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  • Monsieur le Président, encore un effort pour défendre la France !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux choix d'Emmanuel Macron dans le domaine de la politique étrangère. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    Monsieur le Président, encore un effort pour défendre la France !

    Pourquoi bouder son plaisir ? Pour avoir publié en 2009, chez Gallimard, un essai consacré au « Renversement du Monde », je ne peux que saluer le constat établi par Emmanuel Macron le 27 août 2019, dans sa conférence annuelle aux Ambassadeurs, quand il reconnait que l’Occident ne dirige plus le monde.

    Pour avoir publié en 2014, chez Pierre-Guillaume de Roux, «Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé », un essai consacré à la fragilité croissante de notre alliance avec les États-Unis, je ne peux qu’entendre le constat livré par Emmanuel Macron à The Economist, l’hebdomadaire de la doctrine libérale anglo-américaine (8 novembre 2019). L’OTAN est une organisation vide de sens, le Traité de l’Atlantique Nord doit être renégocié sur des bases nouvelles, la France et l’Europe doivent compter sur elles-mêmes pour assurer leur défense, et il est urgent de renouer avec la Russie un vrai dialogue stratégique — d’autant plus urgent qu’il sera long. 

    Et pour avoir à maintes reprises dénoncé la dérive de l’Union européenne, qui croit se construire en détruisant les Nations qui la composent, pour m’être élevé contre les européistes béats, les fédéralistes forcenés et le principe imbécile qui veut que si ça va mal en Europe, c’est qu’il faut plus d’Union, je ne peux qu’approuver le constat présidentiel : l’Union européenne est au bord du gouffre. Je lui ajoute mon constat personnel : à chaque séance plénière, le Parlement lui demande de faire un grand pas en avant.

    Des déclarations, toujours des déclarations

    Le sujet n’est pas d’avoir eu raison trop tôt, ce qui est en politique une manière d’avoir tort.

    Le sujet est d’avoir raison pour agir, pour décider, et pour gagner. Et tout suggère qu’Emmanuel Macron ne peut pas savoir ce qu’il sait, qu’il ne veut pas vouloir ce qu’il veut, et qu’il ne pourra pas conduire la renaissance nationale.

    L’essentiel des déclarations d’Emmanuel Macron porte sur la défense, avec une réponse qui n’appartient qu’à lui ; la Défense sera européenne ou ne sera pas ! Mais cette réponse interroge. D’abord, parce que nul n’en veut dans une Europe qui a payé son confort social au prix de l’assurance militaire américaine. Parlez-en à la Pologne, à la Hongrie, à l’Espagne !

    Ensuite, parce que l’inconsistance européenne signifie la débandade du « chacun pour soi » dès qu’un vrai choc sécuritaire atteindra l’un ou l’autre de ses membres, choc nécessairement asymétrique, choc que chaque Nation vivra selon son histoire, ses intérêts et sa pente, choc d’autant plus impossible à affronter que l’Europe s’interdit collectivement de penser invasion, conquête, et guerre. Emmanuel Macron aurait-il oublié le « chacun pour soi » qui a suivi la criminelle décision de Mme Angela Merkel d’ouvrir la porte aux migrants en 2015 ? En clair ; une Europe de la Défense est plus improbable qu’un OTAN redéfini. Et surtout, parce que l’adhésion de l’Union et de M. Emmanuel Macron au mondialisme, au libre-échange et au néo-libéralisme la vide de toute portée ; qu’y a-t-il à défendre, pourquoi tuer et pourquoi mourir, quand tout est à vendre ?

    Que défendre

    Que défendre ? Les Hongrois savent ce que veut dire défendre la Hongrie, comme les Serbes savent ce que signifie défendre la Serbie. Les Français savent-ils ce qu’ils ont à défendre ? Défendre commence par dire « nous », et nommer ses ennemis. Les Français savent bien qui profane les églises, qui engorge les hôpitaux, qui agresse enseignants, policiers et concierges ; les nommer est déjà un délit. Les Français savent bien au nom de quelle idéologie d’importation la France se décompose, le désaménagement des territoires se répand, les services de l’Etat se dégradent et les conquêtes sociales ne sont plus que des freins au « Doing Business ».

    Qui dit qu’il n’y a pas de culture française, qu’il n’y a pas de peuple français, qu’il n’y a pas d’unité nationale, dit qu’il n’y a rien à défendre. La maison est vide, qui paie s’installe. Ceux qui livrent la France à l’immigration de peuplement et aux délires des universités américaines, ceux qui ne reconnaissent pas que l’ennemi est à l’intérieur, et qu’il gagne chaque jour des batailles que les Français ne livrent pas, ont déjà abandonné l’idée de défendre la France.

    Que défendre ? Si tous les hommes sont les mêmes, s’il n’y a sur terre que des individus de droit, et si tout est à vendre, l’idée même de défendre un territoire, une Nation, un régime politique, devient dérisoire.Toute la politique du gouvernement d’Emmanuel Macron continue le travail d’indétermination, d’indifférenciation, de banalisation de la France qui lui interdit de répondre. Ou plutôt, elle répond chaque jour ; la France n’est rien, puisqu’il est interdit de distinguer les Français et de les préférer.

