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Points de vue

  • La Meute : procès Mélenchon et règlements de comptes à l’extrême gauche...

    Nous reproduisons ci-dessous la chronique politique de Nicolas Gauthier cueillie sur le site de la revue Éléments, qui revient sur l'enquête consacrée à Jean-Luc Mélenchon et à LFI qui vient d'être publiée et qui fait grand bruit.

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    La Meute : procès Mélenchon et règlements de comptes à l’extrême gauche

    Le microcosme politico-médiatique a parfois des émerveillements d’enfant, telle qu’en témoigne la sortie de La Meute, l’essai de Charlotte Belaïch et Olivier Perou (Flammarion), consacré à Jean-Luc Mélenchon et à la manière dont il dirige son parti « gazeux », La France insoumise. Ainsi y apprend-t-on que la Méluche se comporterait en autocrate et que les insoumis n’auraient que cette alternative : se démettre ou se… soumettre. Le trotskisme serait donc violent, surtout dans sa variante lambertiste ? Décidément, on nous cache tout et on ne nous dit rien.

    Notons que les deux auteurs ne sont pourtant pas les perdreaux de l’année, Charlotte Belaïch officiant à Libération et Olivier Perou au Monde. Alors, de deux choses l’une : ce qu’ils font mine de dévoiler, ils l’ignoraient et les perdreaux en question font figure de pintades ; ou ils le savaient depuis belle lurette et ce sont des faisans. Car tout cela est quasiment tombé dans le domaine public depuis la création de l’Organisation communiste internationaliste (OCI), par Pierre Boussel (dit Lambert), le 23 novembre 1953. Rappelons que l’’OCI, lointain ancêtre de LFI, fut longtemps la grande rivale de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), dont Alain Krivine demeure la figure historique. De leur côté, les “lambertistes” de l’OCI sont en lutte permanente contre la LCR, les “pablistes”, du nom de Michel Raptis, l’un de ses fondateurs, dit “Pablo”. Ce qui peut expliquer certaines choses.

    Les purges comme une seconde nature…

    À ce jeu, scissions, purges et exclusions ont toujours été leur passe-temps favori. Dans Le trotskisme dégénéré*, Patrick Gofman, repenti de l’OCI, et désormais bien connu des auditeurs de Radio courtoisie, affirme « qu’à propos de la LCR, on parlait des pédés de la Ligue ». Ce dernier ne sera pas récompensé de son zèle dialectique, quand foutu dehors du Parti à coups de manche de pioche pour avoir écrit un roman sans autorisation de la direction. L’ouvrage ne brillait pourtant guère par ses prétentions révolutionnaires, puisqu’intitulé : Les Blondes préfèrent les cons. C’est dire l’ambiance festive. En effet, si les “pablistes”, sont plus impliqués dans les luttes sociétales, immigrés, cannabis et homosexuels en vente libre ; les “lambertistes” privilégient un combat social, autrement plus austère. À côté, Lutte ouvrière (le troisième compère trotskiste emmené par Arlette Laguiller), c’était Woodstock.

    Cela n’a pourtant pas empêché un Jean-Luc Mélenchon ou un Jean-Christophe Cambadélis de rallier le Parti socialiste, ces « sociaux-traitres » honnis entre tous, au mi-temps des années 80. François Mitterrand, lui, savait qui “ils” étaient ; tout comme il n’ignorait pas plus que Lionel Jospin venait de la même écurie. La droite de gouvernement, aux fraises comme toujours, ne comprenait rien à ce micmac passablement talmudiste. Rien de plus normal pour elle : l’économie étant la seule discipline sérieuse, alors que la culture et la politique, simple hobby, on pouvait l’abandonner à la gauche en toute quiétude. Toujours visionnaires, les lascars…

    Résultat ? Mélenchon, un trotskiste au Sénat, ce qui fait à peu-près aussi tache sur un CV avant-gardiste que le financement du trotskisme européen par la CIA, par le biais du syndicat Force ouvrière d’André Bergeron, histoire de lutter contre l’influence soviétique. Mais voilà qui n’a pas empêché les camarades de jadis de continuer le combat sous d’autres formes, les temps ayant bigrement changé.

    L’immigration, le peuple de remplacement…

    Le premier à avoir fait ce constat demeure Jean-Luc Mélenchon : les luttes sociales ont fait leur temps, depuis que les ouvriers ont trahi le prolétariat en demandant asile politique au Rassemblement national. Comme on sait, l’immigration fera figure de peuple de remplacement. Un combat qu’Edwy Plenel (LCR), a longtemps porté au Monde, avant de le poursuivre à Mediapart, tandis que son meilleur ennemi « lambertiste » faisait de même dans les urnes. Tout aussi logiquement, les voilà une fois de plus réunis dans leur compagnonnage avec ces Frères musulmans, souvent et non sans raison, tenus pour être les « trotskistes de l’islam ». Mais ce compagnonnage ne saurait occulter les luttes ancestrales.

    Et ce n’est sûrement pas pour rien que les deux auteurs de ce cet essai en peau de lapinou viennent du Monde et de Libération. Avec Edwy Plenel, ce premier quotidien fut longtemps l’une des chasses gardées de la Ligue, tandis que le second n’a jamais renié ses origines maoïstes, autre tribu de l’extrême gauche française. Une véritable histoire de famille, en quelque sorte. Mais alors, pourquoi tant de haine ?

