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Métapo infos - Page 242

  • Russie-Ukraine : revenir aux principes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Denis Collin cueilli sur le site La Sociale et consacré à la guerre en Ukraine.

    Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Denis Collin est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie, à la morale et à la pensée politique, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018), Après la gauche (Perspective libres, 2018) et  Malaise dans la science (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Russie-Ukraine : revenir aux principes

    Il y a un débat public, pas toujours clair et généralement étouffé par la propagande de guerre, à propos du conflit en Russie et Ukraine, conflit qui remonte maintenant à près de 10 ans, les troupes russes ayant envahi la Crimée au mois de février 2014. Les accords de Minsk, signés en 2015 entre la Russie et l’Ukraine, avec l’intervention de Hollande et Merkel n’ont fait que reculer la guerre ouverte.

    Je ne veux pas m’engager dans la confrontation des récits de ces 10 dernières années, récits contradictoires : pour les uns, il s’agit d’une guerre défensive menée par la Russie menacée par l’Occident et, pour les autres, il s’agit d’une agression russe contre l’Ukraine, pour assouvir le dessein chauvin grand-russe d’un Poutine qui veut reconstituer la grande Russie, autant que possible dans les frontières de l’ex-Union soviétique. Les premiers font valoir les livres de Brzeziński, qui constitueraient le programme suivi par les États-Unis et permettraient ainsi d’éclairer le conflit, les seconds pourraient voir en Poutine celui qui accomplit le programme de Soljenitsyne de restauration de la « grande Russie », mais ils ne le font tant ils ont par le passé encensé le grand écrivain. On a vu ressurgir à cette occasion la vieille idéologie rance du « panslavisme » défendu par Alexandre Douguine, un philosophe dont la fille fut assassinée dans des conditions mystérieuses – le crime fut évidemment attribué aux services ukrainiens, mais il pourrait s’agir de règlement de comptes au sein de la caste dirigeante, le panslavisme n’étant pas, et de loin, l’idéologie dominante chez les oligarques.

    Je préfère ici m’en tenir aux quelques faits indiscutables – en évitant les récits et les spéculations des politiciens et des stratèges internationaux qui ont tendance à présenter leurs propres spéculations et leurs propres interprétations comme des vérités indiscutables. Et des faits admis, je voudrais me contenter que rappeler quelques grands principes de droit.

    On le sait bien, la discussion sur les responsabilités d’une guerre est toujours une affaire fort polémique. Hannah Arendt rapporte une boutade de Clemenceau : « Durant les années vingt, Clemenceau, peu avant sa mort, se trouvait engagé dans une conversation amicale avec un représentant de la république de Weimar au sujet des responsabilités quant au déclenchement de la Première Guerre Mondiale. On demanda à Clemenceau : “À votre avis, qu’est-ce que les historiens du futur penseront de ce problème embarrassant et controversé ?” Il répondit : “Ça, je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’ils ne diront pas que la Belgique a envahi l’Allemagne.” » L’histoire du mensonge au XXe siècle a montré que Clemenceau était exagérément optimiste. Si on revient au cas ukrainien, le fait est que le 25 février 2014, la Russie a envahi la Crimée et organisé un référendum qui a abouti au rattachement de la Crimée à la Russie. C’est le point de départ des événements qui vont se dérouler dans le Donbass et aboutiront en 2015 aux accords de Minsk. Il y a un autre fait non moins incontestable, c’est que c’est la Russie a envahi le quart du territorie ukrainien le 24 février 2022. Savoir si la Russie avait de bonnes ou de mauvaises raisons de le faire, savoir si les États-Unis avaient ou non entrepris de déstabiliser ce pays gigantesque qui n’a plus rien à voir avec l’URSS de jadis, c’est une autre affaire.

    Du point de vue du droit international tel qu’il a été inventé en 1648 par les traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente ans, la Russie a juridiquement tort. On pourra difficilement déclarer Poutine irresponsable. On peut lui chercher des circonstances atténuantes ou resituer tout cela dans le récit historique ou philosophico-historique, cela ne change rien aux faits, et, comme le disait Lénine, « les faits sont têtus ».

