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  • Avec Doriot !...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un essai de Pierre Drieu la Rochelle intitulé Avec Doriot. Il est précédé de Doriot ou la vie d'un ouvrier français. Drieu a écrit ces deux textes en 1936 et 1937 au cours de la période pendant laquelle il a fait partie du Parti populaire français de l'ancien cadre dirigeant communiste Jacques Doriot.

     

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    " Je vais vous raconter la vie d’un ouvrier français.

    C’est une vie pleine d’action et d’événements ; c’est une vie étonnante et émouvante ; c’est une expérience terrible et magnifique qui résume toute la destinée du peuple de France depuis la guerre.

    Quand on connaît bien cette vie-là, quand on la comprend bien, quand on en tire tout l’enseignement qu’elle comporte, on est un autre homme.

    On n’est plus un Français quelconque, hésitant, plein de doutes et de soucis, qui tantôt proteste, tantôt se soumet. On est un homme averti, qui sait tout ce qu’il a perdu et tout ce qu’il peut regagner, qui sait les causes de son mal et le remède pour guérir son mal ; on est un homme décidé qui sait où aller et qui est prêt à tout supporter et à tout oser pour y parvenir. "

     

     

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (16)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    A propos du Brexit

    • Envieux de la chance qui est donnée au peuple britannique de pouvoir se prononcer démocratiquement sur son retrait de la technostructure de l'Union européenne, privilège qui n'est accordé à aucun autre peuple européen, le Groupe Plessis derrière lequel se dissimulent de hauts fonctionnaires en activité aborde dans cet article le rôle néfaste et hélas grandissant que joue la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH). Ses "arrêts de règlement" s'apparentent à de véritables diktats politiques nous dit Plessis qui pointe justement une démesure juridique à l'oeuvre contre la véritable légitimité politique qui ne saurait être définie que par des élus du peuple, garants de l'intérêt collectif. Le groupe propose en conséquence de s'évader de ce véritable carcan.
     
    Nicolas Gauthier traitait brièvement du Brexit avant que l'on en connaisse le résultat. Selon lui que cela passe ou que cela casse, l'issue devrait être à peu près la même.
     
     
    • Après la victoire du Brexit Alain Finkielkraut ne partage pas la tristesse mêlée de colère de Martin Schulz et de Jean-Claude Juncker et se réjouit même de les voir si déconfits, car selon lui les eurocrates ne l'ont pas volée tant ils se sont acharnés à faire de l'Union européenne le cheval de Troie de la déseuropéinisation. Une nouvelle lutte des classes s'instaure opposant les planétaires et les sédentaires, les globaux et les locaux, les hors-sol et les autochtones. Les planétaires sont non seulement mieux lotis économiquement mais ils se croient politiquement et moralement supérieurs et traitent les autochtones de ploucs, voire de salauds xénophobes. Lumineux !
     
     
    Mathieu Bock-Côté réagissant après que le référendum n'ait pas donné le résultat escompté par la plupart des élites s'amuse à noter les différents arguments d'explication donnés par le système médiatico-politique pour expliquer sa défaite. Ce système reproche par exemple à la procédure référendaire de "politiser la politique" (un comble) et d'avoir permis l'intrusion dans la consultation du problème de l'immigration massive. Cette disqualification du référendum va de pair avec la disqualification du peuple "immature" (sauf quand il se range à ce qu'a décidé l'oligarchie) qui ne serait pas habilité à se prononcer sur des questions aussi complexes tant il aspire, par nature, à se soustraire au "cercle de la raison" et à laisser parler ses plus viles passions. Pour remédier à cette hétérotélie de la démocratie et se débarrasser du peuple, ne faut-il pas passer de la souveraineté populaire au gouvernement des juges au nom du parachèvement sublime de la démocratie ?
     
     
    Elisabeth Lévy tire un premier bilan de la victoire du Brexit. Elle y voit avant tout un succès du peuple britannique contre "les gens convenables", les éditocrates, les sachants et les experts qui au nom d'une démocratie divine réduisent la volonté du peuple à un ramassis de pulsions xénophobes et de passions frileuses, évidemment "populistes" et par voie de conséquence "nauséabondes".
     
     
    • Même type de réaction de la part de Jean-Paul Brighelli qui fustige l'Europe des banques et des marchés et plaide pour une Europe politique de la culture. Un peuple préférerait-il son identité à la promesse mythique d'un accroissement du taux de croissance ?
     
     
    • Pour Jean-Michel Quatrepoint les populations sentent bien que le véritable pouvoir a déserté le monde politique qui continue de jouer son théâtre d'ombre tandis que que les multinationales et l'industrie financière imposent leur marque au monde qui vient. C'est la raison essentielle du vote britannique. Puis l'auteur trace à grandes enjambés ce que pourrait être une refondation de l'Europe avec pour thème dominant son autonomie de décision.
     
     
    Éric Dupin note qu'en France les défenseurs de l'Union européenne sont sur la défensive et que par réaction pavlovienne la plupart d'entre eux préconisent de riposter au départ britannique par une accélération de l'intégration européenne ! Sans convaincre grand monde. Leur démarche rappelle celle des moscoutaires qui expliquaient les déboires de leur système par une insuffisance d'économie administrée. Pour lui, il est évident que notre singularité nationale va à nouveau devoir s'exprimer.
     
