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Economie

  • La France au bord de l'abîme...

    Les éditions L'Artilleur viennent de publier un essai de André-Victor Robert intitulé La France au bord de l'abîme. De formation scientifique, André-Victor Robert est économiste.

     

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    " Ce livre décrit l’état de la France à la fin de l’année 2023, en matière économique et démographique. Il appuie le diagnostic non pas sur des impressions d’observation personnelle, mais sur les statistiques issues des instituts officiels et sur les travaux académiques disponibles les plus récents. Les statistiques présentées dans cet ouvrage sont toutes disponibles en ligne, sur les sites Internet de l’Insee, de l’Ined, d’Eurostat, de l’OCDE et des principaux instituts de statistiques des pays européens. Les liens pour y accéder sont tous présentés.
    Pour donner une vraie signification aux chiffres, l’auteur présente par ailleurs les évolutions temporelles des grandeurs considérées et des comparaisons avec les autres pays développés. Le lecteur peut ainsi mieux évaluer la situation particulière de la France.
    Le bilan qui se dégage de cet examen d’ensemble est très sombre et l’urgence de mettre en oeuvre des changements radicaux apparaît dans toute sa crudité. "

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  • Guerre en Ukraine : l'irrésistible basculement du monde...

    Le 31 octobre 2022, Olivier Pichon, avec Pierre Bergerault, recevait sur TV libertés, dans l'émission Politique & Eco, Jacques Sapir, pour évoquer le basculement du monde provoqué par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales prises contre la Russie.

    Économiste hétérodoxe, directeur d’études à l’EHESS, expert de l’économie russe, Jacques Sapir a publié de nombreux essais comme La fin de l'euro-libéralisme (Seuil, 2006), La démondialisation (Seuil, 2011) ou Souveraineté - Démocratie - Laïcité (Michalon, 2016).

     

                                                

    " Nous assistons, en dépit des apparences, à l’affaiblissement continu des États-Unis et de leurs alliés. Ce processus prend la forme d’une "désoccidentalisation" du monde qui va de pair avec la démondialisation, avec l’émergence des BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Mais il faut aussi comparer la part dans le PIB mondial (calculé en parité de pouvoir d’achat) du G-7 et celle des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Aujourd’hui, ce groupe de pays, qui est en passe de s’élargir avec de nouveaux candidats comme l’Algérie, l’Argentine, le Nigeria, le Kenya, l’Indonésie et la Turquie, apparaît comme un bloc refusant les sanctions décidées par les États-Unis et l’UE. Il est donc clair que le processus de démondialisation est aujourd’hui engagé de manière irréversible. Dans ce contexte, quelle est la taille réelle de l’économie de la Russie ? Par la méthode de la parité de pouvoir d’achat, l’économie russe devient alors à peu près équivalente à celle de l’Allemagne. Et compte tenu de la dépendance, que ce soit celle de l’UE ou plus globalement des marchés mondiaux, aux exportations russes, l’impact sur le reste du monde des sanctions sera quant à lui très fort. C’est l’une des formes les plus évidentes de "l’effet boomerang". Enfin, le rouble s’est apprécié d’environ un tiers et les pays des BRICS réfléchissent sur la constitution d’un fonds monétaire qui leur est propre. Le gel des avoirs de la Banque centrale de Russie a eu pour conséquence d’inquiéter les autres membres du FMI qui songent sérieusement à le quitter pour ne pas tomber sous le coup des mêmes mesures : effet boomerang toujours et encore. "

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  • La déterritorialisation des terres : un changement civilisationnel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue consacré à la « déterritorialisation des terres » , cueilli sur le site Champs communs - Le laboratoire d'idées de la reterritorialisation animé par Guillaume Travers.

    Professeur d'économie, Guillaume Travers est chroniqueur à la revue Éléments et a notamment publié Pourquoi tant d'inégalités ? (La Nouvelle Librairie, 2020), Économie médiévale et société féodale (La Nouvelle Librairie, 2020), Capitalisme moderne et société de marché (La Nouvelle Librairie, 2020) et La société de surveillance, stade ultime du libéralisme (La Nouvelle Librairie, 2021).

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    La déterritorialisation des terres : un changement civilisationnel

    « Déterritorialisation des terres » : l’expression est paradoxale. Et pourtant, c’est bien de cela dont il s’agit : des terres transformées en purs actifs financiers, échangées dans le monde entier par des sociétés anonymes dont les gérants ne les habiteront jamais ; des terres qui ne vaudront que comme placements ou sources de dividendes. Le phénomène est difficile à mesurer, car les statistiques disponibles ne le saisissent pas, mais il s’accélère massivement. Tentons un état des lieux.

