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Métapo infos - Page 632

  • Monsieur le Président, encore un effort pour défendre la France !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux choix d'Emmanuel Macron dans le domaine de la politique étrangère. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    Monsieur le Président, encore un effort pour défendre la France !

    Pourquoi bouder son plaisir ? Pour avoir publié en 2009, chez Gallimard, un essai consacré au « Renversement du Monde », je ne peux que saluer le constat établi par Emmanuel Macron le 27 août 2019, dans sa conférence annuelle aux Ambassadeurs, quand il reconnait que l’Occident ne dirige plus le monde.

    Pour avoir publié en 2014, chez Pierre-Guillaume de Roux, «Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé », un essai consacré à la fragilité croissante de notre alliance avec les États-Unis, je ne peux qu’entendre le constat livré par Emmanuel Macron à The Economist, l’hebdomadaire de la doctrine libérale anglo-américaine (8 novembre 2019). L’OTAN est une organisation vide de sens, le Traité de l’Atlantique Nord doit être renégocié sur des bases nouvelles, la France et l’Europe doivent compter sur elles-mêmes pour assurer leur défense, et il est urgent de renouer avec la Russie un vrai dialogue stratégique — d’autant plus urgent qu’il sera long. 

    Et pour avoir à maintes reprises dénoncé la dérive de l’Union européenne, qui croit se construire en détruisant les Nations qui la composent, pour m’être élevé contre les européistes béats, les fédéralistes forcenés et le principe imbécile qui veut que si ça va mal en Europe, c’est qu’il faut plus d’Union, je ne peux qu’approuver le constat présidentiel : l’Union européenne est au bord du gouffre. Je lui ajoute mon constat personnel : à chaque séance plénière, le Parlement lui demande de faire un grand pas en avant.

    Des déclarations, toujours des déclarations

    Le sujet n’est pas d’avoir eu raison trop tôt, ce qui est en politique une manière d’avoir tort.

    Le sujet est d’avoir raison pour agir, pour décider, et pour gagner. Et tout suggère qu’Emmanuel Macron ne peut pas savoir ce qu’il sait, qu’il ne veut pas vouloir ce qu’il veut, et qu’il ne pourra pas conduire la renaissance nationale.

    L’essentiel des déclarations d’Emmanuel Macron porte sur la défense, avec une réponse qui n’appartient qu’à lui ; la Défense sera européenne ou ne sera pas ! Mais cette réponse interroge. D’abord, parce que nul n’en veut dans une Europe qui a payé son confort social au prix de l’assurance militaire américaine. Parlez-en à la Pologne, à la Hongrie, à l’Espagne !

    Ensuite, parce que l’inconsistance européenne signifie la débandade du « chacun pour soi » dès qu’un vrai choc sécuritaire atteindra l’un ou l’autre de ses membres, choc nécessairement asymétrique, choc que chaque Nation vivra selon son histoire, ses intérêts et sa pente, choc d’autant plus impossible à affronter que l’Europe s’interdit collectivement de penser invasion, conquête, et guerre. Emmanuel Macron aurait-il oublié le « chacun pour soi » qui a suivi la criminelle décision de Mme Angela Merkel d’ouvrir la porte aux migrants en 2015 ? En clair ; une Europe de la Défense est plus improbable qu’un OTAN redéfini. Et surtout, parce que l’adhésion de l’Union et de M. Emmanuel Macron au mondialisme, au libre-échange et au néo-libéralisme la vide de toute portée ; qu’y a-t-il à défendre, pourquoi tuer et pourquoi mourir, quand tout est à vendre ?

    Que défendre

    Que défendre ? Les Hongrois savent ce que veut dire défendre la Hongrie, comme les Serbes savent ce que signifie défendre la Serbie. Les Français savent-ils ce qu’ils ont à défendre ? Défendre commence par dire « nous », et nommer ses ennemis. Les Français savent bien qui profane les églises, qui engorge les hôpitaux, qui agresse enseignants, policiers et concierges ; les nommer est déjà un délit. Les Français savent bien au nom de quelle idéologie d’importation la France se décompose, le désaménagement des territoires se répand, les services de l’Etat se dégradent et les conquêtes sociales ne sont plus que des freins au « Doing Business ».

    Qui dit qu’il n’y a pas de culture française, qu’il n’y a pas de peuple français, qu’il n’y a pas d’unité nationale, dit qu’il n’y a rien à défendre. La maison est vide, qui paie s’installe. Ceux qui livrent la France à l’immigration de peuplement et aux délires des universités américaines, ceux qui ne reconnaissent pas que l’ennemi est à l’intérieur, et qu’il gagne chaque jour des batailles que les Français ne livrent pas, ont déjà abandonné l’idée de défendre la France.

    Que défendre ? Si tous les hommes sont les mêmes, s’il n’y a sur terre que des individus de droit, et si tout est à vendre, l’idée même de défendre un territoire, une Nation, un régime politique, devient dérisoire.Toute la politique du gouvernement d’Emmanuel Macron continue le travail d’indétermination, d’indifférenciation, de banalisation de la France qui lui interdit de répondre. Ou plutôt, elle répond chaque jour ; la France n’est rien, puisqu’il est interdit de distinguer les Français et de les préférer.