    Il y a évidemment la question de l’antisémitisme. Au défunt Daniel Bensaïd, juif sépharade et idéologue de la LCR, on a souvent prêté cette phrase : « Si je n’avais été là, les bureaux politiques de la Ligue auraient pu se tenir en yiddish… » Nombre de ses coreligionnaires d’alors sont devenus néo-conservateurs ; soit le contraire d’un Jean-Luc Mélenchon, dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’il ne caresse pas actuellement l’État hébreu dans le sens du poil. De ce fait, l’extrême gauche se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, tant l’antisionisme de LFI et de ses alliés islamistes flirte dangereusement avec le traditionnel antisémitisme de gauche. Le gourou insoumis aurait-il été trop loin en ce registre plus que glissant ? Craindrait-il de subir le même sort qu’un Jeremy Corbyn, son homologue anglais, chassé du mouvement travailliste pour de semblables raisons ? La question mérite d’être posée.

    Des purges sans fin…

    Voilà qui expliquerait la raison de la promotion de ce livre, vanté par tous les médias de gauche dominants, alors qu’il ne révèle finalement pas grand-chose, l’histoire de la France insoumise ayant toujours été celle d’une purge sans fin. Du temps du gourou Pierre Lambert, il y eut des Charles Berg et des Stéphane Just. Au siècle d’après, les éléments souverainistes ont ouvert les festivités, Georges Kuzmanovic et consorts, puis le couple Alexis Corbières et Raquel Garrido ; sans oublier les autres, partis avant d’être chassés, Clémentine Autain et François Ruffin. Si, comme on dit, le loup est un loup pour l’homme, il peut aussi arriver que les rats se bouffent entre eux.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 13 mai 2025)

     

    *https://francephi.com/livre/le-trotskisme-degenere

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  • De Léon XIII à Léon XIV ou un remake de Rerum novarum ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Plouvier , cueilli sur EuroLibertés, site de réinformation européenne, et consacré à l'encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII, dans la lignée duquel le nouveau pape, Léon XIV vient de s'inscrire...

    Médecin, Bernard Plouvier est, notamment, l'auteur de plusieurs études historiques décapantes, comme La ténébreuse affaire Dreyfus (Dualpha, 2010) et Faux et usage de faux en histoire (Dualpha, 2012), et d'une imposante Biographie médicale et politique d'Adolf Hitler (Dualpha, 2007).

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    De Léon XIII à Léon XIV ou un remake de Rerum novarum ?

    Il est sans importance que le nouveau pape soit né dans la ville ultra-cosmopolite de Chicago. Il est beaucoup plus utile de comprendre pourquoi ce Dr. en Droit canon, membre de l’Ordre des Augustins (dont le plus célèbre membre jusqu’à présent était Martin Luther !), a choisi de se faire appeler Léon XIV, après avoir émis quelques critiques à l’égard des gouvernements exploiteurs.

    Le pape a passé plusieurs lustres comme missionnaire dans les quartiers miséreux du Pérou. Il a l’expérience de la misère matérielle et morale des « sans espoir ». Or en 1891, son grand prédécesseur avait publié un texte révolutionnaire qui renvoyait au Sermon sur la Montagne… et ce texte, l’encyclique Rerum novarum, prit tout le monde – catholiques endormis et socialistes hurleurs – au dépourvu, plus exactement à contre-pied. Ceci mérite explication.

    Dans la livraison du 5 mai 1891 du journal de la bourgeoisie d’affaires LeTemps, l’inénarrable Jules Simon interpelle le monde ouvrier (qui, certes, ne lit pas cette feuille) : « On a beaucoup fait pour vous, que voulez-vous donc qu’on fasse encore ? ». Et le bon Jules d’énumérer les lois sur l’école laïque et les deux lois sociales celle de 1841, limitant le nombre d’heures de travail des enfants et adolescents, et celle de 1874 interdisant le travail en usine et dans les mines des moins de 10 ans. Et ce huguenot (dont l’ascendance juive est toujours discutée) omettait de préciser que le rapporteur de ces deux lois avait été un député catholique, qui avait dû batailler ferme ! Le bon apôtre conclut : « Rien ne manque au bonheur de l’ouvrier » (Plouvier, 2010-1). Le pharisien sert manifestement les intérêts de la trinité dominante, celle des financiers, des entrepreneurs et des négociants.

    Ce n’est nullement le cas de Léon XIII qui, dix jours plus tard, rend publique son encyclique Rerum novarum, un texte révolutionnaire, tellement juste de ton que les créateurs du BIT (le Bureau International du Travail), après la Grande Guerre, lui emprunteront quelques paragraphes. C’est le fruit de longues méditations et la synthèse des idées de tous les catholiques sociaux qui depuis les années 1830 tentent de faire bouger une société inhumaine et d’une tout autre façon que le séisme marxiste. Léon XIII a longuement médité les écrits du baron Karl von Vogelsang, le fondateur du Parti Chrétien Social d’Autriche, l’ancêtre de tous les partis chrétiens-démocrates.