    Un état des lieux

    En France, l’un des premiers signaux d’alerte s’est allumé en 2015, lorsque deux entreprises chinoises ont racheté 1 700 hectares de terres agricoles dans l’Indre. Le phénomène n’était pas complétement nouveau : on savait ces achats de terres massifs sur d’autres continents, et l’on avait déjà vu des vignobles passer dans des mains étrangères. Mais l’annonce a néanmoins fait l’effet d’une petite bombe – c’était là des champs de blé et d’orge. Un livre récemment paru, Hold-up sur la terre, montre que les acheteurs ne sont pas qu’étrangers : nombre de petites exploitations et de parcelles sont rachetées par des groupes industriels et des entreprises de la grande distribution, Fleury Michon ou Chanel. Les prix payés pour ces achats dépassent tout ce que les jeunes agriculteurs peuvent raisonnablement débourser pour s’installer. À petit feu, l’agriculture cesse d’être familiale, pour être confiée à des multinationales gestionnaires embauchant des travailleurs agricoles non propriétaires. Il est à craindre que la tendance s’accentue soudainement, car la moyenne d’âge chez les agriculteurs est élevée, et plus de 160 000 exploitations devront trouver un successeur dans les trois ans à venir. Enfin, dernière révélation récente : la terre intéresse aussi les très grandes fortunes. Aux États-Unis, le plus grand propriétaire de terres arables n’est autre que Bill Gates, le fondateur de Microsoft, qui détient 97 000 hectares de champs répartis sur 18 États – et qui a bien du mal à expliquer publiquement les raisons de ces achats.

    Le même mouvement touche aussi les forêts. Le bois bénéficie de la mode des énergies « vertes », mais ce n’est guère une bonne nouvelle pour la gestion des forêts, qui se voit industrialisée : des parcelles entières rasées et replantées avec une seule espèce – celle qui convient le mieux à la demande du marché. Là encore, un livre récent, Main basse sur nos forêts, tente d’alerter l’opinion. Et là aussi, la question des achats par l’étranger devient saillante. Plus de 30% du bois français partirait vers l’étranger avant d’être transformé, et notamment vers la Chine, dont les importations de chêne ont bondi de 42% sur un an (et de 66% pour les résineux).

    Notons, pour clore brièvement le constat, que des tendances comparables touchent aussi le foncier urbain. Au Canada, dans des villes comme Toronto ou Vancouver, plus du tiers de l’immobilier serait possédé par des acteurs chinois. À New York, des débats intenses ont récemment eu lieu s’agissant de certains gratte-ciel autour de Central Park, qui passent de sociétés financières en sociétés financières, sans même être habités. De purs placements.

    La rupture du lien à la terre

    Le fait de pouvoir acheter des terres n’importe où dans le monde paraît normal à la plupart de nos contemporains. Cela ne choque la majorité, au mieux, que dans quelques cas extrêmes. Si l’on considère la longue durée historique, c’est pourtant quelque chose de tout à fait neuf.

    Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des institutions européennes, une distinction très nette est toujours établie entre les biens immobiliers et les biens mobiliers. Ces derniers, que l’on parle de troupeaux ou de monnaie, ont très tôt été l’objet d’échanges, y compris avec des étrangers. À l’inverse, c’est un pléonasme d’affirmer que le propre de l’immobilier, c’est d’être immobile. Contrairement aux biens meubles, les Européens se sont toujours représentés la terre comme quelque chose qui ne peut pas être liquide, échangeable avec n’importe qui. La terre n’est pas un simple bien matériel, c’est le lieu sur lequel se déploie l’existence d’une lignée ou d’une communauté. Ce fait se laisse voir par de multiples exemples. Ainsi, dans le monde antique, là où les biens mobiliers sont échangés sans formalisme abondant (selon un modèle propre aux transactions commerciales), l’échange de la terre était beaucoup plus rare et formalisé par des cérémonies de nature religieuse : en faisant passer la terre de mains en mains, on délogeait les divinités familiales qui y habitaient, et cela ne pouvait être un acte anodin. Depuis l’Antiquité et jusqu’à la Révolution de 1789, une pratique comme celle du retrait lignager évitait la dispersion du patrimoine des lignées, en permettant précisément de ramener un bien dans le lignage quand celui-ci devait être vendu. Quant à la qualité d’une terre, elle n’a longtemps pas été pensée comme quelque chose de purement objectif ou matériel. On pensait au contraire qu’une terre était meilleure si des lignées illustres y avaient résidé : toujours, la valeur de la terre était représentée comme intrinsèquement liée à l’identité de ceux qui y avaient vécu ou y vivaient toujours. Sous des formes diverses, ces grands traits se retrouvent, pour autant qu’on puisse les reconstituer, depuis les civilisations indo-européennes jusqu’à la fin du Moyen Âge, en passant évidemment par l’Antiquité grecque et latine et par le monde germanique.

