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Points de vue - Page 9

  • La géopolitique anglo-saxonne...

    Dans cet vidéo diffusée par la revue Conflits, Jean-Baptiste Noé nous éclaire sur les fondements de la géopolitique anglo-saxonne, une pensée stratégique centrée sur la maîtrise des mers, le contrôle des espaces et la projection de puissance globale. De Halford Mackinder à Nicholas Spykman en passant par Alfred Thayer Mahan, il revient sur les grands théoriciens anglo-américains qui ont structuré la vision anglo-saxonne du monde. Des concepts majeurs comme le Heartland, le Rimland ou encore la puissance maritime sont au cœur de cette réflexion, toujours d’actualité dans les grandes rivalités géopolitiques du XXIe siècle.

     

                                             

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  • Conflits armés et bases économiques : changer notre regard...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun, cueilli sur Geopragma et consacré aux bases économiques de la puissance.

    Membre fondateur de Geopragma, Pierre de Lauzun a fait carrière dans la banque et la finance.

     

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    Conflits armés et bases économiques : changer notre regard

    On connaît l’importance de la base économique de la puissance. Mais plusieurs développements nouveaux conduisent à prendre du recul et à remettre en cause certains schémas établis. Notamment on a eu tendance à oublier que les facteurs économiques de puissance du temps de paix ne sont pas les mêmes en cas de conflit. Cela vaut notamment pour la vulnérabilité aux ruptures d’approvisionnement et embargos, ou pour la capacité industrielle – armement ou construction navale. Inversement la puissance financière ou la présence de multinationales s’avèrent alors moins décisives qu’en temps de paix. Et donc la position des différentes puissances n’est pas la même. Cela concerne en outre plus spécifiquement la France, qui est dans une situation assez différente de celle des autres pays européens.

    La vulnérabilité aux ruptures d’approvisionnement et embargos

    Déjà le Covid avait mis en évidence les graves problèmes que posait la dépendance d’une économie à l’égard du reste du monde, s’agissant notamment des matières premières et des chaînes mondiales de production. Une stratégie d’approvisionnement rationnelle dans un contexte de circulation assurée des biens peut se trouver mise en défaut si un obstacle intervient : une décision politique, un embargo, une priorité donnée par une puissance exportatrice à ses besoins internes, un nouvel antagonisme, une interruption physique des approvisionnements maritimes. Deux événements de la période récente rappellent cependant que les effets de ces ruptures peuvent être variables selon les cas : les sanctions contre la Russie d’un côté, les épreuves de force quelque peu chaotiques auxquelles se livre Donald Trump de l’autre.

    Dans cette dernière affaire, les Etats-Unis de Trump ont pu mesurer plus que jamais leur degré élevé de dépendance industrielle à l’égard de la Chine. Les droits de douane envisagés touchent des flux considérables d’approvisionnements non remplaçables facilement. Et la Chine résiste à la pression, même si elle peut perdre des marchés importants. Cela s’ajoute à la question également bien connue des matières premières, notamment des minerais technologiquement vitaux. La conclusion qui s’en déduit des deux côtés est l’intérêt de réduire cette dépendance réciproque. Cela ne paraît pas insurmontable, au moins sur la durée.

    En revanche, les sanctions contre la Russie n’ont pas été sans effet, mais pas ceux escomptés, et l’Europe (qui les a décidées) en a souffert elle aussi, tant sur le coût de l’énergie qu’en bradant l’énorme portefeuille d’entreprises qu’elle contrôlait en Russie. L’effet sur la Russie a été une massive réorientation de ses échanges, qui n’était certainement pas dans l’intérêt des Occidentaux. Il est vrai qu’elle a par nature une capacité d’autarcie importante, encore renforcée par le fait que c’est un des très rares pays à technologie militaire relativement complète et autonome – n’étant dépendante que pour certains composants et produits élaborés, qu’elle a pu en l’espèce trouver en bonne partie ailleurs (contrebande, Chine etc.). Quant aux sanctions financières, elles ont rencontré leurs limites, et en réalité minent la crédibilité du système financier global, contrôlé par les Occidentaux : si vous gelez les actifs que vous ont confiés quelqu’un, la confiance en vous diminue.

