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europe - Page 109

  • A Kiev, rien de nouveau...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la situation en Ukraine et à la présentation biaisée et orientée qu'en font les médias du système...

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    A Kiev, rien de nouveau

    L’Ukraine, traditionnellement divisée culturellement entre occidentalistes et slavophiles par le fleuve Dniepr, joue un rôle crucial dans le « grand jeu »  américain d’isolement et de morcellement de la Russie. C’est pourquoi le Système cherche à intégrer l’Ukraine dans le camp occidental à tout prix, donc dans le machin appelé Union européenne.

     

    Alors que ce projet n’était pas l’ordre du jour pour le gouvernement ukrainien, voilà, par un curieux hasard – quand la Russie est occupée par ses Jeux d’hiver de Sotchi – que des manifestations vont croissant à Kiev et, nous dit-on aussi, dans la partie occidentale de l’Ukraine.

     

    On nous refait le coup de la Syrie

     

    Bien entendu, pour nos médias ces manifestants, forcément pacifiques, sont odieusement réprimés par un « pouvoir » aux abois. On nous refait déjà le coup de la Syrie. Si au moins le gouvernement ukrainien avait la bonne idée d’utiliser du gaz sarin, l’illusion serait complète.

     

    « Sanglante répression en Ukraine », titre ainsi Le Monde du 20 février.

     

    Pourtant, quand on nous montre des images – bien choisies – de ces manifestations chaotiques, on voit des manifestants « pacifiques » mais curieusement casqués, protégés par des boucliers, jeter des armes incendiaires contre les forces antiémeutes : on ne sait d’ailleurs plus vraiment si l’on nous montre des images d’émeutiers ou de policiers.

     

    Si l’on pousse l’audace jusqu’à s’informer auprès d’agences de presse non occidentales, les doutes se renforcent. On découvre, par exemple, que la police a saisi des armes dans un train à destination de Kiev, que des policiers sont tués par balles ou que le gouvernement conseille aux habitants de rester chez eux en raison de la présence d’éléments violents sur-armés qui cherchent manifestement l’affrontement insurrectionnel dans les rues (site de l’agence Ria Novosti du 20 février, par exemple).

     

    Mais rassurez-vous : ces mauvaises informations ne viendront pas troubler notre quiétude au Journal de 20 heures car l’Union européenne a déjà choisi son camp : celui du Bien. La preuve : BHL est déjà en scène. Tremblez dictateurs !

     

    Les fidèles toutous européens

     

    « Kiev réprime, Bruxelles menace », écrit sans rire le journal économique Les Echos dans son édition du 20 février.

     

    En effet, les fidèles toutous européens s’empressent de s’ingérer dans les affaires ukrainiennes dans le sens voulu par le grand frère américain.

     

    On nous dit ainsi que la France, l’Angleterre, la Pologne et les Etats-Unis ont réussi à « persuader » l’Allemagne d’adopter une position ferme vis-à-vis du gouvernement de Viktor Ianoukovitch et de s’engager dans la voie de sanctions. Bien évidemment il s’agit de sanctionner les dirigeants ukrainiens pour « permettre à l’Ukraine de connaître sa transition politique vers de nouvelles élections et un rassemblement », comme a déclaré François Hollande le 19 février. La simple énumération de ces aimables gouvernements « persuasifs » –tous alignés sur les Etats-Unis, comme nous l’a encore récemment rappelé M. Hollande s’agissant de la France – en dit long sur les dessous de cette belle détermination européenne.

     

    Les bons et les méchants

     

    Car comprenez bien : pour Bruxelles il y a la bonne répression et la mauvaise. La bonne, c’est par exemple celle que l’on inflige aux Grecs pour les forcer à accepter les mesures imposées par le FMI et la BCI : à Athènes, les canons à eau et la police anti-émeute étaient par conséquent tout à fait justifiés pour faire rendre raison à ces truands de Grecs. Mais à Kiev, ces mêmes canons à eau (on dit alors des camions « armés de canons à eau », cela fait plus terrible – cf. Les Echos du 20 février) et ces mêmes CRS nous sont dépeints sous de telles couleurs que le fâââchisme n’est pas loin. A moins que ce ne soit la terrible ombre portée du nouveau Tsar Poutine.

     

    Il y a aussi la bonne manif et la mauvaise. La bonne manif aux yeux de l’Union européenne c’est celle qui se trouve sur la Place Maïdan. La mauvaise, c’était par exemple celle des « manifs pour tous » en France.

