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Points de vue - Page 3

  • Pourquoi il est vital de sauver la France de son déclin mortel...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 24 janvier 2025 et consacrée au déclin de la France.

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                                

     

     

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  • L’Europe serpillière...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir cueilli sur Breizh-Info et consacré à la faillite des dirigeants européens face à l'élan de la nouvelle équipe présidentielle américaine...

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    L’Europe serpillière face à l’audace américaine de Trump et Musk

    L’Europe de l’Ouest est en train de devenir une caricature d’elle-même. Une région autrefois moteur de la civilisation, aujourd’hui rabaissée à une serpillière mouillée, essuyant les crachats de ses propres élites et se laissant traîner par le courant sans la moindre résistance. La médiocrité qui gangrène nos dirigeants, incapables de penser au-delà des slogans creux et des postures moralisatrices, atteint des sommets. Pendant ce temps, outre-Atlantique, deux figures emblématiques, Donald Trump et Elon Musk, incarnent ce que l’Europe a oublié : la puissance, la force, et l’audace de rêver grand.

    Nathalie Loiseau et la danse des médiocres

    Prenons Nathalie Loiseau, par exemple. Ah, la championne des postures vides et des indignations pavloviennes ! Sa rhétorique pseudo-humaniste ne cache qu’un vide abyssal. Une pensée calibrée pour ne froisser personne, un discours fait de lieux communs et de fausse vertu. Les Nathalie Loiseau, les Von der Leyen et autres technocrates en costumes grisâtre ne dirigent pas : ils gèrent. Ils gèrent la déliquescence, l’effacement et la servilité. Ces élites européennes passent leur temps à dénoncer Trump comme un « danger », Musk comme une « menace », tout en évitant soigneusement de se demander pourquoi leurs peuples en ont assez d’eux. On dirait les jalouses de la cour de récréation quand nous étions petits : pas assez de prétendants, et des résultats scolaires moyens. Donc de la jalousie à revendre.

    Les leçons de Trump et Musk

    Trump et Musk, voilà deux hommes qui terrifient cette classe dirigeante. Pourquoi ? Parce qu’ils représentent tout ce que l’Europe serpillère ne peut plus comprendre. Trump, avec son langage brut et sa volonté d’en découdre, et Musk, avec son mépris des conventions et son ambition galactique, incarnent une Amérique prête à imposer sa force, quitte à déplaire.

    Certains diront que Trump est un provocateur populiste, et que Musk est un milliardaire excentrique. Soit. Mais, au moins, ils osent. Ils osent défier les puissants, provoquer les tabous, poser des questions interdites. Musk achète Twitter et rétablit des voix bannies pour « déviance idéologique ». Trump refuse de baisser la tête face aux anathèmes médiatiques. Oui, il y a des défauts, des outrances, mais derrière tout cela se cache une vérité essentielle : la volonté de puissance.

    Que fait l’Europe face à cela ? Elle s’indigne. Elle tremble. Elle se moque d’eux avec la suffisance arrogante du faible qui sait qu’il ne peut rien faire. Pendant que Trump veut construire des murs, l’Europe ouvre ses portes à tout vent et s’effondre sous le poids de sa propre incapacité à exister. Pendant que Musk imagine des colonies sur Mars, nos dirigeants se demandent comment interdire les moteurs thermiques et plier devant des Greta Thunberg en culottes courtes.

    Daniel Cohn-Bendit, le soixante-huitard devenu vieillard grisonnant, continue d’incarner cette Europe de la soumission. Une Europe qui prêche la diversité culturelle tout en écrasant ses propres racines, qui prône la liberté tout en censurant les voix dissidentes, qui se drape dans la morale tout en piétinant la volonté populaire.

    Le retour de l’Histoire

    Trump et Musk, d’une certaine manière, incarnent le retour de l’Histoire. Après des décennies où l’homme blanc occidental a été réduit à s’excuser, à se flageller, à se renier, voilà qu’émergent des figures qui refusent de plier. Loin de les idolâtrer, nous devrions comprendre la leçon qu’ils nous offrent. Ce vent de liberté, d’audace et de force est une occasion pour l’Europe.

