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Points de vue - Page 6

  • La Pologne, quatrième grand en Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré à la montée en puissance de la Pologne en Europe. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

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    La Pologne, quatrième grand en Europe

    Pendant plus de sept générations, les Français n’éprouvaient que de la compassion quand ils parlaient de la Pologne. C’était une nation qu’ils aimaient, car catholique, romantique, courageuse ; Bonaparte et Clemenceau l’avaient rétablie dans ses droits, respectivement en 1807 et 1919.

    Mais les Français plaignaient aussi beaucoup la Pologne, tant elle fut maltraitée par l’Histoire contemporaine, qui la vit partagée trois fois (entre la Russie, la Prusse et l’Autriche) à la fin du XVIIIe siècle ; qui la vit trois fois se soulever en quête de sa liberté (1830, 1863,1944) dans des insurrections aussi vaines que sanglantes – les deux premières contre l’Empire russe, la troisième contre le IIIe Reich, sans que l’Armée rouge ne lève le petit doigt pour aider les insurgés ; qui la vit secrètement partagée puis attaquée en septembre 1939 par Hitler et Staline ; qui la vit sortir de la Seconde Guerre mondiale avec six millions de victimes (dont la quasi-totalité de ses trois millions de Juifs, assassinés par les nazis) ; qui la vit abandonnée au totalitarisme soviétique par les Occidentaux aux conférences de Yalta et de Potsdam (février et juillet 1945).

    Malgré leurs malheurs et les jougs qui leur furent imposés, jamais les Polonais ne perdirent leur ferveur nationale, ni la foi en leur destin. C’est à cette résilience, à ce courage, à cette espérance, que le président Charles de Gaulle voulut rendre hommage lors de son voyage de six jours en Pologne de septembre 1967. Le Général portait la culpabilité que l’état-major français (contre ses conseils de chef des chars de la 5e armée à l’époque) ait refusé d’attaquer en septembre 1939 le territoire de l’Allemagne nazie, après que cette dernière eut agressé la Pologne, alliée de la France. Le plus illustre des Français a aujourd’hui sa statue en plein cœur de Varsovie.

    Progrès constant

    À l’émergence du mouvement ouvrier Solidarité contre l’autoritarisme communiste en août 1980, les Français furent les premiers à aider la Pologne, à y envoyer des colis, à recueillir ses réfugiés.

    Aujourd’hui, il n’est plus question pour les Français de prendre la Pologne en pitié. Ils peuvent désormais l’admirer, voire l’envier, sans arrière-pensée, tant le progrès de ce pays de 38 millions d’habitants a été constant depuis qu’il s’est libéré du communisme à la fin des années 1980. Membre de l’Union européenne (mais pas de la zone euro) depuis vingt ans, la Pologne a remarquablement bien utilisé les considérables subsides qu’elle a reçus de Bruxelles (plus de 250 milliards d’euros) pour rénover ses infrastructures. Lors de son adhésion à l’UE en 2004, la Pologne en constituait le 9e PIB (Royaume-Uni exclu). Elle en est aujourd’hui le 6e. Le rapport du PIB par habitant polonais au PIB moyen par habitant européen, en parité de pouvoir d’achat, est passé de 51 % en 2004 à 79 % en 2022.

    La Pologne est encore derrière l’Espagne et les Pays-Bas en termes de PIB, mais elle va bientôt les rattraper, tant sa croissance est forte

    La croissance polonaise est tirée par trois secteurs très solides : les logiciels, l’agriculture, la manufacture de pièces pour l’automobile et l’électroménager. La Pologne est encore derrière l’Espagne et les Pays-Bas en termes de PIB, mais elle va bientôt les rattraper, tant sa croissance est forte.

    Politiquement, le pays est une démocratie qui fonctionne bien et qui connaît de réelles alternances. La Pologne vient de passer, sans la moindre anicroche, d’un gouvernement nationaliste de droite à un gouvernement de centre gauche, très pro-européen.

    Socialement, le pays ne connaît pas de gros problèmes : le taux de chômage est à 2 % ; l’assistanat n’existe pas ; les émeutes urbaines non plus ; l’immigration passe inaperçue. Il est vrai que les immigrés sont en grande majorité des Ukrainiens, lesquels sont, comme les Polonais, des Slaves chrétiens. En septembre 2015, lorsque la chancelière Merkel avait ouvert les vannes de l’immigration moyen-orientale en Europe, la Pologne avait déclaré qu’elle n’accueillerait pour sa part que des réfugiés chrétiens. Les Polonais sont sidérés par les problèmes que connaissent, avec leurs communautés musulmanes, des pays européens aussi anciennement avancés que la France, l’Allemagne ou la Suède. Il y a environ aujourd’hui trois millions d’Ukrainiens qui vivent en Pologne. Ils y ont tous trouvé un travail et y sont parfaitement intégrés.

