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Points de vue - Page 9

  • Les caisses sont vides, les hommes aussi...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique du 2 septembre 2025 de Romain Petitjean, coordinateur du développement de l'Institut Iliade, sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, consacrée à l'effondrement économique de notre pays qui n'est que la conséquence de son effondrement humain.

     

                                           

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  • L’État français sert-il encore à quelque chose ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré à la transformation de l'Etat français en machine bureaucratique sans âme qui oppresse le peuple...

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    L’État français ne sert plus à rien… sauf à nous détruire

    L’État. Ce grand mot qui résonnait jadis comme une évidence. L’État, protecteur, organisateur, garant du bien commun. Celui qui éduquait, soignait, défendait, construisait. Celui qui incarnait la puissance publique, l’autorité, la continuité de la nation artificielle (ou plutôt politique) constituée en hexagone. Aujourd’hui ? Une gigantesque farce. Une mascarade bureaucratique. Un monstre impuissant qui ne sait plus faire que deux choses : lever l’impôt et réprimer ses propres citoyens.

    Car regardons froidement les faits, sans détours. L’État n’assure plus notre sécurité. Nos villes se transforment en zones de non-droit, la campagne n’est plus épargnée, et les Français vivent sous la menace permanente de la criminalité, de la drogue, des violences importées. La police ? Débordée, découragée, muselée par une justice plus compatissante avec les agresseurs qu’avec les victimes.

    L’État n’assure plus notre prospérité. Il étrangle par les taxes, ponctionne jusqu’au dernier centime, détruit les entreprises par une bureaucratie délirante, et ruine les classes moyennes qui triment. La France, jadis pays des ingénieurs, des bâtisseurs et des artisans, se transforme en hospice fiscal pour les assistés et les copains du système.

    L’État n’assure plus l’éducation. Nos écoles ne transmettent plus le savoir, mais l’idéologie. Des générations entières sortent illettrées, incapables de distinguer l’histoire de leur propre pays d’un TikTok woke. Pendant que l’on remplace le calcul et la grammaire par des cours de « vivre-ensemble », la Chine et l’Inde forment des armées d’ingénieurs.

    L’État n’assure plus la santé. Nos hôpitaux s’effondrent. Des mois pour un rendez-vous, des heures d’attente aux urgences, des déserts médicaux partout. Le médecin de famille disparaît, remplacé par des plateformes numériques. Pendant ce temps, la ministre de la Santé se pavane en expliquant que « tout va bien ».

    L’État n’assure plus nos frontières. Ou plutôt si : il les laisse grandes ouvertes. Les flux migratoires explosent, l’immigration illégale est organisée, encouragée, financée. L’étranger en situation irrégulière a plus de droits que le Français qui a travaillé toute sa vie. La frontière ? Un concept fasciste, voyons !

    L’État n’assure plus notre démographie. Il subventionne les familles nombreuses… mais pas les nôtres. Les berceaux se vident pour les Français de souche, pendant que les chiffres explosent dans les banlieues où la « Nouvelle France » chère à LFI, ne se pose pas les mêmes questions que nous. La République, jadis nataliste, a choisi son peuple de remplacement.

    Alors, posons la question sans fard : à quoi sert donc l’État français ?

    La réponse est brutale : il ne sert plus à rien pour nous. Il ne sert qu’à nous contrôler, à nous pressurer, à nous culpabiliser. Il est devenu une machine d’aliénation, une annexe de Bruxelles et de Washington, un guichet d’aides sociales pour le monde entier, un guet-apens fiscal pour ses propres enfants.

    Nous sommes face à un paradoxe tragique : plus l’État s’effondre dans ses fonctions régaliennes, plus il se renforce dans ses fonctions de surveillance. Caméras, radars, QR codes, contrôles, procès pour « opinions déviantes ». La répression, oui. La protection, jamais.

    Guillaume Faye écrivait déjà que nous entrions dans l’ère de l’État zombie : il ne gouverne plus, il parasite. Il ne défend plus, il punit. Il ne construit plus, il déconstruit. C’est une machine bureaucratique sans âme, gérée par des technocrates hors-sol qui n’ont qu’une obsession : maintenir l’illusion de leur pouvoir.

    Alors, que faire ?

