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europe - Page 48

  • Renovatio Europae : plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe !...

    Les éditions du Cerf viennent de publier Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe, un ouvrage collectif dirigé par David Engels. Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels est déjà l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019).

     

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    " Immigration de masse, déclin des valeurs, théorie du genre, radicalisation, sociétés parallèles, cartels politiques, polarisation sociale, crise de la dette - où que l'on regarde, l'Europe semble se désintégrer devant nos yeux : l'universalisme politiquement correct nous a menés au bord du gouffre. Il est grand temps pour un retour à ces valeurs qui, jadis, furent à la racine de la grandeur de l'Occident, si nous voulons éviter les pires scénarios.
    Ceci ne sera possible que grâce à un renouveau fondamental de l'Europe sur base d'une idéologie politique que nous voudrions appeler « hespérialisme » : d'un côté, nous avons besoin d'une Europe assez forte pour protéger l'Etat-nation individuel contre la montée de la Chine, l'explosion démographique de l'Afrique, les relations difficiles avec la Russie et la radicalisation du Proche Orient. Mais d'un autre côté, une telle Europe ne sera acceptée par le citoyen que si elle reste fidèle aux traditions historiques de l'Occident au lieu de les combattre au nom d'un universalisme multiculturel chimérique.
    Défense de la famille naturelle, régulation sévère de l'immigration, retour à la Loi Naturelle, protection d'un modèle économique socialement responsable, implémentation radicale du principe de subsidiarité, renforcement des racines culturelles de notre identité et renouveau de notre sens de la beauté - voici, en quelques mots, les bases d'une nouvelle Europe « hespérialiste ». "

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  • Sommes-nous en pleine 4ème guerre mondiale ?...

    Le 10 juillet 2020, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Michel Geoffroy, à l'occasion de la publication de son essai La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020). Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et un essai, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018).

     

                                          

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  • La nouvelle guerre des mondes...

    Les éditions Via Romana viennent de publier un essai de Michel Geoffroy intitulé La nouvelle guerre des mondes. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et un essai, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Nous sommes en guerre, déclare Michel Geoffroy, et ce quatrième conflit succède à la guerre froide.
    Une véritable guerre des mondes car elle voit s’opposer différentes représentations du monde incarnées chacune par sa civilisation et parce qu’elle a le monde pour enjeu.
    Cette quatrième guerre oppose les États-Unis, bras armé de la superclasse mondiale et nation messianique, aux civilisations émergentes de l’Eurasie, qui contestent de plus en plus leur prétention à diriger le monde, rejetant un Occident aux valeurs décadentes.
    Car ce que l’on nomme aujourd’hui l’Occident, correspond à un espace dominé et formaté par les États-Unis, et n’a plus qu’un rapport lointain avec la civilisation qui l’a vu naître, la civilisation européenne. Et les « valeurs » qu’il se croit en droit de promouvoir partout par la force, sont en réalité des antivaleurs, poisons mortels.
    Monde unipolaire versus monde polycentrique, civilisations renaissantes contre la dé-civilisation occidentale : voilà la matrice de cette quatrième guerre mondiale.
    Pour notre auteur, cette guerre des mondes se déroule pour le moment principalement dans l’ordre géoéconomique, mais on ne peut exclure qu’elle finisse par déboucher sur un affrontement armé direct entre les puissances émergentes et l’unilatéralisme américain, qui instrumente au surplus l’islamisme à son profit.
    La quatrième guerre mondiale constitue donc aussi un défi européen. Parce que les pseudo-valeurs occidentales détruisent l’Europe. Et parce qu’alignés sur les États-Unis – du fait de la trahison de leurs élites – les Européens se trouvent emportés dans son belliqueux sillage, alors que les États-Unis ne gagneront pas, pour de multiples raisons développées ici, la quatrième guerre mondiale en cours.
    L’Europe doit-elle donc sortir de sa dormition pour relever le défi du monde multipolaire, en devenant à son tour un pôle de puissance indépendant et souverain ?  Les nations d’Europe connaîtront-elles le destin des cités grecques désunies : la soumission à la Macédoine, puis à Rome et finalement au Grand Turc ?

