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europe - Page 20

  • Écologie, énergie et intelligence économique...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue d'Olivier Maison Rouge, cueilli sur le Journal de l'économie et consacré à la nécessité d'intégrer la question environnementale à la réflexion en matière d'intelligence économique au niveau européen...

    Olivier de Maison Rouge, Écologie, énergie, intelligence économique, europe

    Écologie, Énergie et Intelligence Économique

    L’écologie a été largement préemptée par la sphère politique et idéologique ; c’est un fait.
    Pour autant, la réflexion environnementale ne doit pas être absente de l’intelligence économique, bien au contraire. Cela doit en être une donnée essentielle et structurante dans le traitement de l’information stratégique et la maîtrise de l’environnement dans toutes ses composantes.

    De l’indépendance énergétique à la pénurie coupable
     
    En matière énergétique, par exemple, la France du général de Gaulle avait su investir massivement sur le nucléaire civil, afin de contribuer à son indépendance. On sait depuis lors combien ce choix fut payant pour la France, d’une part, et de quelle manière elle fut la cible privilégiée des guerres informationnelles autour de l’atome, d’autre part.
     
    Ce choix avec une hauteur de vie indéniable – au-delà de l’autonomie stratégique destinée à réduire la dépendance aux autres acteurs économiques et puissances concurrentes– devait s’avérer prémonitoire et audacieux en matière environnementale. On sait désormais que cette énergie est faible consommatrice en carbone, parmi les plus neutres au monde (3 grammes CO2 / kWh).
     
    D’ailleurs, même le Japon, qui a été profondément ébranlé par une catastrophe naturelle lors du tsunami de 2006 (drame de Fukushima) qui avait affecté l’une de ses centrales, avait abandonné cette énergie avant d’y revenir désormais. Il ne s’agit pas ici de louer aveuglément cette énergie qui présente également des risques certains. Pour autant, elle a largement fait ses preuves et fait l’objet d’un contrôle strict.
     
    Pour l’avenir, la course à la fusion nucléaire devient un impératif stratégique. C’est dire si les esprits ont changé sur le sujet longtemps décrié.
     
    La France avait incontestablement un avantage acquis dans ce domaine que peu d’acteurs pouvaient lui disputer. Pour une fois, elle devançait même l’Allemagne qui – bien que soucieuse de son industrie – avait abandonné l’atome pour relancer ses centrales à charbon (870 grammes CO2/kWh), contribuant à reconstituer une économique carbonée tout en se lançant dans un Green Deal européen de manière assez schizophrène…
     
    Elle a néanmoins abdiqué sous le poids des dénonciations médiatiques, d’une part, et des mécanos politico-industriels Framatome-Areva-Orano, d’autre part. L’Europe a eu sa part dans cet affaiblissement indirectement téléguidé par les Allemands. Areva et EDF ont depuis lors été recapitalisées chacune pour près de 5 milliards d’Euros chacune par l’État français alors qu’elles étaient extrêmement rentables, en plus d’assurer l’autonome stratégique de la Nation.
     
    EDF avait longtemps le monopole de la vente d’électricité. À travers elle, l’État avait investi sur des énergies autonomes, au bénéfice de la population française, selon un prix réglementé et une production assurée. La libéralisation et l’Europe – ainsi que les menées antinucléaires – ont eu la peau de ce fleuron. Alors que ses réserves financières étaient considérables il y a encore 15 ans, permettant d’assurer l’indépendance stratégique en finançant à long terme des transformations industrielles, EDF a vu depuis lors – en vendant à perte de l’électricité à ses propres concurrents au nom d’une prétendue concurrence, forcément asymétrique, car les nouveaux acteurs n’ont jamais supporté les investissements originels – sa trésorerie asséchée (tarif ARENH). EDF est désormais menacée de démantèlement par Bruxelles (plan Hercule). Elle n’a pas pu conserver son savoir-faire, ni davantage entretenir et investir dans son parc, au bénéfice d’opérateurs privés. C’est donc le potentiel énergétique de la France qui a été atteint.
     
    Ce faisant, d’exportateur d’électricité, la France est devenue importatrice, à l’heure où la balance commerciale est déjà très déséquilibrée, à son désavantage. 
     
    Des énergies alternatives peu dirimantes
     
    À ce stade, il est encore vain de croire que d’autres énergies renouvelables seront suffisantes à court terme.
     