    Ce que l’on voit dans ces exemples, c’est que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Les grands pays construits pour une relative autonomie comme Chine et Russie partent avec un avantage relatif. Ce pourra être à terme et à nouveau le cas d’autres qui ont quelque peu négligé ce souci, mais qui ont un considérable potentiel de résilience, comme les Etats-Unis. Les pays d’Europe, eux, en sont loin – même si la France se distingue par une certaine capacité d’autonomie, dans ses systèmes d’armement et potentiellement ses ressources maritimes. Très vulnérables sont en revanche d’autres pays, même de taille appréciable ; comme on l’a vu avec l’Iran, très affaibli par les embargos dans sa capacité de résilience – même s’il a résisté. 

    La capacité industrielle et la technologie

    L’importance de la dimension industrielle et notamment de l’industrie d’armement avait été elle aussi un peu perdue de vue ; elle est revenue au premier plan avec la guerre d’Ukraine, énorme consommatrice de ressources, y compris sous la forme la plus simple (munitions). Ce qui suppose une industrie d’armement à très grosse capacité, permanente ou pouvant monter en régime très rapidement.

    A vrai dire, l’histoire avait montré le rôle décisif de ce facteur industriel : la défaite de la marine impériale japonaise face aux Américains était dans une mesure importante la résultante de l’écrasante supériorité industrielle de ces derniers à l’époque, y compris dans la construction navale. Or la désindustrialisation galopante du monde occidental, y compris des Etats-Unis, change radicalement ces données, notamment face à la Chine : celle-ci est désormais bien plus puissante industriellement qu’eux, y compris dans la construction navale. Une éventuelle guerre à propos de Taiwan pourrait donc révéler des surprises : outre le fait que les Américains devraient opérer très loin de chez eux, ils risqueraient de ne pas tenir sur la durée et de se révéler moins puissants qu’on le croit habituellement. Ce à quoi s’ajoutent leurs difficultés à trouver des marins et le vieillissement de leur flotte. Certes, la marine chinoise n’a pas d’expérience de guerre, mais la japonaise n’en avait pas non plus lorsqu’elle a écrasé la marine russe à Tsushima ; et surtout elle peut supporter des pertes bien plus importantes en reconstituant ses forces. Le débat fait d’ailleurs rage aux Etats-Unis sur les moyens de reconstituer des chantiers navals moins étiques.

    Un deuxième est la dimension technologique. Autant il est illusoire de ne compter que sur la technologie dans des conflits où le facteur humain reste crucial, autant elle a montré sa capacité à faire la différence sur des points essentiels, par exemple la couverture satellitaire pour surveiller les mouvements et guider les tirs de tout type. De même quand des technologies nouvelles changent en profondeur les modalités des affrontements ; elles peuvent d’ailleurs parfois être accessibles à des pays de développement moyen : ainsi les drones ont joué et jouent un rôle majeur en Ukraine, même développés en Iran ou en Turquie. Inversement, Israël a montré l’usage qui pouvait être fait de technologies de pointe dans sa lutte contre le Hezbollah et l’Iran. La guerre d’Ukraine a en outre bouleversé toute la problématique militaire, rendant partiellement obsolètes, en tout cas d’usage bien plus dosé, les instruments coûteux qui dominaient autrefois sans conteste (chars, avions, grands navires). Il ne suffit donc pas d’être avancé technologiquement, il faut aussi avoir un appareil de recherche et de production très mobile, et être en permanence sur les bons créneaux du moment.

    Les transports maritimes enfin : on y pense moins, mais ils pourraient être à l’origine de crises, ou de mutations importantes, notamment d’un recul de la mondialisation. Jusqu’à la période récente la liberté de la navigation était très largement assurée, du fait notamment de la domination des Etats-Unis et de leur marine. La situation évolue, par un relatif désengagement des Américains, par développement d’alternatives à commencer par la Chine, et par la montée de menaces multiples, dont les Houthis donnent un avant-goût. La possibilité d’une réduction du transport maritime, par insécurité ou coût élevé, est concevable. D’où l’importance clef de la dimension navale, pour ceux qui peuvent se le permettre. La marine devrait justement être une priorité nationale majeure en France, compte tenu de l’immensité de son domaine maritime, étendu sur toute la planète.

    Des facteurs surévalués en cas de conflit

    Inversement, d’autres facteurs, importants voire décisifs en temps de paix, se voient fortement relativisés en cas de conflit latent ou ouvert.

