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  • A droite et à gauche... (5)

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    « C'est à la France, et à elle seule, de dire qui est français, et qui ne l'est pas. C'est à la France, et à elle seule, de décider des conditions d'accès et de résidence sur son territoire, d'acquisition et de perte de la nationalité. Et c'est à elle de faire reconnaître que 1 000, 10 000 réfugiés posent un problème de droit quand 1 ou 5 millions posent une question de défense des frontières – ou d'invasions. »

    « A la pression inouïe, violente du changement, il faut opposer le droit à demeurer, à conserver, à préserver et à maintenir. « Je maintiendrai » est la formule révolutionnaire du moment. Et la modernité qui vient allie la tradition et la puissance. A la guerre que le mondialisme financier conduit contre les institutions, les communautés et les sociétés politiques, il faut opposer l'intelligence territoriale, la préférence pour soi et la primauté du collectif. »

    Hervé Juvin, Le Mur de l'Ouest n'est pas tombé (Pierre-Guillaume de Roux, 2015)

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    « Aucune civilisation n'est détruite du dehors sans s'être tout d'abord ruinée elle-même, aucun empire n'est conquis de l'extérieur, qu'il ne se soit préalablement suicidé. Et une société, une civilisation, ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leur raison d'être, quand l'idée dominante autour de laquelle elles étaient naguère organisées leur est comme devenue étrangère. Tel fut le cas du monde antique. »

    René Grousset, Bilan de l'histoire (1946)

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    « La France s'enfonçait doucement dans les eaux grises de la déliquescence, à peine gouvernée par un vieil homme rongé par le cancer de la prostate depuis plus de dix ans et par un autre, de quinze ans son cadet, qui avec son goitre et son maintien britannico-byzantin paraissait presque aussi âgé. Ce pays suintait l'ennui, la bassesse et la mort. Les écrivains qui en avaient fait la grandeur ou la honte, parfois alternativement comme Malraux, Sartre, Aragon ou Céline, étaient morts. D'ailleurs, tout semblait mort. Surtout les vivants. Il fallait être une ombre ou un fantôme pour survivre dans ce pré carré ouvert aux quatre vents qu'était la France, frigide, maquillée comme une vieille pute, dans cette fin de siècle qui voyait les frontières, les croyances, les doctrines, les repères s'effacer. La France avait perdu pied. Elle se résumait à de pathétiques souvenirs que tout le monde avait oubliés ou qui ne signifiaient plus rien. En dix ans, le pays avait pris un siècle. Il aurait fallu le délivrer de cette gangue. Seuls des hommes ne doutant pas, des téméraires que les temps présents réprouvaient, en eussent été capables. Pour la plupart, ils étaient ailleurs en train de se heurter à l'objet. D'autres, tels des clandestins, se frôlaient le long des murs gris, se reniflaient sans oser se reconnaître ni se prendre dans les bras. Ensuite, ils rentraient chez eux, se masturbaient, abattaient leurs femmes et leurs enfants ou s'endormaient en espérant des rêves brutaux. »

    Christian Authier, Soldat d'Allah (Grasset, 2014)

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    « Pas de tombe pour moi. Pas de fin paisible au milieu des miens. Pas de grande cérémonie royale, pas de sacrifices, pas de bûchers rouges ni de banquet funèbre. Pas de trésors abandonné dans la nuit d'une chambre funéraire. J'irai chercher la mort sur le champ de bataille. Je me détacherai du rang de mes guerriers pour la défier. Une lame longue de cavalier dans la main droite, une lame courte de fantassin dans la gauche. Je lui offrirai une danse des épées. C'est une vieille ennemie, et ce fut parfois une alliée de circonstance. Je connais bien ses ruses, ses lâchetés, ses trahisons. Je lui cracherai toutes ses bassesses, je lui tirerai la langue, je me rirai de sa puissance, je lui affronterai le masque peint du guerrier. J'espère bien que le cœur assourdissant des carnyx et des trompes fera trembler tous les os de son corps. Et puis je me jetterai dans ses bras, dans la troupe la plus épaisse de l'armée adverse. Je veux pour ma fin un éclat et une brutalité comparables aux forces qui ont gouverné ma vie. Je veux goûter la volupté jusqu'au bout, jusque sous la morsure des lances et des haches rasennas. Puis je veux ma dépouille exposée sur le champ de guerre , à pourrir au soleil et à la pluie. Je veux être dévoré par les charognards, défiguré par le bec des corbeaux ; ils me porteront, mort, là où je ne suis jamais allé, vif. Dans le ciel.

