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Métapo infos - Page 263

  • Youri Gagarine, l'ange du prolétariat...

    Les éditions 21G viennent de publier une bande-dessinée du scénariste Alex Nikolavitch et du dessinateur Félix Ruiz consacrée au héros de la mission Vostok 1 et intitulée L'ange du prolétariat - Une vie de Youri Gagarine.

     

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    " « C'est magnifique, quelle beauté ! » 12 avril 1961, Youri Gagarine, à l'origine simple ouvrier mécanicien, entre dans l'histoire comme le premier humain dans l'Espace. Derrière cet homme seul qui tourne autour de la Terre, des équipes de scientifiques hors du commun ont été mobilisées dans le plus grand secret. Choisi pour incarner le triomphe du communisme au temps de Nikita Khrouchtchev, Youri Gagarine va devenir à ce point célèbre qu'il lui sera interdit de retourner dans l'Espace par peur d'un accident fatal... "

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  • « Blanquer et Ndiaye partagent l’un et l’autre la matrice libérale »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Ambroise Tournyol du Clos à Boulevard Voltaire pour évoquer la situation de l'éducation nationale. Professeur agrégé d'histoire, Ambroise Tournyol du Clos a publié Transmettre ou disparaître - manifeste d'un prof artisan (Salvator, 2021).

     

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    Ambroise Tournyol du Clos : « Blanquer et Ndiaye partagent l’un et l’autre la matrice libérale »

    Qu'avez-vous pensé des deux controverses autour du bac, cette année ? Est-ce anecdotique ou révélateur ?

    Ambroise Tournyol du Clos. L’anecdote, si elle n’est pas traitée comme telle, c’est-à-dire de manière superficielle, a toujours de quoi nous enseigner sur une époque. À ce titre, le bac 2022 offre à notre réflexion quelques indices éloquents des grandes difficultés auxquelles est aujourd’hui confrontée l’Éducation nationale. L’un des sujets du bac de français en lycée professionnel a semé le doute et, sur les réseaux sociaux, l’indignation et la zizanie : « Selon vous, le jeu est-il toujours ludique ? » Que des élèves de première aient pu se heurter au sens du mot « ludique » est d’abord d’une cruelle ironie. Car, au fond, quel mot résume mieux que celui-ci les canons actuels de la pédagogie et l’ambiance à laquelle ils ont été confrontés durant une bonne partie de leur scolarité. Ayant passé par pertes et profits tout désir sérieux de transmission d’une culture exigeante, les inspecteurs en visite dans ces classes s’inquiètent d’abord de savoir si le cours est suffisamment ludique. Qu’on leur indique alors un serious game, une classe inversée et transversale, l’intervention de comédiens ou une séance de ciné et l’on sera quitte de leurs attentes didactiques ! Le sujet ne manquait pourtant pas de saveur, mais seule une pédagogie sérieuse pouvait préparer nos impétrants à approfondir la question du jeu.

    L’autre controverse liée au bac concerne l’extrait d’un roman de Sylvie Germain, Jours de colère, publié en 1989, et qui, après avoir rencontré l’incompréhension d’une partie des lycéens, a littéralement déchaîné les passions tristes sur les réseaux sociaux : « Car tout en eux prenait des accents de colère, même l’amour. Ils avaient été élevés davantage parmi les arbres que parmi les hommes, ils s’étaient nourris depuis l’enfance des fruits, des végétaux et des baies sauvages qui poussent dans les sous-bois et de la chair des bêtes qui gîtent dans les forêts. » Comment ne pas tirer d’étroite correspondance entre l’énumération sauvage et poétique de ce texte et le défoulement verbal, creux et barbare qu’il a suscité ?
    Privés de mots autant que de liberté intérieure, les insurgés de et d’Instagram illustrent de manière exemplaire la crise de la culture dans laquelle nous sommes plongés. Celle-ci est d’abord une crise de l’attention et de la lecture – j’entends des classiques, parce qu’on me rétorquera bien vite que les ados n’ont jamais autant lu -, pulvérisée par les écrans et la littérature bas de gamme (mangas), en famille comme à l’école. Il nous faut retrouver le chemin des humanités. La formation du cœur et de l’intelligence ne peut se passer de cette révérence ressentie à la lecture des grands textes de la littérature et de la philosophie comme à travers chaque discipline qui se donne la peine de dévoiler le sens du monde et de la vie. Là, dans l’étrangeté belle et irréductible des dialogues socratiques, de la tragédie classique ou de l’histoire médiévale, l’élève est appelé à se dessaisir de lui-même, de ses opinions comme de ses sentiments les mieux fondés, pour découvrir l’intelligence qui le précède et qui désormais l’oblige. « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la dépassent ; elle n’est que faible, si elle ne va pas jusqu’à connaître cela », écrit Pascal.

