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Métapo infos - Page 239

  • De quelle décadence parle-t-on ? Retour sur le débat Houellebecq-Onfray...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jure Georges Vujic à Polémia dans lequel il revient sur le débat entre Michel Houellebecq et Michel Onfray, publié ce mois-ci par la revue Front Populaire

    Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011),  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015) et Les convergences liberticides - Essai sur les totalitarismes bienveillants (L'Harmattan, 2022).

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    De quelle décadence parle-t-on ? Retour sur le débat Houellebecq-Onfray

    La revue Front populaire vient de publier une longue conversation entre l’écrivain Michel Houellebecq et le philosophe Michel Onfray sur le thème de la fin de l’Occident. Quel regard portez-vous sur ce thème ?

    L’idée de fin, de décadence ne date pas d’hier est l’on se souvient du vaste mouvement littéraire et artistique qui s’est développé en Europe au cours des vingt dernières années du xixe siècle et qui a donné ses lettres de noblesse avec Paul Bourget, Jules Barbey d’Aurevilly, Péladan ou Huysmans, et plus tard Valéry, et dans le domaine de l’histoire avec Spengler, Gibbon, Toynbee. Déjà dans l’entre-deux-guerres on parlait de l’agonie de l’Europe, alors qu’en 1921, s’inscrivant dans le sillage de Paul Valéry, Hofmannsthal se demandait « si “Europe”, en tant que vocable exprimant un concept spirituel, a cessé d’exister ». Onfray et Houellebecq ont le mérite d’ouvrir les véritables thématiques civilisationnelles de notre époque : déclin, peine de mort, grand remplacement, islam, transhumanisme, féminisme, spiritualité, euthanasie… qui sont autant de symptômes de ce qu’on appelle l’occidentisme. D’autre part, même si les deux penseurs se gardent bien d’adopter une posture r, il subsiste néanmoins en fin de lecture une sorte de non-dit, d’inachevé quant au telos, quant à l’interprétation téléologique du discours décliniste, une ambiguïté qui aboutit à mon sens à une forme de confusion sémantique et épistémologique entre l’idée et les vocables d’Occident et d’Europe qui se trouvent très souvent assimilables, voire interchangeables, tout au long de la conversation. Or le propre du désordre multiforme de l’époque contemporaine réside en premier lieu dans la confusion sémantique, qui va de l’altération, du déni de sens, au travestissement et la dénaturation des mots, du langage. Houellebecq à ce sujet pose la question qui est le dilemme central, après avoir fait le diagnostic acerbe et juste du déclin : « Je veux bien défendre l’Occident, mais encore faut-il qu’il mérite d’être défendu. » Car si l’on choisit de défendre l’Occident dans une perspective politique et culturelle de renaissance, sommes-nous bien sûrs de défendre ipso facto l’Europe en tant que culture et essence spirituelle ?

    Pouvez-vous clarifier cette confusion entre Europe et Occident ? Qu’est-ce qui différencie la civilisation occidentale de l’idée d’Europe ?

    Dans l’ouvrage Assomption de l’Europe, Raymond Abellio observe que « l’Europe est stable dans l’espace et la géographie, tandis que l’Occident est mobile ». Le concept d’Occident a évolué au cours de l’histoire et, déjà au xviiie siècle, on parlait de l’Occident comme du « Nouveau Monde » et du « système américain » par opposition à « l’hémisphère oriental » (Europe, Afrique et Asie), alors que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et du monde bipolaire, l’Occident était assimilé à l’Europe de l’Ouest et ses alliés (USA et Grande-Bretagne) par rapport au bloc de l’Est et à l’Union soviétique. Aujourd’hui, l’Occident comprend tous les pays économiquement développés, industrialisés et modernisés du monde, y compris le Japon, Taïwan, la Corée du Sud et l’Australie, ainsi que les anciens pays communistes, les États-Unis et l’Amérique du Sud. Le philosophe Alfred Korzybski rappelle qu’« une carte n’est pas un territoire » afin de montrer que le sens sémantique d’une sphère culturelle ou civilisationnelle ne coïncide pas nécessairement avec des catégories géographiques. Et en effet, aujourd’hui, l’Occident ne constitue pas une entité géographique homogène, mais une catégorie mentale transnationale qui transcende les spécificités nationales, ethniques et religieuses. La grande erreur de Huntington a été d’essayer de réduire l’Occident à des entités nationales et ethniques fermées, car aujourd’hui il n’y a plus de carte claire de l’Occident. On pourrait dire que tout ce qui constitue « l’occidentalisme » en tant que « mental spécifique » dans la « façon de penser et d’agir », dans la sphère sociale, culturelle, économique et politique appartient à l’Occident : démocratie de marché, économie de marché, héritage des Lumières, individualisme, idolâtrie de la technoscience, rationalisme, société de consommation. Par conséquent, la question du déclin de la civilisation européenne serait alors intimement liée par une sorte de nœud causal à l’émergence et la domination de l’Extrême-Occident. On pourrait même en conclure que les processus de déliquescence politique, sociétale et culturelle de l’Europe correspondent à la surextension du modèle extrême-occidental avec aujourd’hui toutes ses déclinaisons sociétales telles que la cancel culture, le wokisme, l’idéologie du genre, le transhumanisme, etc. L’Extrême-Occident serait en quelque sorte l’Europe après l’Europe, une Europe aux valeurs inversées, évoquée par le philosophe tchèque Jan Patocka selon lequel nous vivons dans le monde de l’« après Europe », que Patocka situait dès la fin de la Première Guerre mondiale. Une Europe dévoyée spirituellement par la « globalisation marchande » et « l’ère planétaire ». S’interrogeant sur l’héritage européen, Patocka constate avec raison que l’Europe a renié son identité originelle et sa vocation première, celle du « soin de l’âme » – thème socratique –, sacrifiant à l’adoption généralisée et démesurée du seul calcul de la puissance et des reliquats de sa suprématie déchue.