    Il ne s’agit pas de pleurnicher ou d’attendre que « ça change ». Non : il faut se préparer à la reconquête. Cela commence par le refus. Refuser la culpabilité. Refuser la propagande. Refuser la dissolution de notre identité. Ensuite, reconstruire nos propres solidarités locales, nos réseaux, nos communautés de destin. Enfin, exiger – et imposer – un État qui revienne à sa mission première : protéger son peuple, sa terre, son avenir. Y compris si il faut en revenir à des Etats plus locaux, donc plus proches de la population et de leurs attentes. Un État qui n’assure plus ni sécurité, ni prospérité, ni éducation, ni santé, ni frontières, ni démographie… ce n’est plus un État. C’est une administration occupante.

    Et comme toutes les occupations, elle ne dure que jusqu’au jour où le peuple décide de la balayer.

    Julien Dir (Breizh-Info, 29 août 2025)

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  • Le problème c’est Macron !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré au principal responsable de la crise politique dans laquelle nous sommes plongés.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Confiance : Bayrou n’est pas en cause, le problème c’est Macron

    Pour les médias de grand chemin la cause est entendue : le gouvernement Bayrou va prochainement tomber, faute de recueillir un vote de confiance de l’Assemblée nationale.
    Certes François Bayrou, âgé de 74 ans, manque de charisme et ne semble pas vraiment à la hauteur des menaces qu’il ne cesse d’agiter. Certes, aux termes de la Constitution, le gouvernement « détermine et conduit la politique de la nation ».
    Mais il ne faut pas se tromper de cible pour autant : le vrai responsable du désastre français, c’est Emmanuel Macron, qui est au pouvoir depuis plus de 10 ans : d’abord comme secrétaire général adjoint de l’Élysée en 2012, puis comme ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique en 2015, enfin comme président de la République depuis 2017.
    Alors que le fusible Bayrou n’est Premier ministre que depuis le 13 décembre 2024, il n’a pas eu le temps d’avoir un bilan ; mais le passif de plus de 10 ans de macronisme, lui, est extrêmement lourd.
    Il serait temps d’en tirer les conséquences.

    La France accumule les désastres

    On serait bien en peine, en effet, de trouver quelque chose de positif dans l’action d’Emmanuel Macron, que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan extérieur.
    Sur le plan intérieur, la communication a remplacé l’action et la France n’a cessé de s’enfoncer, accumulant les désastres.
    Désastre sécuritaire et migratoire, qui touche même les plus petites communes, livrées maintenant aux dealers.
    Désastre économique, puisque le président de la République s’est rallié en tout à l’idéologie libre-échangiste et mondialiste de la Commission européenne : la France s’est donc désindustrialisée, elle est en train de sacrifier son agriculture et sa balance commerciale accumule les déficits.
    Spectateur, le président se borne à déplorer les « mauvais » accords commerciaux que la Commission européenne « négocie », principalement à nos dépens.
    Désastre social, avec la déconstruction de la protection sociale pour les Français, le chaos éducatif qui a cassé l’ascenseur social et la remontée du chômage.
    Désastre financier, avec un endettement colossal et un coût croissant de sa dette, alors que l’État se montre incapable de contenir ses déficits malgré une pression fiscale parmi les plus élevées des pays de l’OCDE. Et alors que la crise financière pointe à l’horizon.

    Un président qui détruit au lieu de bâtir

    Désastre institutionnel, puisque le président ne dispose plus de majorité réelle au Parlement depuis la dissolution de 2014 et qu’il réunit moins de 20 % d’opinions favorables selon les sondages. Le régime des partis est donc de retour en France, avec son lot d’impuissance, de compromissions et de combines électorales.
    Désastre pour notre souveraineté enfin, parce qu’Emmanuel Macron a laissé, par européisme, la Commission européenne empiéter sur les droits des États, au mépris des traités européens.

    En réalité, depuis 2017, la France accumule les réformes inutiles, improvisées ou inachevées, qui détruisent au lieu de bâtir l’avenir.
    Comme on a sacrifié la politique énergétique sur l’autel de l’idéologie antinucléaire, comme on détruit EDF à la demande de l’UE, mettant en péril notre avantage compétitif de disposer d’une énergie bon marché. Comme on déconstruit les services publics, sans aucun profit réel pour les Français. Comme on n’a réformé qu’à moitié le système des retraites.
    Le domaine réservé : un désastre exemplaire

    Sur le plan extérieur, qui est plus que tout autre le « domaine réservé » du président de la République, le désastre est encore plus éclatant.
    François Hollande était certes souvent ridicule à l’étranger, bafouillant et se prenant les pieds dans les estrades et les tapis. Mais Emmanuel Macron, lui, est surtout un bavard du genre malfaisant.

