Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 627

  • Art Contemporain, manipulation et géopolitique...

    Les éditions Eyrolles ont publié voici quelques mois un essai d'Aude de Kerros intitulé Art Contemporain, manipulation et géopolitique - Chronique d'une domination économique et culturelle. Graveur et peintre, l'auteur mène depuis près de trente ans une réflexion critique sur l'art contemporain et a déjà publié de nombreux articles et plusieurs essais comme L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain (Eyrolles, 2007), Sacré art contemporain - Evêques, inspecteurs et commissaires (Jean-Cyrille Godefroy, 2012), 1983-2013 Années noires de la peinture (Pierre-Guillaume de Roux, 2013) et L'imposture de l'art contemporain - Une utopie financière (Eyrolles, 2015).

     

    Kerros_Art contemprain, manipulation et géopolitique.jpg

    " Le XXIe siècle a fait de l'Art contemporain un marqueur de puissance, mesurant le degré d'émancipation d'un pays, son pouvoir d'attraction et sa place dans le monde. Etudiant en profondeur le rôle des différents acteurs (artistes, collectionneurs et musées), Aude de Kerros analyse l'évolution des liens entre arts plastiques et géopolitique, de 1945 à nos jours. Elle décrit notamment avec précision les événements marquants de la dernière décennie et leurs conséquences : la mondialisation des transactions, la transparence du marché de l'art - dévoilé par les nouvelles technologies de l'information -, l'entrée sur le marché du monde non occidental, toutes choses troublant l'ordre établi et défiant les prédictions d'une uniformisation pacifique et rentable de l'art par le monde occidental. Cet ouvrage très documenté produit une réflexion vivante : il souligne l'évolution des méthodes d'influence des différentes puissances tout en décrivant la construction du système international de l'art, parvenu au contrôle complet du marché, mais aussi le processus de son dépérissement, dû à l'enfermement. Comment résister à la permanence des civilisations et à leur capacité d'adaptation, en même temps qu'à la révolution technologique qui permet l'émergence d'autres connections ? C'est d'un nouveau monde de l'art dont il est question, aux contours inédits. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • "Whitewashing" et "blackwashing"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur le site de L'Incorrect et consacré à l'introduction d'acteurs de couleur dans des films ou des séries où ils n'auraient logiquement pas leur place...

    Sophie Okonedo_The hollow crown.jpg

    Marguerite d'Anjou, femme d'Henri VI, jouée par l'actrice d'origine nigérienne Sophie Okonedo dans la série de la BBC, The Hollow Crown

     

    Whitewashing et blackwashing

    Le whitewashing ? Derrière ce néologisme anglais barbare se cache une expression politique venue du militantisme diversitaire américain. Dans une tribune publiée sur Challenges, Laure Croiset appelait à en finir avec cette vieille pratique hollywoodienne qu’elle définissait comme le fait de « faire jouer par des acteurs blancs des personnages de couleur ».

    À y regarder de plus près, on constate pourtant que ce phénomène qui suscite l’hystérie des social justice warriors américains ne fonctionne que dans un sens. Des groupes sont d’ailleurs très actifs en la matière. Ainsi de racebending.comqui surveille les studios américains et leur adresse des courriers appelant à la vigilance et à l’instauration de quotas dans leurs films. Netflix a notamment été la cible des amateurs de mangas après avoir occidentalisé le casting de l’adaptation live du manga Death Note, censé se dérouler au Japon.

    Il n’y avait pourtant ici rien de particulièrement choquant, l’histoire étant intégralement transportée aux Etats-Unis. L’œuvre originelle n’était donc pas trahie, puisqu’il s’agissait d’une transposition. Cela se produit d’ailleurs couramment à Hollywood sans que des cris d’orfraie ne soient poussées. Bienvenue chez les Chtis a été par exemple adapté dans le monde entier, de même que Les Infiltrés de Scorsese sont une adaptation dans le milieu irlandais de Boston de l’Infernal Affairs hongkongais narrant l’infiltration d’une triade par un policier.