    Mais attention : il ne s’agit pas d’être des vassaux de Trump ou de Musk. Il s’agit de profiter de cette dynamique pour nous débarrasser de nos propres chaînes. Il est temps de vider nos poubelles : les Loiseau, les Cohn-Bendit, les Von der Leyen, les Bayrou, les  Starmer, les Tusk, et toute cette caste d’eurocrates déconnectés qui ont confisqué notre liberté.

    L’Europe doit retrouver son âme. Une Europe qui ne se soumet pas mais impose. Une Europe qui ne craint pas la controverse mais l’affronte. Une Europe viscéralement attachée à la liberté d’expression, une liberté totale, sans compromis.

    Ce n’est qu’en nous débarrassant de la médiocrité, de la gestion et de l’effacement que nous pourrons redevenir des maîtres, et non des esclaves. Si l’Europe refuse cette renaissance, alors elle continuera à ramper, à se lamenter et à disparaître, pendant que d’autres – Trump, Musk, ou qui viendra après eux – écriront les nouvelles pages de l’Histoire.

    Julien Dir (Breizh-Info, 21 janvier 2025)

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  • Quand la géographie parle gaulois !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une vidéo de Jacques Lacroix consacrée aux noms gaulois des hauteurs qui restent présents dans nos noms de lieux.

    Professeur agrégé, docteur ès Lettres et Civilisations de l'université de Bourgogne, Jacques Lacroix est spécialisé dans l'étude des noms d'origine gauloise et a publié un ensemble d'ouvrages et d'articles sur l'héritage linguistique des Gaulois, liant toponymie , histoire et archéologie, dont, en deux tomes, Les frontières des peuples gaulois (Yoran, 2021) et Le Grand héritage des Gaulois (Yoran, 2023).

     

                                          

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  • Le Québec face au projet d’annexion du Canada par Donald Trump...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Rémy Tremblay  à Camille Galic pour Polémia, dans lequel il évoque les projets d'annexion du Canada par les États-Unis lancés par Trump.

    Rémy Tremblay est un journaliste québécois spécialiste des arcanes politiques du Canada et éditeur de la revue Le Harfang.

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    Le Québec face au projet d’annexion du Canada par Donald Trump

    Un voisin déjà ultra-américanisé

    Camile Galic : Après le canal de Panama puis l’immense et très riche en métaux précieux Groenland, région autonome (mais désertique : 57 000 âmes) du Danemark, le président états-unien Donald Trump convoite le Canada. Votre première réaction a-t-elle été la stupéfaction ou l’indignation ? 

    Rémy Tremblay : En fait, comme la plupart des Canadiens, lorsque cette idée fut lancée la première fois par Donald Trump peu après son élection, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une simple blague. Après tout, le président américain est connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce et il annonçait des négociations sur des tarifs sur les produits canadiens, qu’il souhaiterait voir atteindre 25 % !
    Mais, nous sommes désormais en janvier, et Trump continue de discuter ouvertement de cette annexion envisagée. Alors, comme tout le monde ici, je commence à me demander s’il s’agit réellement d’une simple blague. Et la plupart des gens à qui je parle se posent la même question.

    Camile Galic : L’américanisation des esprits, de la langue et des mœurs avec le wokisme est-elle déjà un fait accompli au Canada ? Et, si oui, les régions les plus gangrenées sont-elles les provinces francophones ou anglophones ? 

    Rémy Tremblay : La question est excellente; en fait, le Canada anglais (qu’on appelle le Rest of Canada) est déjà ultra-américanisé : le wokisme y triomphe partout, on se nourrit de la culture hollywoodienne, on a les même références culturelles… Bref, les Anglo-Canadiens sont pratiquement des Américains, mais un peu plus à gauche. Ici, la liberté d’expression est loin d’être absolue, tout comme le droit aux armes à feu, et nous vivons, d’un océan à l’autre dans un état-Providence.

    Force est de constater que Vancouver, Toronto et même Montréal n’ont plus grand-chose de canadien. Ces mégalopoles, où les « de souche » se font de plus en plus rares, pourraient être des villes états-uniennes.

    Cela étant dit, ce qui distinguait les Canadiens anglais des Américains était l’américanophobie de façade adoptée par les Canadiens anglais, qui aiment se considérer comme « plus éclairés » que leurs voisins du Sud. Anciennement, les Canadiens anglais étaient des WASP (White Anglo Saxon Protestants) et se considéraient plus comme des Britanniques que comme des Canadiens. Loyaux à la Couronne, ils entretenaient de réelles différences culturelles avec leurs voisins du Sud.

