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Points de vue

  • Trump veut diviser l’Europe pour mieux régner : le piège américain...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 15 décembre 2025 et consacrée au piège tendu par Trump à l'Europe...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                              

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  • Réflexions sur l’idée européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Meuse cueilli sur Polémia et consacré à l'idée européenne.

    Docteur en droit, Pierre de Meuse a enseigné dans une école supérieure de management et à la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Toulouse. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Histoire des hérésies (Trajectoire, 2010), Idées et doctrines de la Contre-révolution (DMM, 2019), La famille en question - Ancrage personnel et résistance communautaire (La Nouvelle Librairie, 2021) et  Le dogme de l'antiracisme - Origine, développement et conséquences (DMM, 2024).

     

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    Réflexions sur l’idée européenne

    Un horizon enthousiasmant

    Il y a cinquante ans déjà ! Au cours d’une séance de formation à la Domus, cet éveilleur incomparable et étincelant qu’était Giorgio Locchi nous expliquait ce que devait être la future épine dorsale d’une élite européenne. « Il faut, nous disait-il, former des groupes de familles intelligentes issues des nations européennes, mais liées entre elles par une amitié plus riche que celle qui les reliait à leur propre origine, parce que fondée sur une foi commune dans l’avenir de l’Europe impériale. » Une vision enthousiasmante l’animait, nous communiquant sa force de persuasion incomparable. Il nous exhortait aussi à garder vivante « l’Europe des fils, plutôt que celle des pères », parce qu’elle était le fruit de la volonté plus que de la piété. Une idée quelque peu mazziniste, mais c’était la mode en ce temps-là.
    Nous n’avons pas oublié les leçons de cet Italien brillant et inventif, mais, un demi-siècle plus tard, c’est parmi nos ennemis que s’est répandue cette solidarité de caste, dans l’oligarchie apatride qui écrase de son mépris les peuples dont ils sont originaires, et nos efforts se mobilisent au contraire pour soulever les peuples humiliés contre leurs oppresseurs. Cette réalité a un goût amer, mais elle nous inspire une force nouvelle.

    Le projet européen dévoyé et ses impasses

    Quant à l’Europe, ou du moins les institutions que l’après-guerre avait édifiées pour elle, elles ont poursuivi leur marche non vers la naissance d’un imperium commun, mais vers son contraire : l’expression d’un mondialisme déraciné, un simple échelon régional du magma indifférencié dans lequel les masses humaines sont encouragées à émigrer, avec l’interdiction de plus en plus rigoureuse pour quiconque de s’y opposer. Ses seuls moteurs demeurent le fanatisme libre-échangiste, l’idéologie progressiste et la haine des identités héritées.
    Guillaume Faye, conscient de la contradiction insupportable entre l’Europe telle que nous la rêvions et celle qui se construisait « à petits pas », aimait envisager l’hypothèse du Hold-up, métaphore d’un avion dans lequel des passagers déterminés s’introduiraient dans le cockpit et forceraient le pilote à changer sa destination : le détournement de la machine européiste vers le retour à la puissance historique.
    Nous ne pensons pas que cela ait jamais été possible, d’abord parce que, dès sa formation, son fondateur Jean Monnet, qui n’était rien d’autre qu’un agent américain, avait insisté pour que tous les centres de pouvoir y fussent verrouillés, dans une méfiance assumée envers l’influence des peuples. C’est pour cela que la Commission européenne se cooptait, tandis que le Parlement européen est longtemps resté sans pouvoir.