    La fin que je me réserve n'est pas la mort du roi. C'est celle du héros. »

    Jean-Philippe Jaworski, Même pas mort (Les moutons électriques, 2013)

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    « N'est-ce pas précisément l'infantilisme du XXIe siècle ? On est à la fois con et snob, binaire et goguenard. On simplifie tout, en clignant de l’œil pour bien montrer qu'on n'est pas dupe. Et au bout du compte, rien ne subsiste, ni du passé ni du présent. Ne reste, en guise de réalité, qu'une dévastation narquoise. »

    Alain Finkielkraut, La seule exactitude (Stock, 2013)

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    « Un peuple n'est pas un ensemble d'acteurs actuels ou d'institutions présentes, cohérentes seulement dans le présent. Acteurs et institutions sont tendus vers la durée. Si des idéologues ou des démagogues induisent ce peuple à des actes ne servant que l'utilité immédiate ou les passions présentes, s'ils l'induisent à croire possible une consommation sans investissements, une politique au jour le jour, une libération sans contrôle, le peuple ne peut continuer à être un peuple. Il n'est qu'une foule, en train de se détruire, une populace, résidu d'un peuple assassiné ou suicidé. »

    « Les progressistes sont d'accord avec les entrepreneurs et capitalistes pour accueillir n'importe quel immigrant lorsque manque la main d’œuvre, en postulant qu'une fois instruit (par l'école) il sera substituable à un natif, quelles que soient ses habitudes ancestrales, ses empreintes infantiles, ses traditions, ses croyances. Si l'on est en panne (de voiture ou de santé), on souhaite avant tout avoir affaire à un bon spécialiste, quelle que soit sa mentalité ou sa couleur. Mais ce qui vaut pour un cas individuel et momentané ne vaut pas pour l'avenir d'un peuple. »

    « La ruine d'un peuple civilisé peut s'opérer par des chocs extérieurs, par des défaites militaires accidentelles, ou par des révolutions et des désordres toujours aggravés, avec règlements de comptes indéfinis, ou par l'effet d'immigrations déréglées, de plus en plus massives, qui changent d'abord invisiblement l'esprit des institutions lorsque les promotions sociales, accélérées par l'anti-natalité des classes autochtones, y amène les immigrants en rangs serrés et leur permet de tout submerger, de parler de plus en plus haut et de tout détraquer. »

    « L 'assimilation des immigrés ne se fait pas régulièrement, contrairement aux illusions du melting pot et aux croyances en la toute-puissance de l'éducation. Elle s'opère dans des convulsions, qui mettent en péril la civilisation même. Les immigrés trop nombreux imposent comme malgré eux, leurs manières de vivre, choquantes pour les autochtones. Ou ils refusent consciemment de se laisser assimiler, en prétendant assimiler à leur tour la population accueillante, découragée ou endoctrinée.

    Il est puéril de s'imaginer que les U.S.A. resteront les U.S.A., avec leur style, lorsque les Anglo-Saxons n'y représenterons plus qu'une faible minorité, ou que la Suisse restera la suisse si les Turcs ou Yougoslaves y deviennent prédominants, ou qu'Israël sera toujours Israël si les Juifs européens, fondateurs, par départ ou dénatalité, ne sont plus là. »

    Raymond Ruyer, Les cent prochains siècles (Fayard, 1977)

     

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    « L'exotisme, ça a pas que des bons côtés. C'est pas pour rien que la Seine-Saint-Denis voit refleurir la tuberculose. Comme au dix-neuvième siècle. Des souches tchétchènes sacrément coriaces, même, à ce qu'il paraît. Tous ces braves gens, ils l'ont importé avec eux, le tiers-monde. Ces garages clandestins et ces vendeurs de maïs, c'est vraiment un truc qu'on s'attendrait à voir uniquement dans les pires pays sous-développés d'Afrique. Ben non, c'est à Saint-Denis, juste à côté de Paris. Saint-Denis, la ville dont la basilique abrite les tombeaux des rois de France. Quelque part, ça fout les boules. Et pour le coup, c'est la fine fleur des crevards qui s'est donné rendez-vous ici. Que des hommes, pas de femmes, ni même de jeunes. Des types qui ont entre 25 et 50 ans, parfois plus Les plus vieux, ils ont des dégaines de marabouts avec des barbiches grises et des djellabas. Les plus jeunes, ils sont habillés comme des apprentis rappeurs de Lagos. »