    Pratiquant une diplomatie brouillonne et verbale, le président de la République a réussi en effet la performance de se brouiller avec à peu près tout le monde : avec l’Afrique, avec l’Algérie, avec Israël, avec la Russie, avec la Chine, avec les États-Unis, avec la Hongrie, avec l’Italie, avec l’Espagne…
    Devant les caméras, il tripote et embrasse tout le monde, mais en réalité il a fait perdre à la France son statut de puissance d’équilibre, sans rien obtenir de concret en échange.
    Il court derrière l’Ukrainien Zelensky, mais s’étonne de n’être plus écouté à Moscou. Il joue les « Européens », mais il courtise la Grande-Bretagne, qui ne fait plus partie de l’UE. Il demande au président du Burkina Faso d’aller « réparer la clim » et accuse les Russes de la perte d’influence de la France en Afrique. Il déclare que l’OTAN est en « état de mort cérébrale », mais ensuite il se rallie à tout ce qu’elle décide et il joue les va-t-en-guerre en Europe, avec une armée fantomatique. Il invite Mme von der Leyen dans ses déplacements à l’étranger, au grand étonnement de ses interlocuteurs. Et quand il demande à accompagner le chancelier allemand en Chine, il se fait remettre vertement à sa place par Berlin.
    Un président qui macrone

    Bref, il « macrone » tout le temps, comme le dit méchamment la presse ukrainienne : il parle bien, parfois en anglais, mais plus personne n’écoute la voix, désormais inaudible, de la France.
    Quelle image terrible donne ce président français, assis autour du bureau du président Trump le 18 août dernier, écoutant sagement, avec quelques collègues « européens », le vrai patron faire la leçon !
    Le pire tient à ce que ces échecs à répétition s’accompagnent d’une arrogance et d’un mépris sans limite pour ceux qui auraient l’audace de critiquer notre nouveau Mozart.
    « Les Français ne méritent pas mon mari » aurait dit Brigitte Macron, si l’on en croit la presse, lors d’un déplacement au Maroc. On a compris le message : si Macron est devenu « mauvais en tout » comme dit un personnage de Pagnol, c’est la faute à ces cochons de Français, pas la sienne.

    Un président qui matraque

    « Il faut se méfier de la première impression, c’est souvent la bonne », dit-on parfois avec ironie. La présidence Macron, née dans le complot et la violence, risque de confirmer l’adage.
    En 2017, Emmanuel Macron a été élu à la suite d’un complot médiatique et judiciaire ayant assuré sa promotion et éliminé son principal rival, François Fillon.
    La présidence Macron a ensuite significativement commencé avec la très violente répression du mouvement des Gilets jaunes, comme pour mieux souligner qu’elle inaugurait une coupure radicale entre le pays réel et le pays légal. Puis elle a continué avec la dictature sanitaire lors de la crise du Covid.
    Elle se poursuit aujourd’hui avec une censure et une répression croissante des opinions dissidentes, appuyée sur une Union européenne devenue eurofascisme, comme disent les Républicains américains.
    Et comme tout oligarque progressiste, notre génie de la finance et de la diplomatie ne tolère que les louanges et les journalistes complices, qui lui permettent de vivre dans sa bulle, à l’abri de la réalité qui dérange. Et d’accuser ses opposants de n’être que des fadas, des fachos, des complotistes ou des agents de Poutine. Des salauds sartriens qu’il faut donc faire taire.
    Emmanuel Macron ne gouverne pas, ou il gouverne mal, mais il s’accroche au pouvoir de plus en plus brutalement et de moins en moins démocratiquement.
    La censure du gouvernement Bayrou ne risque pas de calmer ses ardeurs dictatoriales.
    À moins que.

    Michel Geoffroy (Polémia, 26 août 2025)

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  • Hybris : la démesure contre l’Europe...

