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Points de vue - Page 4

  • Les hooligans du néant

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré aux rivalités destructrices au sein du "camp national"...

     

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    Partisans du RN contre Fans de Reconquête: les hooligans du néant

    Ah, quelle farce. Chaque jour qui passe, les réseaux sociaux nous offrent le spectacle pathétique d’une guerre de tranchées entre groupies du RN et ultras de Reconquête, incapables de penser autrement que par les voix ou agissements de leurs chefs/élus respectifs. On s’insulte, on s’excommunie, on brandit des captures d’écran comme autant de trophées de chasse numérique. Pendant ce temps-là, la Bretagne, la France, l’Europe continuent de se déliter, l’immigration de prospérer, et l’État de se soumettre à toutes les idéologies mondialisées. Mais les “patriotes”, eux, préfèrent se déchirer dans un concours de pureté stérile.

    Des bulles qui tournent en rond

    Les partisans de Zemmour accusent les électeurs du RN de trahison, de compromission, de mollesse. Ceux de Marine et Bardella répliquent en expliquant que Reconquête les “plombe électoralement”. Les uns se prennent pour des stratèges, les autres pour des résistants. En réalité, ils ne sont que les otages d’une société de bulles : bulles médiatiques, bulles virtuelles, bulles narcissiques. Chacun vit enfermé dans son aquarium numérique, persuadé de représenter le “vrai peuple” alors qu’il ne fait que s’adresser à son reflet.

    C’est la victoire du marketing sur les idées. Les uns se rassurent en jouant aux gaullistes de province, terroir et saucisson, les autres se grisent d’une radicalité de plateau télé. Mais au fond, ces guerres de boutique ne servent qu’à gonfler les egos de leurs chefs respectifs, qui se nourrissent de cette rivalité pour exister.

    Les angles morts des uns et des autres

    Les pro-RN hurlent que Reconquête leur “vole des points”. Jamais ils ne se demandent pourquoi tant d’électeurs sont lassés par les ambiguïtés sociétales d’un parti qui flirte parfois avec la gauche progressiste sur des sujets décisifs. À force de se travestir en parti de gouvernement respectable, à force de n’être qu’un RPR des années 90 et de refuser d’appeler à descendre dans la rue, le RN finit par singer ses adversaires.

    À l’inverse, les pro-Zemmour ne comprennent pas que nombre de Français, fatigués, précarisés, veulent avant tout être rassurés. Peu leur importe la hauteur des discours ou la radicalité des propositions : ils se tournent vers Marine Le Pen et Bardella parce qu’ils apparaissent comme plus “proches du peuple”. Illusion ? Sans doute. Mais les illusions font partie du réel, et les ignorer, c’est se condamner à ne jamais gagner.

    Le panier de crabes

    Ces querelles intestines ne sont pas seulement ridicules, elles sont révélatrices : la politique est un tas de lisier où chacun patauge avec un rictus de haine. On se déteste, on se jalouse, on se fantasme en gladiateur d’Internet, alors qu’au fond, on partage les mêmes constats sociaux, les mêmes angoisses démographiques, la même colère contre la dépossession de notre pays.

    Et comble du cynisme : ceux qui s’invectivent comme des chiens enragés sur les réseaux ignorent que dans la réalité, nombre de cadres du RN et de Reconquête sont copains comme cochons. On se vouvoie à l’antenne et on s’engueule pour le spectacle, puis on se tape dans le dos hors caméra. La guerre des supporters n’est qu’un théâtre d’ombres pour amuser la galerie.

    Voilà le fond du problème : les vrais perdants, ce sont les militants, les sympathisants, les fans. Comme des hooligans sans stade, ils gueulent, ils insultent, ils s’écharpent… mais ils ne construisent rien. Ils vivent par procuration, attendant que leur chef providentiel conquière le pouvoir à leur place. Ils se passionnent pour des joutes virtuelles, plutôt que d’agir concrètement, de s’organiser localement, de prendre leur destin en main.

    Ils ne voient pas que ce qui les divise n’est rien face à ce qui devrait les unir : la défense d’un peuple, d’une civilisation, d’une identité. Mais la politique moderne est devenue un spectacle, et comme tout spectacle, elle a besoin de son lot de supporters décérébrés pour exister.