    L’indignation marche à sens unique. L’appropriation culturelle ne peut être que celle de l’Occident copieur, voleur et manipulateur. Essayons pourtant, dans un contexte délirant et quasi psychiatrique, de distinguer les cas-types et de faire preuve d’honnêteté intellectuelle. Le premier cas est celui des films historiques et des grands mythes appartenant à des ensembles ethnoculturels bien déterminés. Pour ces cas, il n’y a pas de doute possible. Il serait totalement absurde et infondé de prendre des figurants Taïwanais pour un film sur la Guerre de Cent Ans ou bien encore des Italiens pour jouer des villageois dans un film sur le shogunat Tokugawa.
    C’est du bon sens. De la même façon, adapter un conte traditionnel africain ou la mythologie grecque sans les contextualiser fera courir le risque de l’anachronisme et de la perte de sens des récits en question. Des histoires bien réelles et de grands mythes sont pourtant régulièrement décontextualisés et truffés d’anachronismes sans que personne n’y trouve rien à redire : les légendes arthuriennes, l’Iliade (qui compte des personnages africains bien réels, tels que l’Ethiopien Memnon), Jules César et même des vikings dans certaines productions de la BBC.

    Le deuxième cas de figure est celui du conte universel. La belle et la bête ou les Fables de La Fontaine ont ainsi existé sous diverses latitudes et à différentes époques. Ces histoires peuvent faire l’objet de films avec des référents culturels variés sans que la cohérence et la pertinence de leur portée universelle ne soient mises à mal. Enfin, dernier cas, qui nous intéresse ici : les univers fantaisistes se déroulant dans un passé fictif. Ils sont de deux sortes : parodiques et ancrés dans un contexte réaliste. Le film Princess Bride, Kaamelott ou les aventures des Monty Python sont des parodies. Tout est permis dans ce cas.
    En revanche, l’univers du Sorceleur créé Andrzej Sapkowski ne rentre pas dans ces critères. Il est clairement inscrit dans la Pologne médiévale, comme cela est indiqué dans les romans et comme les jeux-vidéos le montraient. Pourquoi alors l’adaptation par Netflix montre-t-elle des acteurs de tous les horizons, au mépris de l’histoire ? Dès le premier épisode, les habitants d’une petite ville semblent avoir été choisis pour représenter un village Potemkine pensé par une sociologue à cheveux bleus de l’université Evergreen. Pas une ethnie ne manque : Asiatiques, Indiens, Africains ou encore Orientaux…

    C’est aussi absurde qu’artificiel. La volonté de la production d’injecter grossièrement des acteurs issus de la diversité pour coller aux standards Netflix saute aux yeux. Il s’agit de propagande grossière. On me rétorquera que The Witcher est un univers de fiction. Soit. Tout comme le Wakanda de Black Panther créé dans les années 1970 par un auteur de comic américain ou les contes de Kirikou… Ce qui choquerait dans ces cas ne dérange personne dans l’autre. Du reste, les aventures de Black Panther se déroule à notre époque. Le Wakanda doit avoir une politique migratoire sacrément efficace ! Les campagnes fictives polono-ukrainiennes de The Witcher ont plus d’immigration que les campagnes polono-ukrainiennes contemporaines ?

    Cette irruption permanente du faux travaille à raconter le monde tel qu’on voudrait qu’il soit et non tel qu’il est. Le but est que la fiction imprègne progressivement et sournoisement la réalité. Game of thrones avait un casting présentant des acteurs de divers horizons ethniques. Ce n’était pas choquant parce que l’histoire le permettait, présentant de grands ports marchands où se croisent des voyageurs du monde entier et des tribus inspirées des Mongols, des villes d’apparence orientales ou encore des Îles avec des populations africaines. Dans The Witcher, c’est simplement la volonté de Netflix de complaire à une minorité agissante et bruyante qui aura guidé le choix du casting et non la cohérence de l’œuvre. Emprunter cette voie appauvrira progressivement l’art, la culture et le cinéma.

    Gabriel Robin (L'Incorrect, 21 décembre 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Tout meurt, tout refleurit !...

    Bonne fête de Noël aux lecteurs de Métapo infos !...

     

    Solstice_hiver.jpg

    " Tout part, tout revient, la roue de l’être roule infiniment. Tout meurt, tout refleurit, l'année de l'être court éternellement.

    Tout s'effondre, tout est à nouveau rassemblé ; la même maison de l'être se rebâtit éternellement. Tout se sépare, tout se salue de nouveau ; l’anneau de l’être se reste éternellement fidèle.

    En tout instant commence l'être ; autour de chaque «ici» tourne la boule «-bas». Le milieu est partout. Le sentier de l’éternité est courbe. "

    Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (traduction de Robert Dun)

    Lien permanent Catégories : Infos 0 commentaire Pin it!
  • Sa demeure était l'éclair...

    Les Amis d'Olivier Carré viennent de publier une superbe monographie intitulé Olivier Carré - Peintre et sculpteur 1954-1994. Un ouvrage indispensable pour découvrir l’œuvre de cet artiste puissant parti trop tôt...

