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Points de vue

  • De James Watson à Jean-Eudes Gannat, la vérité devient un crime...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Balbino Katz, le chroniqueur des vents et des marées, cueilli sur Breiz-Info et consacré à la mort récente de James Watson, le biologiste américain, lauréat du prix Nobel pour avoir découvert la structure à double brin de l'ADN en 1953...

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    De James Watson à Jean-Eudes Gannat, la vérité devient un crime

    Au bar des Brisants, à la pointe de Léchiagat, le vent d’ouest entre comme un chat sauvage. Il pousse la porte sans frapper, fait vaciller les verres, tord les journaux. Par la baie, je devine le grand élévateur à bateaux, ce monstre bleu qui dresse dans le ciel sa carcasse métallique et semble soulever les chaluts comme des jouets d’enfant. C’est là, dans ce décor de sel et de rouille, que j’ai appris la mort de James Watson. Le vieil homme s’est éteint dans un hospice de Long Island, à quatre-vingt-dix-sept ans, dernier survivant du trio qui découvrit, en 1953, la structure de l’ADN.

    James Dewey Watson, fils de Chicago, enfant maigre et impatient, entra à quinze ans à l’université, obtint son doctorat à Indiana, puis rejoignit le Cavendish Laboratory de Cambridge. Là, dans un désordre de maquettes et de calculs griffonnés, il rencontra Francis Crick, Anglais hautain, dandy et lumineux. Ensemble, ils levèrent le voile sur la double hélice, le fil torsadé de la vie, cette architecture parfaite qui permet au vivant de se reproduire, de se copier, de durer. L’humanité, sans le savoir encore, venait de franchir le seuil du sacré.
    Watson avait vingt-cinq ans. Il entra aussitôt dans l’histoire des sciences, à la fois comme pionnier et comme trublion. Son livre The Double Helix, publié en 1968, fit scandale par son ton libre, presque insolent : on y sentait un jeune homme ivre de savoir et d’ambition, moquant ses rivaux, oubliant ses égaux. Il fut le premier biologiste à écrire comme un romancier, et c’est peut-être là que commença sa chute : il avait brisé la solennité du temple.

    Dans les décennies qui suivirent, il devint professeur à Harvard, dirigea Cold Spring Harbor, transforma ce laboratoire de Long Island en un centre mondial de génétique. On lui doit la découverte du rôle de l’ARN messager, des mécanismes de régulation des gènes, et plus tard la direction du Human Genome Project, qui déchiffra le code de notre espèce. L’homme aurait pu mourir comblé. Il mourut banni.

    Car Watson commit, à la fin de sa vie, le crime majeur de notre temps : dire le réel sans enrober ses aspérités morales. En 2007, dans un entretien au Sunday Times, il déclara, sur un ton de scientifique plus que de polémiste, qu’il doutait de « l’égalité des intelligences » entre groupes humains, constatant que les tests montraient des écarts persistants. Il n’affirmait pas une hiérarchie, il décrivait un fait. Ce fut assez pour que l’univers entier s’abatte sur lui.
    En quelques jours, il perdit ses conférences, ses fonctions, son prestige. La Royal Society annula sa venue, Cold Spring Harbor le suspendit, la presse mondiale le traîna dans la boue. À quatre-vingts ans, le découvreur de la vie fut transformé en pestiféré du progrès. Dix ans plus tard, interrogé dans un documentaire, il confirma calmement : « Mes vues n’ont pas changé. » Ce fut sa condamnation définitive.

    L’histoire des sciences retiendra son nom pour la double hélice, mais la mémoire des hommes, plus courte, le retiendra comme un maudit. Dans un monde dominé par l’idéologie égalitaire, il avait osé rappeler que la nature n’obéit pas à la morale. Ce n’était pas un cri de haine, c’était une observation. Mais nous vivons à une époque où la réalité, quand elle déplaît, devient un délit.