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  • Nouvelle économie : crédit, désir et politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à l'effondrement de notre société basée uniquement sur le désir. Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Nouvelle économie : crédit, désir et politique

    Usée jusqu’à la corde, la vieille ficelle de « la croissance est de retour » ne trompe plus personne. Malgré les milliards de milliards d’euros dont s’enivre la Commission européenne, de « Green Deal » en « Next generation », malgré la bonne volonté dégoulinante des commissions et des comités, malgré tous les efforts de la BCE, le recul du commerce mondial touche particulièrement l’Union européenne, et l’espoir d’une reprise en « V » s’éloigne à mesure que la déchirure du tissu économique local se précise. Voilà de quoi réjouir les adeptes de la décroissance écologique, et aussi bien, ceux qui voient dans l’hyperconsommation l’un des facteurs de la destruction à l’œuvre de nos conditions de vie. Voilà surtout de quoi en finir avec l’illusion économique sur laquelle toute politique ne bâtit que sur du sable.

    Crédit : trois chiffres résument la situation actuelle.

    Dans les années 1950, un dollar de crédit produisait quatre à cinq dollars d’activité en plus. Le crédit constituait réellement un levier de croissance.

    Dans les années 1990, quatre à cinq dollars de crédit produisaient un dollar de croissance. Les excès du crédit bancaire américain, tel que Bill Clinton y a cherché la fuite en avant de la propriété pour tous, sont l’expression d’une situation inédite ; le crédit échouait à générer l’activité. Beaucoup a été écrit sur les raisons de la stagnation, la panne de croissance, que certains voient séculaire, et le salut cherché dans l’innovation, dans les politiques monétaires accommodantes, le numérique. Rien n’y a fait. De plus en plus d’argent produit de moins en moins d’effet sur l’économie — la BCE l’a-t-elle vu ?

    Depuis deux ans, des milliards de milliards de dollars de crédit ne produisent pas un seul dollar de croissance réelle – mais des achats en Bourse qui poursuivent la plus longue et forte vague de hausse des prix d’actifs financiers jamais connue. Les entreprises attendent des effets de ruissellement qui ne viennent pas. Les politiques, avec la complicité des économistes et des banquiers centraux, amusent la galerie avec des prévisions comiques par leur invraisemblance, par exemple la fameuse reprise en V ; il est plus grave que certains se laissent prendre à la « nouvelle théorie monétaire » qui assure que les dettes ne seront jamais payées ! Si douce à entendre, si dure à oublier !

    Voilà pourquoi il est légitime d’interroger la fuite en avant de l’Union européenne et de la BCE. 250, 500, milliards, 1000 milliards pour le Green Deal, pourquoi pas le double pour « Next generation » — puisque c’est elle qui paiera ? Après la FED, la BCE invente l’argent magique, celui qui ne coûte rien et qui ne sera jamais remboursé. Et elle réfléchit à faire mieux ; créditer les comptes de chaque ménage européen de liquidités créées par la BCE, charge à lui de le consommer tout de suite — car la nouveauté du moment est que ce n’est pas le travail qui permet la consommation, par la valeur ajoutée apportée, l’individu est payé pour consommer — pour faire repartir cette croissance qui boude et sans laquelle nos sociétés semblent condamnées à s’effondrer sur elles-mêmes !

    La boucle est bouclée et elle pose des questions majeures à l’Union européenne, aux droits des citoyens et à la démocratie.