     
    • Pour Jean-Luc Gréau, économiste, ancien expert du MEDEF, les Anglais viennent de rebattre les cartes politiques en Europe et d'ouvrir le champ des possibles jusqu'ici circonscrit par les agendas et les feuilles de route de la bureaucratie dirigeante. Bonne analyse des effets pervers de l'Union européenne sur le plan économique. D'autre part il s'en prend vivement à Hollande er à Sarkozy pour les fautes grossières qu'ils ont commises.
     
    Dominique Jamet qui sait parfaitement que l'accusation de "populisme" constitue la dernière ligne de défense des "élites" hors-sol et déconnectées du réel adresse une lettre ouverte aux petits marquis qui nous gouvernent sur le site de Debout la France. Charge vibrante contre l'oligarchie.
     
     
    • Pour Gabriel Robin, animateur du Collectif Culture et Libertés du Rassemblement Bleu Marine, l'Union européenne, entité post-politique et post-historique qui absorbe la plupart des fonctions naguère dévolues aux États sans assurer la moindre protection des peuples, est désormais en sursis. Une certaine Europe est sans doute en déroute, celle du comité central des élites mondialisées dont les dégoisements sont de moins en moins audibles. Cette débandade fera-t-elle surgir des décombres un autre projet européen, telle est la question.
     
     
    • Selon Gil Mihaely, directeur de Causeur, la Grande Bretagne nous a non seulement donné une leçon de démocratie mais plus encore elle a voulu imposer la réaffirmation de son existence en tant que corps politique. Ce corps politique était dépossédé, nous dit-il, de la maîtrise de son destin commun au profit de considération économique, qu'en revanche les partisans du vote "remain" ne manquaient pas de mettre en avant, agitant les épouvantails de toutes sortes en cas de sortie de l'UE. Ne nous cachons pas cependant les ambigüités de ce vote pour le Brexit qui a été pour une part celui de néo-libéraux pur sucre plus attirés par "le grand large" que par une soumission aux normes écologiques et règlementaires de l'Union, aussi insuffisantes soient-elles.
     
    • Intéressante observation de Gérard Dussouy qui relève que le Royaume-Uni aura bien été en Europe le cheval de Troie américain que le général de Gaulle redoutait et que ses quatre décennies de présence au sein des institutions auront encouragé le marché commun, qui supposait une préférence communautaire, à devenir une simple zone de libre échange travaillée par le moraline et ouverte à tous les vents du large. Quant au Royaume-Uni sa souveraineté reconquise ne risque-t-elle pas d'être une victoire à la Pyrrhus ? En effet, parmi mille exemples, ce n'est pas l'Union européenne qui a octroyé d'office la nationalité britannique à tous les ressortissants du Commonwealth et d'éventuelles mesures anti-immigration ne les toucheront pas tandis qu'elles viseront les nombreux Européens installés outre-Manche. De quoi refroidir l'euphorie "nationaliste" qui s'installe chez ses voisins.
     
     
    • Toujours à propos du Brexit, l'avis de Philippe Milliau, président du groupe Libertés (TV-Libertés, Radio-Libertés, Euro-Libertés) pour qui la Grande Bretagne s'expulsant de la construction européenne fournit l'opportunité de bâtir enfin une maison commune identitaire associant les États dans un projet de puissance indépendante disposée à jouer son rôle au sein du monde multipolaire.
     

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    • Le rendez-vous de "la droite hors des murs" de Béziers  provoque une réjouissante charge de l'Observatoire des Journaliste et de l'Information Médiatique à l'encontre de la presse alignée et de la manière dont elle a rendu compte de cet événement. Passant en revue nombre d'articles, d'informations radio et de séquences télévisuelles où la délation perce sous l'inquisition, le journaliste anonyme qui s'est livré à cette synthèse ne manque assurément pas d'esprit.
     
     
    Jean-Louis Harouel, professeur agrégé de droit, vient de publier un excellent essai Les droits de l'homme contre le peuple (Éditions Desclée de Brouwer). Interrogé à ce sujet par Figaro-vox, il ne mâche pas ses mots, précisant que tant que nous confondrons les droits de l'homme abstrait et de nulle part (human right) avec les libertés publiques (right of man) nous nous condamnons à révoquer toute discrimination, et plus précisément la discrimination fondatrice de nos sociétés démocratiques qui traite différemment le citoyen et le non citoyen, le national et l'étranger. Les droits de l'homme devenus depuis quelques décennies une nouvelle religion séculière détruisent au nom du Bien les assises de nos nations en récusant nos droits collectifs et notre souveraineté. Avec l'ouvrage d'Alain de Benoist Au delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés (Éditions Pierre-Guillaume de Roux), ce livre constitue la base de toute réflexion argumentée sur la société de marché cosmopolite qu'entendent nous imposer les oligarchies au pouvoir.  
     
     
    • Une bonne critique de l'essai de Jean-Louis Harouel par Joël Prieur paru sur le site de Polémia. L'auteur voit essentiellement à travers ce que sont devenus les droits de l'homme une machine à chloroformer le peuple.
     