    Mais la France ne manque toutefois pas d’atouts. L’énergie hydraulique, verte par excellence est méprisée alors que la France est un château d’eau. Elle est même la proie d’objections idéologiques, qui affaiblissent la cohérence d’une production énergétique durable et respectueuse de l’environnement, tout en étant pleinement profitable et diversifiée.
     
    À défaut, nous voyons pulluler de prétendues énergies nouvelles – faiblement décarbonées – telles que le photovoltaïque ou l’éolien. À l’heure où l’on abandonne – sans doute à juste titre – le moteur à explosion à énergie thermique, le besoin d’énergie électrique n’a jamais été aussi pressant. Or, non seulement ces ressources alternatives n’offrent pas les mêmes capacités de production, mais par surcroît elles créent une nouvelle forme de pollution, plus grande encore. En effet, que penser des fermes à panneaux solaires – comme il en pousse en Espagne – ou des champs d’éoliennes, désormais off shore, en mer qui porte atteinte à notre magnifique littoral ; le béton des côtes n’avait pourtant pas suffi ? Ces infrastructures consomment tout d’abord davantage qu’elles ne le prétendent, mais encore elles défigurent nos territoires, constituant une autre forme d’atteinte à l’environnement in fine.
     
    Précisément, il n’est malheureusement pas suffisamment pris en compte la pollution visuelle, comme d’ailleurs la pollution sonore. À l’heure on l’on institue un délit d’écocide, il faudra prendre en considération ces atteintes dans l’avenir portées au cadre de vie. Précisément, puisque l’urgence climatique a été décrétée, il convient de penser cette harmonie dans son ensemble, et s’abstenir, au nom d’un autre productivisme court-termiste, de sombrer dans de nouveaux actes portant atteintes à l’environnement. En effet, il ne s’agit pas de limiter la protection de l’environnement exclusivement à ses données carbone, pollutions des eaux, appauvrissement des sols, émissions de gaz, etc. C’est un tout non négociable, un ensemble savant et cohérent comme l’avait déjà pensé Blaise Pascal dans les deux infinis.
     
    Protection de l’environnement et intelligence économique
     
    Par voie de conséquence, le respect des écosystèmes, dans toutes leurs composantes, doit être intégré à la politique géoécologique, sans exclure les atteintes aux territoires, aux paysages et aux cadres de vie.
     
    La nature est en effet un ordonnancement harmonieux, fécond pour l’homme et son environnement ; mais c’est aussi un équilibre fragile et précaire, qu’il ne s’agit pas de brutaliser sans discernement et sans conséquence.
     
    Ce faisant, l’Europe, qui conserve un vieux fond humaniste qui intègre la place de l’homme dans son élément, a souvent su éveiller les consciences et parfois prendre les devants en la matière. Même si les efforts sont modestes, il n’en demeure pas moins que l’Occident est en mesure d’être un modèle.
     
    D’aucuns diront cependant que l’Europe a bonne conscience a œuvrant ainsi à donner des leçons de morale, privant les pays émergents de pouvoir atteindre un niveau de productivité légitime, tandis que l’Europe n’a pas eu les mêmes pudeurs auparavant. Pour ces détracteurs, l’écologie serait même un facteur de déséquilibre économique mondial destiné à laisser dans la misère industrielle les pays qui n’ont pas eu accès au développement économique auquel ils aspiraient. Cette accusation – relayée par des déclinistes verts – serait fondée sur un droit à polluer des pays émergents, tandis que les économies européennes devraient tendre à la décroissance.
     
    Au-delà d’une chimère stérile, un tel vœu tend en réalité à maintenir l’Europe dans un asservissement économique au bénéfice des industries avancées de l’Asie. Voilà un exemple des pensées déviantes radicales qui néanmoins fait son nid chez certains, adeptes de la décroissance, contre les économies occidentales. Comme si la culture de l’excuse permanente devait faire une politique publique écologique.
     
    L’Europe a su cependant devenir une forme de référence en matière de protection de la nature, héritage de son humanisme.
     
    Dès lors, ces choix politiques doivent trouver à s’imposer au-delà de nos frontières. De la même manière qu’elle a su faire respecter le respect de la vie privée numérique avec le RGPD, y compris de manière extraterritoriale, c’est avec la même rigueur fondamentale que l’Europe doit ériger ses propres critères environnementaux à l’égard des pays tiers avec lesquels elle échange. Ce cadre s’est encore imposé avec les sociétés mères et les entreprises donneuses d’ordre avec la loi de mars 2017 relative au respect des droits humains, contraignant les entreprises françaises et leurs sous-traitants étrangers.
     