    L’idée même qu’un citoyen français puisse se prévaloir de droits auxquels tout individu ne pourrait prétendre devient coupable — les décisions du Conseil constitutionnel sont constantes sur ce point. Le Conseil d’État a renchéri, en statuant que c’est aux Français de s’adapter à l’étranger . Et l’idée même que la Nation existe, qu’elle compte, et qu’elle vaut, est étrangère à un gouvernement qui nie l’histoire, les racines chrétiennes de la France, la transmission familiale de l’esprit national et la primauté de l’État dans la singularité française. Que défendre, si être Français ne fait plus de différence ? Entre le libéralisme de l’individu souverain, et la France des citoyens, il faut choisir. 

    Que défendre ? Emmanuel Macron constate que l’Europe n’est plus la priorité de l’Amérique. Il redoute l’avènement d’un monde bipolaire qui est déjà là, partagé entre les États-Unis et la Chine. Il en appelle à – à quoi vraiment ? À ce vide béant que creuse l’Union européenne entre les États-Unis, la Russie et la Chine ? À une étonnante complaisance pour des néo-conservateurs qui sont, depuis quarante ans, les premiers coupables de la déstabilisation du monde ?

    N’est pas de Gaulle qui veut

    La lucidité du constat n’assure en rien la pertinence du projet. Sa franchise inattendue provoque déjà les haut-le-cœur chez nos voisins de l’Est, la prudence fuyante de Mme Merkel, les mises en garde de Mike Pompéo. L’appel à une souveraineté européenne attire déjà les réponses des affidés de Washington, comme le gouverneur de la Banque centrale de Hongrie ; l’indépendance de l’Europe, quelle idée ! Et la dureté, voire la violence, du propos d’Emmanuel Macron résonne comme un constat d’échec ; quel contraste avec la boursouflure prétentieuse des discours de la Sorbonne et d’Aix-la-Chapelle, quand celui qui n’arrive pas à gouverner la France prétendait guider l’Europe !

    Face à l’unilatéralisme des États-Unis, face à leur intolérance à l’égard de toute manifestation d’indépendance de la France, face au terrorisme économique qu’ils manient(par exemple contre le Danemark pour s’opposer au passage de Nordstream), le constat vient trop tard, et ses conclusions sont erronées.

    N’est pas de Gaulle ou Kissinger qui veut. Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une vision du monde, les moyens qui la permettent, la profondeur qui la fait tenir. Car l’état du monde est sans ambigüité ; la forme politique de la mondialisation, c’est l’État-nation.

    L’insurrection de la diversité des peuples sera à la mesure du carcan que le mondialisme leur a imposé. La forme économique de la mondialisation gagnante, c’est le nationalisme de marché. La destruction des Nations par les traités de libre-échange, comme le CETA et le MERCOSUR, des Etats par l’ouverture des frontières et le pillage des territoires par les privatisations, voilà les raisons de la crise qu’à juste titre Emmanuel Macron annonce ; il peut la prévoir puisqu’il contribue à la provoquer.

    Seuls survivront ceux qui auront su créer cette unité nationale qui rassemblera le droit, l’économie et la force au service de leur Nation. Car la marche du monde est sans pitié ; ce n’est plus de l’hyperpuissance américaine qu’il convient d’avoir peur, c’est de l’affaiblissement américain, du sentiment d’encerclement vécu par la Russie, et de la revanche de la diversité portée par la Chine et par l’Inde comme par l’Islam.

    Les peuples qui ne savent plus dire « nous » sont condamnés. La question n’est pas de quitter l’OTAN et la dépendance qu’elle impose (voir l’achat forcé de 35 F, l’avion qui ne volera jamais, par tant d’Européens !) mais d’abandonner les rêveries d’une démocratie planétaire instaurée sous les bottes des Marines, qui suscite un rejet universel — pourquoi attendre avant de rouvrir l’ambassade de France à Damas ? La France a mieux à faire du côté de ceux qui refusent le partage du monde, constatent que la Russie est devenue une force de stabilisation aux pourtours de l’Europe, que les routes de la Soie échappent aux péages américains, et que la militarisation du dollar commande de lui trouver un substitut. La question est moins de s’éloigner des États-Unis que d’en finir avec les errements du mondialisme et de l’individualisme libéral ; ce que la France doit au monde, aux Français et à elle-même, c’est de demeurer la France.

    Le constat est là. La brutalité américaine le provoque, les gains accumulés par la Chine plus récemment par la Russie et aussi par l’Iran le justifient, l’impuissance tragique et comique à la fois de l’Union européenne l’oblige. Ce constat ne peut qu’appeler un projet. C’est le projet d’une France libre, d’une France du non-alignement, de la non-conformité, c’est le projet d’une France qui propose aux Nations européennes qui le veulent, si elles le veulent, de devenir le troisième pôle d’un monde réellement multipolaire.

    Et cela se voit

    Emmanuel Macron ne peut le conduire. Trois raisons au moins le lui interdisent.

    Derrière la crise de civilisation qui touche les États-Unis comme l’Europe, l’abandon de la justice et de l’égalité au nom de la performance, la perversion du droit par sa mise en concurrence, la réduction de chaque chose à son prix de marché. Comment l’élu de la banque, des big pharma et du big business mettrait il en cause ce qui assure la fortune du très petit nombre contre l’intérêt de tous ? Le Président de la France qui gagne peut-il être le Président de tous les Français, peut-il inventer la démocratie économique et parler à ceux qui se lèvent tôt, qui travaillent, qui ne sont pas des gagnants, mais qui ne sont pas rien – ils sont seulement Français ?