    « Là-aussi, tout le trajet, c'est folklo. Une architecture sinistre, la plupart du temps. On passe systématiquement à l'aller et au retour, sur une vaste place avec un bâtiment dans le style carrelage de chiottes, tout droit issu des années quatre-vingts. Et là, à chaque fois, une bande de petits Noirs. Des gamins de huit à douze ans, ils doivent être une bonne vingtaine. Habillés quasiment en loques, l'air agressif. Regards mauvais et arrogants. Une vraie meute. Étrangeté radicale. Pas rassurant. On se croirait danse ne sais quel bled du tiers-monde, et la chaleur ambiante ne fait rien pour adoucir le tableau. Ça sent le fait divers, la violence rampante. L'hostilité franche frontale. Brutale, arrogante et sans pitié. On est chez eux, et ils y font ce qu'ils veulent.. Et pas que du bien. Je suis pas fâché d'être bien planqué dans la cabine du camion pour le coup. Entre eux et le reste du monde,, un mur de haine et de méchanceté. Palpable. Pour rien au monde je ne voudrais passer à pied. Putain.

    Y'a aussi Tremblay en France, des cités immenses. Avec beaucoup d'espaces verts. Beaucoup de Noirs, surtout des femmes, uniformes tongs et boubou de rigueur. Et des tas de gamins. Et des Arabes en djellabas, avec des barbes à la Ben Laden. Un mélange entre Kaboul, Alger et Bamako. »

    Paul Fortune, Poids lourd (2015)

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    « Le multiculturalisme des gigantesques sociétés contemporaines prétend mettre lea diversité à portée de main. Mais le multiculturalisme est en réalité, et par la force des choses, un anticulturalisme ou, au mieux, un multi-sous-culturalisme: il n'y a plus en effet, en sus des règles minimales de coexistence et des appareils policiers et judiciaires qui s'emploient, avec plus ou moins de succès, à les faire respecter, que le commerce pour transcender l'hétérogénéité des modes de vie en un même lieu. Enchantez-vous de la diversité : vous êtes tous dans l'économie de marché. Celle-ci occupe alors la place centrale et déterminante (c'est bien pourquoi le capital est favorable audit multiculturalisme)., et toutes les cultures, ainsi satellisées, s'en trouvent dévitalisées. De plus, les tenants des sociétés multiculturelles ignorent la question de la distance adéquate pour un rapport fécond : en deçà d'un certaine distance, c'est la volonté de prendre ses distances qui domine – de sorte qu'en même temps que les différences culturelles s'affaiblissent, les différentes communautés s'ignorent, se retranchent ou s'affrontent. »

    Olivier Rey, Une question de taille (Stock, 2014)

     

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    « En dépit des catastrophes qui ont fait de l'Europe un ensemble veule, amnésique, informe et culpabilisé, cherchant à se prémunir des Barbares par des implorations et de viles flatteries, la révolte contre cette indignité a commencé sous nos yeux, venant souvent de là où on ne l'attendait pas, traçant les présages d'une reconquête intérieure. Redevenir maître de soi et chez soi, tel est l'espoir. Pouvoir regarder ses enfants sans blêmir de honte, et, le jour venu, quitter la vie en sachant l'héritage assumé.

    Sous nos yeux, une page d'histoire a commencé de tourner. Nous sommes entrés dans une époque qui connaîtra d'intenses bouleversements. Ceux-ci exigeront de nouvelles "représentations", de nouvelles visions du monde et de nouvelles énergies. Leurs prémices suscitent dès maintenant le besoin, pour les Européens, du retour à soi, à l'esprit de leur esprit. »

    Dominique Venner, Un samouraï d'occident (Pierre-Guillaume de Roux, 2013)

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  • Feu sur la désinformation... (91)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Verdun victoire politique et culturelle de la réinfosphère

      Concert de Black M pour la commémoration des 100 ans de la bataille de Verdun. Victoire de la réinfosphère défaite des médias de propagande.
      Décryptage dans I-Média.

    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : France 2 supprime “Ce Soir Ou Jamais”

      France Télévision déprogramme l’émission « Ce Soir Ou Jamais » animée par Frédéric Taddeï, une émission pourtant considérée comme un « espace de libertés nécessaire ».
      Décryptage de la normalisation des programmes de France télévision dans I-Média.