    L’encyclique du 15 mai 1891 est une réfutation intégrale du capitalisme inhumain, de ce « libéralisme économique » sans frein prôné par les théoriciens du « laissez faire, laissez passer » : « L’employeur ne doit point traiter l’ouvrier en esclave ». Léon XIII déplore la situation économique et sociale des pays industrialisés : trop de richesses et « des profits exagérés » d’un côté, la misère de l’autre. Il ne lui semble pas bon qu’une « faction, maîtresse absolue de l’industrie et du commerce, tienne en mains plus d’un ressort de l’administration publique ». Il lui semble évident que la situation est grosse du risque de guerre sociale où la haine, après avoir répandu beaucoup de sang, provoquerait une « spoliation généralisée des propriétés privées légitimement acquises… Il faut, par des mesures promptes, efficaces, venir en aide aux hommes des classes sociales inférieures qui sont dans une situation de misère imméritée. »

    Les propositions qui découlent naturellement de ce constat sont à la fois d’ordre moral et d’ordre pratique. Le pape recommande des rapports directs fréquents et cordiaux entre employeurs et salariés, une juste rétribution du travail et la participation de tous les travailleurs aux bénéfices des entreprises qui les emploient. C’est une recommandation révolutionnaire, reprise par Karl Lueger dans le programme du PCS autrichien cité plus haut (puis par un admirateur de Lueger, Adolf Hitler, qui en fera le 14e item du programme national-socialiste exposé à Munich dans la soirée du 24 février 1920) ; en 1909, le socialiste Aristide Briand en évoquera l’idée, sans faire référence, bien sûr, au pape défunt, maudit de son successeur et de la bourgeoisie, toutes tendances et toutes religions confondues (Plouvier, 2010-1).

    Léon XIII n’est pas un adepte du communisme de distribution prôné par certains Pères de l’Église, tel saint Ambroise (in Walter, 1975). Il est plutôt dans le droit fil de l’enseignement de Lactance, un chrétien austère et pétillant d’intelligence du IVe siècle, ce qui en fait un contemporain d’Ambroise : « On a plus si on travaille plus ; on a moins si on travaille moins et c’est justice ». Le pape de la fin du XIXe siècle ajoute à cette philosophie économique de simple bon sens la condamnation du gain sans travail et l’exigence d’une juste répartition des fruits du travail.

    En 1891, et pour longtemps encore, il n’est pas usuel que l’État intervienne pour protéger les salariés. En comparaison du prudhommesque Jules Simon ou du futur Président de la République Française Armand Fallières, auteur d’un autre poncif rassurant : « Il faut de la prudence quand on touche aux questions sociales », Léon XIII fait figure de dangereux agitateur social. Le lecteur un peu teinté de sous-culture marxiste peut se rendre compte que le pape en a dit davantage en quelques lignes que les deux poètes surréalistes de l’économie politique, les tant célébrés Karl Marx et Friedrich Engels, dans leur fatras romantique.

    Léon XIII bouscule la molle tradition de la « charité bourgeoise », grâce à laquelle les riches vivaient depuis des siècles en harmonie avec leur conscience, au prix de quelques pièces lancées aux mendiants et de vielles nippes données avec une grâce hautaine. Le pape ne veut plus que les catholiques riches se satisfassent d’une pseudo-charité, souvent indiscrète et mesquine. Il réclame une vraie justice sociale : la juste rétribution du travail permettant au salarié de se procurer des conditions de vie décentes, la constitution d’un « fonds de réserve » pour indemniser les chômeurs et les victimes d’accident du travail, enfin l’octroi d’une pension aux salariés trop vieux ou trop malades pour continuer de travailler.

    Il encourage le syndicalisme chrétien : « Les ouvriers chrétiens [doivent] joindre leurs forces pour secouer hardiment un joug si injuste et si intolérable », sans que les manifestations de la colère des exploités dégénèrent en bacchanales furieuses et sanglantes comme on l’a vu trop souvent depuis 1848 lorsque le peuple est conduit par des loups déguisés en bergers, soit les doctrinaires de la guerre des classes. Le 18 janvier 1901, in Graves de communi, il récidivera : « L’avenir de la société et de la religion est en jeu. La question sociale est avant tout une question de morale ». Vingt siècles plus tôt, le grand Nazaréen l’avait proclamé : « Nul ne peut servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent [variante : Mammon] ». Moins naïf, Goethe avait écrit dans l’une de ses nouvelles : «  »Mon règne finira-t-il ? » demanda le roi d’argent.  »Tard ou jamais », répondit le vieillard ».

    Il n’est pas sans intérêt de noter que le grand pape condamne « l’américanisme » (c’est-à-dire l’american way of life, une philosophie pratique qui fait la part trop belle à la réussite matérielle), en 1899, par l’encyclique Testem benevolentiae. Léon XIII n’aurait assurément pas approuvé la « mondialisation de l’économie » telle qu’elle est pratiquée depuis les années 1990, soit la désindustrialisation massive des pays à haut niveau salarial et la délocalisation des entreprises vers les pays où la main d’œuvre est sous-payée et la protection sociale inexistante. Il n’aurait pas non plus applaudi le mépris flagrant – en nos tristes jours, on dirait un « mépris macronien » – des maîtres pour les petits salariés, même méritants, ni la gestion des entreprises dans le but exclusif d’accroître les profits des grands actionnaires.

    La généralisation à l’ensemble des pays de la planète de l’injustice sociale (qui est fondamentalement de ne pas rétribuer le travail à sa juste valeur) et du mépris des puissants envers les dominés est une façon expérimentale de préparer un nouveau cataclysme social. Par leur cynisme, leur soif inextinguible de richesses, leur absence pathologique de conscience sociale, les « super riches » ouvrent la carrière aux fous furieux de la révolution sociale et menacent l’ensemble des peuples d’une nouvelle expérience collectiviste effroyable, en comparaison de laquelle les expériences de messieurs « Staline »-Djougashvili et Mao Tsé-toung, les deux plus sanguinaires dictateurs du XXe siècle, risque de paraître des badineries.