    Sur ce modèle, l’Europe doit définir le principe fort de protection de l’environnement – dans toutes les composantes civilisationnelles telles que recensées ci-avant – et l’intégrer à sa politique commerciale, imposant ses standards aux produits importés, à peine de taxation ou de retour à l’expéditeur.
     
    À l’instar des normes CE (1) en matière de santé, sécurité, hygiène, etc., l’écologie intégrale doit s’imposer à ses cocontractants extraeuropéens. L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle et déjà, en 2011, Arnaud Montebourg l’avait-il intégré à son programme de présidentiable à l’occasion de la primaire socialiste.
     
    Puisque le monde est en voie de déglobalisation, cette opportunité est à saisir dès à présent, faisant du respect de l’homme et des civilisations un enjeu fondamental dans le cadre des rapports économiques asymétriques, au même titre que les intérêts fondamentaux de la Nation.
     
    Olivier de Maison Rouge (Journal de l'économie, 12 septembre 2022)
     
    Note :
    1 - Conformité aux exigences de l'UE
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  • Tour d'horizon... (230)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de la revue Le Nouveau Conservateur, Caroline Galactéros revient sur l'impuissance de la politique étrangère française et développe les principes qui devraient la guider...

    À la recherche d’une politique perdue : les Affaires étrangères

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    - sur le site Le Grand Continent, Florian Louis indique que la guerre en Ukraine impose à l'Europe de revenir à une pensée géopolitique...

    La transition géopolitique européenne

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  • L’intérêt national, mais lequel ?...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

    point de vue

    L’intérêt national, mais lequel ?

    À partir de 1624, le cardinal de Richelieu, au conseil du roi Louis XIII, conduit la France à entretenir la guerre de Trente Ans, qui va ravager l’Allemagne jusqu’en 1648 et la tenir éloignée de toute prétention à l’unité pendant deux siècles. L’intérêt de la France commande de garder l’Allemagne divisée — François Mitterrand s’en souviendra en 1989… Mieux encore, le prince de l’Église construit une alliance de revers avec les Turcs contre l’empire chrétien des Habsbourg. Entre la religion et l’intérêt national de la France, il n’a pas hésité.

    En 1939, tout oppose Joseph Staline et Adolf Hitler. Le nazisme est arrivé au pouvoir sur fond d’anticommunisme violent. Et une communauté de valeurs devrait unir la jeune URSS et les majorités socialistes d’Europe de l’Ouest, notamment la chambre issue du Front populaire en France, nombre de militants antifascistes ayant côtoyé les partisans communistes sur le front de la guerre d’Espagne. Mais l’intérêt national appelle au partage de la Pologne, à l’invasion de la Finlande, et le pacte du 23 août 1939 entre la Russie soviétique et l’Allemagne nazie concrétise la primauté de l’intérêt national sur les idéologies revendiquées.

    Dans les années 2000, le rideau de fer est loin, et ce n’est plus l’idéologie qui sépare la Russie de l’Union européenne. La vision eurasiste d’Alexandre Douguine est marginale dans une Russie dont la classe dirigeante reste avide d’Europe, de ses produits, de ses services, de son mode de vie. Et les relations nouées entre le Vatican et le patriarcat de Moscou sont bien proches d’aboutir à un rapprochement qui mettrait fin à la rupture millénaire entre Chrétienté d’Occident et Chrétienté d’Orient, Rome et Constantinople. Mais les ennemis de l’Europe veillent, manipulent, désinforment.

    L’histoire dira peut être quelles inconsistances et quelles manoeuvres ont conduit l’Union européenne à refuser la main tendue de Vladimir Poutine, le Vatican à annuler la rencontre entre le pape et le patriarche, et la Russie à se tourner vers la Chine. L’intérêt britannique, l’intérêt américain ont toujours été de diviser le continent eurasiatique. Ils l’ont emporté. L’intérêt national de la France, l’intérêt collectif de l’Europe, ont-il été bien servis par des dirigeants sourds aux avertissements de Vladimir Poutine ? Ou trahis par des collaborateurs de l’occupant américain ?

    Nous vivons l’un de ces moments où l’histoire bascule. L’intérêt national, ou l’opinion qu’en ont les dirigeants est l’argument décisif de la décision, qu’elle engage un traité, une alliance, ou la guerre. Et il doit être le seul. Après six mois de guerre en Ukraine, après les emballements et les réticences maintes fois confrontés, après aussi que le brouillard de la guerre s’appesantit sur des scènes de cauchemar, il est temps de se poser la question ; que commande l’intérêt national de la France ? Où est l’intérêt collectif de l’Union européenne s’il en reste ?

