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Métapo infos - Page 259

  • Civiliser ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Moriamé, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux émeutes et à leurs causes profondes.

     

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    Civiliser

    Le narratif médiatique et la sociologie fabriquent des victimes – et un coupable : la France, l’État français, le racisme systémique. On connaît la rengaine. C’est au contraire la crise de l’État, la crise des institutions, la vacance de l’autorité qui créent les conditions d’une insurrection. C’est au contraire l’État qui est à reconstruire, et la France avec lui, sous réserve que cette dernière ne soit pas submergée par l’immigration.

     

    Jean-Louis, la soixantaine et quelque peu dégarni, calfeutré dans la pénombre de son studio, fixait fébrilement son téléphone portable. Soudain, l’heure tant attendue s’afficha. C’était son moment. Il se saisit de son cabas à roulette, inspira un grand coup et ouvrit la porte de son appartement. Se remémorant les exercices appris lors de son service militaire, il descendit tel un félin les escaliers et arriva dans le hall. Jonché de détritus, tagué, occupé par un canapé éventré et exhalant une âcre odeur d’urine, celui-ci était comme il l’espérait : vide. À cette heure, il ne risquait rien, « ils » dormaient. 

    Marchant sur le trottoir, tout en restant le plus possible collé aux immeubles afin de passer inaperçu, Jean-Louis ne pouvait que déplorer les dégâts causés par les émeutes depuis déjà plusieurs jours dans sa ville de banlieue. Carcasses de bus et voitures brûlées, mobilier urbain saccagé, bris de verre et déchets omniprésents étaient désormais son quotidien. Reclus depuis longtemps chez lui, il ne s’était résolu qu’à sortir pour remplir son frigo vide.

    Arrivé devant son supermarché habituel, il le trouva grand ouvert, vitres défoncées suite à un énième pillage. Après avoir regardé hâtivement autour de lui, il s’engouffra par la brèche. À l’intérieur, il entendit des cris et des rires. Des « jeunes » s’amusaient à renverser les étalages et à vandaliser les marchandises, tout en se filmant et en multipliant les mises en scène les plus bestiales. Rampant vers le rayon bière, demeuré intact, il se servit avant de rentrer chez lui. À défaut de se nourrir, il pourrait boire pour oublier.

    La victimisation

    À ses dépens Jean-Louis était devenu l’acteur d’un film qui ressemblait beaucoup à la dernière série dystopique qu’il regardait sur Netflix. 

    Un jeune Français est mort il y a quelques jours, tué accidentellement par un policier à l’occasion d’un contrôle. Personne ou presque ne le connaissait, lui et son histoire, ses déboires avec les autorités. Tous pourtant ont prétendu parler en son nom et en celui des « jeunes de banlieues », tous, des médias à la classe politique, ont voulu donner un sens à ce drame.

    La machine infernale une nouvelle fois a été lancée. Les journalistes ont évoqué le racisme structurel de la police française et ont multiplié les parallèles avec les États-Unis. Les politiques, du Président aux Insoumis, ont immédiatement condamné le policier, sans connaître les faits. Une vidéo d’une dizaine de secondes avait suffi. Ledit jeune a eu le droit à sa minute de silence à l’Assemblée nationale, comme un militaire tué lors d’une OPEX.

    Sa mort a entraîné des émeutes qui, par leur ampleur et leur violence, dépassent celles de 2005. Face aux premières destructions de biens et équipements publics : écoles, centres culturels, mairies, bus, tramways, mais aussi aux scènes de pillage, les médias et les politiciens ont tenté d’expliquer ou plutôt de justifier le chaos. La rengaine est connue : « Les gens de ces quartiers sont discriminés et se sont immédiatement identifiés à ce jeune, victime d’une nouvelle bavure policière. Ils ont, par leur violence, voulu répondre à celle qui leur est faite, excessivement, mais de façon compréhensible. »

    Quand les émeutiers se filment

    Cet argumentaire ne résiste pas à un examen attentif de la situation de ces quartiers, pauvres, mais bénéficiant d’une manne publique bien supérieure à la normale : rénovation urbaine, équipements neufs, moyens scolaires renforcés…

    Aussi, en observant les émeutiers, on s’aperçoit qu’ils procèdent d’une façon plutôt joviale à leurs forfaits. Les pillages et les saccages sont mis en scène, filmés et diffusés en direct sur les réseaux sociaux. Chacun semble aspirer à sa petite minute de gloire et prendre plaisir à assumer et propager des actes pénalement répréhensibles. 

