Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 1355

  • Un véritable désastre...

    Alain de Benoist, directeur des revues Nouvelle Ecole et Krisis et éditorialiste de la revue Eléments, répond, dans un entretien diffusé le 29 août 2013, aux questions de la radio iranienne francophone, IRIB, à propos des menaces d'action militaire formulées par les États-Unis et la France contre le régime syrien.

     

    Lien permanent Catégories : Dans le monde, Décryptage, Entretiens, Géopolitique, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Une tragique illusion...

    La revue L'Afrique réelle publie un essai de Bernard Lugan, intitulé Printemps arabe - Histoire d'une tragique illusion. Comme toujours, l'auteur, historien et africaniste réputé, disperse les fumées idéologiques et revient aux faits...

    Le livre, qui ne sera pas diffusé en librairie, est disponible en ligne sur le site de Bernard Lugan.

     

    Printemps arabe.jpg

     

    " En 2010-2011, la Tunisie, l’Egypte et la Libye connurent des évènements spécifiques, hâtivement baptisés « printemps arabe » par des journalistes voulant y voir autant d’avancées démocratiques.
    L’échec de cette tragique illusion est à la hauteur des emballements émotionnels qu’elle suscita:
     
    - La Tunisie est en faillite économique et le climat politique y est devenu explosif. Les Frères musulmans au pouvoir veulent faire adopter une Constitution ayant la charia pour norme, ce que refusent des foules de plus en plus nombreuses. La radicalisation des positions est illustrée par l’assassinat de leaders de l’opposition et par la naissance d’une insurrection armée islamiste qui pose de sérieux problèmes à l’armée tunisienne.
     
    - En Egypte, ceux qui ne supportaient plus leur vieux chef militaire se sont finalement donnés à de jeunes chefs militaires pour échapper aux « fous de Dieu », ce qui n’empêcha pas le pays de basculer insensiblement dans ce qui risque de devenir une guerre civile.
     
    - En Libye, l’Etat n’existe plus. Le nord du pays est partagé entre des milices tribales ou religieuses, cependant que tout le sud est devenu un « Libystan » aux mains des jihadistes.
     
    Ce livre, illustré de cartes en couleur et qui n’a pas d’équivalent fait, au jour le jour, l’histoire du prétendu « printemps arabe » en Afrique du Nord. Il met également en évidence ses conséquences géopolitiques nationales, et régionales.
    Il explique également pourquoi le Maroc et l’Algérie ne furent pas concernés par ces évènements. "
    Lien permanent Catégories : Décryptage, Géopolitique, Livres 0 commentaire Pin it!
  • Contre la culture du mensonge !...

    Nous reproduisons ci-dessous une prise de position d'Aymeric Chauprade en faveur de choix décisifs contre l'oligarchie mondialiste... A lire !

     

    AymericChauprade.jpg

    Contre la culture du mensonge, la culture de la France !

    Une nouvelle fois, après l’Irak, la Yougoslavie et la Libye, l’Occident a recours au mensonge le plus grossier qui puisse être : l’accusation d’usage d’armes de destruction massive.

    La vérité est que le régime syrien est en train de gagner la bataille contre les terroristes islamistes et qu’il n’a pas besoin d’armes chimiques pour cela. Fort du soutien de l’Iran, du Hezbollah libanais et de la Russie (soutien politique sans failles), il est en train d’écraser son opposition islamiste, minoritaire dans le pays (bien que les sunnites soient majoritaires) et cela face à une rébellion islamiste internationale qui n’a plus d’autre issue que de tenter d’impliquer la France, le Royaume-Uni et les États-Unis dans la guerre.

    Il faut dénoncer avec la plus grande fermeté ce mensonge de la rébellion islamiste et son soutien par le gouvernement français, soutien qui s’apparente autant à une trahison des intérêts de la France qu’à un crime contre la paix internationale.

    Plus que jamais, il devient urgent de libérer la France des forces hostiles qui se sont installées au sommet de l’État, alors même que l’immense majorité de ceux qui servent cet État, dans les échelons subalternes, sont restés loyaux à la France et au Bien commun des Français.

