Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 628

  • Que faisons-nous encore au Sahel ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur son blog et consacré à l'opération menée par l'armée française au Sahel. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont  Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018) et Les guerres du Sahel (L'Afrique réelle, 2019).

     

    Barkhane_Hélicoptère_mitrailleur.jpg

    Que faisons-nous encore au Sahel où le changement de paradigme s’impose désormais ?

    Un sondage édifiant vient d’être publié au Mali : 82% des Maliens ont une opinion défavorable de la France, 77% pensent qu’elle n’y défend militairement que ses intérêts, 62,1% considèrent que Barkhane doit quitter immédiatement le Mali et 73% estiment que la France est complice des jihadistes…

    Ce sondage confirme l’ampleur du sentiment anti Français largement affirmé le 10 février 2019 à Bamako, quand, devant plusieurs dizaines de milliers de partisans, l’imam wahhabite Mahmoud Dicko déclara : « Pourquoi c’est la France qui dicte sa loi ici ? Cette France qui nous a colonisés et continue toujours de nous coloniser et de dicter tout ce que nous devons faire. Que la France mette fin à son ingérence dans notre pays ».

    Ce rejet de la France se retrouve également au Niger et au Burkina Faso où des manifestations quasi quotidiennes demandent le départ de l’armée française.

    Au moment où la France engage la fleur de sa jeunesse pour les défendre, les populations concernées demandent donc le retrait de Barkhane... En même temps, des dizaines de milliers de déserteurs maliens vivent en France où ils bénéficient des largesses « néocoloniales » d’un pays devenu masochiste…

    Dans ces conditions, puisque notre présence n’y est pas désirée, et qu’elle y est même rejetée, que faisons-nous encore au Sahel ? Allons-nous continuer à y exposer la vie de nos soldats alors que la région totalise moins de 0,25% du commerce extérieur de la France, que les 2900 tonnes d’uranium du Niger ne pèsent rien dans une production mondiale de 63 000 tonnes, et que l’or du Burkina Faso et du Mali est extrait par des sociétés canadiennes, australiennes et turques ?

    Les Maliens, les Nigériens et les Burkinabé ne veulent donc plus de la France ? Dont acte ! Les 10 milliards d’euros que nous leur donnons annuellement en cadeau gracieux, et en pure perte, vont donc pouvoir être mis au service des Français. Notamment dans les hôpitaux où 660 médecins menacent de démissionner si l’Etat ne renfloue pas les caisses, alors que moins de 3 milliards permettraient d’y régler définitivement tous les problèmes…

    Ceci étant, puisque, au Sahel, nous évoluons désormais en milieu hostile, pourquoi ne pas profiter de l’opportunité offerte par l’ingratitude de ses populations pour enfin changer de paradigme ?

    Jusque-là, portant avec constance, et même abnégation, le « fardeau de l’Homme blanc », nous y avons combattu pour empêcher le chaos régional. Aujourd’hui, une question iconoclaste doit être posée : et si nous partions en laissant se développer le chaos?

    Notre départ provoquerait certes une période d’anarchie, mais, à son terme, les contentieux régionaux mis entre parenthèse par la colonisation et aggravés par la démocratie auront été « purgés ». Pourrait ainsi naître l’indispensable réorganisation politique et territoriale qui, seule, pourrait régler la crise régionale en profondeur. Ce que refusent de faire les rentiers de l’indépendance, ces sédentaires qui ne sont au pouvoir que parce qu’ils sont électoralement plus nombreux que les nomades. Et cela parce que leurs femmes ont été plus fécondes que celles des pasteurs, lesquelles eurent la sagesse d’aligner leur développement démographique sur les possibilités offertes par le milieu. Ces mêmes sédentaires qui demandent aujourd’hui le départ de Barkhane, ne voyant pas que le nouvel ordre régional qui suivra ne se fera pas en leur faveur car les Touareg, les Maures et les Peul auront en effet vite fait de les remettre sous leur coupe… comme avant qu’ils en aient été libérés par l’ « odieuse » colonisation…

    Au lieu de continuer à chercher dans les jihadistes un « ennemi de confort », regardons plutôt la réalité en face.