    L’idée même qu’un citoyen français puisse se prévaloir de droits auxquels tout individu ne pourrait prétendre devient coupable — les décisions du Conseil constitutionnel sont constantes sur ce point. Le Conseil d’État a renchéri, en statuant que c’est aux Français de s’adapter à l’étranger . Et l’idée même que la Nation existe, qu’elle compte, et qu’elle vaut, est étrangère à un gouvernement qui nie l’histoire, les racines chrétiennes de la France, la transmission familiale de l’esprit national et la primauté de l’État dans la singularité française. Que défendre, si être Français ne fait plus de différence ? Entre le libéralisme de l’individu souverain, et la France des citoyens, il faut choisir. 

    Que défendre ? Emmanuel Macron constate que l’Europe n’est plus la priorité de l’Amérique. Il redoute l’avènement d’un monde bipolaire qui est déjà là, partagé entre les États-Unis et la Chine. Il en appelle à – à quoi vraiment ? À ce vide béant que creuse l’Union européenne entre les États-Unis, la Russie et la Chine ? À une étonnante complaisance pour des néo-conservateurs qui sont, depuis quarante ans, les premiers coupables de la déstabilisation du monde ?

    N’est pas de Gaulle qui veut

    La lucidité du constat n’assure en rien la pertinence du projet. Sa franchise inattendue provoque déjà les haut-le-cœur chez nos voisins de l’Est, la prudence fuyante de Mme Merkel, les mises en garde de Mike Pompéo. L’appel à une souveraineté européenne attire déjà les réponses des affidés de Washington, comme le gouverneur de la Banque centrale de Hongrie ; l’indépendance de l’Europe, quelle idée ! Et la dureté, voire la violence, du propos d’Emmanuel Macron résonne comme un constat d’échec ; quel contraste avec la boursouflure prétentieuse des discours de la Sorbonne et d’Aix-la-Chapelle, quand celui qui n’arrive pas à gouverner la France prétendait guider l’Europe !

    Face à l’unilatéralisme des États-Unis, face à leur intolérance à l’égard de toute manifestation d’indépendance de la France, face au terrorisme économique qu’ils manient(par exemple contre le Danemark pour s’opposer au passage de Nordstream), le constat vient trop tard, et ses conclusions sont erronées.

    N’est pas de Gaulle ou Kissinger qui veut. Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une vision du monde, les moyens qui la permettent, la profondeur qui la fait tenir. Car l’état du monde est sans ambigüité ; la forme politique de la mondialisation, c’est l’État-nation.

    L’insurrection de la diversité des peuples sera à la mesure du carcan que le mondialisme leur a imposé. La forme économique de la mondialisation gagnante, c’est le nationalisme de marché. La destruction des Nations par les traités de libre-échange, comme le CETA et le MERCOSUR, des Etats par l’ouverture des frontières et le pillage des territoires par les privatisations, voilà les raisons de la crise qu’à juste titre Emmanuel Macron annonce ; il peut la prévoir puisqu’il contribue à la provoquer.

    Seuls survivront ceux qui auront su créer cette unité nationale qui rassemblera le droit, l’économie et la force au service de leur Nation. Car la marche du monde est sans pitié ; ce n’est plus de l’hyperpuissance américaine qu’il convient d’avoir peur, c’est de l’affaiblissement américain, du sentiment d’encerclement vécu par la Russie, et de la revanche de la diversité portée par la Chine et par l’Inde comme par l’Islam.

    Les peuples qui ne savent plus dire « nous » sont condamnés. La question n’est pas de quitter l’OTAN et la dépendance qu’elle impose (voir l’achat forcé de 35 F, l’avion qui ne volera jamais, par tant d’Européens !) mais d’abandonner les rêveries d’une démocratie planétaire instaurée sous les bottes des Marines, qui suscite un rejet universel — pourquoi attendre avant de rouvrir l’ambassade de France à Damas ? La France a mieux à faire du côté de ceux qui refusent le partage du monde, constatent que la Russie est devenue une force de stabilisation aux pourtours de l’Europe, que les routes de la Soie échappent aux péages américains, et que la militarisation du dollar commande de lui trouver un substitut. La question est moins de s’éloigner des États-Unis que d’en finir avec les errements du mondialisme et de l’individualisme libéral ; ce que la France doit au monde, aux Français et à elle-même, c’est de demeurer la France.

    Le constat est là. La brutalité américaine le provoque, les gains accumulés par la Chine plus récemment par la Russie et aussi par l’Iran le justifient, l’impuissance tragique et comique à la fois de l’Union européenne l’oblige. Ce constat ne peut qu’appeler un projet. C’est le projet d’une France libre, d’une France du non-alignement, de la non-conformité, c’est le projet d’une France qui propose aux Nations européennes qui le veulent, si elles le veulent, de devenir le troisième pôle d’un monde réellement multipolaire.

    Et cela se voit

    Emmanuel Macron ne peut le conduire. Trois raisons au moins le lui interdisent.

