Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré à l'attente par nos compatriotes d'un dirigeant capable de redresser le pays.
Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).
Les Français attendent Godot désespérément
Les Français attendent désespérément Godot. Un Godot politique qui les sauverait du naufrage annoncé de leur pays. Mais, comme dans la pièce de Samuel Beckett, Godot se fait attendre. Et, compte tenu de la tournure prise par la classe politique française, on se demande finalement si Godot n’arrivera jamais…
Le Godot de gauche ne viendra plus
D’abord, le Godot de gauche ne viendra pas… puisqu’il est déjà là.
Il ne peut constituer une alternative au Système, puisqu’il est le Système.
En France, la gauche a pris le pouvoir dans les années 80 et elle ne l’a pas lâché depuis. Mais cette gauche, à l’instar d’Emmanuel Macron, a renié son assise populaire pour se rallier à l’agenda globaliste de l’oligarchie et au turbo-capitalisme.
Se proclamer de gauche, de nos jours, signifie donc promouvoir un monde woke, peuplé de monades égoïstes, sans traditions ni identités d’aucune sorte et livrées aux appétits des oligopoles, au prétexte de « jouir sans entraves ». Il y a désormais congruence totale entre l’idéologie de la société ouverte, telle que la promeut par exemple la galaxie Soros, et ceux qui continuent, chez nous, de se prétendre de gauche et de jouer aux « républicains ».
Il n’y a donc rien à attendre du Godot de gauche, puisqu’il ne propose que d’accélérer dans la catastrophe : encore plus d’impôts et de dépenses publiques (alors que la France est déjà numéro un européen en ces domaines), encore plus d’immigration, encore plus d’éoliennes, encore plus de laxisme ou de censure selon les cas, encore plus d’européisme et d’atlantisme.Le Godot de droite a fini noyé dans l’extrême-centre
Le Godot « de droite » ne viendra pas non plus, car il a fini noyé dans le marécage d’extrême-centre, à force de cohabiter avec la gauche depuis les législatives de 1986.
La droite parlementaire ne correspond plus qu’à un rassemblement de notables, bien ancrés sur leurs prébendes locales, mais aux convictions indécises et à la détermination faiblarde.
« Retenez-moi ou je fais un malheur », tel est son mantra, comme dans les opérettes marseillaises d’autrefois.
Car cette « droite » finit toujours par accompagner le désastre tout en faisant mine de le contrer, et donc de soutenir le Système au prétexte hypocrite de rejeter « les extrêmes ». Comme si l’extrême-centre au pouvoir n’incarnait pas le nouvel extrémisme !Mais d’où pourrait donc provenir Godot ?
Mais alors, d’où pourrait donc venir Godot s’il n’est ni de gauche ni de droite ?
De « l’extrême-droite », nous disent les médias, qui nous prédisent à chaque élection la victoire imminente du RN, sa principale incarnation parlementaire. Et il est de fait que nombre de nos concitoyens voient en lui la rupture qu’ils souhaitent d’avec le Système.
Pourtant, on peut s’interroger.
D’abord, curieusement, ce mouvement a déserté les incessantes révoltes populaires qu’a connues notre pays depuis les grandes manifestations contre le « mariage pour tous », sous la présidence de François Hollande, abandonnant de fait la rue ou les pétitions à la gauche et aux black blocs, donc au Système.
Ensuite, il attache tellement d’importance à sa dédiabolisation que sa ligne programmatique inquiète : par exemple, comment prétendre mettre fin au chaos migratoire ou instaurer la préférence nationale tout en promettant de respecter les traités européens et l’État de droit ? Comment proclamer sa volonté d’indépendance stratégique tout en voulant rester dans l’OTAN et en s’alignant en tout sur le bellicisme russophobe ? Comment prétendre relancer notre économie tout en promettant de recréer un impôt sur le capital financier ?La France attend
Quant aux autres mouvements : souverainistes, partisans de Zemmour ou de Marion Maréchal, divisés à l’extrême tout en prônant l’union des droites (un grand classique quand on est minoritaire…), pour le moment, ils ne pèsent guère sur la scène électorale, malgré tous leurs efforts ou leur créativité 2.0.
Même s’il ne faut jamais insulter l’avenir, les Français risquent donc d’attendre encore longtemps la venue de leur sauveur. Et de passer à côté du grand mouvement de renouveau qui saisit en ce moment l’Occident.
Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que le soleil qui poudroie…
Comme dans la pièce de Beckett ou le conte de Perrault, la France attend, fors l’espoir.Michel Geoffroy (Polémia, 23 septembre 2025)