    Réveillez-vous

    Alors oui, il est temps de secouer le cocotier. Droite nationale, droite identitaire, droite radicale : arrêtez de jouer aux hooligans du néant. Cessez d’être les groupies hystériques de leaders qui ne voient en vous qu’une masse de clics et de voix interchangeables.

    Le véritable combat n’est pas sur Twitter ni sur TikTok. Il est dans la rue, dans les associations, dans les familles, dans les villages et les quartiers où se joue l’avenir. Le choix est simple : continuer à se haïr au nom de querelles d’appareil, ou bâtir une force populaire réelle, qui dépasse les boutiques partisanes et les petites vanités.

    Parce que sinon vous finirez tous par ressembler à ce que vous prétendez combattre : des spectateurs passifs, consommateurs d’illusions, prisonniers de la société du spectacle. Et dans ce cas-là, vous ne mériterez même plus de parler de “patrie”. Qui aura disparu depuis bien longtemps…

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er octobre 2025)

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  • Les oligarchies contre les peuples, la menace du totalitarisme en Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Festivi cueilli sur EuroLibertés et consacré à l'étranglement progressif de la liberté des peuples en Europe...

    Avocat honoraire et ancien bâtonnier de l'ordre, Michel Festivi est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques consacrés à l'Espagne de la première moitié du XXe siècle.

     

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    Les oligarchies contre les peuples, la menace du totalitarisme en Europe

    Partout en Europe, dans une Europe passoire sans frontières protégées, submergée au demeurant par une immigration incontrôlée, le plus souvent illégale, gangrenée par une violence exponentielle, et livrée aux narcotrafics, les États profonds et les technostructures mondialisées recherchent par tous les moyens à empêcher la libre expression populaire, qui tente de s’opposer à la disparition de la civilisation millénaire, qui depuis Athènes et Rome, en passant par le Christianisme bâtisseur de nos Cathédrales, avaient façonné nos pays, nos lois, nos mœurs, nos coutumes, nos traditions et ont apporté au monde les splendeurs absolues de la littérature, de la peinture, des arts, de l’architecture, la France étant de surcroit  « mère des arts, des armes et des lois », comme la décrivait Joachim du Bellay dans son recueils Les Regrets en 1558 .

    Dans une envolée lyrique dont il avait le secret, Charles de Gaulle avait déclaré : « Il ne peut y avoir d’autre Europe que celle des États en dehors des mythes, des fictions, des parades ». Il avait rajouté : « Je ne crois pas que l’Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l’Allemagne avec ses Allemands, l’Italie avec ses Italiens, etc, Dante, Goethe, Chateaubriant appartiennent à toute l’Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapük intégré ». (Conférence de presse du 15 mai 1962).

    Mais depuis, les temps ont bien changé. Désormais, c’est tout le contraire qui est entrepris, pour broyer les peuples, les supprimer, les nier, pour les agglomérer dans un magma informe et infect. Cette politique totalitaire se retrouve partout. En Roumanie, avec le scandale des annulations des élections qui allaient porter au pouvoir un anti-européiste convaincu largement gagnant dès le premier tour de scrutin. En Pologne, où la mobilisation bruxelloise a fini par faire revenir Tusk au pouvoir, mais heureusement n’a pas pu empêcher la victoire, à la présidentielle, du nationaliste Karol Nawrocki. En Géorgie, où tout est entrepris pour forcer la main mise de Bruxelles. En France, avec des tripatouillages électoraux entre les deux tours, qui ont empêché la victoire du RN en 2024, et la prise de pouvoir de juges non élus, qui entendent phagocyter la libre expression des citoyens par des révolutions institutionnelles et juridiques des plus dictatoriales, retoquant certaines lois sur des motifs les plus stupéfiants, et interdisant à certains candidats capables de parvenir au plus haut, de se présenter. Il faudra surveiller de près les prochaines élections en Moldavie, et l’an prochain en Hongrie, où les appareils internationaux se mobilisent comme jamais. La Grande Bretagne, pays à la pourtant longue tradition des libertés publiques, malmène ses opposants, n’hésitant pas à les emprisonner pour de simples délits d’opinion, même un comique, qui n’avait pas l’heur de plaire au pouvoir, avait été appréhendé à sa descente d’avion.