    On ferme cette parenthèse absurde : chacun sait que les maîtres des multinationales et leurs employés du monde de la politique et des média œuvrent pour le bien de l’humanité… mais on n’a pas l’impression que Léon XIV partage ce type de propagande d’allure très macronienne.

    De son vivant, Léon XIII est un peu entendu en Allemagne et en Autriche, en Belgique et aux Pays-Bas (où un tiers de la population est catholique), et pratiquement pas en France (Croizier, 1929). Les chefs des officines marxistes ont immédiatement perçu le risque, comme les adorateurs de Mammon : il leur faut impérativement réduire l’influence du clergé catholique sur le bon peuple. Pour les dévots de la lutte des classes, la doctrine pontificale est une concurrence catastrophique : tenter d’obtenir la justice sociale par des négociations courtoises et consoler la misère spirituelle de ceux qui, par sectarisme ou par tradition familiale, ont abandonné la quête du divin, cela risque de détourner le bon peuple des joies saines et ineffables de la haine des classes, de la surenchère démagogique et de l’approbation de toutes les dingueries wokistes et des ignominies réciproques des assassins sionistes et des non moins assassins antisionistes… on voit mal un admirateur de Léon XIII devenir un groupie de l’illustre Mélenchon.

    L’étrange alliance des capitalistes et des marxistes s’est lancée, dès 1891, dans une guerre anticatholique, d’une intensité qui n’avait été surpassée que par les crimes de la Terreur. Mais c’est en pure perte qu’elle a déclaré cette guerre : la masse des catholiques ne suivait pas son chef spirituel. Partout, le haut clergé, pratiquant le conservatisme social, savait que ce sont les plus riches des fidèles qui remplissent les caisses paroissiales et diocésaines et alimentent les bonnes œuvres : Pie X rompra dès son élection avec la doctrine sociale de son prédécesseur. En France, Léon XIII n’a enthousiasmé que de rares âmes d’élite, comme le jeune et très riche polytechnicien Marc Sangnier, le créateur du Sillon, qui marquera l’adolescence du général de Gaulle.

    En mai 1896, quelques prêtres de paroisse organiseront à Reims un Congrès des ouvriers catholiques, qui déchaînera la haine des marxistes et n’intéressera guère la presse parisienne. L’expérience ne sera pas renouvelée. C’est peu dire que « l’esprit public français était aveugle au problème social » (Goguel, 1958), à la jonction des XIXe et XXe siècles. Même chez quelques catholiques violemment anticapitalistes, tel Édouard Drumont (il n’est venu à l’antijudaïsme que par haine du « libéralisme économique »), l’autorité pontificale est rejetée (Croizier, 1929). Les articles de La libre Parole le répèteront d’année en année : le problème social français doit être réglé par les seuls Français.

    Quel curieux pape que ce Léon XIII ! Il réclamait une véritable redistribution des profits et discutait avec les Orthodoxes et les Anglicans, au lieu de flatter les bailleurs de fonds traditionnels de la Sainte Eglise et de continuer à lancer des anathèmes contre les schismatiques. Son successeur Pie X, plus tard canonisé, reviendra aux saines traditions, reposantes pour les bons esprits : abrutir les fidèles de prières, ne pas aborder les dangereuses questions sociales et calmer les pauvres en leur promettant le Paradis… après la mort ! Léon XIII n’a pas été canonisé et n’est même pas inscrit sur les listes d’attente. Cet ironiste subtil n’aurait probablement pas aimé qu’on lui attribue des miracles.

    Le merveilleux utopiste déjà cité l’avait dit en son temps : « Il est dur à un riche d’entrer au royaume des Cieux », mais il avait ajouté ce conseil générateur de paix sociale : « Aimez-vous les uns les autres ». Il est vrai qu’il est difficile d’aimer certaines gens.

    Bernard Plouvier (EuroLibertés, 9 mai 2025)

     

    Bibliographie :

    1. Croisier : Pour faire l’avenir. Leçons du passé ; devoirs d’aujourd’hui, Spes, sd. (1929)
    2. Goguel : La politique des partis sous la IIIe République, Seuil, 1958
    3. Plouvier : La ténébreuse affaire Dreyfus, Tome 1 : Anticatholicisme et antijudaïsme, Dualpha, 2010
    4. Walter : Les origines du communisme (judaïques-chrétiennes-grecques-latines), Payot, 1975
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  • Yalta ou le crépuscule de l’Europe...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 9 mai 2025 et consacrée à Yalta comme crépuscule de l'Europe...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                              

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  • La robotisation contre l’immigration et l’exploitation des Hommes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Yann Vallerie , cueilli sur Breizh-Info et consacré à la question de la robotisation...

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    Robots, fermez les frontières ! La robotisation contre l’immigration et l’exploitation des Hommes

    Il est temps de parler franchement. De parler futur. De parler rupture. De parler robocalypse — non pas au sens d’une apocalypse mécanique qui viendrait broyer l’humanité, mais au contraire comme de l’espérance technologique qui sauvera l’Europe et sa jeunesse de la soumission, du labeur stérile, de l’invasion migratoire et de l’hébétude socialo-humanitaire.