     

    On sait aussi, depuis la triste affaire du Kossovo, qu’il y a pour l’Union européenne la bonne « épuration ethnique » et la mauvaise : la bonne, c’est celle qui a permis d’éliminer les Serbes orthodoxes du Kossovo, avec l’aimable participation de l’OTAN ; la mauvaise, c’est celle qui pourrait faire partir les musulmans d’Europe.

     

    L’arme des lâches

     

    Les sanctions contre les dirigeants ukrainiens seraient, dit-on, financières –comme le gel des avoirs – ou commerciales en portant embargo sur certains  équipements et armes.

     

    Ah les sanctions économiques ! L’arme des lâches par excellence, très prisée des Anglo-Saxons, d’ailleurs.

     

    Mais quel meilleur symbole aussi de la triste impuissance carcérale européenne. Car on sanctionne à tout bout de champ au sein de l’Union européenne.

     

    On sanctionne les opinions comme les fromages s’ils ne sont pas corrects. On sanctionne les Etats en déficit budgétaire excessif ou qui se rendraient coupables de ne pas vouloir rembourser les gentilles banques. On met en demeure la Grande-Bretagne d’accorder le droit de vote aux détenus. On accuse de discriminations ceux qui auraient la tentation de préférer acheter ce qui est produit chez eux. On met en quarantaine l’Autriche parce qu’elle a été coupable de faire entrer des méchants populistes au gouvernement. On met en garde les Pays-Bas parce qu’on trouve que les populistes progressent trop dans les élections. On menace la Hongrie parce que son chef de gouvernement a eu l’audace de déclarer qu’un couple se composait d’un homme et d’une femme ; ou parce qu’il ne respecterait pas le sacro-saint principe d’indépendance des banques centrales. On lance un avertissement à la Suisse parce que dans une votation les Suisses réclament des quotas d’immigration. On avertit les Ecossais que s’ils obtiennent leur autonomie ils ne seront pas reconnus par l’Union européenne.

     

    Une maison de redressement

     

    L’Union européenne devient chaque jour un peu plus une maison de correction, où l’on distribue allégrement claques, avertissements et punitions et où l’on met toujours les peuples en retenue, du moins les autochtones : une maison de redressement où pullulent les radars, les caméras de vidéosurveillance, les accès protégés, les services de police et où l’on espionne les communications et Internet ; où l’on contrôle ce que vous devez penser et de quoi vous avez le droit de rire.

     

    Fichez leur la paix !

     

    Mais ce qu’aiment le plus faire les tristes nains européens c’est de se mêler des affaires des autres, mais sans en avoir les moyens – à la condition, en outre, que le grand frère yankee le leur demande gentiment.

     

    « Droit d’ingérence », « devoir de protéger », « urgence humanitaire » : on ne manque pas d’idées à Bruxelles quand il s’agit de s’affranchir de la souveraineté des Etats, de s’ingérer dans les affaires de la Libye, de la Syrie ou de l’Ukraine, de se mêler avec délectation des guerres civiles africaines alors que l’on ne se montre pas capable de régler ses propres affaires ni de définir ses frontières : voilà à quoi se résume notre belle « politique étrangère commune », comme la fille du même nom.

     

    Une politique aventuriste, en outre. Car l’Union européenne, sans défense, ne dispose pas des moyens de son ingérence.

     

    La Libye ou la République centre africaine, c’était loin. Mais l’Ukraine se situe à moins d’une étape du tour de France, comme disait De Gaulle. Et c’est en outre un enjeu stratégique pour la Russie.

     

    Qu’allons-nous gagner à jouer les mouches du coche à Kiev ? à apparaître une nouvelle fois comme les petits télégraphistes de l’Oncle Sam ?

     

    A nos seuls risques et périls.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 février 2014)

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  • Langues régionales : notre patrimoine commun !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Périco Légasse, journaliste et critique gastronomique, cueilli dans l'hebdomadaire Marianne et consacré à la question des langues régionales.

    Bien sûr, il fallait faire confiance à l'oligarchie pour polluer perfidement cette notion de langue régionale. Ainsi, le projet de loi du gouvernement visant à modifier la constitution pour permettre la ratification de la Charte européenne des langues régionales crée la notion de "langues de France" qui inclue les langues régionales classiques (breton, provençal, basque, alsacien, etc...) mais également l'arabe dialectal, le berbère, le romani, l'arménien occidental, le yiddish et le judéo-espagnol !...