    Il est difficile de déceler dans ces attitudes, mais aussi dans les cibles (tabacs, équipements publics, magasins high-tech ou de sport) un contenu politique ou la volonté d’honorer la mémoire du jeune disparu, dont on ne parle presque plus. 

    Tout ceci a pourtant un sens, ou plutôt, est la marque d’un problème plus profond, dépassant celui des jeunes de banlieue. 

    Ce n’est pas la force démesurée et injuste de la police et de l’État qui a entraîné la mort de jeune et le chaos que nous peinons aujourd’hui à endiguer, mais sa faiblesse, ainsi que celle de nos institutions.

    Les faits qui ont précédé le drame sont symptomatiques : course poursuite d’une trentaine de minutes, multiples refus d’obtempérer, délits de fuite et mise en danger de la vie d’autrui par le conducteur, finalement arrêté par… la circulation. Le policier n’arrivait manifestement pas à faire entendre raison à un jeune de 17 ans. Pour être pris au sérieux, il en a été réduit à sortir son arme. Le drame s’est produit.

    C’est l’État qui est à reconstruire

    L’asymétrie entre les deux protagonistes était évidente. D’un côté, un policier, astreint à des règles, soumis à une hiérarchie qui pousse plus que tout à éviter les contacts et qui sait qu’il ne sera pas soutenu en cas d’incident. De l’autre, un délinquant, jeune et sûr de lui, fort d’un sentiment d’impunité1. Lui aussi, sait qu’en cas d’infraction grave, il écopera d’un rappel à l’ordre ou dans le pire des cas d’un sursis. Le policier sait qu’il ne fait guère peur au délinquant et craint que celui-ci ne tente donc quelque chose contre lui. Engrenage fatal. La bonne vieille peur du gendarme, qui n’existe plus chez certains, aurait probablement sauvé le jeune, victime paradoxale du laxisme de la justice. 

    Cette police qu’on ne respecte plus n’est qu’un des nombreux avatars de l’affaissement de l’État. On pourrait tout aussi bien parler des professeurs, des pompiers ou des personnels soignants, victimes de ce qu’on appelle pudiquement des « incivilités », mais qui eux ne peuvent répondre avec une arme.

    Pour contrer ce délitement et restaurer la paix civile, il ne suffira pas de mobiliser des dizaines de milliers de policiers et de financer une nouvelle fois tout de qui a été brûlé. 

    L’État doit reconstruire les institutions qui permettaient à notre société d’avoir une cohésion.

    Dans un pays devenu multiethnique et multiculturel, en voie de communautarisation et au sein duquel coexistent des populations aux mœurs différentes, les subventions et le « social » ne seront pas des solutions miracles. La pression assimilatrice des Français de souche ou le renvoi massif des immigrés récents dans leurs pays d’origine sont les seules possibilités pour éviter un séparatisme définitif et l’affrontement avec un deuxième peuple sur notre sol. 

    La destruction programmée des institutions

    Le processus délétère auquel nous sommes aujourd’hui confrontés n’est toutefois qu’en partie lié aux immigrés et affecte toutes les classes sociales. Les affrontements qu’on observe, notamment dans les « ZAD » où les immigrés sont peu représentés, illustrent un phénomène plus global.

    Le rejet de l’autorité de l’État trouve ses origines dans la grande déconstruction consécutive aux événements de mai 1968 et à la prise du pouvoir par des catégories sociales qui n’ont eu de cesse de démolir les assises de l’ordre ancien. 

    Le développement depuis les années 80 d’une société fondée sur la seule logique du marché, l’effondrement des structures (chômage de masse, généralisation du divorce, faillite de l’enseignement) et la volonté de faire prévaloir les intérêts de l’individu-roi au détriment du collectif nous ont conduits dans l’impasse où nous sommes aujourd’hui. 