    Mais c’est en Allemagne, où les éléments se déchainent avec le plus de force contre le peuple allemand. Et c’est l’AfD qui est au centre de toutes les attentions mortifères, pour l’éliminer, la dégager, et l’empêcher d’exister. Depuis sa création en 2013, elle est au centre d’une incroyable série de procédures policières, administratives et juridiques, car elle gène, elle dérange et ses immenses succès électoraux ravivent les intentions d’ostracisme à son égard.

    J’ai décrit ici même, comment dans l’Ouest du pays, elle avait il y a quinze jours, triplée son score précédent à des élections locales en Westphalie. L’excellent site Breizh-Info nous apprend, qu’à Ludwigshafen, ville industrielle de Rhénanie-Palatinat, elle a été interdite de se présenter par le conseil municipal. L’argument sempiternellement avancé « la défense de la démocratie » ! Belle litote au demeurant, rejoignant celle du guillotineur Saint-Just, et préfigurant toutes les dictatures rouges « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Par tous les moyens, l’État allemand, avec la bénédiction des instances européennes, entend paralyser l’action de l’AfD, qui n’a qu’un tort, se présenter librement au suffrage des Allemands et y recueillir de plus en plus de succès, en luttant contre l’immigration invasive, la délinquance qui se multiplie, les escrologies climatiques et environnementales qui détruisent les industries, l’appauvrissement de ceux qui travaillent, la gabegie généralisée.   

    Le 2 mai 2025, l’Office de protection de la Constitution (sic), chargé du renseignement intérieur, a classé l’AfD comme un mouvement « extrémiste de droite confirmé », avec comme motif « les indices selon lesquels l’AfD aurait des aspirations contre l’ordre fondamental libéral et démocratique », sont devenus des « certitudes », pour cette police de la pensée, digne du ministère de la Vérité d’Orwell, dont son récit d’anticipation, 1984, n’a jamais été aussi près de la réalité. L’AfD a contesté cette décision, qui a été suspendue pendant la procédure d’appel, mais le risque est immense. En dernier ressort, c’est la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui tranchera.

    Gageons que le combat, en Allemagne, comme partout en Europe est loin d’être fini. Les coups bas vont continuer à tomber comme à Gravelotte. Ainsi, on vient juste de l’apprendre, un tribunal du land de Berlin vient d’ordonner à l’AfD de quitter son siège national, donnant raison au propriétaire qui invoquait la violation par l’AfD de ses obligations lors de la soirée électorale de février 2025, célébrant son succès aux élections législatives. L’AfD devrait quitter les lieux à la fin de 2026, le motif invoqué, l’AfD avait projeté son résultat exceptionnel et son logo sur un des murs du bâtiment. Mais l’AfD a fait savoir, qu’elle avait acquis désormais de nouveau locaux. (En février 2025 L’AfD avait augmenté son score de 10,4%, passant à 20,80%, obtenant 152 députés contre 69 auparavant et devenant avec plus de 10 millions de voix le second parti du pays).

    C’est le stalinien Bertolt Brecht, qui après la révolte ouvrière berlinoise du 17 juin 1953, réprimée dans le sang par les communistes de Berlin-Est, avait renouvelé son soutien au parti communiste Est-allemand, le SED, et dans une lettre adressée au tyran Walter Ulbricht avait affirmé : « puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». C’est cette continuité historique qui se développe partout actuellement en Europe et singulièrement en Allemagne. Espérons que les peuples ne se laisseront pas faire.

    Michel Festivi (EuroLibertés, 30 septembre2025)

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  • "Grosse poularde gavée d'aliments toxiques" : autopsie du citadin contemporain...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous,  sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, la chronique du 23 septembre 2025 de Romain Petitjean consacrée au citadin contemporain et à sa coupure du monde réel.

    Romain Petitjean est coordinateur du développement de l'Institut Iliade.

