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Métapo infos - Page 22

  • Tolga Bilener : « Historiquement, la Turquie a toujours profité de l’affaiblissement de l’Iran »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien de Daoud Boughezala avec Tolga Bilner, directeur du Centre de recherches stratégiques de l'université Galatasaray (Turquie),cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la victoire stratégique obtenue par la Turquie en Syrie.

     

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    Tolga Bilener : « Historiquement, la Turquie a toujours profité de l’affaiblissement de l’Iran »

    ÉLÉMENTS : Début décembre, au terme d’une offensive éclair, les rebelles syriens menés par le groupe islamiste Hay’at Tahrir-Cham ont chassé Bachar al-Assad du pouvoir. Quels liens la Turquie entretient-elle avec les divers mouvements qui ont pris le pouvoir à Damas ?

    TOLGA BILENER. Ankara entretient des relations complexes avec une multitude d’organisations sur le terrain. Les troupes turques sont présentes sur le sol syrien depuis 2016 et la Turquie était l’une des puissances garantes de la zone démilitarisée d’Idleb. Donc effectivement, les responsables turcs étaient en contact permanent avec divers groupes rebelles. Pourtant, l’allié principal de la Turquie était l’Armée nationale syrienne (ANS), Hayat Tahrir al-Cham restant qualifié jusqu’ici de terroriste par Ankara. La relation entre HTC et l’ANS étant quelque peu complexe, avec une certaine hostilité mais aussi une porosité, Ankara ne s’est finalement pas opposé aux attaques menées contre Alep par des groupes dirigés par Hayat Tahrir al-Cham fin novembre et l’a soutenu en fournissant essentiellement du renseignement.

    ÉLÉMENTS : C’est donc une victoire militaire, diplomatique et idéologique pour Recep Tayyip Erdoğan…

    TOLGA BILENER. Il s’agit surtout d’une victoire diplomatique, sans oublier la dimension de politique intérieure : le président turc avait besoin de cette victoire pour la présenter à son électorat. Depuis 2011, la Turquie a souhaité le départ d’Assad et elle a beaucoup investi en ce sens. Il faut savoir aussi qu’il existe une continuité dans la politique étrangère turque : Ankara a toujours considéré la Syrie comme une sorte d’affaire intérieure.

    ÉLÉMENTS : Entre agenda intérieur et ambitions géopolitiques, quels objectifs le président turc poursuit-il en Syrie ?

    TOLGA BILENER. Tout d’abord, il faut éviter le démembrement de la Syrie. Deuxièmement, il faut ne pas avoir un gouvernement hostile au pouvoir à Damas. Troisièmement, il y a les intérêts économiques : la Turquie voudrait obtenir la part du lion dans la reconstruction du pays. Quatrièmement, la lutte contre le terrorisme du PKK/PYD et des organisations affiliées, pour faire en sorte que le territoire syrien ne serve pas de base arrière à des militants armés kurdes qui frapperaient la Turquie. Enfin, il y a la question des réfugiés syriens. La Turquie abrite à ce jour 3,7 millions de Syriens. Si une partie de ceux-ci rentrait chez eux, ce serait déjà pas mal. Pour résumer, l’objectif de la Turquie est de faire en sorte que la Syrie soit un pays stable qui n’exporte pas ses problèmes.

    ÉLÉMENTS : C’est aussi une préoccupation d’Israël. Tout en dénonçant les crimes de guerre perpétrés à Gaza, Erdoğan a-t-il bénéficié des conséquences géopolitiques du 7 octobre 2023 (écrasement du Hezbollah, chute d’Assad…) ?

    TOLGA BILENER. La Turquie s’est montrée critique vis-à-vis d’Israël depuis le début des opérations militaires à Gaza. Elle a d’abord proposé sa médiation, ensuite elle a dénoncé le sort réservé aux Palestiniens et dernièrement, elle a décidé de se joindre à la requête sud-africaine devant la Cour internationale de justice contre Israël. Cependant, Ankara ne va pas non plus se plaindre de l’affaiblissement des proxys de l’Iran. Historiquement, et là, je remonte aux temps impériaux, la Turquie a toujours profité dans la région de l’affaiblissement de l’Iran, et vice-versa. Cela n’est que le reflet des complexités des relations régionales. L’ennemi de mon ennemi ne devient pas forcément mon ami.

    ÉLÉMENTS : À la faveur du changement de pouvoir à Damas, certains observateurs craignent une partition à la libyenne, ou à l’irakienne, avec un État failli confronté à des guérillas locales. Quel type de régime serait capable de tenir les rênes de cette société morcelée ?