    Il y a une autre question de principe, la question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, revers de la médaille de la souveraineté nationale. Nous ne pouvons pas défendre la souveraineté nationale de la France et dénier celle de l’Ukraine. Même si le gouvernement de ce pays n’est pas très reluisant et s’il est fort corrompu, nous devons reconnaître la souveraineté de l’Ukraine. De la même façon que les horreurs dont s’était rendu coupable Saddam Hussein ne pouvaient justifier l’invasion de l’Irak en 2003, pour ne citer qu’un exemple. Le « droit d’ingérence » est une minable tentative faite par une bande de politiciens d’extrême-gauche ralliés aux « néocons » américains pour donner un vernis « humanitaire » aux diverses opérations militaires depuis les bombardements « humanitaires » sur Belgrade, les opérations en Afghanistan, et d’autres encore. La situation en Ukraine n’autorisait pas plus la Russie à intervenir, même si les minorités russophones et russophiles (ce n’est pas la même chose) étaient en butte à la répression organisée par les dirigeants de Kiev.

    On ne peut pas avoir des principes à géométrie variable. Je sais bien qu’il y a une vieille russophilie française qui s’entretient de la nostalgie de l’Union soviétique, du regret de son effondrement, qui expliquent que les vieux staliniens et cryptostaliniens reportent aisément les sentiments qu’ils avaient envers l’URSS sur les nouveaux maîtres du Kremlin. Mais cela ne justifie pas qu’on change de principes quand il s’agit de faits qui mettent en cause Poutine et son régime dont l’orientation de plus en plus autoritaire n’a cessé de s’affirmer.

    On n’oublie évidemment pas le double jeu et les manœuvres permanentes du gouvernement des États-Unis, qui serait fort heureux de déstabiliser complètement l’Europe pour pouvoir préparer le coup suivant : son règlement de comptes avec la Chine. Sachant tout de même que pour ce dernier enjeu, il est sûrement trop tard et que les rapports de forces internationaux sont complètement bouleversés. Les États-Unis entretiennent les conflits comme des moyens d’essayer de se maintenir à flot, alors qu’ils sont déjà entrés dans la spirale du déclin, comme l’Europe, d’ailleurs.

    Dans l’idéal, il faudrait exiger l’arrêt des hostilités, le retrait des troupes russes sur les frontières d’avant 2014 et l’organisation sous contrôle international de référendums dans les provinces du Donbass et de Crimée qui permettraient à ces peuples de choisir librement, sous la menace d’aucun fusil, ni russe, ni ukrainien, s’ils veulent rester ukrainiens – éventuellement avec un statut spécial – devenir indépendants ou rejoindre la république fédérative de Russie. Ce serait la seule solution conforme au droit international.

    Malheureusement, le droit international étant ce qu’il est, c’est-à-dire un droit sans force, cette hypothèse est fort improbable dans l’immédiat. Que pouvons-nous faire ? En vérité, peu de choses, sinon spéculer sur les intentions des uns ou des autres. Entre les exégètes de la pensée de feu Brzeziński et les kremlinologues qui lisent dans les pensées de Poutine, on ne sait plus où donner de la tête !

    Il me semble cependant qu’on peut se mettre d’accord sur des exigences minimales. La première étant celle d’un cessez-le-feu. Comme le dit Kant, il n’y aucun droit de guerre, la guerre est le contraire du droit et donc il faut l’arrêter. Pour qu’il y ait un cessez-le-feu, il faut cesser de nourrir la guerre et donc refuser de devenir « cobelligérants » en envoyant des armes, des armes dont tout le monde sait par ailleurs qu’elles ne font qu’entretenir la guerre. Si nous avions un gouvernement soucieux des intérêts du peuple, et de la paix, il ferait tout son possible pour favoriser les négociations entre les deux parties en guerre. Quitte à paraître naïf, il faut lever, au moins partiellement les sanctions contre la Russie, sanctions inefficaces qui ne favorisent que les Russes et les Américains et donc les nations d’Europe sont les premières victimes et même les seules victimes.

    L’attitude agressive à l’égard de la Russie ne sert que le régime de Poutine. Et tous les autres régimes, car l’entretien permanent de la menace guerrière est une des ressources essentielles de toutes les tyrannies. Nous aussi, nous subissons notre « quart d’heure de la haine », comme dans 1984. La guerre contre la Russie vient à point remplacer la guerre au COVID… Une politique d’ouverture, publiquement proclamée et adressée à l’opinion russe, par-delà ses gouvernants, pourrait être fort efficace pour faire reculer le pouvoir en place et ouvrir la marche vers la paix, dans le respect des principes de souveraineté nationale.