    Nous reproduisons un point de vue de César Cavallère, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la question de l'hybris.

     

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    Hybris : la démesure contre l’Europe

     

    « Car le dieu frappe de sa foudre les créatures qui s’élèvent trop haut, sans se soucier des plus humbles. Le dieu frappe de sa foudre tous les êtres vivants qui se distinguent par leur taille et leur grandeur. Ainsi, il abaisse toujours ce qui dépasse la mesure. »
    Hérodote, Livre VII, chapitre 10

     

    L’interdit fondateur : aux origines européennes de la mesure

    Dans l’univers grec, le cosmos est ordonné, et chacun y a sa place. L’homme, les dieux, les héros, la nature coexistent dans un équilibre qu’il appartient à tous de conserver. La Moïra, force impersonnelle du destin, répartit les parts de gloire et de souffrance. Tout ce qui vit – et Zeus lui-même – s’y soumet. L’hybris, c’est vouloir une part de destin qui n’est pas la sienne. C’est Narcisse se noyant, énamouré par son image, Sisyphe se jouant de la mort et des dieux, le prévoyant Prométhée volant le feu divin, ou Icare, s’approchant de trop près du soleil en dépit des mises en garde de son père Dédale.

    Le mythe est la correspondance d’une éthique, d’une esthétique, d’une métaphysique. La tragédie attique, que ce soit chez Sophocle ou Euripide, incarne cette conscience du monde en tant qu’ordre fragile, constamment menacé par l’exaltation du moi. Dans Œdipe-Roi, ce n’est pas un crime volontaire qui provoque la ruine, mais le refus d’entendre le destin. Dans les Perses d’Eschyle, la défaite de Xerxès est celle d’un orgueil impérial aveugle. La tragédie enseigne : l’excès est une faute, non parce qu’il est moralement condamnable, mais parce qu’il viole l’harmonie du tout.

    La théorie de la pleonexia chez Platon, ou la critique de l’excès du désir et de l’envie de tout posséder, s’inscrit dans cette même logique. Dans la République, le philosophe dénonce la logique tyrannique comme issue de l’hybris individuelle : un homme qui désire tout finit par perdre la liberté des autres. Le tyran est le fruit de la démesure. Avec Socrate, les fondements d’une anthropologie politique de la limite ont été durablement établis. Tout à l’inverse, Calliclès, dans le Gorgias, fait l’éloge de l’hybris : il est le prototype du moderne avant la lettre, défenseur de la force contre la justice, de l’excès contre la mesure. Il tourne le dos au « Mêdèn ágan » (« Rien de trop ») inscrit sur le fronton du temple de Delphes.

    L’ordre tragique, ainsi établi, est double : l’homme est tenu à l’humilité par son rang naturel, mais il est aussi, par nature, tenté de s’en écarter. La tragédie, loin de dissuader de toute volonté de grandeur, en rappelle l’horizon : seul celui qui accepte de souffrir selon sa nature peut atteindre la vertu. La proposition grecque est celle d’une anthropologie posant que seule la connaissance des limites peut mener à la grandeur.

    D’Athènes à Rome : la continuité de l’interdit

    Contrairement à l’idée reçue, le christianisme ne rompt pas avec la métaphysique grecque du cosmos. Il en transforme les termes, mais pas la structure. Le Dieu unique remplace les dieux, la loi morale remplace la Moïra, mais l’hybris reste la faute par excellence. Le péché originel, c’est l’homme voulant devenir « comme un dieu ». Lucifer est ainsi déchu pour avoir voulu être l’égal du Créateur. Saint Jean nous dit que le dragon – représentation monstrueuse du diable – a entraîné avec lui « le tiers des étoiles du ciel », un désordre cosmique ! L’orgueil (superbia) devient la matrice de tous les péchés.

    Le monde médiéval fut un monde ordonné, structuré, hiérarchisé, où chaque chose avait son sens et sa place. La sainteté, la chevalerie, l’art gothique, le droit coutumier : tout visait à restaurer un ordre sacré. La société féodale est toujours celle de la tripartition indo-européenne, un ordre social établi sur la complémentarité, et l’inégalité protectrice.

