasmatique. Jadis, le terme recouvrait une réalité tangible. On pouvait parler d’église d’Occident, celle de Rome, ou d’église d’Orient, sise à Byzance, tout comme on pouvait encore évoquer l’Occident chrétien et l’Orient musulman. Mais cet Occident recoupait alors les frontières de l’Europe, ce qui n’était déjà plus le cas durant la Guerre froide, sachant que ce que l’on nommait alors « Occident » se limitait à un conglomérat antisoviétique, alliance militaro-économique allant de Washington à Séoul, tout en passant par Ankara, Tokyo et Paris. Bref, un assemblage hétéroclite et de circonstance, face à un ennemi commun : l’URSS, lequel était d’ailleurs plus conjoncturel que structurel, la bolchevisation de la Russie n’ayant été qu’une parenthèse de 70 ans. Ce qui est bien court, à l’échelle civilisationnelle, au même titre que cet Occident de circonstance.

    L’illusion de l’Occident…

    Ce qui fait écrire à Alain de Benoist, dans son éditorial du dernier numéro d’Éléments : « Depuis quelques mois, nous assistons en direct à la dislocation de “l’Occident collectif”, à la fin de la mondialisation libérale, au découplage entre l’Europe et les États-Unis. Et aussi au début de la fin de l’ère libérale : les quatre principales puissances mondiales (USA, Chine, Russie, Inde) peuvent maintenant être considérées, à des titres divers, comme des puissances “illibérales”. »

    Bref, nos occidentalistes de droite révèrent une chimère ; tout comme leurs homologues islamo-gauchistes, avec leur convergence des luttes toute aussi imaginaire. Le tout sur fond de choc civilisationnel. À droite, celui entre un Occident chrétien fantasmé et un Orient musulman cauchemardé aux prétentions d’hégémonie planétaire ; à gauche, celui, tout aussi eschatologique, entre exploiteurs et exploités, colonisateurs et colonisés, alors que si les Israéliens sont à l’évidence colonisateurs, les Arabes l’ont aussi été bien avant eux.

    Israël, rempart de la chrétienté ?

    Malin comme pas deux, Benyamin Netanyahou, profite du Noël 2024 pour déclarer aux chrétiens du monde entier : « Israël mène le monde dans le combat contre les forces du mal et de la tyrannie. Mais notre bataille n’est pas encore terminée. Avec votre soutien et avec l’aide de Dieu, je vous assure que nous prévaudrons. » Pour un peu, on se croirait dans La Guerre des étoiles, le Premier ministre israélien étant en l’occurrence rhabillé aux couleurs des chevaliers Jedi, pour mieux prêcher la croisade contre les hordes de Dark Vador. Ce 30 juillet, c’est un drôle de paroissien, Michel Onfray, qui semble acquiescer, dans les colonnes du JDNews : « Israël est le navire amiral de cet Occident. » À croire que ce philosophe soit l’un des derniers penseurs à croire dur comme fer à la réalité de l’Occident, alors qu’il donnait naguère de sérieux gages de scepticisme, affirmant que le Christ n’était qu’une affabulation historique.

    À propos de chrétiens palestiniens, la réalité, autrement moins irénique, semble contredire le sermon du révérend père Netanyahou et d’Onfray, son sacristain du moment, à en croire les déclarations fracassantes de l’évêque palestinien Sani Ibrahim Azar, prononcées quelques jours après les massacres du 7 octobre 2023 : « Depuis que l’extrême droite est au pouvoir, les agressions à l’endroit des chrétiens sont en forte augmentation. Les attaques contre les églises et les cimetières chrétiens se multiplient. Nous ressentons que nous ne sommes plus les bienvenus en Israël. »

    À droite, certains se rebiffent…

    Comme quoi la réalité est toujours plus complexe que les fantasmes des islamo-gauchistes et des occidentalistes. Ce que rappelle fort bien Alexandre de Galzain, journaliste à Radio Courtoisie, sur le site de Causeur, périodique autrement plus plausible que tant de ses confrères occidentalistes, en matière « d’israélo-droitisme » : « Dans sa bouche, devant l’Occident, le voilà qui affirme qu’Israël serait le rempart de la civilisation face à la barbarie, que “l’armée la plus morale du monde” serait aussi notre bouclier, qu’Israël se battrait en fait pour nous. (…) Quand donc Israël s’est-il battu pour autre chose que lui-même ? » Plus audacieux encore : « L’Israël de M. Netanyahou, bouclier de la civilisation occidentale, de la chrétienté ? La belle affaire ! Il a été établi que M. Netanyahou finançait l’État islamique à Gaza contre le Hamas [Hamas qu’il avait par ailleurs promu face à l’OLP nationaliste et laïque, ndlr], qu’il finançait l’Azerbaïdjan contre l’Arménie ! Ah, et quel beau gardien de la morale que celui qui massacre femmes et enfants par milliers ! »