    La robotisation est là. Inéluctable. Irréversible. Mais loin d’être une menace, c’est la plus formidable opportunité de renaissance pour nos peuples fatigués. La machine ne sera pas notre ennemie. Elle sera notre glaive, notre bras armé contre l’immigrationnisme, la baisse du niveau de vie, l’esclavagisme salarial et le grand remplacement de notre civilisation.

    La productivité sans chaînes

    Quand une entreprise remplace dix manœuvres par un bras articulé, ce n’est pas une perte d’emplois. C’est une libération. Le robot, lui, ne revendique rien. Il agit. Il bosse, infatigablement, 24 heures sur 24, sans accident du travail ni syndicat à la CGT.

    Et que produit-il ? Plus. Mieux. Plus vite. À coût moindre. Résultat : baisse des prix, hausse des marges, hausse des salaires pour ceux qui conçoivent, qui programment, qui supervisent. Bref : l’Europe redevient compétitive. Pas contre le Bangladesh ou l’Érythrée — mais contre la décadence interne qui la ronge depuis cinquante ans.

    Pendant des décennies, les élites économiques — les mêmes qui pleurnichent à Davos ou à Matignon — nous ont vendu cette imposture : « sans immigration, l’économie s’effondre ». Le mythe du médecin syrien, du plombier polonais, de la nounou nigériane et du ramasseur de fraises bangladais. Mais la vérité, la voilà : l’immigration de masse n’a jamais été qu’un carburant bon marché pour une économie qui refusait de moderniser ses process. L’uberisation des métiers précaires est le cache-misère de la paresse patronale et du cynisme étatique.

    Mais demain ? Demain, les fraises seront cueillies par des bras robots. Demain, le nettoyage sera automatisé. Les chaînes de montage, pilotées par des techniciens qualifiés, sans besoin d’une main d’œuvre analphabète et corvéable à merci. Demain, plus besoin d’ouvrir les frontières : la machine les fermera d’elle-même.

    Le retour du travail digne

    Car la robotisation, contrairement aux pleurnicheries des marxistes recyclés en écologistes, n’abaisse pas l’homme. Elle le hisse. Elle le libère des tâches ingrates, du travail harassant, des postures brise-reins dans des entrepôts chauffés à 40°C. Elle permet à l’Européen — au Français, au Breton, au jeune de Brest ou de Vitré — de se former, d’apprendre, de monter en compétences. D’inventer. De réparer. De créer.

    Le nouveau prolétariat ne sera pas celui des dockers en sueur ou des plongeurs de cuisine…puisqu’il n y aura plus de prolétariat. Les exploités d’aujourd’hui deviendront demain des opérateurs de systèmes, des gestionnaires de lignes, des architectes de flux logistiques. La machine pousse l’homme vers le haut, à condition que l’homme le veuille. Et les râleurs de gauche ? Qu’ils hurlent. Ils s’accrochent à leur rêve tiers-mondiste comme à une bouée dans une mer de silicium. Leur humanisme pathologique sera balayé par la froide logique des puces et des algorithmes.

    Oui, la société robotisée sera plus fermée. Et tant mieux. Moins de flux, plus de cohésion. Moins de migrations, plus d’enracinement. Moins de tension ethnique, plus de paix sociale. Car toute immigration massive crée du désordre : culturel, identitaire, économique. Le robot, lui, n’a pas de culture. Il parle le langage du code, pas celui du ressentiment colonial.

    Imaginez un pays où les flux migratoires sont ramenés à zéro. Où la population locale vit de ses compétences et de sa production et non de ses aides. Où les salaires montent parce que la rareté des travailleurs les rend précieux. Où les charges sociales baissent car les caisses ne sont plus siphonnées par des ayants-droit venus de l’autre bout du monde.

    Un choix de civilisation

    Nous avons deux chemins devant nous. L’un, celui de l’utopie gauchiste, mène à une société de métissage forcé, d’effondrement technologique, de conflits ethniques, d’exploitation sociale, d’ubérisation, et de décroissance imposée. L’autre, celui de la robotisation assumée, nous conduit vers une renaissance : une Europe technocentrée, autosuffisante, disciplinée, redressée.

    Choisissons la robotisation. Non par fascination aveugle pour les machines, mais par intelligence politique. Pour que nos enfants naissent dans des sociétés où l’on travaille avec sa tête, et non à la chaîne. Où l’on progresse, plutôt que l’on régresse. Où l’on vit libre, sans avoir besoin de se plier à des normes culturelles importées sous prétexte de pénurie de bras.

    La machine est là. Elle n’attend que notre courage pour faire ce que nos dirigeants refusent : fermer les frontières, revaloriser le travail digne (pas celui des exploiteurs), et faire renaître notre civilisation.

    Julien Dir (Breizh-Info, 3 mai 2025)

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  • Trois impératifs stratégiques pour sortir du déclin...

    Polytechnicien et énarque, numéro 2 et organisateur du Front national dans les années 90, puis fondateur du Mouvement national républicain, Bruno Mégret, retiré de la politique depuis 2008, a publié deux romans de politique-fiction, Le temps du phénix (Cité Liberté, 2016) et  Salus Populi.