    La distinction très forte longtemps établie entre mobilier et immobilier avait un grand nombre de conséquences pour la structure de l’ordre social. Tout d’abord, la terre avait toujours une dimension politique. Elle était le bien des citoyens ou des membres de la communauté et n’était jamais cédée, ou presque, à des étrangers hors de la cité ou de la communauté. Pour cette raison, l’attachement à la terre était aussi le fondement du pouvoir – aussi bien à Rome que dans le monde féodal. Mais, et c’est ce qui est ici le plus important pour nous, le traitement spécial accordé à la propriété de la terre fut associé à tout un univers mental. La terre n’était pas un bien coupé des hommes, mais une chose à laquelle ils étaient intimement reliés. Elle était considérée comme ce qu’il y a de plus sûr (une perception qui demeure encore aujourd’hui en Europe, ce qui n’est pas le cas dans toutes les aires culturelles, où les biens considérés comme les plus sûr son parfois des meubles, comme les bijoux). Enfin, là où les biens mobiliers sont liquides, homogènes (rien n’est plus similaire à une pièce de monnaie qu’une autre pièce de monnaie), et peuvent être accumulés en théorie sans fin, l’immobilier est associé à l’image d’un monde profondément divers et borné. L’idée que l’on puisse accumuler sans fin des terres, considérées seulement pour leur superficie ou leurs qualités abstraites, est un non-sens dans le monde européen prémoderne.

    On mesure donc la révolution que constituent les dynamiques actuelles d’accaparement, où les terres ne valent plus, aux yeux de ceux qui les achètent, comme lieux différenciés et habités d’une âme, mais comme source de profits, ou comme simples « actifs sûrs » pour l’investissement. Historiquement, ce bouleversement est le fruit de la Révolution française et du Code civil, qui ont fait triompher une conception purement individualiste et absolue de la propriété. L’accélération très récente de la concentration de la terre dans les mains de groupes internationaux est un fruit direct de l’amplification de la mondialisation – mais qui ne doit pas faire oublier ces causes plus anciennes. Dans le cas des terres agricoles, la rupture se manifeste nettement dans le fait que les parcelles ainsi achetées ne sont plus travaillées par des paysans attachés à un champ particulier, mais par des simples travailleurs agricoles, possiblement tout aussi mobiles que les capitaux qui les emploient.

    Les périls de l’industrialisation

    Si la « déterritorialisation de la terre » heurte notre sensibilité, elle est aussi porteuse de périls graves. Elle témoigne d’un rapport pathologique, purement utilitariste et court-termiste, à notre environnement. Car l’autre face de la marchandisation de la terre, c’est son industrialisation, sa gestion technique, comme une ressource distante, afin de maximiser la profitabilité immédiate du sol.

    Les dangers sont particulièrement nets dans le cas des parcelles forestières, dont l’intérêt stratégique est depuis longtemps connu. Au XVIIe siècle, alors que la construction d’un navire peut nécessiter l’abattage de 4000 chênes centenaires, Colbert pense la politique forestière de la France à l’horizon d’un siècle au moins. Récemment, la Chine a fait de même, interdisant l’abattage de tout chêne dans le pays pour une durée de 99 ans. La Russie a suivi, en interdisant les exportations de bois. Alors qu’elle a longtemps été un modèle de gestion forestière, la France subit aujourd’hui de plein fouet les ravages de la marchandisation. La pression commerciale pousse à couper des arbres très anciens, à une vitesse qui ne permet plus leur renouvellement. L’absence de régulation stricte, qui se fonde sur l’illusion libérale selon laquelle rien n’est stratégique localement, car tout pourra toujours être acheté ailleurs, menace tôt ou tard certains de nos approvisionnements. Une part croissante de ces ressources stratégiques part à l’étranger  alors que, dans un mouvement inverse, nombre de pays réduisent leurs exportations. À la faveur de discours industriels vantant la « biomasse » et l’« économie verte », les parcelles déboisées sont souvent replantées avec une espèce unique, poussant vite et qui permettent d’optimiser l’utilisation de l’espace. Les conséquences écologiques sont parfois désastreuses : gérée par des coupes franches de parcelles entières, la forêt perd en diversité, et cesse d’être un écosystème vivant pour devenir une plantation industrielle d’arbres. De tels maux sont particulièrement nets sur les terres achetées par des multinationales afin de « compenser » leurs émissions de carbone par des plantations d’arbres. Certaines de ces parcelles n’ont parfois plus rien de naturel, et deviennent paradoxalement des déserts biologiques.

