Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 255

  • Le canular, nouvelle arme de guerre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Héléna Perroud cueilli sur Geopragma et consacré à l'utilisation du canular comme arme. Russophone, agrégée d'allemand, ancienne directrice de l'Institut Français de Saint-Petersbourg et ancienne collaboratrice de Jacques Chirac à l'Elysée, Héléna Perroud a publié un essai intitulé Un Russe nommé Poutine (Le Rocher, 2018).

     

    Vovan et Lexus.jpg

    Le président Macron, piégé en 2019 par un canular de Vovan et Lexus

     

    Le canular, nouvelle arme de guerre

    Dans le conflit qui se joue sur le sol ukrainien il est toujours aussi difficile, huit mois après le début de « l’opération militaire spéciale » décidée par la Russie le 24 février dernier, de distinguer les informations fausses des informations justes qui sont véhiculées par les media ou les réseaux sociaux et qui contribuent à forger l’opinion publique dans les deux camps.

    Les exemples d’informations partielles, déformées ou carrément fausses, sont pléthores. On peut citer un reportage récent sur BFM, le 19 octobre, de la journaliste Anne-Laure Banse, opportunément interrompue par un problème technique lorsqu’elle dit que les Ukrainiens bombardent à Kherson des infrastructures civiles comme des hôpitaux. On peut citer le journal télévisé de 20h sur France 2 le 10 août dernier qui présentait, sur un ton particulièrement angoissant, comme un « missile russe tombé à quelques mètres de la centrale nucléaire de Zaporijia » ce qui était en réalité une inoffensive cheminée. Après plusieurs jours de flottement, la chaîne publique a présenté un message d’excuse et d’explication. A la télévision russe, où le reportage français avait été abondamment commenté, on expliquait que les images avaient été fournies par un agence américaine…

    Si on quitte le champ audiovisuel national, la désinformation ou le manque d’information sont  bien sûr présents aussi.

    Ainsi côté russe, le porte-parole du ministère de la défense Igor Konachenkov, qui rend compte quasi quotidiennement des opérations militaires menées par l’armée russe, détaille méthodiquement la destruction des véhicules, chars, avions ukrainiens et les pertes humaines de l’armée de Kiev ; il est extrêmement discret sur les pertes humaines russes alors que les enjeux démographiques ont toujours été au premier plan de la politique menée par le Kremlin depuis l’accession de Vladimir Poutine au poste de président. La faiblesse démographique de la Russie est sans doute le talon d’Achille principal du pays. Même si une politique très énergique est menée depuis 2007 pour encourager la natalité et prolonger l’espérance de vie, la Russie continue de perdre des habitants, conséquence mécanique des deux saignées de « la grande guerre patriotique » et ses 27 millions de morts et de la crise profonde des années 90 qui a fortement fait chuter la natalité. Le taux de fécondité s’est relevé par rapport au début des années 2000 : de 1,16 en 2000 il est monté à 1,76 en 2017 pour redescendre ensuite et ce chiffre est maintenant un objectif à atteindre pour 2030. Mais le seuil d’accroissement naturel d’une population est au-delà de 2,1 enfants par femme et la Russie en est encore loin. L’espérance de vie a certes augmenté également depuis 2000 mais reste très en-deçà des 80 ans, qui est l’objectif à atteindre d’ici 2030 et qui est la norme depuis longtemps pour la plupart des pays occidentaux. L’immigration vers la Russie, qui était une source d’accroissement importante de la population, est aussi en chute. Les prévisions moyennes de Rosstat font état d’une chute globale de la population russe de l’ordre d’un demi million d’habitants d’ici 2030. Dans ce contexte, la perte de jeunes gens pleins d’avenir du fait du conflit armé prend évidemment une ampleur particulière. Cet élément a participé sans aucun doute à la sidération et à l’incompréhension qui a pu se faire jour dans l’opinion publique russe au début du conflit, tant la contradiction était flagrante entre les ravages démographiques liés à la guerre et la ligne suivie par le Kremlin depuis des années, les nombreuses déclarations du président disant qu’il était comptable de chacun dans le décompte de la population russe. Autre élément relevé ces derniers mois, plus léger ; sur les réseaux sociaux russes a pu apparaître, au moment où les entreprises occidentales commençaient à quitter la Russie courant mars, l’information selon laquelle le groupe LVMH soutenait l’opération militaire spéciale en éditant des bijoux qui reprennent les lettres V et Z, lettres qui sont devenues les « marqueurs » de l’opération côté russe. Une recherche rapide montre que les bijoux en question, s’ils existent bel et bien, sont très antérieurs au 24 février 2022… Plus grave, on se souvient des nombreuses déclarations de la commissaire aux droits de l’homme ukrainienne, Ludmila Denissova, sur les supposés viols commis par l’armée russe sur les civils ukrainiens – hommes, femmes et enfants. Peu de media occidentaux ont fait écho à sa démission forcée le 31 mai, à la demande du Parlement ukrainien, pour insuffisance de preuve de ses déclarations et tout simplement mensonge.

