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europe - Page 22

  • Apocalypse yankee...

    Les éditions Dutan, diffusées par Francephi, viennent de rééditer un roman d'anticipation de Philippe Randa, datant de la fin des années 80, intitulé Apocalypse Yankee, avec une préface de Nicolas Gauthier. Journaliste, chroniqueur, éditeur, mais aussi auteur de polars et de romans de science-fiction, Philippe Randa a publié de nombreuses enquêtes sur des sujets sensibles.

     

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    " Imaginez une Europe dévastée par un conflit mondial où les Américains ont écrasé les autres nations et où les derniers Euro­péens survivent dans la précarité matérielle et l’oppression bien­­­veil­­lante… Bâti à la façon de ces romans où l’action et les rebondissements priment, Apoca­lypse yankee met en scène la résistance contre le nouvel hégémonisme.

    On y voit l’intervention de deux voyageurs de l’espace égarés sur Terre qui viennent faire pencher la balance dans le bon sens.

    Du rythme, des trouvailles, un style à l’emporte-pièce et un roman idéal à emporter en vacance. "

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  • L’Ukraine ou le tombeau de l’Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Hervé Juvin à Boulevard Voltaire et consacré à la position de l'Europe dans le conflit russo-ukrainien, et plus largement dans le conflit russo-américain.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

                                           

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  • David Engels : « Je comprends le conflit intérieur de nombreux conservateurs lorsqu'il s'agit de prendre parti dans la guerre actuelle en Ukraine »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par David Engels au site autrichien Die Tagesstimme et consacré à la fracture provoquée par la guerre russo-ukrainienne dans les milieux conservateurs et identitaires européens.

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan après avoir été professeur à l'Université libre de Bruxelles, David Engels est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020). 

     

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    « Les conservateurs européens ne sont qu'un instrument pour Poutine »

    Dr. Engels, vous êtes chercheur à l'Institut occidental de Poznan. Quelle est la situation en Pologne? Quel regard porte-t-on là-bas sur la guerre ? En quoi la vision polonaise de la guerre diffère-t-elle de celle du camp conservateur en Allemagne ? Ai-je raison de penser que la guerre d'agression russe - notamment en raison des tentatives historiques d'invasion russes - représente une menace beaucoup plus immédiate pour la Pologne que pour l'Allemagne ?

    En effet, l'Occident a longtemps ignoré les mises en garde polonaises, baltes ou ukrainiennes contre l'expansionnisme russe et les a reléguées au rang de choses du passé. Aujourd'hui, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et donc le déclenchement de la première guerre conventionnelle entre États sur le territoire européen depuis la Seconde Guerre mondiale, a provoqué un réveil amer. L'expérience polonaise se nourrit non seulement de la mémoire des siècles d’occupation d'une grande partie de la Pologne par les forces russes ou soviétiques, et de la répression de l'identité locale qui en a découlé, mais aussi d'une profonde familiarité avec la mentalité russe.

    L'Occident considère généralement la Russie comme un État-nation européen parmi d'autres, même s'il est grand, alors qu'il s'agit d'un État-civilisation autonome, uniquement voué à sa propre dynamique, et culturellement très étranger à l'Occident, dont la raison d'être n'est pas de trouver un équilibre avec ses voisins par le compromis et la concertation, mais plutôt d'accomplir la véritable mission du peuple russe, à savoir le "rassemblement de la terre russe", et donc la création d'un grand espace autarcique qui ne veut tolérer aucun concurrent à ses frontières.

    L'invasion russe de l'Ukraine fait apparaître des lignes de fracture au sein des conservateurs européens, qui n'étaient jusqu'à présent que masquées. Dans votre rapport sur la possibilité d'une coopération entre les groupes ID et ECR (1) au Parlement européen , vous aviez déjà souligné que la relation des conservateurs allemands avec la Russie était un élément de division dans leurs relations avec les partis de droite d'Europe de l'Est. Cette évolution vous surprend-elle moins que d'autres ?

