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Métapo infos - Page 636

  • Amazonie, Iran, GAFA : quand Macron fait du bruit pour masquer son impuissance...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros cueilli sur Marianne et consacré aux "exploits" diplomatiques d'Emmanuel Macron à l'occasion de la réunion du G7 à Biarritz. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé récemment, avec Hervé Juvin entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

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    Amazonie, Iran, GAFA… Macron fait du bruit pour masquer son impuissance

    « No comment ». Il est des « coups de théâtre » dont on se demande s’ils visent à masquer une tragédie indépassable, ou à relancer l’intrigue d’une comédie humaine désespérément convenue. « No comment » donc. C’est ainsi que le président américain a rétorqué au coup d’éclat fomenté secrètement par Emmanuel Macron, hôte du sommet du G7, consistant à faire venir – confiné pour un entretien bilatéral dans une petite salle municipale en marge de l’Hôtel du Palais -, le ministre des affaires étrangères iranien, le subtil Jawad Sharif.

    Coup de théâtre ou coup d'épée dans l'eau ?

    Qu’espérait notre Président de cette initiative ? La tient-il pour un succès ? Personnel, collectif ? Pouvait-il sérieusement croire que cela suffirait à replacer la France au cœur du dossier iranien et lui donner une posture dynamique et même offensive ? Le Président américain aurait « admis » in extremis l’invité surprise sulfureux. Mais enfin, depuis quand un président américain a-t-il son mot à dire sur les autres invités de l’hôte d’un sommet en territoire souverain ? Cette rodomontade présidentielle était brillante. Elle masque mal la réalité d’une docilité rémanente qui nous efface jour après jour de la scène du monde, malgré une geste créative. Nous désobéissons timidement et sans conséquences in fine.

    Pour trancher et faire bouger vraiment les lignes, il eut mieux valu, voici plus d’un an, au lieu de nous coucher devant l’oukase américain dans des circonvolutions sémantiques lamentables, dire à Donald Trump que la France était et resterait pleinement satisfaite de l’Accord en l’état, qu’aucune pression ne la convaincrait d’en étendre la portée aux vecteurs balistiques, de le renégocier ou lui substituer un nouvel accord pour complaire aux exigences sans fin de Washington qui cherche l’affrontement avec Téhéran comme on cherche l’eau dans le désert.

    Il eut aussi fallu se placer en soutien politique résolu de nos entreprises présentes en Iran (notamment de Total qui s’est retiré au profit de Pékin d’un gigantesque projet) au lieu de les laisser seules, donc rapidement inquiètes devant le spectre de sanctions extraterritoriales américaines si elles avaient l’aplomb de demeurer à pied d’œuvre dans le pays pour permettre à l’Iran de survivre et d’espérer un jour renaitre autrement que sous le joug avant la coupe réglée. On me rétorquera que la pression est trop forte, les amendes potentielles trop insoutenables pour nos banques… Mais pourquoi les payer ? Au nom de quoi tolérer un tel chantage ? Au nom de notre alliance avec Washington ? Traite-t-on ainsi ses alliés ? Non. Ses vassaux dont on ne craint rien, oui.

    Quand bien même Donald Trump se serait affranchi à Biarritz, dans un éclair d’autonomie de pensée, de la nécessité d’enrichir les marchands d’armes des « swing states » qui tiennent sa réélection entre leurs mains, et aurait saisi l’occasion de cette « apparition » pour tendre la main à l’Iranien et amorcer un dialogue minimal, Zharif l’outragé s’y serait refusé. Il a ses ordres, ceux du Guide suprême Khamenei, qui l’a autorisé à prendre l’avion pour voir ce que le Français a dans le ventre et oserait éventuellement proposer, certainement pas pour parler au « grand Satan ». Il n’y a plus rien à négocier. Téhéran a gagné la dernière manche de l’affrontement dans le détroit d’Ormuz, mais ce n’est qu’une bataille dans une guerre ouverte ou indirecte, qui sera longue et vicieuse et se jouera sur de multiples fronts. Une guerre pour la souveraineté, l’honneur, la survie économique et l’influence régionale dans le cas iranien ; une guerre pour la déstabilisation d’un régime afin de mettre la main sur son juteux marché pour Washington. Dans cette perspective américaine, Moscou doit être convaincu de son intérêt à lâcher Téhéran en Syrie, et Pékin doit finir par voir le sien dans l’achat de pétrole américain et non plus iranien ou russe pour nourrir sa croissance. C’est là le véritable arrière-fond de la guerre commerciale actuelle comme de l’attitude américaine ambivalente face à Moscou en Syrie.