    Derrière la crise de civilisation qui touche les États-Unis comme l’Europe, l’abandon de la justice et de l’égalité au nom de la performance, la perversion du droit par sa mise en concurrence, la réduction de chaque chose à son prix de marché. Comment l’élu de la banque, des big pharma et du big business mettrait il en cause ce qui assure la fortune du très petit nombre contre l’intérêt de tous ? Le Président de la France qui gagne peut-il être le Président de tous les Français, peut-il inventer la démocratie économique et parler à ceux qui se lèvent tôt, qui travaillent, qui ne sont pas des gagnants, mais qui ne sont pas rien – ils sont seulement Français ?

    Derrière la crise sécuritaire qui balaie l’Europe, le retour de l’affrontement ethnique, religieux et idéologique. La Chine des Hans veut être la Chine des Hans, l’Afrique redevient la terre des Africains, et l’Islam retrouve une dynamique de conquêtes que dissimule l’anecdote terroriste. L’internationalisme est le péché qui achève de tuer le socialisme français. L’individualisme est le voile qui aveugle l’Union et la France sur les masses qui se sont mises en marche et qui les écraseront si elles ne savent retrouver l’unité, la volonté de survivre, la passion de demeurer. Comment ceux qui interdisent de nommer les choses, qui veulent qu’un homme ne soit plus un homme, qu’une femme ne soit plus une femme, et qu’un criminel ne soit qu’un imbécile, pourraient-ils affronter une situation où le pouvoir d’agir dépend du pouvoir de nommer et de dire ?

    Derrière la crise qui secoue la France, le sentiment d’une perte de contrôle, la réalité d’une fuite en avant européenne, la vérité de trente années de renoncement à la Nation. Le malheur français n’a pas d’autre origine que cet abandon de l’idéal de la grande France, présente par ses outre-mer sur tous les océans et tous les continents, du recul d’un État qui assure l’égalité des territoires, le progrès pour tous les citoyens, et cette sécurité globale, économique aussi bien que morale, qui est la condition de la confiance. L’affirmation sans complexe de l’intérêt national, de la prééminence du citoyen français sur tout individu, de l’unité de la France sur tous les facteurs de division que l’Union attise, est la clé. Comment un Président élu par les tenants du mondialisme et du fédéralisme européens pourrait-il incarner l’État et la Nation, comment pourrait-il fournir la solution, alors que sa politique est le problème ?

    Emmanuel Macron a fait un choix

    Oui, la situation est grave. Oui, il faut abandonner l’illusion que la France donnera à une nouvelle Europe son souffle et sa force ; le général de Gaulle, puis François Mitterrand s’y sont essayés sans succès. Deux fois suffisent. Oui, la France a besoin d’alliés qui tiennent leur parole et leurs engagements, et les États-Unis ne sont plus cet allié-là. Oui encore, le sentiment national est le socle à partir du quel tout peut renaître. Dans le désordre et la confusion que répand partout la politique du « en même temps », des éléments de langage et de l’information sous tutelle, l’unité nationale, la garde aux frontières, et l’exigence citoyenne, sont le recours. Et la volonté que la France demeure, quel que soit le prix à payer, en argent, en combats, ou en morts.

    Voilà le point décisif. Au moment où la Grande-Bretagne célèbre le souvenir de ses soldats morts contre l’Allemagne en lançant 750 000 coquelicots dans la mer, ce 11 novembre, l’Union européenne commande à la France d’oublier que sa liberté et ses frontières ont été gagnées au prix de millions de morts. Et certes, de Clemenceau au général de Gaulle, ceux qui ont fait la France libre n’ont jamais hésité sur le prix à payer pour que la France vive. Ils n’hésiteraient pas plus aujourd’hui.

    Emmanuel Macron a fait le choix de mutiler les gilets jaunes, pas ceux qui envahissent la France. Il a fait le choix de poursuivre ceux qui défendent la France, ses frontières et son identité, pas ceux qui s’emploient à détruire l’État social, à précariser les Français et à faire des terres et des paysages de France, des lois françaises, des marques et des villes françaises, des produits comme les autres, en vente comme les autres sur le marché mondial. Quand le moment sera venu de dire non à l’intolérable, comment serait-il celui qui paiera le prix pour rétablir la France dans son histoire, dans ses frontières, dans sa dignité, et dans tout ce qui n’a pas de prix ?

    Emmanuel Macron a fixé l’enjeu de la prochaine élection présidentielle de 2022 ; choisir qui paiera le prix de la France libre, quel qu’il soit. Il faut savoir gré à un Président qui ne peut lui répondre d’avoir déjà posé un tel enjeu. Il est urgent de définir le projet national qui relèvera cet enjeu, un enjeu qui s’appelle simplement la survie de la France.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 13 novembre 2019)

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  • Trente ans après la chute du mur de Berlin, l’Europe est toujours coupée en deux…

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la chute du Mur de Berlin et la persistance d'une séparation entre l'Europe de l'Ouest et celle de l'Est. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « Trente ans après la chute du mur de Berlin, l’Europe est toujours coupée en deux… »

    On célèbre, en ce moment, le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Dans cet intervalle, vous avez souvent écrit que « le mur de Berlin n’est pas tombé dans toutes les têtes ». C’est toujours votre avis ?