    Le premier est la puissance financière. Elle est évidemment appréciable : un conflit ouvert est effroyablement coûteux, et même une politique de défense ambitieuse ; les pays de la péninsule arabique n’auraient pas le poids qu’ils ont sans l’extraordinaire rente pétrolière dont ils disposent. Et la Chine n’aurait pu devenir la deuxième puissance militaire de la planète, et renforcer son influence à travers les « routes de la soie », sans son impressionnant succès industriel et technique. Ni les Etats-Unis maintenir leur rang sans le rôle du dollar et leur finance dominante, malgré un endettement pathologique et la désindustrialisation.  Mais d’un autre côté, comme on l’a vu avec la Russie, l’arme des embargos financiers s’est avérée à double tranchant. Ajoutons qu’en cas de guerre ouverte les mécanismes financiers sont très gravement remis en cause : la finance n’est donc pas un puissant outil en cas de vrai conflit. Par ailleurs, la tendance récurrente à des crises financières est une faiblesse structurelle des sociétés occidentales ; avec éventuellement, à terme, une dislocation progressive d’outils devenus internationaux sous leur contrôle, comme le rôle du dollar, et la montée d’autres mécanismes, d’ailleurs amorcés déjà.

    Le second facteur à relativiser est le rôle des acteurs non-étatiques, les entreprises multinationales. Leur puissance économique est réelle et n’est pas un fait nouveau. Les GAFAM structurent à leur façon la culture commune de la plupart des pays (hors Chine et Russie). Le même effet peut apparaître en matière d’Intelligence Artificielle, actuellement dominée par les Etats-Unis et dans une bonne mesure la Chine. Cela dit, il n’est pas évident que ces influences jouent en dehors du cadre des pays supports de ces sociétés (essentiellement Etats-Unis et Chine aujourd’hui, d’autres peut-être demain). Les multinationales sont vulnérables aux vraies puissances et notamment à leurs pays d’origine, comme on le voit avec Musk face à Trump. Le jeu de tels acteurs, important pour comprendre la problématique internationale actuelle, ne remet donc pas en cause le fait que le déterminant principal reste les rapports entre les puissances souveraines elles-mêmes.

    Conclusion

    Pays par pays, on tend plutôt à conclure sur ces différents plans que pour affronter un conflit un tant soit peu sérieux les Etats-Unis pourraient partir dans des conditions plutôt robustes, moyennant un important effort de redressement (qui peut être rendu difficile par leurs profondes divisions internes et leurs blocages, et le besoin d’agir sur la durée). La Russie probablement aussi sauf crise interne, mais sur un mode rustique et dans la dépendance de la Chine. La Chine enfin a une puissance industrielle dominante et n’est guère vulnérable que dans l’énergie et quelques matières premières et dans des techniques très avancées – dans lesquelles elle investit massivement pour les dominer ; même si elle peut aussi connaître des crises internes.

    En revanche, l’Europe, très hétérogène, est beaucoup plus exposée, et le serait gravement en cas de conflit ouvert. Quant à la France, sa double spécificité dans l’armement et dans le domaine maritime la met à part des autres pays européens. Si elle a intérêt à coopérer avec eux, cette spécificité est trop forte pour qu’elle abandonne son autonomie dans une défense européenne prétendument intégrée, et en réalité à la fois molle, limitée au champ européen et incapable de prendre son autonomie à l’égard des Etats-Unis.

    Quoiqu’il en soit, la diversité des situations paraît a priori considérable. Et donc la multipolarité à venir se révélera pleine de surprises …

    Pierre de Lauzun (Geopragma, 14 juillet 2025)

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  • Quand la magistrature devient tyrannique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré, au travers du cas de Matteo Salvini, au développement de la tyrannie judiciaire en Europe.

     

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    Quand la magistrature devient tyrannique : l’affaire Salvini et la dictature judiciaire…en Italie…comme en France

    Le cas Salvini en Italie n’est pas un fait divers judiciaire. C’est un symptôme. Celui d’une maladie gangrenant toutes les démocraties européennes : la tyrannie des juges.

    L’Europe se meurt lentement, mais sûrement, étranglée non par les coups d’État militaires ou les révolutions de rue, mais par les caprices glacés d’une magistrature hors de tout contrôle. L’affaire Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien, acquitté pour avoir défendu les frontières de son pays, puis de nouveau traîné devant les tribunaux par des procureurs acharnés, en est une nouvelle démonstration. Une de plus. Une de trop.

    Un acquittement ? Qu’à cela ne tienne. On rejoue.