    Ogre américain

    Revenons donc aux fondamentaux. En Amérique, le besoin d’ennemi est insatiable, structurel, vital. C’est le moteur de l’économie américaine. Au nom de la paix mondiale, du progrès et de la démocratie de marché naturellement. Dès qu’un ennemi disparait, un autre doit être désigné et se dresser, diabolisé, pour nourrir le monstre du complexe militaro-industriel qui vit de, par et pour la guerre ! Le Président Eisenhower lui-même s’était en son temps alarmé de cette puissance vampirique et destructrice de tout apaisement durable.

    Bilan du Sommet : « L’Iran ne doit jamais avoir l’arme nucléaire et cette situation ne doit pas menacer la stabilité de la région » conclut notre Président, qui se dit « convaincu qu’un accord pourra être trouvé si le président iranien rencontre le président américain ». On se pince. Qui menace la sécurité de la région ? Qui cherche à déstabiliser l’Iran, l’asphyxie de sanctions, a dénoncé unilatéralement un accord déjà très douloureux pour Téhéran mais qu’il respectait à la lettre ?

    Nous n’avons donc rien gagné à Biarritz, sauf peut-être d’y avoir inclus l’enjeu climatique autour du drame amazonien comme nécessaire sujet de discussion… mais d’aucun accord. Quoi qu’il en soit, le climat, aussi fondamentale et urgente que soit sa prise en compte dans les politiques des grands États, n’est qu’un leurre qui masque notre impuissance et notre désaccord sur tous les autres dossiers qui comptent, ceux de l’affrontement infantile entre puissances belliqueuses, ceux du multilatéralisme en miettes, ceux de l’introuvable gouvernance mondiale. Ah oui ! Il y a la taxation française des GAFA…. Qui elle aussi sera bientôt réduite et dénaturée à la sauce OCDE.

    Cerise sur le gâteau, c’est encore Trump et non Macron qui a eu l’habileté, en amont du sommet, d’appeler haut et fort à la réintégration de la Russie au sein du G7. Notre président aurait pu très facilement en prendre l’initiative, recevant son homologue russe à Brégançon, au lieu de sembler marcher sur des œufs face à Vladimir Poutine désabusé et narquois pour satisfaire les néoconservateurs et les atlantistes forcenés qui l’environnement et le brident. Ses élans pragmatiques, ses intuitions réalistes, ses initiatives à hauteur de France retombent systématiquement dans le vide, démentis, dévoyés ou réduits à des mots sans lendemain par ceux qui devraient juste mettre en œuvre sa pensée et sa vision au lieu de saper sa crédibilité face à ses interlocuteurs. En politique étrangère, la constance et la fiabilité sont des vertus cardinales si l’on prétend avoir une vision et une ambition nationales. Bref, le président français semble presque aussi prisonnier de son entourage que Trump du sien. Et c’est la logique de l’affrontement infantile qui gagne à ce double enchainement.

    Tout ça pour finir par tenir une conférence de presse de clôture avec le président américain ! Comme pour s’excuser de l’audace du « vrai-faux » invité surprise. Comme si les autres chefs d’État étaient ravalés au rang de figurants, comme si l’Occident rentrait dans le rang et avait retrouvé son père tonitruant et brutal dont on aime les coups, comme si la France était fière de juste passer les plats. Cela rappelle les « Accords de Rambouillet » en 1999, prélude manipulé à la curée lancée contre la Serbie récalcitrante. Un mauvais souvenir… Celui d’un renoncement à réfléchir et décider seuls. Nous étions en cuisine déjà. Il n’existe pas de relation stratégique privilégiée entre Paris et Washington. C’est l’écart, la sortie du rang déterminée, non la servilité qui peut la faire naitre. De la posture à la stature, il y a le courage et la cohérence. Ce sont ces invités surprise-là que l’on attend pour enfin faire la différence.