    Bonne organisation et civisme

    Je viens de passer dix jours en Pologne, entre l’Oder et la Vistule, à visiter en profondeur ces trois régions (voïvodies) en expansion que sont la Basse-Silésie (chef-lieu Wroclaw), la Poméranie (chef-lieu Gdansk), la Mazovie (chef-lieu Varsovie). Dans les villes comme dans les villages, on est frappé par l’activité, la propreté, la bonne organisation, et le civisme des résidents. Dans certains quartiers, on se croirait presque en Suisse.

    Les pères fondateurs de la nouvelle Pologne, comme Tadeusz Mazowiecki ou Bronislaw Geremek, qui faisaient assaut de modestie lorsque je les interviewais comme jeune reporter, peuvent aujourd’hui se retourner de fierté dans leurs tombes. Fier aussi peut se montrer le courageux Leszek Balcerowicz, 77 ans aujourd’hui, le grand argentier dont le programme initial d’austérité lança, sur des bases saines, la nouvelle économie de marché polonaise, au début des années 1990.

    Géopolitiquement, après l’agression de la Russie contre l’Ukraine en février 2022, la Pologne est devenue l’avant-poste du combat européen contre l’expansionnisme poutinien. Il y a deux raisons pour lesquelles la Pologne est très respectée par les Américains au sein de l’Otan. La première est que la Pologne, contrairement à l’Allemagne et à la France (et à l’auteur de ces lignes…), n’a jamais cru en la bonne volonté de Vladimir Poutine. La seconde est qu’elle a fait passer ses dépenses de défense à plus de 4 % de son PIB. Quand on évoque devant les Américains l’article 5 de la charte de l’Otan (qui les oblige à défendre leurs Alliés), ils citent immédiatement l’article 3, qui exige de ses membres une préparation militaire suffisante pour pouvoir tenir lors d’un premier choc contre un adversaire commun (aujourd’hui la Russie).

    Toutes ces raisons font que le Triangle de Weimar (Paris-Berlin-Varsovie) est devenu aujourd’hui l’axe politique le plus important au sein de l’Union européenne et qu’il n’est pas illusoire d’affirmer que la Pologne deviendra prochainement le quatrième grand dans l’Union européenne.

    Renaud Girard (Geopragma, 23 septembre 2024)

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  • BHL Souverain Pontife...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme cueilli sur son site et consacré à BHL, à l'occasion de sa reconduction, pour un huitième mandat, à la tête du conseil de surveillance d'Arte.

     

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    BHL Souverain Pontife
    BHL Souverain Pontife

    BHL Souverain Pontife

    Habemus Papam ! Vous n’avez pas vu la fumée blanche se perdre dans l’azur franco-allemand ? Certes, la mode est à déboulonner les statues, mais nous pourrions également en ériger. Arte, évitant un tel tapage, et en toute discrétion, a modifié ses statuts afin de pouvoir maintenir à sa tête Bernard-Henri Lévy. Ce dernier, entame ainsi son huitième mandat comme président du conseil de surveillance de la chaîne. Vous reprendrez bien un peu de Bernard-Henri Lévy ? Bernard-Henry Lévy, 75 ans, est président du conseil de surveillance d’Arte, depuis 31 ans soit dit en passant. En quoi ça vous concerne ? Cette chaîne ne doit, c’est vrai, son financement à l’argent public qu’à hauteur de 95%. Autant dire des broutilles…

    Entropie spirituelle

    Nous vivons une époque où tout s’évente vite, se dilue, se perd. Une époque d’entropie spirituelle, une époque « métaphysiquement épuisée » aurait ajouté Spengler. À cela un remède est simple. Les défaillances, versatilités, turpitudes et doutes des hommes peuvent trouver leur refuge et remède dans l’infaillibilité d’un homme, fût-il souverain pontife d’après la mort de Dieu, selon le mot de Nietzsche. Vous pensez que j’exagère sans doute. Ce simple fait vous fera réfléchir : monsieur Lévy a prétendu que des stigmates sont apparus sur son corps, les stigmates du Christ tout bonnement, à l’exemple de Padre Pio, qui doit être flatté – de là où son âme nous surplombe — d’un lien confraternel si sublime.