    Or ce que nous voyons approcher aujourd’hui, c’est un risque de faillite de cette Union européenne. Une faillite en tous les sens du terme : financière, politique, diplomatique, administrative et réglementaire. Tel est le résultat de l’idéologie paralysante qui l’a investie : à la fois ultralibérale et écolo-climatique, libertaire et cosmopolite, mais aussi de sa servilité sans limite envers les USA.
    Depuis trente-cinq ans, l’UE a arraché patiemment des pans entiers des attributions des États, non pour les exercer, mais pour les stériliser. Elle a consenti docilement à toutes les manipulations des néoconservateurs américains qui ont conduit à la guerre du Donbass, puis les a reprises à son compte après l’élection de Trump et l’abandon par les États-Unis de la cause ukrainienne, tout en acceptant sans protester la raclée douanière et tarifaire infligée par le suzerain américain et les additions colossales à venir.
    En bref, l’Union européenne nous a permis d’être plus pauvres, moins puissants, moins libres, moins solidaires, moins fiers de nous-mêmes, plus envahis. La situation ne peut qu’empirer, car la puissance s’est déplacée vers les autres continents. À voir les évènements se succéder, il n’est pas déraisonnable de prévoir à court terme le déraillement du train à la bannière bleue étoilée. Faut-il s’en désespérer ? Il nous semble qu’au contraire ce serait une bonne nouvelle. Comme nous le disait Alain de Benoist, il faut souhaiter la fin de ce projet constitué à l’inverse de ce qu’il fallait faire.

    Souveraineté, identité et avenir politique de l’Europe

    Pourtant, nous aimons l’Europe, héritage commun de cultures et de peuples cousins dont les différences n’effacent pas la communauté de civilisation, mais la révèlent. Massis et Thibon ont célébré ce legs de l’Histoire qui, même dans l’opposition, rapprochait nos vieilles nations. Les questions principales qui se poseront dans les années à venir seront la reconstruction de notre souveraineté et la préservation de notre identité collective.

    Quelle souveraineté ? La seule souveraineté politique réelle est nationale, et pour nous française, car la plupart des pays d’Europe cherchent un protecteur qui sera de moins en moins bienveillant. Nous entrons dans une époque de multilatéralisme aux conflits et concurrences féroces. Pour tisser des alliances, redresser l’économie, recréer une industrie, assainir nos finances, les choix seront exclusifs et demanderont aux gouvernants un civisme oublié. Cela n’empêche pas de créer des rapports privilégiés avec certains États, débouchant sur une coopération durable. Il est temps de se souvenir de l’admonestation de Maurras : « Vous voulez faire l’Europe ? Faites. Mais ne faites pas comme si c’était fait. »

    Et quelle identité ? C’est là que se retrouve la permanence de l’Europe. Locchi nous disait déjà en 1976 : « La France est, en modèle réduit, la reproduction de l’Europe. Celtes, Latins, Germains se sont établis sur le territoire de l’Hexagone dans une antiquité reculée ou tardive. Il faut lui conserver cette composition. » Il ajoutait toutefois : « Elle est aussi ce qu’on pouvait en faire de pire. » Il visait la version jacobine de la nation, qu’il détestait, car rien ne nous oblige à croire que le pays commence en 1789.
    Les immigrations subies ne peuvent être absorbées par la France qu’avec des peuples déjà porteurs de l’héritage de l’Europe. Le défi démographique exige une volonté politique sans faille, ainsi qu’une reconstruction de la société, notamment par la restitution à la famille de ce dont elle a été spoliée. Ce ne sera pas facile. Il n’existe pourtant aucune contradiction essentielle entre souveraineté et identité.

    Quant à la construction d’une Europe politique, il faut se référer à l’Histoire. Dans les temps qui viennent, certaines nations d’Europe réussiront mieux que d’autres. Elles verront la nécessité d’agréger leurs puissances et de résister à leurs ennemis potentiels. Sera-ce sous la forme d’une confédération, comme celle tentée par les Habsbourg jusqu’à Sadowa, ou sous la forme d’une conquête comparable au Risorgimento ? L’avenir le dira. Mais une union durable et réaliste, exempte d’idéologies universalistes, sera indispensable pour survivre dans le monde de demain.

    Pierre de Meuse (Polémia, 11 décembre 2025)

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  • La Bretagne, nouvelle colonie de la criminalité importée ? Basta !...

    Nous reproduisons ci-dessous un coup de gueule de Julien Dir cueilli sur Breizh-Info et consacré à la prise de contrôle des villes bretonnes par les gangs de narcotrafiquants.