    Et le meilleur pour la fin : « L’aveuglement volontaire de la droite sur la situation israélienne est particulièrement préjudiciable en cela qu’elle refuse de comprendre que l’intérêt de M. Netanyahou réside en sa propre personne. Ce politicien corrompu, que toute la France abhorrerait si elle devait subir son règne, n’a pour but que d’échapper à la prison qu’il mérite tant. »

    Il est à mettre au crédit de notre consœur Élisabeth Lévy, matrone en chef de Causeur, d’avoir publié ce texte avec lequel elle n’est évidemment pas d’accord. Mais, indique-t-elle en avant-propos, il ne s’agit rien de moins que de « la douleur de la liberté ». Chapeau bas.

    Et les intérêts de la France et de l’Europe ?

    En fait, le problème de la perception française du conflit israélo-palestinien, comme de celui opposant l’Ukraine à la Russie, c’est que le monde politico-médiatique, au lieu de camper sur une ligne médiane, celle d’un pays tiers qui pourrait, en qualité de possible arbitre, tenter de mettre terme à ces conflits fratricides, prenne parti pour l’un ou l’autre des protagonistes en présence ; ce au nom d’arguments moraux : l’agresseur et l’agressé. Comme s’il suffisait d’avoir été agressé pour incarner le « bien », alors que l’agresseur serait fatalement le « mal » incarné. Ce fut longtemps la politique étrangère du général de Gaulle, qui tenta toujours de jouer les médiateurs, même au plus fort de la Guerre froide. C’est aussi François Mitterrand, qui réserva l’un de ses premiers voyages officiels en Israël pour y plaider… la cause palestinienne. Et même de Jacques Chirac, imparable dès lors qu’il s’agissait de ménager la chèvre et le chou. Le tout sans trop de passion, mais avec un semblant de raison ; au contraire d’un Emmanuel Macron qui, un jour, entend mettre sur pied une coalition internationale contre le Hamas pour ensuite affirmer vouloir reconnaître un État palestinien qui, de fait, se trouverait sous la houlette du même Hamas.

    Et les intérêts de la France et de l’Europe, dans tout cela ? Ils semblent être aux abonnés absents, quand ce n’est pas pris en otages pour de bas calculs électoraux. Jean-Luc Mélenchon cible un électorat musulman pour tenter de parvenir au second tour de la prochaine élection présidentielle. Marine Le Pen semble miser sur la martingale inverse : avoir normalisé les relations de son mouvement avec les institutions juives de France n’était pas une mauvaise chose en soi. Mais pourquoi systématiquement soutenir un État tiers, au lieu de promouvoir les intérêts français et européens ? Pour s’assurer le soutien d’un hypothétique “vote juif” ? Lequel est d’ailleurs plus que divisé quant à la politique israélienne, tel qu’en témoigne cet appel signé par plus de 1 200 rabbins venus du monde entier, enjoignant Benyamin Netanyahou de radicalement changer sa politique.

    Ces rabbins qui contestent la politique israélienne…

    Un retournement ainsi justifié par le rabbin américain Ron Kronish, dans une tribune publiée par le journal Times of Israel : « Si cette guerre a pu être considérée comme “juste” à ses débuts, elle est devenue profondément “injuste” au cours des derniers mois. » Pour tout arranger, Donald Trump se permet désormais de contredire l’État hébreu à propos de cette famine frappant les Gazaouis : « Israël porte une grande responsabilité ». Et le même, cité par le Financial Times, de s’alarmer : « Mon peuple commence à détester Israël… »

    Si le tiers-mondisme passablement mondain de La France insoumise ne fait plus guère illusion, est-ce vraiment le moment le mieux choisi pour une certaine droite, souvent libérale et conservatrice, de prendre fait et cause pour un Occident fantomatique et un Israël de plus en plus honni par la planète entière ? Ou alors, c’est à croire que si certains ramaient autrefois pour fuir le Titanic, certains puissent aujourd’hui développer l’énergie du désespoir pour de force y grimper. Notre vieux continent mérite sûrement mieux.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 5 août 2025)

     

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  • La géopolitique anglo-saxonne...