     
    • "Il n'y a que la droite la plus ringarde pour croire que les journalistes sont des gaucho-communistes ou d'affreux trotskistes. L'immense majorité d'entre eux adhérent en fait à la vulgate libérale-libertaire, ce mélange d'idéologie des droits de l'homme, d'antiracisme de convenance, de progressisme niais, de révérence au marché et de politiquement correct". Aussi" ne sont-ils pas les victimes de la censure mais ses vecteurs", déclare Alain de Benoist dans une de ses dernières chronique sur Boulevard Voltaire (première référence). Dans une seconde chronique (deuxième référence) il définit la culture comme un habitus, à la manière de l'anthropologie culturelle, habitus que l'idéologie dominante s'efforce d'éradiquer. Répondant ensuite à la question de savoir si il existe une culture de "droite", il note que cette culture est clivée par deux anthropologies antagonistes; celle des "conservateurs" soucieux de l'héritage et celle des libéraux qui raisonnant en termes économiques pensent que la société repose sur la seule confrontation des intérêts égoïstes régulée par les mécanismes du marché et du contrat. Il conclue en soulignant l'impossibilité qu'il y a à se dire "conservateur-libéral" sans s'exposer au risque de l'incohérence.
     
     
     
    • Dans Le Nomos de la Terre paru en 1950, Carl Schmitt montre qu'il ne peut exister d'ordre sans enracinement. Contre la pensée positiviste et l'idéal cosmopolitique , il en appelle à la terre, substrat élémentaire pour comprendre le rapport de l'humanité au monde. Article de Valentin Fontan-Moret paru sur le site de Philitt.
     
     
    Mathieu Slama, essayiste qui vient de publier La guerre des mondes : réflexions sur la croisade idéologique de Poutine contre l'Occident, s'en prend ici au prétendu universalisme de l'Occident qui entend, avec arrogance, réduire la diversité du monde à un autre lui-même.
     
     
    • Deux articles de Caroline Galactéros. Le premier est consacré à l'imbroglio stratégique libyen en juin 2016 et aux péripéties qui l'ont précédé. Il s'y dévoile la forte influence qu'exercent les analyses de l'africaniste Bernard Lugan. Le second est relatif au bouclier antimissile de l'OTAN en Roumanie, où il est déjà opérationnel, et prochainement en Pologne. Ce dispositif dirigé contre la Russie entérine la fuite en avant des stratèges américains et surtout la domination complète de "la puissance indispensable" sur l'Europe. L'auteure explique parfaitement les enjeux qui se dissimulent derrière ce réarmement offensif.
     
     
     
    Hervé Juvin en libertés, semaine du 13 au 17 juin. L'essayiste y aborde avec son brio habituel 5 questions d'actualité. L'état d'urgence et les manifestations; les "réfugiés" disparaissent des écrans radar sans pour autant continuer d'affluer sur nos cotes avec le soutien empressé des ONG humanitaires; contradiction entre l'encyclique Laudato Si qui souligne les atteintes irréversibles à l'environnement qui se concluent par la disparition accélérée des espèces végétales et animales et le discours papal nous enjoignant d'accueillir sans limite les immigrés, ce qui à terme ne peut provoquer que la fin de la diversité humaine; la déclaration du président Erdogan affirmant que le contrôle des naissances est contraire à l'islam traduit le fossé grandissant entre les valeurs de l'Europe et celles de la Turquie; nous ne pouvons pas appliquer nos préférences collectives en matière écologique car celles-ci se heurtent à des intérêts industriels tout puissant or les élections autrichiennes viennent de porter à la tête du pays un président écologiste contre son challenger national-conservateur, c'est pourquoi le cours des événements dans ce pays devrait lever bien des ambigüités sur le type de souci environnemental qui s'y fera jour quand on sait que les Autrichiens sont si attachés à leur style de vie.
     
     
    • Brut de décoffrage, tel est le texte que le préfet honoraire de région Paul Bernard vient de livrer à la sagacité des lecteurs de Boulevard Voltaire. On peut s'interroger sur les recettes  à base de "y-a-qu'a" "faut- qu'on" qu'il propose quand bien même elles seraient des plus salutaires. Ce que l'on pourrait exiger d'un ex-serviteur de la machine administrative de l'État c'est de nous dire comment, par quels cheminements politiques on parvient aux mesures qu'il préconise ? Bref on demande un mode d'emploi sur des décisions que chacun s'accorde à trouver les meilleures. Force doit rester à la loi, dit-il. Mais est-ce les lois actuelles, celles qui justement nous ont précipité dans l'état où nous nous trouvons ?
     
     
    • Daoud Boughezala s'entretient avec Kleis Jager, correspondant à Paris du quotidien néerlandais Trouw au sujet de la déchéance de nationalité aux Pays-Bas. Il y est question des effets pervers qu'entraine le  
    succès du parti anti-islam de Geert Wilders.
     
     
    • L'éternel retour des "déséquilibrés" islamistes traité avec une ironie féroce par l'OJIM.
     
    • Orlando et Magnanville, les justes réflexions d'Alain Finkielkraut.
     
     
    • Passionnant débat sur le libéralisme et le multiculturalisme entre Charles Beigbeder (Les Républicains) et Thibault Isabel (rédacteur en chef de la revue Krisis). Enregistré par Sputnik France.
     
     
    • Le politologue Marco Tarchi, professeur à l'université de Florence et spécialiste du "populisme" jauge le parti antisystème de Beppe Grillo qui vient de remporter les municipalités de Turin et de Rome. Il est interviewé ici par Daoud Boughezala, rédacteur en chef de Causeur.
     