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    Fusillade dans le quartier de Villejean à Rennes

     

    La Bretagne, nouvelle colonie de la criminalité importée ? Basta !

    Il faut avoir le courage de dire ce que tout le monde voit mais que personne n’ose énoncer publiquement — parce que la vérité, aujourd’hui, est parfois devenue un délit. De Nantes à Brest, de Rennes à Saint-Brieuc, les tirs résonnent, les fusillades se répètent, le deal prospère comme jamais, et les médias nous parlent encore de « jeunes », de « Parisiens », de « tensions entre quartiers ». La liturgie anesthésiante du déni.

    Mais nous n’avons plus le temps. La Bretagne étouffe. La Bretagne saigne. La jeunesse bretonne va mourir.

    Les balles sifflent désormais dans nos rues, et l’on nous intime encore de sourire, d’applaudir, de célébrer le « vivre-ensemble ». Vivre-ensemble ? Non. Survivre sous contrôle narco-ethnique, voilà le programme qu’on nous impose.

    Car il faut cesser de tourner autour du pot : les réseaux qui inondent nos villes ne viennent pas de la lande ni des monts d’Arrée. Ils ne sont pas celtes. Ils ne sont pas bretons. Ils sont le produit direct de la politique migratoire massive, incontrôlée, délirante menée depuis vingt ans avec la bénédiction des élus régionaux, de l’État, des technocrates du ministère, et des éditorialistes qui vivent en centre-ville sécurisé.

    Afriques francophones, Maghreb, Europe sud-balkanique qui arrivent en Bretagne via les métropoles françaises, via les politiques de la ville… on sait. Tout le monde sait. Mais personne, dans les grands journaux subventionnés, n’a les tripes de le dire (à moins que ce ne soit volontaire ?).

    On parle de « jeunes d’origine parisienne ». Ou de « jeunes locaux » pour rappeler aux lecteurs que, parce que vivants en Bretagne, ils seraient des Bretons comme « vous et moi ».

    Traduction pour ceux qui ne sont pas idiots : bandes afro-maghrébines et réseaux importés des banlieues françaises. Toutes les sources le démontrent. Il n y a pas de gangs de Suèdois, ni de gangs d’Argentins, en Bretagne. Pas non plus de vrais gangs dirigés par des autochtones même si certains d’entre eux servent de petites mains dans des réseaux qui essaiment aussi en ruralité. On qualifie de « conflits de territoire » des règlements de compte à l’arme de guerre.

    On nomme « incivilité » un kidnapping en rase campagne. On maquille le réel comme un cadavre qu’on pompe pour lui donner bonne mine.

    Ce n’est pas un fait divers. C’est une conquête territoriale.

    À Rennes, Villejean devient un far-west métissé où l’on tire pour un point de coke. À Nantes, on voit tomber des corps dans la Loire. À Brest, des quartiers entiers vivent sous économie parallèle. À Vannes, Lorient, Quimper, les réseaux avancent, infiltrent, recrutent.
    Les caïds dictent leur loi et les élus posent des fresques « contre la discrimination ».

    Les politiques regardent ailleurs, pleurent sur « les quartiers oubliés », financent des associations-passerelles qui servent de couverture et libèrent des subventions pour acheter la paix sociale — une paix achetée comme on paye un racket.

    Ils ne protègent pas les Bretons. Ils négocient avec ceux qui les menacent.

    Et ils veulent que nous trouvions ça normal.

    Soit nous continuons à nous coucher, en acceptant la transformation accélérée de la Bretagne en zone métastable, mosaïque ethnique sous contrôle de trafiquants. Soit le peuple breton — ce qu’il en reste encore de debout, d’insoumis, de lucide — ouvrira enfin les yeux et dira : STOP.

    Déjà, la lassitude monte. Déjà, le murmure devient grondement. Les Bretons, peuple long à s’échauffer mais impossible à soumettre, savent ce qu’est la reconquête. Nos ancêtres ont repris leur terre à la pointe de l’épée ; aujourd’hui, on nous demande d’abandonner nos rues, nos villes, notre identité pour ne pas heurter quelques élus trouillards, et la presse subventionnée.

