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Métapo infos - Page 580

  • Feu sur la désinformation... (278)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Pour commencer cette émission, nous verrons que l’intervention du professeur Montagnier, prix Nobel de médecine, sur l’origine potentiellement humaine du Coronavirus a été logiquement très commentée...
    • 2 : Les cités s’embrasent, les médias se taisent
      Les émeutes se multiplient depuis plusieurs jours dans les banlieues françaises. Et les médias font tout ce qu’ils peuvent pour cacher ces violences urbaines aux Français.
    • 3 : Revue de presse
      La France qui perd 2 places au classement annuel de Reporter sans Frontières…
      Didier Raoult qui évoque le rapport des médias aux « fakes news »…
      Dans ce I-Média, nous reviendrons sur l’actualité médiatique de la semaine.
    • 4 : Covid-19 à l’international : les médias en pleine manipulation
      Lorsqu’ils analysent la gestion de la crise du Coronavirus dans le monde, les médias français sont bien plus durs contre les dirigeants conservateurs que contre Emmanuel Macron...

     

                                        

     

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  • Confinez-vous avec : ... Les Démons, de Fedor Dostoïevski !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver aux éditions Gallimard, dans la collection de poche Folio, le roman de Fédor Dostoïevski intitulé Les Démons. Immense écrivain russe, lu et admiré dans toute l'Europe, Fédor Dostoïevski (1821-1881) est l'auteur de chefs d’œuvres comme Crime et châtiment, L'Idiot et Les Frères Karamazov...

     

    Dostoïevski_Les Démons.jpg

    " « Chacun de vous a une lourde tâche à accomplir. Vous êtes appelés à rénover une société décrépite et puante : que cette pensée stimule continuellement votre courage ! Tous vos efforts doivent tendre à ce que tout s'écroule, l'État et sa morale. Nous resterons seuls debout, nous qui nous sommes préparés depuis longtemps à prendre le pouvoir en main. Nous nous annexerons les gens intelligents, et pour ce qui est des imbéciles, nous monterons sur leur dos. Cela ne doit pas vous troubler. Il nous faudra rééduquer la génération actuelle pour la rendre digne de la liberté. » "

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  • Quand la Terre ne tourne plus !...

    Sixième semaine de confinement, mais Le Plus d’Éléments ne chôme pas. On ne passera pas du jour au lendemain de la nuit à la lumière, le monde d’après se fera attendre, mais il ne ressemblera pas au monde d’avant... Retrouvez ses rédacteurs avec ce rendez-vous hebdomadaire sur TV Libertés. Alain de Benoist et le monde d’après, François Bousquet et la biopolitique, Patrick Lusinchi et le pouvoir du rire. Un confinement tout en réflexion et relaxation !

     

                                    

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  • Confinez-vous avec : ... Vu de droite, d'Alain de Benoist !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver sur le site de la revue Éléments, Vu de droite, l'anthologie critique des idées contemporaine publiée en 1978 par Alain de Benoist et réédité voilà quelques années par les éditions du Labyrinthe. Principale figure de la Nouvelle droite française depuis le début des années 70, Alain de Benoist est l'auteur d'une centaine de livres, dont dernièrement, Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019). Son anthologie reste un outil, une carte indispensable pour entamer un voyage dans le monde des idées...

     

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    " La parution de Vu de droite, en 1977, a marqué un tournant dans l’histoire des idées contemporaines et imposé la Nouvelle Droite comme le partenaire incontournable d’un débat idéologique jusqu’alors monopolisé par une certaine gauche. Couronné à l’époque par l’Académie Française, salué par des personnalités aussi différentes que François Mitterrand et Louis Pauwels, Jean-Pierre Chevènement et Jean Cau, cet ouvrage monumental était depuis longtemps épuisé. Cette réédition constitue donc un événement très attendu. De l’archéologie à la philosophie, de la pédagogie à l’éthologie, de la biologie à la sociologie, cette véritable encyclopédie critique passe au crible les travaux et les écrits de quelque 140 écrivains, savants, historiens ou philosophes, jetant sur eux un éclairage novateur et, parfois, impitoyable. Cette réédition est précédée d’un important préambule dans lequel, un quart de siècle après, Alain de Benoist met son livre en perspective et montre en quoi les « vues » qui y étaient développées ont trouvé leur confirmation dans l’histoire de la fin du xxe siècle. "

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  • L’immunodéficience des élites...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré l'échec des élites du système face à la crise sanitaire. Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019).