    Engels : En Allemagne, mais aussi en France, en Italie et même en Espagne, de nombreux conservateurs entretiennent une image plutôt romantique de la Russie, toujours marquée par des réminiscences de Tolstoï, Dostoïevski, Tchaïkovski, Répine et de l'époque des tsars, mais qui n'a que très peu de rapport avec la Russie d'aujourd'hui. Pour beaucoup, la Russie est considérée comme une sorte de défenseur ultime de l'Occident qui, par idéalisme, ne se préoccupe que de cultiver et de défendre la tradition, le christianisme et la culture nationale. La réalité de la Russie réelle est tout autre : la Russie est marquée par la stagnation économique, la corruption politique, l'implosion de l'orthodoxie, la montée de l'islam, le cynisme en matière de politique étrangère, l'un des taux d'avortement les plus élevés au monde et ainsi de suite.

    L'utilisation sans scrupules des réfugiés à l'occasion de la crise migratoire polonaise ou de soldats musulmans lors de l'invasion de l'Ukraine a justement montré ce qu'il en est réellement de la Russie "chrétienne". Malgré cela, de nombreux conservateurs occidentaux continuent de croire que Poutine est leur allié prédestiné, mais ils ont du mal à voir qu'ils ne sont que les instruments d'une tentative de déstabilisation à grande échelle, dont le but est de diviser l'Occident encore plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent, afin de laisser les mains libres à une expansion russe sans entrave. Si les conservateurs parviennent effectivement à créer une Europe forte et patriotique, vous verrez que le voisin russe ne regardera pas ce projet d'un œil plus favorable que l'actuel hégémon libéral de gauche américain ...

    Dans quelle mesure une montée en puissance de la Russie représente-t-elle un danger pour une Europe unie et patriotique ? Certains journalistes conservateurs, voire de droite, ne voient aucun avantage à une victoire de l'Ukraine pour le conservatisme européen, qui serait plutôt une confirmation et une consolidation des structures de pouvoir mondialistes existantes. Mais dans une Europe jusqu'ici plongée dans le sommeil postmoderne, le retour du politique évoqué par les journalistes allemands comme polonais, ne pourrait-il pas aussi receler la possibilité d'une renaissance occidentale et d'une véritable unification ? Et ce, loin de tout romantisme : dans l'histoire, c'est souvent l'ennemi extérieur qui permet de souder les communautés hétérogènes.

    Engels : Je comprends en effet le conflit intérieur de nombreux conservateurs lorsqu'il s'agit de prendre parti dans la guerre actuelle en Ukraine : une victoire de la Russie transformerait une guerre d'agression mortelle en un dangereux précédent pour l'avenir de l'Europe et reléguerait en outre durablement de l'autre côté d'un nouveau rideau de fer un pays qui, dans sa grande majorité, souhaite adhérer aux institutions occidentales. D'un autre côté, une victoire de l'Occident en Ukraine pourrait également conduire à un renforcement de l'idéologie libérale de gauche, qui a déjà eu des conséquences si terribles dans le reste de l'Europe, et cimenter l'hégémonie américaine ébranlée.

    C'est pourquoi je crois qu'une guerre commune de l'OTAN contre la Russie ne conduirait pas à une véritable réconciliation entre la gauche et la droite ou entre l'Europe et les États-Unis, mais ne ferait qu'approfondir les lignes de fracture existantes à moyen terme. Le seul espoir que je vois, c’est donc la possibilité qu'une éventuelle victoire débouche sur l'intégration progressive de l'Ukraine dans le projet Trimarium, c'est-à-dire la tentative de construire un centre de pouvoir conservateur indépendant entre Berlin et Moscou, comme cela existait déjà avant les divisions polonaises sous la forme de la République polono-lituanienne, qui avait certainement fortement contribué à la stabilisation politique de l'Europe de l'Est.

    D'une manière générale, peut-on conjurer ce dualisme entre d’un côté une victoire russe qui renforce un ordre mondial multipolaire et de l’autre une victoire de l'Occident qui renforce un ordre mondial mono- ou bipolaire ? Ne voit-on pas aujourd'hui, notamment en raison des nombreuses sanctions qui - malgré leurs bases rationalistes et libérales (dans le sens de la croyance que l'ennemi se fonderait sur des considérations rationnelles et économiques et réduirait la voilure à cause de celles-ci) - prennent entre-temps des dimensions carrément antilibérales (pensez à l'annulation d'artistes russes), que cette guerre fait quelque chose à l'Europe ? Et qu'une Europe victorieuse ne peut pas être l'Europe d'hier ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'une Europe qui s'éveille de rêves pacifistes béats ?