    Cette femme, parmi d’autres personnalités ukrainiennes, a été la cible d’une arme de guerre nouvelle apparue dans ce conflit, à laquelle les Russes donnent le nom anglo-saxon de  « prank ». Si elle ne tue pas, elle couvre de ridicule la personne ciblée et permet surtout des aveux destinés au grand public qui révèlent le double discours de certains et éclairent l’actualité d’un jour tout à fait nouveau.

    Vovan et Leksus sont des noms qui ne diront rien à la grande majorité du public francophone. Et pourtant ces deux noms enflamment la toile russe depuis des mois et sont même devenus les figures de proue de RuTube, le YouTube russe, leur chaîne YouTube ayant été censurée. S’ils exercent leur « art » depuis des années, depuis le début du conflit en Ukraine leur activité a pris un tour particulier et ils enchaînent les entretiens à sensation avec des personnalités de premier – ou de second –  plan qui ont part au conflit.

    Leur dernier « show » est leur dialogue le 18 octobre avec Sergueï Pashynski, ancien député de la Rada qui a la haute main sur les entreprises de défense ukrainiennes. Cet entretien en russe de 27 minutes, sous-titré en anglais, (traduit depuis en français et en espagnol au moins), réunit le responsable ukrainien et l’ancien ambassadeur américain en Russie Mc Faul sous les traits duquel les « prankers » Vovan et Leksus se sont glissés. Il est beaucoup plus instructif de consulter cet entretien plutôt que de le commenter. Il y est ouvertement question de corruption, de soumission aux Américains, du retour impossible pour l’Ukraine aux frontières d’avant le 24 février… Le lecteur curieux le trouvera sans peine, de même que beaucoup d’autres « canulars » imaginés par ces deux trentenaires, de leur vrai nom Vladimir Kouznetsov et Alexeï Stoliarov qui se sont illustrés entre autres en piégeant récemment le ministre britannique de la défense, l’ancien président George Bush, les maires de Berlin Madrid ou Vienne ou des personnalités culturelles comme JK Rowling, Stephen King, David Lynch se faisant passer tour à tour pour Zelensky ou le maire de Kiev Klitchko auprès des personnalités occidentales (et même Poutine auprès d’Elton John, mais c’était il y a quelques années). Auprès des responsables ukrainiens qu’ils piègent ces derniers mois leur identité préférée est celle de l’ancien ambassadeur américain Michael Mc Faul, en poste à Moscou de 2012 à 2014, soutien important d’Alexeï Navalny qu’il n’avait pas hésité à comparer à Gandhi, Mandela ou Havel.

    Les médias officiels russes donnent une large place aux productions de Vovan et Leksus, les diffusant parfois au principal journal télévisé du soir (Programme « Vremia » de la première chaîne), des universités les invitent pour des master-classes. En mai dernier ils avaient fait sensation dans le cadre d’un grand marathon éducatif organisé par les autorités russes pour les jeunes – « Nouveaux horizons » – totalisant plus de 120 millions de vues. Ils avaient intitulé leur intervention : « Le prank intellectuel : nouvelles méthodes pour capter des informations exclusives – théorie et pratique » et avaient illustré leur propos par leur entretien avec George Bush, qui leur avait fait des aveux compromettants.

