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Métapo infos - Page 25

  • Léon Daudet, critique littéraire...

    Les éditions de Flore viennent de publier un essai d'Anne le Pape intitulé Léon Daudet, critique littéraire, avec une préface de Stéphane Giocanti. Journaliste, Anne le Pape est l'auteur d'une thèse de doctorat consacrée à Léon Daudet.

     

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    " Plongé dès sa plus tendre enfance dans la littérature dont son père Alphonse est alors l’un des plus magnifiques représentants, Léon Daudet (1867-1942) ne l’abandonnera jamais, et, en parallèle avec son activité politique à l’Action Française, s’illustrera avec sa faconde et sa gourmandise proverbiales dans les genres du roman, du pamphlet, des mémoires et de la critique. Membre du jury Goncourt, c’est grâce à lui que Proust sera couronné en 1919, et que Céline sera sur le point d’obtenir le prix en 1932. "

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  • Et si la France commençait à s’intéresser sérieusement à l’Italie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré à la montée en puissance de l'Italie en Europe. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    Et si la France commençait à s’intéresser sérieusement à l’Italie ?

    La décomposition du Moyen Orient s’accroît et s’étend, on meurt toujours en Ukraine même si l’on commence enfin à parler de paix, l’Amérique gonfle ses prétentions et ses ambitions, la Chine poursuit discrètement ses prises de contrôle, l’Afrique retrouve ses démons et oublie le désespoir des populations, l’Europe, à force de se perdre dans le nombrilisme et l’autosatisfaction, s’étiole et s’efface, la France se délite et fait le spectacle… Essayons d’oublier un moment ce contexte préoccupant et intéressons-nous à un proche et beau pays.

    Les Français ont l’habitude de regarder l’Italie avec un mépris certain : pour eux, l’Italie, ce sont de belles, mais vieilles, pierres, un bel canto juste bon pour une promenade en gondole, et des pizzas bien pratiques pour rendre sages les enfants turbulents ; les Européens dignes de nous, ce sont les Allemands et les Britanniques car eux, au moins, sont sérieux. Ne serait-il pas temps d’abandonner ces niaiseries ?

    L’Italie est le 3ème pays de l’Union Européenne par la population [1], le 3ème aussi par le PIB [2]. Elle a demandé son admission à l’ONU dès 1947 [3], fut l’un des 12 pays qui ont fondé l’OTAN en 1949 et a, dès l’origine, participé à l’aventure européenne en étant l’un des 6 pays signataires du Traité de Rome de 1951 créant la CECA.

    Son positionnement géographique la place à proximité de plusieurs foyers de tension qui menacent l’Europe : le Proche-Orient, l’Afrique du Nord et les Balkans. Elle est autant que la France soucieuse à la fois d’entretenir des relations de confiance avec les pays concernés et de se prémunir contre leurs influences délétères.

    C’est aussi une puissance économique. Elle est désormais le 4ème exportateur mondial, devant le Japon. Ses capacités sont particulièrement reconnues dans les secteurs industriels de haute technologie, grâce à un outil industriel mêlant entreprises de stature mondiale [4] et un tissu extrêmement dense d’ETI œuvrant, soit directement, soit comme sous-traitants des grands groupes mondiaux (on estime ainsi que 20 % de la valeur d’une automobile allemande correspond à ses composants venant d’Italie [5]). Les qualités de cet outil industriel expliquent que l’Italie soit le 3ème pays d’excédent commercial de l’Union Européenne (la France étant le pays dont le déficit est le plus important) et qu’au cours de la dernière décennie, les exportations italiennes ont été les plus dynamiques du G7 [6].

    L’Italie tient également une place significative en matière de recherche fondamentale et dispose d’instruments de recherche particulièrement novateurs utilisés dans le cadre de coopérations mondiales [7].

    Enfin, l’instabilité gouvernementale qui a longtemps caractérisé l’Italie n’est plus de mise aujourd’hui. Giorgia Meloni est l’une des rares personnes au pouvoir en Europe à être sortie renforcée du scrutin européen, son gouvernement a déjà dépassé la durée moyenne des gouvernements italiens des cinquante dernières années, et la présidente du conseil reste, après plus de deux ans de pouvoir, la personne politique préférée des Italiens. Les dirigeants européens ne peuvent pas tous en dire autant.