    Derrière la crise sécuritaire qui balaie l’Europe, le retour de l’affrontement ethnique, religieux et idéologique. La Chine des Hans veut être la Chine des Hans, l’Afrique redevient la terre des Africains, et l’Islam retrouve une dynamique de conquêtes que dissimule l’anecdote terroriste. L’internationalisme est le péché qui achève de tuer le socialisme français. L’individualisme est le voile qui aveugle l’Union et la France sur les masses qui se sont mises en marche et qui les écraseront si elles ne savent retrouver l’unité, la volonté de survivre, la passion de demeurer. Comment ceux qui interdisent de nommer les choses, qui veulent qu’un homme ne soit plus un homme, qu’une femme ne soit plus une femme, et qu’un criminel ne soit qu’un imbécile, pourraient-ils affronter une situation où le pouvoir d’agir dépend du pouvoir de nommer et de dire ?

    Derrière la crise qui secoue la France, le sentiment d’une perte de contrôle, la réalité d’une fuite en avant européenne, la vérité de trente années de renoncement à la Nation. Le malheur français n’a pas d’autre origine que cet abandon de l’idéal de la grande France, présente par ses outre-mer sur tous les océans et tous les continents, du recul d’un État qui assure l’égalité des territoires, le progrès pour tous les citoyens, et cette sécurité globale, économique aussi bien que morale, qui est la condition de la confiance. L’affirmation sans complexe de l’intérêt national, de la prééminence du citoyen français sur tout individu, de l’unité de la France sur tous les facteurs de division que l’Union attise, est la clé. Comment un Président élu par les tenants du mondialisme et du fédéralisme européens pourrait-il incarner l’État et la Nation, comment pourrait-il fournir la solution, alors que sa politique est le problème ?

    Emmanuel Macron a fait un choix

    Oui, la situation est grave. Oui, il faut abandonner l’illusion que la France donnera à une nouvelle Europe son souffle et sa force ; le général de Gaulle, puis François Mitterrand s’y sont essayés sans succès. Deux fois suffisent. Oui, la France a besoin d’alliés qui tiennent leur parole et leurs engagements, et les États-Unis ne sont plus cet allié-là. Oui encore, le sentiment national est le socle à partir du quel tout peut renaître. Dans le désordre et la confusion que répand partout la politique du « en même temps », des éléments de langage et de l’information sous tutelle, l’unité nationale, la garde aux frontières, et l’exigence citoyenne, sont le recours. Et la volonté que la France demeure, quel que soit le prix à payer, en argent, en combats, ou en morts.

    Voilà le point décisif. Au moment où la Grande-Bretagne célèbre le souvenir de ses soldats morts contre l’Allemagne en lançant 750 000 coquelicots dans la mer, ce 11 novembre, l’Union européenne commande à la France d’oublier que sa liberté et ses frontières ont été gagnées au prix de millions de morts. Et certes, de Clemenceau au général de Gaulle, ceux qui ont fait la France libre n’ont jamais hésité sur le prix à payer pour que la France vive. Ils n’hésiteraient pas plus aujourd’hui.

    Emmanuel Macron a fait le choix de mutiler les gilets jaunes, pas ceux qui envahissent la France. Il a fait le choix de poursuivre ceux qui défendent la France, ses frontières et son identité, pas ceux qui s’emploient à détruire l’État social, à précariser les Français et à faire des terres et des paysages de France, des lois françaises, des marques et des villes françaises, des produits comme les autres, en vente comme les autres sur le marché mondial. Quand le moment sera venu de dire non à l’intolérable, comment serait-il celui qui paiera le prix pour rétablir la France dans son histoire, dans ses frontières, dans sa dignité, et dans tout ce qui n’a pas de prix ?

    Emmanuel Macron a fixé l’enjeu de la prochaine élection présidentielle de 2022 ; choisir qui paiera le prix de la France libre, quel qu’il soit. Il faut savoir gré à un Président qui ne peut lui répondre d’avoir déjà posé un tel enjeu. Il est urgent de définir le projet national qui relèvera cet enjeu, un enjeu qui s’appelle simplement la survie de la France.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 13 novembre 2019)

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  • La fabrique du crétin digital...

    Les éditions du Seuil ont publié cet été un essai de Michel Desmurget intitulé La fabrique du crétin digital. Docteur en neurosciences et directeur de recherches à l'INSERM, Michel Desmurget est également l'auteur de Mad in USA - Les ravages du modèle américain (Max Milo, 2008) et de TV lobotomie (Max Milo, 2012).

     

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    " La consommation du numérique sous toutes ses formes - smartphones, tablettes, télévision, etc. - par les nouvelles générations est astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d'écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d'une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires). Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d'écrans est loin d'améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite...), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques...) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation...). Autant d'atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes. « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l'histoire de l'humanité, une telle expérience de décérébration n'avait été conduite à aussi grande échelle », estime Michel Desmurget. Ce livre, première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d'un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents ! "

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  • Face au système, les voies de la résistance

    Le Forum de la dissidence, organisé par la Fondation Polémia se tiendra demain, samedi 23 novembre 2019 au NewCap EventCenter, 3 quai de Grenelle à Paris (15e), à compter de 14 heures, sur le thème : Dictature Macron ? Les voies de la résistance.