    L’anecdote a été confiée au micro de Christophe Barbier pour L’Express le 8 février 2010. Barbier qui suggère à Bernard-Henri Lévy qu’un tel événement doit changer un homme, le rendre mystique, croyant à tout le moins, s’entend rétorquer pour toute réponse : « non ». Puis un développement verbeux, une logorrhée sur l’essence de l’homme qui réside non dans la chair, les muscles et autres propriétés secondaires, mais dans le signifiant. L’homme est fait de mots, et ces mains du philosophe qui saignent, ce sont des mots qui saignent. Au regard de ces révélations, je suis tenté de corriger : Habemus Christum convient sans doute davantage que le trop modeste Habemus Papam.

    BHL « des lueurs plus qu’humaines », alchimiques ?
     
    « Il y a de la chimie qui est passée par là » commentait Arielle Dombasle à propos de son mari, plongeant dans ce regard habité, chargé de lueurs « plus qu’humaines » pour parler à la manière de Descartes. L’alchimie de Bernard-Henry Lévy est mille fois plus intéressante. Son corps, son âme – il en a une ! -, son esprit – tortueux et lyrique – sont à classer parmi les monuments qui font honneur au patrimoine français, sinon mondial, lui-même appartenant sans fausse pudeur aux élites mondialisées, dilatant son être dans toutes les directions qu’indique la rose des vents. Bernard-Henri Lévy se situe dans les interstices du monde. Indéchiffrable, insituable, il vogue quelque part entre Francis Huster et Louis Althusser, entre Michel Drucker et Karl Popper, à qui nous devons, entre autres, la notion de « société ouverte ».

    Un peu de Stefan Zweig

    Il me fait, parfois, penser à Walther Rathenau qui s’échinait à vouloir jeter un pont entre la mystique et les affaires, portraituré par Stefan Zweig, dans Le monde d’hier dans des termes qui pourraient s’appliquer, avec les transpositions nécessaires et sur certains points seulement – que je vous laisse le soin d’identifier — à Bernard-Henri Lévy :

    « Toute son existence n’était qu’un seul conflit de contradictions toujours nouvelles. Il avait hérité de son père toute la puissance imaginable, et cependant il ne voulait pas être son héritier, il était commerçant et voulait sentir en artiste, il possédait des millions et jouait avec des idées socialistes, il était très juif d’esprit et coquetait avec le Christ. Il pensait en internationaliste et divinisait le prussianisme, il rêvait une démocratie populaire et il se sentait toujours très honoré d’être invité et interrogé par l’empereur Guillaume, dont il pénétrait avec beaucoup de clairvoyance les faiblesses et les vanités, sans parvenir à se rendre maître de sa propre vanité. »

    « Une certaine idée de la France », mais vomissante

    Comme de Gaulle – le rapprochement est certes audacieux – Bernard-Henri Lévy s’est fait une certaine idée de la France. Elle ne lui évoque pas, sans doute, « la madone aux fresques des murs » que la Providence a créée pour « des succès achevés ou des malheurs exemplaires ». Le philosophe en a horreur et, l’examinant, elle le dégoûte, c’est pourquoi il s’en purge. Léon Bloy, reprenant un conseil de Barbey d’Aurevilly : « Il faut se vomir » complétait par un charmant « sur les autres ». Bernard-Henri Lévy a la nausée instinctive, il sait sur quoi vomir comme un virtuose de l’improvisation sait quelle note frapper :« Je ne dirais pas, nous confie-t-il, que j’ai pris plaisir à cette descente aux abîmes de l’idéologie française. J’ai eu peine, parfois, à réprimer une nausée face à ce que j’y découvrais et aux vapeurs qu’il m’y fallait respirer. »

    Idéologie française quand tu nous tiens…

    Dans sa préface à la seconde édition (janvier 1981) de L’idéologie française, Bernard-Henry Lévy expose son projet, sa thèse :

    « Le problème, à la limite, ce n’était même pas l’antisémitisme comme tel ; ce n’était pas l’énoncé de la thèse et, pour ainsi dire, le passage à l’acte ; c’était, en amont de l’énoncé, dans ce secret nocturne des textes où se fomentent les actes de pensées, l’identification d’une matrice, à la fois philosophique et littéraire, dont la plupart des éléments se perpétuent jusqu’aujourd’hui et qu’il suffit de synthétiser pour qu’apparaisse, sinon le pire, du moins son site : culte des racines et dégoût de l’esprit cosmopolite, haine des idées et des intellectuels dans les nuées, anti-américanisme primaire et refus des « nations abstraites », nostalgie de la « pureté perdue » ou de la « bonne communauté » — telles étaient les pièces de la machinerie qui, lorsqu’elle tourne à plein régime et lorsqu’elle vient, aussi, au contact de l’événement, dessine la forme française du délire, et l’accouche. »