    J’appelle donc tous les patriotes français, de droite comme de gauche, à démonter ce mensonge et à rallier le projet d’un monde multipolaire fondé sur la souveraineté des peuples et le dialogue des civilisations, projet porté avec force par le Président Poutine en Russie, et soutenu par la Chine, l’Inde, l’Iran et bien d’autres pays émergents. C’est avec le soutien de ces pays que tous les patriotes européens contribueront à l’éviction de cette oligarchie mondialiste, arrogante et cynique. Cette oligarchie financière et ses serviteurs dévoués, placés à la tête des partis de gouvernement, qui a laissé partir l’or des banques centrale américaine et européennes en Asie, qui détruit la monnaie par une politique folle de la planche à billets, qui a soumis les peuples américain et européens à un hyper-endettement ne laissant aucun espoir d’inversion, qui plonge les pays d’Europe les uns après les autres dans la banqueroute (Grèce…) pour mieux piller leurs actifs stratégiques (pétrole, gaz, or, minerais…), qui ment aux peuples sur la réalité de la situation économique, sur le déclin évident de puissance, sur la nouvelle hiérarchie mondiale. Pour survivre aux terribles bilans que finiront par dresser les peuples, cette oligarchie là semble n’avoir plus d’autre échappatoire que la guerre.

    Le scénario des guerres mondiales du XXe siècle peut hélas se répéter : la même oligarchie est en train de dresser les mêmes peuples les uns contre les autres – les peuples d’Europe du Nord contre ceux du Sud mais aussi les peuples d’Europe de l’Ouest contre la Russie - toujours avec la même stratégie : promouvoir les idéologies de destruction, hier le bolchévisme et le nazisme (pour anéantir l’Europe), aujourd’hui le nihilisme gauchiste (Femen, “théorie du genre”) et l’islamisme, lequel, avec l’appui des États-Unis et de leur jouet européen (la “diplomatie” de l’Union européenne), a créé le chaos en Tunisie, en Libye, en Syrie et maintenant en Égypte.

    Le temps des choix est venu. Et choisir c’est abandonner le monde idéal sans tache des adolescents. Il est en effet facile de tout condamner pour ne pas avoir à choisir, au motif d’insatisfactions idéologiques ou d’excès. Il est plus difficile d’avoir le courage de choisir son camp quand on sait que celui-ci est loin d’être exempt de tout reproche.

    En Syrie comme en Égypte, il faut choisir les gouvernements patriotiques contre les islamistes. Certes ces gouvernements patriotiques répriment violemment, mais lorsqu’un pays sombre dans le chaos, c’est violence contre violence. Il suffit d’ailleurs de voir comment le Ministre Valls a fait récemment usage de la violence, de manière totalement disproportionnée, contre des familles catholiques qui manifestaient pacifiquement, pour imaginer ce qui pourrait se passer en France si l’État sombrait dans le chaos ! Mais nous savons qu’en France, depuis longtemps et bien avant le retour des socialistes, nous avons quitté l’État de droit pour entrer dans l’État du “deux poids deux mesures” (aux anciens Français, surtout quand ils sont catholiques, la sévérité implacable, aux nouveaux, l’excuse et l’impunité permanentes…).

    En France, ces barrières idéologiques qui séparent encore partisans d’une économie libre sans dirigisme et partisans d’une économie libre avec dirigisme, partisans de la laïcité républicaine orthodoxe et partisans de l’identité chrétienne, devront tomber au profit de la seule réalité charnelle qui vaille le combat et l’unité : la France, sa civilisation menacée par l’islamisation et l’africanisation, son État menacé par la banqueroute, sa place dans le monde effacée par le mondialisme, sa prospérité fragilisée par la montée des économies asiatiques. Le principe de réalité devra s’imposer : sacrifier son petit parti “pur”, sa petite mouvance “idéalement conforme” à ce dont on rêve, au profit de la seule dynamique politique capable, autour d’une personnalité forte et légitime, héritière d’un demi-siècle de combat national et d’annonces visionnaires, de coaliser des forces venant d’horizons différents, de sensibilités variées, mais mues par un seul impératif : empêcher la disparition de la France dans ce qu’elle est (son identité) et dans ce qu’elle a (sa puissance économique, géopolitique, culturelle…).