     

                                              

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  • Privatiser l’audiovisuel public : une si bonne idée ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la polémique qui enfle autour de la mainmise de la gauche sur le service public de l'audiovisuel et à l'idée d'une privatisation intégrale comme unique remède...

     

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    Privatiser l’audiovisuel public : une si bonne idée ?

    Notre gauche médiatique, c’est un peu comme les sportifs anglais, qui ne font preuve de fairplay que lorsqu’ils gagnent. Ainsi, nos donneurs de leçons aiment tourmenter leurs adversaires politiques, mais ne supportent pas de se trouver à leur tour dans la tourmente. Jurisprudence France Inter ?

    Normalement, selon leurs calculs (comme disent les technocrates), la chasse à courre devrait obéir à des règles immuables. En bonne logique, Mediapart lance l’affaire, avant d’être tôt relayé par Libération et L’Humanité. Puis, Le Monde et France Inter se chargent de l’onction officielle. Les loups chassent en meute ; les rats aussi, semble-t-il. Seulement voilà, la gauche n’a plus le monopole du fric et de la rancœur. La preuve par Vincent Bolloré, par exemple, qui, à droite, a le portefeuille et le cœur. Et qui vient les chatouiller sur leur propre terrain, avec leurs propres méthodes. Car lui aussi, sait chasser en meute et faire sien le principe d’opportunité. La vidéo de L’Incorrect, où l’on voit Thomas Legrand et Patrick Cohen expliquer comment ils vont influer en même temps sur les municipales à Paris (en s’occupant de Rachida Dati) et sur l’élection présidentielle à venir (en faisant la retape de Raphaël Glucksmann contre Jean-Luc Mélenchon).

    Et son système, calque de celui de ses adversaires politiques, d’aussitôt tourner en boucle : Cnews fait enfler la polémique, aussitôt relayée par le JDNews, ensuite reprise par Europe 1 et qui fait la une du Journal du dimanche. Du beau boulot. À gauche, on n’aurait pas mieux fait.

    Delphine Ernotte acculée…

    D’où une Delphine Ernotte, femelle blanche de plus de 50 ans, matriarche du service public, et qui, bousculée par la vague médiatique, est désormais tenue de se justifier. Bon, elle ne le fait pas n’importe où, mais dans Le Monde, gardien vespéral des élégances démocratiques, ce 18 septembre. Sa stratégie ? Simple comme bonjour : « La galaxie de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation et l’exprime avec violence. (…) On a besoin de toutes les bonnes volontés républicaines de ce pays pour s’élever contre cette violence verbale de nature presque politique».  Allons bon. Comme si l’audiovisuel public n’en faisait pas, lui, de la politique. Passons.

    D’ailleurs, si l’on résume : le méchant Bolloré attaquant le gentille Ernotte vaudrait donc brevet de bonne conduite « républicaine » pour ce service public censé être au service de la nation. Pauvre Marianne qui, à force de se voir embrigadée de force par tel ou telle, doit aujourd’hui peiner à s’asseoir, à force d’avoir mal au fion.

    Rachida Dati ou la « diversité » à géométrie variable…

    Après la lecture des Évangiles, le sermon, publié dans Le Monde, quatre jours plus tard, dans un éditorial anonyme. Et là, il y en a pour tout le monde. Rachida Dati, ministre de la Culture (jusqu’à quand ?) : « En multipliant les propos dévalorisants, la ministre de tutelle de l’audiovisuel préfère se joindre à la curée au lieu de défendre et de mettre en avant ses réussites, comme les audiences record de Radio France». Hormis les relents nauséabonds de misogynie et de marocanophobie, on ajoutera que ce n’est pas parce qu’une émission cartonne qu’elle est forcément bonne. Autrement, Cyril Hanouna serait à la place d’une Léa Salamé, la nouvelle speakerine de France 2, et Christine Kelly à celle de Delphine Ernotte.