    Les Pères de l’Église, Augustin en tête, ne font que christianiser un schème très ancien : l’homme ne peut accéder à la vérité ou au salut qu’en reconnaissant sa petitesse. La grandeur de l’homme est dans l’acceptation de son infériorité à Dieu. Cette vision n’est pas étrangère à celle d’Eschyle, chez qui Hybris a pour mère Dyssebeia, qui signifie « l’impiété ». Thomas d’Aquin définira plus d’un millénaire plus tard l’orgueil comme le désordre fondamental : la tentative d’acquérir la béatitude par ses propres forces. La faute n’est pas tant dans l’ambition que dans l’arrogance de croire que l’on peut se sauver seul. Relevons tout de même une nuance : le christianisme a universalisé l’hybris ; tous les hommes sont pécheurs.

    La littérature médiévale reprend cette structure tragique sous une forme nouvelle : la chanson de geste. Roland meurt pour avoir refusé d’appeler au secours en sonnant l’Olifant. Renaud, dans les Quatre Fils Aymon, doit suivre une quête expiatoire et restaurer l’ordre qu’il avait brisé dans l’empire de Charlemagne. Les héros sont toujours confrontés à la tentation de l’excès, et à la nécessité du sacrifice. C’est ce qu’Aristote appelait déjà l’hamartia, « la faute commise par le héros permettant le renversement du malheur en bonheur ou du bonheur au malheur ». Dans le christianisme, l’hamartia est comprise comme l’action du péché, qu’il soit commis par omission ou par commission, en pensée ou par sentiment, en parole ou en acte.

    Les figures bibliques ne témoignent pas d’une autre logique : l’ordre divin est juste parce qu’il est ordonné, mais le refus de cet ordre appelle toujours la sanction. À l’inverse, celui qui agit en conformité avec la volonté de Dieu est récompensé, comme c’est le cas d’Abraham, de Moïse ou de Noé. De même, l’Apocalypse de Saint Jean décrit le moment précédant la fin des temps comme celui du déchaînement de la démesure humaine.

    La modernité ou l’ère de la démesure

    Le basculement moderne n’est pas seulement politique ou scientifique : il est ontologique. Le cosmos se disloque au profit d’un sujet abstrait. La modernité nie le tragique et ne connaît plus de limite. Elle remplace l’hétéronomie par l’autonomie, la hiérarchie par l’égalité, l’ordre cosmique par le désir individuel. Elle produit Faust, Frankenstein, Hamlet. Le péché devient création, la faute, expérience. L’homme ne veut plus s’inscrire dans l’ordre du monde : il veut le refonder.

    Nietzsche, malgré sa nostalgie du tragique grec, participe de ce renversement. En exaltant la volonté de puissance, en sacralisant Dionysos contre Apollon, il légitime une démesure assumée, vitale, éruptive. Le mal n’est plus à fuir, mais à embrasser. Ce renversement ouvre la voie à toutes les transgressions modernes : biologiques, sexuelles, sociales. Dans le sillage de Faust, l’Occident devient alchimiste, individualiste, libertaire.

    Le romantisme puis l’existentialisme prolongent cette tendance. Le héros romantique est celui qui aspire à l’infini, et dont le désir consume l’âme. De Goethe à Byron, de Shelley à Camus, le héros se définit contre l’ordre. Mais ce héros finit seul, brisé, souvent suicidaire. Il incarne un Prométhée dénaturé, détourné de son sens pédagogique antique.

    Pour Giorgio Locchi, la modernité n’est pas seulement une époque, c’est un processus : celui de l’auto-affirmation européenne. Il parle d’européanité comme d’une histoire-sens, c’est-à-dire d’une dynamique intérieure par laquelle l’homme européen se projette dans un au-delà de lui-même, par la création, la volonté, l’action. À ce titre, l’hybris n’est pas une simple pathologie moderne : elle est une tentation propre à l’Europe. La tension entre la limite et son dépassement est un motif fondamental structurant la psyché européenne.

    Mais là où Locchi se distingue des modernes, c’est qu’il ne confond jamais dépassement et négation des limites. Il y a pour lui une tension constitutive de l’Europe entre l’élan prométhéen et la conscience tragique. L’homme européen, dit-il en substance, tend vers l’absolu — mais il sait qu’il ne pourra jamais l’atteindre. Cette tension, qui fonde le tragique européen, est aussi sa grandeur.