    Pour le reste, sans la Russie, sans la Chine et sans l’Inde, le G7 n’a plus qu’une représentativité résiduelle. Il est complètement décalé par rapport aux nouveaux rapports de force du monde. Il fait figure de vieux club poussiéreux de ronchons déphasés qui jouent au bridge tandis que la vraie partie se joue ailleurs et sans eux, dans un gigantesque jeu de go. Vladimir Poutine l’a d’ailleurs cruellement rappelé à Brégançon. Certes, l’Occident a de beaux restes. Asinus asinum fricat. Entre Boris Johnson, désormais sans équivoque aux ordres de Washington et salivant à l’idée des retombées commerciales qu’il en attend pour une Grande-Bretagne débarrassée de l’Europe technocrate, Jair Bolsonaro – hors club mais qui éructe sa grossièreté brouillonne envers Paris, Angela Merkel qui compte les jours la séparant d’une sortie de ce panier de crabes ingrats, et les autres qui font de la figuration dans cet aréopage de carpes et de lapins, Paris va devoir changer de niveau.

    Et surtout réfléchir au fond. Des actes, du courage enfin ! Un changement de pied radical sur les dossiers syrien et yéménite (il n’y aura pas un mot à Biarritz sur cette atroce guerre pour rien !), de l’audace sur l’Iran, les sanctions russes et les accords de Minsk. Voilà l’occasion d’être « disruptif » pour de bon. Sur tous ces dossiers, nous avons d’évidentes positions à prendre pour faire bouger les lignes dans le bon sens et nous rendre enfin de nouveau utiles. Vue l’aboulie des Européens sur tous ces sujets, faire la différence n’est pas difficile. L’heure est grave pour la France. Il faut se réveiller et sortir de la politique spectacle. Je ne peux croire que notre président préfère la fausse lumière des idéalités qui s’abiment dans un réel sanglant à la chaleur d’une politique moins cynique, plus humaine et enfin efficace.

    Caroline Galactéros (Marianne, 27 août 2019)

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  • L'île du dernier homme...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier un roman de Bruno de Cessole intitulé L'île du dernier homme. Critique littéraire pendant de nombreuses années à Valeurs actuelles, Bruno de Cessole a rassemblé ses chroniques dans deux recueils, Le défilé des réfractaires (L'Editeur, 2011) et L'internationale des francs-tireurs (L'Editeur, 2014). Il est aussi l'auteur d'un roman, L'heure de la fermeture dans les jardins d'Occident (La Différence, 2008).

     

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    " Surnommée « l'île du bout du monde », Jura a longtemps été la plus isolée des Hébrides écossaises. C'est sur ce bout de terre inaccessible que le journaliste François Saint-Réal est venu chercher refuge, après avoir été confronté, des banlieues françaises au champ de bataille d'Alep, aux hommes qui désignent l'Occident matérialiste comme leur pire ennemi, jusqu'à éprouver une étrange fascination pour leur combat. Est-ce un hasard si George Orwell choisit cette lande sauvage pour écrire 1984, dénonçant un système d'oppression plus vivace que jamais ? Traqué par les services secrets qui le soupçonnent de sympathies islamistes, François Saint-Réal va devoir composer avec ses engagements, réviser ses idéaux et résoudre ses contradictions. Un roman d'une troublante actualité, où Bruno de Cessole livre une réflexion intempestive sur l'Histoire, sur l'engagement et sur le cynisme de nos sociétés contemporaines. "

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  • Greta divina ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de François Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré aux ressorts du succès de l'opération "Greta Thunberg" ... Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

     

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    Greta divina ?

    Traversant l’Atlantique dans un voilier à 4 millions de dollars, comme elle surfe sur l’opinion de millions de jeunes, Greta Thunberg arrive à New York. Triomphe, directs et extase mystique garantis : l’enfant sauveur fend des flots pour annoncer la perte ou le salut. Montage des médias, diront certains : une gamine bien coachée, avec une bouille ronde de poupée et des yeux qui transpercent, c’est une cliente idéale. Unique, saine et cathodique.

    Certes, mais derrière le spectacle, il y a un rapport subtil entre le message et la messagère.
    Le message est assez binaire : la richesse ou la nature, arrêter ou mourir, vivre raisonnablement ou périr apocalyptiquement. L’urgence ou la fin.