    Dans cet vidéo diffusée par la revue Conflits, Jean-Baptiste Noé nous éclaire sur les fondements de la géopolitique anglo-saxonne, une pensée stratégique centrée sur la maîtrise des mers, le contrôle des espaces et la projection de puissance globale. De Halford Mackinder à Nicholas Spykman en passant par Alfred Thayer Mahan, il revient sur les grands théoriciens anglo-américains qui ont structuré la vision anglo-saxonne du monde. Des concepts majeurs comme le Heartland, le Rimland ou encore la puissance maritime sont au cœur de cette réflexion, toujours d’actualité dans les grandes rivalités géopolitiques du XXIe siècle.

     

                                             

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  • Conflits armés et bases économiques : changer notre regard...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun, cueilli sur Geopragma et consacré aux bases économiques de la puissance.

    Membre fondateur de Geopragma, Pierre de Lauzun a fait carrière dans la banque et la finance.

     

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    Conflits armés et bases économiques : changer notre regard

    On connaît l’importance de la base économique de la puissance. Mais plusieurs développements nouveaux conduisent à prendre du recul et à remettre en cause certains schémas établis. Notamment on a eu tendance à oublier que les facteurs économiques de puissance du temps de paix ne sont pas les mêmes en cas de conflit. Cela vaut notamment pour la vulnérabilité aux ruptures d’approvisionnement et embargos, ou pour la capacité industrielle – armement ou construction navale. Inversement la puissance financière ou la présence de multinationales s’avèrent alors moins décisives qu’en temps de paix. Et donc la position des différentes puissances n’est pas la même. Cela concerne en outre plus spécifiquement la France, qui est dans une situation assez différente de celle des autres pays européens.

    La vulnérabilité aux ruptures d’approvisionnement et embargos

    Déjà le Covid avait mis en évidence les graves problèmes que posait la dépendance d’une économie à l’égard du reste du monde, s’agissant notamment des matières premières et des chaînes mondiales de production. Une stratégie d’approvisionnement rationnelle dans un contexte de circulation assurée des biens peut se trouver mise en défaut si un obstacle intervient : une décision politique, un embargo, une priorité donnée par une puissance exportatrice à ses besoins internes, un nouvel antagonisme, une interruption physique des approvisionnements maritimes. Deux événements de la période récente rappellent cependant que les effets de ces ruptures peuvent être variables selon les cas : les sanctions contre la Russie d’un côté, les épreuves de force quelque peu chaotiques auxquelles se livre Donald Trump de l’autre.

    Dans cette dernière affaire, les Etats-Unis de Trump ont pu mesurer plus que jamais leur degré élevé de dépendance industrielle à l’égard de la Chine. Les droits de douane envisagés touchent des flux considérables d’approvisionnements non remplaçables facilement. Et la Chine résiste à la pression, même si elle peut perdre des marchés importants. Cela s’ajoute à la question également bien connue des matières premières, notamment des minerais technologiquement vitaux. La conclusion qui s’en déduit des deux côtés est l’intérêt de réduire cette dépendance réciproque. Cela ne paraît pas insurmontable, au moins sur la durée.

    En revanche, les sanctions contre la Russie n’ont pas été sans effet, mais pas ceux escomptés, et l’Europe (qui les a décidées) en a souffert elle aussi, tant sur le coût de l’énergie qu’en bradant l’énorme portefeuille d’entreprises qu’elle contrôlait en Russie. L’effet sur la Russie a été une massive réorientation de ses échanges, qui n’était certainement pas dans l’intérêt des Occidentaux. Il est vrai qu’elle a par nature une capacité d’autarcie importante, encore renforcée par le fait que c’est un des très rares pays à technologie militaire relativement complète et autonome – n’étant dépendante que pour certains composants et produits élaborés, qu’elle a pu en l’espèce trouver en bonne partie ailleurs (contrebande, Chine etc.). Quant aux sanctions financières, elles ont rencontré leurs limites, et en réalité minent la crédibilité du système financier global, contrôlé par les Occidentaux : si vous gelez les actifs que vous ont confiés quelqu’un, la confiance en vous diminue.