    A l’heure ou la Grande-Bretagne renforce son ancrage anglo-saxon – tout en cherchant à palier certaines conséquences du Brexit – et où l’Allemagne fait face à la fois à une remise en cause de son modèle économique (perte de l’approvisionnement en gaz russe à bon marché et chute des exportations en Chine) et à une instabilité politique nouvelle, la France aurait intérêt à raffermir ses liens avec l’Italie. Celle-ci pourrait l’aider à équilibrer un dialogue franco-allemand qui évolue régulièrement, avec l’appui de la présidente de la Commission européenne, en faveur de nos voisins et à notre détriment. Deux dossiers récents illustrent ces possibilités de convergence : Giorgia Meloni a annoncé officiellement son souhait de recourir au nucléaire [8] pour son approvisionnement énergétique et l’Italie a rejoint la France et la Pologne dans leur opposition au traité du Mercosur, auquel l’Allemagne est favorable.

    Certaines faiblesses de l’Italie, souvent invoquées, méritent d’être relativisées quand on les compare aux performances de la France. La croissance économique italienne est faible, 0,9 %, mais celle de la France n’est qu’à peine plus élevée : 1 %. Le chômage est significatif, mais moindre qu’en France (6,2% contre 7,5%). Le fort endettement public est très préoccupant (137% du PIB contre 112% en France) ; mais la dette italienne est prioritairement détenue par des Italiens (35%) alors que la dette française l’est par des étrangers (54%), ce qui accroît les risques de déstabilisation financière externe. De plus, l’endettement privé est beaucoup plus faible en Italie qu’en France : 95,3% du PIB contre 136,6%. Si le spread [9] italien est encore supérieur au français, il décroît alors que celui de la France augmente : le premier est passé, en un an, de 180 à 108 pb alors que le second a augmenté de 50 à 90 pb.

    Les vraies faiblesses de l’Italie sont ailleurs. Son taux de natalité est extrêmement faible (6,7 pour mille contre 10,6 pour mille en France), ce qui menace le dynamisme économique futur du pays. Son approvisionnement en énergie repose pour l’essentiel sur les importations, ce qui est à l’évidence un facteur de dépendance. L’économie informelle est importante et par définition hors de contrôle. Enfin, sa politique étrangère est ultra-atlantiste et l’influence des Etats-Unis sur la politique italienne est très forte, si bien qu’on peut s’interroger sur les véritables marges d’autonomie du pouvoir italien en la matière.

    Les deux pays ayant, dans de nombreux domaines, des intérêts communs, la France aurait tort de se priver de l’atout que serait, sur certains dossiers importants et en particulier au sein des instances de l’Union européenne, une convergence avec l’Italie. Un « accord du Quirinal » a bien été signé entre les deux pays en 2021 mais n’a guère eu de suites. Faisons le vivre !

     Certains, bien sûr, diront que Madame Meloni pense mal. On pourra leur répondre que le peuple italien est souverain pour penser ce qu’il veut et qu’il ne s’agit pas pour la France de discuter avec un parti, dont le pouvoir est transitoire, mais avec un pays, qui demeure quels que soient ses dirigeants. Ou qu’il ne faudrait pas jeter l’opprobre sur un dirigeant qui, contrairement à d’autres que l’on fréquente, n’a pas cherché à influencer ou déstabiliser une puissance étrangère, ni à faire assassiner un opposant. Et que Mme Meloni bénéficie, si l’on en croit les sondages, d’un appui populaire dont rêveraient tous ceux qui dirigent, ou aspirent à diriger, la France.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 16 décembre 2024)

     

    Notes :

    [1] Allemagne 84 millions d’habitants, France 68, Italie 59, Espagne 48.

    [2] Allemagne 4122 Md€, France 2803, Italie 2085, Espagne 1462.