     

    L'arabe dialectal -distinct de l'arabe classique, qui seul a le statut de langue officielle-, le berbère, le romani, l'arménien occidental, le yiddish et le judéo-espagnol
    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/region/aurelie-filippetti-les-langues-regionales-nous-enrichissent_1317942.html#Ft5Adk1gSzBTxmEE.99
    L'arabe dialectal -distinct de l'arabe classique, qui seul a le statut de langue officielle-, le berbère, le romani, l'arménien occidental, le yiddish et le judéo-espagnol. 
    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/region/aurelie-filippetti-les-langues-regionales-nous-enrichissent_1317942.html#SPfhhklDzH3fVc4U.99

     

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    Langues régionales : notre patrimoine commun

    Il est curieux de constater à quel point certains sujets déclenchent des réactions épidermiques à la limite du rationnel. Celui qui lira l'exposé de la proposition de loi sur la ratification de la charte européenne des langues régionales aura du mal à le trouver « hargneux », « sectaire» et « grossier », C'est pourtant ainsi que le qualifiait dans ces pages Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à Rennes. Pourquoi une telle véhémence? N'y a-t-il pas moyen de débattre calmement du sujet? La charte est-elle vraiment ce cheval de Troie de tous ceux qui veulent la « déconstruction des Etats-nations au profit d'une Europe des régions redessinée sur des bases ethniques» ? Qu'il y ait une détestation de l'Etat-nation de la part de toute une élite européiste de droite comme de gauche est indéniable. Mais il y aurait une erreur de perspective à croire que c'est cette charte, et plus généralement la préservation des langues régionales, qui met en danger la République.

    Passons sur les arguments qui relèvent de la pure ignorance:ces « patois » qui ne seraient presque plus parlés, placés sous respiration artificielle par des militants forcenés prêts à lpuration ethnique. On n'aime vraiment que ce que l'on connaît et le plus triste pour la France est qu'elle ignore ou méprise ses propres richesses. En langue basque, idiome pré-indo-européen, « Basque» se dit Euskaldun, « celui qui parle basque », car est basque quiconque parle la langue. Y a-t-il précepte plus accueillant et moins nophobe? Mais, surtout, l'idée que la charte définirait des «groupeà favoriser et mettrait à mal l'idéal publicain en instaurant une logique communautariste constitue pour le moins une erreur de perspective. Une méconnaissance historique. La Révolution, ce n'est pas seulement ce qu'en firent des Jacobins purificateurs pour qui les langues régionales étaient un vecteur (parmi tant d'autres) contre-révolutionnaire, le support idéologique de tous les archaïsmes. La Révolution, c'est aussi le 14 juillet 1790, Fête de la fédération, c'est-à-dire la ferveur de l'unité nationale portée par toutes les composantes de la nation. Il est tout de même étonnant de voir les républicains d'aujourd'hui, ceux que les autoproclas « progressistes» traitent de réactionnaires et de ringards parce qu'ils entendent perpétuer la France, reprendre les mêmes accusations contre ceux qui veulent perpétuer une part de l'identité française. On préserve pourtant les monuments comme une part du patrimoine commun et l'on en accepte le ct. On préserve les fromages dont la diversité fait la France. Pourtant, le monde continuera à tourner même si le roquefort ou le camembert disparaissent. Le monde sera simplement un peu moins beau et l'humanité un peu moins riche. Idem pour le breton, le corse ou l'occitan. Rien de bien grave au fond, juste un pas de plus vers l'uniformisation utilitariste et consumériste que redoutait Claude Lévi-Strauss à la fin de sa vie. Mais ceux qui se persuadent qu'il n'y a là que revendication communautariste sont les mêmes qui défendent le français minoritaire au Canada, les mêmes qui s'insurgent contre les prétentions de l'anglais à exprimer la modernité, les mêmes qui déplorent les ravages de la globalisation sur notre exception culturelle.