    La formule visait ceux qui n’ont toujours pas compris qu’en 1989, la fin du système soviétique a marqué à la fois la fin d’un monde (c’est elle qui a rendu possible la mondialisation actuelle), celle de l’après-guerre, celle du XXe siècle et sans doute, aussi, celle du grand cycle de la modernité. Mais aujourd’hui, j’aurais plutôt envie de critiquer ceux qui ne voient pas que le rideau de fer n’a disparu que pour être remplacé par un fossé culturel. Malgré la réunification, les deux Allemagnes – la Rhénano-Bavaroise et la Prussienne – sont toujours là, et à bien des égards, l’ancienne Allemagne de l’Est a plus de points communs avec les pays de l’Est voisins qu’avec ce qu’on avait pris l’habitude, bien à tort, d’appeler le « monde libre ».

    Je ne regrette évidemment pas la réunification allemande, qui est allée de pair avec la réunification européenne. Mais je regrette la façon dont elle s’est effectuée. La réunification aurait pu être l’occasion d’un dépassement simultané des systèmes de l’Ouest et de l’Est, gardant le meilleur de chacun d’entre eux et rejetant le pire. Au lieu de cela, on a assisté à l’annexion pure et simple de l’ancienne RDA par l’Allemagne fédérale. Profitant des circonstances, la RFA, au moyen de la Treuhand, a finalement acheté la RDA pour la soumettre à une thérapie de choc libérale, c’est-à-dire à un régime d’exploitation capitaliste dont elle n’a pas fini de payer le prix. Trente ans après la réunification, la majorité des habitants de la Saxe, du Brandebourg et de la Thuringe ont toujours le sentiment d’être des citoyens de seconde zone.

    Il s’est quand même passé beaucoup de choses, en trente ans…

    Bien sûr. Mais le mot qui résume tout, c’est celui de déception. Lorsque le système soviétique s’est effondré, les habitants de l’Est ont eu un immense espoir : ils ont cru qu’ils allaient accéder à l’eldorado du confort et de la richesse. Après quoi, ils ont découvert les aliénations du monde postmoderne, la croissance des revenus du capital au détriment de ceux du travail, la lutte de tous contre tous, bref, un monde beaucoup plus dur qu’ils ne le croyaient. Ils ont aussi découvert l’immigration et le multiculturalisme : un modèle qui est devenu, pour eux, un véritable repoussoir. Cette déception a nourri une certaine forme d’« Ostalgie ». Hier, c’était la grisaille et la pénurie. Aujourd’hui, ce sont les profits insolents pour les plus riches, la misère pour les plus pauvres et la précarité pour tous. Hier, on vivait dans un régime qui restreignait les libertés, aujourd’hui dans un système qui privatise la censure et institutionnalise la pensée unique. Le mur, détestable symbole, protégeait au moins de la logique du marché, de la dérégulation des prix, des privatisations sauvages et de l’atomisation sociale

    En face, on a assisté à une déception symétriquement inverse. Francis Fukuyama, lisant Hegel un peu hâtivement, avait cru pouvoir annoncer la fin de l’Histoire et le triomphe planétaire du modèle capitaliste libéral : les vieilles nations allaient disparaître au profit du supermarché mondial. Mais l’histoire a fait son retour – en même temps que la géopolitique et les rapports de force – et ce qu’elle a apporté s’appelle choc des civilisations, menaces climatiques, crise financière mondiale rampante, guerres « humanitaires », terrorisme et peur de l’avenir.

    À l’Ouest, on avait pris pour argent comptant l’enthousiasme manifesté par les habitants des pays de l’Est lors de leur « libération » en s’imaginant qu’ils allaient devenir de bons petits élèves de la démocratie libérale. On découvre, aujourd’hui, que les différents pays d’Europe centrale et orientale ne veulent pas du tout nous ressembler, bien au contraire. D’où le plaidoyer d’un Viktor Orbán en faveur de la « démocratie illibérale » et sa critique des « dogmes et des idéologies de l’Ouest ». D’où la réélection triomphale de Jarosław Kaczyński en Pologne. D’où le double succès, dans les Länder d’Allemagne de l’Est, des populistes de l’AfD (dont on parle beaucoup) et des anciens communistes de Die Linke (dont on ne parle pas assez).

    Vous en concluez que l’Europe est à nouveau coupée en deux ?

    Oui, dans une large mesure, et je ne le déplore pas. Mais notons d’abord que l’Union européenne est particulièrement mal nommée, puisqu’au lieu d’unir l’Europe, elle l’a doublement divisée. Division Nord-Sud avec l’adoption d’une monnaie unique calquée sur le mark qui, de la Grèce au Portugal, a été fatale aux pays du pourtour méditerranéen. Division Est-Ouest avec des flux migratoires qui s’accélèrent toujours plus à l’Ouest et dont les pays de l’Est ne veulent absolument pas.