    En décembre 2024, Salvini est blanchi par la justice italienne dans l’affaire dite Open Arms. Le tribunal reconnaît qu’il n’a fait que son devoir : empêcher un navire ONG – qui avait déjà ignoré plusieurs ports sûrs – de forcer le territoire italien avec 147 clandestins à bord. Le droit de la mer était de son côté, la Constitution italienne aussi. Fin de l’histoire ? Non. Car dans l’Europe post-démocratique, le droit n’est plus une boussole : c’est une arme, brandie au gré des humeurs militantes de certains magistrats.

    Voilà donc que le parquet de Palerme, incarné par le procureur Maurizio de Lucia, décide de passer outre l’appel pour se pourvoir directement en cassation. Un recours per saltum, rare, exceptionnel, mais devenu désormais l’outil des juges militants pour contourner la loi lorsqu’elle ne va pas dans leur sens. Ce n’est plus de la justice, c’est du sabotage politique. C’est un coup d’État rampant.

    Les juges n’ont de comptes à rendre à personne. C’est cela, le vrai scandale.

    Dans une démocratie normale – si tant est que cela existe encore en Europe de l’Ouest –, les magistrats seraient responsables de leurs actes. Ils devraient rendre des comptes sur leurs décisions, sur leurs éventuelles erreurs, sur leurs engagements politiques ou idéologiques. Ils devraient être évalués, contrôlés, révoqués s’ils trahissent leur serment d’impartialité. Mais aujourd’hui, ils sont tout-puissants et irresponsables. Ils peuvent détruire des vies, ruiner des réputations, renverser des ministres… sans jamais en répondre. Et surtout, sans jamais être élus.

    Pire : cette magistrature se permet de définir ce qu’est une politique migratoire légitime, en niant toute notion de souveraineté, en piétinant la volonté populaire, en criminalisant ceux qui osent dire non à l’invasion migratoire. Refuser un débarquement illégal devient un crime. Défendre ses frontières, une séquestration. Exiger des juges qu’ils ne fassent pas de politique ? Une hérésie.

    Alors que faire ? Reprendre la main.

    Il est temps, grand temps, que les gouvernements dits démocratiques rétablissent une hiérarchie claire : celle du pouvoir politique sur la magistrature. Il faut un contrôle parlementaire mais aussi populaire des juges. Un examen de leur neutralité. Une traçabilité de leurs décisions. Et, en cas d’abus, des sanctions : blâmes, suspensions, radiations. Oui, même la radiation à vie. Car une erreur judiciaire n’est pas une faute technique, c’est une trahison du peuple.

    Et s’ils refusent l’examen, s’ils persistent dans leur volonté de faire de la justice un instrument d’idéologie mondialiste, alors peut-être faut-il aller plus loin. Oui, songer à robotiser la justice. À remplacer les juges par des algorithmes, des IA impartiales, infaillibles, insensibles aux pleurnicheries des ONG et des avocats militants. Car au moins, un robot ne se prend pas pour Robespierre.

    Et que dire de la féminisation accélérée de la magistrature ?

    En France, plus de 70 % des magistrats de première instance sont désormais des femmes. Ce changement radical de sociologie n’est jamais interrogé. Pourtant, il modifie profondément la façon de rendre la justice. L’émotion peut remplacer la rigueur. La compassion systématique pour les minorités remplace l’équilibre. La perception subjective prime sur l’ordre légal. Et les hommes – pères, maris, chefs d’entreprise – sont de plus en plus nombreux à se demander si la justice rendue en leur nom l’est encore à égalité.

    Ce constat n’a rien de misogyne. Il est factuel, observable. Et il appelle une réflexion : peut-on confier les clés de l’autorité judiciaire à une institution qui n’est plus ni représentative, ni contrôlée, ni même soumise au peuple ?

    L’Europe est devenue une oligarchie judiciaire. Une dictature froide, qui n’a pas besoin de chars ni de prisons : elle a des robes noires et des codes. Si les dirigeants politiques ne reprennent pas le contrôle sur cette caste, alors la démocratie ne sera plus qu’un souvenir. Un mot vide. Une illusion.

    L’affaire Salvini n’est pas un accident. C’est une alerte. La dernière, peut-être.

    Julien Dir (Breizh-Info, 22 juillet 2025)

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  • Comme l’URSS, la France ne peut pas être réformée de l’intérieur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'endettement massif de la France lié à l'incurie des tenants du Système depuis cinquante ans....