     

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    Polémia présente

    Le 5e Forum de la dissidence

    Face à la dictature Macron, les voies de la résistance !

     

     

    13h30 – Ouverture des portes

    14h00 - Première partie : la dictature Macron ?

     « Pourquoi la dictature ? la superclasse mondiale contre les peuples

    Par Michel Geoffroy, Polemia

    Le dictateur (Vidéo)

     « La dictature pour quoi faire ? »

    Par Philippe Bornet, auteur de Demain la dictature,

    Dernières actualités du LIBERTEX

     « La dictature des minorités »

    Par Nicolas Faure, Sunrise  

    La fenêtre d’Overton (Vidéo)

    En quoi consiste le système dictatorial de Macron

    Par Guillaume Bernard, politologue

     

    Deuxième partie : les voies de la résistance

    La défense des frontières c’est possible ! de l’action à la répression.

    Romain Espino et Clément Galant, Génération Identitaire

    « Face à la meute » (vidéo)

    « Ne pas céder aux intimidations du pouvoir »

    Par Frédéric Pichon, avocat

     

    « Organiser la solidarité avec les victimes de la répression »

    Par Anne-Laure Blanc présidente de Solidarité pour tous

    Le trouillard d’Or – Remise de prix

    La propagande à l’école : comment la combattre 

    Par Vincent Badre, professeur d’histoire essayiste

    Comment la convention de la droite a repoussé la frontière du politiquement correct

    Par François de Voyer, Collectif Audace

    Pas de résistance sans courage !

    Par François Bousquet, directeur d’Éléments et de La Nouvelle Librairie, auteur de Courage, manuel de guérilla culturelle

    Conclusion : « Le réveil des peuples plus fort que les apprentis dictateurs »

    Par Jean-Yves Le Gallou

    19h00 - Fin

     

                                     

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  • Propagande, le mot et la chose...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré aux nouveaux masques de la propagande... Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015), Fake news - La grande peur (VA Press, 2018), Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019) avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, et dernièrement L'art de la guerre idéologique (Cerf, 2019).

     

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    Propagande, le mot et la chose

    La propagande est une forme d'action sur le cerveau d'autrui définie et décryptée depuis longtemps, mais l'emploi du mot même se fait de plus en plus rare. Serait-elle remplacée par des méthodes plus subtiles ?

    Originellement, le latin, propaganda signifie «devant être propagées» et se réfère à des vérités de la foi. Le mot se retrouve dans la langue médiévale. Au XII° siècle, le dominicain Humbert de Romans écrit un Manuel de propagande des croisades, méthode censée inciter le lecteur à aller guerroyer en Terre Sainte. La notion prend tout son poids lorsque le pape Grégoire XV institue une la Congregatio de Propaganda Fide le 22 Juin 1622. Elle répandra la religion dans les contrées mal évangélisées en usant des moyens rhétoriques ou psychologiques les plus propres à impressionner ceux qui n’ont pas encore reçu la bonne nouvelle évangélique.

    Premiers dispositifs

    Le premier appareil de propagande est donc une congrégation de cardinaux commandant des armées de missionnaires au service d’un message doctrinal, le tout formant un véritable dispositif : organisation, relais et arguments.

    Dans les dictionnaires français, « propagande » apparaît vers 1790 avec des associations laïques cette fois, voire révolutionnaires qui se consacrent à la diffusion de certaines opinions. Puis le sens du mot glisse de l’acteur à l’action : la propagande, ce sera désormais l’ensemble des méthodes visant à répandre certaines idées auprès du peuple. Des bureaux de propagande se proposent de diffuser la Raison et la Liberté en lieu et place de la Foi et du Dogme.

    Encore une étape et nous retrouvons le mot propagande dans le vocabulaire des partis ouvriers, : faire de la propagande, c’est faire partager l’idée socialiste aux masses, les éduquer à la lutte des classes. Par la parole, par l’écrit, par l’organisation, mais aussi ajoutent certains anarchistes, par l’action. « Propagande par l’action », ou encore « action directe » vont vite devenir synonymes de terrorisme, ou du moins d’une stratégie de rupture visant à exacerber les conflits sociaux

    S’il fallait assigner une date de naissance à la propagande dans son sens moderne, - celui d’une forme de communication politique destinée à agir sur les masses- nous dirions qu’il est popularisé au début du XX° siècle dans un double contexte : partis de masse et massacres de masses (avec en arrière-plan des mass media pour faciliter les deux).

    Pendant la première guerre mondiale, les belligérants pratiquent tous la propagande : ils créent même des bureaux pour cela. Ils sont chargés de censurer les mauvaises nouvelles et de présenter les bonnes, de convaincre le front, l’arrière, voire d’inciter l’opinion internationale à soutenir la juste guerre de la patrie.

    L'entre-deux guerres voit éclore des ministères de la Propagande En URSS, l'existence d'un Département pour l'agitation et la propagande, organe des Comités centraux et régionaux du parti communiste soviétique (Dotdel agitatsii i propagandy) ne choque personne ; il est vrai qu’en russe, propagande signifierait simplement diffusion d’idées.

    Mais propagande se veut aussi un concept scientifique : les laboratoires, surtout outre-Atlantique, étudient les méthodes de persuasion directe ou via les médias. Les uns pour en préserver les citoyens, les autres pour exploiter cette nouvelle rhétorique qui passe aussi par l’image, dans le cadre de la publicité ou pour améliorer les grandes campagnes d'opinion. Si les partis communistes, fascistes et nationaux-socialistes pratiquent ouvertement la propagande, le mot répugne aux libéraux.