    A l’approche des célébrations du 11 novembre, on peut avoir une pensée pour Clemenceau à qui on prête ce bon mot : « On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. » A l’ère du numérique, certaines méthodes pour traquer les mensonges sont redoutables. Interrogés par des universitaires russes, Vovan et Leksus estiment que, même si leur approche enfreint les codes éthiques du journalisme puisqu’ils usurpent des identités, leur objectif reste journalistique, dans un contexte de défiance généralisée à l’égard des media. Ils essaient, disent-ils, de traiter de questions sérieuses par des méthodes originales. L’avenir dira quelle influence ces méthodes auront sur la diffusion de l’information et si le « prank-journalisme » s’imposera comme un nouveau courant. Ils reconnaissent que leur éthique à eux est le patriotisme. Et il faut toujours avoir à l’esprit que le mot de patrie s’écrit en russe avec une majuscule, le mot d’Etat avec une minuscule.

    Héléna Perroud (Geopragma, 31 octobre 2022)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le déclin d’un monde...

    Les éditions de L'Artilleur viennent de publier un essai de Jean-Baptiste Noé intitulé Le déclin d'un monde - Géopolitique des affrontements et des rivalités en 2023. Docteur en histoire économique, l'auteur est rédacteur en chef de la revue Conflits.

     

    Noé_Le déclin d'un monde.jpg

    " L’Occident n’a plus le monopole de la puissance. Le rêve universaliste, en vigueur deux siècles durant, s’estompe, laissant place à un monde fragmenté. En ce premier quart du XXIème siècle, les affrontements et les rivalités sont multiples : militaires et politiques bien sûr, mais aussi économiques et civilisationnels. Luttes pour le contrôle des énergies, guerre des monnaies, militarisation de l’Asie, affrontement de la Chine et des États-Unis, de la Russie et de l’Occident par pays interposés ; partout, les épées sont sorties et l’Europe est déjà l’un des principaux champs de bataille.

    En convoquant la pensée des grands auteurs et stratèges, Jean-Baptiste Noé brosse le portrait d’un ancien monde en déclin qui annonce une nouvelle ère pour l’Occident.

    S’appuyant sur les recherches menées par la revue Conflits et sur 40 cartes qui illustrent ses démonstrations, il propose une analyse novatrice de la géopolitique pour mieux appréhender le nouveau monde qui émerge. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Portrait d'un aventurier...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Rémi Soulié, pour évoquer la figure de Jacques Benoist-Méchin, reçoit l'avocat Thierry Bouclier qui lui a consacré une biographie aux éditions Pardès, dans la collection Qui suis-je ?.

    Écrivain, esthète, homme politique, historien et grand voyageur, réputé pour sa connaissance du monde arabe, Jacques Benoist-Méchin est l'auteur de vastes fresques comme son  Histoire de l'armée allemande et Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident, de portraits inspirés de grands personnages, comme Mustapha Kémal, Ibn Séoud, Lawrence d'Arabie ou l'inoubliable Frédéric de Hohenstaufen ("Jamais plus l'Aigle de Souabe ne tracerait ses orbes dans le ciel."...), qu'on retrouve, pour certains, dans sa série Le rêve le plus long de l'histoire, et aussi de mémoires politiques, écrites à chaud, De la défaite au désastre, dont la lecture reste essentielle à qui s'intéresse à la période de Vichy.

     

                                                 

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • La Fabrique du muscle...

    Les éditions L'échappée viennent de publier un essai de Guillaume Vallet intitulé La Fabrique du muscle. Guillaume Vallet est maître de conférences en Sciences économiques à l’université Grenoble-Alpes.