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Comme l’URSS, la France ne peut pas être réformée de l’intérieur

    Les perspectives budgétaires du gouvernement Bayrou, qualifiées de « propositions choc » par les médias complaisants, nous démontrent clairement que, comme autrefois l’URSS, la France, usée par 50 ans de socialisme, n’est plus réformable.

    Une audace prétendue

    La prétendue audace budgétaire du gouvernement Bayrou consiste en effet à faire comme les précédents : donc à augmenter les prélèvements, à bloquer des revalorisations ou des remboursements, et à imposer un rabot budgétaire indifférencié. Même si la perspective de suppression de quelques jours fériés sert à détourner l’attention.
    Bref, on prend des décisions déflationnistes, alors même que notre dynamique économique est en panne, comme l’illustrent les faillites industrielles et une « croissance » dérisoire, qui ne produiront donc que des effets encore plus déprimants sur notre dette. C’est à cela que l’on reconnaît un Mozart de la Finance.
    Mais derrière l’écran de fumée médiatique, on se garde bien de s’attaquer aux vaches sacrées du Système : immigration incontrôlée, versements croissants à l’UE, subventions aux associations et aux médias militants, coût de la « transition énergétique », foisonnement bureaucratique, etc. Ni, bien sûr, d’apporter la moindre réponse aux questions qui préoccupent la majorité de la population.

    La tyrannie du statu quo

    Soyons juste avec François Bayrou : il ne fallait pas s’attendre à ce que des apparatchiks mettent à bas un Système qui leur assure pouvoir, notoriété et prébendes. Car leur intérêt de classe consiste à maintenir coûte que coûte un statu quo qui leur réussit si bien.
    Alors on continue comme avant : en faisant payer, une fois de plus, Nicolas, qu’il soit actif ou retraité. Puisque Nicolas se laisse toujours tondre.
    Car il n’y a plus de véritable opposition en France : tous les partis représentés au Parlement vont désormais dans le même sens, même ceux que la propagande qualifie d’extrémistes pour mieux les inciter à la soumission.
    Même la prétendue droite, forte en gueule, mais qui finit toujours par venir piteusement au secours de la macronie.

    Les innombrables collabos du Système

    Mais comme autrefois en URSS ou en RDA, le Système s’appuie aussi sur d’innombrables collaborateurs pour dénoncer ceux qui pensent mal et les envoyer, sinon au Goulag, du moins devant les Juges : pour dénoncer ceux qui ne respectent pas les règles de confinement, ceux qui tiennent un « discours de haine » vis-à-vis de l’immigration, ceux qui ne croient pas à l’alarmisme climatique, ceux qui critiquent le gouvernement israélien ou ceux qui ne sont pas assez russophobes. Pour surveiller la Vie des Autres donc.
    Autant de collaborateurs appointés ou bénévoles qui tiennent le Système à bout de bras et qui rendent impossible toute réforme.
    Pour cette raison, il est bien naïf de laisser croire que le renouveau national se réduirait à une simple échéance électorale, en admettant que nos oligarques acceptent le résultat des urnes. Ce qui devient de plus en plus douteux en Europe.

    Le monde irréel des oligarques

    Comme autrefois en URSS, tous les apparatchiks communient dans la même idéologie, et celui qui s’en écarterait se suiciderait socialement : politiques, administrateurs, syndicalistes, grands patrons, médiacrates, cultureux, prélats, tous ont désormais la carte du même parti : le parti immigrationniste, mondialiste, atlantiste, européiste et laxiste, qui a pris le pouvoir en France dans les années 1980 et qui n’entend pas le lâcher.
    Tous répètent en chœur le même credo, les mêmes erreurs et soutiennent les mêmes politiques : mais qu’importe, puisque cela leur assure pouvoir et notoriété. Après, ce sera le Panthéon pour eux, et le déluge pour les autres !
    Comme autrefois en URSS, nos oligarques vivent dans un monde à part, bien au chaud dans leurs datchas ou leurs appartements avec digicode : celui des joies du « vivre ensemble », de l’UE « qui nous rend plus forts », du niveau « qui monte » dans nos universités et nos écoles, de l’emploi qu’il est facile de trouver « en traversant la rue », de la start-up France, des joies de la circulation à trottinette et des menus végans.
    Un monde officiel mais de plus en plus imaginaire, et surtout de plus en plus en décalage avec la marche du monde réel.
    Pour cette raison, il est vain d’attendre que le renouveau vienne d’une oligarchie aussi aveugle et aussi corrompue.