    Les périls d’une gestion trop distante planent aussi sur les terres agricoles. Gérées de manière industrielle, elles sont converties afin de produire les marchandises les plus échangeables internationalement. Dans le contexte actuel, les cultures destinées à la production de bio-carburants tiennent le haut du pavé, et raison notamment des subventions et du regard public favorable dont elles jouissent. Sur le temps long, le développement à grande échelle des bio-carburants est cependant un leurre. Tout d’abord, les terres étant limitées, leur exploitation à des fins énergétiques se fait au détriment de la production alimentaire – humaine ou animale – , de sorte que l’indépendance en ce domaine est remise en cause. Ensuite, ces activités, qui valent avant tout par la quantité de biomasse produite, sont particulièrement épuisantes pour les sols (il s’agit de planter de priorité ce qui pousse « beaucoup » et « vite ») et sont souvent très gourmandes en intrants. On voit poindre là un danger majeur : le jour où les biocarburants cesseront de bénéficier de subventions directes ou indirectes, l’intérêt des industriels s’en détournera, et l’on réalisera que des millions d’hectares de terres ont été appauvris par des politiques à trop court terme. Le sol est, lui aussi, une ressource épuisable et stratégique qu’il convient de gérer sur le temps long. La marchandisation des terres n’y participe guère.

    Conclusion

    Un pays dont le peuple n’est plus maître de ses terres est en danger : parce qu’il s’expose à des crises majeures mais aussi parce qu’il cesse d’habiter son environnement et de nouer avec lui des liens intimes. Des garde-fous ont longtemps existé, même à l’époque moderne, pourtant dominée par l’absolutisation du droit de propriété : les Safer (sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) pour réguler la vente des terres agricoles, et l’ONF (office national des forêts) pour gérer les forêts. Malheureusement, par manque de volonté politique, ces deux structures ont été laissées à l’abandon. Dans les deux cas, le tarissement des fonds publics a été compensé par un financement privé, qui a pour partie modifié la nature de ces organismes : financés par des prélèvements sur les ventes de terres agricoles, ou par les ventes de bois, ces institutions ont désormais, davantage que par le passé, intérêt à maximiser les transactions et l’exploitation industrielle des ressources… donc à accompagner le pillage des terres et le démantèlement du patrimoine commun. En miroir, de plus en plus de pays dans le monde nous montrent une autre voie : celle qui conduit à voir la terre comme une ressource d’intérêt national, qui ne peut pas être abandonnée au seul jeu de l’offre et de la demande mondiales.

    Champs communs (Champs communs, septembre 2022)

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  • Écologie, énergie et intelligence économique...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue d'Olivier Maison Rouge, cueilli sur le Journal de l'économie et consacré à la nécessité d'intégrer la question environnementale à la réflexion en matière d'intelligence économique au niveau européen...

    Olivier de Maison Rouge, Écologie, énergie, intelligence économique, europe

    Écologie, Énergie et Intelligence Économique

    L’écologie a été largement préemptée par la sphère politique et idéologique ; c’est un fait.
    Pour autant, la réflexion environnementale ne doit pas être absente de l’intelligence économique, bien au contraire. Cela doit en être une donnée essentielle et structurante dans le traitement de l’information stratégique et la maîtrise de l’environnement dans toutes ses composantes.

    De l’indépendance énergétique à la pénurie coupable
     
    En matière énergétique, par exemple, la France du général de Gaulle avait su investir massivement sur le nucléaire civil, afin de contribuer à son indépendance. On sait depuis lors combien ce choix fut payant pour la France, d’une part, et de quelle manière elle fut la cible privilégiée des guerres informationnelles autour de l’atome, d’autre part.
     
    Ce choix avec une hauteur de vie indéniable – au-delà de l’autonomie stratégique destinée à réduire la dépendance aux autres acteurs économiques et puissances concurrentes– devait s’avérer prémonitoire et audacieux en matière environnementale. On sait désormais que cette énergie est faible consommatrice en carbone, parmi les plus neutres au monde (3 grammes CO2 / kWh).
     
    D’ailleurs, même le Japon, qui a été profondément ébranlé par une catastrophe naturelle lors du tsunami de 2006 (drame de Fukushima) qui avait affecté l’une de ses centrales, avait abandonné cette énergie avant d’y revenir désormais. Il ne s’agit pas ici de louer aveuglément cette énergie qui présente également des risques certains. Pour autant, elle a largement fait ses preuves et fait l’objet d’un contrôle strict.
     
    Pour l’avenir, la course à la fusion nucléaire devient un impératif stratégique. C’est dire si les esprits ont changé sur le sujet longtemps décrié.
     
    La France avait incontestablement un avantage acquis dans ce domaine que peu d’acteurs pouvaient lui disputer. Pour une fois, elle devançait même l’Allemagne qui – bien que soucieuse de son industrie – avait abandonné l’atome pour relancer ses centrales à charbon (870 grammes CO2/kWh), contribuant à reconstituer une économique carbonée tout en se lançant dans un Green Deal européen de manière assez schizophrène…
     
    Elle a néanmoins abdiqué sous le poids des dénonciations médiatiques, d’une part, et des mécanos politico-industriels Framatome-Areva-Orano, d’autre part. L’Europe a eu sa part dans cet affaiblissement indirectement téléguidé par les Allemands. Areva et EDF ont depuis lors été recapitalisées chacune pour près de 5 milliards d’Euros chacune par l’État français alors qu’elles étaient extrêmement rentables, en plus d’assurer l’autonome stratégique de la Nation.
     