    Et la même tribune d’en appeler ensuite aux mannes géopolitiques : « Trop de précédents étrangers disent ce que peut recouvrir une attaque en règle contre un service public de l’information par un courant politique sous le couvert de la lutte pour la liberté d’expression : un démantèlement suivi par la mise en place d’une parole monolithique. En France, la transformation des médias privés rachetés par Vincent Bolloré, traduite par la purge de leurs rédactions, a d’ailleurs suivi ce modèle».  Si France Inter se retrouve prise dans son propre piège, c’est donc à la faute de Cnews. La dialectique est un peu courte, madame.

    Quand France Inter n’était ni de gauche et ni de droite…

    Ou de l’art de peindre des diables sur les murs pour ensuite faire mine d’y croire, comme si la parole de Radio France n’était-elle pas, elle aussi, de longue date « monolithique ». Ce qui ne fut d’ailleurs pas toujours le cas, il convient de le noter. Ainsi, au siècle dernier, sur France Inter, un certain Jean-François Chiappe, époux de Marina Grey, fille du général Denikine, chef de la contre-révolution russe ayant manqué de peu de battre l’Armée rouge, fut l’un des principaux animateurs des émissions historiques diffusées par le service public. Dans le même temps, il assurait la formation politiques des militants du Front national d’alors. Et personne n’y trouvait rien à y redire, même ses homologues communistes ayant également leurs ronds de serviette dans ce qui s’appelait alors l’ORTF, avant qu’un Valéry Giscard d’Estaing ne vienne y mettre mauvais ordre en procédant à son démantèlement.

    Dans le même registre, et cela devrait faire honte à Delphine Ernotte, il n’est pas si lointain, le temps où un Michel Polac, avec son émission Droit de réponse, diffusé sur un TF1 pas encore privatisé par la droite chiraquienne, invitait indifféremment Claude Cabanes, de L’Humanité, Dominique Jamet du Quotidien de Paris, Jean Bourdier de Minute, et même des ludions incontrôlables tels que Jean-François Kahn, directeur des Nouvelles littéraires.

    La privatisation, nouvelle paupérisation…

    Et c’est quand TF1 fut racheté par le groupe de BTP Bouygues que ce bel éclectisme prend fin. Dans un registre similaire, et à l’époque où la télévision était tenue par l’État, les amateurs de musique y trouvaient leur compte. Pour ceux de l’opéra, il y avait Ève Rugierri. Ceux de rock pouvaient regarder Chorus, d’Antoine de Caunes ou Les Enfants du rock, de Pierre Lescure avec Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre, tandis que ceux de chansons françaises à l’ancienne, pouvaient trouver leur miel avec La France aux chansons, de Pascal Sevran. Aujourd’hui ? Plus rien, si ce n’est du rap partout et de la chanson de qualité frelatée, façon Laurent Delahousse déroulant le tapis rouge devant une Juliette Armanet.

    Comme quoi la privatisation n’est pas forcément la solution à tout. De cette dernière, il est actuellement beaucoup question, le groupe Bolloré en ayant fait l’un de ses étendards. Mais ces positions sont-elles aussi caricaturales qu’on le dit ? Rien n’est moins sûr, un Pascal Praud se montrant bien souvent nostalgique de l’ORTF à papa. Certes, le Moloch public nous coûte « un pognon de dingues », comme dirait « l’Autre ». 4 milliards d’euros par an, ce n’est pas rien. 665 millions d’euros pour Radio France, c’est plus que l’ensemble du budget de toutes les radios privées réunies. 14 chaînes de télévision, c’en est au moins quelques-unes de trop, à l’instar de leurs 59 stations de radio. Ainsi, les partisans de la privatisation du service public ne sont pas sans arguments. Bref, il conviendrait peut-être de « dégraisser le mammouth », tel que jadis préconisé par Claude Allègre, ministre de l’Éducation de Lionel Jospin.

    Ce qu’en dit Marine Le Pen…

    Ainsi, Marine Le Pen, interrogée par Le Journal du dimanche du 21 septembre, ne semble pas tomber du cocotier vis-à-vis de la polémique en cours : « Non, je ne suis pas surprise. C’est un secret de Polichinelle que madame Ernotte est une militante très marquée à gauche. Mais là, elle franchit un cap supplémentaire. Elle n’est absolument pas dans son rôle. Et ce type de type de sortie devrait conduire à son départ. Parce qu’il ne revient pas à la présidente de France Télévision de distribuer des brevets d’honorabilité aux chaînes privées». Quant à l’éventuelle privatisation de ce qui fut naguère un joyau français, cette réponse : « Nous proposons une privatisation quasi-totale, avec quelques exceptions : garder une voix pour l’international, un canal d’urgence pour les crises et le lien avec l’Outre-mer».