    La France s’enfonce, mais plus vite que l’URSS

    L’URSS a mis 80 ans pour disparaître, mais après avoir remporté la Grande Guerre Patriotique et réalisé de grandes avancées scientifiques et structurelles. Et de nos jours, la Fédération de Russie est redevenue une puissance mondiale.
    Au bout de 50 années de socialisme mondialiste, ayant au contraire accumulé défaites sur défaites, la France, elle, est exsangue, sans perspectives et sans ressort.
    Non, le Système français n’est pas réformable car, pour reprendre une formule célèbre, s’il gouverne mal, il se défend bien. Il a encore plein de leviers pour garder le pouvoir : la dictature des juges, la spoliation des épargnants, le changement démographique, la mise en place du fédéralisme « européen » ou encore le contrôle numérique et bancaire de la population. Car, dans ce domaine, l’imagination est effectivement au pouvoir !

    Hélas, dans un tel contexte, cela signifie que l’URSS française ne sera mise à bas que par un bouleversement catastrophique. Comme toutes les républiques utopiques en France depuis 1792 se sont effondrées dans une défaite.
    C’est une triste perspective, mais c’est faire preuve de réalisme que de s’y préparer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 juillet 2025)

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  • La guerre à l’heure des grands blocs civilisationnels...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Saint-Clair, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'illusion humanitaire et à celle du droit international à l'heure des conflits entre blocs civilisationnels.

    Politologue et analyste en stratégie et en communication politique, Frédéric Saint-Clair a publié un essai incisif intitulé L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal (La Nouvelle Librairie, 2024).

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    La guerre à l’heure des grands blocs civilisationnels

    La guerre est, aujourd’hui plus que jamais, un phénomène médiatique. Elle est commentée heure par heure, minute par minute, sur les chaînes d’info en continu. Chaque Français est devenu fin connaisseur des régions les plus reculées de l’Ukraine autant que des missiles longue portée iraniens. Et pour ambiancer le tout, les journalistes se survoltent, passent en mode « breaking news », saturent les ondes, chaque fois qu’ils ont l’impression de vivre un moment historique, un moment décisif pour l’avenir du monde : envoi massif de drones sur Kiev, salve de missiles iraniens sur Tel-Aviv… Pendant ce temps, Athéna, la déesse de la guerre, les regarde en ricanant. Car depuis l’invasion de l’Ukraine jusqu’au pilonnage de Gaza, elle n’a pas bougé un sourcil. C’est qu’il y a, dans la mythologie grecque, deux dieux de la guerre : Arès et Athéna. Le premier est attaché à la force brute, au choc frontal et à la destruction ; la seconde est l’incarnation de la mètis qu’elle a héritée de son père, Zeus ; elle s’occupe de stratégie, de la dimension politique de la guerre. Elle a inspiré à Clausewitz, entre autres, sa conception de la guerre comme continuation de la politique par d’autres moyens. La seule question qui devrait nous occuper en ce moment est : à quoi pense Athéna lorsqu’elle regarde les guerres du XXIe siècle ?

    Pourquoi Athéna méprise les discours de paix de l’Europe occidentale

    Soyons clairs : Athéna ne se soucie pas de l’utilisation de drones, ni de l’obsession technologique de la guerre de manière générale, dont elle ne nie pourtant pas l’importance. Elle ne soucie pas davantage de la querelle sémantique : Hamas, mouvement de résistance ou groupe terroriste ? Selon elle, il s’agit d’un mouvement de résistance. Non pas pour les raisons évoquées par LFI, mais pour des raisons théoriques, parce que le terrorisme est un moyen, pas une fin. Tout comme la guerre d’ailleurs. Le Hamas est, à ce titre, plutôt un mouvement de résistance engagé dans une guérilla, menant parfois une guerre irrégulière contre une armée régulière, Tsahal, et parfois organisant des attaques terroristes contre les populations civiles. Athéna se dit que, de toutes façons, ceci a peu d’importance ; la question qui l’occupe en ce moment est : jusqu’à quand l’Occident soutiendra-t-il une solution impossible à deux États ? Quand le nationalisme islamique et le nationalisme hébreux, tous deux habités par le principe d’un seul État, se retrouveront-ils face à face ? Il ne peut en être autrement. Et la guerre ne cessera pas tant qu’une solution territoriale quasi unitaire ne sera pas trouvée. Ce que l’Occident nomme « radicalisation » du conflit israélo-palestinien est en réalité une clarification inédite et salutaire. La confrontation Iran-Israël est à ce titre un grand pas en avant vers une solution négociée puisqu’enfin les deux véritables protagonistes sont face à face, à couteaux tirés. Quelle place les pays de la région sont capables de faire à une diaspora palestinienne refusant de vivre sous un État israélien quasi global et accueillant la part du peuple palestinien désireux d’y résider en paix est l’unique nœud que le dialogue diplomatico-militaire Israël-Iran mérite de trancher. Athéna le sait, même si elle n’en parle pas… car personne n’est encore prêt à l’entendre.