    Toutefois, ces Anglais sont devenus une minorité. Lorsque Stephen Harper tenta il y a une quinzaine d’années de faire revivre un patriotisme canadien autour de la Couronne, de l’attachement à la Grande-Bretagne et à notre participation au conflit de 1812 contre les États-Unis, ce fut un échec. Les Néo-Canadiens provenant des quatre coins du globe, n’ont que peu d’intérêt pour ce genre de patriotisme à saveur historique.

    À l’heure où les Canadiens d’origine anglaise deviennent une pièce de plus en plus petite de la mosaïque canadienne, ce genre de patriotisme ne fonctionne plus.

    Camile Galic : Et le Québec?

    Rémy Tremblay : Le Québec, voilà ce qui me préoccupe. Nous avons une culture propre, une histoire différente, des origines à nous. Nous sommes une nation distincte. Et reconnue.

    Que les États-Unis avalent le Canada anglais m’importe peu. Les ressemblances entre eux sont tellement flagrantes, que leur séparation est une quasi-erreur historique! Dans tous les cas, le Canada-français ne doit pas être absorbé par les États-Unis, ce serait la fin de l’aventure française en Amérique. En une ou deux générations, nous serions, comme nos aïeux installés au Sud de la frontière durant la « Grande saignée », assimilés. Il ne resterait de nous que quelques patronymes prononcés à la sauce yankee.
    Une culture mourrait définitivement.

    Si certains sont prompts à condamner mes propos, qui peuvent paraître choquants, il faut se rappeler que c’est par le rapport de forces que le Canada tient le Québec en otage. En 1995, lorsque les Québécois purent s’exprimer sur leur avenir national, ce sont les magouilles avérées d’Ottawa qui firent en sorte que nous sommes restés contre notre gré dans cette Confédération. Ottawa a parfois invoqué la possibilité de faire intervenir l’armée ou d’utiliser d’autres moyens de coercition si le Québec quittait le Canada. Dans le scénario actuel, Washington a annoncé qu’il n’emploierait ni la force, ni la contrainte.

    Je me sens donc fort peu solidaire du Canada anglais, mais je crains que les souverainistes se rangent par commodité derrière Ottawa plutôt que de tenter de tirer leur propre épingle du jeu… surtout que la fenêtre de possibilités s’ouvre pour nous.
    Pourquoi défendre la souveraineté d’un État qui nie la souveraineté de ma nation?

    Un projet déjà ancien

    Camile Galic : L’Anschluss du Canada est-elle populaire ou déjà envisagée aux Etats-Unis ou bien cette idée extravagante pour nous Français est-elle sortie tout armée de la tête de Trump à des fins géopolitiques et/ou mercantiles  ? 

    Rémy Tremblay : Il faut le dire, ce n’est pas la première fois qu’un tel projet est évoqué. Les révolutionnaires américains tentèrent d’annexer le Canada lors de la Guerre d’indépendance, puis, en 1837-1838, plusieurs chefs canadiens-français, dont Louis-Joseph Papineau, évoquaient la possibilité de s’émanciper du joug britannique pour se rattacher aux États-Unis. Nous aurions été une Louisiane-bis.

    Dans les années 1980, il y eut un petit parti, le Parti 51, qui proposait de faire du Québec le 51e État américain. Le score fut anecdotique.

    Il semble que l’objectif de la menace de Trump soit de déstabiliser l’adversaire dans les rounds de négociation. Il faut comprendre que Trump veut imposer des tarifs de 25% aux produits canadiens pour favoriser l’économie de son pays. Face à lui, il a un Premier ministre démissionnaire, car peu populaire, qui a dû suspendre la démocratie en fermant le Parlement jusqu’au printemps pour éviter d’être renversé. Bref, Trump a le gros bout du bâton.

    Pire, la principale arme que Ottawa pourrait brandir est l’imposition de tarifs ou de restrictions sur les exportations énergétiques (pétrole de l’Alberta et électricité du Québec), mais on imagine mal l’Alberta et le Québec faire front commun avec Trudeau lors de ces négociations. D’ailleurs, la Première ministre albertaine Danielle Smith était à Mar-a-Lago le samedi le 11 janvier!