     

    Vallet_La fabrique du muscle.png

    " Multiplication des salles de fitness, foyers équipés en appareils divers, corps musculeux exposés sur les réseaux sociaux, généralisation de la vente de macronutriments, etc. La fascination et la quête du muscle ne sont plus l’apanage des bodybuilders, mais touchent une part croissante de la population qui s’entraîne avec acharnement pour produire un corps désiré. Dans un monde incertain, où règne le sentiment de vulnérabilité et de dépossession, ce travail permet de planifier un projet à soi et pour soi. Si le corps est un espace de souveraineté qui s’inscrit dans une construction identitaire, il est aussi appréhendé comme une ressource valorisable en tant que capital, capable même d’exercer une forme de pouvoir.
    Le processus de transformation de « matière » s’apparente à une fabrique dans laquelle le produit est la part physique de soi-même. Construire du muscle nécessite une grande implication, et la mobilisation de nombreux moyens, gérés rationnellement en vue de maximiser les gains tout en réduisant les coûts de production. Pour analyser le fonctionnement de cette fabrique, ses origines et ses implications psychiques, sociales et économiques, l’auteur s’appuie sur de nombreux travaux sur le sujet, sur ses enquêtes de terrain et… sur sa propre pratique de culturiste. Il nous plonge ainsi au cœur de la machine à faire du muscle. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la délinquance étrangère en France.

     

    Etrangers_Délinquance.jpg

    Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur

    Les médias ont récemment braqué leurs projecteurs sur des faits divers, parfois tragiques, impliquant des étrangers présents en France, légalement ou non. Pour prendre la mesure quantitative de la délinquance étrangère dans notre pays, force est de constater que les statistiques disponibles sont à bien des égards insuffisantes. À la suite d’autres parlementaires et leaders politiques, la sénatrice Valérie Boyer a, il y a quelques jours, interpellé le gouvernement afin d’obtenir davantage d’informations à ce sujet. Dans l’attente d’une hypothétique réponse, il faut se contenter de l’existant. Le présent article recense quelques données chiffrées officielles disponibles, et, parfois, leurs limites.

    Immigré ou étranger ?

    Les statistiques présentées ci-après ne concernent pas les immigrés au sens de la définition du Haut Conseil à l’intégration : est un immigré une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France (1). Les chiffres retenus ne concernent en effet que les personnes de nationalité étrangère présentes en France. Seules des statistiques ethniques permettraient d’appréhender la délinquance parmi la population immigrée au sens de la définition du Haut Conseil à l’intégration, ou au sens plus large qui a cours notamment aux Pays-Bas (personne née de parents d’origine étrangère) (2).

    Les statistiques officielles, un prisme réducteur

    Il est tout aussi important de souligner que les statistiques officielles que nous présentons ne concernent que le nombre de personnes mises en cause, condamnées et écrouées. Elles ne rendent compte qu’imparfaitement de l’ampleur de la délinquance en France, qu’elle soit le fait de Français ou d’étrangers. En effet, de nombreux délits ne sont pas connus des forces de sécurité, et, quand ils le sont, tous ne sont pas élucidés. Seule la partie émergée de l’iceberg est donc présentée.

    Les étrangers parmi les personnes mises en cause en 2021

    Le ministère de l’Intérieur publie chaque année un bilan sur l’insécurité et la délinquance. Ce document comptabilise les procédures relatives aux infractions pénales enregistrées par les services de police et les unités de gendarmerie avant leur transmission à l’autorité judiciaire. La mise en cause pénale ne se traduit pas forcément par une condamnation. L’autorité judiciaire peut par la suite requalifier les infractions et, si la procédure va jusqu’à l’audiencement au tribunal, relaxer ou condamner les personnes mises en cause.

    Selon l’INSEE, les étrangers vivant en France représentaient « officiellement » 7,7 % de la population française en 2021 (3). Cette même année, le bilan établi par le ministère de l’Intérieur fait ressortir que les étrangers ont été fréquemment surreprésentés parmi les personnes mises en cause pour certains crimes et délits (4) :

    Les étrangers présents en France ont représenté en 2021 :

    • 13 % des mis en cause pour violences sexuelles ;
    • 16 % des mis en cause pour coups et blessures volontaires ;
    • 18 % des mis en cause pour homicide ;
    • 22 % des mis en cause pour vols avec arme ;
    • 23 % des mis en cause pour escroquerie ;
    • 31 % des mis en cause pour vols sans violence contre des personnes ;
    • 35 % des mis en cause pour vols violents sans arme ;
    • 40 % des mis en cause pour cambriolages de logements.

