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  • Do you speak european ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Lydie Marion, cueilli sur le site de Causeur et consacré à la domination de la langue anglaise dans les institutions européennes.

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    Do you speak european ?

    Dès le XVIIe siècle, l’esprit français règne sur les grandes cours européennes. Le français a vocation à être universel et essaime partout. L’intelligentsia se rallie sous cette bannière, signe de distinction, de savoir-vivre et d’élévation. Avec De L’Allemagne, Madame de Staël décrit en 1810 l’aura d’une France à son apogée européenne et ses échanges outre-Rhin. Elle s’accommode de son exil forcé pour arpenter cette Europe qui la fascine. Germanophile et anglophile, elle pressent dans son ouvrageque le classicisme de la langue française sera bientôt supplanté par l’esthétique romantique du Nord.

    Invariablement, le destin européen semble lié à la domination d’un pays et de sa langue. Malgré l’avènement des idées de Bonaparte, selon lequel les peuples d’Europe doivent s’unir autour des valeurs de la Révolution Française, Madame de Staël reste fidèle à l’aristocratie. Aussi s’érige-t-elle en chantre de l’Ancien Régime abattu qui avait été propice à l’expansion du français dans l’Europe entière. Reconnaissant l’âpreté de la langue allemande, elle rend hommage à la légèreté du français, langue par excellence de la conversation. Légèreté ne signifie pas frivolité mais un sens de la justesse qui naît d’une spontanéité calculée. Jamais l’exigence d’intelligibilité n’a été plus forte que dans la langue française.

    La monarchie avait compris que l’influence d’un pays se mesure à la pratique de sa langue dans les lieux de pouvoir. Pour l’intelligentsia européenne, parler français, c’est exercer l’art supérieur de la conversation et de la sociabilité. Le salon est un lieu d’influence. Cependant, la conquête des élites européennes ne s’est pas opérée par la violence mais par le consentement. C’est la reconnaissance de l’excellence de la civilité à la française. Après la violence de la Révolution de 1789, l’Europe de la pensée, dominée par la France, s’oriente vers l’Angleterre et les Etats qui formeront plus tard l’actuelle Allemagne.

    Aujourd’hui, si géographiquement les lieux de pouvoir européens se trouvent dans des espaces francophones, on n’y parle plus français. Subrepticement, en tant que langue officielle de l’Union Européenne, le français s’efface alors qu’il rivalisait autrefois avec l’anglais. Pourtant, sous l’impulsion de la France, la construction européenne avec les premiers états membres, majoritairement francophones, visaient à instaurer une paix durable entre les nations du continent. C’était la perspective de transformer cet espace économique en espace politique sous influence française.

    Dans cette optique, le général de Gaulle craignait à juste titre l’arrivée de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne pour défendre une stratégie nationale dont il fallait préserver l’Europe continentale. Naguère, les « père fondateurs » défendaient une vision française de l’Europe qui reposait sur une perception collective et enthousiasmante de cet édifice qui devait prendre une envergure politique. En définitive, l’Europe s’est muée en une vaste zone de libre-échange, creuse, sans assise politique sérieuse et sans ancrage dans la population. Le triomphe de l’anglais dans les institutions est le signe de cette hégémonie qui ne cherche même plus à se dissimuler.

    Depuis 2004, date de l’adhésion des anciens pays du bloc soviétique au sein de l’UE, la déroute du français n’a fait que s’accentuer. Pourtant, l’arrivée de pays de l’Est avait été présentée comme une chance pour la France d’étendre son cercle d’influence ainsi que de promouvoir sa langue. Las, le principal acteur de la fondation européenne est marginalisé au sein même des institutions. Les chiffres officiels sont sans appel. En 1997, l’anglais et le français faisaient jeu égal. Au Conseil de l’Union Européenne, 41%  des textes étaient rédigés en anglais, contre 42% en français et 5% en allemand. Les proportions sont similaires dans la Commission Européenne.

    Celle-ci  révèle dans un rapport de 2011 que seuls 6% des documents sont en français. Ce n’est plus une dilution, c’est une débâcle. Jugé plus pratique, l’anglais s’impose dans les réunions et dans les rédactions de rapports. Dès lors, la France en est réduite à invoquer la résolution de 2004 sur la diversité linguistique dans l’Union Européenne. La langue française qui se voulait jadis la plus intelligible devient inintelligible dans les instances où la politique intérieure de la France se décide de plus en plus. Même si les fonctionnaires de l’Union Européenne doivent maîtriser au moins trois langues des pays membres, le français devient subalterne.

