Un retour en force de l’économie réelle
L’élection présidentielle américaine propulse en effet à la tête de la plus grande puissance occidentale des responsables qui rejettent ouvertement le politiquement correct et elle place un nouveau patronat, incarné par le charismatique Elon Musk, du côté des peuples autochtones.
Trump et Musk incarnent en effet un retour en force de l’économie réelle et de l’esprit de création, aux dépens du monde irréel de la finance, du numérique et de l’idéologie hors sol des progressistes.
Elon Musk n’est pas un financier, bien qu’il soit l’homme le plus riche du monde, mais un manager, un industriel, un créateur et un visionnaire. Et il a renié depuis longtemps le crédo progressiste en usage chez les milliardaires de la Silicon Valley.
Elon Musk fait rêver l’Amérique car il incarne le rêve qui manquait au mouvement MAGA. On l’a bien vu au soir de l’investiture de Donald Trump lorsqu’ il a évoqué la perspective prochaine d’astronautes américains sur Mars.
Et il montre surtout que le futur et les lendemains qui chantent ne se situent désormais plus à gauche.
La contestation s’étend
Mais le mouvement n’est pas que nord-américain.
Un peu partout en Occident, la contestation de la doxa progressiste s’installe, au grand dam des oligarques, chez les décideurs publics ou privés.
En Argentine la politique de Javier Milei, le président à la tronçonneuse, produit ses premiers résultats positifs : avec une baisse spectaculaire des dépenses publiques, de la dette et de l’inflation qu’aucun « expert » de plateau télé n’estimait possible, évidemment.
Le mouvement s’étend aussi à l’Europe, même s’il n’a pas encore trouvé une issue politique générale en raison de la gouvernance totalitaire de l’UE, devenue prison des peuples.
Mais la parole des représentants de l’économie réelle se libère également, y compris en France.
Même en France les patrons se révoltent
Cela a commencé avec Jean-Bernard Levy président d’EDF, dénonçant ouvertement à l’Assemblée nationale les incohérences de la politique nucléaire du gouvernement français et les folies du « marché européen de l’énergie ». Et confirmant par là même tout ce que disaient les dissidents de la transition énergétique.
Puis ce sont les dirigeants de l’industrie automobile, rejoints par leurs collègues européens, qui dénoncent les folies du « pacte vert » et l’irréalisme de l’interdiction de vente des voitures thermiques en 2035 qui ouvre une voie royale à la concurrence chinoise. Pendant que les dirigeants agricoles mettent de même en cause un libre-échange qui les met en concurrence avec des producteurs qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes.
Et voici même Bernard Arnault, le Français le plus riche du monde et ami de Macron, qui déclare qu’en France « tout ce qui bouge on le taxe, ce qui bouge encore on le réglemente ; tout ce qui ne bouge plus on le subventionne »[2]. Un beau résumé du mal français !
Sans oublier bien sûr ces patrons qui financent des médias en rupture avec la doxa politiquement correcte.
L’oligarchie encerclée
Le populisme stagnait car il incarnait quand même le parti des perdants de la mondialisation heureuse, des « déplorables », des « sans-dents » et des « gens de rien » que la gauche bourgeoise a toujours méprisé et matraqué.
Mais voici que des riches et des gagnants, émanations de l’économie réelle, rejoignent le camp des peuples dans la contestation des oligarchies.
Alors là, dans les beaux quartiers et dans les salles de rédaction, on ne rit plus du tout.
Car, si ce mouvement se confirme, il annonce un changement majeur et bienvenu de paradigme en Occident.
Que va devenir l’oligarchie financière progressiste, en effet, si maintenant les capitaines d’industrie rejoignent les peuples et les dissidents, dans la contestation du Système et donc de leur pouvoir ?
C’est une révolte ? Non Sire, c’est une révolution qui s’annonce…
Michel Geoffroy (Polémia, 30 janvier 2025)
Notes :
[1] Notamment Goldman Sachs
[2] Présentation des résultats annuels 2024 de LVMH le 28 janvier 2025