    Watson n’est pas seul dans cette nuit. Avant lui, un autre Américain, Arthur Jensen, professeur à Berkeley, avait subi le même procès. En 1969, dans la Harvard Educational Review, il publia un article montrant que l’intelligence, mesurée par les tests, dépendait largement de facteurs héréditaires, et que les programmes d’égalisation sociale n’y changeaient rien. On le traita de raciste, on tenta de l’exclure, on fit exploser des bombes dans son université. Mais Jensen tint bon. Il mourut en 2012, respecté par ceux qui, malgré tout, continuent à chercher la vérité. Watson, lui, vécut assez vieux pour connaître l’époque où les chercheurs s’excusent d’exister.

    Aujourd’hui, la biologie moléculaire et la génétique confirment ce que Jensen pressentait : les différences cognitives ont des bases génétiques mesurables. Les polygenic scores permettent de prédire une part du quotient intellectuel, de même que la taille ou la couleur des yeux. Ces résultats, traduits et discutés en Inde, au Danemark, en Pologne, sont soigneusement ignorés en France. Nos universités, engluées dans l’idéologie post-lyssenkiste, interdisent toute recherche sur l’hérédité des aptitudes humaines. Ici, le dogme vaut pour science : il est interdit de penser ce qui est, obligatoire d’imaginer ce qui devrait être.
    On ne réfute pas les faits, on les efface.

    L’ostracisme de Watson leur sert d’exemple. Il est devenu la mise en garde silencieuse qui plane sur chaque thèse, chaque colloque : ne dis pas ce que tu vois, dis ce qu’il faut croire.
    Et cette consigne, naguère confinée aux laboratoires, s’étend désormais à la vie publique. Voyez Jean-Eudes Gannat, embastillé pour avoir simplement décrit ce qu’il voyait dans les rues de son village. Une vidéo de vingt-quatre secondes, tournée devant le supermarché de Segré, lui a valu une garde à vue, une mise en examen pour « incitation à la haine raciale », et une interdiction d’utiliser les réseaux sociaux. Il n’avait ni injurié ni appelé à la violence ; il avait filmé la présence de migrants afghans et exprimé le désarroi de voir son bourg se transformer. Pour ce regard sans apprêt, il fut conduit devant les juges.

    De Long Island à Segré, du prix Nobel au militant local, c’est la même mécanique : quiconque nomme ce qu’il voit, fût-ce sans colère, doit être châtié. Le savant et le citoyen subissent le même interdit : décrire le réel, c’est déjà le contester. Watson perdit ses titres, Gannat sa liberté ; l’un et l’autre eurent pour crime d’avoir dit : « voici ce qui est ».

    Nous sommes revenus au Lyssenkisme, cette épidémie soviétique qui tuait la science au nom du dogme. En Union soviétique, on marginalisait les biologistes qui affirmaient l’existence des gènes. Aujourd’hui, on efface les chercheurs qui rappellent la loi de l’hérédité, et l’on poursuit les citoyens qui témoignent du changement de leur rue. Même cause, même peur : celle que la vérité, lorsqu’elle se dresse, révèle la fragilité de l’utopie.

    La France, jadis patrie de Descartes et de Pasteur, se distingue désormais par son silence. Aucune maison d’édition n’ose traduire les grands travaux contemporains sur l’intelligence humaine ; aucun média ne traite de ces questions sans y mettre d’avance les mots d’anathème : « complotiste », « raciste », « pseudoscience ». Dans nos universités, le réel s’étudie à condition de ne rien contredire. Il faut plaire pour exister. Et ce réflexe servile, que Spengler eût appelé la sénescence des civilisations, scelle notre déclin.

    Watson mourut seul. Mais ceux qui l’ont condamné verront leur mémoire ternie par cette lâcheté collective. Ils seront jugés, non par les tribunaux, mais par la postérité, qui n’a pas de morale et ne garde que les faits. Un jour viendra où l’on rougira d’avoir censuré un savant pour avoir constaté une différence, comme on rougit d’avoir brûlé Giordano Bruno pour avoir parlé d’autres mondes.