    Le choix de Pap Ndiaye au ministère de l'Éducation nationale a fait beaucoup gloser. Vous a-t-il étonné ? 

    A. T. du C. Comme tout le monde, j’ai été dans un premier temps surpris par cette nomination. On pouvait difficilement imaginer contraste idéologique plus accusé avec son prédécesseur Jean- Blanquer. Il m’est pourtant apparu très vite qu’il s’agissait d’une manœuvre politique dont les conséquences institutionnelles seraient quasiment nulles, en somme une rupture en trompe-l’œil.

    On s’est abondamment inquiété, et l’on a eu raison de le faire, des positions intellectuelles du nouveau ministre de l’Éducation nationale. Tenant des Black studies, qui transfèrent le principe de la lutte des classes dans le domaine des identités ethniques, Pap Ndiaye n’a pas manqué de prendre position à diverses reprises sur la question postcoloniale et d’afficher sa sympathie pour les militants woke issus du courant américain Black Lives Matter.

    Néanmoins, sur le fond, la rupture est sujette à caution. Si Blanquer a tenu un discours conservateur sur la question scolaire, ses mesures ont largement contribué à la dégradation d’une école qui n’allait déjà pas bien. À rebours du bon sens affiché, les politiques éducatives des cinq dernières années ont paru creuser le désastre. La réforme du lycée a détruit la logique de la classe au profit d’innombrables groupes de spécialités qui se croisent sans se connaître. La relation pédagogique en sort profondément affectée, l’individualisme renforcé. Quant au niveau, le hiatus est considérable entre les ambitions démesurées des nouveaux programmes de Spé et les lacunes dont souffrent de nombreux élèves dans la maîtrise des savoirs fondamentaux.
    Sous couvert de générosité, le discours lénifiant sur « l’école inclusive » ajoute encore un élément de complexité à notre institution scolaire déjà bien mal en point : il conforte la médicalisation des difficultés scolaires, contribue à la déresponsabilisation de nos élèves et force les professeurs à multiplier les aménagements spécifiques de manière souvent dérisoire. Loin d’avoir été revalorisée, la carrière enseignante a par ailleurs continué à se prolétariser : le recrutement de professeurs contractuels n’a cessé d’augmenter, fragilisant la profession autant que la transmission. Le métier n’attire plus, comme en témoigne la baisse inquiétante du nombre de candidats au CAPES. Enfin le bac, comme examen national et anonyme, a été largement détricoté et remplacé par un dispositif anxiogène et complexe. Le contrôle continu jette nos élèves dans l’angoisse dès le premier jour de l’année et pousse de nombreux collègues à ajuster leurs notes à la demande des familles. L’algorithme Parcoursup impose sa loi d’airain, utilitariste, aux apprentissages scolaires : passés les vœux au mois de mars, de nombreux élèves, qui se sentent quitte vis-à-vis de l’école, prennent la poudre d’escampette ou multiplient plus discrètement les absences perlées. Quant aux trois galops d’épreuves restants (spécialités, philosophie, grand oral), leur dispersion de mars à juillet rend l’année scolaire illisible.