    Il est même paradoxal que ceux qui se réfèrent si souvent aux œuvres du philosophe Jean-Claude Michéa pour fustiger le culte de l'individu nomade et mondialioccultent ses réflexions essentielles sur l'articulation entre l'universel et le local. « Aux yeux des libéraux, déclarait-il au site Ragemag le 28 janvier 2013, l'individu ne saurait connaître de liberté effective que s'il parvient à s'arracher définitivement au monde étouffant des appartenances premières. [ ... ] S'il est clair, en effet, que l'expérience locale ne peut jamais constituer que le point de départ de l'aventure humaine, il est non moins clair que c'est le développement dialectique des acquis moraux et culturels liés à cette expérience première - et non leur négation abstraite - qui seul pourra conduire il un monde effectivement commun, autrement dit à un monde dont les valeurs universelles ne seront jamais séparables du cheminement concret qui aura permis à chaque peuple - à partir de ses traditions culturelles particulières - de se reconnaître en elles et de se les approprier. » Le dialogue de la France et de ses langues régionales, c'est la dialectique de l'universel et du particulier qui permet à chacun d'aimer la France comme projet d'émancipation humaine à travers une réalité culturelle et historique.

    Amis qui défendez la France et le français, n'ayez pas peur, nos combats sont communs.

    Périco Légasse (Marianne, 7 au 13 février 2014)

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  • 2013 : fin des rêves militaires

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Vincent Desportes sur les faiblesses de la politique militaire de notre pays... Le général Desportes est l'auteur de nombreux essais consacrés à la stratégie comme Comprendre la guerre (Economica, 2000) ou La guerre probable (Economica, 2008).

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    2013 : fin des rêves militaires

    2013 aura été « très militaire ». Deux interventions majeures, Serval au Mali pour lancer l’année, Sangaris en République Centrafricaine pour l’achever, avec, à mi-parcours, une opération en Syrie restée sans nom pour avoir été bloquée au dernier instant. En miroir, deux textes fondateurs : le 29 avril, officialisation du Livre Blanc dont la traduction budgétaire - la Loi de Programmation Militaire -, est approuvée par les deux chambres au cours du dernier trimestre.

    La puissante contradiction entre les faits – les interventions – et le discours – les deux textes – qui organisent parallèlement la dégradation progressive mais certaine de nos capacités militaires, ne peut que frapper les esprits. Interventionnisme, parfaitement légitime dans les trois cas, et incohérence… jusqu’à l’absurde. De cette « année stratégique » forgée de contradictions, plusieurs leçons peuvent être tirées.

    Leçon n°1 : l’évidence des inadéquations. Inadéquation d’abord entre notre politique extérieure, qui s’appuie à juste titre sur nos capacités militaires, et notre politique militaire qui tend à réduire ces mêmes capacités selon des logiques parfaitement déconnectées de leurs raisons d’être. Inadéquation ensuite entre les modèles de forces vers lesquelles nous nous dirigeons inexorablement - des forces réduites de haute sophistication, de plus en plus aptes à remporter les batailles et de moins en moins capables de gagner les guerres, adaptées surtout aux conflits que nous ne voulons pas mener – et les guerres combattues qui exigent des formats et des moyens dont nous nous dépouillons allégrement.

    Leçon n°2 : nous ne pouvons fuir nos responsabilités et nos intérêts, ils nous rattrapent. En particulier, nous ne pouvons pas échapper à l’Afrique. Cette politique, initiée dès les années 1990, n’a pas su se donner les moyens du succès. Le pire pour le monde, pour la France, serait une Afrique profondément déstabilisée, faible économiquement, qui aurait le plus grand mal à faire face à l’inexorable mais prochain  - 20 ans - doublement de sa population. Des Etats baroques que nous lui avons laissés, nous n’avons pas su l’aider à faire des Nations. Dès lors, pour un moment, nous devons nous réengager fermement, militairement en particulier, pour construire des structures fiables de sécurité panafricaines et rebâtir des armées qui constituent souvent l’indispensable ossature de ces Etats fragiles.

    Leçon n°3 : la fin du rêve européen. Plus que beaucoup d’autres, les Français ont été européens, en matière militaire en particulier. 2013 nous contraint au réalisme. Allons vers l’Europe, mais arrêtons de nous départir des moyens nécessaires à l’exercice de nos responsabilités et à la protection de nos intérêts ; l’Europe elle-même en a besoin pour que soient remplies les missions dont seules les armées françaises sont capables. Tant qu’il n’y aura pas de vision stratégique commune il n’y aura pas de défense commune, car le sentiment de solidarité n’est pas assez fort pour imposer le risque politique. Alors, pour longtemps encore, ne pourront être partagées que les capacités, aériennes et navales, dont l’engagement ne constitue justement pas un risque politique. L’intervention de troupes au sol est trop dangereuse pour dépasser les égoïsmes nationaux : préservons les nôtres si nous voulons maîtriser notre action extérieure.