     
    • Les populistes gouverneront-ils un jour ? Telle est l'interrogation à laquelle tente de répondre Vincent Coussedière selon qui le terme de "populisme" recèle avant tout une facilité langagière. Ce mot-valise disqualifiant sert en effet à masquer la détresse des commentateurs devant l'hétérogénéité de ceux qu'ils désignent ainsi et à maintenir un système partisan obsolète et à bout de souffle afin de différer l'émergence de nouveaux clivages.
     
     
    • Le site Le Comptoir a dégoté deux penseurs québécois passionnants. L'un, Éric Martin est professeur de philosophie, l'autre Maxime Ouellet est professeur de sciences politiques. Se réclamant du courant "conservateur de gauche" ou, mieux, de la gauche du commun, ils cherchent à penser ensemble l'émancipation et l'enracinement en opposition à la gauche postmoderne, libérale et individualiste qui consent à ce que le marché devienne la seule forme du lien social. Une réflexion qui ouvre des pistes encore insoupçonnées. 
     
     
    • Déambulation de Jan Marejko à partir du livre d'Alain de Benoist Les Démons du bien. L'homme "pur" des droits de l'homme serait selon lui un "gnostique néo-adamite", un homme d'avant la chute, vivant dans le jardin d'Eden. Bonne réflexion sur le millénarisme occidental et ses avatars post-modernes.
     
     
    • "Faire des moustaches à Robespierre" par Morasse de Breizh-info. Sous son pseudonyme transparent ce chroniqueur à l'humour vachard s'en prend aux nouveaux sans-culottes qui entendent rebaptiser nos rues en les honorant du nom des terroristes vandales de l'an 1793.
     
     
    • La complainte "doloriste et réactionnaire" de Richard Millet.
     
     
     
    • La théorie du genre mise à l'épreuve. Un article du Point nous apprend que non seulement les hommes et les femmes sont biologiquement différents mais, horresco referens, qu'ils ne sont pas égaux devant la maladie. Cette redécouverte des enseignements d'Hippocrate (mâle, vieux et blanc) aurait de quoi donner une jaunisse à Edith Butler.
     
     
    • Extrait de Paideia, la formation de l'homme grec. Ouvrage ancien de Werner Jaeger qui garde toute sa force d'évocation. Ici un passage consacré à Sparte.
     
     
    • Sur le blog de Juan Asensio un article très intéressant intitulé Heidegger et Maurras à Athènes de Baptiste Rappin. Il s'agit d'une réflexion brillante sur deux penseurs des commencements. "La philosophie, écrit-il, ne fera en effet rien d'autre que passer la navette de la raison entre les chaînes et la trame de la tapisserie mythique - Maurras autant que Heidegger l'ont parfaitement saisi : héritière de l'Odyssée, elle se pratiquera sur le mode du va-et-vient, comme chez Plotin qui voit le monde alterner entre les mouvements de procession et de conversion; fille de l'Iliade, elle prendra la forme du Polémos chez Héraclite, et restera encore pour Kant un "champ de batailles". Le rationalisme ratiocineur et le logos logorrhéique étouffèrent de leur poids et de leur bêtise cette vérité native que la raison ne saurait à elle-même se donner sa propre fin, et qu'elle s'origine à tout jamais, qu'on le veuille ou nom, dans la puissance des symboles."                            
    À propos de Heidegger signalons que dans le dernier numéro de Commentaire (été 2016) se trouve un bel article de François Fédier qui est une réfutation de l'accusation par excellence portée contre le philosophe.
     
     
    • Dans un article paru sur Breizh-info, PLG animateur sur la radio Méridien zéro, opère la critique du récent et remarquable ouvrage de Mathieu Slama La guerre des mondes. Réflexion sur la croisade idéologique de Poutine contre l'Occident paru aux éditions de Fallois. Il y insiste sur les grammaires du monde antagonistes et irréconciliables qui opposent l'Europe actuelle au pôle russe qui rejette son universalisme sans frontières fonctionnant en syntagme avec un individualisme exacerbé. L'audience croissante que rencontre le discours poutinien en Europe s'expliquerait par le délitement du modèle occidental que l'on sent épuisé plus que par les réussites, néanmoins réelles, de la matrice russe. 
     
     
    • Sur son site Europe maxima Georges Feltin-Tracol propose une bonne critique du dernier ouvrage de Bruno Mégret, Le temps du phénix sorti en février aux Éditions Cité-Liberté.
     
     
    • Le social-démocrate Frank Walter Steimeier, ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne, a déclaré à propos du déploiement d'unités militaires de l'OTAN en Pologne et dans les pays baltes : "Ce que nous devrions éviter aujourd'hui, c'est d'envenimer la situation avec des cris guerriers et des bruits de bottes". Ces propos annoncent-ils des évolutions capitales de la diplomatie allemande qui pour l'heure demeure l'élève modèle des États-Unis en Europe ?
     
     
    • Les usages inattendus du Coca-Cola, célèbre marque qui à elle seule résume l'impérialisme américain. On peut quasiment tout faire avec du Coca, sauf bien évidemment le boire.
     
     
    Jean-Paul Brighelli interroge Lydia Guirous, éphémère porte-parole des Républicains, virée pour cause de langue trop bien pendue et pas toujours conforme à la doxa. "Comme quoi on peut être (de culture) musulmane et ne pas dire d'énormités, résume l'alerte chroniqueur.
     
     
    • Un article des Non-Alignés étudie l'influence grandissante des réseaux conservateurs orthodoxes sur la politique russe.
     