    EDF avait longtemps le monopole de la vente d’électricité. À travers elle, l’État avait investi sur des énergies autonomes, au bénéfice de la population française, selon un prix réglementé et une production assurée. La libéralisation et l’Europe – ainsi que les menées antinucléaires – ont eu la peau de ce fleuron. Alors que ses réserves financières étaient considérables il y a encore 15 ans, permettant d’assurer l’indépendance stratégique en finançant à long terme des transformations industrielles, EDF a vu depuis lors – en vendant à perte de l’électricité à ses propres concurrents au nom d’une prétendue concurrence, forcément asymétrique, car les nouveaux acteurs n’ont jamais supporté les investissements originels – sa trésorerie asséchée (tarif ARENH). EDF est désormais menacée de démantèlement par Bruxelles (plan Hercule). Elle n’a pas pu conserver son savoir-faire, ni davantage entretenir et investir dans son parc, au bénéfice d’opérateurs privés. C’est donc le potentiel énergétique de la France qui a été atteint.
     
    Ce faisant, d’exportateur d’électricité, la France est devenue importatrice, à l’heure où la balance commerciale est déjà très déséquilibrée, à son désavantage. 
     
    Des énergies alternatives peu dirimantes
     
    À ce stade, il est encore vain de croire que d’autres énergies renouvelables seront suffisantes à court terme.
     
    Mais la France ne manque toutefois pas d’atouts. L’énergie hydraulique, verte par excellence est méprisée alors que la France est un château d’eau. Elle est même la proie d’objections idéologiques, qui affaiblissent la cohérence d’une production énergétique durable et respectueuse de l’environnement, tout en étant pleinement profitable et diversifiée.
     
    À défaut, nous voyons pulluler de prétendues énergies nouvelles – faiblement décarbonées – telles que le photovoltaïque ou l’éolien. À l’heure où l’on abandonne – sans doute à juste titre – le moteur à explosion à énergie thermique, le besoin d’énergie électrique n’a jamais été aussi pressant. Or, non seulement ces ressources alternatives n’offrent pas les mêmes capacités de production, mais par surcroît elles créent une nouvelle forme de pollution, plus grande encore. En effet, que penser des fermes à panneaux solaires – comme il en pousse en Espagne – ou des champs d’éoliennes, désormais off shore, en mer qui porte atteinte à notre magnifique littoral ; le béton des côtes n’avait pourtant pas suffi ? Ces infrastructures consomment tout d’abord davantage qu’elles ne le prétendent, mais encore elles défigurent nos territoires, constituant une autre forme d’atteinte à l’environnement in fine.
     
    Précisément, il n’est malheureusement pas suffisamment pris en compte la pollution visuelle, comme d’ailleurs la pollution sonore. À l’heure on l’on institue un délit d’écocide, il faudra prendre en considération ces atteintes dans l’avenir portées au cadre de vie. Précisément, puisque l’urgence climatique a été décrétée, il convient de penser cette harmonie dans son ensemble, et s’abstenir, au nom d’un autre productivisme court-termiste, de sombrer dans de nouveaux actes portant atteintes à l’environnement. En effet, il ne s’agit pas de limiter la protection de l’environnement exclusivement à ses données carbone, pollutions des eaux, appauvrissement des sols, émissions de gaz, etc. C’est un tout non négociable, un ensemble savant et cohérent comme l’avait déjà pensé Blaise Pascal dans les deux infinis.
     
    Protection de l’environnement et intelligence économique
     
    Par voie de conséquence, le respect des écosystèmes, dans toutes leurs composantes, doit être intégré à la politique géoécologique, sans exclure les atteintes aux territoires, aux paysages et aux cadres de vie.
     
    La nature est en effet un ordonnancement harmonieux, fécond pour l’homme et son environnement ; mais c’est aussi un équilibre fragile et précaire, qu’il ne s’agit pas de brutaliser sans discernement et sans conséquence.
     
    Ce faisant, l’Europe, qui conserve un vieux fond humaniste qui intègre la place de l’homme dans son élément, a souvent su éveiller les consciences et parfois prendre les devants en la matière. Même si les efforts sont modestes, il n’en demeure pas moins que l’Occident est en mesure d’être un modèle.
     
    D’aucuns diront cependant que l’Europe a bonne conscience a œuvrant ainsi à donner des leçons de morale, privant les pays émergents de pouvoir atteindre un niveau de productivité légitime, tandis que l’Europe n’a pas eu les mêmes pudeurs auparavant. Pour ces détracteurs, l’écologie serait même un facteur de déséquilibre économique mondial destiné à laisser dans la misère industrielle les pays qui n’ont pas eu accès au développement économique auquel ils aspiraient. Cette accusation – relayée par des déclinistes verts – serait fondée sur un droit à polluer des pays émergents, tandis que les économies européennes devraient tendre à la décroissance.
     