    L'ouvrage est dsiponible à la commande sur le site des Archives Olivier Carré.

     

    Olivier Carré peintre et sculpteur.jpg

    " Peintre et sculpteur, Olivier Carré laisse une œuvre dont les critères d’élaboration furent exclusivement esthétiques. Il se refusait lui-même à toute doctrine, et il serait hors de propos de vouloir lui en attribuer une. Mais s’il n’y a pas de philosophie d’Olivier Carré, il existe bien une philosophie de son œuvre, de ses choix, de ses efforts vers une certaine forme de vérité picturale. Elle se confond pour partie avec la quête continue d’une compréhension lucide de ce monde, mais selon des critères extrêmement exigeants : ne jamais illustrer un savoir ou une vérité préalables, et tenter tout ce qui pourrait servir d’outil pour devenir, sans compromis avec l’hostilité de l’époque, et sans renier non plus les formes du passé.

    L’une de ses premières toiles marquantes, Le Travailleur, condense déjà les principales lignes de force de son œuvre : la thématique de la technique vient interroger une part des revendications de l’époque et les conditions qu’elles fixent à l’épanouissement de la liberté, et le tableau lui-même est compris comme une sorte de locution interjective sur le mode du Qui vive ? Autant dire qu’on chercherait en vain dans ses toiles un accomplissement serein. Ce que disait d’Héraclite le poète René Char s’applique à son art : « Il savait que la vérité est noble et que l’image qui la révèle, c’est la tragédie. » Son domaine était celui d’une espérance sans foi, d’une conscience débarrassée de toute réponse complice qui, entre l’homme et l’homme, interposerait une doctrine et aliénerait la liberté. Peu d’artistes en ce siècle se sont ainsi exercés à la contestation constructive des dogmatiques convenues, sinon quelques surréalistes libres, Dali qui inspira ses premiers essais, ou Chirico qu’il admirait.

    Une philosophie exigeante et ardue sourd de son œuvre, qu’aucun concept ne peut réduire tant ses tableaux étaient des incitations et non de quelconques solutions données à des problèmes qu’il aurait nettement formulés. Son Athéna nucléaire tout autant que quelques portraits de commandes privées montrent une expression de l’humain perçu comme une liberté à conquérir, une liberté qui doit être refusée si elle n’est qu’une permission donnée par d’autres, par la société, par quelques individus députés à cette fonction, ou par le monarque même ; la liberté telle que la comprenait esthétiquement Carré n’est pas même envisagée comme soumise à une volonté consciente, ni dépendante de la réalisation d’un projet calculé ou d’ordre politique ; elle doit sourdre de l’action, sortir d’elle comme sa principale conquête, quel que soit l’objectif pratique qui est visé. Le rôle social des individus, pour lui, importait peu ; seul l’attirait leur capacité à l’action novatrice et à la mise en œuvre d’une forme nouvelle et créatrice. Autant dire que, pour l’essentiel, Carré ne voyait autour de lui que des esclaves sans grande consistance, et s’amusait de leurs ballets. Il haïssait, pour les mêmes raisons, le circuit des galeristes et des critiques d’art.

    Son étonnante faculté d’interrogation et de sollicitation apparaît aussi dans les Têtes qu’il fixa en différents endroits de la planète : face au siège de l’ONU à New York, sur une digue danoise, sur des blockhaus de la côte atlantique, sur une tour dominant les marais de Saintonge ou sur les quais de la Seine, notamment sept exemplaires aux pieds du palais du Louvre, apposés au cours d’une opération nocturne réglée comme une action de commando. Un visage cyclopéen, dépourvu de références anatomiques humaines, remugle darwinien tourné vers l’inconnu du devenir, incarne là une sommation à vivre debout qui vomit les conformismes.

    Le personnage vivait de la même manière, interrogeant sans cesse, exigeant des réponses à ses questions, et les contestant aussitôt reçues, cherchant la matière de ses œuvres dans les interstices du savoir et de la volonté, dans les bizarreries de l’optique, dans le dénuement total de la conscience de soi confrontée au nocturne, aux rêves, à la lumières crue des projecteurs qui éclairaient son atelier.

    Il y avait là, sous une forme esthétique incomparable, une volonté décidée de ne pas séparer l’homme de son monde. Loin d’être un objet pour la connaissance objective, le monde était pour lui, d’abord, le sujet de l’action. S’il acceptait toutes les contraintes de lumières, de peintures, de sujets, de matières, de techniques, c’était sous la réserve d’un apprentissage préalable de leur domination.