    Dès lors, l’hybris moderne — celle du posthumanisme, de l’égalitarisme intégral, du déracinement — n’est pas un prolongement ordinaire de l’élan européen : c’est sa dénaturation. Elle conserve la dynamique du dépassement, mais en détruisant le cadre symbolique, le mythe, la limite cosmique. L’hybris moderne est dévoyée parce qu’elle prétend à la liberté sans tragique, à la puissance sans destin, le dionysiaque sans apollinien. Le « prométhéen » n’est plus le prévoyant, mais plutôt, à l’image d’Épiméthée, celui qui agit avant de réfléchir.

    Afin de trancher avec le marasme des anthropologies modernes (société sans limites, droits sans devoirs, science sans conscience, art sans beauté), il faut à nos contemporains une proposition de retour à une éthique de la limite.

    Lutter contre l’illimité : vers un antimodernisme tragique

    Notre pensée, en filiation avec Nietzsche, mais contre les avatars modernes de sa pensée, réhabilite la notion de limite. Dominique Venner parle de « métaphysique de l’illimité » pour désigner l’essence de la modernité. Alain de Benoist souligne que la véritable identité européenne est tragique : elle reconnaît la mort, la fatalité, le destin. David Engels plaide pour un retour aux structures traditionnelles, hiérarchiques, inspirées du monde chrétien médiéval.

    Ce retour n’est pas réaction, mais renaissance. Renaître, c’est comprendre que le monde n’est pas à bâtir à partir de rien, mais à transmettre, à garder, à respecter. Cela implique de retrouver un sens de la mesure qui seul permettra la régénération d’un éthos européen. C’est cet équilibre qui est la condition pour refonder un art de vivre authentique.

    Nous sommes passés d’un monde tragique à un monde technique, disait Camus. Il est temps de quitter les « gouvernances » pour refaire le Politique, et délaisser l’anecdote des revues de presse pour reprendre l’Histoire. Cela passe par la restauration de l’esthétique tragique. Le héros n’est pas celui qui triomphe de tout, mais celui qui accepte sa part de souffrance et assène le grand « oui » au destin. Le politique n’est pas celui qui déconstruit les normes, mais celui qui veille sur l’harmonie. L’artiste n’est pas celui qui choque, mais celui qui révèle.

    Le combat contre l’hybris moderne passe aussi par une action culturelle, métapolitique, qui réintroduit le sens de la tragédie dans les esprits. Cela implique de redonner une voix aux mythes fondateurs, de revaloriser le sens du destin, de faire de la pensée et de la mémoire un acte vivant.

    Antigone et Achille doivent redevenir les modèles d’une anthropologie enracinée. Antigone désobéit, Achille déborde. La transgression de l’ordre n’est pas toujours une faute, elle peut être la clé d’une résolution dynamique. Mais c’est un dépassement dialectique que nous ne pouvons comprendre que dans une civilisation de l’Interdit.

    Répétons-le : la culture européenne ne fut grande que lorsqu’elle fut tragique. Non pas pessimiste ni résignée, mais lucide dans son rapport à l’histoire. C’est parce que l’homme européen savait que tout passe qu’il a bâti les cathédrales et écrit des épopées. C’est parce qu’il connaissait sa place dans le cosmos qu’il voulait tendre à bâtir une cité juste. C’est parce qu’il savait que la beauté est mortelle qu’il a enfin voulu la transmettre.

    Conclusion : pour un réveil tragique de l’Europe

    L’Europe contemporaine est une tour de Babel : elle parle toutes les langues sauf celle de la limite. Elle est faustienne, déracinée, marchande. Elle ne connaît plus que droit, contrat et jouissance.

    Il ne s’agit pas de revenir à l’ancien monde, mais de retrouver ce qui faisait la poésie de l’ordre ancien. Camus, dans L’Exil d’Hélène, disait que l’homme ne peut se passer de la beauté. Mais la beauté elle-même est limite. Elle est harmonie, règne des proportions justes, et non celui du quantitatif. Elle est tension, non-résolution. Réapprendre à vivre tragiquement, c’est refuser la fuite en avant du désir. C’est réintégrer l’homme dans un ordre où il serait à nouveau le moteur héroïque de l’histoire.