    C’est désormais ce principe de réalité qui commandera mes choix à venir, et qui m’amènera, sans jamais me renier, à me séparer du “monde idéal où l’on est toujours d’accord avec soi-même” pour entrer dans le monde du choix et donc aussi du sacrifice.

    Le temps presse. Chaque année qui passe, la réalité démographique intérieure et extérieure atténue davantage l’espoir que la France puisse reprendre en main son destin. Il ne suffit plus de comprendre le monde et d’en dénoncer le mensonge (économique, sociétal, géopolitique…) imposé par les “troupes d’occupation mentale” (les médias), il faut passer à l’action politique! Il n’y a d’autre issue que de favoriser le plus rapidement possible le retour à un projet national, souverain, défenseur de notre identité et des valeurs qui fondent notre civilisation.

    Aymeric Chauprade (Realpolitik, 22 août 2013)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Utøya...

    " Je suis le commandeur Anders Behring Breivik. A trente-deux ans, je viens d'entrer dans l'Éternité. Je fais la Une de tous les journaux du monde. Du levant au couchant, des Patagons au Septentrion, mes semblables connaissent désormais mon visage. Aujourd'hui mon nom est le nom le plus prononcé de la planète. Je sature le monde. Je suis une star. Je suis un tsar. Je passe devant Hitler, devant Jésus. Devant Dieu peut-être. "


    Les éditions Ring viennent de publier Utøya, le récit attendu de Laurent Obertone. L'auteur de La France orange mécanique (Ring, 2013) nous fait plonger dans les pensées du tueur de masse Anders Breivik, franc-maçon philo-sioniste, admirateur de Churchill et défenseur de l'Occident. Un tour de force littéraire, préfacé par Stéphane Bourgoin, spécialiste du phénomène des tueurs en série.

    Utoya.jpg

    " Rapports de police, dossier judiciaire, écrits intimes du meurtrier, témoignages de proches, d'experts, de survivants... Laurent Obertone a mené la première enquête d'investigation sur la vie d'Anders Breivik pour livrer, jusqu'aux expressions même des protagonistes, le récit électrique et impitoyable du plus grand massacre de masse contemporain. Depuis le cerveau du tueur norvégien, il lève le voile sur l’intimité et la fabrication mentale du bourreau, jusqu'aux heures sanglantes de l'été 2011.
     
    « Il nous faut louer le travail titanesque de Laurent Obertone et la minutie exceptionnelle qu’il a développée pour reconstituer le parcours authentique d’Anders Breivik et des drames d'Utøya, jusque dans ses moindres détails.»  Stéphane Bourgoin. "



    TRAILER OFFICIEL D'UTØYA de LAURENT OBERTONE par Editions_Ring

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Euramérique, Eurorussie ou Eurasie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site l'agence d'information Ria Novosti et consacré aux choix géopolitiques qui s'offrent respectivement à l'Union européenne et à la Russie...

     

    Russie Eurasie.jpg


    Euramérique, Eurorussie ou Eurasie ?

    Récemment, le site Atlantico a publié un échange de réflexions fort intéressant entre Alexandre Del Valle et Alexandre Melnik sur les perspectives viables pour l’Occident. Les deux Alexandre, qui n’ont de commun que leurs prénoms, prônent deux voies différentes et opposées pour la réaffirmation de l'Occident puissance: l’Alliance continentale Europe-Russie ou l’alliance transatlantique Europe-Amérique.

    Cette thématique semble prendre une importance croissante au fur et à mesure que les relations Russie-USA se détériorent, que l’Europe s’enfonce dans la crise et que la Russie regagne stratégiquement des positions, réaffirmant ainsi peu à peu sa position de grande puissance. La même semaine, le site Europe-Israël publiait lui un article intitulé: La morale change de camp, article très élogieux envers Vladimir Poutine et envers la politique russe dans le monde musulman, présentant une Russie devenue la protectrice des minorités, notamment chrétiennes. Le site prenait en exemple les manifestants de la place Tahrir qui dénonçaient l’alliance entre Etats-Unis et Frères musulmans et appelaient la Russie à s’impliquer dans la révolution égyptienne.