    Est-ce la bonne solution ? Pas forcément, sachant qu’au lieu de réformer en profondeur l’institution en question (tâche éventuellement impossible, tant les syndicats y dictent leur loi), une Marine Le Pen entend, sans lui faire un procès d’intention, peu ou prou la brader. Mais à qui ? Des fonds d’investissement étrangers ? Des multinationales n’ayant que faire de nos contingences nationales ou de ce qui en demeure ? Vaste question, la logique de ceux qui font la politique n’étant pas toujours celle de ceux qui la commentent.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 23 septembre 2025)

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  • Quand les Français attendent Godot désespérément...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré à l'attente par nos compatriotes d'un dirigeant capable de redresser le pays.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Les Français attendent Godot désespérément

    Les Français attendent désespérément Godot. Un Godot politique qui les sauverait du naufrage annoncé de leur pays. Mais, comme dans la pièce de Samuel Beckett, Godot se fait attendre. Et, compte tenu de la tournure prise par la classe politique française, on se demande finalement si Godot n’arrivera jamais…

    Le Godot de gauche ne viendra plus

    D’abord, le Godot de gauche ne viendra pas… puisqu’il est déjà là.
    Il ne peut constituer une alternative au Système, puisqu’il est le Système.
    En France, la gauche a pris le pouvoir dans les années 80 et elle ne l’a pas lâché depuis. Mais cette gauche, à l’instar d’Emmanuel Macron, a renié son assise populaire pour se rallier à l’agenda globaliste de l’oligarchie et au turbo-capitalisme.
    Se proclamer de gauche, de nos jours, signifie donc promouvoir un monde woke, peuplé de monades égoïstes, sans traditions ni identités d’aucune sorte et livrées aux appétits des oligopoles, au prétexte de « jouir sans entraves ». Il y a désormais congruence totale entre l’idéologie de la société ouverte, telle que la promeut par exemple la galaxie Soros, et ceux qui continuent, chez nous, de se prétendre de gauche et de jouer aux « républicains ».
    Il n’y a donc rien à attendre du Godot de gauche, puisqu’il ne propose que d’accélérer dans la catastrophe : encore plus d’impôts et de dépenses publiques (alors que la France est déjà numéro un européen en ces domaines), encore plus d’immigration, encore plus d’éoliennes, encore plus de laxisme ou de censure selon les cas, encore plus d’européisme et d’atlantisme.

    Le Godot de droite a fini noyé dans l’extrême-centre

    Le Godot « de droite » ne viendra pas non plus, car il a fini noyé dans le marécage d’extrême-centre, à force de cohabiter avec la gauche depuis les législatives de 1986.
    La droite parlementaire ne correspond plus qu’à un rassemblement de notables, bien ancrés sur leurs prébendes locales, mais aux convictions indécises et à la détermination faiblarde.
    « Retenez-moi ou je fais un malheur », tel est son mantra, comme dans les opérettes marseillaises d’autrefois.
    Car cette « droite » finit toujours par accompagner le désastre tout en faisant mine de le contrer, et donc de soutenir le Système au prétexte hypocrite de rejeter « les extrêmes ». Comme si l’extrême-centre au pouvoir n’incarnait pas le nouvel extrémisme !

    Mais d’où pourrait donc provenir Godot ?