    Au-delà d’une chimère stérile, un tel vœu tend en réalité à maintenir l’Europe dans un asservissement économique au bénéfice des industries avancées de l’Asie. Voilà un exemple des pensées déviantes radicales qui néanmoins fait son nid chez certains, adeptes de la décroissance, contre les économies occidentales. Comme si la culture de l’excuse permanente devait faire une politique publique écologique.
     
    L’Europe a su cependant devenir une forme de référence en matière de protection de la nature, héritage de son humanisme.
     
    Dès lors, ces choix politiques doivent trouver à s’imposer au-delà de nos frontières. De la même manière qu’elle a su faire respecter le respect de la vie privée numérique avec le RGPD, y compris de manière extraterritoriale, c’est avec la même rigueur fondamentale que l’Europe doit ériger ses propres critères environnementaux à l’égard des pays tiers avec lesquels elle échange. Ce cadre s’est encore imposé avec les sociétés mères et les entreprises donneuses d’ordre avec la loi de mars 2017 relative au respect des droits humains, contraignant les entreprises françaises et leurs sous-traitants étrangers.
     
    Sur ce modèle, l’Europe doit définir le principe fort de protection de l’environnement – dans toutes les composantes civilisationnelles telles que recensées ci-avant – et l’intégrer à sa politique commerciale, imposant ses standards aux produits importés, à peine de taxation ou de retour à l’expéditeur.
     
    À l’instar des normes CE (1) en matière de santé, sécurité, hygiène, etc., l’écologie intégrale doit s’imposer à ses cocontractants extraeuropéens. L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle et déjà, en 2011, Arnaud Montebourg l’avait-il intégré à son programme de présidentiable à l’occasion de la primaire socialiste.
     
    Puisque le monde est en voie de déglobalisation, cette opportunité est à saisir dès à présent, faisant du respect de l’homme et des civilisations un enjeu fondamental dans le cadre des rapports économiques asymétriques, au même titre que les intérêts fondamentaux de la Nation.
     
    Olivier de Maison Rouge (Journal de l'économie, 12 septembre 2022)
     
    Note :
    1 - Conformité aux exigences de l'UE
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  • Friedrich List et l'économie politique des nations...

    Les éditions de L'Esprit du temps viennent de publier un essai d'Yves Perez intitulé Friedrich List et l'économie politique des nations, avec une préface de Jacques Sapir. Décédé au début de cette année, Yves Perez était économiste, professeur de la faculté de droit, d'économie et de gestion de l'Université Catholique de l'Ouest à Angers et enseignait également aux écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan. Il a publié plusieurs livres, dont Les vertus du protectionnisme (L'Artilleur, 2020) et Protéger ou disparaître - Le débat français sur le protectionnisme (Perspectives Libres, 2021).

     

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    " Parce qu'il a vécu dans l'Allemagne de la première moitié du XIXè siècle, pays pauvre et en retard, List a magistralement compris le dilemme des pays émergents. Soit ces pays imitent l'économie du pays dominant, acceptent le jeu du libre-échange et ils tombent dans une dépendance sans cesse accrue à l'égard du monde extérieur. Soit ils s'efforcent de se frayer une voie originale vers le développement en préservant leur souveraineté. Pour y parvenir, il est nécessaire que ces pays rompent avec la vulgate libre-échangiste et mondialiste en s'appuyant sur le rôle de l'Etat développeur et du protectionnisme éducateur. Depuis un siècle et demi, tous les pays émergents comme l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et le Japon à la fin du XIXe et durant le XXe siècle, ont emprunté ce chemin, suivis ensuite par les pays du Sud-Est asiatique et, enfin, par la Chine aujourd'hui. Ce livre comporte quatre parties principales : La première porte sur List et sa théorie du développement économique des nations. La seconde traite de l'influence de la pensée de List à l'ère des nationalismes économiques (1870-1945) La troisième aborde la question de l'influence de la pensée de List à l'ère des indépendances et des décolonisations. La quatrième partie étudie l'actualité de la pensée de List à l'ère de la démondialisation et du retour des nations. Elle constitue le prélude à l'élaboration d'une économie politique des nations adaptée à notre temps. "

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  • Réindustrialisation : des promesses, toujours des promesses...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Francis Journot, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la question de la réindustrialisation de la France. Francis Journot est entrepreneur et consultant.

     

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    Réindustrialisation de la France: «Faut-il croire les promesses de relance des candidats ?»