    Éviter le mot qui chagrine

    Depuis au moins la chute du Mur, le mot est devenu quasiment tabou : il évoque une vision à la fois idéologisée et conflictuelle de la politique. Les politiciens modernes, surtout libéraux, se réfèrent plutôt à la communication, à la proximité, à la participation, à la transparence… La plupart du temps, le « communicant » se contente de dire qu’il informe ou qu’il pratique les relations publiques, simple mise en valeur d’un homme ou d’une cause.

    Le double impératif de la force des choses (les lois du marché, les contraintes de la modernisation, les impératifs d’une politique moderne, la fin des dogmes…) et de la « proximité » (être réactifs, proches des gens, à l’écoute…) incite à abandonner cette vieillerie que serait la propagande. En paroles au moins…

    Car le terme est concurrencé à la fois par des concepts proches et par quelques périphrases un peu compliquées.

    L’administration U.S. se montre particulièrement inventive pour désigner par euphémisme ce que les «good guys» devaient faire pour contrer la propagande des « bad guys ». Elle a baptisé les agences ou institutions vouées à la diffusion de la bonne parole de noms étranges, et les spécialistes du Pentagone remplissent des dictionnaires entiers d’acronymes.

    Dans la pratique, on s’aperçoit vite que cette logomachie (Office of Strategic Influence, Psyop, Office of Global Communication, Under Secretary of State for Public Affairs and Public Diplomacy, Strategic Communications. Information Operation Task Force.) renvoie à des activités qui répondent bien à la définition officielle de la propagande par l’Otan : « Toutes les informations, idées, doctrines, appels, communiqués pour influencer l’opinion, les émotions, les attitudes ou le comportement de tout groupe particulier dans le but d’obtenir un bénéfice direct ou indirect. »
    On retrouve notamment diverses combinaisons de termes suivants :

    - psychologique (guerre psychologique ou opérations ou actions psychologiques, psychological warfare…) incluant des offensives destinées à affaiblir des groupes ennemis.
    - déception : toutes les formes de tromperies réservées à l’adversaire
    - influence (p.e . influence stratégique comme dans Office of Strategic Influence )
    - perception (management de…, guerre de la…)
    - diplomatie publique (qui contrairement à la diplomatie « classique » s’adresserait directement aux peuples)
    - soft power (pouvoir « doux » d’attraction ou de séduction des valeurs américaines)

    Cette phraséologie repose pourtant sur des notions simples :

    - Il s’agit dans tous les cas de fournir, de diffuser, de sélectionner, des «informations» pour des publics (en anglais « audiences »)

    - Ces informations, données ou indicateurs suscitent, ou renforcent des raisonnements, sentiments ou attitudes chez leurs destinataires

    - Le but recherché est soit que ces publics soutiennent la réalisation de certains objectifs des USA, soit deviennent «favorables» aux intérêts américains (directement s’ils sympathisent, indirectement et a contrario s’il s’agit d’adversaires paralysés, démoralisés ou poussés à la faute). On notera que la jurisprudence US distingue bien le mensonge d’État condamnable s’il s’adresse à des citoyens américains des actions d’intoxication, leurre, déception, désinformation et autres, acceptables si elles s’adressent à des publics étrangers et même si elles supposent le recours au mensonge.

    Pour le dire autrement, cet ensemble englobe deux types d'action ; les premières ressortent à la bonne vieille guerre psychologique, telle que la pratiquait l'armée française dans les années 60, ordinateurs en moins : se concilier les populations, affaiblir ou diviser l'adversaire. Quant aux secondes, il s'agit de glorifier l'Amérique, ou du moins de «faire entendre sa voix» pour en exalter le modèle.

    Tout cela fonctionne suivant un schéma simpliste stimulus réponse : de « bonnes » informations engendrent des bonnes pensées ou sentiments d’où de bons résultats. Surtout, elles peuvent couvrir à peu près n’importe quelle sorte de communication.

    Autour de la propagande

    Mais la question des mots laisse intacte celle de la chose.

    Or le mot de propagande en évoque plusieurs autres, qui forment autant de domaines adjacents souvent évoqués sur ce site :

    - La désinformation. Celle-ci porte par définition sur un fait faux, fabriqué, mis en scène ou du moins très déformé et se présente toujours comme neutre (passant souvent par l’intermédiaire d’un tiers, par exemple un média réputé objectif, pour que les destinataires ne puissent pas comprendre la finalité de la manœuvre). Autre caractère qui différence la désinformation : elle est presque toujours négative et vise à diaboliser ou décrédibiliser un adversaire. Faire une belle affiche, disant « votez pour moi », c’est de la propagande. Répandre dans les rédactions des rumeurs et calomnies sur l’intégrité ou le passé politique de son adversaire, c’est de la désinformation. Le Cuirassé Potemkine est un film de propagande soviétique, les mises en scène par lesquelles Staline a tenté d’accréditer l’idée que le massacre de Katyn en Pologne avait été perpétré par la Wehrmacht, non par l’Armée Rouge, offrent un parfait exemple de désinformation. Comme on s’en doute, cette distinction, claire sur le papier, l’est beaucoup moins dans la pratique. Car dans la vie quotidienne, nous sommes surtout confrontés à la mésinformation.