    Il serait temps d’admettre que l’Europe de l’Est a une tout autre culture politique et une tout autre histoire que l’Europe de l’Ouest. Elle regroupe des pays qui sont plus attachés au peuple et à la nation qu’à l’État parce que ce n’est pas l’État qui les a fait naître. À l’Ouest, c’est l’inverse : l’État a précédé la nation qui a fini par créer le peuple. Les pays de l’Est n’ont pas, non plus, été modelés par l’idéologie des Lumières. Ils constatent aujourd’hui que la démocratie libérale est le produit d’une histoire singulière qui n’est pas la leur, et que l’État de droit n’est pas le meilleur moyen de garantir la souveraineté populaire et la pérennité des nations. Leur identité a été menacée par le système soviétique, ils ne veulent pas la voir anéantie par la décadence de l’Ouest et les exigences libérales de « libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux ». Il n’y a donc pas à regretter qu’ils cherchent à s’organiser pour donner forme à une autre Europe. Nous devrions regarder cela comme un espoir.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 11 novembre 2019)

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  • Un nouveau partage du monde est en train de se structurer...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Figaro Vox, dans lequel elle commente les récentes déclaration d'Emmanuel Macron à l'hebdomadaire The Economist sur la situation de l'Europe. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé récemment, avec Hervé Juvin entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Caroline Galactéros: «Un nouveau partage du monde est en train de se structurer»

    FIGAROVOX.- Le magazine The Economist consacre son dernier numéro et sa couverture à une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle il affirme que le monde est au bord du précipice. La situation internationale est-elle aussi apocalyptique que celle que décrit le chef de l’État?

    Caroline GALACTEROS.- Il me semblait que le Président, dans son interview, avait appliqué cet oracle à l’Europe et non du monde. Le monde n’est pas du tout au bord du précipice. Il se rééquilibre autour de puissances qui assument leur souveraineté, définissent leurs ambitions et se donnent les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont nos utopies qui sont en déroute et c’est bien l’Europe qui tombe dans l’insignifiance stratégique (une forme de mort cérébrale) subitement privée de la béquille mentale que lui fournissaient le lien transatlantique et son alignement servile sur les injonctions américaines. Quant à la France, elle danse sur un volcan et pas seulement au plan extérieur. Si la présente lucidité présidentielle se consolide par des actes et des dynamiques durables, alors nous éviterons le pire et peut-être même renverserons-nous enfin la vapeur à notre avantage. Ce serait là, sur le plan stratégique, une vraie et salutaire «disruption». Après Biarritz, Moscou, la Conférence des Ambassadeurs et désormais cette interview, la grande question est désormais la suivante: Jusqu’à quel point sommes-nous déterminés à désobéir et à assumer les critiques ou la résistance active de certains de nos partenaires européens?

    Le rôle de pionnier, de défricheur d’une voie nouvelle est périlleux et demandera beaucoup de ténacité. Jusqu’au moment où certains de nos partenaires, entrevoyant la liberté, voleront au secours de la victoire et nous emboîteront le pas, notamment en Europe du sud mais pas seulement. Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée. Le choc? Notre abandon sans états d’âme par la figure paternelle américaine. Sur le fond, rien de bien nouveau mais le verbe trumpien nous a brutalement ouvert les yeux sur le profond mépris et l’indifférence en lesquels Washington nous tient. La servilité ne paie jamais vraiment. Emmanuel Macron a bien raison de douter de l’applicabilité de l’article 5 du Traité de l’Alliance atlantique. Le problème n’est pas de savoir si les États-Unis voleraient au secours d’un État européen attaqué par la Russie ou Chine. La Russie a vraiment d’autres chats à fouetter et la Chine «attaque» déjà l’Europe tous azimuts économiquement. Non, le problème est bien celui d’un fatal entraînement de la France ou d’un autre membre de l’Otan si jamais la Turquie venait à être prise à partie militairement par la Syrie en réponse à sa violation caractérisée de la souveraineté syrienne. Scénario peu probable à vrai dire, car Moscou ne laissera sans doute pas un tel engrenage ruiner ses patients efforts pour en finir avec la déstabilisation de son allié moyen oriental. Même chose si l’Iran venait à réagir à une provocation savante téléguidée par Washington. Moscou, Téhéran et Ankara ont partie liée pour régler le sort de la Syrie au mieux de leurs intérêts respectifs et Washington comme Damas n’y peuvent plus rien. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que la Turquie n’agit à sa guise en Syrie qu’avec l’aval américain. Washington laisse faire ce membre du flanc sud de l’Alliance qui lui sert en Syrie de nouvel agent de sa politique pro islamiste qui vise à empêcher Moscou de faire totalement la pluie et le beau temps dans le pays et la région. Ankara gêne aussi l’Iran. Bref, ce que fait Erdogan est tout bénéfice pour Washington. Et les Kurdes ne font pas le poids dans ce «Grand jeu»? En conséquence, c’est bien l’Amérique qui dirige toujours et complètement l’Otan. S’il est bien tard pour s’en indigner ou faire mine de le découvrir, il n’est pas trop tard pour se saisir de cette évidence et initier enfin une salutaire prise de distance de l’Europe par rapport à une Alliance qui ne traite nullement ses besoins de sécurité propres.