    Engels : En effet, nous assistons actuellement, du moins sur le plan rhétorique, à un certain réarmement des idéologues libéraux de gauche, qui semblent s'être éloignés, du moins dans leur évaluation de la situation en Ukraine, de la condamnation indifférenciée de la guerre, des armes, du patriotisme et de la masculinité prétendument toxique, et qui exigent résolument, outre des sanctions économiques, la construction d'une armée propre et puissante en Europe. Mais ce virage à droite apparent, du moins rhétorique, des élites dirigeantes politiques et médiatiques du continent, jusqu'ici plutôt situées à gauche, ne signifie en aucun cas un geste de réconciliation envers les conservateurs, mais doit plutôt être considéré avec un grand scepticisme, comme je l'ai montré dans un article paru dans Epoch Times. Le Parti communiste chinois a lui aussi opté, lorsque l'échec de l'Union soviétique est devenu évident, pour un surprenant revirement politique en remplaçant le socialisme par le capitalisme d'État, ce qui n'a toutefois pas affaibli, mais plutôt cimenté, sa position de force et sa capacité à réprimer les opposants politiques.

    Quelles seraient donc les conséquences pour l'Occident, voire pour le principe même de l'Europe, si Poutine, à la suite d'une victoire, établissait réellement un empire pan-eurasien "entre la Vistule et l'Amour" ?

    Engels : Les conséquences seraient tout à fait comparables à la situation d'une nouvelle guerre froide, mais cette fois-ci dans des conditions inégales et plus favorables, puisque même une Russie impérialement gonflée ne serait plus aujourd'hui que le partenaire junior de la superpuissance chinoise, dont la supériorité sur tout ce que l'Occident peut offrir est déjà évidente. Renforcée par cette alliance chinoise, la Russie, qui se voit à son tour de plus en plus opprimée par la Chine en Sibérie, consacrerait une grande partie de son énergie à étendre son influence en Europe et à renforcer sa base de pouvoir démographique en déclin, menacée à l'intérieur non seulement par la baisse de la natalité, mais aussi par l'augmentation de la population musulmane.

    Si la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine venaient à fusionner pour former un nouveau grand ensemble russe, les États baltes, la Moldavie et peut-être même la Pologne seraient certainement plus que menacés dans leur intégrité territoriale et leur autonomie politique, et l'on pourrait s'attendre à une répétition des scénarios déjà connus en Géorgie, au Kazakhstan et en Ukraine. La Russie, qui était jusqu'à présent le patron des conservateurs européens, pratiquerait alors de plus en plus une politique de "divide et impera" qui, si l’Europe se détournait des États-Unis, ferait tomber celle-ci de Charybde en Scylla.

    Parlons encore de la situation concrète en Ukraine : quel scénario vous semble le plus probable en ce qui concerne l'issue de la guerre ? Et : certains conservateurs croient à la solution d'une Ukraine neutre - ou pensent même qu'un gouvernement russe fantoche pourrait apporter la paix. Qu'en pensez-vous ?

    Engels : Actuellement, toute issue possible à la guerre serait une catastrophe. Une Ukraine neutralisée ou indirectement réduite au statut de Biélorussie par un gouvernement fantoche légitimerait a posteriori la guerre d'agression de Poutine, porterait son influence politique directe loin à l'ouest et serait le prélude à une extension plus large dans les pays baltes et les Balkans, car il est dans la nature des zones tampons et de sécurité "neutres" exigées par la Russie que celles-ci se déplacent toujours plus loin en fonction des situations politiques de puissance du moment.

    La demande d'une Ukraine neutre, si elle était satisfaite, entraînerait bientôt la demande d'une région balte neutre et finalement d'une Pologne neutre. Si Poutine devait perdre la guerre, les perspectives seraient également sombres, car il faudrait s'attendre à une chute rapide du maître du Kremlin et à des troubles politiques correspondants dans l'ensemble de la Fédération de Russie, qui pourrait bien connaître un processus de déclin interne, l'immense empire étant déjà affaibli par de nombreux mouvements séparatistes, par exemple dans le Caucase ou en Sibérie.

    Si le pouvoir central russe devait effectivement disparaître pendant plusieurs années, nous devrions faire face à un foyer de troubles qui traverserait tout le continent eurasien et serait bien entendu exploité par d'autres puissances comme la Chine et le monde islamique. On pourrait alors espérer que des puissances régionales comme la Pologne parviennent au moins à conclure une alliance solide avec les pays riverains de l'est et du sud et à les aider à se stabiliser économiquement et politiquement, afin de protéger au moins le flanc est de l'Europe contre le chaos.