    Les dernières informations relatives à l’origine géographique des étrangers mis en cause pour un crime ou un délit produites par l’INSEE remontent à 2019. Celles-ci font apparaître que 37,6 % des étrangers mis en cause pour un crime ou un délit cette année-là étaient issus du Maghreb, 20,6 % étant issus d’autres pays africains (5).

    Les vols et violences enregistrés dans les transports en commun

    Le service statistique du ministère de l’Intérieur recense périodiquement le nombre de personnes mises en cause pour vol et/ou violence dans les transports en commun (6). Le bulletin de septembre 2022 d’Interstats fait ressortir qu’en 2021 :

    • les étrangers représentaient 74 % des mis en cause pour vols sans violence et 50 % des mis en cause pour vols avec violence dans les réseaux de transport en commun hors Île-de-France ;
    • les étrangers représentaient 93 % des mis en cause pour vols sans violence et 81 % des mis en cause pour vols avec violence dans les réseaux de transport en commun en Île-de-France.

    Les ressortissants des pays du Maghreb sont les plus représentés parmi les étrangers mis en cause pour ces infractions, dans une proportion oscillant entre 39 % (vols avec violence hors IDF) et 68 % (vols avec violence en IDF).

    La délinquance des mineurs non accompagnés

    Deux parlementaires ont rendu public en mars 2021 un rapport d’information sur « les problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés » (MNA) (7). Les rapporteurs de la mission d’information soulignent l’absence de statistiques nationales sur la délinquance des MNA. Des auditions et le recueil d’informations glanées ponctuellement leur ont toutefois permis de dresser une tendance : les faits de délinquance de MNA augmentent fortement depuis quelques années.

    Le document contient notamment les informations suivantes.

    Le nombre de MNA déférés au parquet de Paris est passé de 1 557 en 2015 à 2 958 en 2019, soit une progression de + 7 %. Dans le périmètre de la préfecture de police de Paris, le nombre de MNA mis en cause n’a jamais été aussi important qu’en 2020 en nombre (5 046) et en proportion (11 % du total des mis en cause). Les actes délictueux seraient de plus en plus souvent commis avec violence.

    En province, à défaut de données statistiques nationales, les rapporteurs ont obtenu des informations de responsables départementaux de la sécurité publique. Ainsi, dans le département de la Gironde, « 23 % des mis en cause mineurs étaient MNA en 2018, contre plus de 40 % en 2020 ».

    Les condamnations

    Les informations les plus récentes du ministère de la Justice relatives au nombre de condamnations selon la nationalité et la nature des infractions concernent l’année 2020 (8). Celles-ci font ressortir les éléments suivants :

    • 305 condamnations ont été prononcées du chef d’une infraction criminelle (homicide, coup et violence, viol, etc.) à l’encontre d’étrangers en 2020, soit 17,64 % du total des condamnations (1 732). Les nationalités les plus représentées parmi les personnes étrangères condamnées pour une infraction criminelle sont la nationalité algérienne (54) et marocaine (36).
    • 72 750 condamnations ont été prononcées du chef d’un délit (vols, escroquerie, destruction, dégradation) à l’encontre d’étrangers en 2020, soit 18,72 % du total des condamnations (463 445). Les nationalités les plus représentées parmi les personnes étrangères condamnées pour un délit sont la nationalité algérienne (12 934), marocaine (8 368) et tunisienne (5 503).