    L’assourdissant silence de la France

    Camile Galic : La réaction du Danemark a été jusqu’ici très modérée, mis à part le changement de ses armoiries pour y inclure le Groenland et les Féroé, mais quelle a été celle du Royaume-Uni ? 

    Rémy Tremblay : Le Royaume-Uni n’a plus de pouvoir au Canada. Le roi par contre est roi du Canada, ce qui en fait le chef d’État officiel, mais non pas en tant que roi d’Angleterre. Le Royaume-Uni n’a donc pas son mot à dire. Mais, vu la réputation du Canada dans les « Five Eyes », agence de renseignements réunissant depuis la Seconde Guerre mondiale  l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, et où il fait office de bon dernier, il y a probablement des gens à Londres qui espèrent un tel scénario.

    Maintenant, ce qui est assourdissant, c’est le silence de la France. Imaginons que ce fût un Charles de Gaulle à l’Élysée… À peine ce scénario d’annexion annoncé, le président français aurait traversé l’Atlantique pour assurer les Québécois de son soutien et il est fort à parier qu’il aurait exigé que le Québec devienne indépendant et devienne soit une nation totalement indépendante, soit un protectorat. Mais la France, qui fut longtemps la meilleure amie du Québec, ne semble pas vouloir jouer un rôle cette histoire.

    Camile Galic : Notre actuel président a d’autres chats à fouetter… Mais comment ont réagi les immigrés, de plus en plus nombreux au Canada et dont les nouvelles générations naturalisées sont majoritairement anglophones, même quand leurs ascendants venaient du Maghreb ou de Haïti ? En cas de référendum par exemple, comment voteraient ces citoyens de fraîche date ? 

    Rémy Tremblay : Bonne question! Il est difficile de savoir comment le vent tournerait. Il faut savoir que le Canada est excessivement laxiste au niveau de la justice et offre un filet social incroyable… Il se pourrait donc bien que les Néo-Canadiens préfèrent le Canada aux États-Unis. Mais ça reste à voir !

    Rémy Tremblay, propos recueillis par Camile Galic (Polémia, 21 janvier 2025)

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  • Le New Space : un univers spatial en pleine transformation accélérée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen cueilli sur Geopragma et consacré au nouveau paysage de l'industrie spatiale...

    Secrétaire général de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique. 

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    Le New Space : un univers spatial en pleine transformation accélérée

    Il semble opportun, au moment où la start-up spatiale Blue Origin s’apprête à lancer son premier vaisseau orbital habité, et peu après que l’humanité ait célébré le soixantième anniversaire du premier homme Yuri Gagarine à voyager dans l’espace, les lancements réussis de la fusée Space X pour transporter des astronautes à la Station spatiale internationale (ISS) et les ramener via son module, de se pencher sur ce phénomène qu’est le New Space.  Même si en apparence c’est un contraste avec le Old Space, dominé alors par les superpuissances géostratégiques et militaires concurrentes qu’étaient les Etats-Unis et l’URSS, il révèle en fait l’émergence fracassante du New Space ; et il convient sans doute de non pas parler d’un New Space mais des New Spaces. En réalité, il s’agit de plusieurs phénomènes qui se conjuguent et concourent à une dynamique globale.

    Qu’est-ce que le New Space ? C’est la transformation du Old Space en New Space autour de quatre axes majeurs : l’ouverture de l’espace à de nouveaux acteurs essentiellement privés, à de nouveaux pays, à de nouveaux champs d’application y compris militaires, et afin de réaliser des projets profitables. Le Old Space, c’est l’industrie spatiale telle qu’on la concevait il y a quelques années encore : les acteurs étaient avant tout des monopoles d’Etat, les objectifs étaient pour l’essentiel des objectifs politiques et stratégiques avec un lien très étroit entre les enjeux militaires nationaux et les aspects scientifiques des missions spatiales. Ils étaient cantonnés à des tâches d’observation de la Terre, d’étude de l’univers, d’exploration, de démonstration de technologie et d’une activité humaine en orbite basse. Et la maîtrise des coûts et la profitabilité n’étaient pas du tout une priorité.