    Et de conclure – prêtez attention à cette impayable forfaiture-boursouflure ! :

    « L’idéologie française était un livre, non d’histoire mais de philosophie. C’était un livre qui, lorsqu’il disait « pétainisme », entendait une catégorie, non du temps, mais de la pensée. »

    Filousophe or not filousophe ?

    Je connais des mauvaises langues qui dénient à Bernard-Henry Lévy la qualité de philosophe sous prétexte qu’il n’a inventé aucun concept de toute sa vie. Nous voyons ici à quel point ces critiques se fourvoient. C’est à lui qu’on doit l’élévation à la hauteur d’une catégorie philosophique le concept de « pétainisme » qui n’a plus besoin d’être référé à une réalité précise. De quoi rassurer notre cher député Delogu qui n’aura plus à se sentir ignare sur cette question. L’ignorance historique est permise puisqu’il s’agit d’une catégorie de l’esprit, désormais applicable à tant de réalités diverses et rétroactives qui plus est. Nous apprendrons qu’elle s’applique même à Charles Péguy. Salir la mémoire et l’œuvre de Péguy, tué le 5 septembre 1914, c’est-à-dire tout au début de la première guerre mondiale, dans un livre qui traite du fascisme et du pétainisme, donc de phénomènes bien postérieurs à sa mort héroïque sur le champ d’honneur, c’est un exercice conceptuel qui exige une rare maîtrise de la logique et une absence d’inhibition morale presque complète.

    Bernard-Henri Lévy nous a rendu cet immortel service de nous apprendre à renier, voire haïr notre patrie, sans fard ni complexe. Mettre une claque à sa grand-mère est devenu une activité philosophique comme une autre, une praxis salubre de défascisation, de dénazification. Pourquoi ne pas le récompenser ? À défaut de déterrer nos ancêtres pour les balancer à la fosse commune, nous pouvons au moins modifier les statuts d’une chaîne. C’est même le minimum. Lui élever une statue suggérez-vous ? C’est à l’examen.

    Confondre pour salir

    Jacques Maritain dans Les degrés du savoir, s’employait à « distinguer pour unir », Bernard-Henri Lévy, plus aguerri, s’évertue à confondre pour salir. Voici comment il s’y prend, en évoquant la figure trouble de Mitterrand :

    « Nous avons eu un président de la République qui a pu revendiquer à la fois, et sans contradiction, son passé de pétainiste et de résistant : je l’ignorais à l’époque – mais quelle leçon ! Quelle improbable, mais implacable, illustration de ma thèse ! »

    En somme, ce qu’il fallait démontrer : résistants, collabos, tous les mêmes, parce que tous salauds. Oh, n’allez pas croire que « salaud » est une insulte, c’est une catégorie philosophique, sartrienne par surcroît. Nous avons eu vent du fait que Bernard-Henri Lévy détestait les slogans populistes du type « tous pourris » à destination des élites, qu’elles soient politiques, médiatiques ou financières. « Tous des salauds » à destination du peuple français semble le troubler beaucoup moins. Pour donner bonne mesure à cette œuvre de diabolisation qui fera des émules, le chapitre 2 s’intitule tranquillement « La patrie du national-socialisme ». Oui, vous ne rêvez pas, il parle bien de la France. Mais quand on vous dit que ce n’est pas une étude historique mais une thèse philosophique, qui peut, par là-même s’autoriser toutes les distorsions, toutes les fantaisies qui sont du goût de l’auteur et qui peuvent servir son propos, fût-il absurde et insultant par-dessus le marché… Arte, plateforme culturelle européenne, vous le voyez, a fait le bon choix…

    Observatoire du journalisme (OJIM, 20 septembre 2024)

     

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  • Le spectre de l'article 16...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Georges Feltin-Tracol, cueilli sur Euro-Synergies et consacré à l'arme de l'article 16 de la Constitution, que Macron peut utiliser pour dénouer à son profit la crise politique qu'il a provoqué...