    Leçons n°4 : nous ne pouvons pas commander à la guerre. Le rêve du politique, c’est l’intervention puissante, rapide, ponctuelle, qui sidère. C’est le mythe cent fois invalidé du « hit and transfer », du choc militaire qui conduirait directement au résultat stratégique et, dans un monde parfait, au passage de relais à quelques armées vassales immédiatement aptes et désireuses d’assumer elles-mêmes les responsabilités. Las ! Les calendriers idéaux sont toujours infirmés par la « vie propre » de la guerre. De la première bataille à « la paix meilleure » qu’elle vise, il y a toujours un long chemin chaotique qui ne produit le succès que dans la durée, l’effort et la persévérance.

    Leçon n°5 : le volontarisme ne remplace pas les moyens. Dès lors que, pour de multiples raisons, le « paradigme de destruction » ne peut plus être le paradigme central de la guerre, dès lors qu’il faut agir dans des contextes où le facteur multiplicateur de la technologie est très réduit, dès lors que la légitimité de la bataille ne peut se mesurer, ex-post, qu’à l’aulne du résultat politique, l’instantanéité et la « foudroyance » ne fonctionnent plus. La capacité à durer, les volumes déployables, les contrôles des espaces, redeviennent des données essentielles, ce qui remet d’autant en cause les évolutions de nos armées et ce terrible « manque d’épaisseur stratégique » qui les caractérise aujourd’hui.

    La France est, et se veut, à juste titre, une grande nation, ce qui suppose des capacités d’action, militaires en particulier. En nous montrant clairement à la fois ce que sait faire notre appareil militaire et ses évidentes limites, 2013 nous réveille et nous rappelle que le premier devoir du stratège est de proportionner l’enjeu et les moyens.

    Vincent Desportes (Revue Défense Nationale, 28 janvier 2014)

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  • L’Ukraine, nouvelle étape dans la stratégie de domination américaine ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une analyse de la crise ukrainienne par Aymeric Chauprade, cueillie sur Realpolitik.

    Aymeric Chauprade a récemment publié une nouvelle édition de son ouvrage Chronique du choc des civilisations.


    L'Ukraine, nouvelle étape dans la stratégie de... par realpolitiktv

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  • L'Espagne au bord de l'éclatement ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur Xerfi Canal et consacré à la situation politique et économique de notre voisin espagnol.

     

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  • Do you speak european ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Lydie Marion, cueilli sur le site de Causeur et consacré à la domination de la langue anglaise dans les institutions européennes.

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    Do you speak european ?

    Dès le XVIIe siècle, l’esprit français règne sur les grandes cours européennes. Le français a vocation à être universel et essaime partout. L’intelligentsia se rallie sous cette bannière, signe de distinction, de savoir-vivre et d’élévation. Avec De L’Allemagne, Madame de Staël décrit en 1810 l’aura d’une France à son apogée européenne et ses échanges outre-Rhin. Elle s’accommode de son exil forcé pour arpenter cette Europe qui la fascine. Germanophile et anglophile, elle pressent dans son ouvrageque le classicisme de la langue française sera bientôt supplanté par l’esthétique romantique du Nord.

    Invariablement, le destin européen semble lié à la domination d’un pays et de sa langue. Malgré l’avènement des idées de Bonaparte, selon lequel les peuples d’Europe doivent s’unir autour des valeurs de la Révolution Française, Madame de Staël reste fidèle à l’aristocratie. Aussi s’érige-t-elle en chantre de l’Ancien Régime abattu qui avait été propice à l’expansion du français dans l’Europe entière. Reconnaissant l’âpreté de la langue allemande, elle rend hommage à la légèreté du français, langue par excellence de la conversation. Légèreté ne signifie pas frivolité mais un sens de la justesse qui naît d’une spontanéité calculée. Jamais l’exigence d’intelligibilité n’a été plus forte que dans la langue française.

    La monarchie avait compris que l’influence d’un pays se mesure à la pratique de sa langue dans les lieux de pouvoir. Pour l’intelligentsia européenne, parler français, c’est exercer l’art supérieur de la conversation et de la sociabilité. Le salon est un lieu d’influence. Cependant, la conquête des élites européennes ne s’est pas opérée par la violence mais par le consentement. C’est la reconnaissance de l’excellence de la civilité à la française. Après la violence de la Révolution de 1789, l’Europe de la pensée, dominée par la France, s’oriente vers l’Angleterre et les Etats qui formeront plus tard l’actuelle Allemagne.