     
    • Le Cercle Non Conforme met en ligne cet article (première référence); il s'agit d'une réflexion mesurée sur l'attentat d'Orlando et ses motivations anti-homoxexuelles. Les djihadistes confondent trop souvent la propagande LGTB que produit l'Occident avec la réalité de ses moeurs. Il faut rappeler ici que les conduites homosexuelles sont universelles et qu'elle concernent entre 3 et 5% des hommes selon les âges. le problème, si problème il , a, réside dans le fait qu'en Occident la police des braguettes tend à s'estomper alors que dans l'aire de la culture islamique le souci de la "pureté" condamne ces pratiques jusqu'à  condamner leurs auteurs à une mort infâme. Le CNC a produit deux autres analyses intéressantes, l'une sur le Brexit qui pose des questions capitales sur le fonctionnement de l'Union après la sortie du Royaume Uni (deuxième référence), l'autre sur la notion frelatée d'Occident (troisième référence).
     
     
     
     
    • Tout savoir sur Eugénie Bastié qui outre son génial prénom se présente comme le mousquetaire du courant "réactionnaire". Collaboratrice de Causeur, membre de la rédaction du Figaro, elle est aussi rédactrice en chef politique de la revue chrétienne d'écologie intégrale Limite. Son portrait est ici croqué par l'OJIM.
     
     
    • Fronde à Radio Courtoisie. Henry de Lesquenson président, est en effet contestée par certains directeurs d'émission et, plus grave, par nombre de cotisants à "la radio du pays réel et de la francophonie". Tout cela nous est racontée par l'OJIM. En effet depuis qu'il affiche sa prétention farfelue à se présenter aux prochaines présidentielles, Lesquen  multiplie, par tweets, les déclarations aussi incandescentes qu'ubuesques qui font de lui, en moins drôle, la réplique d'un Ferdinand Lop qui voudrait détruire la tour Eiffel. Peut-être pour cet ancien Horlogiste une manière de prendre de la hauteur. 
     
     
    • L'avocat François Teutsch revient sur le crise qui frappe Radio Courtoisie. Il craint qu'elle ne devienne Radio Lesquen avant de se voir retirer ses fréquences et regrette la belle aventure qui semble devoir prendre fin.
     
     
    Léa Salamé en bon petit soldat du journalisme new-look lancée à la poursuite de la bête immonde. Réjouissant.
     
     
    • Excellent entretien avec la philosophe Bérénice Levet qui constate que l'on ne forme plus à l'école des êtres capables de penser et de juger, mais des spécialistes de la solution des problèmes, de bons techniciens si possible compétitfs. Que l'individu y est réduit à un simple agent économique. L'immolation de la jeunesse sous prétexte de jeunisme, dit-elle, dure depuis les années Mitterrand/Lang et la réforme de Najat Vallaud-Belkacem n'en est que le parachèvement. L'école de la République rongée par un progressisme de pacotille ne fabrique plus de Français, regrette-t-elle.
     
     
    • Et pour finir, les Brigandes chantent "Jakadi des millions". Belle fable sur le show-biz immigrationniste qui a le coeur sur la main et des oursins dans les poches.
     
     
     

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  • La France mystérieuse...

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    Valeurs actuelles vient de sortir un numéro hors-série pour l'été sur le thème de « La France mystérieuse ».

    Organisé en trois parties, « La magie des origines », « Légendes des provinces » et « Source féconde des arts », on pourra y lire, notamment, des articles d'Olivier Maulin (« Le pèlerin médiéval » ; « Des présences dans les bois » ; « L'Alsace »), de Laurent Dandrieu (« Quand l'ange du bizarre se pose sur la toile »), de Philippe Barthelet (« Pierres libératrices » ; « La Franche-Comté »), de Christian Brosio (« La Normandie » ; « L'Auvergne, le Bourbonnais »), de Solange Bied-Charreton (« L'empire de la raison » ; « Littérature : la convocation des ténèbres») ; de Michel Marmin (« Nerval ou la quête du rêve »), de Jean-Louis Brunaux (« Des sanctuaires et des dieux ») ou de Michel Thibault (« Druides d'hier et d'aujourd'hui »).

     

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  • Juvin en liberté !... (8)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la compilation de l'émission Juvin en liberté, sur TV libertés, pour la semaine du 20 au 25 juin 2016. 

    Économiste de formation, Hervé Juvin a publié des essais essentiels tels que Le renversement du monde (Gallimard, 2010) ou La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013).

    Au sommaire, cette semaine :

    1 – La France va mieux ne cesse de répéter François Hollande ! Si tel est le cas, est ce vraiment grâce à lui et sa politique ?

    2 – Un marché mondial des terres agricoles se développe. Face à cela, la France a-t-elle pris des mesures de protection ?

    3 – Les appellations géographiques protégées risquent passer à la trappe avec le traité transatlantique. Faut-il s’en émouvoir ?

    4 – « Quand on parle des souverainetés, les ennuis commencent ! ». Que voulez-vous dire exactement ?

    5 – "Manger 5 fruits et légumes par jour", "prendre un gros petit déjeuner chaque matin"… Faut-il suivre, au pied de la lettre, ces recommandations ?

     

     

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  • Vent du nord...

    Les éditions Terres de brume viennent de rééditer Vent du Nord, un roman de Lord Dunsany.  Irlandais, mort en 1957, Edward John Moreton Drax Plunkett, baron de Dusany, est un des fondateurs de la fantaisie moderne et figure parmi les inspirateurs de H.P. Lovecraft...