    Mais alors, d’où pourrait donc venir Godot s’il n’est ni de gauche ni de droite ?
    De « l’extrême-droite », nous disent les médias, qui nous prédisent à chaque élection la victoire imminente du RN, sa principale incarnation parlementaire. Et il est de fait que nombre de nos concitoyens voient en lui la rupture qu’ils souhaitent d’avec le Système.
    Pourtant, on peut s’interroger.
    D’abord, curieusement, ce mouvement a déserté les incessantes révoltes populaires qu’a connues notre pays depuis les grandes manifestations contre le « mariage pour tous », sous la présidence de François Hollande, abandonnant de fait la rue ou les pétitions à la gauche et aux black blocs, donc au Système.
    Ensuite, il attache tellement d’importance à sa dédiabolisation que sa ligne programmatique inquiète : par exemple, comment prétendre mettre fin au chaos migratoire ou instaurer la préférence nationale tout en promettant de respecter les traités européens et l’État de droit ? Comment proclamer sa volonté d’indépendance stratégique tout en voulant rester dans l’OTAN et en s’alignant en tout sur le bellicisme russophobe ? Comment prétendre relancer notre économie tout en promettant de recréer un impôt sur le capital financier ?

    La France attend

    Quant aux autres mouvements : souverainistes, partisans de Zemmour ou de Marion Maréchal, divisés à l’extrême tout en prônant l’union des droites (un grand classique quand on est minoritaire…), pour le moment, ils ne pèsent guère sur la scène électorale, malgré tous leurs efforts ou leur créativité 2.0.
    Même s’il ne faut jamais insulter l’avenir, les Français risquent donc d’attendre encore longtemps la venue de leur sauveur. Et de passer à côté du grand mouvement de renouveau qui saisit en ce moment l’Occident.
    Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que le soleil qui poudroie…
    Comme dans la pièce de Beckett ou le conte de Perrault, la France attend, fors l’espoir.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 septembre 2025)

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  • Macron à l’ONU : le discours d’un roi fainéant...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Daoud Boughezala cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la reconnaissance par Emmanuel Macron, à la tribune de l'ONU, d’un État palestinien.

     

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    Macron à l’ONU : le discours d’un roi fainéant

    Too late. Le général MacArthur répétait que toutes les erreurs s’abreuvaient à la même source : trop tard. En revêtant ses habits de roi fainéant replié sur la scène internationale, Emmanuel Macron renouvelle la loi du genre. Sa reconnaissance d’un État palestinien fantomatique mardi à la tribune de l’ONU arrive soit trop tôt, soit trop tard. Trop tôt pour ceux qui ne veulent pas de la solution à deux États ; trop tard au goût des partisans d’un État palestinien qui voient la boucherie se poursuivre à Gaza et la colonisation s’intensifier en Cisjordanie. En diplomatie, le « en même temps » ne paie pas. Impuissant, notre monarque républicain est condamné à égrener les vœux pieux : il faudrait des territoires palestiniens débarrassés du Hamas, une bande de Gaza pacifiée et une Autorité palestinienne renforcée.

    Une contradiction majeure

    Louable dans son principe, cet effet d’annonce ne sera suivi d’aucun effet tangible. Certes, le président de la République peut se targuer du soutien d’une majorité écrasante de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Mais ce vote ne reflète aucune réalité concrète, d’autant qu’Emmanuel Macron subordonne la reconnaissance pleine et entière du futur État palestinien à deux conditions : la libération des otages que détiennent le Hamas, le Jihad islamique et des familles à Gaza ; l’arrêt des combats dans l’enclave palestinienne. C’est là une première contradiction. Les soutiens inconditionnels de l’État hébreu auraient beau jeu de la relever : si l’Autorité palestinienne n’a rien à voir avec les massacres et les rapts du 7 octobre 2023, si le Hamas sera mis sur la touche du futur État, pourquoi conditionner sa reconnaissance à la libération de ces civils israéliens du reste parfaitement innocents ? À moins que l’éternelle pusillanimité du président Macron, plus proche de son immédiat prédécesseur qu’il ne veut bien l’admettre, le pousse à vouloir satisfaire tout le monde… au risque de ne contenter personne.