    Ce que l’on voit dans ces exemples, c’est que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Les grands pays construits pour une relative autonomie comme Chine et Russie partent avec un avantage relatif. Ce pourra être à terme et à nouveau le cas d’autres qui ont quelque peu négligé ce souci, mais qui ont un considérable potentiel de résilience, comme les Etats-Unis. Les pays d’Europe, eux, en sont loin – même si la France se distingue par une certaine capacité d’autonomie, dans ses systèmes d’armement et potentiellement ses ressources maritimes. Très vulnérables sont en revanche d’autres pays, même de taille appréciable ; comme on l’a vu avec l’Iran, très affaibli par les embargos dans sa capacité de résilience – même s’il a résisté. 

    La capacité industrielle et la technologie

    L’importance de la dimension industrielle et notamment de l’industrie d’armement avait été elle aussi un peu perdue de vue ; elle est revenue au premier plan avec la guerre d’Ukraine, énorme consommatrice de ressources, y compris sous la forme la plus simple (munitions). Ce qui suppose une industrie d’armement à très grosse capacité, permanente ou pouvant monter en régime très rapidement.

    A vrai dire, l’histoire avait montré le rôle décisif de ce facteur industriel : la défaite de la marine impériale japonaise face aux Américains était dans une mesure importante la résultante de l’écrasante supériorité industrielle de ces derniers à l’époque, y compris dans la construction navale. Or la désindustrialisation galopante du monde occidental, y compris des Etats-Unis, change radicalement ces données, notamment face à la Chine : celle-ci est désormais bien plus puissante industriellement qu’eux, y compris dans la construction navale. Une éventuelle guerre à propos de Taiwan pourrait donc révéler des surprises : outre le fait que les Américains devraient opérer très loin de chez eux, ils risqueraient de ne pas tenir sur la durée et de se révéler moins puissants qu’on le croit habituellement. Ce à quoi s’ajoutent leurs difficultés à trouver des marins et le vieillissement de leur flotte. Certes, la marine chinoise n’a pas d’expérience de guerre, mais la japonaise n’en avait pas non plus lorsqu’elle a écrasé la marine russe à Tsushima ; et surtout elle peut supporter des pertes bien plus importantes en reconstituant ses forces. Le débat fait d’ailleurs rage aux Etats-Unis sur les moyens de reconstituer des chantiers navals moins étiques.

    Un deuxième est la dimension technologique. Autant il est illusoire de ne compter que sur la technologie dans des conflits où le facteur humain reste crucial, autant elle a montré sa capacité à faire la différence sur des points essentiels, par exemple la couverture satellitaire pour surveiller les mouvements et guider les tirs de tout type. De même quand des technologies nouvelles changent en profondeur les modalités des affrontements ; elles peuvent d’ailleurs parfois être accessibles à des pays de développement moyen : ainsi les drones ont joué et jouent un rôle majeur en Ukraine, même développés en Iran ou en Turquie. Inversement, Israël a montré l’usage qui pouvait être fait de technologies de pointe dans sa lutte contre le Hezbollah et l’Iran. La guerre d’Ukraine a en outre bouleversé toute la problématique militaire, rendant partiellement obsolètes, en tout cas d’usage bien plus dosé, les instruments coûteux qui dominaient autrefois sans conteste (chars, avions, grands navires). Il ne suffit donc pas d’être avancé technologiquement, il faut aussi avoir un appareil de recherche et de production très mobile, et être en permanence sur les bons créneaux du moment.

    Les transports maritimes enfin : on y pense moins, mais ils pourraient être à l’origine de crises, ou de mutations importantes, notamment d’un recul de la mondialisation. Jusqu’à la période récente la liberté de la navigation était très largement assurée, du fait notamment de la domination des Etats-Unis et de leur marine. La situation évolue, par un relatif désengagement des Américains, par développement d’alternatives à commencer par la Chine, et par la montée de menaces multiples, dont les Houthis donnent un avant-goût. La possibilité d’une réduction du transport maritime, par insécurité ou coût élevé, est concevable. D’où l’importance clef de la dimension navale, pour ceux qui peuvent se le permettre. La marine devrait justement être une priorité nationale majeure en France, compte tenu de l’immensité de son domaine maritime, étendu sur toute la planète.

    Des facteurs surévalués en cas de conflit

    Inversement, d’autres facteurs, importants voire décisifs en temps de paix, se voient fortement relativisés en cas de conflit latent ou ouvert.