    Son œuvre laisse à ses spectateurs une interrogation toujours ouverte : le rêve moderne d’un homme dont la grandeur serait conditionnée par avance étant nul et non avenu pour cause de morale dévastatrice, il reste, pour chacun, à se placer dans l’exaltation de la liberté d’action et de jugement, dans l’absence de sécurité, dans la réclamation de la gloire ou le constat de l’échec ; mais de cela, précisément, qui est encore capable ?


    De quelque bord qu’on la prenne, l’époque se pâme devant les revendications. Mais elles sont toutes d’essence technique et attendent les projets ou les entreprises qui les mettent en œuvre et tentent de les satisfaire. Carré, quant à lui, construisait sa peinture comme un événement capable de regarder son spectateur depuis l’avenir. La négation déréalisante du présent et l’affirmation péremptoire d’un autre monde possible avaient chez lui, quitte à prendre la forme d’une provocation, la même vocation à la disponibilité, la même ouverture vers l’exigence de devenir. Son art ne revendiquait rien d’objectivable. Il traduisait, poussée à ses limites extrêmes, la conscience strictement poétique et généreuse que l’artiste n’a pas à nommer la réalité des choses mais à désigner l’étrangeté qu’elles recèlent, l’inaccompli qu’elles révèlent. L’énoncé conceptuel relève de la raison, qui peut opposer des thèses et leurs contraires puisqu’elle les élabore elle-même ; les facultés propres à un créateur comme Carré ont une autre vocation : lever le voile des vérités juvéniles, ne jamais en compromettre le mystère, ni interrompre la complexité du monde, attiser le feu chaque fois que possible, montrer le geste et habiter la foudre. Sa demeure était l’éclair.

    Jean-François Gautier "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • À quoi servent (encore) les médias de grand chemin ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de Slobodan Despot devant le Cercle Pol Vandromme à Bruxelles, consacrée aux nouveaux médias en ligne. Éditeur, directeur de la lettre hebdomadaire Antipresse, Slobodan Despot a publié deux romans, Le miel (Gallimard, 2014) et Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

     

                                   

    Lien permanent Catégories : Conférences, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Les captifs...

    Les éditions Pardès viennent de rééditer un roman inachevé de Robert Brasillach intitulé Les captifs. Ecrivain et journaliste à l'Action française et Je suis partout, Robert Brasillach, à qui l'on doit, notamment, Les sept couleurs, Comme le temps passe et Notre avant-guerre, mais aussi une Histoire du cinéma (avec son beau-frère Maurice Bardèche) ou un Corneille, a été une des principale victimes de l'épuration des intellectuels et est mort le 6 février 1945, dans les fossés du fort de Montrouge, sous les balles d'un peloton d'exécution...

     

    Brasillach_Les Captifs.jpg

    " Après la défaite de juin 1940, Robert Brasillach est fait prisonnier lors de l'encerclement de la IIIe armée. D'abord à Neuf-Brisach, puis dans les camps allemands de Warburg et Soest, il entreprend la rédaction d'un roman, qu'il intitule Les Captifs. Libéré le 31 mars 1941, il reprend son manuscrit durant l'été de cette même année, mais l'abandonne définitivement.
    C'est donc un roman inachevé que nous lisons aujourd'hui sous le titre Les Captifs : trois cents pages manuscrites, la moitié de ce que Robert Brasillach avait prévu d'écrire.
    En 1940, à cause de son âge (il a trente et un ans), et parce que la défaite et l'emprisonnement sont deux violentes ruptures avec le passé immédiat, l'écrivain fait de son roman une œuvre de récapitulation : à travers des personnages nombreux, bien individualisés, vivants, il rassemble ce qu'il a espéré, détesté, admiré, aimé surtout, pendant sa jeunesse, désormais révolue. 
    Les Captifs révèlent aussi une ambition nouvelle : construire un ensemble romanesque dont le lecteur, pareil à celui de La Comédie humaine, retrouverait, d'un livre à l'autre, des créatures familières, immergées dans l'histoire contemporaine.
    Tous ces personnages sont soumis, chacun à sa manière, à la loi du temps et du vieillissement, qui a hanté Robert Brasillach.
    Récapitulation, témoignage d'une ambition nouvelle, approfondissement d'une méditation sur le temps, Les Captifs, quoique inachevés, sont une oeuvre foisonnante, qui atteste "le don de vie", indispensable au vrai romancier. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!