    Par ailleurs, le fait que Poutine veuille s'approprier la nation ukrainienne et ainsi l'anéantir de facto est également contesté en partie par les conservateurs et la droite. Beaucoup pensent que le droit à la vie de la nation ukrainienne pourrait être préservé malgré la domination russe. Cela ne contredirait-il pas fondamentalement la logique impérialiste que vous diagnostiquez pour la Russie ?

    Engels : Comme je l'ai dit, ce serait une erreur de vouloir appliquer à la Russie les critères classiques des États-nations européens. Il ne s'agit pas pour la Russie de Poutine de créer un peuple russe homogène sur le plan ethnique, religieux ou culturel, mais plutôt d'accomplir une mission métaphysique de rassemblement de la "terre" russe dans toute sa diversité et même ses contradictions internes. Bien entendu, cet objectif s'accompagne d'un certain chauvinisme grand-russe, qui s'efforce d'écraser et de réprimer autant que possible les mouvements régionalistes ou nationalistes ; mais au fond, ce projet est un phénomène tout à fait multiculturel et même multireligieux.

    Cela devient particulièrement clair avec l'exemple de l'islam qui, loin d'être combattu ou refoulé en Russie, est au contraire délibérément courtisé et renforcé tant qu’il s’engage dans une relation de loyauté politique avec le gouvernement en place. Ce n'est donc qu'en surface qu'il est paradoxal que le prétendu peuple frère ukrainien soit contraint de s'allier volontairement à la Russie par des mercenaires tchétchènes fondamentalistes.

    Une annexion russe de l'Ukraine, quelle qu'elle soit, ne déboucherait donc pas nécessairement sur une destruction génocidaire de la langue ou de la culture ukrainienne, mais plutôt sur une tentative de lui retirer son caractère d'Etat-nation et de la détacher ainsi de son contexte politico-culturel occidental. Il s'agit de transformer le territoire ukrainien par une décomposition et une assimilation culturelles et politiques multiples, de manière à lui ôter toute base d'autonomie en tant qu'État national et à faire à nouveau de l'ensemble du territoire une partie intégrante de l'immense zone d'influence de la Grande Russie.

    Merci beaucoup, Monsieur le Professeur Engels !

    David Engels (Die Tagesstimme, 2 septembre 2022)

    (Traduction Métapo infos, avec DeepL)

     

    Note :

    1 : ID, groupe Identité et Démocratie (avec les députés du RN) ; ECR, Conservateurs et Réformistes européens

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  • L’univers mental des germains...

    Les éditions des Amis de la Culture européenne viennent de rééditer dans leur collection "Héritage" un essai de Jan de Vries intitulé L'univers mental des Germains. Linguiste et spécialiste néerlandais des mythologies nordiques et celtiques, Jan de Vries a enseigné à l'université de Leyde et a publié en particulier L’Histoire générale des littératures nordiques anciennes, L’Histoire générale des religions germaniques, le Dictionnaire étymologique du vieux-norrois, enfin La Religion des Celtes.

     

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    " Nous possédons de multiples témoignages épars sur les peuples germaniques qui ont parcouru l’Europe à travers les âges. Mais que savons-nous des Germains ? Pouvons-nous parler de l’unité d’un caractère germanique, reconstituer l’image d’un individu et de sa mentalité, c’est-à-dire nous représenter à la fois sa vision du monde, sa psychologie et son esthétique ?

    Jan de Vries nous propose d’en tracer un dessin le plus précis possible. L’étude des documents littéraires et archéologiques montre bien que l’on peut parler d’une « âme » germanique, que son fondement est resté le même chez toutes les nombreuses et diverses peuplades germaniques, et cela, bien au-delà de la christianisation.

    Les mêmes valeurs éthiques, les comportements, l’art et la religion forment une unité qui, pour la première fois, est parfaitement délimitée et mise en relief, nous donnant une image du Germain peu conventionnelle, mais combien proche des meilleurs éléments de l’héritage européen de notre civilisation.