    Pour le rendre persuasif, Greta virgo sancta cumule de nombreux atouts
    Le premier est de parler au nom de la Science (autiste, désintéressée de presque tout, elle a eu le temps de lire des milliers de pages, nous pas). Elle retourne habilement l’argument : les autistes, c’est vous qui refusez de voir l’imminence du désastre, de lire ce qui est affirmé et vous détournez des tables de la loi scientifique. Je parle au nom du principe de réalité. Irréfutable.
    Greta gloriosa joue aussi de son statut. Enfant ? n’est-ce pas la preuve que seuls les cœurs purs voient la vérité ? Handicapée ? Vous ne seriez pas un petit peu phobe ? Quel mépris !
    Je ne vais plus à l’école ? A-t-on besoin de diplômes pour réclamer le droit de ne pas périr, et de ne pas faire périr la nature avec nous ? Qui ose m’attaquer révèle la noirceur de son âme. Greta salavtrix nous appelle à la conversion du cœur. Elle parle au nom de la vie et de l’innocence. Incritiquable.

    Et ceci fonctionne sur un double registre.
    Le premier est de tradition chrétienne : il nous ramène à notre statut de pécheurs qui offensons sans cesse la nature et menaçons la création. Devant un choix aussi évident - tout détruire ou nous reprendre, l’apocalypse ou l’ascèse - comment hésiter ? Avantage collatéral : nous redécouvrons les délices de la casuistique. Chaque acte de notre vie peut devenir objet d’un débat moral et l’occasion d’une rédemption : prendre l’avion ou le voilier ? changer de vêtements ou pas ? manger de la viande (quitte à devoir transformer les terres d’élevage en cultures) ou pas ? Métro ou trottinette devient un cas de conscience. Avoir des enfants un crime probable. À chaque geste, à chaque décision, nous mettons un peu en péril la planète. À chaque contrainte que nous nous imposons, nous prolongeons la vie des espèces d’un instant. Repentez-vous.

    Le second registre est celui de la culture individualiste et du refus de l’autorité. Nous sommes les enfants, nous sommes le monde et nous faisons la nique aux adultes. Nous les mettons en accusation et ils nous écoutent avec componction. La sincérité de nos cœurs et notre angoisse de disparaître bousculent toutes les hiérarchies. Un doux parfum de rébellion nous enveloppe ainsi sans risque et permet d’interdire à tout va.

    Peu de messages pouvaient rencontrer autant de réceptivité dans notre culture. Greta met tout sur le plan de la conscience morale : croyons, ouvrons nos cœurs, abstenons-nous du mal et la Terre sera sauvée. Le problème est qu’entre la Science (en l’occurrence les rapports du Giec dont la partie futurologique n’est pas si assurée) et la Morale (qu’elle semble réduire à l’abstention et à l’ascèse), elle occulte la question politique, c’est-à-dire celle de la contrainte sur les hommes.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 30 août 2019)

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  • Quand Julius Evola écrivait à Carl Schmitt et à Ernst Jünger...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier une brochure intitulé Lettres de Julius Evola à Carl Schmitt et Ernst Jünger. Des lettres qui viennent éclairer les relations qui existaient entre l'auteur de Révolte contre le monde moderne et ces deux figures de la Révolution conservatrice allemande.

    On notera, par ailleurs, que la correspondance entre Carl Schmitt et Ernst Jünger vient d'être traduite en français et sera publiée avant la fin de l'année 2019 dans un volume de plus de 900 pages...

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    " Parmi les 19 000 lettres qui figurent dans les archives personnelles de Carl Schmitt, 8 lui ont été adressées (en langue allemande) par Julius Evola. Celui-ci était très intéressé par un livre écrit par Schmitt sur Donos Cortès, auteur qu'ils appréciaient tous les deux, et il souhaitait le traduire et l’éditer. Cela ne se fit pas. 
    Ces missives nous informent sur les relation germanophones d’Evola après-guerre (Mohler, Rohan, Gleichen) et sur son activité de traducteur. Elles nous révèlent aussi un homme plutôt mal informé tant des publications dans la presse de droite italienne que de l’évolution idéologique de son interlocuteur. 
    On ne dispose pas des réponses de Carl Schmitt aux lettres d’Evola, mais on peut sans mal constater une chose : il fait peu de cas de ses propositions. On sait d’ailleurs par d’autres sources que Schmitt, bien qu’il lui ait adressé certaines de ses œuvres, ne s’intéressa jamais aux travaux du baron. Si les deux hommes se rencontrèrent et dinèrent ensemble lors d’un séjour d’Evola à Berlin, Schmitt ne se donna pas la peine ensuite de lire les livres que le traditionaliste italien lui faisait tenir.  
    Cette brochure se termine par une lettre d’Evola à Ernst Jünger qui montre le souci constant du baron de faire connaître au public italien les grands penseurs conservateurs allemands. "