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    Le spectre de l'article 16

    Les 19 juin et 2 juillet derniers, en pleine campagne électorale législative anticipée, Le Journal du Dimanche (JDD) envisageait la possibilité qu’Emmanuel Macron appliquât l’article 16 de la Constitution. Cet article confère au chef de l’État des pouvoirs exceptionnels qui ne sont pas explicités.

    Il n’a pour l’heure servi qu’une seule fois. Le 23 avril 1961, au moment du putsch d’Alger, le général de Gaulle déclenchait cette option qu’il maintînt en vigueur jusqu’au 30 septembre 1961. À cette occasion, un décret présidentiel étendit la garde à vue à quinze jours ainsi que les conditions d’internement administratif à l’égard de tous les partisans, armés ou non, de l’Algérie française. Il prolongea en outre la compétence du haut tribunal militaire.

    À la sortie de cette information, le camp macroniste et l’Élysée ont aussitôt hurlé à la fausse nouvelle et à la désinformation. Deux activités consubstantielles selon eux de la part de l’hebdomadaire dominical désormais aux mains de Vincent Bolloré. Le complotisme dominerait sa rédaction ! En réalité, le complotiste anticipe ce qui va globalement se passer.

    Cette éventualité institutionnelle a néanmoins été reprise par d’autres titres de presse tout aussi conspirationnistes. Passons rapidement sur le numéro estival de juillet – août 2024 de L’Incorrect qui interroge un constitutionnaliste chevronné, Frédéric Rouvillois, sur l’imminence ou pas de l’article 16. Le Point du 15 août 2024 l’évoque sans trop commenter. Sur Polémia à la date du 31 août, Michel Geoffroy n’écarte pas ce cas de figure. Mieux encore, un mois auparavant, Le Monde, quotidien bien connu pour tordre les faits, livrait dans son édition du 27 juillet 2024 un excellent entretien avec Alexandre Guigue, professeur en droit public à l’université Savoie – Mont-Blanc, encore sûrement un repaire d’« allumés » délirants…

    Malgré la nomination de Michel Barnier à Matignon, le risque de blocage perdure. L’activation de l’article 16 se conçoit avec l’échéance budgétaire prochaine (financement de l’État et de la Sécurité sociale). L’absence de toute majorité claire à l’Assemblée nationale incite les personnes intéressées à lire avec attention la Constitution et la loi organique relative aux lois de finances. Le Parlement est contraint de débattre dans une période limitée: soixante-dix jours pour le budget et cinquante pour la Sécurité sociale. Si ce temps est dépassé, le gouvernement aurait le droit d’utiliser des ordonnances soumises au seul avis du Conseil d’État. Auparavant, l’exécutif pourrait tout aussi recourir au douzième, c’est-à-dire appliquer chaque mois de 2025 l’équivalent budgétaire de 2024 afin de faire fonctionner les services publics.

    La mise en pratique de l’article 16 transférerait les prérogatives ministérielles au seul président de la République. En raison du chaos parlementaire et de la menace qui plane d’une mise en tutelle par la Commission de Bruxelles, le président français jugerait alors que « les institutions de la République [...] ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacés d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu ». Après en avoir informé la nation par un message audio-visuel, le chef de l’État signerait un décret d’adoption du budget de l’État et de la Sécurité sociale dans un sens austéritaire. Excessif ? Dans La démondialisation (Le Seuil, 2012), l’économiste souverainiste Jacques Sapir proposait la sortie de l’euro au moyen de l’article 16...

    Pendant toute la durée des pouvoirs exceptionnels, l’Assemblée nationale ne peut être dissoute. Le 18 septembre 1961, le président gaulliste de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas, distinguait la session de plein droit de la session normale. Il estimait que durant la période correspondant à la réunion de plein droit des chambres sous l’article 16, les travaux du Parlement ne pouvant pas avoir d’aboutissement législatif, le gouvernement est privé du droit de poser la question de confiance sur un projet de loi, ce qui signifie que les députés ne peuvent pas déposer de motion de censure.

    Par ailleurs, depuis la révision constitutionnelle sarközyste de 2008, « après trente jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d'examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée ». Mais ce garde-fou est-il solide ? Pas sûr quand on sait que le Conseil constitutionnel se compose de personnalités macronistes et qu’il a déjà entériné sous l’hystérie covidodinguienne l’ensemble des mesures liberticides.