    L’occident a été historiquement lié à l’Europe, la Méditerranée puis l’Europe du nord et de l’ouest, avant de ne se juxtaposer sur le monde anglo-saxon dès le 17ième siècle via l'empire colonial de l'Angleterre et sa puissance maritime. Ce règne de la rose n’a réellement pris fin qu’après la première guerre mondiale, qui a historiquement marqué la fin des empires européens, y compris l'empire britannique, supplantés par la puissance la plus occidentale et la plus maritime d’Occident: les Etats-Unis d’Amérique.

    Ceux-ci achèveront la déseuropéanisation de l’Occident en confirmant leur leadership planétaire en 1991, lors de la mort de l’Union Soviétique. La fin de l’Union Soviétique scellera aussi le destin eurasien de la Russie et donc le déplacement du centre d’attraction du continent vers l’Est et l’Eurasie. La disparition de cet empire permettra donc paradoxalement à l’Europe réelle d’entamer une tentative historique de raccord entre son Ouest et son Est et ainsi de tenter d’affirmer son unité territoriale, continentale et politique. Cela entrainera une rupture sans doute désormais totale et fondamentale entre le monde continental et le monde occidental.

    Ce leadership américain qui a été baptisé par le président Bush "le nouvel ordre mondial" s'est développé et affirmé grâce à une formidable domination militaire et économique. Ce dispositif hyperpuissant a mis l'Europe sous contrôle, logiquement étendu sa zone d'influence vers l’Eurasie et l'Asie centrale tout en multipliant les interventions militaires dans le monde musulman. Pourtant, cette domination américaine sera aussi brève, d’un point de vue historique, que ne seront rapides le redressement russe et l’émergence de la Chine, dont on voit mal aujourd’hui ce qui pourrait l’empêcher de devenir la première puissance mondiale dans la décennie qui vient. Si le monde se désoccidentalise rapidement, le centre de gravité des puissances se déplace inexorablement vers l'Asie.

    L’Europe de Bruxelles n’a pas transformé l’essai et il est peu probable qu’elle le fasse. L’Union s’est transformée en un "machin" que le Général de Gaulle n’aurait pas pu imaginer même dans ses pires cauchemars: Une entité sans aucune souveraineté politique, comme le souhaitent les donneurs d’ordres de Washington, et gouvernée par une bureaucratie de petits fonctionnaires sans horizons politiques qui espèrent tout en la craignant l’adhésion à l'UE d’une Turquie conquérante et par ailleurs seconde puissance de l’Otan. Pour les plus pessimistes, la crise économique, l’absence de souveraineté, l’échec du modèle multiculturel dans tous les pays d'Europe et l’absence d’élites ne devraient vraisemblablement laisser à Bruxelles que quelques années avant un démembrement volontaire et une sortie de l’histoire par la petite porte. Les nations européennes pourraient-elles y survivre? Sauront-elles le cas échéant renouer avec un nouveau destin continental?

    Dans ces conditions, un rapprochement UE-Russie est-il imaginable? La puissance russe n'est pas d'origine maritime, la Russie n’a pas connu la renaissance après le moyen âge, et sa révolution industrielle a été tardive. En outre la démocratie à l’occidentale est encore au banc d'essai en Russie et il semble de plus en plus évident que ce modèle ne soit pas adapté pour gouverner le plus grand territoire de la planète ni de maintenir unis un si grand nombre de peuples si divers. Fait remarquable également, la Russie est le seul empire continental qui ait survécu en maintenant relativement en vie sa sphère d’influence linguistique, culturelle et politique au cœur de l’Eurasie: en Asie centrale et dans le Caucase.