    Je songe à lui, ce soir, en regardant la mer du Guilvinec se retirer lentement. Le bleu du grand élévateur se reflète dans les flaques, pareil à un vitrail de métal. Je me dis que Watson, au fond, n’a jamais appartenu à son siècle. Il était de la race des chercheurs qui croient encore que le savoir doit dire la vérité, et non la servir.
    Son nom rejoindra la lignée des bannis glorieux, des Jünger de la biologie, des hérétiques sans autel.

    Et quand l’histoire, lassée des mensonges pieux, rouvrira les dossiers de la vérité, elle retrouvera ses mots, sobres et terribles : « C’est un fait. »

    Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées (Breizh-Info, 10 novembre 2025)

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  • « Immigration subie » vs « immigration choisie » : l’escroquerie libérale...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'hypocrisie de la droite libérale sur la question de l'immigration "choisie"...

     

    La colère des livreurs UberEats sans-papiers contre le capitalisme de  plateforme - Élucid

    « Immigration subie » vs « immigration choisie » : l’escroquerie libérale

    « Quand nous arriverons, ils partiront ! » clamait le Front National des années 80, slogan peut-être simpliste mais sur lequel a largement capitalisé le parti patriote et dont même le RN « dédiabolisé » continue de bénéficier, même s’il feint de s’en offusquer. Car, FN comme RN, le vote pour la flamme tricolore reste, quoi qu’on dise, massivement lié au rejet de l’immigration. C’est le cri de colère et d’espérance d’un peuple dépossédé de sa culture et de son identité, agressé quotidiennement dans son âme et sa chair, insulté, moqué et réduit à un rôle de victime impuissante face à la transformation brutale de son environnement culturel et social. Cela ne fait peut-être pas un programme politique cohérent, ni un projet révolutionnaire, mais c’est un fait, un constat implacable, une réalité indiscutable. De larges pans de la population, souvent les plus précaires, n’en peuvent tout simplement plus d’une « cohabitation » imposée qui tourne toujours à leur désavantage, des agressions de rue aux subsides publiques détournées au profit des nouveaux arrivants.

    Mais à cette colère mêlée de désespoir, plus personne ne répond.

    Gauche morale et droite patronale

    A gauche, on méprise et on insulte, taxant de « racisme » le peuple qui l’est sans doute le moins au monde et qui, d’ailleurs, le paye justement assez cher, son manque de conscience ethnico-raciale étant considéré et utilisé comme une faiblesse. Car le français, à la différence de l’anglo-saxon, n’est pas raciste, il est souvent chauvin, parfois patriote, et généralement simplement, et naturellement, attaché à son mode de vie, à ses référents historiques et à son patrimoine hérité. Les idéologues radicaux d’un camp ou de l’autre pourront le lui reprocher, ils n’en changeront pas moins cette réalité anthropologique, cette capacité du français au véritable « vivre-ensemble » à condition que l’invité s’essuie les pieds avant d’entrer, boive un coup de bon cœur et n’occupe pas trop de place dans la pièce. Mais aujourd’hui, nous n’en sommes plus là, et depuis longtemps. Les crèches de Noël interdites, la disparition du porc à la cantine, les mosquées dans les villages, les émeutes, les viols, le racket… Trop, c’est trop, tout simplement. Et les crachats de la gauche moralisante atteignent de moins en moins leur cible, surtout depuis qu’elle s’embourbe dans l’incohérence la plus absolue, dérivant comme un radeau sans boussole de la défense du voile intégral  à la propagande LGBT et du véganisme militant à la promotion de l’abattage sans étourdissement…

    A droite, on feint « d’entendre le message », on dénonce vertueusement les dérives délinquantes et criminelles résultant des migrations incontrôlées, et l’on propose de remplacer une « immigration subie » par une merveilleuse « immigration choisie » permettant à tous de vivre paisibles et heureux dans le meilleur des mondes libéraux.