    Fin stratège élevé par le lambertisme trotskyste et le mitterrandisme, Jean-Luc Mélanchon prévoit à court ou moyen terme son utilisation, d’où sa proposition récente de destitution de Macron au moyen de l’article 68 de la Constitution. C’est une mise en garde implicite. Cet article permet difficilement la destitution présidentielle par un parlement constitué en haute-cour et sur un vote des deux tiers difficile à obtenir, mais pas impossible si se construit dans les faits une coalition momentanée entre le Nouveau Front pseudo-populaire et le bloc national RN – UDR (Union des droites pour la République ciottiste).

    Outre l’adoption forcée d’un budget de rigueur ultra-libéral, l’article 16 pourrait-il offrir à Emmanuel Macron le pouvoir de modifier la Constitution en contournant le Parlement via l’article 11 ? Pas forcément. Sur une saisie des sénateurs gaullistes à propos de l’inconstitutionnalité du traité de Maastricht,  le 2 septembre 1992, le Conseil constitutionnel interdit à la considération 19 de la décision 92 – 312 l’usage de l’article 16 dans l’engagement d’une révision constitutionnelle en contournant l’article 89. Or l’article 11 n’est pas mentionné et le Conseil constitutionnel, jouet de l’Élysée, pourrait très bien se raviser.

    En s’affranchissant de la décision de 1992 dans le cadre de l’article 16, le président de la République soumettrait aux Français au moins un référendum. Si jamais il n’ose pas tordre la Constitution de 1958, il pourrait cependant soumettre aux électeurs le changement du mode de scrutin législatif en privilégiant la proportionnelle à l’échelle départementale ou régionale.

    Un universitaire, juriste de formation, Roger Pinto (1910 – 2005), soutenait que le président pouvait user de l’article 16 pour réviser la Constitution par la voie référendaire. Il reconnaissait volontiers que cette procédure engagerait la responsabilité directe du chef de l’État. Le constitutionnaliste faisait valoir à raison que le texte fondamental ne précise pas si l’ordre constitutionnel à rétablir doit être nécessairement le même qu’avant. Ce référendum de révision constitutionnelle porterait sur trois questions posées simultanément (ou pas): le droit de dissoudre dans l’immédiat la législature élue le soir du 7 juillet 2024, l’instauration d’un mandat présidentiel de six ans avec des élections nationales tous les trois ans, voire la suppression immédiate de la limite à deux mandats présidentiels consécutifs dans la perspective d’une nouvelle candidature en 2027 d’Emmanuel Macron si ce dernier n’entend pas démissionner sous peu.

    Dans le cadre de l’article 16, le régime pourrait volontiers entraver la campagne des partisans du non qui subiraient en plus un déluge médiatique de propagande favorable au oui. Cependant, en cas de victoire du non à l’une des deux consultations populaires, voire aux deux, le président de la République aurait-il l’audace de démissionner ou bien se maintiendrait-il en fonction jusqu’en 2027 avec la bénédiction de l’OTAN et de la Commission pseudo-européenne ? L’hypothèse semble bien pessimiste, mais avec Emmanuel Macron, il faut s’attendre à tout, y compris au pire.     

    Georges Feltin-Tracol (Euro-Synergies, 22 septembre 2024)

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  • La civilisation en péril...

    Surpeuplement, dévastation de l’environnement, course contre soi-même, tiédeur mortelle, dégradation génétique, rupture de la tradition, contagion de l’endoctrinement et armes nucléaires...

    En 1973, Konrad Lorenz, prix Nobel de médecine, publiait un ouvrage intitulé Les huit pêchés capitaux de la civilisation un ouvrage dans lequel il alertait sur les menaces qui pesaient sur l'occident.

    Dans sa nouvelle vidéo, Ego Non évoque cet ouvrage du célèbre biologiste et éthologue.

     

                                              

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  • Algérie : le Hirak silencieux...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan , cueilli sur son blog et consacré aux conditions de la réélection du président algérien Abdelmadjid Tebboune, représentant d'une « nomenklatura prédatrice qui ne survit plus que par la répression intérieure »...

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur d'un Éloge du duel (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

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    Algérie : le Hirak silencieux

    En Algérie, la réélection surréaliste du président Abdelmadjid Tebboune avec un score babylonien de 94,65% des voix, pourrait être un des derniers clous plantés dans le cercueil d’un « Système » gérontocratico-militaire aux abois.
    En effet, regardons de plus près le résultat de cette élection-farce dans une Algérie dirigée depuis l’indépendance par l’alliance des coffres-forts et des baïonnettes:
     
    1) Selon les chiffres officiels, il y eut 48% de votants sur un total de 24 millions d’inscrits, ce qui donne donc plus ou moins 11 millions de suffrages exprimés.
     