    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Banalisation de la censure sur les réseaux sociaux

      Manipulation des algorithmes sur Facebook pour cacher les propos et contenus “conservateurs”, suppression de comptes sur Twitter ou Facebook

    • 6 : Le bobard de la semaine.

     

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  • Le Duce en guerre !...

    Les éditions Perrin viennent de publier un essai de Max Schiavon intitulé Mussolini - Un dictateur en guerre. Docteur en histoire, Max Schiavon a dirigé la recherche du Service historique de la Défense et collabore à la Nouvelle Revue d'Histoire. Spécialiste de l’histoire militaire contemporaine, il a publié récemment Le Front d’Orient 1915-1918.

     

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    " Depuis son accession au pouvoir en 1922, Mussolini n'a eu de cesse de réclamer la révision des traités de paix consécutifs au premier conflit mondial. Lorsqu'en juin 1940 il déclare la guerre à la France, il est convaincu que l'Italie peut, en menant une guerre parallèle à celle de l'Allemagne, devenir à moindres frais la principale puissance du bassin méditerranéen. Le conflit se propageant, le Duce engage son armée sur plusieurs théâtres d'opération, alors qu'elle souffre pourtant de graves carences dont il est informé, mais qu'il minimise. Après quelques mois, les Italiens sont partout en difficulté. La guerre parallèle souhaitée se transforme en guerre subalterne subie, le sort de l'Italie et de son chef dépendant désormais entièrement des résultats allemands.

    L'erreur majeure du dirigeant fasciste fut sans aucun doute d'avoir cru que la participation à la guerre d'Hitler aurait permis de placer l'Italie dans une position internationale en réalité bien trop élevée au regard des moyens dont disposait le pays. Le comportement de Mussolini comme chef de guerre, les choix qu'il a opérés, les directives stratégiques qu'il a données, ou non, son amateurisme, aussi, ne peuvent être compris qu'en étudiant son caractère, la nature exacte de son pouvoir, ses rapports avec l'armée et, surtout, l'idéologie qui l'anime. C'est ce à quoi s'emploie Max Schiavon dans ce livre novateur et original, nourri aux meilleures sources internationales. "

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  • Terrorisme : la France est toujours une cible !...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Xavier Raufer, réalisé le 13 mai 2016 par Martial Bild et Élise Blaise pour TV Libertés, dans lequel il fait un bilan d'étape six mois après les attentats de Paris. Il regrette l'absence en France d'un service efficace de lutte contre le terrorisme...

     

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  • D'ombres et de flammes...

    Les éditions Gallimard viennent de publier D'ombres et de flammes, le nouveau roman de Pierric Guittaut. Chroniqueur pour la revue Éléments, Pierric Guittaut est déjà l'auteur de Beyrouth-sur-Loire (Papier libre, 2010) et de sa suite Marshal Carpentel, (2014) ainsi que de La fille de la pluie (Gallimard, 2013), un excellent polar rural et enraciné...

     

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    " Le major de gendarmerie Remangeon, «le fils du sorcier», est de retour en Sologne. La région de son enfance, pauvre et marquée du sceau de la superstition, s’est muée en source de revenus non négligeables grâce à la chasse, principale activité des propriétaires terriens. C’est aussi là qu’il y a dix ans a disparu Élise, son épouse, que personne n’a jamais revue.
    Dès son arrivée, des cervidés sont braconnés sur le domaine d’un commerçant aisé, et l’élevage de faisans de son amie d’enfance périclite de façon irrationnelle… Puis il aperçoit Élise, sans pouvoir l’approcher… Afin d’éclaircir tous ces mystères, le gendarme va devoir accepter son héritage, et maîtriser enfin ce sang noir qui bouillonne en lui. "

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  • Union européenne : un projet aux origines… américaines !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Caroline Galactéros, cueilli sur son site Bouger les lignes et consacré aux origines américaines du projet d'union européenne... Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013).