    Au Sahel, nous ne sommes pas dans l’Indochine de 1953, avec la descente de divisions entières du Vietminh vers Hanoï. Ici, nous avons face à nous quelques centaines de combattants qui se meuvent dans un vivier de quelques milliers de trafiquants abritant leur « négoce » derrière l’étendard du Prophète. La frontière entre jihadistes « authentiques » et jihadistes « opportunistes » est donc plus que floue. Quant aux alliances de circonstance nouées entre les groupes, elles sont cloisonnées par d’énormes fossés ethno-raciaux empêchant l’engerbage.

    Placées à la confluence de l’islamisme, de la contrebande, des rivalités ethniques et des luttes pour le contrôle des ressources, Barkhane percute régulièrement les constantes et les dynamiques locales, bloquant ainsi toute possibilité de recomposition politique et territoriale.

    Notre départ permettrait donc la reprise de ce vaste mouvement des Maures, des Touareg et des Peul bloqué hier par la colonisation. Comme je ne cesse de le dire et de l’écrire depuis des années, et comme je l’explique dans mon livre Les Guerres du Sahel des origines à nos jours, les nomades guerriers touareg, maures ou peul, n’accepteront jamais que l’ethno-mathématique électorale les soumette au bon vouloir des agriculteurs sédentaires que leurs ancêtres razziaient. Or, depuis les indépendances, l’introduction de la démocratie a fait qu’étant électoralement les plus nombreux, les sédentaires sudistes ont voulu prendre une revanche historique.

    Seul notre départ et l’abandon de notre protection militaire leur fera - certes tragiquement -, comprendre qu’ils ne sont pas de taille à vouloir dicter leur loi à ceux qui, avant la colonisation libératrice, réduisaient leurs aïeux en esclavage.

    Ces problématiques régionales millénaires étant à la source des problèmes actuels, tout règlement de la crise sahélienne passe donc par leur prise en compte et non par leur négation.

    Une telle politique devrait impérativement passer par le recentrage de notre ligne de défense sur la Méditerranée. D’où un renforcement de nos capacités maritimes, ce qui ne devrait pas poser de problèmes financiers puisque les 10 milliards d’euros que nous donnons annuellement aux pays du Sahel représentent le coût de trois porte-avions.

    Cette politique serait ancrée sur un nouveau paradigme impliquant l’établissement de partenariats avec les pays de l’Afrique du Nord qui seraient les premiers à subir les vagues migratoires venues du sud. Dans ces conditions, la priorité serait de vider l’abcès libyen en aidant les forces du général Haftar à prendre le contrôle du pays.

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 15 décembre 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (177)

    Barkhane_Soldat.jpg

     

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Arte, un documentaire consacré à Ernst Jünger à découvrir avant le 26 décembre 2019...

    L'écrivain Ernst Jünger - Dans les tréfonds de l'histoire

    Ernst Jünger.jpg

    - sur la Lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge François-Bernard Huyghe sur la guerre idéologique en cours au sein de notre pays...

    L'art de la guerre idéologique, clé de voûte des hard et soft powers ?

    François-Bernard Huyghe.jpg

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation !... (260)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous, dans son nouveau format, un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      En Chine, les chaînes d’Etat ont diffusé des images de nombreux attentats commis par des Musulmans. Les médias occidentaux sont restés muets sur ces documentaires.
    • 2 : Brexit : les médias se prennent une claque
      Malgré toutes les prédictions médiatiques d’un duel serré et même d’une possible victoire de Jeremy Corbyn, c’est bien le camp conservateur qui est sorti éclatant vainqueur des élections britanniques.
    • 3 : Revue de presse
      Une journaliste de Quotiden qui part à Médiapart, France Inter qui vous aide à passer un Noël anticapitaliste et, bien sûr, Christophe Barbier dans ses œuvres ! Les médias étaient en forme cette semaine !
    • 4 : Le Mans saccagé par l’extrême droite ? Un gros bobard médiatique
      Le centre-ville du Mans a-t-il été mis à feu et à sang par une horde de militants d’extrême droite ? C’est ce qu’ont annoncé de nombreux journalistes ces derniers jours. Pour finir notre émission, nous reviendrons sur cet énorme bobard.