    Nous restons extrêmement naïfs. Nous n’avons jamais eu voix au chapitre au sein de l’Alliance pas plus d’ailleurs depuis que nous avons rejoint le commandement intégré pour nous faire pardonner notre ultime geste d’autonomie mentale de 2003 lorsque nous eûmes l’audace de ne pas rejoindre la triste curée irakienne. Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe et d’ailleurs que l’épouvantail de la prétendue menace russe est une construction artificielle destinée à paralyser le discernement des Européens, à les conserver sous tutelle, à justifier des budgets, des postures, des soutiens résiduels au lieu de construire enfin une véritable stratégie propre à l’Europe en tant qu’acteur et cible spécifique stratégique. Je rejoins là notre président. Mais je ne crois pas du tout que L’OTAN soit en état de mort cérébrale. Il devient juste clair que ce qui pouvait, aux yeux de bien des atlantistes, justifier notre alignement silencieux et quasi inconditionnel a vécu. Trump veut faire payer les Européens pour qu’ils achètent des armes…américaines et obéissent aux décisions d’intervention américaines qui ne les concernent pas. Il est temps de ne plus supporter ce chantage et de sortir de l’enfance stratégique. Nous en avons les moyens. Il ne manquait que la volonté.

    De son côté l’UE peine à définir une politique étrangère commune, croyez-vous la diplomatie européenne encore?

    Je n’y ai jamais cru! Je ne vous rappellerai pas le cruel sarcasme de Kissinger «l’Europe? Quel numéro de téléphone?» Ce qui est possible, c’est de faire sauter un tabou ancien qui veut que l’affirmation de la souveraineté des nations européennes soit antinomique de la puissance collective et un autre, qui veut que l’élargissement de l’UE ait été destiné à la rendre puissante et influente. C’est précisément tout l’inverse. Mais il est trop tard pour regretter cet élargissement brouillon et non conditionnel stratégiquement. Il faut partir du réel et le réel, c’est qu’il existe une très grande divergence entre les intérêts stratégiques américains et ceux des Européens qui doivent se désinhiber. La France peut prendre la tête de cette libération et favoriser une conscience collective lucide et pragmatique des enjeux communs sécuritaires et stratégiques.

    Il faut commencer par une véritable coopération industrielle à quelques-uns en matière de défense, sans attendre une unanimité introuvable. Il faut créer des synergies, faire certaines concessions et en exiger d’autres, et ne plus tolérer la moindre critique de Washington sur les contributions à une Alliance enlisée dans d’interminables et inefficaces opérations.

    Alors qu’Emmanuel Macron rentre d’un voyage officiel en Chine, vous écrivez, «La Chine a émergé tel un iceberg gigantesque». La Chine est en train de tisser son empire autour du globe, est-elle en train d’imposer son propre contre modèle à l’Occident?

    Pékin agit très exactement comme Washington et joue l’Europe en ordre dispersé. Oui le «contre monde» comme je l’appelle est en marche. La Chine profite du tirage entre Washington et les Européens au fur et à mesure que les pays européens prennent conscience qu’ils ne comptent plus pour l’Amérique, mis à part pour justifier un dispositif otanien contre Moscou et empêcher le rapprochement stratégique avec la Russie qui seule pourrait donner à l’Europe une nouvelle valeur ajoutée dans le duo-pôle et triumvirat Washington -Moscou-Pékin. C’est Sacha Guitry je crois qui disait que les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être trois pour les porter. L’adage est valable pour l’Europe à mais aussi pour Moscou qui sait combien «le baiser de la mort» chinois peut à terme lui être fatal. L’Europe n’a donc pas encore tout à fait perdu de son intérêt aux yeux de Moscou même si, en ce qui concerne la France, la charge affective et historique du lien a été très abîmée. Il me semble donc que l’initiative française d’une relance d’un «agenda de confiance et de sécurité» est un pas important dans cette direction qu’il faut jalonner à bon rythme de réalisations concrètes.

    La guerre commerciale semble être la forme conflictuelle privilégiée par l’administration de Donald Trump. Les sanctions américaines pleuvent sur les entreprises chinoises, en Iran, en Russie. La guerre commerciale devient-elle un des éléments structurant d’un monde Yalta 2.0?

    La fin de l’utopie d’une mondialisation heureuse a permis la résurgence d’un politique de puissance et d’influence décomplexée. Or le commerce est l’instrument privilégié de ces relations. Il n’y a qu’en France que l’on croit encore aux pures amitiés et aux affections qui guideraient les rapprochements entre États. Attention! Je ne veux pas dire que les relations personnelles, l’empathie ou l’animosité ne comptent pas, bien au contraire. Mais ce qui compte dans l’établissement du rapport de force et dans la consolidation des rapprochements, ce sont les complémentarités économiques mais aussi culturelles et même civilisationnelles et surtout la fiabilité de la parole donnée et la crédibilité interne des dirigeants.