    Jan de Vries nous restitue des concepts clefs pour comprendre la culture et la spiritualité germaniques. "

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  • Green Deal et escroquerie écologique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au "green deal" de l'Union européenne...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Green Deal et escroquerie écologique

    Dans la pensée magique qui habite le Parlement européen, les bonnes intentions dispensent chacun de s’interroger sur les conséquences de ses votes. Nul n’est jamais jugé sur autre chose que ses intentions ! — et au nom du verdissement, tout est permis. Chacun appréciera les effets contrastés de cette dispense du réel, qui ne dure jamais bien longtemps. Dans la fureur verte qui habite la Commission, s’étend à la Banque centrale, et emporte le Parlement à rebours de la science qu’est l’écologie, rien n’est plus difficile que de garder le sens du réel, qui devrait pourtant être le propre des défenseurs du vivant — quoi de plus réel que la vie ?

    Le Green Deal tel que l’Union s’y engage soulève quatre questions, chacune d’elle suffisant à ruiner la prétention à l’exemplarité du projet et à condamner sa poursuite.

    La singularité des écosystèmes

    D’abord, la méconnaissance des singularités des écosystèmes qui est la condition de la concentration industrielle et de la globalisation — le rêve du produit unique au prix le plus bas commande l’artificialisation de tous les modes de vie, la négation de la géographie, du relief et du climat, au terme de cette sortie de la nature dont l’air conditionné est le symbole. La réalité du dérèglement climatique, la réalité des agressions chimiques et physiques, la réalité de perte de biodiversité, nulle part n’a des conséquences identiques, nulle part n’a les mêmes enjeux. Il n’y a pas dans le monde deux écosystèmes identiques.

    Ce qui signifie que nulle part, la lutte contre le dérèglement climatique ne peut se dérouler de la même manière — y compris parce que ici ou là, ce dérèglement se traduit par un refroidissement ou par une pluviométrie accrue. Ce qui signifie que les moyens de réduction du CO2 et d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère ne sont pas partout identiques, ne serait-ce que parce que les conditions locales de captation-séquestration du carbone ne sont pas les mêmes entre le marais, la mangrove, et la plaine de grandes cultures.

     Dans nombre de pays, la réduction des émissions de CO2 n’a pas de sens, d’abord parce que ces pays sont très peu émetteurs (Afrique ou Amérique latine,), ensuite parce que certains pays nouvellement industrialisés ne sont pas responsables du stock de carbone accumulé par les pays « riches » dans l’atmosphère (la Chine pour sa part se classant désormais dans le camp des accumulateurs étant donné le niveau de ses émissions cumulées). La prétention des COP à répétition à imposer au reste du monde les mesures correctrices des excès des pays accumulateurs est un facteur majeur de la rupture qui se creuse entre « The West » et « The Rest » — et qui interroge le Green Deal sur le plan moral aussi bien que technique.

    Ajoutons que le dérèglement climatique est une preuve majeure des insuffisances du marché, et qu’ajouter un marché du carbone pour y pallier relève de la politique de Gribouille — le marché a des défauts, plus de marché les corrigera… Chacun appréciera la logique !

    Un délire bureaucratique

    Ensuite, le délire bureaucratique qui veut que la norme, la règle et les bureaux doivent tout gérer, tout conduire, tout diriger (1). Le dérèglement climatique tel qu’il est engagé se distingue certes par sa rapidité et son extension. Il met sous tension la capacité d’adaptation des sociétés humaines aux conditions climatiques et géographiques qui sont les leurs. Il ne l’annule pas. Dans l’histoire, ce n’est pas la fragilité des sociétés humaines aux changements du climat et du milieu qui s’impose, c’est au contraire leur capacité spontanée d’adaptation créatrice aux changements de leur milieu. Inutile de citer ces extrêmes que sont les Esquimaux dans leurs igloos et les Touaregs sous la grande tente, les exemples sont tout aussi bien près de nous de la Corse à l’Alsace et de la Bretagne aux Flandres.

    Matériaux locaux, modes de construction traditionnels, recettes locales, habillement et artisanat étaient autant de réponses adaptatives au milieu autorisées par des structures locales décentralisées et soutenues par les préférences collectives légitimées par la relative autonomie des territoires, réponses résilientes tant que le nombre d’habitants et leurs demandes n’excèdent pas la capacité de l’écosystème local à fournir les ressources et absorber les rejets — ce qu’un marché globalisé est incapable de réguler. Utilisant les capacités totalitaires du numérique, fondé sur la croyance infondée que ce qui est bon à Bruxelles est bon pour l’Europe, le Green Deal non seulement ignore l’intelligence adaptative des populations européennes autonomes, comme il ignore la pertinence des solutions traditionnelles d’adaptation au milieu et à ses évolutions, mais il les écrase au nom d’une unification forcée, si bénéfique aux multinationales et à des modèles managériaux et financiers ennemis de toute singularité. Et la fuite en avant dans la privatisation des biens communs et la prise de pouvoir des entreprises privées sur les Nations et les peuples est le contraire de ce que dictent l’expérience, la raison, et l’intelligence, et qui s’appelle localisme.    