    - La mésinformation. La mésinformation est en principe non délibérée. Vérités partielles, événements ou images présentés hors de leur contexte, faux effets de symétrie entre deux opinions, balance inégale entre deux courants ou deux types de faits comparables… Les procédés sont multiples qui s’interposent entre la réalité et son reflet médiatique. S’ils résultent d’une simple déformation, idéologique ou autre, mais involontaire par les médias, il faudrait en principe parler de mésinformation, pas de désinformation ou de propagande, qui sont de vraies stratégies. Reste à savoir ce qui est volontaire…

    - L’influence. Si la propagande fait partie des procédés d’influence, elle n’en couvre pas tout le champ. La seconde comporte aussi une action par l’image que l’on émet, par l'intermédiaire de réseaux que l’on mobilise et par toutes sortes de stratégies indirectes… La propagande peut être considérée comme l’équivalent politique ou idéologique de la publicité : votez pour moi, soutenez mon pays, je suis le meilleur... C’est un message qui ne cache pas sa source ni ses objectifs et qui est censé persuader directement et positivement. Le domaine de l’influence, en tant que stratégie indirecte, est forcément plus vaste : le lobbying, la désinformation, le formatage des esprits, l’action sur l’opinion à travers des ONG ou des personnalités prestigieuses, l’art de trouver des alliés pour soutenir votre point de vue... Cela dit, il y a des moments où les deux méthodes se recoupent. Par exemple, si vous créez une radio arabophone comme al Sawa, destinée d’abord à la population de l’Irak et qui se présente comme un média de distraction et d’information, donnant une image favorable des USA, c’est censé être une action d’influence. Néanmoins, pour les auditeurs hostiles qui savent qui finance ce média, cela apparaît comme de la propagande grossière qui déforme la réalité. La propagande apparaît comme la forme la plus visible, la plus naïve et la moins sophistiquée de l’influence.

    - La publicité. A priori la distinction semble évidente. La publicité vend des choses, pas des idées. Elle promet d’avoir et ne commande pas de devenir. Elle incite à consommer, pas à faire des choix politiques, encore moins à mourir ou à tuer. Son action est orientée vers un but unique et limité (achetez ce produit) non vers la transformation profonde du destinataire ou de sa vision du monde. La publicité, même comparative, dit du bien de la marchandise, elle ne diabolise pas des gens, des idées, des partis, des nations…. Pourtant la frontière peut être poreuse dans les deux sens. D’une part, nombre de procédés de marketing politique ou des relations publiques, qui sont une forme ou un avatar de la propagande de papa, consistent à « vendre » un homme politique « comme une savonnette », suivant la formule consacrée. D’autre part, la publicité dans son ensemble promeut globalement des valeurs. Ce peut être explicite, notamment lorsqu’une pub tente de nous persuader qu’en consommant X nous faisons acte de militantisme écologique et contribuons à sauver la planète. Ce peut-être implicite : la pub véhicule un idéal, une image du bonheur ou de l’individu épanoui qui n’est pas neutre idéologiquement.

    - La distinction entre culture et propagande n’est pas si évidente qu’il semblerait a priori. D’une part, la propagande même sous sa forme la plus grossière, cherche à s’approprier des valeurs culturelles supérieures. Son esthétique souvent kitsch est un hommage indirect aux pouvoirs supposés de l’art, comme ses références fréquentes à un passé mythifié ou à des autorités intellectuelles constituent un tribut à la mémoire et à la pensée des peuples. Mobiliser le monde de la culture pour sa cause, par exemple en expliquant que l’on est dans le camp des valeurs universelles, de l’Art, de la Pensée, etc.. – tandis que l’autre est un affreux barbare ennemi de toute liberté de l’Esprit – est une des plus vieilles recettes de la propagande. Mais, si nous considérons la chose dans l’autre sens, toute institution vouée à la transmission des valeurs, que ce soit l’École, le Musée ou une Église est aussi une machine à faire croire, à valoriser certaines représentations de la réalité, des courants d’idées, des principes éthiques ou politiques. La différence serait-elle que la propagande s’adresse à des citoyens lambda inconscients de ses effets, voire qui n’ont pas demandé à y être soumis ? alors que celui qui s’est mis en situation d’apprendre ou d’imiter sait qu’il est là pour être transformé (et pense-t-il amélioré) à un degré ou à un autre ?

    - Si toute propagande est aussi la propagation d’une idéologie (des explications du monde entraînant un jugement de valeur et visant à une transformation ou une justification de la réalité), l'inverse est-il vrai ? Peut-on propager une idéologie – dont la vocation est précisément de se répandre contre d'autres visions du monde – sans faire de la propagande ? Un théoricien qui a écrit un in-octavo bourré de notes sera choqué de se voir comparer à un distributeur de tracts. Il a le sentiment d’argumenter non de séduire ou d. Est-ce si certain ?

    - Enfin la propagande suppose la persuasion : le but est que des gens soient convaincus que.. (par exemple que c’est l’ennemi qui a déclenché la guerre, ou que le plan quinquennal a été dépassé) voire persuadés de faire… (voter, s’engager…). Pour autant la persuasion n’est qu’un des aspects de la propagande qui suppose d’autres modes d’orchestration, de diffusion des messages et d'incitation à l'engagement. Et toute persuasion n’est pas de la propagande : la persuasion par démonstration scientifique, ou encore celle qui intervient dans les relations interpersonnelles. Persuader quelqu’un de vous épouser, ce n’est pas de la propagande.