    Qu’est-ce que « l’immigration choisie » ? C’est la possibilité pour le grand patronat, en fonction de ses besoins circonstanciels, de puiser, n’importe où dans le monde, la main d’œuvre nécessaire à la réalisation de ses bénéfices. Cela convient très bien à la « droite libérale » qui demande seulement à ces nouveaux esclaves de faire profil bas, d’abandonner leur religion et leur identité, et de respecter à minima les règles et lois de leur pays « d’accueil » qui n’est, en réalité, qu’un pays d’emploi (sur lequel d’ailleurs, ces travailleurs importés font pression à la baisse au niveau des salaires et des conditions de travail). C’est, au final, la « flexibilité du travail » appliquée à l’échelle mondiale.

    Or si cette optique, déjà moralement hautement condamnable d’un point de vue identitaire cohérent, était encore concevable « pragmatiquement » il y a 40 ans et concernant un nombre réduit et limité de « travailleurs », dans une société homogène et de quasi plein emploi, elle est devenue une fuite en avant suicidaire depuis lors. Ce qui n’empêche pas le Medef de réclamer 3,9 millions de salariés étrangers supplémentaires d’ici 2050 pour « maintenir notre économie ».

    L’économie ou la survie identitaire ?

    Et c’est bien là que se situe le point d’achoppement fondamental : veut-on sauver l’économie ou notre peuple ? Considère-t-on l’immigration de masse comme un simple problème de « police » et une variable d’ajustement économique ou comme un enjeu civilisationnel vital ?

    Car il ne peut y avoir de lutte efficace et cohérente contre l’immigration sans remise en cause du modèle libéral-capitaliste qu’elle nourrit. Et ça, la « droite » n’est prête ni à l’entendre ni, bien sûr, à l’accepter.

    Pourtant, rappelons-le, ce ne sont ni les officines gauchistes ni les associations « immigrationnistes » qui ont provoqué l’explosion de l’immigration, c’est bien le patronat et ses domestiques politiciens « droitiers » à commencer par Valéry Giscard d’Estaing et son mortifère « regroupement familial».

    Tant que certains rêveront d’un monde « ouvert »,  hédonisto-consumériste, « uberisé »,  avec livraisons à toutes heures, produits et employés low-cost, mais le tout uniquement « sans racailles », rien ne changera. Remigration ou Deliveroo, il faut choisir.

    Xavier Eman (Site de la revue Éléments,  6 novembre 2025)

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  • Où va la guerre en Ukraine ?...

    Le 4 novembre 2025, Edouard Chanot recevait, sur TV libertés, Lionel Rondouin pour évoquer avec lui l'évolution de la guerre en Ukraine.

    Normalien, ancien enseignant en classe préparatoire, Lionel Rondouin, qui a été officier parachutiste et a longtemps travaillé dans l'industrie, est spécialiste des questions de sécurité économique.

     

                                            

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  • Guerre contre la Russie ? Non, guerre contre les peuples européens...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré à l'utilisation de la menace de guerre comme arme de soumission des peuples européens.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

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    Guerre contre la Russie ? Non, guerre contre les peuples européens

    Depuis des semaines, les généraux défilent sur nos écrans pour nous mettre en garde contre la menace russe, qui serait à nos portes. Les médias nous parlent de drones ou de ballons menaçants. Et Emmanuel Macron, qui aime se déguiser, adopte une posture martiale au nom de la « coalition des volontaires » censée défendre l’Ukraine envers et contre tout, et notamment contre le désengagement des États-Unis.
    Le spectacle politico-médiatique donne à penser que l’oligarchie européiste ne craindrait pas, mais souhaiterait une confrontation armée avec la Russie.
    Mais de quoi ce bellicisme est-il le nom ? De la véritable guerre que l’oligarchie européiste envisage de conduire contre les peuples européens, pour se maintenir au pouvoir. La seule qui importe vraiment à ses yeux.

