Les éditions Flammarion viennent de rééditer l'étude de l'historien américain R. M. Douglas intitulée Les expulsés, consacrée à la gigantesque opération d'épuration ethnique menée entre 1945 et 1947 par les Soviétiques, avec la connivence des puissances occidentales, pour débarrasser l'Europe de l'est de toutes les populations d'origine allemande qui s'y trouvaient. Sur ce pan de l'histoire contemporaine largement occulté dans les ouvrages sur la seconde guerre mondiale, on pourra également lire Le livre noir de l'expulsion (Akribéia, 2002), de l'historien allemand Heinz Nawratil.
" Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe a été le théâtre d'un transfert forcé de populations à très grande échelle : des millions d'Allemands qui vivaient en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Pologne, devenus indésirables dans ces pays durement éprouvés par des années de domination nazie, ont été délogés de leurs foyers et envoyés vivre parmi les ruines du Reich. Ces expulsions, qui se sont déroulées entre 1945 et 1947, ont été organisées par les autorités des pays concernés, avec l'aide des gouvernements britannique, soviétique et américain qui pilotaient alors la reconstruction de l'Europe. Elles ont concerné entre 12 et 14 millions de personnes - en majorité des femmes et des enfants - et ont été menées avec une telle brutalité qu'elles ont fait de nombreuses victimes : au moins 500000 expulsés sont morts dans les camps de transit où on les avait rassemblés, pendant les trajets, ou à leur arrivée en Allemagne, épuisés, affamés et sans abri. Cet épisode tragique s'est déroulé au grand jour, sous les yeux de dizaines de milliers de journalistes, diplomates, travailleurs humanitaires et observateurs divers. Ses répercussions sont encore visibles dans l'Europe d'aujourd'hui. Pourtant, hors d'Allemagne, il est presque complètement oublié. C'est cette lacune historique que ce livre entend combler."