     

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    Biopolitique du coronavirus (4). L’immunodéficience des élites

    Un jour où Maurice Barrès, le chantre du nationalisme, comparait la France à un tableau avec en son centre la « colline inspirée », celle de Domrémy, dans les Vosges, où Jeanne d’Arc grandit, Aristide Briand, onze fois président du Conseil, vingt-six fois ministre sous la Troisième République, installé à vie dans le radical-socialisme (une fois passés les élans fiévreux de la jeunesse), lui répondit : « Fort bien ! Mais nous avons les cadres ! » C’est une réponse que ni Macron ni ses pairs ne pourraient faire, d’abord parce qu’ils n’ont pas suffisamment d’esprit, ne fût-ce que celui de l’escalier ; ensuite parce qu’ils ont fait disparaître le cadre et qu’ils voudraient effacer le tableau, la France, pour la grand-remplacer par une « smart nation » tropicale. Misère des élites !

    Comment expliquer cette déchéance, d’une République à l’autre, d’une génération de maîtres à l’autre ? L’éclairage de deux sociologies que tout oppose peut nous aider à y voir plus clair : celle de Vilfredo Pareto, le grand théoricien de la production des élites, et celle de Pierre Bourdieu, le grand théoricien de leur reproduction. Pareto disait dans un passage fameux de son très épais Traité de sociologie générale que l’histoire est un cimetière d’aristocraties. À remarquer qu’en France, ce serait plutôt une morgue, dans le double sens du mot, hautain et cadavérique. Les élites y sont mort-nées, faute de circulation sanguine. Pas assez de sang neuf – l’EPO des élites – pour les régénérer et en fouetter la vitalité. À ce stade de décrépitude, les élites ne sont plus que vampiriques, elles ne recherchent plus que du sang frais dans l’espoir d’y trouver un sursaut.

    La consanguinité est reine de France. Entre des boomers décolorés, des soixante-huitards défraîchis et des « fils et filles de », la reproduction des plus nuls a définitivement remplacé la sélection des meilleurs. Au sein des institutions, l’endogamie règne sans partage. Ce qui nous vaut cette société pétrifiée, stratifiée et calcifiée – « bloquée », comme disait Michel Crozier – , régentée par une armée de clones : les experts, les conseillers, les dircabs, les technos, les énarques, qui forment l’arête supérieure des cumulards à la tête de l’État. Une néobourgeoisie arc-en-ciel, américanomorphe, libérée d’on ne sait trop quoi parce que libérée d’à peu près tout, libérale avec le monde entier exception faite de ses compatriotes, ouverte à tout sauf quand ses intérêts sont en jeu, affranchie mais d’abord de la loi, passionnément remplaciste sauf des places qu’elle occupe. Plus une caste qu’une classe sociale.

    Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le Covid !

    Un exemple, un seul, digne du plus haut comique (républicain, cela va de soi). On se souvient que, sous Hollande, la ministre de la Santé était Marisol Touraine, autre « fille de », celle-ci du soporifique Alain Touraine, le plus puissant somnifère de la Faculté de sociologie. Il est désormais acquis qu’elle restera dans l’histoire du coronavirus comme la dame recyclage qui a envoyé au vide-ordures des centaines de millions de masques FFP2. Or, qui grenouillait dans son premier cercle ? Un joli carré d’as de l’embrouille : Benjamin Griveaux, Gabriel Attal, Jérôme Salomon, Olivier Véran. Griveaux est le premier mort du coronavirus, Piotr Pavlenski a débranché son respirateur. Le freluquet Gabriel Attal sévit auprès de Jean-Michel Blanquer comme secrétaire d’État. Mais Olivier Véran et Jérôme Salomon ? L’un dirige le ministère de la Santé, l’autre en est le directeur général. On se pince pour y croire. Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le Covid ! Passe-moi les masques, je les ferai disparaître !