    La société libérale du désir et non du politique

    J’ai traité dans « Le Gouvernement du Désir » ce fait négligé ; le marketing et la publicité ont usurpé le propre du politique ; l’espoir d’une vie meilleure. Si vous voulez vivre mieux, plus la peine de voter, encore moins de militer, faites chauffer la carte de crédit ! En passant du libéralisme politique au libéralisme économique, celui de l’individu dont le seul interlocuteur est le marché, et qu’avait deviné Benjamin Constant dès 1810, nous avons changé d’espoir ; l’espoir révolutionnaire politique et démocratique s’est vu submergé et bientôt, dépassé, par la puissance révolutionnaire du désir marchand, du désir mimétique, du désir qui balaie tout sur son passage ; l’entreprise a pris le pouvoir à la faveur de la production du désir, la société libérale est devenue le cadre du déchaînement du désir, de tous les désirs. La liberté individuelle a servi le diktat du marché ; belle opération, qui fait du capitalisme financier de la fin du XXe siècle l’une des forces révolutionnaires les plus abouties qui aient été !

    Voilà l’effondrement actuel ; leurs pères ont tourné le dos à l’espoir révolutionnaire pour collectionner les stock-options, vanter la société ouverte et faire venir leurs esclaves des pays du Sud sous couvert de droits de l’homme, ils ont proclamé suivre leurs désirs sans entraves, leurs enfants se détournent de la société d’hyperconsommation, fuient les métropoles et cherchent à échapper aux ravages de la société multiculturelle, les uns en renouant avec les formes religieuses à disposition, les autres en se repliant sur des cellules amicales, familiales ou communautaires espérées imperméables, tous en condamnant sans retour les moyens tentaculaires d’exploitation du monde auxquels leur semble se résumer l’histoire de leurs pays, de l’esclavage à la colonisation et des missions religieuses à la diffusion de la culture et du mode de vie occidental.

    Les économistes et les dirigeants auxquels ils servent d’alibi entendent user de tous les moyens pour réveiller l’appétit de la croissance infinie, certains que de l’économie vient le salut. Ils se trompent, et l’insurrection des identités collectives à laquelle nous assistons devrait sonner leur réveil. Le temps n’est pas à l’innovation technique, marketing, le temps est à l’innovation sociale et politique. Le temps est aux formes politiques de l’espoir collectif, seul capable de ranimer l’envie d’avenir qui est le secret des sociétés ouvertes, entraînantes et surtout, heureuses de vivre. Le temps est de constater lucidement les conditions qui font une bonne société, les conditions qui font une société dysfonctionnelle.

    Une certitude ; la société qui fonctionne poursuit un projet politique. Tout indique que l’Union européenne est aujourd’hui incapable de se donner le projet politique d’indépendance et de puissance qui lui permettrait de dépasser le rêve vieilli du marché intérieur, et de répondre à l’attente de Nations inquiètes de demeurer. Tout indique qu’elle est impuissante à sortir d’alliances dépassées, dénoncer des traités paralysants, sortir des facilités du tout économique. Passer de la nuit à la lumière et de l’ombre au soleil n’est pas seulement une enflure rhétorique de M. Jack Lang ; c’est le fondement de nos démocraties. L’espoir que la politique peut changer la vie, l’espoir que le combat politique peut faire la vie meilleure pour tous.

    Nous pouvons en rire. Ils sont des millions à avoir donné leur vie pour ça. Et la grande panne de la croissance ne serait rien si « elle n’était pas le signe d’une crise du futur, d’une perte de l’envie d’avenir, qui se traduit par la panne démographique où l’Occident s’engloutit, qui s’exprime par la lâche tentation de renoncer à tout ce qui a été fort, grand et beau pour se donner quelques mois, quelques années encore de lâche tranquillité, et qui débouche sur le renoncement à être ce que l’on est – jusqu’au moment où du plus sombre renaît la lumière qui guide ceux qui savent ce qu’ils se doivent.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 29 juin 2020)

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  • L’Europe de la défiance...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hadrien Desuin consacré à la question de l'Europe de la défense et cueilli sur Geopragma. Spécialiste des questions géopolitiques, chercheur associé à Geopragma, Hadrien Desuin est l'auteur de La France atlantiste (Cerf, 2017).