    TOLGA BILENER. Toutes les options sont sur la table en Syrie et il est trop tôt pour savoir quelle trajectoire prendra ce pays. L’idéal serait évidemment une Syrie qui préservera son intégrité territoriale, non menaçante pour ses voisins et capable d’assurer la sécurité et le bien-être de ses citoyens. Mais il ne faut pas oublier que l’on est au Proche-Orient. Les problèmes fondamentaux de la région ne sont pas du tout réglés, à savoir la question palestinienne, les rivalités géopolitiques, les problèmes économiques, le déficit démocratique, la pression démographique… Je ne vois pas comment la Syrie pourrait surmonter ses problèmes dans un avenir proche. De toute façon, qu’on le veuille ou non, ce n’est pas à Damas que tout se décidera. La Syrie est un pays si important que l’on ne va pas laisser aux seuls Syriens les décisions concernant leur destin. L’avenir de ce pays dépendra des tractations et des rivalités entre les pays de la région, ainsi que des grandes puissances dans les années à venir.

    ÉLÉMENTS : La capitulation de l’armée syrienne et le départ d’Assad semblent d’ailleurs avoir été négociés entre puissances…

    TOLGA BILENER. On entend souvent dire que la chute de Bachar al-Assad a été fulgurante. Il est vrai que la toute dernière phase n’a pris que 12 jours, mais c’est quand même 13 ans + 12 jours. Le changement du régime syrien a été un processus lent, sanglant et alambiqué dans son ensemble. Il est pour le moment impossible de savoir exactement quelles ont été les négociations menées pour aboutir au résultat final. Néanmoins, j’ai du mal à croire que tout cela serait négocié uniquement entre les pays que vous avez évoqués, sans l’implication, directe ou non, des États-Unis, d’Israël, des pays européens qui sont présents sur le terrain avec leurs forces spéciales, mais aussi avec leurs services de renseignement… Il serait plus raisonnable de penser qu’il y a eu plusieurs négociations en parallèle à différents niveaux avec différentes parties prenantes.

    ÉLÉMENTS : Malgré l’ancrage d’Ankara de l’OTAN et ses divergences d’intérêt avec Moscou et Téhéran, ces trois puissances ont-elles forgé un partenariat eurasien ?

    TOLGA BILENER. Les relations entre la Turquie, l’Iran et la Russie ont un arrière-plan historique d’au moins six siècles. Ce sont trois pays dont les intérêts sont tantôt divergents, tantôt convergents. Il serait exagéré de dire qu’ils ont constitué un partenariat, car il existe un frein naturel à cela : la Turquie fait partie du système d’alliance occidentale. C’est un pays membre de l’OTAN, de l’OCDE, du Conseil de l’Europe et candidat à l’adhésion à l’UE. Cela n’empêche évidemment pas la Turquie de se coordonner avec la Russie et l’Iran sur certains dossiers, car elle n’a tout simplement pas le luxe d’ignorer ces pays ou de les antagoniser en permanence. D’ailleurs, la Turquie vise à renforcer son dialogue avec tous les acteurs extra-occidentaux ces dernières années tout en demeurant dans les structures occidentales, comme on peut le constater par son intérêt vis-à-vis des BRICS+. Il est évident qu’Ankara souhaite renforcer son autonomie stratégique, multiplier ses partenaires économiques, devenir un acteur capable de parler à tous ; et son ancrage dans le système occidental ne l’empêchera pas de coopérer avec d’autres pays au cas par cas. Rester alliée de l’Occident mais pas alignée… Ajoutez à cela l’ambition turque de développer une industrie militaire robuste, les projets de centrales nucléaires pour réduire sa dépendance à l’extérieur en vue de renforcer son autonomie stratégique… Peut-être, après tout, la Turquie ne fait que mettre en œuvre une version turque de la politique étrangère gaulliste ! Ce n’est pas le pire des modèles.

    ÉLÉMENTS. Grande pourvoyeuse de drones, la Turquie possède aussi des infrastructures d’acheminement des hydrocarbures. La chute d’Assad relance-t-elle les projets de gazoducs entre la Turquie et Israël ou entre le Qatar et la Turquie ?

    TOLGA BILENER. Il existe une véritable « guerre des corridors » dans la région : les nouvelles routes de la soie, le projet IMEC de l’Inde, ainsi de suite. La Turquie développe ses propres projets en la matière, comme celui du « Corridor central » (Orta Koridor) qui a pour objectif de renforcer la connectivité entre le continent européen et la Chine via l’Asie mineure. Ensuite, il existe le projet de la Route du développement (Kalkinma Yolu) qui vise à construire des infrastructures autoroutières et ferroviaires reliant la Turquie et l’Irak, jusqu’à Bassorah.

    Le projet de gazoduc entre le Qatar et la Turquie, est une idée vieille de 20 ans, et des itinéraires alternatifs sont à l’étude. Est-ce qu’on pourra passer par le territoire saoudien et syrien, ou est-ce qu’il serait plus avantageux d’utiliser le Kalkinma Yolu (NDLR : projet de corridor logistique aussi appelé « route du développement » reliant l’Irak à la Turquie puis à l’Europe) pour cela ? À suivre.