    Eh bien non. Pas ici. Pas chez nous.

    Nous ne voulons plus mourir dans le silence. Nous ne voulons plus être spectateurs. Nous ne voulons plus être complices par résignation.

    Dehors les trafics, et les narco trafiquants, dehors ceux qui les organisent, dehors ceux qui les couvrent. Au tribunal tous ceux qui ont permis la destruction d’une société qui vivait parfaitement ensemble sans ces individus. Les Bretons méritent autre chose que la soumission polie et la peur nocturne. Nos villes ne doivent pas devenir les laboratoires d’un modèle multiculturel déjà effondré ailleurs.

    La Bretagne n’est pas à vendre. Et encore moins à piller Basta. Stop. Harz !

    Julien Dir (Breizh-Info, 9 décembre 2025)

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  • La défaite intellectuelle des écologistes français...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Balbino Katz, le chroniqueur des vents et des marées, cueilli sur Polémia et consacré à l'échec intellectuel de l'écologie politique française...

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    La défaite intellectuelle des écologistes français

    La publication simultanée de trois ouvrages, Gagnons ! de Cécile Duflot, Climat, la drôle de guerre de Yannick Jadot et Gagner le combat du Pacte vert de Pascal Canfin, offre un matériau précieux pour comprendre l’état réel de l’écologie politique française. Ces textes, qui se veulent réflexifs, stratégiques ou mobilisateurs, convergent pourtant dans une même incapacité à saisir les raisons profondes de leur propre discrédit. Ils décrivent des symptômes, jamais le diagnostic. Ils parlent d’un monde qu’ils voient mais qu’ils ne comprennent plus.

    L’être humain comme sujet à corriger

    Ce qui frappe dans ces trois livres n’est pas leur diversité, mais leur homogénéité doctrinale. Tous reposent sur un même postulat : l’être humain n’est pas un organisme inscrit dans un milieu, mais un sujet moral défaillant que l’on doit corriger. Dans Gagnons !, Cécile Duflot ne conçoit la nature que comme légitimation symbolique d’un programme de transformation sociale. Dans Climat, la drôle de guerre, Jadot interprète les résistances populaires comme une forme de renoncement psychologique. Dans Gagner le combat du Pacte vert, Canfin dilue entièrement le vivant dans un dispositif procédural de normes et de gouvernance. Aucun des trois ne considère l’écologie comme science des milieux et des limites. Tous la réduisent à une éthique prescriptive.

    Ces ouvrages ont un autre trait commun : ils constatent une défiance massive du public sans jamais envisager qu’elle puisse être rationnelle. Duflot évoque des divisions internes, Jadot une « peur », Canfin une « polarisation », mais aucun ne pose la question centrale, celle de la contradiction structurelle entre leurs prescriptions et le fonctionnement réel des sociétés humaines. Ils exigent des individus une contraction de leurs modes de vie tout en refusant de penser la dynamique démographique, la territorialité, les continuités culturelles ou les limites énergétiques. Cette disjonction entre les normes proposées et les conditions d’existence des peuples constitue pourtant le cœur du rejet qu’ils décrivent.

    Effacement du vivant et vision eschatologique

    Les trois livres témoignent aussi d’un effacement du vivant en tant qu’objet empirique. La démographie disparaît. Les territoires sont traités comme variables d’ajustement. Les métiers liés à la nature – agriculture, pêche, forêt – ne sont évoqués qu’au prisme de leur « transformation » imposée. Le vivant est omniprésent comme métaphore, absent comme réalité biologique. Cette substitution du réel par un imaginaire normatif illustre ce que Spengler aurait nommé le moment tardif des cultures, lorsque les systèmes symboliques prétendent remplacer les formes de vie.