    Emmanuel Macron a déclaré que l’État palestinien n’existerait véritablement que le jour où son voisin – et actuel occupant – israélien le reconnaîtra. À la bonne heure. Il sait sans doute que Benyamin Netanyahou ne souhaite ni la libération des otages ni l’arrêt des opérations militaires à Gaza, l’une servant de prétexte à l’autre pour justifier son maintien au pouvoir en toute impunité. En violation quotidienne du droit international, le Premier ministre et ses alliés suprémacistes Ben Gvir et Smotrich (qui feraient passer les militants du Ku Klux Klan pour des colombes apprivoisées…) pratiquent le coup d’État permanent. Pilonner la population civile de Gaza, harceler les Palestiniens de Cisjordanie au nom d’une prétendue souveraineté juive sur la « Judée-Samarie », y étendre les blocs de colonies pour endiguer le moindre embryon de futur État palestinien : tout est bon pour faire avancer leur cause au mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Mahmoud Abbas, le con écarté du dîner

    Face au règne de la force, la France et les pays qui se rangent derrière sa position approuvent le principe d’un État sans frontières reconnues (Gaza, Cisjordanie, Jérusalem-Est ?), sans population clairement définie (quid du droit au retour des Palestiniens de la diaspora ?) ni la moindre once de souveraineté. Aux yeux de la rue arabe, Mahmoud Abbas, injustement privé de visa par l’administration Trump, apparaît comme le con d’un dîner auquel il n’est même pas convié. Humiliation suprême. Abbas a beau respecter les accords de sécurité signés dans les années 1990, Israël ne lui accorde plus la moindre autonomie, sinon sur un périmètre de plus en plus restreint de la Cisjordanie qui ressemble à un bantoustan. Ayant explicitement condamné les attaques du 7 octobre dans son discours onusien prononcé depuis son bureau de Ramallah, l’ancien fidèle d’Arafat passe pour l’obligé de la puissance occupante. En guise de rétribution, le gouvernement israélien ne veut même pas entendre parler du retour de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza si d’aventure la guerre s’achevait. On peut au moins reconnaître à Emmanuel Macron le mérite d’essayer de réanimer cette Autorité palestinienne corrompue, cacochyme et moribonde. On ne sait pas vraiment quelle alternative voudraient les actuels dirigeants d’Israël, dont les harangues jettent dans le même sac Hamas et Autorité palestinienne. Souhaitent-ils employer des mercenaires à leur botte, telle l’Armée du Liban-Sud (1982-2000) qui passa avec armes et bagages dans les coffres de Tsahal pour laisser place au Hezbollah ?

    L’argument de ceux qui n’en ont pas

    Reste l’argument massue de ceux qui n’en ont pas : l’antisémitisme. Reconnaître un État palestinien signifierait souhaiter l’effacement d’Israël, sinon son éradication, par des hordes déchaînées, dans une répétition à grande échelle du 7 octobre. À ce compte-là, la frange, certes minoritaire, mais active, des Israéliens favorables à deux États serait antisémite. Or, des personnalités patriotes aussi éminentes que les anciens ambassadeurs israéliens Nissim Zvili et Élie Barnavi se prononcent depuis longtemps pour la création d’un État palestinien. Dès 2014, Zvili me déclarait dans les colonnes de Causeur : « En accusant en permanence Mahmoud Abbas d’inciter à la violence, Israël commet une erreur à dessein : montrer qu’il n’y a pas de partenaire palestinien […] Au lieu de condamner les décisions des Parlements européens, je les encourage à reconnaître l’État palestinien car Israël doit comprendre qu’il ne vit pas isolé. Notre pays veut bien appartenir à la communauté internationale et en retirer tous les avantages, mais Israël est le premier à ne pas en respecter les décisions et les résolutions. »

    Reconnaître un cimetière

    Son homologue Élie Barnavi, autre figure de la gauche israélienne, appelle aujourd’hui à des sanctions contre le gouvernement israélien dont la guerre sans fin de Gaza n’obéit plus à aucune nécessité militaire. Antisémite, Élie Barnavi ? Tant les amis d’Israël que ceux de la Palestine devraient écouter l’avertissement qu’il a lancé dans les colonnes du Monde : si les exactions se poursuivent à Gaza, Emmanuel Macron finira par reconnaître un cimetière. Il faut faire taire les armes avant de se perdre en proclamations. Croire l’inverse serait prendre le problème à l’envers.

    Daoud Boughezala (Site de la revue Éléments, 24 septembre 2025)

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