    2) Comme le président sortant a, toujours selon les chiffres officiels, obtenu quasiment 95% des suffrages, cela veut donc dire qu’environ 5 millions d’Algériens auraient donc voté pour sa réélection.
     
    3) Ses deux concurrents ayant, encore selon les chiffres officiels, totalisé à eux deux environ 5% des votes, cela signifie donc que plus de 5 millions de suffrages se sont soit volatilisés, ou bien que 5 millions d’électeurs auraient voté blanc, ce qui n’apparaît pas dans les résultats officiels...
     
    En réalité, les dociles agents du pouvoir qui ont en charge la « gestion » des élections, se sont pris les babouches dans le tapis de leurs manipulations.
    N’osant pas donner le vrai chiffre de la participation qui tourne au maximum autour de 20% du corps électoral, paniqués face au colossal camouflet que le pays réel algérien venait d’administrer à la gérontocratie dirigeante, terrorisés enfin face à ce Hirak silencieux dans lequel 80% des Algériens venaient de montrer qu’à leurs yeux le « Système » était illégitime… ils en ont oublié la mathématique…D’autant plus que dans certaines willayas le pourcentage des votants n’atteint pas les 5%, et qu’en Kabylie, la participation fut quasiment nulle…
     
    Hier, le Hirak a été écrasé et même maté par le « Système ». Aujourd’hui, toute opposition conduit à la prison et toute pensée critique entraîne une féroce répression, mais ces élections ont montré que la population n’est pas dupe.
    Le feu couve désormais en Algérie, prêt à se rallumer tôt ou tard, à la moindre faiblesse d’un pouvoir condamné de ce fait à la fuite en avant. D’autant plus qu’il ne bénéficiera pas deux fois de la « divine surprise » du covid19 qui mit un terme à la déferlante des manifestations de tout un peuple.
     
    Aujourd’hui, le « Système » est nu, avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête : sa dépendance totale aux hydrocarbures (pétrole et gaz) et donc à la variabilité de leurs cours.
    Un « Système » cleptocratique qui pompe avec constance la substance d’un pays dont le taux d’inflation est de 6% au second trimestre 2024, d’un pays qui ne produit rien et qui doit donc consacrer le quart de ses recettes en hydrocarbures -ses seules recettes -, à l’importation de produits alimentaires de base dont il était pourtant exportateur avant 1962… du temps des Français… D’un pays dont les filières stratégiques pour la sécurité alimentaire, comme les céréales, les laitages, les viandes, les sucres et les graines oléagineuses sont en faillite et entre les mains des prédateurs de la nomenklatura étatique.
    Une nomenklatura prédatrice qui ne survit plus que par la répression intérieure, par la mobilisation du dernier carré de ses associations mémorielles dont la tâche est facilitée par les « chapons » qui gouvernent la France, et par la dénonciation quasi obsessionnelle du Maroc dont la réussite la rend férocement jalouse…

    Bernard Lugan (Le blog de Bernard Lugan, 12 septembre 2024)

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  • Chestertonologie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hubert Darbon, cueilli sur le site de L'Incorrect et consacré à l'écrivain G. K. Chesterton. Traducteur de Chesterton, Hubert Darbon est également l'éditeur d’un recueil d’aphorismes, Le Monde selon Chesterton (Artège, 2021). 

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    Chestertonologie

    1) Des paradoxes qui éclairent…

    G. K. Chesterton est surnommé l’Apôtre du bon sens tout autant que le Prince du paradoxe, ce qui n’est en rien paradoxal : il est de bon sens de penser par paradoxes. Le paradoxe – le retournement du lieu commun, l’apparente impossibilité logique – est le plus sûr moyen d’atteindre et de saisir la vérité. Le monde dans lequel nous vivons est le Paradis originel, mais la Chute, en nous cillant, nous a interdit de le voir. Il faut donc choisir un angle nouveau, se faire « athlètes oculaires » pour réapprendre à voir les choses telles qu’elles sont vraiment : les arbres, d’étranges structures qui tombent ; les taupinières, des montagnes ; les nuages, des collines ; les étoiles, des fleurs ; les hommes, des mouches rampant au plafond au-dessus de l’espace, « suspendus à la grâce de Dieu ». Le paradoxe chestertonien n’est pas un simple effet de manche ou une coquetterie d’écrivain : c’est une méthode d’appréhension du monde.