    Le retour des somnambules

    Une confrontation avec la Russie serait suicidaire, en raison de notre impréparation dans tous les domaines, et alors même que l’armée russe s’affirme comme la meilleure du monde, tant sur le plan humain que technologique, n’en déplaise à la propagande officielle.
    Mais cela ne semble pas gêner nos oligarques qui, à l’instar de notre ministre des Affaires étrangères, continuent d’affirmer que la Fédération de Russie va bientôt s’effondrer et que nous sommes plus riches et plus puissants qu’elle.
    Comme en 1939, on nous ressort le « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Et comme en 1939, on nous vante la puissance de l’armée polonaise [1]. Mauvais présage…
    Les somnambules [2] qui autrefois nous ont conduits au désastre sont de retour !
    Car nos dirigeants, qui n’ont jamais vu la guerre qu’au cinéma, n’ont aucune idée de ce qu’est un véritable conflit de haute intensité en zone urbaine. Ni, bien sûr, d’un affrontement nucléaire.
    Leur immaturité les rend justement extrêmement dangereux.

    Une Terreur 2.0

    En réalité, Emmanuel Macron, comme ses confrères européens, n’a que faire de l’Ukraine. Mais il aimerait bien, cependant, que des militaires français meurent en Ukraine.
    En effet, cela lui permettrait d’abord, comme homme de gauche, d’invoquer la patrie en danger et d’imposer sa dictature. Une Terreur, mais en version 2.0.
    C’est-à-dire une dictature sur le modèle ukrainien, justement : un président sans mandat mais maintenu en fonctions, l’opposition muselée, la censure partout et les milices patrouillant dans les rues. En Ukraine, ce sont les bandéristes qui patrouillent ; en France, ce seraient des milices d’extrême gauche qui chasseraient les « fachos » et les « agents de Poutine », et on interdirait les réseaux sociaux.
    Manifestement, certains y pensent. Ainsi, le général Hubert Bonneau a-t-il déclaré aux députés, le 16 octobre dernier, que « si nous avons un engagement majeur à l’Est, par exemple, je pense que cela ne se passera pas sans agitation sur le territoire national (…) car je ne suis pas sûr que tous nos concitoyens soient favorables à ce type d’engagement » (sic) ; un risque « d’agitation » auquel la gendarmerie doit donc se préparer et qui réclame pour cela… un budget de 800 millions d’euros, notamment pour acheter des fusils d’assaut, des monoculaires de vision nocturne et des « armes tactiques utiles à la gendarmerie mobile » [3].
    Donc, des armes pour mater l’agitation.
    On ne saurait mieux dire qu’une guerre française en Ukraine permettrait d’ouvrir un second front, intérieur cette fois. Mais un front essentiel pour l’oligarchie.

    Bloquer le mouvement dégagiste européen

    Une guerre contre la Russie viendrait à propos casser le grand mouvement dégagiste qui se profile un peu partout en Europe occidentale, aux dépens des partis au pouvoir, et bien sûr également en France.
    Car, par un curieux hasard, les dirigeants européens les plus va-t-en-guerre sont aussi les plus contestés : en Grande-Bretagne, les sondages donnent l’opposition gagnante ; en Allemagne, l’AfD progresse continuellement ; la présidente de la Commission européenne est cernée par les motions de censure et les enquêtes ; en Pologne, la lutte est ouverte entre le gouvernement Tusk et les conservateurs ; et en France, Emmanuel Macron atteint des records d’impopularité.
    En cas de guerre, toute opposition serait alors disqualifiée comme faisant le jeu de la Russie ou portant atteinte au moral des armées.
    Cela commence déjà un peu partout en Europe, où, sous prétexte d’ingérence russe, on annule des élections ou on interdit des candidats. On peut aisément imaginer ce qui se produirait si nous étions vraiment en guerre.

    Spolier les Européens

    La patrie en danger permettrait aussi de « mobiliser l’épargne des Français », comme on dit en novlangue, c’est-à-dire d’organiser la spoliation légale pour financer le complexe militaro-industriel ou pour payer les dettes : impôt de guerre, emprunt obligatoire, saisie des comptes, etc.
    Gageons qu’en ce domaine, comme on le voit déjà en ce moment avec le débat budgétaire français, l’imagination serait au pouvoir !
    D’autant que l’épargne des Européens reste la dernière ressource, avec les cotisations retraite, que nos oligarques n’ont pas encore pillée.

    Un président pour l’Europe ?