    Enfin, ces textes reconduisent une vision eschatologique du politique. Le climat devient un théâtre moral, le peuple un acteur coupable, l’histoire un processus de purification. Cette théologie laïcisée conduit à une perte de contact avec les sociétés concrètes. Ni Duflot, ni Jadot, ni Canfin ne considèrent les peuples comme des entités vivantes structurées par des héritages, des loyautés, des rythmes. Ils les envisagent comme populations à réassigner. Cette méconnaissance anthropologique est au fondement de leur crise.

    Le paradoxe est que cette triple faillite intellectuelle intervient au moment même où la question écologique, réelle, exige une pensée plus rigoureuse et mieux ancrée dans la biologie, la géographie humaine et l’histoire. L’effondrement de l’écologie politique que documentent involontairement ces trois ouvrages ouvre peut-être la voie à une écologie du vivant, non de la culpabilité. Une écologie capable de penser les limites, les milieux, les formes de vie. Une écologie qui prenne l’homme pour ce qu’il est, un être vivant, non un projet moral.

    Les livres de Duflot, Jadot et Canfin témoignent moins d’une refondation que de la fin d’un cycle. L’écologie politique se défait parce qu’elle a oublié la nature en prétendant la sauver.

    Balbino Katz (Polémia, 5 décembre 2025)

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  • Europe : quand la gauche criminalise l’histoire conservatrice...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 8 décembre 2025 et consacrée à l'éradication hystérique des traces culturelles du IIIe Reich dans les bibliothèques...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                           

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  • La trêve, la moins mauvaise des options pour l’Ukraine ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré aux tractations autour d'une paix (ou d'une trêve) en Ukraine. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

     

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    La trêve, la moins mauvaise des options pour l’Ukraine

    Le plan Trump pour la paix en Ukraine du 23 novembre propose une trêve susceptible d’ouvrir la voie à la paix, à condition que le pouvoir ukrainien obtienne des garanties de sécurité.

    Le plan Trump pour la paix en Ukraine, tel qu’il a été amendé lors des discussions américano-ukrainiennes du 23 novembre 2025 à Genève, doit être pris très au sérieux. Il représente une chance historique d’arrêter le massacre entre chrétiens slaves orthodoxes, commencé en février 2022 par l’agression de la Russie contre son voisin ukrainien. La trêve que ce plan propose – la paix ne viendra qu’après des années, voire des décennies de diplomatie – est de loin la moins mauvaise des options, pour les Russes, comme pour les Ukrainiens.

    Combien de jeunes Russes et Ukrainiens, jadis frères au sein de l’Union soviétique, ont-ils perdu la vie après le passage à l’acte irrationnel de Vladimir Poutine ? Un demi-million ? Davantage ? Je dis irrationnel car cette agression, outre ses enfants morts, a coûté à la Russie quatre atouts qui étaient très importants à ses yeux : l’influence importante qu’elle avait en Ukraine ; un commerce très profitable avec l’Union européenne ; une économie prospère prête à développer l’immense Sibérie ; une Otan en « mort cérébrale » à ses frontières.

    Le but stratégique de Vladimir Poutine était de faire de l’Ukraine un pays soumis à Moscou, un peu comme l’est la Biélorussie. Le président russe a échoué ; il n’a pas pris Kiev en une semaine ; il a seulement renforcé la combativité des Ukrainiens, ainsi que leur goût pour la liberté, l’indépendance, l’ouverture à l’Europe. Vladimir Poutine devrait se rendre compte qu’il peut continuer à faire souffrir l’Ukraine par sa guerre d’usure (où la Russie perd progressivement ses infrastructures pétrolières), mais qu’il ne parviendra jamais à la soumettre.

    Une «opération militaire spéciale»

    Si l’on se met dans les chaussures d’un président russe rationnel, on s’aperçoit qu’il aurait intérêt aujourd’hui à accepter l’offre américaine inespérée que lui fait le président Trump, à savoir le cessez-le-feu sur la ligne de contact actuel, la levée des sanctions, l’amnistie de tous les crimes commis, le retour de la Russie sur tous les marchés pétroliers et gaziers, l’édification de projets miniers et énergétiques communs entre la Russie et les États-Unis.