    Ainsi, plusieurs travaux importants de la Commission Européenne n’ont été rendu publics qu’en anglais, ne suscitant qu’une réaction molle des autorités françaises. En outre, la nomination de Catherine Ashton, représentante britannique de la diplomatie européenne, symbolise également une forme d’éviction. Au-delà des nominations aux postes stratégiques, c’est la conception même d’une Europe à la française qui s’éteint avec l’avènement d’un fonctionnement à l’anglo-saxonne des institutions européennes. La contribution de la France, notamment grâce à sa langue, pour  marquer de son empreinte la construction européenne est pourtant essentielle. En effet, l’identité des pays de la zone Euro ne doit pas se réduire à un ersatz anglo-saxon. Pourtant, la construction européenne se poursuit sans les peuples, dans l’entre-soi des élites anglicisées qui considèrent la culture et la langue française comme des reliques de musée.

    Plus largement, la francophonie recule sur le vieux continent de manière inquiétante. Alors que l’Union Européenne se targue de préserver le multilinguisme dans ses lieux de décision, l’hégémonie de l’anglais, présenté comme un espéranto par défaut, remet en cause cette diversité. Si la France existe de moins en moins sur le plan économique, elle ne peut se permettre de disparaître des institutions. Son influence dépend de la vivacité et de la pérennité du français dans les instances européennes et internationales. L’Assemblée nationale et le Sénat multiplient les rapports alarmistes, en pure perte. Pour l’instant, aucune mesure concrète n’a été prise pour inverser la tendance. Cette reconquête linguistique est pourtant impérative. Une nouvelle Défense et Illustration de la langue française ne serait pas de trop pour ressaisir un esprit français qui se voulait être le souffle du continent européen.

    Lydie Marion (Causeur, 20 janvier 2014)

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  • Contre le partenariat transatlantique !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur le site Europe solidaire, qu'il anime, et consacré au traité de partenariat transatlantique. Jean-Paul Baquiast est également le responsable du site d'informations scientifiques Automates intelligents.

     

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    Contre le partenariat transatlantique

    Les négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (PTCI) ont débuté cet été, malgré les réserves, tout au moins en France, de nombreux représentants politiques, chefs d'entreprise et dirigeants de syndicats. Ils considèrent cette démarche comme un abandon de plus des compétences européennes face à une concurrence américaine "libre et non faussée" qui ressemble de plus en plus à une mise en coupe réglée, compte tenu des différences de forces entre les futurs partenaires. Il n'empêche. Avec l'implication personnelle du président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso qui en espérerait le soutien américain pour une promotion dans une institution internationale, le mouvement s'accélère. Le gouvernement français pour sa part semble étrangement indifférent. Ceci pourtant au moment où les révélations de Edward Snowden montrent l'ampleur de la guerre économique menée par les Etats-Unis, via la NSA et d'autres agences, aux dépens des industries et des économies européennes. Certains objectent que le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership ) ou PCTI (Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement) favoriserait symétriquement les divers partenaires à l'échange. C'est évidemment faux. Les intérêts français n'atteignent en aucun cas la taille critique leur permettant de se battre à égalité. Ceci non seulement dans le domaine économique mais dans le domaine politique et diplomatique, où leurs futurs partenaires américains bénéficient d'un soutien sans faille du Département d'Etat et du Ministère de la Défense, grand acheteur comme l'on sait. Certes, en Europe, une partie du patronat européen et de la banque, bien représentée dans les média, espère qu'à l'occasion de ce partenariat transatlantique seront démantelées les diverses mesures mises en place depuis 30 ans pour maintenir un reste d'équilibre entre l'investissement public et l'investissement privé, comme plus généralement entre le social et l'économique. La table-rase actuellement imposée à la Grèce par l'UE et la Banque centrale pourrait ainsi être généralisée dans l'ensemble de l'Europe. Mais ce soutien représente une raison de plus pour rejeter les négociations. L'indépendance et les perspectives de relance de l'Europe auront tout à y perdre – sauf à admettre que les entreprises et les banques européennes sont vouées à devenir de simples succursale de leurs concurrentes américaines. On fait également valoir que les Asiatiques sont moins frileux que les Européens, puisqu'ils semblent s'engager avec enthousiasme dans l'équivalent du TTIP pour la zone Pacifique, le TPP. Mais d'une part la taille et la compétitivité des entreprises asiatiques sont malheureusement en général sans comparaison avec celles des entreprises européennes. D'autre part, même en Chine, des réticences commencent à se faire sentir. La véritable colonisation des secteurs de pointe chinois par des entreprises et capitaux américains commence à alerter les opinions. On fait enfin valoir que les Européens n'ont pas de raison de s'inquiéter, parce que le soutien donné au TTIP et au TPP par les Américains semble s'effriter. Les membres du Congrès, notamment, découvriraient que beaucoup de leurs électeurs dans les secteurs économiques traditionnels ne partagent pas l'enthousiasme de la Maison Blanche, en perdition dans tous les autres domaines, pour une rapide conclusion des négociations.