    Quant à un éventuel gazoduc/oléoduc entre la Turquie et Israël, tant que Netanyahu reste au pouvoir et que la question palestinienne reste ce qu’elle est actuellement, je vois mal comment ce projet pourrait être mis en place. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui l’Azerbaïdjan est un fournisseur important de pétrole pour Israël via la Turquie, à travers l’oléoduc BTC. Par ailleurs, pour une nouvelle infrastructure en Méditerranée orientale, il faudrait aussi régler les différends concernant le partage des espaces maritimes autour de Chypre. Vaste sujet !

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  • Les snipers de la semaine... (285)

    audrey d'aguanno, transgenrisme, h16

     

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Breizh-Infos, Audrey D'Aguanno rafale le cinéma bobo, à la fois nul et gavé de subventions...

    La nullité du cinéma bobo français récompensée à sa juste valeur ?

     

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    - sur Hashtable, H16 dézingue la Haute Autorité de Santé (!...) et sa soumission aux délires du transgenrisme...

     La Haute Autorité de Santé veut vous faire payer les transitions de genre d’une minorité bruyante

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  • Feu sur la désinformation... (495) : Presse subventionnée, presse aux ordres ?

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et présentée par Lucas Chancerelle.

     

                                               

    Au programme cette semaine la question du financement de la presse avec les aides directes et indirectes de l’Etat français. Des subventions qui financent une propagande bien rodée et des journalistes, ainsi que des médias, en qui les Français n’ont plus confiance. Entre gaspillage de l’argent public et sponsor du politiquement correct, il est temps de repenser ces dépenses faites avec l’argent du contribuable…

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  • Paroles de rebelles...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un recueil d'entretiens entre Christian Bouchet et quelques jeunes militants de la mouvance nationaliste-révolutionnaire sous le titre Paroles de rebelles - Entretiens avec une jeunesse dissidente.

    Christian Bouchet est éditeur et a été un des principaux animateur de la mouvance nationaliste révolutionnaire française à partir du début des années 90.

     

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    " Il n’en est pas un sur cent et pourtant ils existent : les nationalistes révolutionnaires. Une jeune garde s’efforce de maintenir vivante la flamme de cet idéal.

    Christian Bouchet a choisi d’explorer treize parcours militants – une enquête précieuse qui témoigne de la vision d’une nouvelle génération aux itinéraires variés, confrontée à des enjeux cruciaux, évoluant dans un écosystème hostile, et subissant une répression considérablement accrue.

    Certaines divergences se manifestent quant à la définition de l’ennemi géopolitique, concernant notamment la délicate question ukrainienne, dans une tension problématique avec le concept équivoque d’Occident. A contrario, certains clivages philosophiques jadis déterminants semblent relégués au second plan au profit de la fraternité militante.

    Au Que lire ? des aînés répond la quête d’un Que faire ? plus volontiers orienté vers l’action constructive, mais un regret très vite émerge : « J’ai parfois l’impression que nous sommes les premiers bâtisseurs, que rien ne nous précède… ». Un déficit de transmission vécu comme un handicap. C’est pourtant l’honneur de passeurs tels que les éditions Ars Magna de faire découvrir une culture politique aussi riche qu’originale. Puisse le besoin de s’inscrire dans un continuum se satisfaire par la curiosité et la lecture. "

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  • Ukraine, Proche-Orient : une révolution mondiale ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 14 décembre 2024 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Alain Juillet pour évoquer les bouleversements au Proche-Orient et l'instabilité géopolitique mondiale...

    Alain Juillet a été Haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès des premiers ministres de 2003 à 2009 (Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et François Fillon), après avoir été, notamment, officier au service Action du SDECE, cadre dirigeant dans plusieurs entreprises du secteur privé et directeur du renseignement à la DGSE.

     

                                             

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  • Plaidoyer pour le petit peuple...

    Les éditions Tallandier ont récemment publié un essai historique de Claude Gauvard intitulé Passionnément Moyen-Âge - Plaidoyer pour le petit peuple. Claude Gauvard est professeure émérite d’histoire médiévale à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. 

     

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    " Aimer le Moyen Âge, c’est embrasser mille ans d’histoire. C’est, dans ce temps long, traquer les images stéréotypées : chaos, violence, rudesse des mœurs… Si les élites échappent parfois à ce sombre tableau, les petites gens en constituent la cible privilégiée.

    Ce livre rassemble une vingtaine de textes, écrits par l’une des plus éminentes spécialistes du Moyen Âge pour déconstruire cette image qui alimente nos fantasmes : la réalité est autre. Les archives permettent de décrire une société forte du respect de la tradition, ancrée dans un temps rituel, où hommes et femmes ont des rôles séparés et complémentaires.

    N’imaginons pas une société passive, écrasée par le poids des dominations – certes nombreuses. Les petites gens des derniers siècles du Moyen Âge participent à la construction de l’État, manifestent leur opinion et, au sein du royaume de France, deviennent des sujets politiques. "

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