    Les États Unis sont-ils le principal vecteur d’occidentalisation dans le monde ?

    Il convient de rappeler que c’est au xixe siècle en Amérique que le mot « Occident » a été créé comme terme politique, afin que le nouvel État américain prenne ses distances avec le vieux continent européen. Cela est évident dans les premiers discours du président américain Jefferson, qui affirmait que l’Amérique représentait un « hémisphère séparé », ou un « méridien distinct » qui séparerait à jamais « l’hémisphère américain » de l’Europe. Dans l’hémisphère américain, comme il l’a appelé prophétiquement, « le lion et l’agneau vivront en paix l’un avec l’autre ». Après cela, la déclaration du président Monroe, qui deviendra plus tard la doctrine Monroe officielle, interdisait à toute puissance européenne d’intervenir dans l’hémisphère occidental américain. Une telle construction sémantique et géopolitique de « l’hémisphère occidental américain » reflète une profonde différence entre l’Europe et l’Occident, qui diffèrent par essence et dans le sens spirituel et géopolitique. Une telle division reposait sur l’opinion que ces deux entités, l’européenne et l’occidentale, ces deux mondes, l’ancien et le nouveau, étaient radicalement opposés. C’est à cette époque que se sont cristallisées les visions manichéennes de l’Amérique comme patrie de la liberté et de l’égalité, et de l’Europe comme pays d’inégalité sociale et d’esclavage, de l’Amérique comme pays de paix et d’harmonie, et de l’Europe comme pays de guerre et de corruption. Ainsi, le « méridien occidental » a toujours été au service du maintien de la dichotomie binaire manichéenne du bien et du mal. On retrouve la filiation d’une telle vision de l’extrême Ouest américain dans le protestantisme puritain militant, qui prônait le retour à la terre promise en tant que peuple élu. À cet égard, la doctrine Monroe est une transposition politique et sécularisée d’une telle mentalité américaine sécessionniste. On pourrait dire que dans ce contexte la prophétie de Hegel s’est réalisée : « L’Amérique s’opposera à l’Europe dès qu’elle aura conquis les pays continentaux de la frontière occidentale de l’océan Pacifique. » Ainsi, ceux qui identifient aujourd’hui l’Europe à l’Occident, en dépit des discours philosophiques et historiques fondamentalement divergents, accepteraient consciemment ou inconsciemment la vision américaine du monde qui cherche à intégrer l’Europe dans la nouvelle matrice de l’Extrême-Occident (États-Unis et sphère mondialiste). D’autre part, le principal vecteur d’« occidentalisation » dans le monde et pas seulement en Europe réside dans le soft power de l’idéologie techno-utopiste californienne qui se diffuse par le biais d’une disruption technologique permanente et qui parachève le vaste processus de colonisation de l’imaginaire européen depuis la première modernité jusqu’à nos jours.