    Mais il ne faut pas compter la-dessus. Le Big Business et la grande banque américaine ne seront pas fâchés de se débarrasser à la fois de la concurrence européenne et des lourdeurs de certains secteurs traditionnels provenant de l'Amérique profonde. Ils ne renonceront donc pas à mener et tenter de gagner la « guerre des Traités ».
    Il n’empêche. Tous les arguments présentés ici, et bien d'autres, pour refuser les négociations ou les faire indéfiniment traîner en longueur, semblent se heurter à un mur d'indifférence, tant à Bruxelles qu'à Paris. Il faudra s'y résigner. Il ne s'agira que d'une nouvelle phase dans le suicide de l'Europe.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 11 janvier 2014)

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  • Metropolis...

    Les éditions Delcourt viennent de publier Metropolis, un bande-dessinée scénarisée par Serge Lehman, dessinée par Stéphane de Caneva et colorisée par Dimitris Martinos. Auteur de science-fiction, et notamment de la superbe série Faust, spécialiste du roman d'anticipation européen de la première moitié du XXe siècle, Serge Lehman s'est tournée avec brio vers le scénario de bande-dessinée et on lui doit, en particulier, La Brigade chimérique, une fascinante « plongée archéologique au cœur de l’imaginaire mutilé de l’Europe ».

     

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    " Printemps 1935. L'Europe est en paix depuis trois quarts de siècle. Metropolis en est la capitale politique. Elle est née dans l'Interland franco-allemand suite à la réconciliation des deux pays en 1912. La Belle Epoque n'a jamais pris fin. L'optimisme scientiste et la puissance impériale assurent la prospérité du continent, et, déjà, la conquête de l'espace se prépare sous les auspices d'Albert Einstein.

    Metropolis est la capitale de tous les excès, de tous les délires urbanistiques. Un carrefour de tous les mouvements politiques et artistiques, mais aussi un centre névralgique de l'espionnage et des coups tordus. Pour le jeune inspecteur Gabriel Faune, l'avenir est incertain. Car dans les profondeurs de la ville rôde un tueur introuvable, un démon peut-être porteur d'une autre histoire. "

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  • Le Roi veneur...

    Les éditions du Lore viennent de publier Le Roi veneur, une nouvelle d'Olivier Meyer inspirée par les écrits de Dominique Venner. Olivier Meyer a déjà publié un essai intitulé Nietzsche hyperboréen (Editions du Lore, 2011) ainsi qu'un recueil de citations,  Nietzsche - Manuel de savoir-vivre surhumain (Pardès, 2005).

     

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    " Écrit dans la plus pure tradition littéraire de la nouvelle, cet opuscule d’Olivier Meyer se veut résonance à l’œuvre laissée par Dominique Venner dont le geste fort, quasi-sacrificiel, a affecté bon nombre d’Européens conscients.

    Véritable conte du Graal du XXIe siècle sur les traces de Dominique Venner, ce texte est un vibrant appel au réveil des consciences, afin que les Européens sortent de leur dormition, qui trouvera écho par delà les différences intergénérationnelles.

    « Il existe une Europe secrète, un ordre de chevalerie de l’esprit qui relie des hommes par delà le temps et la mort ». Êtes-vous prêts à découvrir l’Ordre O21M ?... "

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  • L’Europe est-elle encore une puissance politique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il s'exprime sur la politique étrangère de la France en Afrique, notamment ...

     

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    L’Europe est-elle encore une puissance politique ?

    Il semblerait que de plus en plus de gens estiment que nos soldats n’ont rien à faire en Afrique. La politique étrangère de la France devrait-elle se résumer à celle du Costa Rica ?

    De façon générale, nos concitoyens se passionnent pour la moindre anecdote de politique intérieure, mais s’intéressent assez peu à la politique étrangère. Qui peut citer, par exemple, le nom d’un seul ministre du gouvernement d’un pays voisin ? La politique étrangère est pourtant ce qui compte le plus. C’est elle qui détermine le rang d’un pays. C’est elle qui exprime l’idée qu’il se fait du nomos de la Terre. C’est elle, aussi, qui révèle le mieux l’essence du politique, puisqu’elle implique la dualité du couple ami-ennemi. Nous sommes, par ailleurs, aujourd’hui dans un monde globalisé, où tout retentit instantanément sur tout. Non seulement les frontières n’arrêtent plus rien, mais la mondialisation abolit l’espace et le temps : alors que le monde de la modernité était un monde de non-synchronicité, la mondialisation réalise une synchronicité planétaire (le « temps zéro »). Difficile, dans ces conditions, de rester le nez sur la vitre ou de se replier dans l’entre-soi. Mais encore faut-il avoir quelque curiosité, être capable de s’informer, posséder quelques notions de géopolitique. Et savoir raisonner avec des catégories un peu plus intelligentes que le « fascisme », les « États voyous » ou les « lécheurs de babouches ».