    Mais revenons un instant au réalisme politique d’Athéna, et à la question plus globale de la guerre au XXIe siècle. Rappelons que l’entrée du monde dans le XXIe siècle se fait par deux chocs consécutifs : les attentats du 11 septembre 2001 et l’entrée de la Chine dans l’OMC au mois de décembre de la même année.

    1°) L’irruption du Choc des civilisations dans la grammaire des relations internationales.

    2°) Le basculement à l’Est de l’ordre du monde signant la défaite du projet néo-libéral formalisé dix ans plus tôt par Francis Fukuyama.

    Fin de partie pour les idéalistes

    Voilà plus de vingt ans que cela s’est produit, et on entend encore, tous les dimanches sur France Culture, le même vieux discours libéral-idéaliste d’un Bertrand Badie. Athéna, qui ne pense pas de manière « morale », s’en agace parfois. Elle s’irrite de l’habitus idéaliste de l’Europe de l’Ouest : « La guerre c’est mal » ; « Nous devons œuvrer résolument à l’établissement de la paix » ; « La première condition est d’obtenir un cessez-le-feu » ; « Il faut protéger les populations civiles à tout prix » ; « Le droit international a été bafoué » ; « Les criminels de guerre doivent être traduits en justice ». Or, Bertrand Badie, icône du social-libéralisme intellectuel en matière de relations internationales, prend toujours l’exact contre-pied d’Athéna. Pour s’en convaincre, deux ouvrages, entre autres : La Fin des territoires (en 1995) et L’Impuissance de la puissance (en 2004). Autant dire qu’il a faux sur toute la ligne. Mais il persiste ! Voici deux citations qui ne résument pas seulement sa pensée, mais celle de toute la classe politique progressiste française : « Penser le monde à travers une filiation où se succèdent Hobbes, Metternich, Clausewitz, Carl Schmitt et Kissinger ne permet plus d’accéder à la complexité du jeu international qui a cours aujourd’hui » et « Dès les « quatorze points », Wilson réintroduisait le rôle équilibrant des sociétés… L’ancien professeur de Princeton était certain que l’ordre triompherait par la démocratie, et donc par le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, complété des vertus de la délibération collective. Les nations libres devaient décider entre elles de la marche du monde, selon les codes naissants d’un multilatéralisme que la SDN devait annoncer. »

    Rappelons-le, encore et encore : si, Hobbes, Clausewitz, Schmitt et Kissinger sont essentiels pour comprendre notre monde ! Et, pour ceux qui souhaitent poser un regard pertinent sur le conflit russo-ukrainien, La Grande Rupture de Georges-Henri Soutou est sans nul doute l’ouvrage à lire : revisiter l’époque Eltsine en Russie ; se remémorer le rejet de la greffe libérale à la fois par les communistes post-URSS et par les nationalistes ; comprendre le changement de paradigme résolument impérialiste de Bill Clinton, dont le wokisme actuel est largement issu ; rappeler les contradictions de l’Europe occidentale, une Europe de l’Ouest que Robert Kagan associe à la faiblesse quand les États-Unis – démocrates et républicains confondus – persistent dans une logique de puissance. C’est l’idéal wilsonien, lequel anime autant un Badie qu’un Macron, qui est mort ! Les penseurs de la puissance sont, à l’inverse, plus vivants que jamais ; indispensables pour comprendre un monde où se superposent deux logiques : une logique civilisationnelle oubliée du XXe siècle, principalement lors de la guerre froide, mais omniprésente au XXIe, et une logique impérialiste réhabilitée.