    Les nouveaux acteurs sont des milliers d’entreprises, pour le moment américaines pour la plupart – et de manière croissante, chinoises – qui visent à conquérir l’espace ; se traduisant dans les faits par la privatisation de l’accès à l’espace. Ces nouveaux entrants dans un secteur d’activité qui était jusqu’alors réservé aux états et institutions publiques font bénéficier au métier spatial traditionnel des innovations et des technologies issues d’autres domaines comme celles du numérique ou de la Big Data. Jeff Bezos (fondateur de Blue Origin et patron d’Amazon) voit son rôle comme bâtisseur d’infrastructures spatiales afin que « la prochaine génération puisse bénéficier d’un environnement entrepreneurial dynamique dans le domaine spatial. »

    Les partenariats public-privé se multiplient également : l’abandon de la navette spatiale américaine en 2011 a contraint la NASA à ouvrir le marché du ravitaillement de l’ISS au secteur privé avec Space X, car elle dépendait depuis lors de la fusée russe Soyouz pour transporter les astronautes américains jusqu’à la station orbitale. Space X n’est pas la première à avoir mis sur le marché un lanceur réutilisable (la navette spatiale américaine ayant cet honneur) ; toutefois, c’est effectivement la première société à avoir réussi à recycler un lanceur… et à réduire ainsi drastiquement les coûts par lancement de l’ordre de 30% …

    L’impact principal lié au New Space entraîne l’irruption de ces start-ups et de ces nouveaux acteurs dans le domaine spatial avec de nouveaux modes opératoires. Cette irruption n’est pas sans lien avec la conception de la nouvelle fusée Ariane 6, plus économe, car se voyant bousculé, cet acteur traditionnel se voit contraint d’innover à son tour avec un lanceur réutilisable.

    Pour les pays en développement et en accélération, cette nouvelle ère est aussi une opportunité inédite dans l’histoire de la conquête spatiale. Le Japon a procédé avec succès au lancement de sondes lunaires et également capables d’explorer des astéroïdes. La Chine avec les missions lunaires Chang’e et son rover Lapin de Jade qui a pu parcourir la surface de la Lune, en a fait l’un des rares pays à avoir réussi un tel exploit. En outre, la Chine a réussi le lancement de multiples modules qui constitueront à terme sa future station spatiale en orbite autour de la Terre. Elle vise elle aussi des missions sur Mars. L’Inde est également extrêmement dynamique : déploiement d’un orbiteur autour de la Lune, mise en orbite autour de Mars d’une sonde, et une autre mission lunaire comprenant un orbiteur, un atterrisseur et un rover.

    Enfin, Israël procède régulièrement au lancement de satellites de basse orbite grâce à son lanceur Shavit.

    La multiplication des acteurs étatiques et l’émergence d’acteurs privés ont abouti à la constitution de l’embryon de ce nouvel âge spatial.

    À l’ère du New Space, ce n’est pas parce qu’une destination existe qu’elle est un objectif. Elle doit correspondre à des objectifs commerciaux, ce qui impose de réfléchir aux débouchés sur les marchés dès l’étude de chaque programme. Ce faisant, à la différence du Old Space, le New Space pense en premier lieu aux besoins du client et des utilisateurs de données numériques.

    L’économie du New Space fait de la donnée spatiale un produit à forte valeur ajoutée. Pour rentabiliser les investissements consentis, elle doit être immédiatement disponible et utilisée pour une très grande variété d’applications et de services commerciaux, y compris dans des domaines jusqu’ici réservés aux acteurs gouvernementaux, tels que la recherche scientifique ou l’exploration spatiale.

    L’un des catalyseurs essentiels pour le New Space repose sur la miniaturisation des satellites : les microsatellites et nanosatellites permettent à de nouveaux acteurs de « se payer » leur satellite, les coûts de lancement et de mise en orbite payés par les clients dépendant avant tout du poids de la charge utile à transporter. De plus petits satellites se traduisent par des satellites plus légers – ils ne se mesurent plus en tonnes et mètres mais en kilos et centimètres – et sont donc (beaucoup) moins chers à lancer.

    Cela permet également de transporter plus de satellites à la fois : la moyenne actuelle se chiffre à plus de 300 satellites mis en orbite par mois, tout opérateur confondu.