    En forçant un peu sur la propagande, comme il sait très bien le faire, Poutine a les moyens de présenter à son peuple son « opération militaire spéciale » de février 2022 comme une nécessité passée et un succès présent. Il est faux de dire que Poutine ne peut pas arrêter les hostilités car il perdrait la face devant la nation russe. Sauver la face devant son peuple ne lui serait pas très difficile : il peut dire avoir protégé les russophones et russophiles du Donbass, avoir fait de la mer d’Azov une mer russe, avoir arrêté l’expansion de l’Otan vers l’est. Il peut, en outre, présenter un avenir radieux à son peuple, fait d’une exploitation commune de l’Arctique avec les Américains et de la Sibérie avec les Chinois.

    La trêve est la moins mauvaise des options pour Poutine car l’actuel grignotage du territoire ukrainien par son armée lui coûte très cher et est particulièrement lent. Les Ukrainiens, passés maîtres dans le combat moderne par drones, savent très bien se défendre. Les experts militaires considèrent que la défense est trois fois moins coûteuse en hommes que l’offensive dans une guerre telle que celle d’Ukraine. Au regard des gains territoriaux conquis par Poutine sur l’Ukraine en 2025, il lui faudrait un demi-siècle pour conquérir l’intégralité du pays.

    Pour les Ukrainiens, la trêve proposée par le plan Trump est aussi la moins mauvaise des options. Zelensky a lui-même avoué que son peuple était las de la guerre. Les jeunes générations fuient le pays. Où est la relève, quand on sait que plus de 600.000 jeunes hommes ukrainiens en âge de combattre vivent à l’étranger et n’envisagent pas de revenir au pays faire leur devoir patriotique ? Vu ce qu’elle coûterait en hommes, la reconquête militaire des territoires ukrainiens pris par les Russes depuis 2014 n’est pas envisageable.

    Crier victoire et sauver la face

    La trêve offrirait une stratégie de paix fructueuse au pouvoir de l’Ukraine, à la condition que Kiev obtienne les garanties de sécurité qu’elle réclame légitimement. Exploitation des terres rares avec les investisseurs américains. Lutte contre la corruption, qui est le fléau de toujours du pays. Édification d’institutions publiques fiables, permettant une accélération du processus d’entrée dans l’Union européenne. Zelensky pourrait, lui aussi, crier victoire et sauver la face : il a résisté à l’une des plus fantastiques armées du monde pendant près de quatre ans, il a sauvegardé la liberté et l’indépendance de son pays. Ce n’est pas rien !

    Certes, on peut reprocher au plan Trump de bafouer la justice. Il est vrai qu’on ne verra pas la Russie rendre les territoires qu’elle a conquis par la force, livrer ses criminels de guerre à la CPI, verser des dommages de guerre à l’Ukraine. Mais c’est un idéal qu’il est totalement irréaliste d’attendre. La vérité est qu’il n’y a de justice internationale possible que lorsqu’un camp est clairement le vainqueur. Ce fut, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le cas des procès de Nuremberg et de Tokyo. Ce fut aussi le cas du Tribunal pénal international pour le Rwanda.

    Mais quand des crimes de guerre sont commis par une puissance non défaite dans un conflit, ils n’ont aucune chance d’être jugés. L’invasion illégale de l’Irak en 2003 a provoqué des centaines de milliers de morts et un chaos toujours présent en Mésopotamie. George W. Bush et Donald Rumsfeld ont-ils été présentés à des juges ?

    Il est indéniable que le plan Trump malmène fortement le droit international et la justice internationale. Mais il serait encore plus immoral de laisser se poursuivre le massacre sous prétexte de justice. Quelle serait la valeur d’une justice qui laisserait mourir demain des dizaines de milliers de jeunes gens pour la seule satisfaction potentielle de condamner un jour des dizaines de criminels de guerre ? Dans les relations internationales, la justice est évidemment une belle chose. Mais elle est rarement préférable à la paix.

    Renaud Girard (Geopragma, 2 décembre 2025)

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