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    Union européenne : un projet aux origines… américaines

    La campagne anglaise du Brexit est l’occasion pour nos cousins Britanniques de s’interroger sur les origines du projet européen pour comprendre les modalités de cette intégration ad hoc qui n’a jamais su trancher entre les deux modèles classiques que sont la confédération et la fédération. Avec un Parlement que d’aucuns jugeront très sévèrement, plus préoccupé d’organiser le ballet de lobbyistes de tous poils missionnés pour infléchir sa déjà trop molle consistance que de représenter un « peuple » européen introuvable, avec surtout une Commission européenne tentaculaire qui réunit des pouvoirs à la fois exécutif, législatif et judiciaire, l’Union européenne ressemble de plus en plus dans son fonctionnement à une Union soviétique dont l’idéologie serait un néolibéralisme anglo-saxon mâtiné d’ordolibéralisme allemand. Ce cocktail paradoxal et détonnant a été préparé consciencieusement et méthodiquement depuis le Traité de Rome (ou plutôt les deux traités) instaurant en 1957 la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). S’étant étendue largement et rapidement aux anciennes républiques socialistes soviétiques depuis 20 ans, l’Union européenne est aujourd’hui bloquée dans son fonctionnement, incapable d’apporter la cohérence politique nécessaire pour transformer le Vieux continent en « Europe-puissance ». A la faveur de la crise migratoire – qui a révélé spectaculairement la faiblesse politique et la vulnérabilité culturelle de l’Union –, la renaissance d’un réflexe souverainiste diffus, déformé et instrumentalisé par des populismes parfois inquiétants, s’affirme rapidement dans plusieurs pays. Au Royaume-Uni, mais également en France, en Finlande, aux Pays-Bas, en République Tchèque, en Hongrie ou en Pologne, l’euroscepticisme gagne du terrain. Face à cette défiance croissante des peuples européens devant une hydre bruxelloise invasive mais impuissante, les dirigeants s’aveuglent ou se braquent, tels Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui avait déclaré dans un entretien au Figaro le 29 janvier 2015 sur fond de crise grecque : « il n’y a pas de choix démocratique contre les Traités ». Surprenante et très inquiétante formule …

    En réalité, cette embolie progressive de la construction européenne pourrait trouver en partie ses origines dans un défaut de jeunesse irrémédiable que le journaliste britannique Ambrose Evans-Pritchard a récemment décrit avec lucidité et que l’on pourrait résumer ainsi : l’Union européenne est moins un projet européen tourné vers l’avenir qu’un projet américain inscrit dans le cadre de la Guerre froide et d’une vision d’un monde unipolaire dominé par l’hégémon des USA. Ainsi influencée par Washington – ce que l’affaire du TAFTA montre très bien – et sortie de l’Histoire pour ne demeurer qu’un immense marché commercial et un ventre mou politique et culturel, l’Union européenne n’est que le bloc oriental d’une vaste Otanie qui s’étend désormais de l’Alaska aux Pays Baltes.

    Dans The Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard rappelle ainsi comment les Etats-Unis ont largement financé la construction européenne et comment ils se sont servis de ces fonds pour en contrôler le cours et menacer quand il le fallait les prétentions à l’indépendance de certaines nations européennes – à commencer par la France gaulliste !

    Nous reprendrons dans cet article les illustrations d’Evans-Pritchard à l’appui de cette thèse d’une Grande Otanie.