     

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    " Quelque part dans une ville sans nom de l'est de l'Europe, un vieil homme se souvient de sa jeunesse en Irlande ; une Irlande à jamais disparue où planait encore l'ombre des anciennes croyances empreintes d'imaginaire et de féerie celtique. Il se remémore avec nostalgie les parties de chasse dans le bog avec son ami Marlin, paysan fruste et sage, détenteur d'une foi étrange et dangereuse. Dans des paysages baignés de brume ou de soleil, du mystère des rites et des superstitions anciennes, souffle le vent du Nord, le vent qui ramène les oies cendrées, mais aussi celui qui porte au loin les chants anciens des reines de Tir-nan-Og, le Pays de l'Eternelle Jeunesse des Celtes, le pays de la damnation...
    Roman initiatique et fantastique à la fois, Vent du Nord est une oeuvre étrange et puissante dont la résonance mystique emportera le lecteur aux confins de la vieille Irlande. "

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  • Goldman Sachs, une banque de guerre économique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue , cueilli sur le site Infoguerre et consacré au rôle de prédateur financier qu'a joué la banque Goldman Sachs dans la crise grecque...

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    Goldman Sachs, une banque de guerre économique

    En 1999, lorsque la création de l’euro est décidée, la Grèce ne peut adhérer à la monnaie unique car elle ne répond pas aux critères rigoureux énoncés par le traité de Maastricht : dette inférieure à 60% du produit intérieur brut (PIB), déficit budgétaire sous les 3%. Le gouvernement grec, dans sa course à l’euro, décide alors de chercher conseil auprès de la banque Goldman Sachs (GS). L’objectif est clair : trouver des moyens astucieux pour rejoindre la zone euro. Athènes veut surtout dissimuler l’ampleur de ses déficits. L’accord avec GS marque le début d’une coopération entre une banque et un État qui allait progressivement muter en rapport de force économique. Ce rapport de force économique fait intervenir plusieurs acteurs agissant sur des scènes différentes. Les deux principaux sont la banque Goldman Sachs (GS) et les gouvernements grecs qui se sont succédés de 2001 à 2015. Autour de ce pilier, s’en articulent d’autres secondaires, émanant de la sphère politique (certains gouvernements de la zone euro et le Parlement européen), économique (la réserve fédérale des Etats-Unis) et sociale (le Financial Times et le Risk Magazine, Der Spiegel). Ces acteurs vont tous jouer un rôle structurant dans le rapport de force économique opposant la banque GS à l’État grec.

    Un marché de dupes

    D’un côté, l’État grec cherche à obtenir un avantage politique et économique : son entrée dans la zone euro pour éviter sa marginalisation sur le continent européen ; de l’autre, la banque GS recherche un avantage commercial : réaliser le maximum de profits pour conforter sa place de leader mondial dans le secteur bancaire.
    Comprendre cet affrontement suppose d’en distinguer les différents niveaux qui correspondent aux différents rôles qu’a joué la banque vis à vis de l’État grec.
    Le premier niveau de ce rapport de force apparaît au cours de l’année 2001, quand GS accepte d’aider la Grèce à baisser sa dette. Jusque là, le rapport n’est qu’une simple relation de conseilleur/conseillé. Pourtant, la recherche de profits inhérente à la première banque d’affaires mondiales va pousser l’équipe en charge de ce dossier (Antigone Loubiadis épaulée par les spécialistes dans la négoce des devises) à mettre en place une offre qui, à long-terme va se révéler beaucoup plus coûteuse pour la Grèce et beaucoup plus profitable pour GS qu’un simple prêt bancaire.
    Cette offre réside dans l’utilisation des credit default swap (CDS). D’apparence complexe, le fonctionnement des CDS est simple. Il s’agit de contrats d’assurance sur une dette qui garantissent au créancier qu’il sera remboursé même si son débiteur se défausse. Ils offrent donc aux investisseurs la possibilité de limiter les risques associés à des obligations, qu’elles soient émises par des États ou des entreprises.  Dans le cas des obligations grecques, ce mécanisme permet de se protéger des effets de change en transformant en euros la dette initialement émise en dollars. L’autre avantage des CDS est que le marché de gré à gré de cet instrument financier est nébuleux. Les transactions se font à l’abri des regards, loin des places boursières et de leurs règles contraignantes, sans intermédiaires ni identification des opérations ou de leurs auteurs. Par là, la Grèce a pu mettre en place un emprunt qui n’est pas apparu dans les statistiques officielles. Appuyé par cet instrument spéculatif, GS lance un engrenage qui va lui permettre de réaliser d’énormes bénéfices. D’une part, le taux de change choisi est très favorable à GS. D’autre part- et c’est là le coup de force de la banque- le montant couvert par les CDS dépasse celui de la dette publique grecque. Autrement dit, GS réussit à vendre plus de contrats qu’il n’en faut pour couvrir le risque de la dette grecque. L’État grec quant à lui, contraint, en vue de ses difficultés financières à négocier un rallongement de l’échéance de sa créance, doit s’engager à payer à la banque d’importantes sommes jusqu’en 2019 et ce, à des conditions plus onéreuses, ce qui aggravent encore sa situation économique.
    Si la dissimulation de la dette grecque fut réussie et permit à ce pays d’entrer au sein de la zone euro, la conquête de bénéfices de la banque GS est édifiante. En 2001, lorsque l’affaire fut conclue, le gouvernement devait 600 millions d’euros à la banque, plus les 2.8 milliards qu’elle avait emprunté selon Spyros Papnicolaou. Lorsque ce dernier prit la tête, en 2005, de l’agence de la gestion de la dette du pays, le prix de la transaction avait presque doublé à 5.1 milliards d’euros. Du reste, ce contrat et le maquillage des dettes publiques devaient jouer un rôle dans l’apparition de la  crise de souveraineté grecque qui allait faire évoluer cet affrontement.
    En effet, le second niveau du rapport de force apparaît au cours de l’année 2009. Au cours de celle-ci, le nouveau gouvernement socialiste grec de Georges Papandréou annonce que les comptes publics grecs ont été truqués. La nouvelle crée un choc financier pour l’État grec. Dès la fin de l’année 2009, les agences de notation, Fitch la première, dégradent la signature de sa dette, à BBB +. Les marchés commencent à douter de la capacité qu’a l’État grec à rembourser sa dette tandis que les taux d’intérêt payés par celui-ci s’envolent. Le scénario d’une faillite circule dans les salles de marché. Devant les difficultés de la Grèce, la banque GS, son ancienne conseillère, va spéculer sur la baisse de l’euro. Le rapport de force apparaît ici dans toute son ampleur : l’ancienne banque conseillère spécule dorénavant contre l’État grec et a tout intérêt à ce que sa situation ne s’améliore pas, pour que l’euro continue de baisser.
    Au cours de l’évolution de ce rapport de force économique, les différents acteurs vont mettre en place des stratégies visant à atteindre leurs objectifs et à prendre le pas sur l’adversaire.