    Blanquer et Ndiaye ont beau se distinguer sur la forme, le premier affectant un discours conservateur sur la transmission, le second un discours émancipateur issu des post-colonial studies; ils partagent l’un et l’autre la matrice libérale qui commande aujourd’hui notre institution. Selon cette logique, l’école est sans cesse sommée de s’adapter aux évolutions du moment, ce qui suppose à la fois d’encourager la compétition et de vanter la diversité, à défaut de réduire les inégalités dont le marché du travail sait bien se satisfaire.
    Rupture en trompe-l’œil avec l’ère Blanquer, censément conservatrice, la nomination de Pap Ndiaye est une belle ruse politique d’Emmanuel Macron. Inattaquable par la droite, au nom de l’épouvantail antiraciste, adulé par la gauche qui s’empressera de partager son wokisme, le nouveau ministre pourra poursuivre en toute impunité le processus de libéralisation et de bureaucratisation de l’école, engagé depuis bien longtemps.

    Une récente note des renseignements généraux a fait remonter de nombreux incidents au collège liés « aux vêtements religieux ». Parallèlement, une école de a concentré sur elle les feux médiatiques en interdisant le port de la jupe à deux petits garçons. Faites-vous un lien entre ces deux événements ?

    A. T. du C. Ces deux événements relèvent de deux logiques contradictoires qui traversent aujourd’hui la et dont l’école constitue à la fois la caisse de résonnance et le point de crispation. D’une part, l’extension du communautarisme musulman, qui se traduit notamment par la multiplication des signes d’appartenance religieuse. D’autre part, l’extension infinie des droits individuels, en particulier dans le domaine de la morale sexuelle. Loin de répondre à ces défis, l’Éducation nationale, gouvernée à la fois par le principe d’ et l’idéal multiculturaliste, se targue de pouvoir faire se tenir côte à côte toutes les composantes de la nation sans les contraindre à ne rien sacrifier de leurs identités particulières. En témoigne la circulaire Blanquer relative aux élèves transgenres (octobre 2021). Le libéralisme moral sur lequel la modernité s’est fondée renonce à définir le bien commun. L’intérêt général suffit, qui renvoie chacun à son indépendance individuelle. L’expérience de l’altérité et l’acceptation de contraintes que nous n’avons pas choisies nous offrent pourtant la plus haute des libertés : conquise par le détour d’un arrachement à soi, la liberté nous est restituée, plus complexe et plus vraie, à travers la relation à l’autre. Nous voudrions aujourd’hui faire l’économie de cet effort dont nous ne percevons plus la nécessité sans voir que ce refus met en péril la communauté politique. L’École devrait, bien au contraire, se donner les moyens d’assumer un discours de sens et de responsabilité capable d’offrir à nos élèves l’horizon du Bien, du Beau et du Vrai.

    Ambroise Tournyol du Clos (Boulevard Voltaire, 26 juin 2022)

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  • Blondin : 100 ans...

    La revue Raskar Kapac, dirigée par Maxime Dalle,  vient de publier son hors-série n°3 consacré à Antoine Blondin.

     

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    " Après un premier numéro Hors-Série consacré à l’écrivain François Augiéras (toujours disponible), puis un numéro spécial consacré à Blake et Mortimer, la momie part avant l’été sur la piste du Tour de France avec l’écrivain Antoine Blondin. Dans ce numéro exceptionnel au format d’affiche élégante tirée et pliée sur beau papier, vous retrouverez notamment un entretien inédit et testamentaire d’Antoine Blondin réalisé par Jean-François Coulomb des Arts avant la mort de l’auteur. “- Ah, voilà ma femme…” Ainsi débute l’interview, rue Montalembert.

    Vous découvrirez également une conversation aussi riche que fleuve où surgiront des analyses indisciplinées de l’œuvre de Blondin, des anecdotes hussardes aussi drôles qu’intempestives,  des bravades mousquetaires biberonnées à la Suze, en compagnie d’Eric Neuhoff, de Philippe Delaroche et de Jean-François Coulomb (tous trois fils spirituels de Déon, Laudenbach et Jacques Laurent) qui ont accepté de croiser le fer avec la jeune garde raskar-kapienne soit : Maxime Dalle, Archibald Ney et Simon Bernard. Bref, un hommage vibrant au singe en hiver, à ses bistrots et à sa mélancolie charmeuse. "

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  • Le conservatisme a-t-il encore un avenir ?...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Rémi Soulié, pour évoquer la question du conservatisme, reçoit Paul-Marie Coûteaux, haut fonctionnaire, essayiste, directeur de la rédaction de la revue Le Nouveau Conservateur, Bérénice Levet, philosophe, auteur notamment du Crépuscule des idoles progressistes (Stock, 2017), et Frédéric Rouvillois, professeur de droit public à l’Université Paris-Descartes, co-directeur, avec Olivier Dard et Christophe Boutin, du Dictionnaire du conservatisme (Cerf, 2017).