    [3] Elle n’a été admise qu’en 1955, à la suite d’un long processus politique et administratif. Bien évidemment, elle ne dispose pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie).

    [4] Ces entreprises sont particulièrement actives dans les secteurs de l’aéronautique, notamment militaire (Leonardo, anciennement Finmeccanica), l’espace (c’est grâce à Avio que l’Europe a pu se doter, avec Vega, d’un lanceur spatial léger), les missiles (Leonardo est l’un des trois actionnaires du missilier MBDA), la construction navale (Fincantieri). Lorsque des coopérations internationales d’ampleur sont envisagées, ces grands groupes italiens ne se retrouvent pas toujours (de leur fait ou de celui de leurs partenaires) dans les équipes auxquelles la France participe : pour le programme d’avion de 6ème génération SCARF[4] l’Italie s’est alliée à la Grande-Bretagne et le Japon, qui rivaliseront avec l’Allemagne, l’Espagne et la France ; de même, pour le char du futur Leonardo, longtemps tenté par le programme franco-allemand confié à l’industriel binational KNDS, a finalement choisi de s’allier à l’autre grand industriel allemand Rheinmetall pour fabriquer un char concurrent. De même, le rapprochement entre Fincantieri et les Chantiers de l’Atlantique a fait long feu en 2021.

    [5] Aussi les sous-traitants italiens subissent-ils actuellement les conséquences des difficultés des constructeurs allemands.

    [6] Elles ont augmenté de 48%, contre 28% pour la France et 27% pour l’Allemagne.

    [7] En particulier le Laboratoire du Gran Salto pour les recherches sur les particules et VIRGO, près de Pise, pour les recherches sur les ondes gravitationnelles.

    [8] L’Italie pense en priorité aux petits réacteurs dits SMR (small modular reactor).

    [9] L’écart entre le taux d’intérêt des obligations publiques d’un pays avec celui de celles d’Allemagne est d’autant plus élevé que la confiance à l’égard des finances publiques du pays est faible. Il se mesure en points de base (pb), qui sont l’écart entre les taux intérêt (une différence de taux entre 3,10% et 3,20% induit un spread de 10 pb).

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  • Albert Roche, premier soldat de France...

    Les éditions Bamboo viennent de publier une bande-dessinée de Julien Hervieux (scénario) et Eric Stalner (dessin) intitulée Albert Roche et consacrée une figure héroïque de l'armée française pendant la première guerre mondiale, tombée dans l'oubli...

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    " Son nom ne vous dit rien. Et pourtant il est l'un des plus grands héros de la Première Guerre mondiale... En 1914, alors que tous les hommes sont appelés au Front, Albert Roche, petit paysan drômois, est réformé, jugé trop chétif par les médecins militaires. Pourtant le jeune chasseur alpin souhaite se battre et rejoindre ses camarades sur le champ de bataille. Grâce à sa détermination, et aussi un peu à son insolence, il est envoyé en première ligne. Au milieu des combats sanglants, le jeune homme enchaîne les exploits. Et en 1918, le bilan est époustouflant : Albert Roche a été blessé neuf fois et a fait 1 180 prisonniers allemands en trois ans de guerre. Un héros hors du commun. Mais un héros oublié... "

     

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  • Grande réinitialisation : que faire ?...

    Le 16 décembre 2024, Pierre Bergerault recevait, sur TV libertés, David Engels à l'occasion de la réédition dans une version augmentée de son essai intitulé Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La nouvelle Librairie, 2024).

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                             

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  • Vivre libre...

    Les éditions Points viennent de publier Vivre libre, un recueil de textes d'Henry de Monfreid, avec une préface d'Arnaud de Lagrange.

    Aventurier, pirate, trafiquant d'armes et grand admirateur de Mussolini, Henri de Monfreid (1879-1974) est l'auteur de nombreux récits d'aventure, qui ont connu un immense succès...