    2) Rire pour être sérieux…

    À propos de l’écrivain Joseph McCabe qui lui reprochait de trop user d’humour dans des livres sérieux, Chesterton écrivit : « M. McCabe pense que je suis seulement drôle, et jamais sérieux, parce qu’il pense que drôle est le contraire de sérieux. Drôle est le contraire de pas drôle et de rien d’autre. » La légèreté, la loufoquerie, la bouffonnerie ont toujours leur place, même lorsqu’il s’agit d’apologétique, de politique ou de critique, car le monde est cette chose étrange qui porte en soi « une secrète trahison » : il échappe toujours à l’esprit rationnel lorsque celui-ci est à deux doigts de l’attraper. Il est donc possible, mais mieux encore sain, souhaitable et moral d’être drôle lorsque l’on traite de choses graves. « Seul d’entre les animaux, l’homme est secoué par cette folie magnifique qu’on appelle le rire, comme s’il avait attrapé du regard quelque secret dans la forme même de l’univers, ignoré de l’univers lui-même. »

    3) Ni de droite, ni de gauche…

    « Trop de capitalisme ne signifie pas trop de capitalistes, mais trop peu. » Cet aphorisme a contribué à confondre bien des esprits sur le positionnement politique de Chesterton. On ne sait trop s’il faut le ranger à gauche ou à droite – une typologie qui, de toute façon, n’aurait pas signifié grand-chose pour lui. Pourfendeur du capitalisme (« ce qui existe quand une classe de capitalistes, grossièrement reconnaissable et relativement petite, concentre entre ses mains une telle quantité de capital qu’elle a besoin d’être servie, contre salaire, par une très large majorité des citoyens »), il ne l’était pas moins du socialisme (« une chose évidente à défendre pour le riche oisif (…), qui se dit humaniste, mais qui est aussi froide que toutes les autres abstractions »). Il pouvait moquer les progressistes (ceux qui veulent continuer à faire des erreurs) et, dans la même phrase, les conservateurs (ceux qui veulent empêcher que les erreurs soient corrigées). Sa ligne, le distributisme, se veut une « troisième voie » : large répartition des moyens de production (entreprises, outils, terre), localisme, subsidiarité, démocratie – une société en manière de patchwork, peuplée de yeomen, hommes libres et propriétaires.

    4) D’hier pour aujourd’hui et demain…

    S’il fut une voix très identifiable et même influente dans le paysage politique de l’Angleterre du début du XXe siècle (il lutta, par patriotisme, contre l’impérialisme, s’opposa à la guerre des Boers, et combattit, entre autres choses, l’eugénisme, les magnats corrompus et le scientisme), il fut avant toutes choses un écrivain (poète, commentateur, romancier, biographe, critique littéraire), et c’est là son héritage le plus riche et le plus précieux. Moins que ses postures mêmes, parfois difficiles à transposer dans nos propres remous, c’est son style qu’il faut s’approprier : apprendre à penser non ce qu’il pensait, mais comme il pensait. Apprendre à regarder toute chose comme si on la découvrait, à rire au milieu des grands malheurs de l’homme, à crier une juste colère, à écrire des épopées religieuses, à louer l’esprit courtois et chevaleresque, à remettre le monde à l’endroit en le mettant sens dessus dessous.

    5) Voir l’au-delà dans l’ici-bas…

    Toute l’œuvre de Chesterton est, dans un sens, une longue, sinueuse et parfois labyrinthique entreprise apologétique. Le message de l’Homme éternel, son chef-d’œuvre, est le suivant : puisque le plan de Dieu a embrassé l’humanité entière depuis la nuit des temps et que Dieu lui-même s’est fait homme, tout est apologétique, toute chose en ce monde peut être l’occasion de deviner son Créateur. Celui qui s’est exercé à voir et à regarder avec l’œil de l’artiste peut percer le voile et découvrir les plus grandes et les plus hautes vérités dans les choses les plus ordinaires et les plus modestes. Or, rien n’est plus propre à vous entraîner à cette habitude que le christianisme, la religion des trois vertus paradoxales (la foi, croire quand il n’y a plus rien à croire ; l’espérance, espérer quand tout est désespéré ; la charité, pardonner l’impardonnable). Pour prendre une autre image chère à Chesterton, le christianisme – et plus précisément le catholicisme – est la seule clé assez complexe pour ouvrir la serrure complexe du monde.

    Hubert Darbon (Site de L'Incorrect, 13 septembre 2024)

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