     

                                                

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  • « L’esprit public » ou la dernière flibuste...

    Les éditions Dualpha viennent de publier un ouvrage de Jean-Pierre Brun intitulé « L’esprit public » ou la dernière flibuste. Juriste, Jean-Pierre Brun est l'auteur de plusieurs études historiques centrées sur la période de la guerre d'Algérie.

     

    Jean Brune, Raoul Girardet, Philippe Héduy, Jacques Laurent, Jules Monnerot, Roger Nimier

    " En 1960, un groupe d’universitaires, d’hommes de lettres et de journalistes (Jean Brune, Raoul Girardet, Philippe Héduy, Jacques Laurent, Jules Monnerot, Roger Nimier…) décide la création d’un organe de presse destiné à contrebattre les batteries et les feux gaullistes qui préparent l’ultime offensive décolonisatrice.

    Deux notables algérois, l’universitaire et député Philippe Marçais et l’avocat Marcel Kalflèche, recueillent les fonds nécessaires à la réalisation d’un tel projet.

    En décembre 1960 paraît le premier numéro de ce nouveau venu dans la presse sous le titre L’Esprit Public.

    La réaction répressive du Pouvoir ne tarde pas. Les perquisitions, les saisies et les procès intentés à ses contributeurs, se multiplient.

    En juin 1962, la fin de l’Algérie française étant consommée, se pose alors la question de l’avenir de l’entreprise. Force est de constater que L’Esprit Public est un « O.P.N.I » (Organe de Presse Non Identifié) . Ce n’est pas un journal d’opinion, mais un outil de combat, ce que le comité de rédaction reconnaît explicitement : « Un journal comme le nôtre, fondé par des hommes venus d’horizons assez éloignés en fonction du seul combat algérien, peut-il encore exister ? »

    Cet ouvrage se propose d’évoquer cette aventure journalistique qui reste unique dans l’histoire de la Ve République tant par la qualité que par l’éclectisme de son équipe rédactionnelle. "

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  • Le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux résultats des élections législatives.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

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    Succès du RN : le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre

    Ce devait être la martingale infaillible : pour la présidentielle, un duel Macron-Le Pen conduisant la gauche extrême à voter pour le premier afin de « faire barrage » à la seconde. Et pour les législatives, la même gauche en repoussoir pour effrayer le bourgeois et présenter Ensemble comme un recours. Las, il suffisait de regarder les mines réjouissantes des médiacrates, dimanche soir, pour se douter que cette belle manœuvre avait échoué.

    Caramba, Jupiter s’est planté !

    Non seulement la NUPES n’atteint pas du tout les scores mirifiques que nous promettaient les instituts de sondage – ce qui démontre en passant le caractère hautement « scientifique » de leurs travaux ! – mais avec 89 élus, le RN enregistre une progression sans précédent.
    Au point que le Président Macron ne dispose pas de la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale et se retrouve de fait dans une situation de cohabitation non-désirée, obligé de constituer des alliances de circonstance, comme au bon vieux temps de la quatrième république.

    Caramba, Jupiter s’est planté !

    Les astrologues médiatiques tombés dans un puits

    Trop occupés à faire la promotion de la NUPES, les médias mainstream (plus de 50 % du temps de parole donnés aux candidats NUPES sans que cela ne gêne l’Arcom !) et les instituts de sondage ont en effet totalement sous-estimé deux phénomènes :

    • d’une part, la très grande déception, pour ne pas dire plus, de l’opinion devant la réélection d’Emmanuel Macron, le gendre de moins en moins idéal ;
    • d’autre part, l’inquiétude que suscitait la perspective d’un second mandat sans aucun contrepoids politique. Inquiétude renforcée par le ralliement ostensible d’Emmanuel Macron au camp des bellicistes anglo-saxons et par son indifférence affichée aux conséquences catastrophiques des sanctions antirusses.