    Peut-être à cause de ce parcours historique bien spécifique, la Russie ne fait aujourd’hui encore que peu confiance à un "Ouest" (Zapad en russe désigne l’Occident, ce qui inclut encore aujourd’hui tant l’Amérique que l’Europe de Bruxelles) contre lequel elle a historiquement presque toujours été en guerre ouverte ou larvée. En outre, les modèles de sociétés proposés par l’Occident ne sont pas perçus comme viables ni compatibles avec les souhaits et aspirations de la population russe et encore moins avec le projet global des élites russes pour leur pays. On peut facilement comprendre, au vu des difficultés qu’à connu la Russie pour se redresser et créer un embryon de modèle propre de société (l’État-Civilisation), son souhait de ne pas s’associer ni essayer de s’assimiler à des ensembles politiques et civilisationnels visiblement en crise profonde.

    En outre, le basculement lourd et historique du monde vers l’Asie, dans laquelle se trouve 75% du territoire russe ne devrait pas particulièrement inciter Moscou à se tourner à l’Ouest vers la zone euro-atlantique mais plutôt à l’Est, vers la zone Asie-Pacifique pour tenter de profiter du formidable potentiel de la Chine, avec lequel la Russie est d’ailleurs en train de nouer un partenariat historique.

    Le 21ème siècle verra-t-il l’émergence d’un tandem gagnant composé des deux ex-géants communistes et de leurs sphères respectives d’influence?

    Il semble par conséquent que l’existence d’un Occident-puissance qui, il faut le rappeler reste à ce jour son adversaire stratégique principal, ne soit sans doute pas l’intérêt primordial d’une Russie qui, si elle encore majoritairement slave et chrétienne, n’en reste pas moins aujourd’hui  une puissance eurasiatique et orthodoxe d’abord et européenne ensuite. Le renouveau de la Russie semble du reste à ce jour être inspiré par deux idées ou directions stratégique essentielles, l'une post-byzantine et l'autre postsoviétique (vers l’Eurasie) traduisant sans doute très clairement que la Russie ne se destine pas du tout à devenir un membre du club occidental.

    La Russie n'est-elle pas, après tout, l’héritière historique, religieuse et spirituelle de Byzance et donc de l’empire romain d’Orient, et non de l'empire romain d’Occident?

    Alexandre Latsa (Ria Novosti, 21 août 2013)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • De la guerre en Amérique...

    Nous vous signalons la réédition aux éditions Perrin, dans la collection de poche Tempus, de l'essai de Thomas Rabino intitulé De la guerre en Amérique et publié initialement en 2011, chez le même éditeur. Thomas Rabino est historien et spécialiste de la résistance et de la civilisation américaine. Nous reproduisons ci-dessous la présentation qu'Emmanuel Todd avait fait de ce livre dans l'hebdomadaire Marianne.

     

    De la guerre en Amérique.jpg

     


    Il fut un temps heureux où Auguste Comte pouvait croire que la société industrielle succéderait aux sociétés militaires, que la modernité ferait un jour de la guerre un stade dépassé de l’histoire humaine. La première guerre mondiale, suivie de la deuxième, mit fin à cette illusion. Mais enfin, il nous restait le rêve que l’avènement mondial de la démocratie allait peut-être enfin nous ramener à une trajectoire comtienne de l’humanité.

    Dans un monde libéré de Guillaume II, du Tsar de Russie, d’Hitler, de Staline, des militaristes japonais, des puissances coloniales française et anglaise, la paix allait enfin régner. L’état d’esprit actuel des Européens est assez proche de cet idéal. Leur puissance militaire s’étiole, au rythme des déficits et des compressions budgétaires. Ils croient tellement à la paix qu’ils ne veulent pas voir que leur grand allié et leur protecteur, leur démocratie idéale, l’Amérique, évolue dans une toute autre direction et porte au schéma d’Auguste Comte le coup mortel et définitif.

    Un jeune historien, Thomas Rabino, a enfin accepté de regarder la réalité en face dans un livre foisonnant et indispensable. De la guerre en Amérique ne se contente pas d’étudier l’action internationale des Etats-Unis, d’observer, comme c’est l’usage, au Moyen-Orient ou ailleurs, leur lutte impériale pour le contrôle du pétrole.