    Étant donné que l’Occident d’aujourd’hui constitue un système-monde américano-centré où prédominent l’utilitarisme pragmatique protestant et le rationalisme technoscientifique, l’Extrême-Occident symboliserait « l’âge de fer planétaire » contemporain dont parle Edgard Morin, dans lequel les processus et phénomènes accélérés de modernité et de postmodernité métastasent, conduisant à des extrêmes (anomie sociale, liberté réduite à un code de consommation, règne de la quantité, primauté de l’économie et de l’utilitarisme dans toutes les sphères de la vie, etc.) qui se manifestent dans les mégalopoles occidentales, de Londres et New York à Tokyo. Un Occident qui, s’étant détaché du centre spirituel incarnant le « nomos européen » et la continentalité tellurique schmittienne, intègre au contraire et promeut la fluidité néo-libérale, une civilisation technoscientifique dévastatrice. Cet Extrême-Occident n’est rien d’autre que le reflet d’une image pervertie, voire inversée, de l’esprit européen qui, quelque part au tournant du xvie siècle, avec la pénétration de l’interprétation protestante-humaniste du monde et la lutte contre la Renaissance chrétienne et le platonisme, a donné naissance aux Lumières, sous l’influence de l’empirisme anglo-saxon et du positivisme libéral. C’était l’époque où, avec le processus de sécularisation d’individualisation, la spiritualité, la politique, la culture et l’éthique se dissolvaient déjà de l’intérieur, processus du « désenchantement du monde » évoqué par Weber.

    Y a-t-il alors selon vous un sens à donner à la résistance face à ce processus de déclin de l’Occident ?

    On le voit bien, l’Extrême-Occident est une dynamique de flux sans territoire et limites précises, car, depuis la chute de l’Union soviétique, la délimitation de « l’aire occidentale » en tant qu’espace de culture commune s’est élargie, mais elle reste mouvante selon les circonstances et les points de vue, surtout si l’on prend en compte les mouvements d’immigration massive et les bouleversements démographiques au niveau global. Les pays ou les régions qui constituent à l’heure actuelle l’Occident ne peuvent pas être identifiés de manière fixe : ceci en raison du fait que la notion même d’Occident renvoie à des dimensions culturelles, idéologiques, politiques, économiques et sociales diverses et difficiles à définir. Même si certains pays sont fréquemment associés à la notion d’Occident : l’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale, mais aussi les anciennes colonies d’outre-mer car elles sont encore majoritairement peuplées d’Européens (Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande), et il se pourrait bien que, dans quelques années, l’Occident au gré des brassages culturels et des bouleversements démographiques corresponde à une vaste zone géoculturelle indifférenciée de consommation uniforme, où les peuples autochtones et les cultures populaires et nationales auront disparu. La délimitation du concept d’Occident est donc subjective, c’est-à-dire qu’elle dépend de la périodisation, des interlocuteurs et des circonstances historiques. L’Occident impérial durant l’Antiquité tardive (Imperium romanum, pars occidentalis) n’est pas celui de l’Occident du Moyen Âge, de la Res publica christiana, l’Occident de la Révolution française était la négation de l’Occident chrétien monarchiste, tout comme l’Occident de la modernité industrielle du début du xxe siècle n’a rien à voir avec l’Occident postnational du xxie siècle. À travers ce vaste mouvement historique de mutation de l’idée occidentale, l’occidentalisation en tant que fer de lance idéologique de la modernité progressiste révolutionnaire a plutôt agi à l’encontre de l’Europe en tant que communauté organique et charnelle. L’Occident ayant embrassé le discours dominant mondialiste, libéral et sansfrontiériste, était devenu le principal agent de dissolution et de dépossession identitaire et culturelle des peuples européens. Le sentiment contemporain de dépossession et d’insécurité culturelle des sociétés européennes s’inscrit donc dans cette continuité de dissolution. C’est aussi pourquoi certaines nations extra-européennes et perdantes de la mondialisation réagissent à la « Westoxification » (empoisonnement par l’Occident) de leurs sociétés.

    Il y a d’autre part dans le terme Occident emprunté au latin occidens quelque chose de fataliste et de prémonitoire, puisqu’il est composé de cadere qui signifie « tomber, choir », « succomber, périr », ce qui supposerait que l’Occident (traduire littéralement « soleil couchant ») porterait en soi dès les origines les germes de son propre déclin et c’est ce qu’avait développé Spengler dans Le Déclin de l’Occident à travers la démesure de sa phase faustienne, la mécanisation du monde étant entrée dans une phase d’hypertension périlleuse. Les symptômes de la décadence de la modernité : le désenchantement du monde, sa quantification, sa mécanisation, l’abstraction rationaliste et la dissolution des liens sociaux, ont été consommés il y a longtemps, que le mal postmoderne accentue sous les formes nouvelles et délétères d’un nouveau progrès technofuturiste du transhumanisme, du wokisme, l’indifférenciation des genres, mais ce qui est nouveau c’est que ce même processus déliquescent dilue en quelque sorte les maux de la modernité, tout en liquidant toute foi en un projet reconstructeur ou refondationniste. Ce mal est par essence un mal postgénérationnel, posthistorique, puisqu’il s’efforce de dissoudre l’idée même de responsabilité et de transmission générationnelle. Ne pas s’attaquer aux racines du mal reviendrait à reconduire les effets déliquescents. Alors, l’ultime posture subversive (voire restauratrice ou patrimonialiste), se réduira à sauver en quelque sorte les « pots cassés » de ce qu’il reste de l’identité européenne. Sauvegarder les restes d’une culture occidentale muséifiée sans ressort vital, et se faire les gardiens d’un patrimoine, d’un héritage sans héritiers. Le dissident, le rebelle se transformerait alors en archiviste de musée, faisant l’inventaire des lieux « avant liquidation » en attendant la fermeture définitive.