    Le premier est la puissance financière. Elle est évidemment appréciable : un conflit ouvert est effroyablement coûteux, et même une politique de défense ambitieuse ; les pays de la péninsule arabique n’auraient pas le poids qu’ils ont sans l’extraordinaire rente pétrolière dont ils disposent. Et la Chine n’aurait pu devenir la deuxième puissance militaire de la planète, et renforcer son influence à travers les « routes de la soie », sans son impressionnant succès industriel et technique. Ni les Etats-Unis maintenir leur rang sans le rôle du dollar et leur finance dominante, malgré un endettement pathologique et la désindustrialisation.  Mais d’un autre côté, comme on l’a vu avec la Russie, l’arme des embargos financiers s’est avérée à double tranchant. Ajoutons qu’en cas de guerre ouverte les mécanismes financiers sont très gravement remis en cause : la finance n’est donc pas un puissant outil en cas de vrai conflit. Par ailleurs, la tendance récurrente à des crises financières est une faiblesse structurelle des sociétés occidentales ; avec éventuellement, à terme, une dislocation progressive d’outils devenus internationaux sous leur contrôle, comme le rôle du dollar, et la montée d’autres mécanismes, d’ailleurs amorcés déjà.

    Le second facteur à relativiser est le rôle des acteurs non-étatiques, les entreprises multinationales. Leur puissance économique est réelle et n’est pas un fait nouveau. Les GAFAM structurent à leur façon la culture commune de la plupart des pays (hors Chine et Russie). Le même effet peut apparaître en matière d’Intelligence Artificielle, actuellement dominée par les Etats-Unis et dans une bonne mesure la Chine. Cela dit, il n’est pas évident que ces influences jouent en dehors du cadre des pays supports de ces sociétés (essentiellement Etats-Unis et Chine aujourd’hui, d’autres peut-être demain). Les multinationales sont vulnérables aux vraies puissances et notamment à leurs pays d’origine, comme on le voit avec Musk face à Trump. Le jeu de tels acteurs, important pour comprendre la problématique internationale actuelle, ne remet donc pas en cause le fait que le déterminant principal reste les rapports entre les puissances souveraines elles-mêmes.

    Conclusion

    Pays par pays, on tend plutôt à conclure sur ces différents plans que pour affronter un conflit un tant soit peu sérieux les Etats-Unis pourraient partir dans des conditions plutôt robustes, moyennant un important effort de redressement (qui peut être rendu difficile par leurs profondes divisions internes et leurs blocages, et le besoin d’agir sur la durée). La Russie probablement aussi sauf crise interne, mais sur un mode rustique et dans la dépendance de la Chine. La Chine enfin a une puissance industrielle dominante et n’est guère vulnérable que dans l’énergie et quelques matières premières et dans des techniques très avancées – dans lesquelles elle investit massivement pour les dominer ; même si elle peut aussi connaître des crises internes.

    En revanche, l’Europe, très hétérogène, est beaucoup plus exposée, et le serait gravement en cas de conflit ouvert. Quant à la France, sa double spécificité dans l’armement et dans le domaine maritime la met à part des autres pays européens. Si elle a intérêt à coopérer avec eux, cette spécificité est trop forte pour qu’elle abandonne son autonomie dans une défense européenne prétendument intégrée, et en réalité à la fois molle, limitée au champ européen et incapable de prendre son autonomie à l’égard des Etats-Unis.

    Quoiqu’il en soit, la diversité des situations paraît a priori considérable. Et donc la multipolarité à venir se révélera pleine de surprises …

    Pierre de Lauzun (Geopragma, 14 juillet 2025)

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  • Quand la magistrature devient tyrannique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré, au travers du cas de Matteo Salvini, au développement de la tyrannie judiciaire en Europe.

     

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    Quand la magistrature devient tyrannique : l’affaire Salvini et la dictature judiciaire…en Italie…comme en France

    Le cas Salvini en Italie n’est pas un fait divers judiciaire. C’est un symptôme. Celui d’une maladie gangrenant toutes les démocraties européennes : la tyrannie des juges.

    L’Europe se meurt lentement, mais sûrement, étranglée non par les coups d’État militaires ou les révolutions de rue, mais par les caprices glacés d’une magistrature hors de tout contrôle. L’affaire Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien, acquitté pour avoir défendu les frontières de son pays, puis de nouveau traîné devant les tribunaux par des procureurs acharnés, en est une nouvelle démonstration. Une de plus. Une de trop.