    L’exemple que vous donnez n’est cependant pas le meilleur. On peut en effet être convaincu de la nécessité d’avoir une politique étrangère et contester l’opportunité des récentes interventions en Afrique. Si l’on n’avait pas été assez stupides pour faire la guerre à la Libye avec pour seul résultat d’y instaurer la guerre civile et le chaos – ce qui a entraîné la déstabilisation de tout le Sahel –, on se serait épargné l’intervention au Mali, où nos troupes vont bientôt se retrouver prises entre deux feux. Quant à la République centrafricaine, où l’on est au contraire intervenu beaucoup trop tard – en ignorant de surcroît les réalités ethno-politiques locales –, les déboires s’y accumulent déjà. La vérité est que la France n’a plus de politique étrangère (elle s’est totalement déconsidérée dans l’affaire syrienne), et que les initiatives qu’elle prend sont plus favorables à l’axe américano-qataro-israélien qu’aux intérêts français. Si l’on y ajoute la baisse drastique des crédits militaires, tout cela augure mal de l’avenir.

    Quand Bernard Antony, ancien député européen FN, écrit que ce qui se passe en Palestine « ne nous regarde pas », n’est-ce pas étrange, pour un catholique revendiqué, de ne pas s’intéresser à cette terre qui a vu naître le Christ ?

    On compte aujourd’hui 90 000 chrétiens vivant dans les territoires occupés. Plusieurs figures éminentes de la résistance palestinienne sont issues de la communauté chrétienne (il suffit de citer les noms de Georges Habache, Hanan Ashrawi ou Nayef Hawatmeh). En avril dernier, les chrétiens de Palestine ont adressé une lettre ouverte au pape François pour protester contre la décision israélienne de bâtir un « mur de sécurité » qui va séparer Bethléem de Jérusalem au profit des colonies, la qualifiant « d’attaque contre le tissu social palestinien et la présence palestinienne chrétienne ». Sur le sort de ces Palestiniens chrétiens qui partagent le sort de leurs concitoyens musulmans dans les territoires occupés, on peut lire le rapport accablant publié en 2012 par le Conseil œcuménique des Églises sous le titre Faith under Occupation. Cela dit, M. Antony est libre de penser ce qu’il veut. Peut-être pourrait-on seulement lui rappeler que Jésus est maudit dans le Talmud, alors qu’il est vénéré (mais pas adoré) dans le Coran. Et subsidiairement, que les milices chrétiennes de Centrafrique ne sont pas moins criminelles que les milices musulmanes.

    Vous avez été l’un des premiers, à l’époque de la guerre froide, à appeler à une alliance entre l’Europe et ce que l’on nommait naguère le tiers monde. Quel codicille ajouter aujourd’hui ?

    Il y a peu de choses à ajouter, sinon qu’on a changé d’époque. Dans le monde bipolaire de la guerre froide, l’Europe aurait pu prendre la tête du mouvement des non-alignés. À l’époque des pays émergents, elle pourrait chercher à s’imposer comme une puissance autonome – et, simultanément, travailler à l’émergence d’un axe Paris-Berlin-Moscou. Mais l’Europe n’en a ni les moyens ni, surtout, la volonté. Elle préfère se transformer en un vaste marché plutôt que de devenir une puissance qui serait en même temps un creuset de culture et de civilisation. La grande alternative à laquelle nous sommes confrontés est pourtant plus claire que jamais : il s’agit de savoir si le nouveau nomos de la Terre sera unipolaire, c’est-à-dire dépendant globalement de la puissance américaine et des marchés financiers, ou bien multipolaire, les grands blocs continentaux s’imposant comme autant de pôles de régulation de la globalisation.

    À long terme, l’Afrique sera le continent qui comptera le plus, ne serait-ce qu’en termes de ressources naturelles. Les Chinois s’y installent, les Américains aussi. Que reste-t-il de la Françafrique ?

    Je ne suis pas sûr que l’Afrique sera, à terme, le continent « qui comptera le plus » (sauf peut-être sur le plan démographique). De la Françafrique, il reste des vestiges. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas eu de décolonisation économique, commerciale ou technologique. Même sur le plan politique, l’Afrique reste en proie à des conflits ethniques dus à des frontières coloniales qui ont artificiellement coupé des peuples en deux ou réuni dans un même pays des ethnies antagonistes depuis toujours.

    La mondialisation elle-même, qui est dans une large mesure une nouvelle forme d’occidentalisme, fonctionne comme une structure néocoloniale fondée sur ce mythe du « développement » qu’a si bien critiqué Serge Latouche. Elle équivaut à une colonisation des sociétés humaines par la logique du profit et la finance de marché, puisqu’elle vise à généraliser à l’échelle planétaire les valeurs de l’Occident libéral : règne de l’individu, universalité abstraite, etc. – l’idée générale étant que ce qui n’a pas de sens économique n’en a aucun. La mondialisation est d’abord, et avant tout, une marchandisation du monde, où le fétichisme de la marchandise et le primat de la valeur d’échange entraînent une réification généralisée des rapports sociaux. Le système capitaliste continue plus que jamais à éradiquer toutes les cultures enracinées, et à supprimer toutes les structures traditionnelles qui empêchent l’émergence d’un individu manipulable à merci sur le grand marché planétaire. La mondialisation fait du déracinement un idéal et une norme. « En ce sens, dit à juste titre Hervé Juvin, la culture-monde est bien une négation de la condition humaine. »

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 5 janvier 2014)

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  • L’immigration humanitaire, Némésis d’une Europe compatissante...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du démographe et économiste, Yves-Marie Laulan cueilli sur son blog et consacré à l'immigration "humanitaire".