    Le royaume des Fondations

    Encore, l’invraisemblable arrogance des solutions proposées, dictées par celles des ONG et des Fondations qui ont acquis le monopole des relations avec la commission européenne. Les évènements qui se succèdent depuis l’invasion russe de l’Ukraine ont totalement modifié la carte des approvisionnements en énergie de l’Europe. Selon sa situation géographique, ses choix énergétiques, les préférences de sa population, chaque pays européen tente d’associer choix de vie de ses citoyens, sécurité d’approvisionnement, et indépendance stratégique. Le pire ennemi de la sécurité et de l’indépendance énergétique européenne est aujourd’hui le choix du tout électrique. La naïveté avec laquelle l’Union endosse une campagne ourdie aux Etats-Unis pour détruire l’industrie automobile européenne est consternante mais révèle la panne stratégique dans laquelle l’Union enfonce l’Europe.

    De même que l’Union détourne le droit pour étouffer la voix des Nations, de même la fausse écologie est l’une des armes de destruction massive choisie par les ennemis de l’Europe ; la complicité permanente des « Verts » avec l’Etat profond américain, les pires errements du « woke » et des néo-cons en est l’expression permanente au Parlement européen. Ce choix place l’Union européenne sous la double dépendance de la Chine pour les matières premières (métaux rares, etc.) notamment dans le solaire et l’éolien, et des Etats-Unis pour le soft, tout véhicule devant devenir un smartphone à roues. Comment l’industrie automobile allemande et française, parmi les deux ou trois premières au monde, a-t-elle pu tomber dans le piège qui lui était tendu par de prétendus lanceurs d’alerte révélant des fraudes aux émissions qui étaient un secret de polichinelle dans l’industrie ?

    Comment l’Union a-t-elle pu entériner ce « sabotage industriel, ce grand saut dans le vide » que déplorait Luc Chatel, Président de la Plateforme automobile, en votant la fin de toute vente de voiture à moteur thermique en 2035 ? Ce choix malthusien a déjà tué la recherche de moteurs à très basses consommation, et condamne l’innovation en ce domaine. Pire encore, il ignore le fait que l’électricité est un vecteur énergétique et non une énergie ; elle procède toujours de sources premières qui vont de l’eau au nucléaire, du gaz au charbon et du solaire à l’éolien ou encore à la biomasse par la méthanisation.

    L’électricité n’a aucune vertu écologique propre, sinon celle de produire de la bonne conscience ; son emploi dissocie le lieu d’émission de CO2 de celui de la production d’énergie source ; au lieu de polluer au long de la route, une voiture électrique pollue quand la centrale à gaz ou charbon produit l’électricité qui charge ses batteries ! La fuite en avant vers le tout électrique traduit la confiance hors de propos dans la continuité d’approvisionnement et la solidité du réseau européen, mais aussi la mentalité des « anywhere » qui entendent ne rien subir des conséquences de leurs modes de vie — pourvu que la centrale soit loin de leur résidence…

    Vers un great Reset ?

    Enfin, le Green Deal est rien moins qu’innocent dans le « Great Reset » qui vide nos campagnes, détruit la vie, étrangle les PME, et livre le monde aux multinationales et aux monopoles numériques. Un « Green Deal » qui ne combat pas le pouvoir exorbitant des géants de l’agrochimie et ne démantèle pas la pieuvre de l’agro-industrie et la fausse science qu’elle diffuse n’a aucune légitimité. Un « Green Deal » qui n’affronte pas l’extension malthusienne des « Intellectual Property Rights » et ne traite pas la destruction des espèces endémiques par les usuriers du vivant et la liberté d’utiliser les semences de ferme hors catalogue fait le jeu des pires ennemis de la vie (que ceux qui veulent en savoir plus voient comment l’industrie américaine a détruit les semences du lupin, une céréale qui pouvait concurrence pour l’alimentation animale le soja, au point que le lupin ne subsiste presque plus qu’en Oural alors qu’il était cultivé partout en Europe !)