    Les personnes écrouées en France

    Le ministère de la Justice publie chaque trimestre des statistiques sur les personnes écrouées en France (9). Il est important de signaler qu’écroué ne veut pas systématiquement dire condamné. Le bureau de la donnée de l’administration pénitentiaire précise à ce sujet qu’« est écrouée toute personne ayant fait l’objet d’une mise sous écrou. L’écrou est l’acte par lequel est établie la prise en charge par l’administration pénitentiaire des personnes placées en détention provisoire ou condamnées à une peine privative de liberté ». Le placement sous écrou peut se traduire par une autre mesure que la détention, comme le placement sous surveillance électronique ou le placement à l’extérieur sans hébergement.

    Les étrangers représentaient en octobre 2021 (derniers chiffres disponibles) 24,9 % des personnes écrouées et détenues. Les Africains représentaient 56,9 % des étrangers écroués et détenus, les Algériens 20,2 %, les Marocains 12,9 % et les Tunisiens 6,5 %.

    Ces différents chiffres montrent donc indéniablement une surreprésentation des étrangers parmi les personnes mises en cause pour certains crimes et délits, parmi les personnes condamnées et parmi les personnes écrouées.

    Paul Tormenen (Polémia, 25 octobre 2022)

     

    Notes :

    (1) Immigré. Définition. Site de l’INSEE.
    (2) Michèle Tribalat. Assimilation : la fin du modèle français. Ed. du Toucan. 2013.
    (3) Population immigrée et étrangère en France. Données annuelles de 1921 à 2021. INSEE.
    (4) « Insécurité et délinquance : bilan statistique 2021 ». Ministère de l’Intérieur.
    (5) « Sécurité et société ». Auteurs des mis en cause par la police et la gendarmerie selon la nationalité. Année 2019. INSEE.
    (6) « Les vols et violences enregistrés dans les réseaux de transports en commun en 2021 ». Interstats Analyse n° 48.
    (7) « Problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés ». Mission d’information. Jean-François Eliaou et Antoine Savignat. Assemblée nationale. Mars 2021.
    (8) Nombre de condamnations selon la nationalité des condamnés et selon la nature de l’infraction. Ministère de la Justice. 21 décembre 2021.
    (9) Statistique trimestrielle des personnes écrouées en France. Situation au 1er octobre 2021.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Itinéraire de la gauche judiciaire...

     

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai d'Hervé Lehman intitulé Soyez partiaux ! - Itinéraire de la gauche judiciaire. Ancien juge d’instruction, avocat au barreau de Paris, Hervé Lehman, qui a été, en 2011, membre de la commission de réforme de la procédure pénale, est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages dont L’air de la calomnie - Une histoire de la diffamation (Cerf, 2020).

     

    Lehman_Soyez partiaux.jpg

    " Ils sont contre la bourgeoisie. Contre les frontières. Contre la prison. Qui sont-ils ? Des juges. Que veulent-ils ? Faire eux-mêmes la loi. D'où viennent-ils ? Du Syndicat de la magistrature, fondé aux lendemains de Mai 68. Leur but ? Révolutionner la justice. " Soyez partiaux. Ayez un préjugé favorable pour l'ouvrier contre le patron, pour le voleur contre la police ", proclamaient-ils.

    Ils sont contre la bourgeoisie. Contre les frontières. Contre la prison. Qui sont-ils ? Des juges. Que veulent-ils ? Faire eux-mêmes la loi. D'où viennent-ils ? Du Syndicat de la magistrature, fondé aux lendemains de Mai 68. Leur but ? Révolutionner la justice. " Soyez partiaux. Ayez un préjugé favorable pour l'ouvrier contre le patron, pour le voleur contre la police ", proclamaient-ils.
    C'est leur itinéraire que décrypte ici Hervé Lehman. Des salles des prétoires aux cabinets ministériels, des projets de loi aux coups médiatiques, des actions contestataires aux conquêtes hiérarchiques, voici la face cachée d'un véritable mouvement politique. Sa doctrine, ses méthodes, ses acteurs. Ses " petits juges rouges " et son " mur des cons ". Sa volonté de prendre le pouvoir sur l'autorité judiciaire.
    Une page secrète et enfin révélée de notre histoire et de notre République."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!