    Notre Président se plaît à employer des mots qui ne sont pas les siens et qu’il ne comprend pas. Récemment, il a évoqué le processus de « décivilisation » que connaissait notre pays. Pour lui, la décivilisation se résume aux actes violents d’une poignée de gens qu’il conviendrait de ramener dans le droit chemin.

    La décivilisation ne se caractériserait-elle pas plutôt par la destruction des institutions qui fixaient une limite à la toute-puissance des individus et garantissaient à l’État, seule autorité transcendant les intérêts particuliers, le monopole de la violence légitime ?

    Que transmet-on aujourd’hui ? 

    Ce n’est pas un hasard si les jeunes d’aujourd’hui mettent le feu et pillent sous le regard des anciens. Cette génération n’a rien connu d’autre que la société décivilisée dans laquelle elle vit. 

    Pour elle, biberonnée à la consommation de masse, dans un univers où la réussite individuelle, sous l’unique prisme de l’argent, est érigée en idéal, dans des structures familiales déliquescentes, avec des programmes télévisés vulgaires tenant lieu de cours d’éducation civique, tout justifie ces actes. 

    Il ne s’agit pas d’exonérer les jeunes de leur responsabilité et de réduire la gravité des pillages. On gagnerait toutefois à se poser la bonne question : que transmet-on aujourd’hui ? 

    Notre modèle de société, qui contient en germe la guerre du tous contre tous, fabrique des monstres sans empathie qui se filment en saccageant. 

    Une réponse ferme et implacable doit être apportée à ces violences, c’est une première étape. Elle ne servira à rien si on ne déconstruit pas les déconstructeurs et ne rebâtit pas un projet collectif capable de fédérer les forces centrifuges, croissantes, de notre pays. 

    Encore faudrait-il pour se faire que nos élites y trouvent leur intérêt et poussent en ce sens. 

    Dans les banlieues françaises comme partout en France, la décivilisation est en marche.

    Pierre Moriamé (Site de la revue Éléments, 4 juillet 2023)

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  • Pour une révolution conservatrice...

    Les éditions Ars Magna poursuivent leur publication des œuvres d'Alexandre Douguine avec un recueil d'articles du début des années 90 intitulé Pour une révolution conservatrice.

    Théoricien politique influent, un moment proche d'Edouard Limonov, Alexandre Douguine est la figure principale du mouvement eurasiste en Russie. Outre L'appel de l'Eurasie (Avatar, 2013), le texte d'une longue conversation entre lui et Alain de Benoist, plusieurs  de ses ouvrages ou recueils de ses textes sont déjà traduits en français comme La Quatrième théorie politique (Ars Magna, 2012), Pour une théorie du monde multipolaire (Ars Magna, 2013), Le Front de la Tradition (Ars Magna, 2017), Les mystères de l'Eurasie (Ars Magna, 2018), Le retour des Grands Temps (Ars Magna, 2019), Les templiers du prolétariat (Ars Magna, 2021), Conspirologie (Ars Magna, 2022) ou Théorie hyperboréenne (Ars Magna, 2023).

     

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    " Les textes publiés dans ce livre ont été rédigés entre 1991 et 1993. Tous sont parus soit dans des journaux et magazines d’orientation « patriotique », soit dans des livres édités par la maison d’édition Arctogaïa.

    Tous sont consacrés à des sujets complètement différents – des problèmes politico-économiques les plus spécifiques de la vie moderne dans la société russe à ceux les plus abstraits de la métaphysique, de la religion et de la méta-idéologie. Malgré une telle variété, ils sont tous unis par une vision-du-monde commune, qui correspond pleinement au titre de ce recueil : la révolution conservatrice.

    Cette vision-du-monde n’est pas une construction abstraite, purement individuelle, mais elle n’est pas non plus une forme idéologique complète et historiquement achevée. Ce n’est pas un modèle tout fait, mais il ne se réduit pas non plus à un projet volontariste fantastique.

    La révolution conservatrice a sa propre histoire, mais en même temps, pour Alexandre Douguine, elle est complètement ouverte à la créativité politique tournée vers l’avenir. "

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  • Jean-Luc Mélenchon, chef émeutier et commandeur des croyants...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 12 juillet 2023, dans laquelle il évoque l'opportunisme gauchiste de Jean-Luc Mélenchon...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                              

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  • Les écrivains et la mer...