     

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    L’immigration humanitaire, Némésis d’une Europe compatissante

    Le fameux Camp des Saints, roman d’anticipation qui a eu le succès que l’on sait, est plus que jamais d’actualité. A ceci près qu’il ne s’agit plus de malheureux Bangladais, toujours confinés dans leur Bengale lointain à moitié envahi par les eaux, mais de Maghrébins, d’ Africains malins, et maintenant de Syriens, en fait, d’un peu partout dans le monde. Tous les prétextes sont bons pour émigrer en Europe : persécution, insécurité, discrimination insoutenable, niveau de vie jugé inacceptable. Ils sont tous candidats à une installation confortable dans une opulente Europe au grand cœur et à la mauvaise conscience. Mauvaise conscience de quoi ? Mais d’exister tout bonnement à côté d’une insondable misère à laquelle elle ne peut rien, qu’elle n’a nullement contribué à créer mais qui la tourmente malgré tout.

    Les chemins de l’immigration humanitaire

    Le conflit en Syrie, à lui seul, a généré, en deux ans, un exode de plus de deux millions de personnes, dont la moitié d’enfants, qui sont allées pour la plupart, dans un premier temps, en Turquie, Jordanie et Liban, avant de se tourner naturellement vers l’Europe. Le Liban a ainsi accueilli 700 000 Syriens et la Jordanie à peu près autant. Encore aujourd’hui, ces deux pays reçoivent environ 500 immigrés par jour.

    Pour l’émigration en provenance de la Syrie, en plein essor, le cheminement passe par l’Egypte puis par Lampedusa. En effet, cette petite île, à peine italienne, véritable oasis de l’immigration clandestine, n’est guère qu’à une centaine de kilomètres de la Libye ou de la Tunisie.

    En une seule nuit, les bâtiments italiens ont recueilli plus de 700 personnes, avec femmes et enfants, au large des côtes italiennes. En conséquence, les Lampedusiens, dont les journalistes vantaient la générosité à qui voulaient les entendre, commencent à se sentir fatigués de ces flots humains sans cesse renouvelés et s’efforcent à regarder ailleurs. Mais ils sont avantageusement relayés par les touristes, italiens ou étrangers qui viennent assister au débarquement des immigrés à Lampedusa comme on va à un spectacle gratuit. Il faut bien meubler ses loisirs en vacance. Et cela profite aussi au commerce local.

    L’immigration humanitaire connait des point de départ multiples dont les principaux centres sont localisés en Europe centrale, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Afrique noire et maintenant, en Syrie. Ces immigrés viennent, parfois seuls ou par familles entières d’un peu partout dans le monde, d’Albanie, du Kosovo (avec la Grèce comme point d’entrée), mais aussi du Bangladesh, de l’Érythrée ou de la Somalie.

    Les points d’entrée sur le périmètre européen privilégiés par les immigrés clandestins sont la Grèce, et la Bulgarie (pour l’immigration venue de l’Europe de l’Est), l’Espagne aussi, mais surtout aujourd’hui, l’Italie.

    Selon l’ONU, depuis le début de 2012, ce ne sont pas moins de 32 000 immigrés qui ont débarqué en Italie ou à Malte. De quoi peupler chaque année une petite ville de taille moyenne. D’après FRONTEX, l’agence européenne chargée de la sécurité aux frontières, pendant la seule année 2011, pas moins de 60 000 immigrés ont traversé la Méditerranée.

    Il en ressort que plus l’Europe étend son périmètre, plus elle devient poreuse à l’immigration clandestine, faute de moyens, mais aussi et surtout de motivation

    Le désordre européen

    En effet, les directives européennes prévoient bien que, dès leur entrée dans l’espace européen, les immigrés doivent laisser les autorités prendre leurs empreintes digitales sur le lieu même de leur point d’entrée, à des fins d’identification bien sûr. Mais aussi, et c’est là que le bât blesse, la loi européenne prévoit également que les demandes d’asile doivent être traitées par les autorités du lieu..

    Les Syriens, par exemple, prévenus et malins, se refusent énergiquement avec un bel ensemble à cette prise d’empreintes. Car ils savent fort bien, compte tenu du désordre administratif italien bien connu, ce qui se passerait : rien. D’autant plus que, cerise sur le gâteau, les douaniers ou le policiers italiens, bons princes, se gardent bien d’insister pour exécuter cette mesure et se contentent benoîtement de leur conseiller d’éviter de se faire « pincer » dans les trains ou les autoroutes. Et qu’ils aillent se faire pendre ailleurs, ailleurs qu’en Italie, bien sûr. Avec cela, le territoire européen est bien protégé.