     

                                               

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Nous vivons une époque formidable !...

    Les éditions Séguier viennent de publier un essai de Nicolas Ungemuth intitulé Nous vivons une époque formidable ! . Rédacteur en chef adjoint des pages culture du Figaro, Nicolas Ungemuth est un spécialiste des différents courants du rock anglais.

     

    Ungemuth_Nous vivons une époque formidable.jpg

    " Réac, Nicolas Ungemuth ? Plutôt mélancolique, et lucide à propos des quatre dernières décennies françaises. Dans Nous vivons une époque formidable ! , le journaliste dépeint une société du XXIe siècle à côté de la plaque. Sous sa plume cruelle et drôle, nous voyons passer des trottinettes à contresens sur les avenues, des touristes qui vont en troupeaux, Anne Hidalgo et sa gestion .. "lumineuse" de la tour Eiffel, des projets de design objectivement nuls, nous assistons aux délires du "véganisme" comme de "l'antispécisme", aux dérives du langage et à l'avènement d'un nouvel hygiénisme. Pour Ungemuth, si l'époque que nous connaissons invente son lot traditionnel de stupidités, elle se distingue surtout des précédentes en faisant passer ses gadgets et ses laideurs pour des progrès "historiques". Nous aurions tout lieu d'en douter : les imprimantes 3D (des heures pour démouler un dentier) ou les "uritrottoirs " (des pissotières 2.0) sont-ils aussi nécessaires que le Gramophone ou la brosse à dents ? La trottinette électrique est-elle vraiment l'avenir du bipède ? "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Michel Maffesoli : la « faillite des élites » ou bien plutôt « les tribus contre le peuple » ?...

    Nous proposons ci-dessous une critique serrée de l'essai de Michel Maffesoli et d'Hélène Strohl, La faillite des élites (Lexio, 2019) que nous a adressée Pierre Le Vigan. Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Métamorphoses de la ville - De Romulus à Le Corbusier (La Barque d'Or, 2017), Achever le nihilisme (Sigest, 2019) et dernièrement, Le Grand Empêchement (Perspectives libres, 2019).

    Maffesoli-La faillite des élites.jpg

    Michel Maffesoli : La « faillite des élites » ou bien plutôt « les tribus contre le peuple » ?

    Politologue et sociologue, Michel Maffesoli décrypte depuis des décennies les mouvements profonds de notre société. Ses livres ne laissent pas indifférent. La violence totalitaire, L’ombre de Dionysos, La contemplation du monde, Le temps des tribus (1988), … tous ont marqué une étape et un approfondissement de ses thèmes. Ses constats n’échappent pas à la subjectivité dans laquelle est pris tout sociologue. Les conclusions qu’il en tire sont elles-mêmes tributaires de ses jugements de valeur. Son dernier livre, la faillite des élites, devrait une fois de plus faire l’objet de polémique. Il le mérite. Exploration de ses thèmes, et analyse critique.

    Le thème principal de Michel Maffesoli est, depuis des années, le déclin de la modernité. C’est ce thème qu’il reprend avec Hélène Strohl dans La faillite des élites, sous-titré La puissance de l’idéal communautaire (Cerf, 2019). Le thème, c’est l’agonie de la modernité. C’en est fini de la démocratie parlementaire, du républicanisme civique, des syndicats, qui « se contentent de défendre des privilèges on ne peut plus dépassés » – privilèges qui, en passant, me paraissent une goutte d’eau par rapport aux privilèges des hommes du Capital, mais qui retiennent, sans originalité excessive, l’attention de Michel Maffesoli.

    Lire la suite

    Lien permanent Catégories : Livres, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Sans courage, nous sommes morts !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation par François Bousquet de son ouvrage Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019). Journaliste, essayiste et polémiste talentueux, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015) et La droite buissonnière (Rocher, 2017).

     

                                      

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!