    Le premier choc pétrolier qui s'est produit au milieu des années 70, a marqué le début du déclin industriel français. Il sera par ailleurs souvent reproché à Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing d'avoir instauré le regroupement familial alors que le chômage de masse faisait son apparition à la fin de cette période des trente années glorieuses. Le changement de paradigme qui prônait les services, le tourisme et les produits à forte valeur ajoutée au détriment de l'industrie manufacturière des biens de consommation plus courants, relevait d'une méconnaissance des mécanismes économiques et sociaux. L'économie d'un pays est un mécano complexe que l'on doit penser dans son ensemble, nous n'avons pas tenu compte des interdépendances et de fragiles équilibres. Dès lors, un cercle vicieux s'est enclenché : Chômage, déficits puis relèvement des charges et impôts, faillites, disparition de tissus industriels, déficit commercial, pauvreté et minimas sociaux, recul des services publics etc.

    Tantôt par incompétence ou naïveté, parfois par favoritisme ou stratégie excluant une classe ouvrière qui estimait à partir des années 80 que la gauche mitterrandienne et les syndicats l'avaient trahie mais aussi souvent par idéologie mondialiste ou européiste, les présidents et gouvernements qui se succèdent depuis cette période, ont failli à leur tâche qui aurait dû consister à créer avant tout, les conditions susceptibles de favoriser le maintien, la modernisation et le développement de l'industrie. Mais ceux-ci ont livré la France poings et mains liées à sa concurrence en signant une multitude de traités de libre-échange sans en appréhender toute la dimension et les conséquences à terme sur des pans entiers de notre industrie et leurs millions d'ouvriers, cadres et ingénieurs. Pourtant, la désindustrialisation n'était pas une fatalité. La France qui était la première économie de l'un des deux principaux marchés de consommation, aurait pu mieux protéger son industrie manufacturière.

    Alain Juppé, premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac, mentor d'Édouard Philippe et de Valérie Pécresse, bradait déjà en 1995 des fleurons industriels pour remplir les caisses de l'État et ramener le déficit à 3 % du PIB ainsi que l'UE l'exigeait. Mais la privatisation de Pechiney ne rapportait que 3,8 Mrds de francs. Usinor-Sacilor n'était vendu que 10 Mrds alors que la sidérurgie nous avait coûté plus de 100 Mrds. Puis la première compagnie maritime française (CGM) était cédée pour 20 millions après que l'État a injecté 1,2 Mrds. Il tentait ensuite en vain de vendre au Sud-Coréen Daewoo, pour 1 franc symbolique, le fleuron technologique Thomson après une recapitalisation de l'État de 11 Mrds de francs. Cette politique s'est poursuivie avec les états généraux de l'industrie de 2010 voulus par Nicolas Sarkozy mais dont les priorités définies ont précipité la chute de certains secteurs industriels. En juillet 2017, l'article «Macron bradera-t-il l'industrie et la France ?» égrenait la liste déjà longue des entreprises sacrifiées par l'ancien ministre de l'économie de François Hollande. Depuis de nombreux autres noms de fleurons industriels ont été ajoutés.

    Emmanuel Macron perpétue la curée entamée il y a près d'un demi-siècle pour aujourd'hui satisfaire à l'écologisme et aux exigences de Bruxelles. Pour exemple, la conversion en quelques années vers l'électrique que l'UE impose à l'industrie automobile. Cette mutation va bientôt détruire cent ou deux cent mille emplois en Europe et pourrait faire disparaître en quelques années ce qui reste de cette industrie en France. Pourtant, l'électricité de notre parc nucléaire qui n'a pas bénéficié des investissements nécessaires, ne pourra pas répondre à l'explosion de la demande. Cela souligne d'autre part, l'irresponsabilité de gouvernements successifs qui ont mis la poussière sous le tapis en préférant respecter au mieux la limite de déficit public de 3 % voulue par Bruxelles au détriment d'une gestion saine garantissant notre sécurité et nos futurs besoins.

    La privatisation d'ENGIE et le projet de démantèlement d'EDF (Hercule) alors que la souveraineté énergétique constitue la principale condition pour créer ou maintenir une industrie manufacturière en France, prouvent qu'il n'y a aucune volonté réelle de réindustrialisation.

    Aujourd'hui tous les candidats à la présidentielle clament qu'il faut réindustrialiser la France. Même Yannick Jadot qui ne s'embarrasse pas de contradictions et dont le parti prône pourtant la décroissance et une multiplication des normes ou taxes qui font fuir les usines, s'y met aussi. Fin 2021, le candidat écologiste s'engageait - «nous allons réindustrialiser la France» - devant des caméras invitées et posant aux côtés d'un industriel troyen qui rétorquait sèchement que plus personne ne croit à ces propos politiciens réitérés depuis plus de 30 ans.