    Mais, en réalité, les immigrants n’envisagent guère de rester en Italie, qui n’a pas le RSA ou le fameux Revenu d’attente, que la République française, généreuse avec l’argent des contribuables, a mis en place, sans doute pour encourager de nouveaux courants migratoires. De toute façon, pour gagner la France toute proche, il suffit de prendre le premier train venu.

    Ceci étant, pour l’heure, entre 2012 et 2013 la France n’a accueilli que 3 700 immigrés syriens par le truchement de l’Opfra. Mais nul doute que ces flux ne soient appelés à grossir rapidement

     

    Les coûts de l’immigration

    Pour un candidat à l’émigration, il coûte entre 1000 et 3500 dollars par personne pour aller, par exemple, de l’Egypte en Sicile. Le trafic est fort bien organisé et lucratif. Les candidats à l’émigration embarquent sur des bateaux d’une contenance pouvant aller jusqu’à 500 personnes. A proximité des côtes italiennes, ils sont transférés sur d’autres petites embarcations. Comble de prévenance, on leur fait même cadeau d’un téléphone satellite avec lequel ils peuvent appeler des numéros de téléphone d’urgence en Italie. Le scénario est bien au point. Et le tour est joué. Jusqu’à la prochaine fois.

    Comment les candidats à l’émigration parviennent-ils à financer leur projet ? Le plus simplement du monde : par la vente de possessions personnelles, bijoux, meubles, vêtements, instruments domestiques, voitures éventuellement, ou tout simplement par recours à la solidarité de la famille ou des voisins. Apparemment, le manque de ressources ne constitue guère un frein significatif à l’émigration. Le cas de la France mérite d’être examiné à part en raison de ses particularités.

    Le cas français : le droit d’asile

    Le droit d’asile est devenu de nos jours une fenêtre béante largement ouverte à l’immigration clandestine ou si l’on préfère, une machine à fabriquer des immigrés clandestins appelés, bien sûr, à être régularisés au bout de quelque temps.

    Les demandes d’asile atteignaient tout juste 2 000 avant 1980. Elles ont littéralement explosé pour s’élever à 70 000 en 2013. En parallèle, les régularisations d’immigrés clandestins ont bénéficié à 46 000 personnes en 2013.

    Cela se comprend bien. Car la France fait de son mieux pour encourager l’immigration clandestine. Elle a, non seulement créé le RSA mais, comble d’aveuglement, le RTA, le Revenu Temporaire d’Attente. Attente de quoi, il est permis de se le demander ? Un emploi tombé du ciel dans une économie qui compte plus de 2 millions de chômeurs. En attendant, le RTA procure aux bénéficiaires 336 euros par mois pour un coût global qui a bondi de 47 millions d’euros en 2001 à 147 millions en 2012. Ce n’est pas le Pérou mais cela est suffisant pour vivoter quelque temps.

    Il faut aussi prendre en compte les dépenses de santé. En 2012, plus de 305 000 « sans papiers » ont bénéficié de l’Aide Médicale Gratuite par la CMU ou la CMU C pour un coût proche de 1 milliard d’euros.

    Cerise sur le gâteau, Nicolas Sarkozy, toujours malin, a cru bon de départementaliser Mayotte (200 000 habitants, pratiquement tous Musulmans, souvent polygames) petite île heureuse où débarquent chaque année environ 13 000 immigrés clandestins venus des Comores toutes proches. Il y a là un inépuisable vivier d’immigration clandestine.

    Rappelons pour conclure sur ce point que, chaque année, l’Etat distribue 200 000 cartes de séjour. En outre, en 2013, plus de 46 000 immigrés clandestins seront régularisés, de quoi faire monter d’un cran supplémentaire le chômage en France et creuser davantage le gouffre de comptes sociaux (rappelons pour ceux qui l’auraient oublié que la dépense sociale en France représente 58 % de la dépense publique soit 600 milliards d’euros)

    L’immigration clandestine, un puits sans fond

    Une des causes majeures d’une poussée migratoire qui ne se dément pas est le différentiel démographique entre l’Europe, le Maghreb et surtout l’ l’Afrique noire : en l’an 2100, environ un homme sur trois sur la planète sera d’origine africaine selon les projections de l’ONU : de quoi peupler effectivement une Europe à la démographie anémiée.

    Mais, en dehors de ce facteur démographique qui constitue la toile de fond de l’émigration, pourquoi les migrants émigrent-ils ? Les motifs sont multiples. Au de- là de la crainte de l’insécurité, le désir d’aller en Europe pour y vivre mieux se ramène pour l’essentiel à la recherche de quatre objectifs constituant une sorte de quadrilatère sacré : l’aide alimentaire, le logement, la scolarisation et la santé. Chacun de ces postes comporte évidemment des coûts spécifiques fort lourds pour les pays d’accueil

    L’insécurité liée à un conflit local joue souvent un rôle déterminant dans la décision de quitter le pays. C’est évidemment le cas pour la Syrie bien sûr. Mais, en outre, la recherche d’une vie meilleure vise la possibilité d’une scolarisation gratuite pour les enfants et l’accès à des soins de santé gratuits et de qualité.