    La guerre contre la Russie ferait enfin progresser l’agenda européiste, au prétexte de constituer une « armée européenne », une agence européenne de défense, un emprunt européen pour acheter des armes [4], ou d’étendre la dissuasion nucléaire française à toute l’Europe, projet également suicidaire que caresse Emmanuel Macron.
    Comme l’écrivait avec espoir Sylvain Kahn dans Libération du 23 octobre dernier : « La séquence que nous vivons, j’en suis persuadé, va déboucher sur la création d’un État européen. »
    En la matière, Emmanuel Macron pousse à la roue, car il est manifestement atteint du syndrome de Giscard d’Estaing, qui veut qu’un ex-président français se rêve toujours un destin européen. Giscard d’Estaing se fit le propagandiste du déplorable projet de constitution européenne, car il se voyait dans le rôle de président de l’Europe. Emmanuel Macron, lui, se verrait bien retrouver à Bruxelles le pouvoir et ses facilités, qu’il risque de perdre pour longtemps à Paris.
    La présidence d’une Union devenue prison des peuples européens lui conviendrait très bien.

    La leçon de Machiavel

    Nos oligarchies affirment vouloir en découdre avec la Russie avant tout pour des raisons de politique intérieure et à des fins antidémocratiques : pour mettre au pas des peuples qui veulent les dégager, et pour faire oublier, dans le cas de la France, un bilan présidentiel particulièrement catastrophique. Nos oligarchies ont donc bien retenu la leçon de Machiavel.
    Bien sûr, cette agitation reste pour le moment essentiellement verbale, pour la raison principale que les Européens n’ont ni l’argent, ni les armes, ni les hommes nécessaires à une entreprise guerrière de grande envergure.
    Mais la menace de guerre, grâce à la propagande, peut être tout aussi efficiente qu’un affrontement réel. Les sondages montrent ainsi qu’aujourd’hui, une majorité de nos concitoyens perçoit la Russie comme une menace.
    Une situation d’autant plus dangereuse que, dans le cas de notre pays, aucune force politique représentée au Parlement ne semble en mesure de contrer ce prurit guerrier. Ni la gauche, qui est belliciste par nature et qui, au surplus, abhorre tout ce que la Russie représente : valeurs traditionnelles, religion, autorité, homogénéité ethnique et culturelle. Ni la droite parlementaire, qui de toute façon n’a aucune idée sur rien. Ni le RN, qui, dans un souci maladif de respectabilité, ne se démarque pas de la russophobie officielle.
    Un succédané d’union sacrée qui n’augure, une fois encore, rien de bon pour notre pays.

    Michel Geoffroy (Polémia, 4 novembre 2025)

     

    Notes :

    [1] Qui fut liquidée en moins d’un mois par la Wehrmacht
    [2] Les Somnambules de Christopher Clark , paru en 2012, traite des responsabilités politiques dans le déclenchement de la guerre de 1914-1918
    [3] Zone militaire du 1er novembre 2025
    [4] Aux États-Unis évidemment

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  • Le monde éclaté : naissance des tribus cognitives et mort de la civilisation commune...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Yann Vallerie cueilli sur Breizh-Info et consacré à l'existence de tribus cognitives étanches.

     

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    Le monde éclaté : naissance des tribus cognitives et mort de la civilisation commune

    « Autrefois, on débattait d’idées : tout le monde partageait la même réalité, on se disputait sur ce qu’il fallait en faire. Aujourd’hui, chacun vit dans son récit. »

    C’est peut-être la phrase, tweetée récemment par Pierre Sautarel, animateur du site Fdesouche, la plus inquiétante de notre époque.

    Car lorsque les hommes cessent de partager la même réalité, ils cessent d’appartenir à la même civilisation. Et bientôt, à la même espèce.

    La fin du réel

    Autrefois, la querelle politique était rude, mais elle se déroulait dans un univers commun. On admettait les faits. On débattait de la route à suivre, pas de l’existence même de la route. Aujourd’hui, nous vivons dans des mondes parallèles, cloisonnés par des écrans, des algorithmes, des idéologies auto-référentielles. Chacun s’enferme dans son récit – sa bulle cognitive, sa tribu narrative –, persuadé que les autres sont fous, dangereux, ou contaminés.