    Les experts de plateaux télé ont aussi négligé que la diabolisation de Reconquête avait aussi servi l’image du RN et que si l’union de la droite ne se faisait pas au niveau des états-majors, elle pouvait se faire dans les urnes. Il est d’ailleurs probable qu’une alliance RN-Reconquête au premier tour des législatives aurait amplifié la débandade des candidats macroniens, globalement dépourvus d’implantation locale réelle.

    Raison garder

    La belle percée électorale du RN, malgré tous les obstacles placés sur sa route, témoigne de son implantation populaire. Elle confirme aussi qu’en politique le désespoir absolu est bien la sottise absolue.
    Mais il faut cependant raison garder.

    D’abord l’histoire parlementaire abonde d’exemples où de braves gens, élus sous une étiquette de rupture, ont été vite digérés par le régime. Ce fut notamment le cas des élus poujadistes sous la IVème république[1].

    Sur ce plan la gauche échappe généralement à ce péril car elle est plus motivée idéologiquement et plus disciplinée.
    Le RN, dont l’expérience parlementaire est limitée, va donc devoir faire preuve de vigilance et de compétence afin d’éviter cet écueil.

    La France ingouvernable, vraiment ?

    Ensuite, il faut relativiser une victoire électorale parce que l’Assemblée nationale a tout simplement perdu l’essentiel de ses pouvoirs au 21e siècle. Nous ne sommes plus en 1958 ni même en 1981 !
    Les médias nous abreuvent de titres selon lesquels la France serait devenue « ingouvernable » depuis le 19 juin. Quelle plaisanterie !

    La France va au contraire continuer d’être gouvernée par la Commission Européenne – qui fixe chaque année nos grandes orientations de réformes –, par la BCE, par l’OTAN, par le pouvoir judiciaire (non élu…), par les lobbies, les ONG ou les dirigeants des grandes entreprises mondialisées.

    Face à tous ces vrais pouvoirs, notre parlement – dont l’essentiel de l’activité législative consiste, il faut le rappeler, à retranscrire des directives bruxelloises – compte les coups, en simple spectateur. Même ses pouvoirs de contrôle sont incapables de rivaliser avec eux et sont de toute façon très inférieurs à ceux des parlements étrangers, notamment anglo-saxons.

    Le pouvoir n’est plus à prendre mais à reforger

    Aujourd’hui, le pouvoir est avant tout économique, financier, judiciaire, européen ou technologique, et de moins en moins national, législatif, populaire et démocratique.
    Les hommes politiques visibles – président, ministres ou parlementaires – ne sont pas les décideurs en dernier ressort, ce qu’a très bien compris, manifestement, le plus grand parti de France : celui des abstentionnistes.
    Et si les projets – que soutient Emmanuel Macron évidemment – de suppression de la règle de l’unanimité dans le fonctionnement européen, voient le jour, la souveraineté nationale sera définitivement enterrée au sein de la zone euro.

    Il faut donc replacer l’incontestable victoire électorale du RN, dans ce contexte frustrant. De nos jours, le pouvoir est moins à prendre qu’à reforger, en redonnant du pouvoir au pouvoir, en investissant de nouveaux lieux de pouvoir, justement.

    Espérons que les députés du RN auront compris l’enjeu et sauront agir en ce sens.

    Le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre

    Il ne faut pas bouder son plaisir pour autant : en juin 2022, le Système a bien perdu une bataille politique en France, et le nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron, commence bien mal.

    Mais la guerre qui oppose le bloc élitaire – l’oligarchie qui a pris le pouvoir en Europe avec ses idiots utiles – au bloc populaire – qui ne veut pas être remplacé ni réduit à la mendicité – ne s’achève pas pour autant.
    Elle ne fait que commencer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 juin 2022)

     

    Note :

    [1] A l’exception d’un certain Jean Marie Le Pen…..

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