    Je lance une flèche. La ramasse qui peut.

    Denis Collin (La Sociale, 7 février 2023)

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  • Auxiliaires féminines et prisonniers de guerre allemands fusillés - Poitou 1944-1945...

    Les éditions des Indes savantes viennent de publier une enquête historique de Laurent Busseau intitulée Auxiliaires féminines et prisonniers de guerre allemands fusillés - Poitou 1944-1945. Diplômé en histoire et journalisme  au Québec, Laurent Busseau est l’auteur de nombreuses recherches et publications historiques, tant au Canada  qu’en France.

     

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    " Bourreaux nazis ou simples soldats, plusieurs prisonniers allemands ont été exécutés pour des raisons diverses entre 1944 et 1945 par « quelques balles bien ajustées… »Après une enquête de dix-sept ans sur la fin tragique de trois auxiliaires féminines de la Luftwaffe fusillées dans le cimetière d’un village poitevin, l’auteur a retrouvé plusieurs cas de prisonniers allemands fusillés et enterrés sans sépulture en 1944. Comme ailleurs en France, raconter des exécutions sommaires pose la problématique d’un tabou historique. Mais plusieurs archives ont fait tomber des silences libérant la parole d'anciens résistants, qui racontent les plaies d’une guérilla sans pitié, menant au crime de guerre.
    Albert Londres a écrit : « Notre métier n’est ni de faire plaisir ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie ». Cette plaie, c’est le mensonge qui contamine la réalité de l’Histoire. Ce livre permet de ne pas oublier que la guerre est une infâme ignominie, hier comme aujourd’hui. Il décortique un angle mort oublié par les historiens locaux : l’exécution sommaire de prisonniers de guerre allemands. "

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  • USA-Chine, la nouvelle guerre des mondes...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe du magazine, autour d'Olivier François, à l’occasion de la sortie du nouveau numéro, décrypte l’émergence de la "bimondialisation" : deux blocs - États-Unis et Chine - qui se font face, avec au milieu une Europe plus désarmée que jamais.
    On trouvera sur le plateau,
    François Bousquet, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique et Rodolphe Cart...

     

                                              

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  • Fugitifs...

    Les éditions Nouveau Monde viennent de publier une étude historique de Danny Orbach intitulée Fugitifs - Histoire des mercenaires nazis pendant la guerre froide. Docteur en histoire de l'université de Harvard, Danny Orbach est professeur associé aux départements d'histoire et d'études asiatiques de l'université hébraïque de Jérusalem.

     

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    " De l'Espagne à la Syrie, voici l'histoire incroyable et inédite des fugitifs nazis devenus agents de l'Amérique, des Soviétiques, du tiers-monde, ou “roulant” tout simplement pour eux-mêmes.
    Après la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont juré de traquer les criminels de guerre nazis « jusqu'au bout du monde ». Pourtant, nombre d'entre eux se sont échappés - ou ont été protégés par l'Ouest, en échange d'une coopération dans le cadre de la lutte contre le communisme. 
    Reinhard Gehlen, fondateur des services de renseignements extérieurs ouest-allemands, a accueilli des agents SS dans ses rangs. Cette décision a failli entraîner la chute de ce service qu'il chérissait, car le KGB a trouvé ses agents nazis faciles à retourner ou à dénoncer. Cependant, Gehlen n'était pas le seul à adopter cette stratégie cynique : les services secrets américain, soviétique, français et israélien, ainsi que les organisations nationalistes et les mouvements indépendantistes ont tous utilisé d'anciens agents nazis au début de la guerre froide.
    Les fugitifs nazis sont devenus des trafiquants d'armes, des espions et des assassins indépendants, jouant un rôle crucial dans la lutte clandestine entre les superpuissances. Dans des restaurants allemands huppés, des ports yougoslaves infestés de contrebandiers, des bastions fascistes dans l'Espagne de Franco, des planques damascènes ou des country-clubs égyptiens, ces espions ont créé un réseau d'influence et d'information très actif, un ingrédient explosif dans les luttes secrètes d'après-guerre.
    Riche en révélations provenant du Mossad et d'autres archives, le récit de Danny Orbach dévoile un pan oublié de la guerre froide, et des personnages hauts en couleur. Nimbée de secret défense, obscurcie par le mythe et la propagande, l'histoire extraordinaire de ces agents nazis n'avait jamais été correctement racontée - jusqu'à présent. "

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  • Immigration : et si la France payait son universalisme ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une tribune tonique d'Anne-Sophie Hamon, cueillie sur Breizh-Info et consacrée à l'identité française.