    Un Green Deal qui n’aborde pas les conditions de la concurrence, la demande de proximité territoriale et l’exigence de diversité adaptative des modes de production, des systèmes économiques et des régimes alimentaires, n’est que manipulation. L’origine des textes fait peu de doutes ; quelques ONG et Fondations ont écrit les propositions de la Commission européenne, sans transparence et sans contrôle, pour le compte de multinationales et de monopoles qui voient dans la réglementation environnementale orientée selon leurs souhaits un excellent moyen de modifier les conditions de la concurrence, d’imposer leurs intérêts au marché comme au consommateur et d’éliminer des concurrents.

    La taxonomie est le moyen d’imposer des contraintes administratives multipliées à des entreprises qui devront disposer des services spécialisés, coûteuses et hors de portée d’un grand nombre de petites entreprises pour y satisfaire. L’enfer des détails ne sert que la concentration des entreprises, et la mise sous tutelle des Nations et des Etats. Quant à la supercherie de la RSE, des indicateurs de qualité environnementale, il devient de plus en plus évident qu’ils servent non à protéger l’environnement et les citoyens des excès de la technique et des entreprises, mais à protéger les entreprises des dégâts qu’elles provoquent sur l’environnement et la vie des citoyens (une entreprise bien notée ne risque rien !) — et d’abord parce qu’elles ignorent superbement les biens communs, la qualité de la vie et les singularités locales (lire  » The perils and opportunities of ESG investing », Ron Ivey, American Affairs, Spring 2022).

    Le Green Deal est le résultat de l’expulsion des Européens des débats et des décisions de l’Union européenne, mise en place par des organisations complices, comme cette filiale de Bain Company, (cabinet de conseil américain) connue pour avoir sélectionné les « citoyens » consultés pour la Convention sur l’avenir de l’Europe sur la base de leur consentement au fédéralisme… Et comment accepter les prétentions écologiques de Blackrock, choisi pour « conseil » dans le « verdissement » des financements de l’Union, l’un des trois géants mondiaux de la gestion de capitaux, à ce titre coresponsable de la concentration des entreprises, de la constitution de monopoles et de la financiarisation des stratégies d’entreprise ?

    Cette escroquerie démocratique ouvre une voie royale au localisme, foyer de la vraie renaissance européenne, celle des particularités locales, régionales et nationales qui rendra à l’Europe les vrais moyens de son rayonnement ; la diversité de ses peuples, de ses cultures, et des systèmes qu’ils se donnent pour demeurer eux-mêmes, chez eux, dans le foyer que la nature leur offre.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 29 juillet 2022)

     

    Note :

    1 — Les travaux universitaires qui dénoncent l’inconsistance de la « RSE », des indicateurs « ESG » et autres créations de consultants et de financiers en quête de nouveaux territoires se multiplient aux Etats-Unis ; lire : « The perils and Opportunity of ESG investing », Ron Ivey, in American Affairs, Spring 2022.

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  • Le réveil des Européens...

    Les éditions Alba Leone viennent de publier un essai de Nico Merz intitulé Le réveil des Européens, avec une préface de Piero San Giorgio. L'auteur est un jeune militant identitaire italien. L'ouvrage est notamment disponible sur le site de Daniel Conversano.

     

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    " Une critique féroce de la société contemporaine par un jeune auteur italien, Nico Merz. L’identité ethnique et culturelle des Européens doit être retrouvée et bien comprise par eux. La sélection naturelle – compétition entre les peuples mais également au sein des peuples – est le meilleur moyen de renforcer cette identité puisqu’elle pousse la Civilisation vers les hauteurs. Il ne faut pas la voir comme une ennemie, mais comme la complice d’un perfectionnement nécessaire.

    Les idéologies qui ont influencé négativement la psyché, l’imaginaire collectif des peuples clairs, sont ici analysées en profondeur ; ces idéologies mortifères ont changé la direction de l’histoire européenne, elles ont eu un impact décisif sur nos comportements et notre rapport au monde.

    Les nôtres doivent changer d’état d’esprit et ne plus craindre d’exister : la vie est un combat et nous devons accepter d’entrer dans l’arène pour le mener. "

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