    Un acquittement ? Qu’à cela ne tienne. On rejoue.

    En décembre 2024, Salvini est blanchi par la justice italienne dans l’affaire dite Open Arms. Le tribunal reconnaît qu’il n’a fait que son devoir : empêcher un navire ONG – qui avait déjà ignoré plusieurs ports sûrs – de forcer le territoire italien avec 147 clandestins à bord. Le droit de la mer était de son côté, la Constitution italienne aussi. Fin de l’histoire ? Non. Car dans l’Europe post-démocratique, le droit n’est plus une boussole : c’est une arme, brandie au gré des humeurs militantes de certains magistrats.

    Voilà donc que le parquet de Palerme, incarné par le procureur Maurizio de Lucia, décide de passer outre l’appel pour se pourvoir directement en cassation. Un recours per saltum, rare, exceptionnel, mais devenu désormais l’outil des juges militants pour contourner la loi lorsqu’elle ne va pas dans leur sens. Ce n’est plus de la justice, c’est du sabotage politique. C’est un coup d’État rampant.

    Les juges n’ont de comptes à rendre à personne. C’est cela, le vrai scandale.

    Dans une démocratie normale – si tant est que cela existe encore en Europe de l’Ouest –, les magistrats seraient responsables de leurs actes. Ils devraient rendre des comptes sur leurs décisions, sur leurs éventuelles erreurs, sur leurs engagements politiques ou idéologiques. Ils devraient être évalués, contrôlés, révoqués s’ils trahissent leur serment d’impartialité. Mais aujourd’hui, ils sont tout-puissants et irresponsables. Ils peuvent détruire des vies, ruiner des réputations, renverser des ministres… sans jamais en répondre. Et surtout, sans jamais être élus.

    Pire : cette magistrature se permet de définir ce qu’est une politique migratoire légitime, en niant toute notion de souveraineté, en piétinant la volonté populaire, en criminalisant ceux qui osent dire non à l’invasion migratoire. Refuser un débarquement illégal devient un crime. Défendre ses frontières, une séquestration. Exiger des juges qu’ils ne fassent pas de politique ? Une hérésie.

    Alors que faire ? Reprendre la main.

    Il est temps, grand temps, que les gouvernements dits démocratiques rétablissent une hiérarchie claire : celle du pouvoir politique sur la magistrature. Il faut un contrôle parlementaire mais aussi populaire des juges. Un examen de leur neutralité. Une traçabilité de leurs décisions. Et, en cas d’abus, des sanctions : blâmes, suspensions, radiations. Oui, même la radiation à vie. Car une erreur judiciaire n’est pas une faute technique, c’est une trahison du peuple.

    Et s’ils refusent l’examen, s’ils persistent dans leur volonté de faire de la justice un instrument d’idéologie mondialiste, alors peut-être faut-il aller plus loin. Oui, songer à robotiser la justice. À remplacer les juges par des algorithmes, des IA impartiales, infaillibles, insensibles aux pleurnicheries des ONG et des avocats militants. Car au moins, un robot ne se prend pas pour Robespierre.

    Et que dire de la féminisation accélérée de la magistrature ?

    En France, plus de 70 % des magistrats de première instance sont désormais des femmes. Ce changement radical de sociologie n’est jamais interrogé. Pourtant, il modifie profondément la façon de rendre la justice. L’émotion peut remplacer la rigueur. La compassion systématique pour les minorités remplace l’équilibre. La perception subjective prime sur l’ordre légal. Et les hommes – pères, maris, chefs d’entreprise – sont de plus en plus nombreux à se demander si la justice rendue en leur nom l’est encore à égalité.

    Ce constat n’a rien de misogyne. Il est factuel, observable. Et il appelle une réflexion : peut-on confier les clés de l’autorité judiciaire à une institution qui n’est plus ni représentative, ni contrôlée, ni même soumise au peuple ?

    L’Europe est devenue une oligarchie judiciaire. Une dictature froide, qui n’a pas besoin de chars ni de prisons : elle a des robes noires et des codes. Si les dirigeants politiques ne reprennent pas le contrôle sur cette caste, alors la démocratie ne sera plus qu’un souvenir. Un mot vide. Une illusion.

    L’affaire Salvini n’est pas un accident. C’est une alerte. La dernière, peut-être.

    Julien Dir (Breizh-Info, 22 juillet 2025)

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