    Votre livre donne un aperçu global de l’état des relations diplomatiques depuis les cinq dernières années. Le monde depuis 1989, puis 2001 est en constante restructuration. Le jeu des puissances est mouvant. Quelle place la France peut-elle occuper dans un monde géopolitique si instable et imprévisible? Comment peut-on participer à construire une «coexistence optimale»?

    La France doit se voir en grand car elle a de sérieux atouts de puissance et d’influence mais elle n’en use pas à bon escient. Elle se complaît dans la repentance et l’alignement. Notre place dépendra en premier lieu de notre capacité à structurer une vision et un chemin puis dans notre ténacité à défendre nos intérêts et à affirmer nos principes.

    Il nous faut effectuer un tournant pragmatique en politique étrangère et en finir avec l’idéologie néoconservatrice. Celle-ci a dramatiquement vérolé toute une partie de notre administration et de nos élites qui ne savent plus ce qu’est l’intérêt national. La France est toujours une puissance globale. Plus que nombre d’autres. Simplement elle doit retrouver une économie florissante, restructurer son industrie, remettre son peuple au travail autour d’un projet de prospérité lié à l’effort et non à l’incantation. Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.

    La Russie de Vladimir Poutine s’est imposée aux puissances occidentales comme un acteur majeur des relations géopolitiques. Son attitude sur la crise syrienne incarne ce positionnement dans l’échiquier mondial. La Russie peut-elle être un allié «fréquentable» des puissances européennes? La distance entre les Européens et les Russes en termes de politique internationale est-elle encore légitime?

    La Russie est tout à fait fréquentable. La diabolisation infantile à force d’être outrancière, dont elle fait l’objet chez nous, nous ridiculise et surtout la conforte dans une attitude de plus en plus circonspecte envers ces Européens qui ne savent plus penser ni décider par eux-mêmes.

    En 30 ans, la Russie a vécu le pire durant les années 90 puis a entamé sans violence une remarquable reconstruction nationale. Tout n’y est pas parfait, mais pouvons-nous réellement donner des leçons et nous imaginer être encore pris au sérieux après les sommets de cynisme démontrés dans nos propres ingérences étrangères, avec les résultats que l’on sait? C’est là une posture qui sert essentiellement à se défausser, à ne pas aller de l’avant notamment sur les dossiers où nous pourrions et aurions tout intérêt à tendre la main à la Russie: sanctions, Ukraine Syrie, Libye, Union économique eurasiatique (UEE), etc… Sur ce dernier point, il faut nous montrer un peu plus lucides et anticipateurs que sur les Nouvelles Routes de la Soie sur lesquelles nos diplomates ironisaient il y a encore quelques années. L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats. Je souhaite de tout cœur que la récente inflexion imprimée par notre président à la relation franco-russe après une sombre et triste période, passe rapidement dans les faits et que nous soyons le maillon fort d’une nouvelle ère collaborative, intelligente et humaine entre la Russie l’Europe.

    La solution diplomatique peut-elle encore jouer un rôle dans le dossier syrien?

    Une solution diplomatique ne peut exister que si l’on a atteint un équilibre militaire acceptable. La Syrie doit d’abord recouvrer son intégrité territoriale. Après les Syriens décideront de ce qu’ils souhaitent politiquement pour leur pays.

    Notre implication a été si humainement et politiquement désastreuse qu’il est possible de prétendre encore pouvoir décider du sort de ce pays à la place de son peuple. Évidemment, la guerre n’est pas finie. Il y a encore des dizaines de milliers de djihadistes fondus dans la population civile d’Idlib. Il y a la Turquie, la Russie et l’Iran qui consolident dans un vaste marchandage leurs influences respectives. Et il y a tous les autres acteurs régionaux et globaux qui cherchent à tirer leur épingle du jeu et à faire oublier leurs méfaits. Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien. Je l’ai assez expliqué, démontré et je n’épiloguerai pas. J’en parle abondamment dans mon recueil. Il est trop tard pour pleurer mais sans doute pas pour faire amende honorable, intégrer le processus d’Astana et son actuel dérivé - le Comité constitutionnel en cours de formation à Genève. Cela aussi, nous le devons à l’approche diplomatique inclusive et non idéologique de Moscou, ne nous en déplaise. Essayons, pour une fois, d’être intelligents et d’avancer pour que le peuple syrien sorte au plus tôt de son interminable martyr.

    Caroline Galactéros (Figaro Vox, 9 novembre 2019)

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  • Les Pikkendorff, une famille européenne...

    Les éditions Albin Michel viennent de rééditer un roman de Jean Raspail initialement intitulé Hurrah Zara ! sous le titre Les Pikkendorff, dans lequel il raconte l'histoire de cette famille européenne qui lui a fourni quelques uns de ses personnages dans plusieurs de ses livres (Septentrion, L'île bleue, Sept cavaliers, Les Royaumes de Borée, Le Jeu du Roi...). Aventurier, journaliste et romancier, Jean Raspail a notamment écrit Le Camp des Saints, grand roman visionnaire, mais aussi Le tam-tam de Jonathan, Sire ou encore La hache des steppes .