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  • Un corps judiciaire à épurer ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Yves Le Gallou à Polémia à la suite de la scandaleuse condamnation des militants de Génération Identitaire pour leur action symbolique à la frontière franco-italienne. Cette affaire prouve une nouvelle fois que la justice n'est plus rendue au nom du peuple français...

     

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    Condamnation des Identitaires. Faut-il épurer le corps judiciaire ?

    Polémia : La condamnation des militants identitaires a déclenché une tempête de protestation sur les réseaux sociaux. Certains internautes sont allés jusqu’à souhaiter une épuration du corps judiciaire. Qu’en pensez-vous ?

    Jean-Yves Le Gallou : Pour aussi choquante qu’elle puisse paraître, la question n’en est pas moins légitime. D’abord au regard de la démocratie.

    Aujourd’hui, le corps judiciaire rend des décisions idéologico-politiques profondément contraires à l’idéal de liberté et à la volonté populaire :

    • En appliquant avec beaucoup de zèle des lois liberticides : poursuites, voire condamnations, pour de simples délits d’opinion de Menard, Camus, Zemmour et tant d’autres. Des lois pénales liberticides qui ne sont pas appliquées de manière restrictive mais au contraire de manière extensive.
    • En montrant une extrême indulgence pour les étrangers clandestins, leurs passeurs et leurs complices (affaire Herrou notamment).
    • En prononçant de sévères peines de prison pour des délits politiques, comme on l’a vu hier pour les Gilets Jaunes, aujourd’hui pour les Identitaires, et sans doute demain pour la Manif pour tous.
    • En étant d’une grande mansuétude avec beaucoup de délinquants immigrés et en refusant toute forme de légitime défense.
    • En faisant instruire exclusivement à charge beaucoup d’affaires politiques (Sarkozy, Guéant, Marine Le Pen, Melenchon) par des juges militants (Buresi, Tournaire et tant d’autres).

    De plus en plus de Français ont le sentiment que la « justice » n’est plus rendue en leur nom mais au nom de préjugés idéologiques et politiques et de lobbys étrangers. La «justice » est en train de perdre sa légitimité démocratique. C’est grave !

    Mais n’est-il pas encore plus grave de parler d’épuration ?

    Regardons l’histoire ! La magistrature actuelle – administrative et judiciaire – est la fille de quatre épurations.

    Vous pensez à Vichy, à 1940

    Pas seulement ! Il y eut, de fait, peu d’épuration judiciaire sous Vichy puisque la quasi-totalité des magistrats prêta, sans problème, serment de fidélité au maréchal Pétain… Des magistrats dont beaucoup furent d’ailleurs de zélés épurateurs des collaborateurs… en 1945.

    La nature humaine est ce qu’elle est… Et l’appât des postes et des décorations est un puissant facteur de soumission.

    Il y eut d’autres épurations, plus « républicaines » alors?

    Au XIXsiècle d’abord. Pas lors des bouleversements de 1830, 1848, 1852 et 1870 où le corps judiciaire fut respecté par les nouveaux pouvoirs. Mais en 1883, pour conforter la République. L’épuration de la Magistrature donna lieu à des discours d’une rare violence de la part des députés républicains et déboucha sur une mise au pas brutale : 614 magistrats inamovibles furent mis à la retraite d’office ! Les « valeurs républicaines » n’ont pas été imposées par des bisounours…

    Et ensuite ?

    Il y eut évidemment une épuration du corps judiciaire en 1945. 20 % des magistrats durent justifier leurs décisions et la moitié, soit 266, furent suspendus et la plupart révoqués.

    Rebelote avec la guerre d’Algérie?

    On ne peut pas vraiment parler d’épuration mais il y eut de sacrés remous au Conseil d’Etat et dans la haute magistrature judiciaire.

    Et aujourd’hui ?