    • La déclaration Schuman du 9 mai 1950, qui a donné le ton de la réconciliation franco-allemande et préparé le Traité de Rome, a été largement commanditée par le secrétaire d’Etat américain Dean Acheson à une réunion à Foggy Bottom. Le directeur de cabinet de Robert Schuman a ainsi déclaré que « tout avait commencé à Washington », rappelant au passage que les Etats-Unis avaient menacé en septembre 1950 de couper les financements du plan Marshall face aux réticences de Paris.
    • Jean Monnet est souvent vu comme le Père fondateur d’une Europe fédérale. On oublie trop souvent qu’il passa le plus clair de son temps aux Etats-Unis et a été pendant la Guerre les yeux et les oreilles de Franklin D.Roosevelt. Le Général de Gaulle le considérait comme un agent américain, ce que la biographie d’Eric Roussel (1) confirme peu ou prou en détaillant la manière dont le héraut du fédéralisme européen travailla avec les différentes administrations américaines.
    • Les documents déclassifiés des archives du Département d’Etat américain ont assez peu fait l’objet d’analyses étendues. Il y aurait pourtant du grain à moudre ! Ces textes montrent sans équivoque comment la construction européenne a été largement financée par la CIA et comment Washington a fait pression pour que les Britanniques prennent part à l’aventure, de sorte à servir de “cheval de Troie” à leurs cousins de l’autre rive de l’Atlantique.
      • Ainsi, un mémorandum américain du 26 juillet 1950 décrit la campagne de promotion destinée à favoriser l’instauration d’un véritable Parlement européen. Ce texte est signé du Général William J. Donovan, chef du American wartime Office of Strategic Services, “ancêtre” de la CIA.
      • L’organisme de la CIA chargé de surveiller le processus d’intégration européenne était l’American Committee for a United Europe (ACUE), dirigé par Donovan. En 1958, un an après la signature du Traité de Rome, ce Comité de la CIA a financé 53,5% des fonds destinés aux organisations européennes fraichement instituées (CEE et Euratom).
      • D’après Evans-Pritchard, plusieurs papiers attestent du fait que les agents de la CIA mis à la tête de l’ACUE considéraient les « Pères fondateurs de l’Europe » comme de « petites mains » auxquelles ils avaient fortement déconseillé de trouver des financements alternatifs pour la construction européenne de sorte à ne pas affaiblir la mainmise de Washington.
      • Un mémo daté du 11 juin 1965 demande au vice-président de la CEE de poursuivre coûte que coûte le projet d’une Union monétaire européenne, mais de manière furtive, en empêchant tout débat, de sorte que « l’adoption de telles propositions finisse par devenir inéluctable ».

    Cette influence américaine sur le destin du Vieux continent pouvait se comprendre dans le contexte de la Guerre froide et de la mise en oeuvre du « containment » de l’URSS décidée par le président Truman à partir de 1947. Néanmoins, il est probable que les peuples européens n’ont pas alors mesuré, et ne mesurent pas plus aujourd’hui l’étendue de cette emprise américaine. La puissance du Deep state américain (i.e “l’Etat profond” pour reprendre le concept utilisé notamment par le politiste Peter Dale Scott) et notamment des Services de renseignement était telle qu’elle laissait peu de place au déploiement de démocraties européennes fondées en premier lieu sur la souveraineté des différents peuples du continent. Or, c’est l’Union européenne qui a servi ce projet américain, ce qui laisse une marque indélébile sur la crédibilité démocratique et l’indépendance de cette organisation. Pis, si nous savons aujourd’hui une partie de ce qui se passa réellement aux débuts de la construction européenne, il faudra attendre encore longtemps pour découvrir avec précision le rôle que jouèrent les Etats-Unis dans l’extension de l’UE aux ex-Républiques socialistes et soviétiques, de conserve avec celle de l’OTAN, de 1991 à aujourd’hui. A cette aune, les futurs historiens mettront sans doute en perspective le rôle joué par la crise ukrainienne de 2014-2015, inscrite dans cette consolidation d’une vaste Otanie qui aille le plus à l’Est possible. L’ancien Directeur du renseignement à la DGSE, Alain Juillet, l’a reconnu assez clairement dans une récente interview accordée au magazine ParisMatch.

    Reste la question anglaise… Il est évident que l’identité britannique, profondément marquée par son insularité tant géographique que culturelle, est par essence et depuis l’origine peu perméable à une quelconque forme de soumission à une logique ou à des structures continentales. Mais précisément. L’Angleterre qui a toujours préféré “Le Grand large” et s’est fort longtemps et en bien des domaines alignée sur les ambitions et positions américaines sans états d’âme, rend son positionnement actuel d’autant plus signifiant. Elle fuit manifestement la déroute continentale non pour condamner la renaissance souverainiste des États européens mais contre l’autoritarisme des structures bruxelloises qui cumulent les handicaps de la rigidité administrative technocratique et celle d’une patente faiblesse politique et économique. L’importance accordée à la notion de « souveraineté » dans le débat sur le Brexit et non seulement aux aspects économiques de ce possible bouleversement européen, illustre parfaitement cette conscience politique des Britanniques et aussi peut-être une relative autonomisation par rapport à Washington. L’idée d’être aux ordres d’une Europe dont l’inspiration vient de Washington mais dont les gardes-chiourmes se trouvent à Berlin plus encore qu’à Bruxelles dépasse l’entendement anglais. So shocking. Il paraît que Sa Majesté la Reine Elizabeth pencherait elle-même du côté du Brexit ...

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 13 mai 2016)

    (1) ROUSSEL, Eric, Jean Monnet, éd. Fayard, 1996.

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