    La gauche woke vit dans un monde imaginaire où l’homme n’existe plus, remplacé par des identités fluides et des oppressions infinies.

    La droite institutionnelle s’accroche au mythe du progrès et du “vivre-ensemble” comme à une bouée percée. Et le peuple, lui, se réfugie dans ses écrans, dans ses séries, dans ses dettes, anesthésié par la peur de tout perdre.

    Nous ne voyons plus la même chose. Nous ne parlons plus la même langue. Nous ne croyons plus au même monde.

    Le choc des récits

    C’est cela, la guerre métapolitique du XXIᵉ siècle : une guerre des perceptions.

    Plus besoin de chars ni de bombardiers quand il suffit de fabriquer des réalités concurrentes. Chacun s’invente son apocalypse, son paradis, son ennemi intime.

    Les militants écolos croient sauver la planète en détruisant la civilisation. Les technocrates croient sauver la démocratie en la bâillonnant. Les bien-pensants croient protéger le “vivre-ensemble” en dissolvant le réel.

    Nous sommes devenus des tribus cognitives : nos croyances valent plus que nos yeux. La science elle-même n’est plus un langage commun : elle est devenue une arme rhétorique.

    « Les scientifiques disent… » — voilà la nouvelle prêtrise, la nouvelle inquisition. Et quiconque doute de ce nouveau catéchisme est excommunié comme hérétique ou complotiste.

    Le retour de la sauvagerie

    Ce monde de récits clos, de vérités parallèles, c’est celui où commence la barbarie. Car quand l’homme ne reconnaît plus dans l’autre un semblable, il cesse de lui parler : il le frappe.

    L’histoire le prouve : avant chaque guerre civile, il y a eu une guerre du réel. Avant les massacres, il y a eu des récits concurrents, des vérités irréconciliables.

    Nous y sommes. Les fractures ne sont plus politiques, mais anthropologiques. Elles touchent au cœur de ce que nous sommes : la vision du monde, du corps, du temps, du sacré.

    Quand une société ne partage plus de réalité commune, elle cesse d’être une société. Elle devient une jungle peuplée d’humains qui ne se reconnaissent plus entre eux.

    Le prix du mensonge

    Le plus tragique, c’est que cette déconnexion du réel ne vient pas du bas, mais du haut. Ce sont les élites qui ont cessé d’habiter le monde.

    Elles vivent dans les tours de verre, dans les métavers, dans les abstractions statistiques. Elles ne voient plus les visages, les villages, les vies concrètes.
    Elles administrent un peuple fantôme, comme des dieux distraits gérant une simulation.

    Et le peuple, en retour, se crée ses mythes, ses totems, ses explications magiques., Les uns se réfugient dans l’eschatologie climatique, d’autres dans les prophéties du grand remplacement, d’autres encore dans la religion du progrès technologique.
    Chacun son apocalypse, chacun son évangile.

    Mais un monde où plus rien n’est partagé, où le réel lui-même devient un champ de bataille, ne peut pas durer.
    Le mensonge collectif ne fonde pas une civilisation : il la détruit.

    Retrouver le monde

    Il faudra revenir au réel. Brutalement, s’il le faut.
    Il faudra réapprendre à voir, à nommer, à décrire.
    Redonner aux mots leur sens, aux faits leur poids, aux frontières leur fonction.
    Retisser une réalité commune, enracinée, organique — à hauteur d’homme, de peuple et de terre.

    Sinon, il ne restera plus que le fracas des bulles qui éclatent, les récits qui se heurtent, les tribus qui s’entre-déchirent.
    Et, au milieu du chaos, quelques hommes lucides qui se souviendront qu’avant de tout perdre, on avait cessé de voir le monde tel qu’il est.

    Yann Vallerie (Breizh-info, 2 novembre 2025)

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  • Vers un réalignement stratégique de l'oligarchie occidentale ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 3 novembre 2025 et consacrée au réalignement en cours de l'oligarchie occidentale...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                               

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