     

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    Immigration : et si la France payait son universalisme ?

    Être Breton, qu’est-ce que c’est ? C’est simple, être Breton c’est être issu d’une famille originaire des 9 provinces historiques de la Bretagne devenues 5 départements. A part le déménagement de quelques communes à la Révolution, les frontières de la Bretagne sont fixes depuis l’an 851, ce qui fait de la Bretagne un des pays avec les frontières les plus anciennes de l’Histoire. Chaque Breton a ses parents, ses grands-parents ou des ancêtres qui parlent breton ou gallo, sinon ce n’est pas un Breton. Point.

    Être Basque, qu’est-ce que c’est ?

    Au nord, être Basque c’est être issu d’une famille originaire de l’une des 153 communes qui constituent Iparralde (le Pays Basque Nord – 3 provinces traditionnelles), au sud c’est être issu d’une famille originaire des 4 autres provinces. La conscience d’être basque repose également beaucoup sur la langue : est basque qui parle basque (euskaldun). Mais le Basque étant parfois un peu raciste (même l’abertzale de gauche !), il se méfie naturellement de tout ce qui vient du sud de Elciego, terre des « Maketos y Moros » (les « Métèques et les Maures »).

    Être Corse, qu’est-ce que c’est ?

    Être Corse, c’est être issu d’une famille originaire de l’île de Corse patati patata…

    Être Français qu’est-ce que c’est ?

    La France n’est ni un peuple, ni une nation, ni une langue, ni une religion. La France c’est un « contrat social » dont les termes sont tellement vagues que chacun y met ce qu’il veut.

    La France n’a pas les frontières fixes de la Bretagne, du Pays Basque ou de la Corse. Les modifications sont permanentes. Parfois de quelques mètres ou hectares (1982 dans les Pyrénées, 1984, 1996, 2002 avec la Suisse, …), parfois de provinces entières (1860 : annexion de la ville de Nice, 1962 : indépendance de l’Algérie, 1975 : indépendance des Comores, …)

    La France a une langue, le français, qui a été imposée par la force, l’aliénation et un boulot à la RATP à la majorité de sa population. A la Révolution, seule 20% de la population française parlait le français. En 1914, le français est encore minoritaire dans les tranchées.

    La France a même le luxe d’avoir plusieurs grands héros de son histoire qui ne sont pas de langue maternelle « françoise ». Jeanne d’Arc parlait avant tout le champenois, lors de son procès le greffier fait plusieurs fautes de transcription car il a du mal à la comprendre et orthographie même son nom « Tarc ». Napoléon a appris le français à l’âge de 9 ans et conservera toute sa vie un fort accent corse, etc… . Toutes ces particularités de l’histoire linguistique de la France sont aujourd’hui gommées par le cinéma qui « réinvente » la France pour ne pas réveiller les « nationalismes régionaux ».

    Or, pris à son propre piège, le cinéma réinvente désormais l’histoire de France pour y caser au premier plan les tirailleurs sénégalais, les LGBT, les femmes, etc… . Pendant un siècle, le cinéma français a menti pour construire une histoire nationale à la France, aujourd’hui, il ment pour lui déconstruire cette même histoire. Fabuleux !

    Mais pire encore : aucun des champions actuels du nationalisme français actuels n’a…la moindre goutte de sang français dans les veines ! Eh oui ! Jean-Luc Mélenchon, qui représente un certain nationalisme jacobin de gauche, est né à Tanger au Maroc de parents d’origine espagnole. Marine Le Pen est née d’un père breton et d’une mère occitane. D’ailleurs aucun d’entre eux ne porte un nom français (Le Pen : la tête, le chef en breton; Lalanne : la lane : la lande en gascon), Eric Zemmour est né d’une famille algérienne d’origine berbère (Zemmour : azemmur : l’olivier en berbère), Jordan Bardella est d’origine italienne et algérienne (kabyle), Eric Ciotti est d’origine italienne par son père et sa mère, également porteuse d’un nom italien, est originaire de Nice, dernière ville importante rattachée à la France. Même le vieux jacobin Jean-Pierre Chevènement est issu d’une famille d’origine suisse les « Schwennemann » dont le nom a été francisé en « Chevènement » au XVIIIè, etc…

    De l’Autrichien Hitler, au Géorgien Staline en passant par le galicien Franco, c’est d’ailleurs une constante dans l’Histoire : certains étrangers veulent être plus « nationalistes » que les « nationaux » eux-mêmes, quitte à en faire des tonnes.