    La réalité de l’Amérique est qu’elle est toujours en guerre

    Thomas Rabino fait de l’histoire sociale et culturelle autant que diplomatique et militaire et il porte un diagnostic global sur la militarisation de la société américaine. Il étudie tout, avec un enthousiasme de défricheur : le rapport des grandes entreprises à l’armée, la surreprésentation des vétérans au congrès, la place du drapeau à l’école et ailleurs, les jouets et les jeux vidéos, le complexe militaro-cinématographique, utile complément culturel au complexe militaro-industriel dénoncé par le président Eisenhower en fin de mandat.

    Rabino étudie la contribution de l’armée à la réalisation des films de guerre, la torture dans les séries télévisées, le vocabulaire volontiers barbare des responsables de la communication militaire, le débat sur les éventuels dégâts sanitaires dus à l’uranium appauvri des munitions, nous donnant, chaque fois que c’est possible, des statistiques sur l’évolution de ces phénomènes significatifs.

    Les fluctuations d’une opinion mobile, patriotique et démocratique, manipulée ou résistante selon les circonstances, adhérant ou refusant le discours officiel, sont saisies et suivies par des sondages. Il le faut : la réalité de l’Amérique est qu’elle est toujours en guerre, ainsi que son immense armée, son gigantesque budget militaire, ses bases, ses interventions incessantes en témoignent.

    Mais elle est aussi une démocratie officiellement anticolonialiste et sa culture de guerre ne peut être celle d’un banal impérialisme, d’un banal fascisme, ou même celle de la vieille Europe qui avait fait la guerre tellement longtemps qu’elle pouvait la considérer comme une nécessité d’ordre météorologique.

    Manipulation de l’opinion par la peur

    L’Amérique n’en finit pas de faire la paix, par les armes. Et la population doit suivre, approuver, participer. Elle peut même imposer certains reflux de la pratique guerrière, des replis, au Vietnam, en Irak. Mais une tendance de fond, à la hausse, transcende ces fluctuations conjoncturelles. Rabino s’intéresse aux phénomènes de longue durée, il nous libère du court terme journalistique en retraçant la montée en puissance de cette culture de guerre.

    Sa description de la continuité de la politique extérieure américaine dans son rapport à l’Irak Saddam Hussein est particulièrement impressionnante d’efficacité, de la première guerre du golfe à un embargo qui permet le contrôle, via l’ONU des exportations pétrolières irakiennes, jusqu’à une invasion rendue nécessaire par la montée des critiques sur les conséquences humanitaires déplorables de l’embargo. Pour Thomas Rabino, le 11 septembre n’est pas un tournant, mais, un aléa qui n’affecte pas fondamentalement la continuité de l’action américaine. Le privilège de l’historien est de ne pas se laisser emballer par l’émotion de l’instant ou le spectaculaire télévisuel.

    Reste que l’après-onze septembre marque quand même une accélération, un emballement des phénomènes de manipulation de l’opinion par la peur, d’encouragement à la violence par déshumanisation de l’ennemi.
    Où en sommes nous aujourd’hui ?

    L’Amérique est désormais une nation militaire, qui vit par et pour la guerre

    L‘Europe, tout à son rêve de paix perpétuelle, a voulu croire que l’élection d’Obama marquait la fin de l’accident bushien, qu’une embardée militariste et anti-humaniste pour ainsi dire accidentelle s’achevait. Rabino est évidemment sceptique sur ce point et il montre à la fin de son livre à quel point les bonnes intentions et les beaux discours d’Obama n’ont pas vraiment affecté les paramètres habituels de l’action américaine. Mais au-delà des actes d’Obama, c’est l’épaisseur de la culture de guerre américaine qui doit nous rendre prudents.

    La critique de l’Amérique s’attache le plus souvent à dénoncer son régime économique, ses inégalités, ses escroqueries financières. Thomas Rabino va beaucoup plus loin, et frappe beaucoup plus juste. Il nous dit que l’Amérique est désormais une nation militaire, qui vit par et pour la guerre, et que nous allons devoir continuer de nous en méfier.
    Emmanuel Todd (Marianne, 27 décembre 2011)
    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!