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    Trois impératifs stratégiques pour sortir du déclin

    La situation dramatique dans laquelle se trouve actuellement la France a fini par provoquer une double prise de conscience chez nos compatriotes qui sont maintenant de plus en plus lucides quant à la réalité des fléaux qui les menacent et à la responsabilité que portent dans ce désastre les hommes politiques actuellement ou anciennement au pouvoir. On peut donc aujourd’hui imaginer l’hypothèse, que certains jugeront bien optimiste, de la victoire en 2027 d’une force nouvelle, disons, pour simplifier, d’une force de droite composée autour du RN, du parti d’Éric Ciotti et pourquoi pas de Reconquête, voire du parti LR dans le cas, certes improbable, où il serait refondé après l’élection de son nouveau président.

    Répondre à trois impératifs majeurs

    Un tel séisme politique, s’il se produisait, représenterait, je pense, la dernière occasion de redresser notre pays et d’éviter qu’il sombre dans une décadence mortelle. Aussi ne faudrait-il pas que cette opportunité soit gâchée par un manque de volonté et surtout par une insuffisance d’audace.

    Le risque existerait en effet que le nouveau pouvoir ne prenne pas des moyens et n’adopte pas des méthodes qui soient à la hauteur de la situation. Seule une démarche de rupture permettrait de reconstruire notre nation et d’engager sans coup férir le « grand changement » qui est maintenant nécessaire. Afin d’y voir clair sur cette question essentielle, j’ai identifié trois impératifs, trois exigences auxquelles le nouveau pouvoir devrait satisfaire pour rompre réellement avec les errements actuels et passés. Trois impératifs stratégiques majeurs sans lesquels rien ne serait possible mais avec lesquels le renouveau pourrait venir.

    Remettre les juges à leur place

    L’impuissance qui frappe le monde politique depuis une ou deux décennies s’explique par la suprématie malfaisante du pouvoir judiciaire sur les pouvoirs exécutif et législatif. Au nom d’un prétendu État de droit, le gouvernement des juges enferme l’exécutif et le Parlement dans le champ clos de l’idéologie politiquement correcte, mondialiste, libre-échangiste, individualiste, immigrationniste, islamophile et écolo-wokiste.

    Ainsi en est-il principalement du Conseil constitutionnel composé de neuf membres nommés qui censurent sans appel et sur des critères idéologiques les lois votées par les députés et les sénateurs pourtant élus quant à eux par le peuple français. De même, la juridiction administrative et le Conseil d’État à sa tête annulent sans scrupule des décisions de l’exécutif non pas au regard du droit mais selon des critères d’opportunité. Quant à la juridiction pénale dominée par le Syndicat de la magistrature, elle prend, elle aussi, de nombreuses décisions politiques comme l‘élimination de candidats potentiellement vainqueurs de l’élection présidentielle mais jugés trop politiquement incorrects.

    Certes, François Fillon et Marine Le Pen ont commis des fautes au regard d’une réglementation au demeurant fort discutable. Mais la date à laquelle a été lancée la mise en examen du premier à quelques mois du scrutin l’a mené à son échec en 2017. De même, la nature de la peine comportant l’inéligibilité immédiatement applicable pour la seconde va probablement la conduire à son élimination de la course présidentielle de 2027. En abusant outrancièrement des procédures et des codes, les juges s’arrogent le droit de torpiller des candidatures qui ne leur plaisent pas, imposant de fait leur volonté aux politiques.

    Pour agir réellement sur le destin de notre nation, il faudra donc que les politiques reprennent le pouvoir et remettent les juges à leur place. En commençant par le Conseil constitutionnel auquel il faudra impérativement retirer le pouvoir exorbitant de rejeter des lois ou des articles de lois votées par les représentants du peuple. Si rien de tel n’est fait en début de mandat présidentiel, rien de déterminant ne pourra être réalisé ensuite.

    Prendre des mesures d’exception fortes, simples et efficaces

    Pour réussir le « grand changement », la situation impose par ailleurs que soient prises dans chaque domaine des mesures fortes et exceptionnelles. Ce n’est pas en votant une succession de lois classiques venant s’imbriquer dans le fatras législatif actuel et dont l’application risque d’être laborieuse que l’on pourra donner les coups d’arrêt nécessaires pour infléchir significativement les courbes funestes de notre destin. La situation de notre pays est tellement grave que le redressement passe nécessairement par le recours à des mesures d’exception spectaculaires, simples et efficaces.

    Ainsi, sur la question migratoire, faudrait-il par exemple décider de stopper toute nouvelle immigration pendant une période exceptionnelle de dix ans en faisant voter une loi d’urgence qui suspendrait l’ensemble des dispositions, qu’elles soient réglementaires, législatives ou européennes, autorisant, facilitant ou encourageant l’immigration. Une loi qui entraînerait notamment l’arrêt de la délivrance de visas aux ressortissants des pays d’émigration, la fin du regroupement familial, la suspension du droit d’asile et l’abandon du système d’accueil des étudiants provenant des pays d’émigration.

    Un tel moratoire sur l’immigration émettrait un signal fort en Europe et dans les pays d’où viennent les migrants. Il serait de plus difficilement contestable tant il paraît évident qu’avant de faire venir de nouveaux immigrés il est nécessaire de résoudre d’abord les problèmes posés par ceux qui sont déjà sur notre sol.