    Le but n’est pas ici de distribuer les bons points de qui est Français et qui ne l’est pas, mais bien de montrer une réalité : qu’est-ce que c’est la France puisque tout le monde peut être Français ? La France a-t-elle une « substance » ? Elle n’a ni limite fixe comme la Bretagne, ni langue partagée par tous de toute éternité comme le Danemark, ni une origine ethnique commune comme l’Allemagne, ni une religion d’état comme le Pakistan, ni une couleur de peau comme le Sénégal, ni quoi que ce soit qui la définisse précisément.

    La France est un « contrat social » dit-on. Basé sur la notion de « liberté », « d’égalité devant la loi » et de « souveraineté du peuple ».

    Parfait ! Donc en premier lieu, la France semble être née en 1789, lorsque les principes du « contrat social » de JJ Rousseau publié en 1762 vont être mis en application à la Révolution. De toute évidence, avant 1789, la France n’a aucune définition précise de ce qu’elle est. Comme il n’y a aucune définition de ce que c’est d’être français.

    Mais revenons au Contrat Social : la liberté c’est de faire ce que l’on veut. Le voile et les minarets partout c’est aussi une expression de la « Liberté ». C’est d’ailleurs au nom de la « Liberté de se vêtir comme bon leur semble » que ces dames portent le voile. L’installation de toute la misère en France, c’est aussi la liberté. La liberté de circuler, la liberté de pouvoir vivre en France, d’avoir des papiers.

    L’égalité devant la loi peut aisément se transformer en égalité devant Allah. C’est d’ailleurs ce qui a fait la force de l’islam : le fait de transformer le maître et l’esclave en créatures soumises en toute égalité à un dieu. Les seules à ne pas être aussi égales que les autres sont les femmes en Islam, mais chut ! Ne le le dites pas à votre nièce féministe intersectionnelle.

    Quant à la « souveraineté du peuple » : puisque tout le monde peut être français sans notion d’origine, le peuple peut être changé, remplacé, du moment qu’on ne lui enlève pas sa « souveraineté ». A Rennes, à Nantes, entre les bobos parisiens fatigués et les immigrés, il n’y a plus de Bretons d’origine, normal, en droit français chacun a le droit de s’installer partout où il le veut, même les étrangers c’est la « liberté » ! Le droit des populations d’origine ne compte pas puisque tous les citoyens ont les mêmes droits, notamment celui d’avoir un portefeuille bien burné. Partant, sur la côte basque, il n’y a plus de Basques, dans certaines villes bretonnes du littoral, il n’y a plus aucun Breton de souche. En Savoie, il existe des villes entières sans aucun Savoyard, Marseille n’est plus une ville provençale, etc… la « souveraineté du peuple » est donc, dans ces endroits-là, l’expression de la volonté des nouveaux habitants. Riches immigrés de « l’intérieur » ou pauvres immigrés de l’extérieur. A la Baule ou à la Trinité-sur-mer, cette souveraineté de parisiens en claquettes a débretonnisé ces deux villes, à Bobigny (maire : Abdel Sady), cette souveraineté populaire a défrancisé l’ancien petit bourg maraîcher (200 habitants en 1789, en 1933, Bobigny produit encore une partie des légumes consommés à Paris). Même logique, même grand-remplacement.

    Il faut bien comprendre que, nous en Bretagne comme en Corse ou au Pays Basque, le Grand Remplacement, nous n’avons pas attendu Renaud Camus pour le constater. A la seule différence que, pour nous, il n’était au départ pas Africain mais bien Français. Cela n’empêche qu’il a laminé nos langues et nos cultures avec autant d’efficacité !