     

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    L’Europe de la défiance

    La France multiplie les effets d’annonce en faveur de “l’Europe de la défense” sans pouvoir masquer sa dépendance à l’OTAN.

    Quelques jours avant le sommet de Londres, les 3 et 4 décembre 2019, un entretien présidentiel publié dans l’hebdomadaire britannique The Economist met le feu aux poudres. En qualifiant l’OTAN d’organisation “en état de mort cérébrale“, Emmanuel Macron vole la vedette à Donald Trump, pourtant habitué à ce type de sortie fracassante. Son duel à fleuret moucheté avec le président turc et membre de l’OTAN, Erdogan, se poursuit en juin 2020, sur fond de guerre civile libyenne, lors de la venue à Paris du président tunisien, Kais Saied. Quelques jours plus tôt, la flotte turque a menacé une frégate française envoyée par l’OTAN au large des côtes libyennes. Washington n’a pas condamné la Turquie et l’OTAN a prudemment demandé une enquête, renvoyant dos à dos Turcs et Français. Ce camouflet illustre la marginalisation de la France dans l’alliance atlantique et justifie a posteriori ses doléances exprimées à Londres: une Europe de la défense indépendante de la tutelle américaine, moins complaisante vis-à-vis de la Turquie et moins obnubilée par la menace russe. Entre temps, Jens Stoltenberg, le secrétaire général norvégien de l’OTAN, est venu à l’Elysée demander des explications: « Nous avons besoin d’une structure de commandement forte et compétente, pas de diviser les ressources en deux ». Il serait selon lui « dénué de sens de permettre à l’OTAN et à l’Union européenne de rivaliser ». Nicole Bacharan, figure de la French-American Foundation, souvent critique du président Trump, sait mettre de l’eau dans son vin quand c’est nécessaire:  « Sur le fond Trump a raison, c’est irréaliste de penser qu’une armée européenne pourrait se passer des États-Unis ». Angela Merkel a certes tenté une synthèse: « il ne s’agit pas d’une armée contre l’OTAN, bien au contraire ! Cela peut être une armée qui complétera l’OTAN de façon très utile, sans remettre ce lien en cause »;  Vladimir Poutine est finalement le seul à voir dans une « une armée européenne : un processus positif pour le renforcement du monde multipolaire ».


    La roue de secours de l’OTAN ?

    En réalité, les malentendus entre l’OTAN et les projets d’armée européenne ou d’Europe de la Défense ne datent pas d’aujourd’hui. Après deux guerres mondiales Britanniques et Français sont traumatisés par l’engagement tardif des Américains contre l’Allemagne. Dès le 5 mars 1946, dans un discours resté fameux à Fulton, Winston Churchill s’alarme du “rideau de fer descendu à travers le continent, de Stettin dans la Baltique à Trieste sur l’Adriatique.” Suivront en 1947, la doctrine Truman et le plan Marshall mais aussi le traité franco-britannique de Dunkerque, signé le 4 mars, dans une ville ô combien symbolique. Un an plus tard, à Bruxelles, le traité bilatéral franco-britannique s’élargit au Benelux. Son article 5 prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression extérieure. L’Europe de la défense ne va toutefois durer qu’un an. En 1949, avec le traité de Washington, les dispositions du traité de Bruxelles sont vidées de leurs substances et mis en sommeil. Washington, qui planifie une guerre imminente contre l’URSS, au vu de ce qui se passe au même moment en Corée, prend directement les commandes.Bien loin d’être concurrents, les deux projets militaires, OTAN et Europe de la défense apparaissent dès l’origine complémentaires dans la mesure où la dernière sert de palliatif ou de plan B, pour encourager ou suppléer une puissance américaine parfois hésitante. En 1954, lorsque Jean Monnet échoue de peu à fonder la CED (communauté européenne de Défense), l’Union de l’Europe occidentale (UEO) réactive le traité de Bruxelles et puis sombre à nouveau dans l’oubli.