    Pour arrêter la position de la France, pour construire une posture européenne, il faut regarder sans ciller les trois réalités de la guerre.

    Ce n’est une guerre hors limites, dans laquelle les péripéties sur le front ne sont qu’un des éléments, ni le plus décisif, ni le plus stratégique de tous. Au-delà de la guerre engagée par l’OTAN contre la Russie, c’est une guerre de systèmes. Or, monnaies, pétrole et gaz, terres, céréales et eau, voilà le front. Il est de plus en plus clair que les opérations décisives se passent sur le front des règlements internationaux, des réserves des banques centrales, de la place de l’or, et des conditions d’achat et de commerce des matières premières. Après le vol de la moitié des avoirs de la Banque centrale de Russie par le gouvernement démocrate américain, tout gouvernement s’interroge ; si mes intérêts sont en désaccord avec ceux de la ploutocratie financière américaine, vais-je perdre les réserves de ma banque centrale ? Et le véritable front est celui de la tutelle anglo-américaine sur le monde, tel que le dollar l’assure, au bénéfice des Américains et de leurs alliés ; le dollar va-t-il conserver dans les années qui viennent son injustifiable suprématie sur les échanges internationaux ?

    C’est une guerre totale, en ce qu’elle met en jeu, non pas deux civilisations entre elles, et parmi d’autres, mais la civilisation contre son envers, qui est l’uniformité. Le système national affronte le système global. Le conflit qui s’est engagé a pour enjeu un Nouveau Monde, dans lequel les Anglo-américains et la caste financière qu’ils ont placée au pouvoir ne joueront plus que le rôle que leur nombre, leurs mérites et leur territoire leur donneront. Il confronte les civilisations, qu’elles soient russes, chinoises, indiennes, iraniennes, mongoles ou maliennes, à leur inverse, qui est la destruction du monde comme monde par le totalitarisme numérique, juridique et marchand.

    C’est une guerre mondiale, au sens où elle engage bien plus que les belligérants avoués. Nos catégories politiques en sont ébranlées, comme nos certitudes d’abondance. Il suffit de voir le grand trouble suscité aux États-Unis par l’appel du Président Xi Jin Ping à la mobilisation de tous les Chinois résidents hors de Chine, pour défendre leur patrie ! Dur réveil pour le wokisme ahuri ; les origines comptent ! Un contrat ne fait pas une Nation ! Et il faut voir l’empressement des dirigeants français d’un côté, Allemands de l’autre, à s’assurer auprès des gouvernements algériens et turcs de la passivité de leurs ressortissants, en des périodes que beaucoup prévoient agitées…

    Le confort mental de ceux qui se croyaient l’avant-garde du monde et avaient substitué la colonisation insidieuse de la finance, de la propriété intellectuelle et du crédit à celle des missionnaires et des soldats, est ébranlé par le soutien ouvert ou tacite à la Russie de la majorité des Nations, et par l’opposition audible et croissante à tout ce qui peut venir de l’Occident — le décloisonnement de l’Iran en témoigne, comme cette carte diffusée par le PCC qui montre la réalité du monde allié des États-Unis — si peu de choses ! En Afrique comme en Amérique du Sud, en Asie comme dans le Pacifique, l’Occident se rétrécit comme un mirage — ou un mensonge…     

    Que reste-t-il de ce beau mensonge ? Les valeurs ? Comme le rappelait Thierry Mariani, que partageons-nous avec l’Ukraine, l’un des pays les plus corrompus du monde, qui emprisonne ses opposants, limoge ses juges sur injonction américaine et assassine ses critiques ? La paix ? Directement ou indirectement, les États-Unis sont les plus grands fauteurs de guerre des deux siècles passés. Ils n’ont jamais hésité à avoir recours aux armes, fabriquant à dessein les preuves, falsifiant l’histoire et défiant les faits.

    Ils l’ont fait en Syrie comme en Irak, en Libye comme en Serbie, avec une totale insouciance sur les conséquences de leurs agressions et l’impunité assurée à leurs dirigeants criminels. Le progrès ? La société américaine est l’une des plus dysfonctionnelles qui soit, depuis que les démocrates ont trahi le peuple au nom de la globalisation, comme les socialistes français l’ont fait au nom de l’ouverture des frontières.