    Le quarante-deuxième numéro de la revue Livr'arbitres, dirigée par Patrick Wagner et Xavier Eman, est en vente, avec un dossier consacré aux écrivains et à la mer et un autres aux écrivains de Bourgogne et de Franche-Comté...

    La revue peut être commandée sur son site :  Livr'arbitre, la revue du pays réel.

     

    Livr'arbitres 42.jpg

    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    Plaisirs solittéraires

    Coups de cœur

    Frédéric Bécourt

    Patrick Cloux

    Alexis Legayet

    Frédéric Vitoux

    Actualité

    Thierry Marignac

    Theombogü

    Dossiers

    Les écrivains et la mer

    Écrivains de Bourgogne et de Franche-Comté

    Entretien

    Christiane Rancé

    Christophe Bourseiller

    Jean-Pierre Montal

    Michel Maffesoli

    Renaud de Sainte-Marie

    Polar

    Thibaut Solani

    Simenon

    Jack Voukassovitch

    Jean-Michel Conrad

    Fabrice Finance

    Réédition

    Hamsun

    Inédit

    Epicure

    Saint-Loup

    Histoire - Panorama

    Culture Yiddish

    Cause noire

    Cuba

    Roland Laudenbach

    Biographie

    Janet Malcom

    David Labreure

    Essai

    Jean-François Roseau

    Gérard Oberlé

    Guillaume Vuillemey

    Stanislas Berton

    In Memoriam

    Pierre Loti

    Roland Jacquard

    Cinéma

    Jacques Lourcelle

    Entretien avec Pierre Cormary

    Alain Crescuicci

    Cinéma politiquement incorrect

    Laurent Cantet

    Film Fight Club

    Carrefour de la poésie

    Robert Brasillach

    Peinture en prose

    Poésie de Christine Desfeuillet et Grégory Rateau

    Littérature jeunesse

    Notre-Dame de Paris

    Bande dessinée

    Les trois mousquetaires

    Nouvelle

    Volontaire

     

     

     

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  • La chimère du vivre ensemble et les médias face aux émeutes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme qui revient sur le traitement par les médias des émeutes ethniques qui ont mis notre pays à feu et à sang pendant près d'une semaine.

     

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    La chimère du vivre ensemble et les médias face aux émeutes

    Depuis une cinquantaine d’années, le journalisme de grand chemin est un outil indispensable pour véhiculer le fantasme du vivre-ensemble. Cette chimère a du plomb dans l’aile depuis les émeutes qui ravagent notre pays depuis le mercredi 28 juin 2023. Malgré ces événements, certains médias s’attachent à cette utopie tandis que la presse est parfois prise pour cible lors de ces affrontements. Entre gymnastique mentale et incohérences flagrantes, petit tour d’horizon de la presse française en période de pré-guerre civile.

    Des journalistes pris pour cibles

    Dans ce climat de chaos, les photographes, cameramen et reporters sont les plus exposés. En tout, ce sont près d’une dizaine de journalistes qui ont été agressés, volés et tabassés durant ces émeutes. Venus de rédactions très différentes, nous observons que ces journalistes ont été pris pour cible car ils étaient sur les lieux des émeutes, parfois confondus avec un policier. Ainsi, un journaliste du Point, deux journalistes du Figaro, un photographe de Libération et deux journalistes d’Al Jazeera ont été visés. La presse locale a elle aussi été ciblée : des journalistes d’un média de Besançon et enfin un journaliste de Ouest-France ont eux aussi fait les frais du chaos. Certaines agressions ont été particulièrement violentes. Le photographe de Libération a été frappé avec un pavé à l’arrière de la nuque, le journaliste du Point a été tabassé à coups de pierres par certains émeutiers. Notons que même des rédactions « indulgentes » — pour ne pas dire plus — avec les émeutiers, comme Libération ou Al Jazeera, ont été ciblées. Souvent le récit est le même : ces journalistes étaient présents dans un point chaud, souvent après le départ de la police, et prenaient des photos lorsqu’ils ont été pris pour cible.