    Le problème de la France il est là. Son universalité revendiquée ! Tout le monde peut être Français alors que tout le monde ne peut pas être Breton ou Basque. En se basant d’abord sur la conquête de territoire (la France actuelle n’est que l’expansion anarchique du domaine royal centré originellement autour de Paris) et ce par la force ou l’argent (la Corse a été achetée, la Louisiane a été vendue) puis sur le « contrat social » et « l’universalisme », la France a perdu toute substance. Toute origine. Tout enracinement. Toute définition même. De quel droit fermons-nous la porte à Ahmed Zoumir puisque nous avons accueilli les ancêtres d’Eric Zemmour ?

    Si la France était restée ce qu’elle était au Xè siècle : quelques arpents autour de l’Ile de France et de l’Orléanais, elle n’aurait peut-être pas « étonné le monde » mais elle aurait été, au moins, ethniquement définissable. Aujourd’hui, à force d’avoir accueilli tout le monde et d’avoir aliéné sa propre population tout en apprenant sa langue à la terre entière, elle a des Marseillais qui se convertissent à l’islam et des Maliens qui revendiquent Français car ils en ont « les papiers ».

    Car, oui, à force de francisation, de républicanisme jacobin et de mépris de la « province », la France a aliéné sa propre population. Un jeune de Loire-Atlantique ne sait même plus qu’il est Breton d’origine puisqu’il est né dans les « Pays de la Loire », une région totalement inventée en 1982. Un jeune de Strasbourg ne sait également plus qu’il est Alsacien puisque désormais il est un Grand-Estien. Pareil pour les jeunes flamands de Dunkerque qui sont devenus des « Hauts d’Franciens ». Mulhouse c’est le « Grand-Est » ? Eh bien demain, la France sera la région « Grand-Ouest » de la République Européenne ! Ou le « Grand Nord » du Califat d’Al Andalus reconstitué. Même logique, même punition. L’administration centrale décide. Aujourd’hui, c’est Paris, demain ça sera Bruxelles ou Bagdad !

    Gommer toute appartenance ethnique, « provinciale », toute langue régionale, tout accent, toute trace d’enracinement, ça a été la grande affaire de la République depuis 1792. D’où des jeunes français aliénés, qui n’ont aucune conscience ethnique. Puisque Mamadou est également français comme Alberto l’était devenu avant lui ! Comme prophétisé dans « Soumission » le roman de Houellebecq, ces Français aliénés pourront être demain de bons Français musulmans. Quelqu’un qui n’a plus d’ancrage local, d’enracinement, peut changer plusieurs fois de culture et de langue. Écoutez le langage de vos gosses : leurs ancêtres ont été débretonnisés, désoccitanisés ? Eux sont en train de se défranciser, à coup de « Wallah ! », de « Wech Wech » et de « Vas s’y, frère ». Après 1918, la mode, de Castelnaudary à Fougères était à l’apprentissage du français et à la mode de Paris. Aujourd’hui, elle est au charabia mi-arabe mi-congolais mi-globish et à la dernière mode d’Argenteuil-sur-Zambèze.

    Cette chute sans fin qui affecte la France était contenue depuis le départ dans son ADN bigarrée et corniaude. Le seul avenir, c’est la patrie charnelle, l’origine, la langue, les ancêtres, la terre, les morts, le réenracinement. Pas le Contrat Social, sinon autant habiter un Etat privé avec Elon Musk. Moi je suis Bretonne, mes ancêtres sont Bretons et je sais qui je suis. Ceux, immigrés Français ou immigrés d’ailleurs, qui ne veulent pas apprendre le breton ou le gallo et vivre « à la Bretonne », selon nos valeurs de travail, de respect de la parole donnée, d’enracinement et de Pâté Hénaff peuvent prendre la porte. De la même façon, les Bretons uniquement francophones et urbains qui ne veulent pas se « rebretonniser » (langues, vêtures, mentalité) et veulent rester des beaufs fascinés par Paris ou Ouarzazate, peuvent les suivre.

    Et jetez bien la clef en partant, merci !

    Anne-Sophie Hamon (Breizh-Info, 1er février 2023)

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  • Les snipers de la semaine... (250)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Vu du droit, Régis de Castelnau dézingue Le Monde et sa condamnation convenue du populisme judiciaire...

    Pour le Monde, le « populisme judiciaire » est à géométrie variable

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    - sur Hashtable, H16 allume ChatGPT, l'IA qui s'est déjà transformée en “commissaires politique” et juge de la bienséance...

    ChatGPT, le wokisme à portée des caniches numériques

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