    Cela s’appelle en bon franglais le système des revolving doors. Il fonctionne en France avec une belle efficacité. C’est même la dernière chose qui fonctionne. Mais là où les élites anglo-saxonnes se contentent de passer du public au privé, les françaises y ajoutent le passage public to public, comme diraient les snobs. Emmanuel Todd a très bien identifié cette exception française dans son dernier livre quand il parle d’une énarchie stato-financière dont l’archétype est Emmanuel Caméléon. Elle ne jure que par le marché, mais ne connaît que l’État dont elle est la classe parasitaire attitrée, cumulant les défauts du public et les tares du privé. L’inertie et la rapacité. Jamais on ne lui a appris à prendre des initiatives, on lui a plutôt appris à ne surtout pas en prendre.

    Y a-t-il jamais eu une élite en France ?

    Je ne sais plus qui a dit de l’Angleterre qu’elle avait toujours été sauvée par son élite et la France par son peuple. Un sage assurément. La phrase est moins pétaradante quand on en renverse les termes, du moins de ce côté-ci de la Manche : jamais les élites n’ont sauvé la France (sans quoi quelque historien charitable nous l’aurait appris). C’est sûrement cette fatalité qui a donné à notre histoire son cours ondulatoire, instable, erratique, avec des hauts et des bas. Le tempérament national, toujours en quête d’une figure providentielle, plus populiste que conservateur, plus insurrectionnel que réformiste, réactif à défaut d’être actif, ne favorise pas l’éclosion d’une élite. Il faut dire que celle qui nous en tient lieu va chercher ses modèles à l’étranger depuis le XVIIIe siècle. Voltaire a montré la voie. Depuis lors, elle pense en anglais, quand bien même son français est irréprochable, et celui de l’auteur des Lettres philosophiques (d’abord publiées sous le titre des Lettres anglaises) l’était plus que nul autre. Ah, le fouet verbal d’Arouet ! Si l’insipide Nicolas Baverez pouvait en apprendre le maniement, ils serait au moins lisible à défaut d’être intelligible…

    Dans ce panorama, il y a tout de même eu une exception notable, la Troisième République en ses jeunes années. On peut ne pas l’aimer, rien ne nous y prédispose d’ailleurs. Elle était terne, aussi grisonnante que les rouflaquettes de ses présidents du Conseil et de ses « frères » maçons à l’allure de prélats défroqués. Ils ne rataient jamais une occasion de faire une bonne affaire et tiraient sur les ouvriers avec un sang-froid que Christophe Castaner et Laurent Nuñez n’ont jamais cru pouvoir égaler, même en rêve. Oui, oui, on est en droit de ne pas l’aimer, cette jeune Troisième, elle n’en a pas moins créé une élite – ce qui n’a jamais été donné à Macron ni à La République en marche. Ses adversaires antidreyfusards – le sabre, le goupillon et surtout la plume, les plus belles plumes d’alors que ce bon Marcel Proust s’imaginait pouvoir concilier – ont parlé de République juive, plus encore de République protestante, mais elle fut d’abord et avant tout, au milieu des avocats, la République des professeurs, titre d’un petit ouvrage croustillant d’Albert Thibaudet, qui fut mieux qu’un grand critique, l’un des plus sûrs analystes de son temps. Une incubatrice de talents. Comment ? Grâce à un remarquable système de détection et de bourses. Si du reste elle a tenu aussi longtemps, c’est qu’elle a d’abord été un régime de hussards noirs, de normaliens sortis du rang, d’instituteurs maigres et affamés de savoir, de provinciaux montés à Paris la boue aux pieds.

    Quand les boursiers formaient l’élite

    « À nous deux Paris ! » lançaient-ils comme Rastignac, mais la géographie de leur ambition, plus sage, plus académique, plus ascétique aussi, n’était pas celle de Rastignac, trépignant sur le promontoire de Montmartre : elle se tenait sous les combles de la montagne Sainte-Geneviève, dans les chambres de la rue d’Ulm, les internats de Louis-le-Grand et d’Henri-IV. Ainsi, un demi-siècle après Balzac, la montagne Sainte-Geneviève, qui abritait la pension de Madame Vauquer où couvaient les féroces appétits des jeunes lions balzaciens, accueillerait d’autres ambitions, celles qui animeraient les futurs maîtres de la Troisième République, qui furent avant tout des maîtres d’école – et l’école, leur plus belle réussite.