    Tous deux biberonnés à la politique de Thatcher et adeptes du culte européiste et fédéraliste, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, n'ont probablement pas l'intention de réindustrialiser la France d'autant qu'un plan massif serait impossible dans le cadre européen. Faute de pouvoir mener une politique de relance qui ferait croître naturellement l'emploi et le niveau des rémunérations, Valérie Pécresse, nouvelle disciple de Keynes en quête d'électeurs, promet une augmentation de 10 % des salaires, pour selon elle, compenser l'inflation. Oui mais voilà, une augmentation des salaires pourrait aussi constituer un redoutable accélérateur d'inflation, créer du chômage car de nombreuses PME seraient alors mises au tapis et enrichirait surtout la Chine car la plupart de nos biens de consommation sont maintenant importés.

    Emmanuel Macron est entré en fonction en mai 2017 mais l'industrie dont le ministère autrefois prestigieux fut longtemps la clé de voûte de la politique économique, n'a bénéficié d'un secrétariat d'État qu'à partir d'octobre 2018. Valérie Pécresse qui a été formée par Jacques Chirac et Alain Juppé puis a travaillé avec Nicolas Sarkozy, poursuivra certainement la politique de ses mentors. On peut déplorer un suivisme aveugle et indigne d'hommes ou de femmes d'État.

    En cette fin de mandature, les vaines promesses de création d'emplois industriels fusent mais on peut douter que quelques usines modernes dont l'effectif moyen se situerait autour de vingt ou trente personnes, puissent compenser la braderie de groupes comme Alsthom (65 000 salariés), Alcatel (62 000 salariés) ou Technip (37 500 salariés). L'antienne des 30 plans industriels du futur de la France de 2030 ou 2050, resservie lors de chaque élection, ne trompe plus.

    Malgré les circonvolutions et une manipulation des chiffres qui édulcorent la situation économique, Il faut comprendre que la France a quasiment perdu son industrie manufacturière. Il suffit de tenter d'acheter un produit entièrement ou partiellement fabriqué en France pour s'en apercevoir. La prétendue volonté de réindustrialisation ou de relocalisation est davantage un slogan électoral qu'un réel projet. Le ministre de l'économie Bruno Le Maire prétend vouloir rétablir un solde commercial positif en 10 ans mais le dessein d'Emmanuel Macron, depuis son poste de conseiller de François Hollande à l'Élysée en 2012 puis de ministre de l'économie, semble quelque peu différer. Selon une déclaration de l'ex-député LREM Aurélien Taché publiée dans Marianne, «La promesse de Macron d'émancipation par la réussite économique a été broyée par une vision technocratique de l'économie. Et le cerveau de cela, c'est Kohler» (Alexis Kohler est Secrétaire général de la présidence). «Kohler inscrit la France dans un processus de mondialisation néolibérale tel que l'imaginent les cerveaux bruxellois, où les grandes multinationales, pas forcément françaises, se taillent la part du lion.»

    Maintenant, la plupart des écosystèmes industriels français sont détruits et la fabrication des produits est le plus souvent dépendante de chaînes de valeurs mondiales. Des enseignements auparavant dispensés dans des écoles d'ingénieurs ou autres formations spécifiques ne sont plus disponibles. Des savoir-faire transmis de génération en génération, ont progressivement disparu au rythme des départs en retraite et des fermetures d'usines.

    Même lorsque leurs produits sont compétitifs, des PME et ETI de l'industrie peinent à assumer des coûts élevés de formation de plusieurs années sans pour autant avoir la certitude que les employés resteront. Compte tenu de cela, de l'exigence d'une hausse du niveau de qualification, de la difficulté de trouver des candidats mais aussi d'une concurrence exacerbée qui limite les capacités d'investissement dans la formation, le modèle de l'industrie manufacturière des biens de consommation qui procurait des millions d'emplois plus ou moins qualifiés et structurait de nombreux territoires, appartient de plus en plus au passé. Les cruelles images d'ouvriers désespérés devant leurs usines fermées, n'encouragent pas non plus pas une potentielle relève industrielle.

    Aussi convient-il de mettre en œuvre une stratégie efficiente de développement. Certaines de nos propositions exposées en 2016 sur le Figaro dans une analyse économique comptant une douzaine de pages, ne sont plus adaptées car de nombreux équilibres ont été depuis rompus mais d'autres voies sont toujours possibles à condition d'avoir la volonté d'agir. Aujourd'hui, de nombreux emplois sont encore détruits et le déficit commercial annuel français s'aggrave depuis le début des années 2000. Il est passé de 58.5 Mrds au début du quinquennat de Macron à 100 Mrds d'euros à la fin de 2021. Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, englués dans leur dogmatisme et pétris de certitudes, opteront sans aucun doute pour l'immobilisme et se plieront à la politique mortifère dictée par l'Union européenne ainsi que leurs prédécesseurs et eux-mêmes, l'ont toujours fait. On peut craindre qu'ils poursuivent une politique à la petite semaine sans vision d'avenir pour masquer leur impuissance et nous laissent une facture supplémentaire de plusieurs centaines de milliards d'euros.

    Francis Journot (Figaro Vox, 27 janvier 2022)

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