    Les vidéos cachées par les autorités

    Si elle est malmenée par le bas, la presse est aussi malmenée par le haut avec le gouvernement. Face à une situation qui lui échappe, le gouvernement a voulu feindre la maîtrise de la situation en contrôlant les images qui étaient postées sur les réseaux sociaux. C’est dans cette optique que les services du ministère de l’Intérieur sont rentrés en contact avec le directeur adjoint de Cerfia, l’un des comptes Twitter les plus populaires qui diffusé des vidéos des émeutes, permettant aux usagers de voir ces dernières autrement que par le prisme des chaînes d’information ou de la presse mainstream. Comme l’explique Pierre Delcombel, directeur adjoint de Cerfia, à Libération : « Ils [les services du ministère de l’Intérieur] nous ont demandé notre soutien pour faire passer un peu les bonnes infos et apaiser la situation. ». Si rien n’obligeait Cerfia à accepter cette demande, le simple fait de vouloir contrôler l’information fait tache dans un pays où l’indépendance de celle-ci est érigée en dogme. Rien de nouveau pour nos lecteurs assidus.

    Les réseaux sociaux révèlent le réel que L’Obs veut cacher

    Les réseaux sociaux ont été une source primordiale d’informations durant ce chaos. Comme l’a souligné Pierre Sautarel, de FdeSouche, sur son compte Twitter, durant cette période l’information a été avant tout l’apanage d’une poignée d’anonymes sur des canaux Telegram. La presse de gros tirages était occupée à minimiser les événements. Un exemple nous est fourni avec L’Obs. Dans un papier publié dimanche 2 juillet 2023, le journal titre : « aucun incident majeur n’a été recensé dans la nuit de samedi à dimanche ». Un constat très loin de la réalité, mais en accord avec le récit gouvernemental. Dans la nuit de samedi à dimanche 2 juillet 2023, le maire de la commune de L’Haÿs-les-Roses, Vincent Jeanbrun, a été victime d’une attaque à la voiture bélier enflammée à son propre domicile. Sa femme a eu le tibia cassé, ses enfants étaient également présents. Durant cette même nuit, à Mulhouse, six pompiers ont été victimes d’une tentative d’assassinat. Ajoutons des pillages encore nombreux ainsi que des affrontements tendus à Marseille et vous aurez ce que L’Obs appelle une nuit sans « aucun incident majeur ». Sans doute sous la pression de ses lecteurs, ou dans un instant de lucidité, le journal a renommé son article « Première nuit d’accalmie dans la nuit de samedi à dimanche ». Un réajustement qui colle davantage à la réalité, mais qui euphémise la réalité. Notons que l’article ne parle pas de l’attaque de Vincent Jeanbrun.

    La cagnotte comme dérivatif

    Lorsqu’elle n’euphémise pas la violence de ces émeutes, une partie de la presse cherche d’autres cibles. L’une d’elles est la cagnotte mise en place pour soutenir la famille du policier ayant tué Nahel (nous écrivons bien Nahel et non pas Naël comme certains l’ont repris fautivement). Le Monde, dans un papier du 3 juillet 2023, se demande « comment l’extrême droite instrumentalise la cagnotte de soutien à la famille du policier ? ». Comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes, qu’importe le contexte, une partie de la presse revient toujours sur l’hydre qu’est l’extrême droite. Libération a lui aussi fait son petit commentaire sur cette cagnotte. Dans un article du 2 juillet, le journal note que l’idée de cette cagnotte « ne vient pas de n’importe qui : Jean Messiha, soutien d’Éric Zemmour et agitateur approximatif des plateaux de télévision ». Nous retombons dans la tambouille que nous avait faite France 5 il y a quelque temps. Le même article souligne que Jean Messiha a dû se tourner vers la plateforme GoFundMe, un organisme américain, après avoir vu sa première cagnotte bloquée par Tipeee. Enfin, Libération évoque la tentative des Sleeping Giants de bloquer cette cagnotte, un sujet que nos lecteurs connaissent bien. Hélas pour les censeurs, le site américain a jugé la cagnotte en accord avec les termes d’utilisation de son site.