    C’est plus subtil. Il n’y a pas de remise en cause de l’inamovibilité des magistrats. Mais des interdits professionnels relatifs.
    Je m’explique : un magistrat judiciaire ou administratif immigrationniste peut intervenir et militer dans une association immigrationniste et continuer à rendre des jugements y compris sur ces sujets-là.
    Un magistrat moins politiquement correct doit absolument se taire et être très prudent dans ses jugements. Sinon les médias et les syndicats d’avocats et de magistrats lui tomberont dessus comme on l’a vu dans l’affaire du juge Lagarde.

    C’est ce qui explique le deux poids, deux mesures des décisions judiciaires. Les magistrats politiquement corrects plastronnent, les conformistes les suivent, les autres rasent les murs…

    La situation est-elle désespérée ?

    Non ! Les magistrats tiennent compte d’un triple rapport de forces : le pouvoir médiatique, le pouvoir politique et le pouvoir corporatif.

    Ces pouvoirs-là peuvent changer comme on le voit en Pologne et en Hongrie. Et en Italie, si Matteo Salvini a besoin de pouvoirs élargis, c’est bien pour pouvoir briser la dictature des juges sur l’immigration.

    Une conclusion ?

    Aujourd’hui, en France, il ne faut utiliser le mot « justice » qu’avec des guillemets.
    Et ne pas se laisser enfariner par le mot « État de droit » qui n’est que le masque de la dictature idéologique de juges politiquement corrects à la remorque des médias de grand chemin.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 30 août 2019)

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  • La guerre du droit...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°23, septembre - octobre 2019), qui devient bimestrielle et est maintenant dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque, avec un dossier sur le thème de la guerre du droit.

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    ÉDITORIAL

    Regarder le monde tel qu'il est , par Jean-Baptiste Noé

    ACTUALITÉ

    Entre le loup et le chien, par Jean-Baptiste Noé

    DOSSIER : La guerre du droit

    1 - Les enjeux

    La tradition juridique française, par Philippe Pichot-Bravard

    Le selfish law : in my law we trust... Vous de même, par Nicolas Larègle

    Historique de l'extraterritorialité, par Hervé Juvin

    L'extraterritorialité, une arme de guerre, par Jean-Baptiste Noé

    Quelles lois régulent le très haut marché de l'art contemporain, par Aude de Kerros

    Le défi monétaire de Libra, par Will Denyer

    Les droits de l'homme détournés et trahis, par Jean-Louis Harouel

    Le droit, outil d'influence et de coercition, par Raquel Grase

    Les robots tueurs : entre fantasme et provocation, quelle réalité juridique ?, par Ysens de France

    École de pensée sur la guerre économique, par Christian Harbulot

    2 - La guerre en action

    L'impôt, arme de guerre économique, par Victor Fouquet

    Les pavillons maritimes : une concurrence sans complaisance, par Jean-Yves Bouffet

    Le piège américain : la guerre économique en action, par Jean-Baptiste Noé

    La dialectique du droit et de la force : le droit maritime dans tous ses Etats, par Pierre Royer

    Les entreprises doivent se former à la guerre économique, par Jean-Baptiste Noé

    Les guerre du droit social, par Julien Damon

    Les sanctions européennes contre la Pologne et la Hongrie, par Alexandre Massaux

    Les mafias sont-elles vraiment en-dehors du droit, par Guillaume Soto-Mayor

    Guerre du droit et droit de la guerre, par Hélène Terrom

    Droit et devoir d'ingérence : exporter la démocratie au nom du droit, par Hadrien Desuin

    La machine de guerre juridique américaine, par Olivier de Maison Rouge

    Le cyberespace est-il une zone de non-droit, par Olivier Kempf

    Le droit islamique comme vecteur de puissance, par Olivier Hanne

    3 - Résister et gagner

    La fin du dieu dollar, par Laurent Gayard

    Hayek : comment fonder une société de droit, par Jean-Baptiste Noé

    La prudence et la force pour gagner la guerre du droit, par Michael Shanks

    Les conflictualités juridiques dans le cyberespace, par Olivier de Maison Rouge

    La discrète guerre du droit à l'espace, par Jean-Marie de Poulpiquet

    Comment établir une guerre juste ?, par Jean-Baptiste Noé

    Les entreprises européennes peuvent-elles faire confiance aux cabinets d'avocats anglo-saxons, par Lucas Sebban et Samuel Guetta

    Juger la guerre, par John Laughland

    CHRONIQUES

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