    Au total les définitions de la propagande suggèrent pourtant des conditions minimales :

    - une foi et une volonté de la faire partager, ou au moins des principes politiques généraux : pour faire de la propagande, il faut avoir une cause et des idées. Pas de propagandiste sans conviction, réelle ou feinte.
    - le pouvoir politique, celui de l’État ou d’un parti qui cherche à assurer un consensus ou celui de la faction qui cherche le conquérir
    - des spécialistes de la persuasion qui pratiquent cet art en toute conscience
    - des idées qui cherchent repreneurs et relais contre des résistances: elles doivent multiplier leurs disciples en situation de concurrence
    - des moyens matériels de diffusion : des médias et des relais humains pour les faire passer
    - le caractère unilatéral de la propagande, relation asymétrique entre un émetteur et un récepteur passif qui ne peut qu’adhérer ou refuser
    - l’idée enfin que la propagande sert les intérêts du propagandiste n serait-ce qu’en lui faisant gagner des partisans.

    Il semble plutôt exister une fonction propagande (remplie par des moyens matériels, humains et symboliques au service d’une intentionnalité) plutôt qu'une entité propagande. Cette fonction n'est pas la même
    - dans une situation de compétition (ou, comme pour la publicité, divers «produits» idéologiques cherchent à conquérir le public en respectant peu ou prou des règles), - dans une situation de domination où toutes les ressources de la propagande servent à maintenir un ordre déjà accepté,
    - -ou encore dans une configuration où la propagande doit conquérir, qu'il s'agisse de gagner des âmes ou de faire une révolution.

    Resterait par ailleurs à savoir si cette fonction est remplie de même façon suivant les époques. Les différences sont profondes entre les propagandes de type totalitaire et celle qui se pratique en situation de compétition pluraliste. Cette évolution ne tient pas seulement au contraste entre un discours unique, appuyé sur la censure et sur le monopole de la parole d’une part et d’autre part un langage « plus modéré » ou « moins délirant » tenu par celui qui sait qu’il risque d’être contredit. L’ancienne propagande évoquait slogans, foules alignées parfois en uniformes, d’affiches montrant des héros aux mâchoires d’acier, doctrine officielle, appels à la lutte… Mobilisation en somme. Ce qui en tient place aujourd’hui fonctionne au sondage, au message personnalisé, à la séduction douce, aux images de candidats en chemise entourés de leur famille et de leur chien, aux réunions qui rassemblent tous les people pour un show en prime time. Elle se réfère à l’intimité et à la proximité, se vante de son pragmatisme et de sa modestie…

    L’ancienne propagande tonitruait, la nouvelle susurre. L’ancienne voulait créer un homme nouveau, la nouvelle satisfaire un consommateur. La première faisait descendre sa révélation sur les masses, la seconde est « à l’écoute des courants d’opinion ». La première est « hard », la seconde « soft ».… Nous reviendrons ailleurs ce qu’un tel changement, symbolisé par l’apothéose des « spin doctors » et autres conseillers en communication, doit à l'évolution de nos systèmes politiques et ce qu’il doit à l’ère de la télévision et maintenant d’Internet.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 16 novembre 2019)

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  • L'homme et la machine...

    Les éditions R&N viennent de publier un essai de Nicolas Berdiaeff intitulé L'homme et la machine. Philosophe russe de la première moitié du XXe siècle, profondément marqué par Dostoïevski, Nicolas Berdiaeff a vécu en France après son expulsion de Russie en 1922 en développant sa réflexion sur la crise de la civilisation.

     

    Berdiaeff_L'homme et la machine.jpg

    « La technique représente le dernier amour de l’homme qui est tout prêt, sous l’influence de cet amour, à modifier sa propre image. »

    Dans ce petit opuscule paru en 1933, Berdiaeff réfléchit à l’aide de profondes intuitions sur ce qui constitue pour lui « la plus grande révolution, voire la plus terrible de toute l’histoire humaine », l’apparition de la machine et son corolaire conceptuel qu’est la technique.

    Petite méditation profonde et originale, à la langue élégante, ce texte est l’occasion pour Berdiaeff de poser le problème de la technique sous les angles métaphysiques et sociologiques, d’affirmer que le monde moderne ne permettra pas de revenir en arrière, comme ont pu le désirer certains romantiques, et de décrire en elle une nouvelle réalité, réalité paradoxale non dépourvue de danger pour l’individu comme pour l’âme à laquelle il convient d’opposer une réponse spirituelle.

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  • Le grand retour du mépris de classe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! , qui prend l'occasion d'une polémique médiatique provoquée par les propos d'une (ex-)chroniqueuse de L'Incorrect sur LCI pour évoquer le délitement de la société et la montée du mépris de classe.  Animateur du site d'information Paris Vox , rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur d'un recueil de chroniques intitulé Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016) et d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019).