    Deux claques et au lit

    Une déclaration a fait couiner Libération, la phrase du préfet de l’Hérault, Hugues Moulouh, qui a préconisé « deux claques et au lit » aux parents des jeunes émeutiers afin de calmer les ardeurs de leur progéniture. Dès lors, il n’en fallait pas plus pour que Libération, dans un article du 3 juillet, parle de « méthode forte ». Citant quelques personnes proches de La France Insoumise, l’article parle de « phrase-choc », tandis que la fin du papier souligne les liens du préfet avec Nicolas Sarkozy. Mater des émeutes, des pillages, des attaques et des tentatives d’assassinat par « deux claques », une méthode-choc selon Libération. Voilà qui ferait une belle synthèse.

    Un autre élément qui a fait réagir est la constitution de groupes de défense dans certaines villes pour faire face aux pilleurs. Certains, issus de l’extrême droite, ont permis à la presse mainstream de retomber dans son jargon habituel de lutte contre cette menace fantôme en mettant sous le tapis les débordements en banlieues.

    Le NYT plus réaliste

    Dans ce climat tendu, la presse internationale n’a pas manqué de réagir. Dans un article, le New York Times parle de « problèmes qui traînent depuis longtemps ». L’article fait le lien entre les émeutes et des problèmes d’identités latents depuis plusieurs années en France, évoquant les minorités qui résident dans les quartiers qui se révoltent. De manière globale, peu de papiers font le lien entre ces émeutes et les minorités immigrées. Souvent, ce lien est fait seulement pour insister sur le racisme de la police française et de l’État.

    Nous aurions pu souligner d’autres éléments. Comme le silence relatif sur les appels — à moitié voilés — à la révolte que fait La France Insoumise, encourageant sans le dire les émeutiers, requalifiés en « révolutionnaires politiques ». La presse de grand chemin et le gouvernement préfèrent lutter contre les « vraies menaces », comme le colloque de l’Action française ou une journée d’hommage à Dominique Venner au nom de ce qui « pourrait » y être dit.

    Ojim (Observatoire du journalisme, 5 juillet 2023)

     

     

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  • La constante de Théodore...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un nouveau polar de Frédéric Rouvillois intitulé La constante de Théodore, dans lequel on retrouve son duo d'enquêteurs, le commissaire Lohmann et la capitaine Morin.

    Professeur de droit public à l’université Paris-Descartes, Frédéric Rouvillois est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire des idées comme Histoire de la politesse (2006), Histoire du snobisme (2008),  tous deux disponibles en format de poche dans la collection Champs Flammarion, L’invention du progrès (CNRS éditions, 2010), Être (ou ne pas être) républicain (Cerf, 2015) ou Liquidation - Emmanuel Macron et le saint-simonisme (Cerf, 2020).

    Il a également dirigé avec Olivier Dard et Christophe Boutin, le Dictionnaire du conservatisme (Cerf, 2017), le Dictionnaire des populismes (Cerf, 2019) et le Dictionnaire du progressisme (Cerf, 2022).

    Enfin, il a publié récemment un roman, Les fidèles (Pierre-Guillaume de Roux, 2020) et trois polars, Un mauvais maître (La Nouvelle Librairie, 2020), Le Doigt de Dieu (La Nouvelle Librairie, 2021) et Tout le pays est rouge (La Nouvelle Librairie, 2022), avec les mêmes enquêteurs.

     

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    " Un soir pluvieux rue Lafayette, un banal accident de circulation ôte la vie à Camille Léouzon-Leduc, alias C2L, une sémillante quadragénaire que tout le monde surnomme « la belle personne » : brillante énarque, inlassablement dévouée aux autres, lanceuse d’alertes, fondatrice d’une start-up, Home(s), venant en aide aux femmes migrantes, elle a tout pour être érigée en icône. Mais était-ce vraiment un accident ? Et Camille Léouzon-Leduc est-elle aussi blanche que le laisse penser son surnom ? Plongés dans les mondes troubles de l’humanitaire et de la diplomatie, des princesses arabes et des anciens du FSB, les embûches vont se multiplier pour le commissaire Lohmann et la capitaine Morin, dans la plus mouvementée (et la plus sanglante) de leurs enquêtes. Jusqu’à ce qu’ils découvrent l’impensable. "

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