    Un modèle de progrès ? L’Europe comme les États-Unis sont confrontés à un procès de sous-développement qui ne peut plus être caché ; les urgences médicales sont mieux assurées désormais en Inde ou dans certains pays africains qu’elles ne le sont en France !

    Les libertés ? L’épisode du Covid, comme celui des Gilets Jaunes ou de la dette grecque, comme les cas de censure privée par les réseaux ont révélé le peu de cas que les intérêts financiers font des libertés publiques et de la démocratie quand les rendements sont en jeu. Les élections elles-mêmes s’achètent, comme chaque chose au pays merveilleux du marché.

    Quant au totalitarisme de nos ennemis inventés ? À des régimes autoritaires, voire totalitaires, implantés dans un pays, en concurrence ou en confrontation avec d’autres régimes autoritaires, voire totalitaires, pour des territoires, des populations, des ressources, limitées dans l’espace et dans leurs emprises, s’oppose un totalitarisme sans territoire, sans limites et sans frontières. Jamais la Chine n’a prétendu régir le monde comme entendent le faire les zélateurs du Great Reset de Davos. Jamais la Russie n’a prétendu reprendre à l’Union soviétique sa vocation à sauver le monde. Et jamais les nouveaux géants que sont l’Inde, l’Indonésie, l’Iran ou le Nigeria ne prétendent apporter au monde leur loi — trop occupés à faire leur loi chez eux, et à demeurer ce qu’ils sont !   

    Le constat paraît établi. Pour le monde, ou ce qui en demeure comme diversité, séparation et liberté, le monde serait meilleur sans les États-Unis d’Amérique du Nord. À force de se croire la Nation indispensable, de se mêler de tout et à tout propos, les États-Unis sont devenus la Nation dont le monde se dispenserait bien volontiers. Et l’hystérie sécuritaire qui est en train de s’emparer d’États-Unis qui vont chercher dans la guerre le moyen de nier leur naufrage intérieur, provoquant une guerre avec la Russie acculée dans ses retranchements vitaux, confirme une analyse largement partagée ; les prétentions à la Justice, à la liberté et au Bien des Anglo-américains ne reposent que sur la plus grande violence, l’usage illimité de la force, et la détermination à l’emporter, quel qu’en soit le prix — surtout si les autres le paient.

    Voilà où se pose la question à la France et l’Europe. Voilà sans doute ce qui explique le revirement spectaculaire d’Emmanuel Macron, et l’alignement assumé de la France sur l’OTAN. Ni la justice, ni la démocratie, ni la force, ni de quelconques valeurs n’établissent l’intérêt national de la France, celui de l’Union européenne face à la guerre que les États-Unis ont si bien prévue puisqu’ils l’ont provoquée. En revanche, la réalité des intérêts économiques, la défense du mode de vie, et la protection des avoirs et des patrimoines font la décision.

    Et pour ceux qui les font passer avant l’indépendance nationale et le sentiment national — de quoi s’agit-il ? — ils lient plus étroitement la France et l’Europe aux États-Unis que tout autre argument. Trop peu de Français le mesurent, aveuglés par l’individualisme ambiant. La Présidence française en a une juste opinion, certains l’ont sans doute aidé à la concevoir. Du quart au tiers environ du niveau de vie français est lié au privilège de l’Ouest — au privilège du dollar américain. Voilà ce qui est en jeu derrière le maintien de l’alliance à l’Ouest. Ce qui reste de la classe moyenne ne mesure pas à quel point elle doit son confort à l’appartenance de la France au monde de l’Ouest — quel qu’en soit par ailleurs le prix.

    Confrontées au choix ; travailler avec le monde, ou travailler avec les États-Unis, à peu près toutes les entreprises confrontées aux sanctions américaines ont choisi, et elles ont choisi les États-Unis. Et d’aucuns qui proclamaient l’indépendance de l’Europe et sa souveraineté finissent du côté des think tanks américains ou, pire, des banques d’affaires — ont — ils le choix ?

    La réalité est que la France et l’Union européenne n’ont pas le choix — n’ont plus le choix. Ni de leurs alliances ni de leur système. Pour la France comme pour l’Union européenne, il est un monde pire que celui où les États-Unis décident de la paix et de la guerre, c’est celui où ils n’interviendraient plus. Il est un monde pire que celui où un dirigeant de Goldman Sachs affirme faire le travail de Dieu, c’est un monde où les acteurs privés ne peuvent plus commercer, échanger, arbitrer les taux, les monnaies et les prix librement. Et il est un monde plus dangereux que celui où les États-Unis et leurs alliés emploient des prétextes qui sont la Justice, la liberté et la démocratie pour justifier leurs interventions, c’est celui où des interventions s’engagent sans même les prétextes de la Justice, de la liberté et de la démocratie.