    En d’autres termes, des dizaines de milliers de satellites supplémentaires, dont les lancements par grappes sont déjà bien entamés, vont peupler notre orbite. Ils sont d’ailleurs au cœur du projet Starlink qui vise à construire un réseau très puissant et global qui rend l’Internet et une multitude d’applications civiles et militaires, accessibles à une multitude d’utilisateurs qui aujourd’hui pour certains, n’y ont pas accès dans les contrées les plus reculées de notre planète.

    Ce foisonnement d’innovation va entraîner la conception d’usines spatiales, le minage lunaire et d’astéroïdes, le tourisme spatial et suborbital, des stations spatiales privées, les missions d’exploration spatiale de « l’espace lointain », mais aussi des entreprises spécialisées dans l’information financière sur le marché spatial. On peut sans doute parier que cette nouvelle industrie pèsera des centaines de milliards de dollars d’ici quelques décennies …

    L’Espace n’est donc plus seulement un vaste terrain de jeu où affirmer sa puissance technologique, symbolique ou militaire. Il est devenu un enjeu de création de richesses et de profitabilité, ce qui implique une politique de réduction des coûts de l’accès à cet univers afin d’être compétitif. Cette réduction des coûts a pour conséquence un plus grand nombre d’acteurs pouvant se lancer dans l’exploitation commerciale de l’espace et de gagner ainsi des parts de marché, tout en suscitant une demande plus importante. Néanmoins, les Etats restent de très gros clients et ils soutiennent parfois avec énormément de fonds publics « leur » industrie spatiale – que serait Space X sans le financement de la NASA ? La prochaine étape sera l’essor de sociétés commerciales financées uniquement par des fonds privés. La structure du marché est donc appelée à évoluer encore, allant en grossissant si l’écosystème s’avère viable, et devenir autonome par rapport aux Etats au fur et à mesure de cette croissance.

    Enfin, un autre champ d’application prioritaire est militaire, comme en témoigne la création lors du premier mandat du président Trump de l’US Space Force, rejoint par la France avec le Commandement de l’espace basé à Toulouse. La US Space Force constitue une nouvelle branche et sera composée de 16 000 militaires et civils déjà employés par l’US Air Force. Le secrétaire à la Défense américain a résumé l’enjeu ainsi : « L’US Space Force protégera les intérêts nationaux des Etats-Unis en se concentrant uniquement sur l’espace. Conformément à notre stratégie de défense nationale, l’US Space Force veillera à ce que nous soyons compétitifs, dissuasifs et gagnants en position de force, en protégeant notre mode de vie et notre sécurité nationale. “ Il est certain que d’autres puissances s’engageront dans cette voie, la Chine et la Russie étant les candidats les plus évidents. Même si cette évolution est sans doute inévitable, elle est inquiétante car le Traité de 1967 sur les principes régissant les activités des Etats en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, interdit le placement dans l’espace d’armes et prône donc des activités pacifiques. Mais ce traité important à sa signature parait totalement insuffisant à notre époque avec la multiplication des acteurs, le changement des intérêts et l’évolution des technologies spatiales. En effet, les missiles envoyés depuis la terre pour détruire des objets spatiaux sont hors du champ d’application de ce traité. De plus, ce traité ne fait pas mention des armes par destination ; en effet, n’importe quel satellite peut devenir une arme s’il est placé en orbite et envoyé sur un satellite ennemi. Il devient urgent donc de renégocier ce Traité d’une époque qui semble être bien lointaine.

    Avec le New Space, un foisonnement d’innovations sont donc à attendre dans les années à venir, mais aussi l’extension des rivalités géopolitiques terriennes à l’espace, notamment entre les Etats-Unis et la Chine. On ne peut que regretter que l’Europe, ayant abandonné ses programmes d’exploration humaine de l’espace, soit désormais reléguée au rang de partenaire junior.

    Christopher Coonen (Geopragma, 14 janvier 2025)

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  • Défendre l'Occident ou se tourner vers l'Orient ?...

    Dans cette nouvelle vidéo, Ego Non nous fait découvrir l'essai d'Henri Massis, Défense de l'Occident ainsi que son auteur qui fut un des grands noms de la droite maurrassienne et un penseur chrétien, aux côtés de Chesterton, Nicolas Berdiaev, Gustave Thibon ou encore son ami Jacques Maritain.

    En contrepoint, les lecteurs curieux pourront se replonger dans Les Décombres (réédité chez Bouquins) pour lire le portrait assez cruel que Rebatet dresse du personnage...

     

                                                

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