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    " Henry de Monfreid avait caché dans ses archives un trésor, puzzle de son « testament spirituel », aujourd'hui reconstitué. À travers une interview, un questionnaire (de Proust), ou de multiples textes inédits, il nous parle de lui et de la vie vraie. Celle qui ne s'encombre pas des conventions. Et dans la plus pure tradition des conteurs du soir, il nous donne envie de vivre. Vivre libre. "

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  • Renovatio Cloaca...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Montalte, cueilli sur le site de la revue Éléments, dans lequel il cingle la soumission à la bêtise gluante qui nous étouffe et en appelle à une grande aération...

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    Renovatio Cloaca

    Des remugles remuent dans la peine de l’aube, bien navrante, et je végète dans un cloaque d’ennui, et je ne suis pas seul. Je réclame du neuf ! Du neuf, du neuf ! Renovatio, etc. Mais le précepte « tenir bon » s’accroche à nos basques, comme un glaiseux qui suppure tantalesquement. « Et voici que je fais toutes choses nouvelles » ! Non ! Tu abomineras toute initiative, tout poil qui dépasse, hirsute, de cette face glabre que j’ai voulue pour toi, de toute éternité… Nous nous mouvons, en somme, dans la dimension du Temps, en plein cœur de la relativité générale qui nous restreint dans nos mouvements, même dans ceux de l’esprit. Et tout nous relativise : l’univers, l’espace-temps, Ségolène Royal en décongélation, Xavier Bertrand en fermentation, nos pulsions, nos motions, tout !

    Je vais vous dire ce que j’en pense : tenir bon c’est dangereux pour la santé du ciboulot. Pendant que les autres saccagent, soumissionnent pépère dans les colonnes de Libé, saluent les nouveaux maîtres débonnaires d’Alep qui distribuent chariatiquement des vivres aux habitants, vous tenez bon. Pendant que Marcon allocutionne sur le thème « C’est pas ma faute à moi », réminiscence de L.O.L.I.T.A., vous tenez bon ! C’est une posture épuisante, une claustration évidente. À ce rythme-là, nous finirons tous au cabanon. Tant va la cruche à l’eau… C’est terrible de voir à quel point les hommes, sous ce régime ramollissent, fondent, dégoulinent, s’oblitèrent dans les ondes, sont annihilés par cette tourbe, ingérés par le devenir-fourmilière du monde, et le blabla sonore, pontifiant-chiant, grotesquement collabo-pourri.

    Vous vous dites sûrement : « Une fois embastillé en HP, j’aurai tout loisir de me droguer, et à l’œil en plus ! » Sans doute, mais n’oubliez pas une chose : cette plantureuse infirmière que vous reluquez, dont les miches affriolantes vous émoustillent, n’a qu’une seule préoccupation en ce qui vous concerne : votre posologie. Pareille relation sédative ne peut vous combler. Elle vous prive du plus-que-vie fourni d’ordinaire par les liesses dionysiaques de la bagatelle. Et, dans ces endroits, il est interdit de se livrer aux charnelles effusions : c’est un axiome d’hygiène mentale. Demandez à Artaud. Je l’entends qui s’énerve, à l’écho lointain de Rodez : « Ceux qui font si bien des façons […] ceux qui remuent des idéologies ayant pris rang dans l’époque, ceux dont les femmes parlent si bien […] qui parlent des courants de l’époque […], (vous) barbes d’ânes, cochons pertinents, maîtres du faux verbe, trousseurs de portraits, feuilletonistes, rez-de-chaussée, herbagistes, entomologistes, plaie de ma langue. »

    Ce qu’il faudrait

    Hegel, l’ogre à l’Absolu métaphysico-stomacal, tenait pour suffisant, en matière de réfutation d’une philosophie, le reproche qu’elle procure de l’ennui. Oui, bon sang ! Et Céline, sur ce chapitre, s’exprime tranquillement, ce qui n’est pas dans ses habitudes : « L’écueil c’est l’ennui. » Et de vous à moi, on se fait bien chier. Il faut le dire sans ambages. Une fois que c’est sorti, on se sent beaucoup mieux. On peut vaquer à ses occupations, checker ses mails, se préparer un latte Machiatto bien tarlousifiant. On peut ENFIN respirer.