     

    Raspail_Les Pikkendorff.jpg

    " « Ce livre a vu le jour en 1998, sous le titre flamboyant de Hurrah Zara ! Nous ne pouvions, mon éditeur et moi, prévoir que ce nom sacré de Zara, première souveraine von Pikkendorff, allait devenir l'enseigne d'une chaîne de prêt-à-porter féminin ! Pour l'honneur des innombrables Pikkendorff et pour le mien, il fallait, dès la première opportunité, laver l'affront, et redonner au livre un titre qui reflétât la grandeur de cette prestigieuse famille.
    Les Pikkendorff, c'est l'Europe. La vieille et éternelle Europe. La vraie. La nôtre. La mère de la civilisation occidentale. Von Pikkendorff pour les Germaniques, de Pikkendorff pour les Français, Pikkendoe pour les Britanniques... Je les ai cherchés, je les ai trouvés, je les ai connus, je les ai enviés. Leur élan, c'est un socle sûr, un recours, une forme d'exemple.
    Je ne veux pas qu'on les oublie, de telle sorte qu'ils nous abandonnent, qu'ils nous dédaignent. Telle est la raison principale, profonde, essentielle  de la présente réédition. Fermez le ban ! » Jean Raspail "

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  • Une histoire de l’Europe païenne...

    Les éditions Dervy viennent de publier un livre de Prudence Jones et Nigel Pennick intitulé Une histoire de l'Europe païenne - A la découverte de nos racines spirituelles. Spécialisée dans la philosophie médiévale, Prudence Jones a enseigné à Cambridge et à l'université d'Alberta. Nigel Pennick, pour sa part, se consacre depuis près de trente ans à l'étude du paganisme européen.

     

    Jones-Pennick_Une histoire de l'Europe païenne.jpg

    " Des déesses aux serpents de la Crète antique, des dieux du tonnerre au culte de la nature et à la résurgence des religions indigènes en Europe, cet ouvrage, best-seller en Angleterre, est la première étude du genre exhaustive et objective, qui propose une perspective nouvelle sur l’histoire de l’Europe, son inconscient collectif et l’histoire des mentalités et de la religion en général. Ce travail novateur, dense, richement illustré confirme le paganisme comme une force persistante dans l’histoire européenne qui a exercé et exerce encore une influence profonde sur la pensée moderne. Pas à pas, nous suivons l’évolution de ce courant de pensées, de vie et de spiritualité en parallèle des religions dominantes, voire en conjonction avec celles-ci. Le lecteur prend conscience d’à quel point le monde moderne doit au paganisme ancien son pluralisme tolérant, son amour des arts, un grand nombre de ses connaissances et de sa philosophie. Il découvre que le paganisme a laissé une puissante empreinte sur la société, les traditions, les lieux de culte, les rituels, les arts, les contes populaires, etc. "

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  • F.A.U.S.T , métapolitique de la science-fiction !...

    « C'est le réveil d'une vraie science-fiction française, lucide ordonnée et non-conformiste, dont Serge Lehman paraît être l'un des espoirs les plus prometteurs. Manifestement, l'auteur a réfléchi aux dérives soft-dictatoriales de la société marchande : certains passages métapolitiques ne dépayseront pas les lecteurs d’Éléments. Pour être engagée, sa chronique du futur n'en est pas moins passionnante à découvrir, avec la création d'un monde foisonnant et cohérent, appelé à marquer durablement les esprits. » Grégory Pons (Éléments, avril 1997)

     

    Les éditions Au Diable Vauvert viennent de rééditer l'excellente série de science-fiction de Serge Lehman intitulée F.A.U.S.T. Cette réédition regroupe les trois volumes de la série ainsi qu'un roman et une nouvelle s'y rattachant directement*. Auteur de science-fiction, spécialiste du roman d'anticipation européen de la première moitié du XXe siècle, Serge Lehman s'est tournée avec brio vers le scénario de bande-dessinée et on lui doit, en particulier, La Brigade chimérique, une fascinante « plongée archéologique au cœur de l’imaginaire mutilé de l’Europe » ainsi que Métropolis et Masqué.

    * Les lecteurs fidèles de Serge Lehman savent que toute son œuvre se relie à une même trame, traversée par la mystérieuse figure du Picte... On notera que le quatrième tome de la série L'âge de chrome, longtemps annoncé, et jamais écrit, ne figure pas dans cette édition intégrale.

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    " Premier janvier 2095. Les Puissances – ces grands empires industriels qui règnent sur l’économie mondiale – rassemblent leurs forces. Demain, à New York, le Sénat des Nations Unies ouvre ses portes… Une conspiration est en marche – si vaste qu’elle pourrait bien faire basculer le destin de l’humanité. De l’autre côté de l’Atlantique, un groupe de scientifiques, d’intellectuels, de diplomates et d’espions prépare la riposte. Ils n’ont pas de nom, pas d’argent, pas de statut… Mais leur détermination est digne des utopistes de la Renaissance. "

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