    35 ans plus tard, la guerre froide s’achève sur une victoire de l’OTAN par abandon des soviétiques. La paix européenne présuppose la réintégration de la Russie dans le concert européen mais la chose est impensable pour Washington. Les structures otaniennes diminuent leur empreinte au sol mais s’élargissent vers l’est. Les Européens, et singulièrement la France, tentent dans le même temps une relance de l’Union de l’Europe Occidentale, “troisième pilier du traité de Maastricht”.
    Dans les faits, malgré l’implosion yougoslave et l’intervention tardive des Etats-Unis (accords de Dayton puis occupation du Kosovo), les nations européennes se sont empressées d’ “engranger les dividendes de la paix“. Formule prononcée par Laurent Fabius dès le 10 juin 1990 et symptomatique d’une vision économique du monde. La plupart des armées européennes se contentent des missions dites de Petersberg, du nom de la déclaration de l’UEO, faite à l’hôtel éponyme sur les hauteurs de Bonn en 1992. Missions “civilo-militaires” de formation, de coopération ou d’interposition dont les contours politiques s’avèrent assez flous. Il faut “gagner la paix” et non plus “faire la guerre”. Il y a une “division du travail entre les États-Unis, qui “faisaient le dîner”, et les Européens, qui “faisaient la vaisselle” ironise Robert Kagan dans un article dePolicy Review publié en 2002 et destiné à préparer l’opinion à la guerre en IrakArticle qui sera à l’origine de son ouvrage majeur, La puissance et la faiblesse. Pour Kagan, l’Europe s’apparente à Vénus, déesse de l’amour, tandis que Mars, dieu de la guerre, inspire l’Amérique. Autrement dit, l’armée américaine détruit l’ennemi et les Européens réparent les dégâts.
    La PESD (Politique Européenne de Sécurité et de Défense), héritière de l’UEO n’a jamais pu se substituer à l’armée américaine en Europe. Dans les accords de “Berlin +”, la condition pour que l’UE bénéficie des moyens de l’OTAN est que celle-ci ne soit pas engagée. La mission judiciaire et policière EULEX Kosovo n’a, par exemple, pas d’accord de partenariat avec la KFOR. Cet accord est aujourd’hui verrouillé par la Turquie qui fait payer aux Européens, via l’OTAN, sa non adhésion à l’UE.

    L’Europe de la Défense portée disparue.
    Certes la France et le Royaume-Uni tentent de conserver une capacité de projection et d’intervention “en premier” sur un théâtre d’opération. Ce sont les deux “nations-cadres” qui peuvent encore agir en autonomie ou diriger une coalition. Pour le reste, c’est le désarmement général: les crédits de défense dépassent péniblement les 1% du PIB. Le nombre de soldats et de régiments est divisé par deux ou trois en 30 ans. Dans son discours sur “l’État de l’Union” du 14 septembre 2016, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker a dévoilé un projet de “corps européen de solidarité” où les jeunes pourront servir les autorités nationales et locales mais aussi les ONG et les entreprises…Avec le Brexit, certains ont cru qu’il n’y avait plus d’obstacle à une Europe de la Défense. C’est méconnaître le tropisme atlantiste des pays d’Europe centrale, du nord et même du sud. Même la France a très tôt réaffirmé son étroite collaboration militaire avec le Royaume-Uni à l’occasion du sommet de Sandhurst en janvier 2018 et lors de l’exercice naval Griffin strike en Ecosse en octobre 2019. En théorie, la France a pu apparaître comme la dernière nation, avec peut-être la Belgique et le Luxembourg, à croire encore à l’Europe de la Défense. Mais en 2009, la France est rentrée dans le giron de l’OTAN et le fond européen de défense qu’elle a péniblement obtenu d’Angela Merkel pourra d’ailleurs servir à l’achat d’équipement militaire non-européen, signe de la dépendance américaine de l’Europe de la défense.