    Pour restaurer la sécurité et rétablir l’autorité de l’État, on pourrait dans le même esprit imaginer le vote d’une loi d’urgence qui donnerait, pour une période de temps limitée à cinq ans par exemple, le droit au gouvernement d’enfermer dans des centres de relégation les voyous multirécidivistes arrêtés en flagrant délit. Ces individus que la justice libère aujourd’hui juste après leur arrestation et qui vont ensuite défier la police pourraient ainsi par simple arrêté préfectoral être enfermés dans un centre de relégation dès la fin de leur garde à vue, c’est- à-dire au plus tard quarante-huit heures après la commission de leurs méfaits. Ils seraient alors jugés depuis leur lieu d’incarcération non par les tribunaux ordinaires mais par des tribunaux d’exception nommés par le gouvernement. Ceux-ci vérifieraient la réalité des faits, décideraient pour les délinquants de la durée de la relégation et transféreraient à la justice ordinaire les auteurs de crimes graves.

    Gageons qu’alors les policiers se feraient respecter, que la mise à l’écart des fauteurs de troubles améliorerait significativement la sécurité des Français et que ce choc d’autorité restaurerait le prestige de l’État régalien.

    Des dispositifs du même ordre devraient être mis en place dans tous les domaines actuellement en crise comme la réduction des dépenses publiques, la baisse des charges sur les entreprises, la valorisation du travail, la réindustrialisation du pays, le retour à une école de l’excellence, le soutien à la famille et à la natalité française.

    Ignorer la diabolisation

    Enfin, il devient essentiel que la force nouvelle qui pourrait être portée au pouvoir pour assurer le redressement de la France se libère de la contrainte de la diabolisation. La gauche et les tenants du politiquement correct étant ultra-minoritaires chez les Français, il est scandaleux que, parce qu’ils sont omniprésents parmi les juges et dans les médias, ils puissent frapper d’excommunication ceux qui refusent de s’aligner sur l’idéologie officielle. La force porteuse du « grand changement » devrait donc se libérer de la pression que l’extrême gauche exerce ainsi sur ses ennemis. Pour ce faire, si elle devrait certes continuer à ne pas provoquer cette diabolisation par des propos intempestifs, elle devrait désormais l’ignorer purement et simplement.

    Le moment est donc venu pour les partis de droite de ne plus se laisser intimider. Il serait en effet indigne que certains rechignent à prendre dans toute leur ampleur les mesures nécessaires par peur de la diabolisation. Ceci d’autant plus que beaucoup de Français ont maintenant bien compris que la diabolisation n’est rien d’autre qu’une manipulation de l’opinion.

    Rompre avec l’impuissance politique notamment en neutralisant le Conseil constitutionnel, promulguer sur chaque grand sujet des lois d’exception efficaces, simples et spectaculaires, et ignorer la diabolisation pour retrouver une pleine liberté d’action, telles sont, me semble-t-il, les trois exigences stratégiques à satisfaire pour sortir la France du marasme où elle s’enlise.

    Les partis de droite sont-ils prêts ?

    Aussi peut-on s’interroger sur l’aptitude des partis de droite susceptibles de prendre le pouvoir en 2027 à satisfaire à ces trois impératifs.

    S’agissant du premier, force est de constater que pas plus LR que le RN n’a développé de critiques claires et assumées sur le gouvernement des juges et sur la nécessité de remettre le pouvoir judiciaire à sa place et notamment le Conseil constitutionnel. Or, si cette réforme devait être menée à bien, encore faudrait-il l’expliquer aux Français dès avant l’échéance de 2027. La politique ne consiste pas seulement à répondre aux aspirations des Français telles qu’elles résultent des études d’opinion, elle doit viser aussi, notamment en dehors des périodes électorales, à les convaincre de la justesse des idées et des projets que l’on porte.

    Concernant la nécessité de prendre des mesures de rupture, il n’est pas certain que la ligne de normalisation actuellement suivie par le RN soit très compatible avec cet impératif. Le Rassemblement national devrait en effet cesser de rechercher la normalisation. Si la stratégie de dédiabolisation a été utile pour atteindre les scores qui l’ont placé aux portes du pouvoir, il ne faudrait pas que la normalisation le conduise une fois aux commandes à pratiquer une politique « normale », c’est-à-dire comparable, sinon dans son orientation du moins dans son inefficacité, à celle des gouvernements des décennies passées.

    Pour ce qui est de la diabolisation qu’il faut ignorer, le parti LR, s’il devait se refonder après l’élection de son nouveau président, devrait, parmi ses toutes premières initiatives, montrer qu’il se libère du prétendu danger de la diabolisation en proclamant publiquement la fin du cordon sanitaire autour du RN. Une attitude d’ostracisme qui l’a pénalisé peut-être même davantage que le RN.

    La France pourrait sortir du déclin

    On ne vaincra pas les forces délétères qui détruisent notre pays par les méthodes qui ont cours depuis près de cinquante ans. Si l’on veut que la France échappe au phénomène mortifère d’effacement dans lequel elle est aujourd’hui entraînée, il importe en réalité d’engager un processus de rupture et un changement de Système.

    L’état de la France est si grave que le temps n’est plus aux mesurettes qui ne servent qu’à faire croire que l’on agit, l’heure est aux actions d’ampleur qui transforment le réel avec force et rapidité. Il ne s’agirait plus de promettre aux Français une augmentation de leur pouvoir d’achat mais de les inviter à se battre pour sauver leur nation et leur civilisation. Un combat plus exigeant mais beaucoup plus prometteur car, si la force nouvelle au pouvoir répondait aux trois exigences stratégiques que j’ai évoquées et si elle mettait en œuvre sur ces bases le « grand changement » qui est nécessaire, la France pourrait à nouveau se tourner vers l’avenir avec confiance.