    On a jusqu’ici insuffisamment porté attention au problème de la scolarisation des enfants d’immigrés clandestins. L’affaire Leonarda a jeté la lumière sur ce phénomène. Grâce aux orientations idéologiques de certains enseignants et des responsables d’établissements scolaires, la scolarisation est en passe créatrice d’un nouveau droit d’asile. Tout enfant scolarisé en France ouvre quasi automatiquement un droit à l’émigration sur le territoire, pour lui-même bien sûr dans l’immédiat, et, à terme, pour sa famille. Toute tentative pour les expulser soulève dans l’instant un tonnerre de reproches et d’invectives de la part des bien pensants.

    L’aide à l’immigration clandestine repose sur un singulier principe, qui est celui du tout gratuit. Aucune disposition administrative ne prévoit la moindre contrepartie à l’aide reçue sous la forme de prestations de services par exemple. Cette particularité ne peut manquer d’encourager les immigrés à considérer que toute aide leur est naturellement acquise sans contrepartie, ce qui n’est pas une forte incitation à aller sur le marché du travail pour y gagner de quoi vivre. L’Europe fabrique ainsi à la chaîne des assistés à perpétuité.

    A dire vrai, ces dispositions sont plus caractéristiques de l’Europe du Sud, France, Italie et même Grande Bretagne que de l’Europe du Nord, Allemagne en tête, beaucoup plus stricte sur le contrôle du montant des aides consenties et plus regardante sur leur utilisation. On constate ainsi un clivage au sein de l’espace européen entre l’ Europe du Sud, qui est largement victime de l’immigration clandestine, notamment du fait de sa localisation géographique, et l’Europe du Nord mieux protégée par la distance et aussi ses orientations politiques. Ainsi en témoignent abondamment les prises de positions publiques de la Chancelière Angéla Merkel, assez peu portée à s’apitoyer sur le sort des malheureux immigrés venus du Sud.

    Les moteurs de l’immigration clandestine

    A l’heure de la communication mondiale instantanée, les mécanismes de l’immigration humanitaire sont naturellement le bouche à oreille mais aussi et surtout le téléphone satellite qui permet de communiquer instantanément avec n’importe quel point du globe et cela pour un coût mineur. En dehors de cela, les images sur internet et la télévision sont devenus, comme on s’en doute, des fabricants de rêve en projetant sur écran des images paradisiaques de la vie en Europe. Le rêve nourrit l’immigration. Le contact avec la réalité n’en est que plus douloureux.

    Parmi les autres facteurs qui concourent à soutenir l’immigration clandestine, il faut naturellement mentionner les associations de soutien aux immigrés, et elles sont nombreuses, au premier chef Amnesty International. Cette ONG a depuis longtemps débordé son objectif d’origine qui était de dénonce les abus et les exactions dont certaines populations sont victimes pour devenir un sorte de « lobby » de soutien permanent à l’immigration.

    Les organisations internationales jouent également un rôle qui n’est pas à négliger dans les encouragements à l’immigration. On mentionnera les organisations satellites des Nations Unies, mais aussi Bruxelles qui déverse sans cesse un flot d’instructions à l’usage des gouvernements pour les remettre dans le droit chemin en cas d’écart et les piloter vers le chemin à suivre. Viviane Reding, la célèbre Commissaire européenne, (ancienne journaliste de gauche nommée par le Luxembourg, patrie comme on sait des fraudes fiscales en gros et en détail), s’est fait remarquer par ses injonctions tonitruantes adressées aux gouvernements de l’ Union européenne, lesquels font le dos rond devant cette redoutable égérie.

    On ne saurait terminer ce chapitre sans souligner le rôle particulièrement nocif joué par le traité de Schengen instituant une totale liberté de circulation sur tout le territoire de l’Union européenne : débarquer à Lampedusa, c’est pourvoir aller, en principe, jusqu’à Berlin ou, plus précisément, en France, à cause de aides multiples aimablement fournies par notre pays, bien sûr.

    Que deviennent les immigrés une fois qu’ils ont réussi à s’implanter sur le territoire de l’Europe ?

    Mystère. Nulle statistique, nulle étude, nulle recherche ne viennent jeter quelque lumière sur cette question. Comme si les immigrés clandestins disparaissaient mystérieusement dans l’ensemble de la population d’accueil, comme un sucre se dissout dans une tasse de café.

    Tout ce que l’on peut supposer est que ces immigrés, sans formation ni qualification, connaitront fort longtemps une existence précaire, rendue d’autant plus difficile à supporter qu’ils pourront comparer leur sort avec celui de la population d’accueil, naturellement plus prospère. Même s’ils font l’objet d’une régularisation administrative, ils ne peuvent trouver dans une Europe frappée par un chômage chronique que des emplois mal rémunérés sur le marché du travail associés à des conditions de vie précaires. Si bien qu’ un certain nombre d’entre eux ne pourront pas résister à la tentation de sombrer dans la petite délinquance ou les petits trafics. Il faut bien vivre.