    Le piège s’est déjà refermé sur la France et sur l’Union européenne. Trop tard pour le Président Emmanuel Macron, critique sévère de l’unilatéralisme américain et analyste lucide du déclin de l’Occident qui prônait le dialogue avec la Russie encore en 2021. Son intérêt national à court terme ne laisse pas le choix à la France. En dépit des liens historiques avec la Russie, les occasions ratées ne se retrouvent pas. En dépit de l’insupportable arrogance américaine, le renversement des alliances n’est pas à notre portée. En dépit des multiples atteintes américaines à l’indépendance de la France, à l’autonomie de l’Union européenne, aux frontières de l’Europe et à la volonté des Nations, la France et l’Union européenne sont engagées dans la guerre américaine. Il est trop tard pour changer de camp. Qui peut raisonnablement aujourd’hui parmi les Nations européennes penser à un renversement d’alliance ? Qui en aurait la lucidité, le courage, ou la folie ?

    Devant la guerre, que chacun se répète la devise britannique ; « Right or wrong, my country ». Il est désolant, ou consolant que nous en soyons toujours là.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 2 septembre 2022)

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  • Opération Z...

    Les éditions max Milo viennent de publier un essai de Jacques Baud intitulé Opération Z. Ancien membre du renseignement stratégique suisse et spécialiste des pays de l’Est, il a participé à des négociations militaires de haut niveau avec les forces armées russes. Au sein de l’OTAN, il a suivi la crise ukrainienne de 2014 puis a participé à des programmes d’assistance à l’Ukraine. Il est l'auteur de plusieurs essais dont La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur (Rocher, 2003), Terrorisme - Mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident (Rocher, 2016) ou Poutine, maître du jeu (Max Milo, 2022).

     

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    " Pourquoi Poutine a-t-il déclenché l’opération Z en Ukraine ? Les forces ukrainiennes utilisent-elles des volontaires néonazis ? Quelles sont les forces en présence et la réalité du conflit militaire depuis six mois ? Que savons- nous des crimes de guerre comme Boutcha ? Les sanctions économiques occidentales ont-elles fonctionné ? L’envoi massif d’armes par les Occidentaux a-t-il un effet sur le conflit ?

     Après le best-seller Poutine: maître du jeu ?, dont le travail d’analyse a été salué dans le monde entier, Jacques Baud revient dans ce livre sur les causes profondes de la guerre en Ukraine et les raisons qui ont poussé Vladimir Poutine à intervenir le 24 février 2022. En s’appuyant sur les informations des services de renseignement et des rapports officiels, il analyse le déroulement des actions militaires et la manière dont elles ont été interprétées en Occident. Il explique le bouleversement de l’ordre mondial sur les plans politique et économique, ainsi que les conséquences à long terme des sanctions occidentales sur notre vie quotidienne. Il révèle comment le conflit aurait pu être évité et quelles pistes ont été volontairement délaissées par les États-Unis et l’Europe. "

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  • Apocalypse yankee...

    Les éditions Dutan, diffusées par Francephi, viennent de rééditer un roman d'anticipation de Philippe Randa, datant de la fin des années 80, intitulé Apocalypse Yankee, avec une préface de Nicolas Gauthier. Journaliste, chroniqueur, éditeur, mais aussi auteur de polars et de romans de science-fiction, Philippe Randa a publié de nombreuses enquêtes sur des sujets sensibles.

     

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    " Imaginez une Europe dévastée par un conflit mondial où les Américains ont écrasé les autres nations et où les derniers Euro­péens survivent dans la précarité matérielle et l’oppression bien­­­veil­­lante… Bâti à la façon de ces romans où l’action et les rebondissements priment, Apoca­lypse yankee met en scène la résistance contre le nouvel hégémonisme.

    On y voit l’intervention de deux voyageurs de l’espace égarés sur Terre qui viennent faire pencher la balance dans le bon sens.

    Du rythme, des trouvailles, un style à l’emporte-pièce et un roman idéal à emporter en vacance. "

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  • L’Ukraine ou le tombeau de l’Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Hervé Juvin à Boulevard Voltaire et consacré à la position de l'Europe dans le conflit russo-ukrainien, et plus largement dans le conflit russo-américain.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

                                           

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