    Empire et bloc civilisationnel

    Les blocs civilisationnels ont ceci de spécifique qu’ils mélangent habilement hard power et soft power. Ces grands espaces se conçoivent comme des empires à part entière. L’Union européenne ne fait d’ailleurs pas exception. L’obsession macroniste visant à nier la souveraineté propre de la France pour faire de celle-ci une région de l’Europe – si possible la principale ; la multiplication des discours de propagande affirmant que telle ou telle question (immigration, industrialisation, etc.) ne peut pas être réglée au niveau national, mais seulement au niveau européen, sont autant de signes témoignant d’une volonté impériale européenne. Une spécificité : l’annexion territoriale ne se fait pas par la guerre, mais par l’adhésion contrôlée des pays postulant. Pas de coercition dans l’univers idéologique wilsonien, mais une coopération basée sur l’accord des peuples (et quand ils ne veulent pas, les responsables politiques progressistes les aident un peu…). Le trumpisme, aux États-Unis, rime également avec néo-impérialisme. Le moyen et la fin sont tout autres en revanche. Le projet d’hyper-puissance demeure, mais il a muté : on ne parle plus seulement d’imposer un régime démocratique et libéral à la planète par les armes – en n’oubliant jamais les contreparties financières –, mais aussi d’annexion territoriale en bonne et due forme, de prise de terre, pour parler comme Carl Schmitt : Canal de Panama, Canada, Groenland… La logique russe n’est pas très différente. Le moyen seul diffère. À ce titre, la guerre russo-ukrainienne n’est pas un objectif militaire en soi, ni même strictement politique. Seule la guerre civilisationnelle sous-jacente importe – d’un côté comme de l’autre d’ailleurs, pour la Russie comme pour les pays membres de l’Otan.

    Parce que les empires mélangent habilement soft et hard power, aucune forme de puissance ne mérite d’être négligée. C’est ainsi que nous vivons probablement le siècle non pas de la « guerre totale » – dont Ludendorff est le théoricien et qui n’a rien à voir avec cela –, mais de la puissance totale. Le soft power civilisationnel a été reconnu par les blocs chinois, russe et islamique comme le fondement de toute puissance digne de ce nom. Ils ont retrouvé ce que l’Occident romain avait rangé sous le vocable imperium et qui comprenait une dimension éminemment spirituelle. Dimension que l’Europe de l’Ouest, sous l’influence combinée du matérialisme athée socialiste et du sécularisme « laïc » libéral, a détruite. Dès lors, comprendre la guerre russo-ukrainienne, c’est comprendre la réaffirmation de la dimension eurasienne de la Russie au travers du conflit, avec en ligne de mire l’offensive idéologique woke d’une partie de l’Europe et des États-Unis. L’incompatibilité entre le modèle de développement progressiste occidental et le trio Russie-Chine-Islam est désormais totale. La recomposition du monde en blocs civilisationnels adverses suppose une concurrence féroce dans la constitution de ces blocs. Et s’il faut la guerre, il y aura la guerre. Car l’économie se reconstruit, parfois avec une étonnante facilité. La civilisation et son socle spirituel, non. La fracture idéologique qui traverse l’Ukraine – et qui est politiquement affichée depuis l’Euromaïdan de novembre 2013 – ne pouvait pas ne pas poser la question de la fracture territoriale du pays. Si Poutine a échoué à ramener Kiev à lui. S’il a échoué à imposer militairement la supériorité de la Russie. Il a en revanche réussi à tracer une frontière culturelle, civilisationnelle, encore politiquement imprécise à ce jour, car tout se décide en ce moment-même, mais dont on sait d’ores et déjà que l’Histoire retiendra qu’elle est la nouvelle ligne de démarcation de la guerre civilisationnelle globale ouverte en 2001. L’objectif ? Convaincre ou annexer. Dominer. Refaçonner de nouveaux hegemon. Et surtout, mettre un terme à une époque, celle des Badie & Co, celle du droit international sacralisé, celle des institutions internationales vénérées, celle même des droits de l’Homme divinisés. Celle du progressisme occidental. Athéna sait que la morale progressiste ne fera pas le poids face au soft power des centres spirituels russes, chinois et islamique. D’où ce léger ricanement que l’on entend parfois lorsqu’on éteint les chaînes d’info en continu.

    Frédéric Saint-Clair (Site de la revue Éléments, 15 juillet 2025)

     

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    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                                  

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