    Un contexte idéologique porteur : la compassion

    Le rôle porteur de la presse et des médias ne peut manquer d’être souligné. Les journalistes ne se lassent pas de s’extasier à tout propos sur le courage des immigrés affrontant d’un cœur ferme les éléments déchaînés. Ou ils se lamentent sur leur triste sort sans se poser une seconde la question de savoir si leur présence est légitime ou non. Comme si l’immigration devenait une zone de non droit régie par le bon cœur, la compassion, les bons sentiments en l’absence de tout bon sens.

    On peut évoquer aussi les directives de Bruxelles qui enjoignent benoîtement les gouvernements de bien traiter les immigrés clandestins qu’il faut accueillir comme des hôtes. Amnesty International de son côté ne cesse de plaider inlassablement pour une ouverture toujours plus grande des frontières européennes courants migratoires venus du monde entier, tout en préconisant un meilleur accueil, sans doute pour encourager de nouveaux arrivages.

    Le dilemme européen

    Au début d’octobre 2013, un naufrage près de l’île de Lampedusa a provoqué la mort de de 360 personnes, ce qui a soulevé une forte émotion médiatisée, vite retombée d’ailleurs, en Europe. Ce drame a-t-il en quoi que ce soit provoqué une prise de conscience collective de la nécessité de prendre des mesures propres à prévenir le retour de semblables tragédies ? Evidemment que non. La réponse des gouvernements à cette tragédie s’est bornée à proclamer l’urgence de mettre en service davantage d’avions et de bateaux, pour organiser davantage de patrouilles en mer.

    Mais pour quoi faire ? S’agit-il de mieux accueillir et protéger les candidats à l’immigration ou les prendre à bord afin de les ramener chez eux ? Cette question, pourtant fondamentale, n’a nullement été tranchée comme si l’Europe comptait hypocritement sur les éléments naturels, le froid, la faim, et la tempête pour limiter « naturellement », et sans se salir les mains, l’afflux d’immigrés considérés indésirables sur le territoire européen. L’Europe présente ainsi le triste spectacle de la lutte entre la compassion et la raison, sur fond d’hypocrisie et d’égoïsme.

    Les remèdes sont dérisoires. Pour l’instant on ne fait rien ou pas grand-chose. C’est du bricolage administratif. Comme si l’administration n’osait pas soulever un sujet trop brulant pour ne pas risquer de s’exposer aux retombées médiatiques redoutables que les associations préposées à cet effet ne manqueraient pas de provoquer.

    Pour ce qui concerne le droit d’asile, l’administration française se contente simplement (la circulaire Valls de novembre 2012) d’autoriser les déboutés d’une première demande à se présenter à un second guichet « exceptionnel » pour obtenir réexamen de leur demande. Bel exemple administratif d’un emplâtre sur une jambe de bois.

    On se propose aussi de raccourcir les délais de traitement des dossiers, proches de 600 jours aujourd’hui, pour les ramener à 6 mois. Mais qu’est-ce que cela pourrait bien changer ? Les déboutés du droit d’asile, quelques 50 000 à 70 000 par an, se contenteraient de passer plus rapidement de l’autre côté de la barrière, dans la clandestinité, et gonfleraient d’autant les flux de l’immigration clandestine en devenant des « sans papiers » supplémentaires.

    Quoiqu’il en soit, il est difficile de ne pas percevoir un durcissement progressif des opinions publiques dans les pays d’accueil, durcissement en partie lié à la paupérisation latente et à la crise. L’immigration provoque ainsi un phénomène de rejet ou de « ras-le-bol » combiné à une exaspération croissante de l’opinion publique devant les abus provoqués par une politique d’accueil aux immigrés excessivement complaisante. Cette hostilité à l’immigration est naturellement associée à la montée du populisme.

    ***

    En conclusion, pour sortir de l’impasse actuelle, la mise en mettre en œuvre d’une nouvelle politique de l’immigration fondée sur des principes nouveaux au niveau français, et aussi européen, ne peut manquer de s’imposer.

    A cette fin, il faut « changer de paradigme », c’est-à-dire changer les valeurs de référence actuelles. Il importe de remettre clairement remettre en question le droit des migrants implicitement accepté, droit à s’installer comme ils l’entendent, où ils l’entendent, au moment où ils l’entendent. Il convient de reconnaître clairement le droit des populations d’accueil à préserver leur l’identité, leur niveau de vie et leur mode de vie. Les gouvernements doivent enfin conserver le pouvoir de contrôler les mouvements de leurs populations et les flux d’immigration qui les concernent.

    C’est donc à une véritable révolution culturelle qu’il faut convier l’Europe.

    Yves-Marie Laulan (Le blog d'Yves Marie Laulan, 16 décembre 2013)

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