    Bruno Mégret (Polémia, 3 mai 2025)

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  • Bulles sociales, larmes et aveuglements : quand un pays se désagrège totalement...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue e Julien Dir, cueilli sur Breizh-info et consacré à la libanisation de notre pays, qui se transforme sous nos yeux en un agrégat de groupes qui n'ont plus rien à partager, si ce n'est de l'hostilité...

     

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    De Philippine à ABoubakar…Bulles sociales, larmes et aveuglements : quand un pays se désagrège totalement

    Un homme est mort dans une mosquée, poignardé dans un lieu de prière. Il s’appelait Aboubakar Cissé. Il était jeune. Musulman. Malien. Assassiné par un Bosnien, pas franchement d’extrême droite comme l’ont pourtant indiqué certains médias. Ce drame a bouleversé ceux qui vivent dans leur bulle, celle de l’antiracisme, de la lutte contre l’islamophobie, de la peur croissante que suscitent les tensions identitaires. Jean-Luc Mélenchon, figure tutélaire de cette sphère, a pleuré dans les bras d’une femme musulmane, effondrée, apeurée. L’émotion était réelle. Profonde. Digne, peut-être. Mais elle a suscité moqueries, accusations de récupération, incompréhension ailleurs. Dans d’autres bulles.

    Quelques mois plus tôt, une autre jeune personne mourait. Elle s’appelait Philippine. Elle avait 19 ans. Elle a été retrouvée massacrée dans un bois, à Paris. Son meurtrier présumé ? Un homme en situation irrégulière, sous OQTF, déjà condamné pour viol. L’émotion, là aussi, fut vive. Mais dans une tout autre France. Celle qui n’existe pas dans les journaux de 20h, dans les tribunes universitaires ou sur les plateaux de talk-shows parisiens. Une France qui pleure Philippine comme elle pleurait Thomas, Lola, Anne-Lorraine ou bien d’autres. Une France qui n’entend jamais Mélenchon s’effondrer pour ces morts-là.

    C’est cela, désormais, la France : une société d’émotions fragmentées, où chaque camp a ses morts, ses icônes, ses victimes légitimes, ses récits exclusifs. Chaque drame est lu, digéré et exploité à travers le prisme d’une idéologie. L’assassinat d’un musulman est une alerte à la montée du fascisme. Celui d’une Française par un clandestin est une alerte à l’effondrement migratoire. Et chaque camp s’accuse de « récupération », tout en réclamant l’exclusivité de la douleur et du deuil.

    Ce phénomène porte un nom : l’éclatement des bulles. L’archipel français, décrit il y a quelques années comme une métaphore, est devenu une réalité concrète, explosive. Il n’y a plus de récit national partagé. Il n’y a plus d’empathie transversale. Il n’y a plus de compassion universelle.

    Nous sommes entrés dans une époque où l’indignation est conditionnée. Chacun choisit ses morts, ses causes, ses émotions. Chacun vit dans son couloir numérique, ses médias de confiance, ses figures de légitimité. L’autre n’est plus un concitoyen, ni même un adversaire politique. Il est un intrus, un manipulateur, un profiteur, un danger. Il est hors de la bulle. Il n’existe pas.

    Comment tenir encore ensemble, comme civilisation, quand on ne pleure même plus les mêmes morts ?

    Il y a dans cette situation quelque chose de profondément barbare. Un lent retour à l’état tribal. Les débats politiques ne sont plus des affrontements d’idées, mais des confrontations de sentiments irréconciliables. La violence symbolique des mots prépare celle, physique, des rues. On ne discute plus : on excommunie, on conspue, on hurle, on annule.

    Et plus grave encore : on désapprend à se mettre à la place de l’autre. La gauche ne peut plus compatir à la détresse d’un grand-père dont la petite-fille a été tuée par un homme sous OQTF. La droite ne peut plus entendre la peur sincère d’une femme musulmane qui redoute, chaque jour, d’être agressée en raison de son voile. Ces deux douleurs, pourtant humaines, trop humaines, devraient au moins nous toucher si ce n’est nous rassembler. Elles ne font que nous éloigner.

    La République, dit-on, est fondée sur un contrat social. Mais ce contrat suppose un minimum de valeurs communes, un récit partagé, un socle émotionnel transversal. Or, aujourd’hui, plus rien ne relie les bulles entre elles, sinon la haine réciproque. À force de vivre dans des mondes parallèles, nous avons creusé un gouffre au milieu de la place publique. Une société où les gens n’ont plus les mêmes références, ni les mêmes vérités, ni les mêmes morts… est une société au bord de la guerre civile.

    Car la guerre civile ne surgit pas d’un débat sur les retraites ou l’inflation. Elle naît quand plus personne n’accorde d’importance à la douleur de l’autre. Quand chaque camp pense que l’autre est fou, dangereux, ou indigne de vivre dans le même pays. Nous n’en sommes plus très loin.

    À ceux qui parlent encore de « vivre ensemble », il faut répondre ceci : il n’y a plus de société, il n’y a plus que des fragments en suspension, parfois en apesanteur, souvent en collision. À force de multiplier les peuples, les cultures, les normes et les tabous, on a créé des bulles multiples, qui tôt ou tard… exploseront.

    Julien Dir (Breizh-Info, 30 avril 2025)

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