    L’exploitation des faiblesses de l’adversaire

    La première stratégie utilisée par GS a été de jouer sur les points faibles de l’État grec. Si l’équipe de GS a accepté l’affaire que lui proposait la Grèce, c’est parce qu’elle savait que cet État disposait d’un système bancaire et de statistiques de finances publiques faibles. Du reste, son économie noire florissante rendait aléatoires les rentrées d’impôts et de taxes. Par là, le géant financier pénétrait un marché où la Bourse était dépourvue de règles contraignantes et où l’État brouillait le jeu économique. Ces conditions ont permis à GS de mettre en place les instruments financiers les plus aptes à lui assurer le maximum de bénéfices. Outre cet environnement économique propice, GS a aussi joué sur la position qu’elle détenait dès le début. Dans une telle affaire, le client quémandeur n’est pas en position de force. Lorsque la Grèce a modifié les échéances de remboursement de sa créance, GS était en mesure de lui imposer des conditions plus drastiques encore qu’elles ne l’étaient au début et s’assurer, dès lors, toujours plus de bénéfices.
    L’autre point faible sur lequel a pu compter GS est à la fois conjoncturelle et interne à l’Union européenne : la désorganisation d’Eurostat, l’institut européen de la statistique censé être l’arbitre attitré du respect des critères du traité de Maastricht. Le lancement de l’euro, le 1er janvier 2002, a donné à Eurostat pour mission d’harmoniser les statistiques des États membres afin de concevoir des agrégats à l’échelle européenne. Il s’agit d’indicateurs clés dans l’élaboration de la surveillance budgétaire et de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Mais, pris dans la tourmente d’un scandale financier interne, l’office des statistiques est, au moment de l’affaire grecque, paralysé. De fait, ses dirigeants acceptent de facto les comptes que lui présente le gouvernement grec de l’époque.

    Une offensive informationnelle très bien orchestrée

    Dans cette affaire, GS s’est aussi illustré comme maître de la guerre de l’information. D’une part en s’appuyant sur de fausses rumeurs et d’autres part en faisant jouer ses relais d’influence pour véhiculer des informations qui épousaient ses intérêts. Le mercredi 27 janvier 2010, le Financial Times affirme que la Chine a refusé d’acheter 25 milliards d’euros d’emprunt grec, apporté en exclusivité par l’intermédiaire de GS. C’est Gary Cohn, en personne, écrit le FT, qui aurait proposé l’affaire au Premier ministre grec. La nouvelle sème la panique. Pour les traders, Athènes est proche du gouffre puisqu’elle est obligée de solliciter la Chine en direct. Malgré le démenti immédiat d’Athènes, les investisseurs exigent immédiatement une prime de risque encore plus élevée. Pourtant, les professionnels ont vite compris que l’information était fausse. Selon un membre de la division Methodology and standard development de la Banque centrale européenne (BCE) «des opérations où un pays achète 25 milliards d’euros de dette d’un seul coup n’existent pas ». Selon lui, « si Goldman Sachs n’a pas démenti, c’est qu’elle avait intérêt à ce que la rumeur se propage ». L’intérêt en question c’est que cette nouvelle allait accréditer l’idée que la Grèce connaissait d’importantes difficultés et donc accélérer le mouvement de spéculation sur la baisse de l’euro, que GS suivait.
    Outre l’instrumentalisation de fausses informations, GS s’est aussi servi de son réseau d’influence pour publier des articles qui allaient dans son sens. Dans le Financial Times du 15 février 2010, Otmar Issing, ex-membre du directoire de la Bundesbank, ancien économiste en chef de la BCE, signe un texte hostile à une opération de sauvetage européenne. Selon lui pour ne pas mettre en péril la zone euro, Athènes doit se débrouiller seule. Mais Issing signe cette tribune en omettant de préciser que, depuis 2006, il est conseiller international de GS. Au moment de la publication de l’article, le département trading de cet établissement a tout à perdre d’une intervention des Européens. Goldman joue l’euro à la baisse, et en théorie, une opération de rescousse européenne ne peut que faire rebondir l’euro.
    Dans cette guerre de l’information, le rôle trouble du Financial Times mérite d’être questionné. Si parler de collusion entre les deux organismes semble exagéré, l’existence d’un partenariat officiel entre les deux organismes dans l’octroi du Business book of the year montre que GS fait figure de sponsor pour le FT. GS a donc pu s’appuyer sur cette position pour faire de ce journal un relai d’influence dans l’affaire grecque.