    En ce temps-là, l’écrasante majorité des normaliens étaient boursiers. Combien aujourd’hui le sont-ils ? Même chose avec les agrégés, même chose avec les élèves des écoles normales d’instituteurs. Barrès, le grand Barrès, professeur lui aussi mais d’énergie, vomissait ce monde-là. Il l’a férocement croqué dans sa prodigieuse trilogie, « Le roman de l’énergie nationale ». Mais ne lui en déplaise, les vrais héritiers étaient alors les boursiers. Songez à Péguy. Quid de nos jours ? Les très rares profils sortis du peuple qui ont rejoint les rangs de l’élite, les Didier Eribon, les Édouard Louis, les Annie Ernaux, sont pour la plupart des « transfuges de classe ». Autrement dit des traîtres. Ils n’appartiennent plus au monde dont ils sont issus, mais aux minorités dont ils ont épousé la cause.

    Tel maître, tel valet

    Adieu la République des professeurs ! Celle des Rastignac est revenue, mais ils s’appellent Cahuzac ; et Marsay, l’autre jeune lion balzacien, splendide, comme tout ce qu’a conçu le Surhomme qui rédigea La Comédie humaine, a déchu au rang d’un Emmanuel Macron. La nôtre, de République, est un régime d’enfants gâtés, immatures et inconsistants, frappés dès la sortie de l’école du principe de Peter – et même de Peter Pan chez Macron – qui pose que toute personne, ici toute caste, a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence. Rien que des amateurs, Macron, parlant de son gouvernement, l’a lui-même concédé. Il faut dire que ses ministres ont tous été à bonne école. Tel maître, tel valet. Après tout, un pays qui s’affaisse lentement mais sûrement peut tolérer une élite aussi nulle. La gestion des affaires courantes s’accommode de la médiocrité générale. Elle requiert une médecine palliative que des gouvernants aux compétences limitées savent lui administrer en métronomes du déclin. Mais qu’une situation d’exception survienne, qu’une crise, qu’une pandémie apparaissent, impossible de cacher cette nullité sous la table de l’Élysée : elle est bien trop criante – insultante pour tout un peuple avide de comparaisons. Ô Allemagne qui nous donne une fois de plus la leçon, nous qui la lui faisons si souvent…

    D’une guerre à l’autre, notre bon Frankreich serait-il voué à être toujours en retard ? D’une stratégie, d’un vaccin, d’une technologie, d’une mise à jour. Depuis le début de la crise du coronavirus, Macron et Philippe traînent trois à quatre semaines de retard (Sibeth Ndiaye trois ou quatre siècles), retard incompressible, dans tous les domaines, prédictif, préventif, curatif. On n’est bon, on l’a dit, que dans le palliatif. Nul partout ailleurs. Dans l’anticipation du risque, dans la décision, dans la gestion, dans le calendrier. Pas seulement sur les masques, jugés superflus, ni sur les vaccins, déclarés inutiles, mais sur la réquisition, tardive, parcimonieuse, de nos dernières machines-outils, sur le recours – sacrilège – aux labos vétérinaires pour les tests sérologiques, sur la composition du Conseil scientifique, si prudent, si académique, si lié au privé, sur le maintien des municipales, sur la mobilisation des cliniques privées, etc.

    À chaque fois, quelques bonnes volontés ont alerté le gouvernement très en amont, mais autant parler à un sourd. À chaque fois, il a tergiversé, repoussé la prise de décision, prétextant un jour qu’on ne saurait confondre la médecine animale et la Grande Médecine, exit les vétos ; un autre jour reculant devant le refus du terrifique Gérard Larcher et des barons du Sénat, bonjour le veto sénatorial. Nul, zéro pointé, bonnet d’âne, au coin, au poteau !