    L’avenir est à ceux qui sauront, selon la formule de Nietzsche, justifier le malheur. Non pour le nier, mais pour en faire une grandeur. Telle est la tâche qui attend les héritiers d’une civilisation tragique. Et cette tâche commence aujourd’hui, dans le silence, dans la transmission, dans l’éveil des consciences, face à un monde qui ne connaît plus que le déni du réel, et a troqué la contemplation pour la compensation. Dans le prolongement d’un Spengler, Locchi soutient que l’Europe ne pourra survivre qu’en redécouvrant une forme de grandeur tragique. Cela signifie : accepter le destin non comme une limite paralysante, mais comme une forme qui rend possible l’action.

    La question de la réintégration de la limite comme facteur de la régénération est un moment essentiel de la révolution métapolitique. Il est temps de rouvrir les tragédies, non pour les admirer, mais pour y puiser une discipline de l’âme. Il est temps de se réapproprier nos interdits, non pour les subir, mais pour y trouver la forme. Il est temps, en un mot, de redevenir Européens.

    César Cavallère (Institut Iliade, 18 août 2025)

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  • 2015 : Angela Merkel ouvre les frontières et l’Allemagne bascule...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 25 août 2025 et consacrée à l'année 2015 au cours de laquelle Angela Merkel a fait basculer l'Allemagne dans le chaos migratoire...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                                

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  • Macron : quand Macheprot s’en va-t’en guerre…

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à u va-t-en guerre nommé Macron...

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    Macron : quand Macheprot s’en va-t’en guerre…

    Lors de son intronisation, le 14 mai 2017, Emmanuel Macron remonte les Champs-Élysées à bord de son « Command Car » ; soit, en français vernaculaire, un VLRA (véhicule léger de reconnaissance et d’appui). Il est alors beau comme un camion bâché. À l’époque, on a presque envie d’y croire. Mais après François Hollande, le peuple est alors prêt à tout avaler ; même la Terre plate pour que cela nous épargne les platitudes du mandat précédent. Le soufflé retombe vite, surtout après la prestation du rappeur Kiddy Smile, arborant un tee-shirt orné du slogan « Fils d’immigrés, noir et pédé », lors de la Fête de la musique. Là, à l’Élysée, l’artiste est entouré de ses pairs à torse-poil, les pectoraux moulés dans des tops en dentelle résille, devant un couple présidentiel manifestement émoustillé. Pour en revenir au registre militaire, nous sommes loin de l’armée coloniale de jadis et du Chant des Africains, dont les membres étaient connus pour ne pas se battre à coups de sacs à main.

    Il n’empêche, la Cage aux folles n’empêche pas le virilo-militarisme ; tout le monde sait ça depuis les Village People.

    La « guerre » mise à toutes les sauces…

    Ce sera donc la « guerre » contre le terrorisme, la « guerre » contre le Coronavirus, la guerre contre les « Gaulois réfractaires ». On ne saurait reprocher à monsieur Trogneux de n’avoir pas fait son service militaire – question de générations. Néanmoins, il n’est pas illicite de s’interroger sur cette propension au vocabulaire guerrier.

    Au siècle dernier, alors que j’avais le plaisir d’interroger le général Marcel Bigeard, l’aujourd’hui défunt confiait à l’auteur de ces lignes : « Tous ces objecteurs de conscience, ces réformés, ces antimilitaristes, il suffisait de les voir dans la tribune du défilé du 14 juillet. On aurait dit des gosses devant leurs jouets. Tous ces jolis tanks, ces beaux soldats, ces héros ; ça leur faisait manifestement quelque chose. Ils ignoraient seulement que la guerre, c’est une dégueulasserie, qu’on y voit trop souvent ses camarades partir alors qu’ils ont toute la vie devant eux. La guerre, il faut bien sûr la faire, mais seulement quand on n’a plus le choix. Et quand on la fait, c’est généralement pour tenter de réparer les conneries du monde politique. » Pour matamore qu’il fut parfois, l’éphémère secrétaire d’État à la Défense nationale de Valéry Giscard d’Estaing (1975-1976), parlait d’or.