    Dans sa monographie consacrée à Rabelais pour la collection Écrivains de toujours, Manuel de Diéguez déclare : « Vraiment, de toute notre histoire, le XVIe siècle est aujourd’hui le plus proche du nôtre : ce n’est pas une ombre que nous évoquerons en parlant de Rabelais. » Si l’analogie valait pour le XXe siècle auquel l’auteur fait référence, elle porte avec plus de vraisemblance encore s’agissant du XXIe siècle. En effet, nous vivons une époque de nouvelle scolastique, étriquée, insipide et fielleuse par-dessus le marché. Un nouveau Rabelais, déployant sa verve, entouré de ses géants rigolards, ne serait pas de trop pour enfoncer ces laquais de la non-pensée et démantibuler leurs sophismes dans une orgie de rires gargantuesques ! Hegel : « La vérité est le délire bachique où il n’y a pas un seul membre qui ne soit ivre. »

    Petit rappel, au passage, venant du napolitain Giambattista Vico : « Les peuples sont d’abord naturellement cruels ; ils deviennent ensuite sévères, puis bienveillants, délicats ; et enfin ils s’énervent. » En somme, on en a vraiment plein le cul. Pardonnez mon plagiat de Tyler Durden, c’est mon côté deleuzien, schyzo-analyste à mes heures perdues.

    Longtemps, si je me souviens bien, nous avons cru pouvoir dénoncer les truismes, aberrations, sophismes et absurdités, en un mot la Bêtise, escomptant sur ce vilipendage en règle pour se soustraire à son chancre érosif. Le temps, hélas, des Bouvard et Pécuchet bien indentifiables, est révolu. Et si c’était fini, me susurre à l’oreille le corbeau pique-assiette qui me dévore. Le tout, semble-t-il, et qui rassasie les fioles fragiles, c’est d’accoucher de conneries closes, comme il existe des maisons closes. Louer les pensées comme des catins, pour mieux les souiller, pour mieux s’en aller. Et se purger de l’esprit, de son résidu de pus. S’agenouiller, s’abêtir – bien en-deça du conseil pascalien et loin de ses objectifs d’automatisation sotériologique. La bêtise a essaimé. Elle s’est mise à migrer, à engloutir, à forclore, à tout circonscrire. La bêtise, le conformisme, la sclérose et l’atrophie mentale, la gangrène de l’animal-machine, le langage empaqueté, standardisé, calibré, sont autant de flux de néant à l’horizon de l’occident. Les abrutis sont légion, ils déambulent, zombifiés, grouillant en pur paître, patibulaires et satisfaits. Ils détiennent l’avenir, en sont les légataires-concessionnaires, exclusifs propriétaires.

    « C’est à cela même dont l’esprit se contente qu’on peut mesurer l’importance de sa perte. » Hegel, Phénoménologie de l’Esprit. La perte est grande, certes, mais l’idée de cette perte est minuscule, indiscernable, tant il va de soi qu’on ne saurait s’exprimer qu’en égrenant des évidences vides, des énoncés livides. La gauche et sa scolastique éculée, avenue de la post-modernité spongiforme, ne sont pas seules en cause. Il est par trop commode de projeter dans une altérité irréductible à soi, aussi hétérogène à soi que la presse française au souci de la vérité. Le mal qui nous ronge est en nous, hors et en nous, comme disait Pascal de Dieu. Oui, la bêtise est substance divine, omnipotente, omniprésente, omnichiante, franchement lassante. Elle est tout ce qui génère les formes mortes, contre lesquelles Dominique de Roux s’était insurgé, dans le sillage de Gombrowicz. Elle n’appartient à aucun camp politique, à aucune école philosophique. Elle est cette pâte à tout remodeler, qui, selon l’injonction paulinienne, ne fait pas acception des personnes. Tentaculaire et gluante, elle attend son magazine Pulp dédié. Divine anti-trinitaire, elle est un monothéisme très pur, sans dogme et pourtant munie d’un clergé se démultipliant comme les têtes de l’Hydre.

    Jean Montalte (Site de la revue Éléments, 13 décembre 2024)

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