    Le conformisme est son nom

    Quand Alain de Benoist a pour la première fois formulé la notion de pensée unique, il a mis un nom sur la plaie des élites en général et des françaises en particulier : le conformisme endémique. Pour elles, il n’y a jamais d’alternative, jamais de plan B, pas même des options – rien qu’une autoroute uniforme nous conduisant au bout de l’ennui. Partout un même conformisme, politiquement correct, médicalement correct, technocratiquement correct, qu’importe. Cette religion de l’unique et de sa propriété est « le » critère de sélection. Hors cela, hors la pensée unique, point de salut.

    À Sciences Po, à l’ENA, on ne fabrique plus des serviteurs de l’État, mais des serviteurs de la dette, des contrôleurs de gestion. Ces écoles sont des moules. Comment en sortirait-il autre chose que des séries ? Calibrées comme des produits industriels, programmées comme des logiciels – et c’est d’ailleurs ce qu’ils sont très exactement : ils sont là pour accomplir des programmes. On fabrique des pilotes automatiques, à peine des technocrates, tout au plus des techniciens, si médiocres qu’ils nous feraient regretter le temps des ingénieurs qui pilotaient eux du moins des programmes industriels. Comment cette espèce, qui gère si mal les situations ordinaires, aurait-elle pu faire face à une situation extraordinaire ? Impossible. À elle une fois pour toutes l’intendance et les dépendances, pas plus. À l’Élysée peut-être, mais alors à l’entretien des écuries !

    On est tellement accoutumé à ce pilotage automatique qu’on ne comprend plus les situations d’urgence et les régimes d’exception, là où l’essence schmitienne du politique se révèle. On est formaté à suivre des procédures de contrôle, à respecter des protocoles de gestion, à déchiffrer des règlements, à appliquer des process, ce qui revient à tous les niveaux à suivre scrupuleusement les critères de convergence maastrichtiens. La feuille de route tracée d’avance, sur la base de la règle des 3 %, on fait le « job », comme ils disent. Lequel job ne consiste plus qu’à trouver des marges de manœuvre et à mettre au régime sec toutes les administrations, dont les hôpitaux.

    La pierre angulaire

    On fera valoir qu’on n’a jamais que les élites qu’on mérite. Certes. Il ne faudrait cependant pas oublier qu’elles ont séquestré la représentation nationale. Tout un pays mis sous le boisseau, ce n’est pas rien, mais il aspire à retrouver la lumière. Si les Gilets jaunes ont montré une chose, c’est bien que le peuple ne consent pas à sa mort programmée, qu’il abrite, tout déglingué soit-il, tout abandonné, des réserves de colère et de vitalité. On ne voit rien de tel chez l’élite. La France d’en haut est couchée depuis si longtemps qu’on ne l’imagine pas pouvoir un jour se redresser. Il n’y a rien à attendre d’elle, on ne peut ni la réformer ni l’infiltrer, ni la changer, seulement la renverser. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, enseignent les Évangiles à la suite des Psaumes, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire. Phrase fabuleuse. Il en a toujours été ainsi. Toujours. Le salut ne vient jamais du Système, mais de ses marges, de ses dissidences, là où on façonne la pierre angulaire. Persévérons à la façonner, elle finira par dominer l’édifice.

    François Bousquet (Éléments, 17 avril 2020)

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  • Confinez-vous avec : ... American Tabloid, de James Ellroy !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver aux éditions Rivages, dans la collection de poche, un roman de James Ellroy intitulé American Tabloid. Grand maître du roman noir paranoïaque, James Ellroy décrit roman après roman la face sombre de l'Amérique...

     

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    " Malgré son poids, American Tabloid tient de l'épure tant il semble que l'auteur ait taillé à la serpe dans un manuscrit que l'on imagine colossal. Plein comme un oeuf, American Tabloid requiert une attention de tous les instants : une simple ligne parcourue d'un oeil distrait, et c'est une conspiration, un retournement de veste ou un cadavre qui risquent d'échapper au lecteur. Il n'en fallait pas moins pour passer au scalpel les mille jours de l'administration Kennedy et dresser le tableau dantesque des cinq ans qui courent de novembre 1958 au 22 novembre 1963 à Dallas. "

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