    Aujourd’hui, si géographiquement les lieux de pouvoir européens se trouvent dans des espaces francophones, on n’y parle plus français. Subrepticement, en tant que langue officielle de l’Union Européenne, le français s’efface alors qu’il rivalisait autrefois avec l’anglais. Pourtant, sous l’impulsion de la France, la construction européenne avec les premiers états membres, majoritairement francophones, visaient à instaurer une paix durable entre les nations du continent. C’était la perspective de transformer cet espace économique en espace politique sous influence française.

    Dans cette optique, le général de Gaulle craignait à juste titre l’arrivée de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne pour défendre une stratégie nationale dont il fallait préserver l’Europe continentale. Naguère, les « père fondateurs » défendaient une vision française de l’Europe qui reposait sur une perception collective et enthousiasmante de cet édifice qui devait prendre une envergure politique. En définitive, l’Europe s’est muée en une vaste zone de libre-échange, creuse, sans assise politique sérieuse et sans ancrage dans la population. Le triomphe de l’anglais dans les institutions est le signe de cette hégémonie qui ne cherche même plus à se dissimuler.

    Depuis 2004, date de l’adhésion des anciens pays du bloc soviétique au sein de l’UE, la déroute du français n’a fait que s’accentuer. Pourtant, l’arrivée de pays de l’Est avait été présentée comme une chance pour la France d’étendre son cercle d’influence ainsi que de promouvoir sa langue. Las, le principal acteur de la fondation européenne est marginalisé au sein même des institutions. Les chiffres officiels sont sans appel. En 1997, l’anglais et le français faisaient jeu égal. Au Conseil de l’Union Européenne, 41%  des textes étaient rédigés en anglais, contre 42% en français et 5% en allemand. Les proportions sont similaires dans la Commission Européenne.

    Celle-ci  révèle dans un rapport de 2011 que seuls 6% des documents sont en français. Ce n’est plus une dilution, c’est une débâcle. Jugé plus pratique, l’anglais s’impose dans les réunions et dans les rédactions de rapports. Dès lors, la France en est réduite à invoquer la résolution de 2004 sur la diversité linguistique dans l’Union Européenne. La langue française qui se voulait jadis la plus intelligible devient inintelligible dans les instances où la politique intérieure de la France se décide de plus en plus. Même si les fonctionnaires de l’Union Européenne doivent maîtriser au moins trois langues des pays membres, le français devient subalterne.

    Ainsi, plusieurs travaux importants de la Commission Européenne n’ont été rendu publics qu’en anglais, ne suscitant qu’une réaction molle des autorités françaises. En outre, la nomination de Catherine Ashton, représentante britannique de la diplomatie européenne, symbolise également une forme d’éviction. Au-delà des nominations aux postes stratégiques, c’est la conception même d’une Europe à la française qui s’éteint avec l’avènement d’un fonctionnement à l’anglo-saxonne des institutions européennes. La contribution de la France, notamment grâce à sa langue, pour  marquer de son empreinte la construction européenne est pourtant essentielle. En effet, l’identité des pays de la zone Euro ne doit pas se réduire à un ersatz anglo-saxon. Pourtant, la construction européenne se poursuit sans les peuples, dans l’entre-soi des élites anglicisées qui considèrent la culture et la langue française comme des reliques de musée.

    Plus largement, la francophonie recule sur le vieux continent de manière inquiétante. Alors que l’Union Européenne se targue de préserver le multilinguisme dans ses lieux de décision, l’hégémonie de l’anglais, présenté comme un espéranto par défaut, remet en cause cette diversité. Si la France existe de moins en moins sur le plan économique, elle ne peut se permettre de disparaître des institutions. Son influence dépend de la vivacité et de la pérennité du français dans les instances européennes et internationales. L’Assemblée nationale et le Sénat multiplient les rapports alarmistes, en pure perte. Pour l’instant, aucune mesure concrète n’a été prise pour inverser la tendance. Cette reconquête linguistique est pourtant impérative. Une nouvelle Défense et Illustration de la langue française ne serait pas de trop pour ressaisir un esprit français qui se voulait être le souffle du continent européen.

    Lydie Marion (Causeur, 20 janvier 2014)

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