    Bref, Emmanuel Macron accommode la “guerre” à toutes les sauces, surtout lorsque de salons et principalement dès lors qu’il a l’occasion de la faire au peuple l’ayant élu. Récemment en visite au Cameroun, il s’agenouille devant le président local, Paul Biya, histoire de demander pardon pour la “guerre” menée par la France à ce pays, dès lors qu’il voulut accéder à l’indépendance. Une repentance qui ne s’impose évidemment pas, et encore moins que celle effectuée en rampant devant le FLN, quand il assure que cette « guerre » de colonisation a abouti à un « crime contre l’humanité ». Un comble, cette contrition s’étant faite contre d’autres colonisateurs ; arabes, ceux-là qui mènent aujourd’hui l’Algérie à la ruine économique, sociale et politique.

    Un jour en « guerre » contre le Hamas et l’autre contre la Russie…

    Après les massacres du 7 octobre 2023, le même entend monter une coalition internationale contre le Hamas palestinien, sur le modèle de celle naguère mise sur pied pour en finir avec l’État islamique. Aujourd’hui, Emmanuel Macron nous affirme que nous sommes en “guerre” contre la Russie, après avoir plus ou moins affirmé le contraire aux débuts du tragique conflit fratricide russo-ukrainien. Et de tenir un discours plus qu’alarmiste en un “off” n’en étant pas véritablement un devant un parterre de journalistes choisis, assurant, en substance, que les chars russes pourraient bien se retrouver à Quimper en un week-end même pas prolongé. Alors, qui croire ? Emmanuel ? Ou Macron ?

    Pour Trump, Macron est « un gars sympa »…

    Le problème, c’est que ses homologues internationaux, le prenant de moins en moins au sérieux, ne prennent même plus la peine de l’écouter. La preuve par Donald Trump qui, en juin dernier, affirme : « On ne cherche pas un cessez-le-feu. Je n’ai pas dit qu’on cherchait un cessez-le-feu. Ça c’était Macron. Un gars sympa, mais qui n’a pas souvent raison… » Le pétulant Matteo Salvini, ministre transalpin des Transports, ne pouvait évidemment demeurer en reste, lorsque raillant le premier des Français, à propos du possible envoi de troupes françaises sur le théâtre des opérations : « Vas-y toi, si tu veux. Tu mets le casque, le gilet pare-balles, le fusil et tu pars en Ukraine ! » Et Giorgia Meloni, présidente du Conseil qui laisse dire, humiliation suprême que ne vient même pas laver la convocation de l’ambassadrice italienne à l’Élysée.

    Pourtant, on peut malgré tout mettre au crédit de son locataire de faire ce qu’il peut pour que la voix de la France soit encore entendue dans le vaste monde. La promesse de la reconnaissance d’un État palestinien, éternelle arlésienne de notre géopolitique, ne manque certes pas d’un certain panache ; mais, en même temps (comme il dit), cela tombe malheureusement à contretemps.

    Au moins ne se couche-t-il pas trop devant Netanyahu…

    Pourtant, notre homme aura pourtant été sage en refusant de participer à la Marche contre l’antisémitisme, le 13 novembre 2023, rompant ainsi avec la douteuse tradition d’un François Mitterrand défilant à Paris en 1990, lors de la profanation du cimetière juif de Carpentras, ou d’un autre François, Hollande celui-là, s’en allant faire le beau à l’occasion de la manifestation censée honorer les morts de Charlie hebdo. De même, il n’a pas tort en ne se soumettant pas au discours officiel israélien niant la réalité de ce qui ressemble de plus en plus à un génocide dans la Bande de Gaza ; ou, à défaut, d’un populicide organisé.

    Résultat ? Emmanuel Macron se fait agonir d’injures par Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, à l’occasion d’une lettre frôlant l’incident diplomatique, pour ensuite s’en reprendre une couche par Charles Kushner, père du gendre de Donald Trump et accessoirement ambassadeur américain en France, lequel stigmatise « son absence d’action suffisante (…) en matière de flambée d’antisémitisme. » De quoi je me mêle ? Pour un peu, on se sentirait presque macroniste, ne serait-ce que l’espace d’un moment, tant honteux que fugace.

    Ces choses dites, Emmanuel Macron serait mieux inspiré de partir en “guerre” contre ses propres démons, sachant qu’on ne saurait, « en même temps », une fois encore, tenter de brandir haut un drapeau qui, par ses soins, a trop souvent été abandonné dans le caniveau.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 26 août 2025)

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