     

    Julie Graziani_Lci.jpg

    Le grand retour du mépris de classe

    Bien sûr, il n'avait jamais vraiment disparu – consubstantiel qu'il est à la nature de certaines catégories d'individus – mais il s'était fait beaucoup plus discret, prudent, retenu, se rabattant largement sur la sphère privée. Évidemment, dans les couloirs des conseils d'administration, sur les parcours de golf et sous les poutres apparentes des demeures bourgeoises, on n'en pensait pas moins, on pensait même toujours rigoureusement la même chose mais on en réservait l'expression à un entre-soi choisi. Car le mépris social n'était plus à la mode, plus tendance, en tout cas médiatiquement, remplacé qu'il était – dans notre société moderne inapte à la mesure et à la nuance - par une survalorisation de la figure de la victime, du précaire, du chômeur en fin de droit.... Le temps était à la compassion lacrymale et à la « solidarité », du moins déclamatoire. C'était le temps où l'on essayait de nous faire pleurer sur les étudiantes « contraintes» de faire des pipes pour pouvoir suivre leur cursus de sociologie sans travailler au MacDo et où l'on applaudissait les actions du Droit Au Logement qui occupaient des immeubles inoccupés. « L'argent sale, l'argent qui corrompt... »... Tout le monde s'en foutait plein les fouilles, comme d'habitude, mais le discours était au misérabilisme bienveillant envers les « losers » de la mondialisation. Les socialistes existaient encore et, tout en menant des politiques capitalistes, devaient bien tenter de justifier encore ce nom, tandis que, de leur côté, les libéraux, ayant raflés toutes les mises, pouvaient bien accepter de cohabiter avec quelques discours « sociaux » qui ne mangeaient pas de pain, ni de brioche. Les médias, eux, se complaisaient à flatter généreusement un « petit peuple » qu'ils ne connaissaient pas et ce avec d'autant plus d'empressement que ce dernier avait le bon goût de voter à gauche, d'adhérer à la CGT et de respecter les dogmes de la bien-pensance « antiraciste ». Hélas cette tendance ne fût que temporaire, et, trop violemment bousculés dans leur existences quotidiennes par les soubresauts mondialistes et l'invasion migratoire, les « ploucs », les « prolos » se sont mis à dériver dangereusement vers le conservatisme et l'identitarisme tant honnis... Ils ne méritaient donc plus d'être défendus, même purement symboliquement. Coupables d'élire des maires FN, les chômeurs du Nord n'étaient désormais plus des victimes de la désindustrialisation mais des consanguins attardés. De la même façon, les fonctionnaires – dont le vote systématique pour le PS commençait à être ébranlé - n'étaient plus les nobles défenseurs du service public, mais d'infâmes parasites surnuméraires. Il n'y avait maintenant plus de « prolétaires » mais des « sans dents », et l'existence des pauvres « n'était rien »... Les masques pouvaient enfin tomber, il n'était plus nécessaire de prendre des gants, de faire semblant. Le PS disparaissait et la droite se « décomplexait », c'est à dire qu'elle retrouvait la mâle assurance des Maîtres des forges et des propriétaires miniers qui lui manquait tant. La réussite financière, la rapacité, l'accumulation matérielle, la spéculation et l'usure reprenaient leurs droits et pouvaient désormais être encensés sans gêne dans un pays dirigé comme une « start up » par un président banquier.

    Certaines résistances morales subsistant malgré tout, on envoya au casse-pipe une ravissante idiote vaguement droitarde qui dît crûment ce que tout le monde répétait depuis des mois en des formulations alambiquées nourries au sein du politiquement correct et de la langue de bois : « Dans notre beau monde libéral, ceux qui ne réussissent pas, qui ne gagnent pas suffisamment leur vie, qui se retrouvent en difficulté... ben c'est avant tout leur faute, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes et s'ils rechignent à se sortir les doigts du cul, au moins qu'ils ferment leur gueule. » (Sentence ne s'appliquant étrangement qu'aux petits blancs, aux « de souche », le migrant, bien qu'assisté des orteils à la pointe des cheveux, nourri , logé, blanchi, soigné aux frais de la princesse, n'entrant jamais dans la ligne de vindicte du libéral qui, au contraire, Medef en tête, lui trouve tous les charmes et mérites... Peut-être parce que, malgré son énorme coût social (public), son exploitation professionnelle (privée) sera particulièrement juteuse ? On n'ose y croire... ; ).

    Ces propos de notre Bécassine LCIsée avaient en tout cas au moins le mérite de la franchise et de la clarté. Quelques pousses-mégots s'offusquèrent, un employeur « incorrect » - dont on apprit à l'occasion qu'il était le vaisseau amiral de la « cause des pauvres », navire armé par ce nouvel Abbé Pierre qu'est donc, semble-t-il, Charles Beigbeder – l'abandonna au milieu du champ du déshonneur médiatique, mais au final, elle eut autant de soutiens que de contempteurs et, sans ces embarrassants engagement parallèles, notamment pro-vie, sans doute en aurait-elle eu bien davantage.

    Car au final, aussi maladroitement que brutalement, elle n'aura fait que mettre des mots sur ce qu'est devenu notre pays : une non-société où le prisme économique domine tout, où le Bien Commun n'est plus qu'un lointain souvenir, remplacé par l'implacable tyrannie de l'individu et la guerre de tous contre tous. Plus de compatriotes, des concurrents. Plus de concitoyens, des agents économiques. Tant un tel monde, ce qu'on donne à l'autre (qui n'est rien pour moi), on me l'enlève injustement à moi (qui suis tout) et les décrochés de la course au pognon deviennent des entraves à ma propre réussite, des boulets plombant mon plan de carrière. J'ai donc le droit de les mépriser. En attendant de les haïr.

    Xavier Eman (A moy que chault ! , 16 novembre 2019)

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