    La contre-attaque du camp européen

    Devant ces attaques spéculatives et le jeu à double face de GS, l’État grec a pu compter sur le soutien d’alliés émanant à la fois de la sphère civile et politique. En 2003, l’article de Nick Dunbar du Risk Magazine révèle  le rôle de GS dans la présentation orientée des comptes publics grecs et crée une polémique qui fait rapidement le tour du monde après que l’hebdomadaire allemand Der Spiegel reprend à son compte les assertions de Nick Dunbar en 2010. Ces révélations ont eu un écho dans la sphère politique. Fait rarissime, les politiciens ont pris parti dans cette affaire sans jamais nommer directement la banque. Angela Merkel a jugé «scandaleux» que certaines banques aient pu aider à maquiller le déficit budgétaire de la Grèce et provoquer ainsi une crise de toute la zone euro. Lors d’un colloque organisé à Londres les Premiers ministres espagnol, norvégien et britannique apportent leur soutien à leur homologue grec. Selon Thibault Renard, la Grèce a très bien su profiter de ces attaques envers Goldman Sachs pour se positionner en État-victime, manipulé par le géant financier. Dans ce concert de soutien à la Grèce, seule la Réserve fédérale, au terme d’une enquête,  estime que l’établissement n’a pas aidé Athènes à cacher l’ampleur de ses déficits.
    La banque GS a été contrainte de s’expliquer. En 2010, Gerald Corrigan (président de GS Bank aux Etats-Unis) était écouté par le Parlement européen. Au cours de cet interrogatoire, Corrigan n’a reconnu que le manque de transparence dans cette affaire en affirmant qu’ « avec le recul, il est évident que les normes de transparence auraient dû être meilleures ». Pour maintenir son intégrité et sa déontologie, la banque a publié sur son site Internet un communiqué affirmant que l’impact des opérations a été minimal sur la situation budgétaire globale du pays. La dette grecque est passée de 105,3% à 103,7% du PIB, soit une faible diminution au cours de la période concernée. Concernant l’éthique, la défense de GS est simple. La Grèce a refusé la logique de la zone euro axée sur la discipline budgétaire. C’est à Athènes que revient la charge de se poser  les questions éthiques. La banque s’est contentée de jouer un rôle technique et de satisfaire un client, en l’occurrence un État dans le cadre légal que lui imposait Eurostat.
    « Je fais le travail de Dieu ». À lui seul, ce propos tenu par le PDG de GS, Lloyd Blankefein, incarne la volonté de puissance de la plus grande banque d’affaire au monde. Le rôle de cette banque dans le maquillage des comptes publics de l’État grec et sa spéculation, quelques années plus tard, sur la faillite de ce pays démontre la place dont peut se targuer la finance dans le nouvel ordre mondial : une arme économique, capable de mener des attaques spéculatives sur un État. Par là, ce rapport de force est révélateur de  la complexification des conflits que Nicolas Mazzucchi évoque dans son chapitre Compétition et adversité, du Manuel d’intelligence économique. La conflictualité mondiale n’est en effet plus seulement interétatique ni concurrentielle mais peut aussi opposer des acteurs aux visages différents, comme le montre ce rapport de force « politico-financier » confrontant un pouvoir politique à un pouvoir financier.
    La crise grecque s’est révélé une manne pour GS. La banque a empoché des commissions tirées de l’aide apportée au gouvernement grec. Elle a spéculé sur les difficultés de la Grèce et contre l’euro. Elle semble donc avoir gagné sur tous les tableaux. Cependant, la polémique révélée par Risk Magazine et relayée par Der Spiegel a pris de l’ampleur dans le monde entier. Devant la menace de voir sa réputation entamée, la banque a été contrainte de s’expliquer. Du reste, si la polémique semblait éteinte, l’élection, en 2015 du gouvernement Tsipras a relancé l’affaire. Le Premier ministre grec a en effet affirmé que l’État grec pourrait poursuivre GS pour récupérer la commission colossale de 600 millions d’euros que le gouvernement avait payés à la banque pour ses services.
    Toutefois, devant les immenses bénéfices que l’affaire grecque a représentés pour GS, une victoire de la Grèce à ce procès- qui n’est pour l’instant qu’un projet- ne pourrait en aucun cas rééquilibrer un rapport de force qui fut largement remporté par GS. Rappelons à ce sujet que le chiffre d’affaire de 2014 de la banque qui s’élevait à 40,085 milliards de dollars (avec un bénéfice net de 8,48 milliards en hausse de 10,1% par rapport à 2013) confirme que « la Firme » n’a que peu à craindre de la retombée d’un éventuel procès qui relancerait l’affaire grecque.

    Christopher Quagliozzi (Infoguerre, 20 mai 2016)

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