    Les administrations américaines successives appellent de leur côté les nations européennes de l’OTAN à stopper l’hémorragie budgétaire. 70% de la défense européenne est en effet assurée par les États-Unis et les états-majors de l’OTAN sont pléthoriques. On comprend que Donald Trump ait menacé de se retirer pour obtenir une meilleure répartition financière. Mais cette confortable réticence européenne peut s’expliquer. D’une pierre deux coups; cet effort européen permet à l’armée américaine de financer son propre réarmement. Et l’Europe, en première ligne, sert de tête de pont à la défense américaine. La mise en place en Europe du bouclier antimissile face à la Russie coûte par exemple très cher et c’est l’industrie américaine (Raytheon) qui en bénéficie en très grande partie. Une base navale en Espagne, un centre de commandement en Allemagne et deux bases de lancements en Pologne et en Bulgarie, sans compter le coût du système d’arme. Voilà pourquoi, l’achat de système de défense anti-missile russe S-400 par la Turquie a suscité plus de colère et de frayeur à Washington que les protestations françaises face à l’intervention militaire de Erdogan en Libye et en Syrie.

    Hadrien desuin (Geopragma, 25 juin 2020)

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  • A la recherche des Dieux...

    Les éditions Dualpha viennent de rééditer un récit de Bruno Favrit intitulé A la recherche des Dieux, avec une préface de Pierre Gillieth. Amateur de marches en montagne et lecteur de Nietzsche, Bruno Favrit a déjà à son actif une œuvre conséquente, avec des romans et récits, comme Le soleil d'or (Alexipharmaque, 2015) et Fort à faire (Auda Isarn, 2016) ou des essais, tels Vitalisme et Vitalité (Editions du Lore, 2006) et Esprit du Monde (Auda Isarn, 2011). Il a également publié un recueil d'aphorismes, Toxiques & Codex (Alexipharmaque, 2013) et le premier tome de son journal, Midi à la source (Auda Isarn, 2013).

     

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    " Le miracle grec et sa civilisation-socle ont jeté les bases, il y a 2 500 ans, de tout ce qui est cher aux Européens : les arts (théâtre, musique, architecture, poésie), la philosophie (tant politique qu’humaine), le politique et la (vraie) démocratie directe.

    Si cet héritage n’avait pas été digne, si nous n’avions pas eu les Grecs, les Romains, les Normands, les Ger­mains, les Celtes et tous ces peuples intrépides et inventifs, le christianisme aurait pu s’installer tranquillement en Europe et se prévaloir d’avoir assis notre civilisation dans une histoire univo­que.

    Or l’Europe ne s’est pas débarrassée de ces Hommes illustres, empereurs, généraux, explora­teurs, savants, artistes, qui ont su témoigner de la grandeur de leur civilisation.

    À ceux-là, nous devons ajouter les philoso­phes. Ces penseurs, souvent peu considérés comme ac­teurs de l’élaboration de notre destin, consti­tuèrent pourtant de manière déterminante l’es­sence même de l’Antiquité. Malgré quelques re­gret­­tables épisodes comme la mort forcée de Socrate, la philosophie pouvait s’y trouver bien et s’y développer. C’est que l’on avait alors une hau­te idée de la pensée à l’heure où l’on savait aussi mourir pour l’honneur et la liberté.

    L’aspect es­sentiel de la philosophie a été énoncé par Sénèque qui incitait l’individu à agir plutôt qu’à bavarder.

    L’Europe a montré en effet qu’elle savait agir – même si la tendance est plutôt ramenée aujour­d’hui vers l’attentisme et la concertation. Pour l’auteur, l’enseignement de la philosophie païenne doit être ainsi com­pris, fait de droiture et d’honnê­teté : « Savoir accessoire­ment recon­naître ses com­pagnons pour qu’ils se trouvent à nos côtés le jour où il nous faudra aller en terres dangereuses. » "

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