    Jure Georges Vujic (Polémia, 14 décembre 2022)

     
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  • Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie et l'Institut Illiade viennent de publier un essai inédit en français de Giorgio Locchi intitulé  Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste.

    Philosophe, journaliste et essayiste, Giorgio Locchi (1923 – 1992) fut l’une des figures majeures de la Nouvelle Droite. Ayant rédigé de nombreux articles dans les colonnes de Nouvelle École, d'Éléments, d'Il Tempo, d'Intervento et du Secolo d’Italia, Giorgio Locchi est aussi l’auteur d’ouvrages importants comme DéfinitionsLes textes qui ont révolutionné la culture non conforme, Le mal américain ou L’essence du fascisme. « Sans Giorgio Locchi et son œuvre, écrira Guillaume Faye, la véritable chaîne de défense de l’identité européenne serait probablement rompue.»

     

    Locchi_Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste.jpg

    " La musique tonale européenne a façonné un nouveau sentiment du temps de l’histoire, un temps tridimensionnel et non plus linéaire, dans lequel se déploie la plénitude de l’homme et de son devenir. De ce sentiment est née une nouvelle vision du monde, qui a d’abord pris corps avec l’œuvre artistique de Richard Wagner et, peu après, avec l’œuvre philosophique de Friedrich Nietzsche. Ainsi est né le « mythe surhumaniste », que Giorgio Locchi met ici brillamment en lumière à partir de la parenté intellectuelle et philosophique qui unit Nietzsche à Wagner. Dévoilant la portée de ce mythe, Giorgio Locchi témoigne d’une pensée radicale et exigeante, héritière de ses deux illustres prédécesseurs, qui nous somme plus que jamais d’établir une stratégie pour l’interrègne, cette période de l’attente, destinée à trouver sa conclusion soit dans le triomphe de la tendance égalitaire et dans la « fin de l’histoire », soit dans la « régénération de l’histoire » et dans l’affirmation européenne du surhumanisme. "

     

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  • Encore l'Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une longue intervention de Julien Rochedy consacrée à la supériorité de l'Occident... Un Occident qui recouvre dans son esprit l'Europe de l'ouest et l'Amérique du nord...

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy, qui est une figure montante de la mouvance conservatrice et identitaire, a déjà publié plusieurs essais dont Nietzsche l'actuelL'amour et la guerre - Répondre au féminisme et Philosophie de droite.

     

                                             

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  • Erreur mortelle...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier Erreur mortelle, un roman policier de Philippe Randa. Journaliste, éditeur et écrivain, Philippe Randa a publié au Fleuve noir de nombreux polars et romans de science-fiction. Il est également l'animateur du site Eurolibertés.

     

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    " Alban Féréol est directeur d’une grosse agence de publicité. Avec son épouse Isabelle, qui tient une jolie boutique de mode, ils forment un couple moderne et vivant dans l’aisance.
    Mais tout bascule quand Alban retrouve sa jeune baby-sitter, Isabelle, morte assassinée en haut des escaliers de sa grande maison bourgeoise. Il n’y a aucune trace de vol ou d’effraction. Alban sait qu’il n’est pas l’assassin, mais le problème est qu’il a couché avec la victime à peine une heure auparavant. La Police conclura forcément qu’il est le coupable. Il va donc se débarrasser du corps.
    Mais tout ne se passe pas aussi facilement que prévu.
    Cette fille, il n’aurait jamais dû l’approcher !
    Une intrigue digne de Boileau & Narcejac. "

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  • La presse peut-elle être libre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré à la liberté de la presse...

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

    Contrôle des médias.png

     

    La presse peut-elle être libre ?

    La liberté de la presse est l'un des piliers fondamentaux de toute démocratie. Cette antienne est répétée en boucle, tel un mantra, par tous ceux qui s'enorgueillissent de vivre dans l'une de ces - généralement autoproclamées - « démocraties », au premier rang desquelles on trouve bien évidemment la France, nation pionnière en la matière et phare de l'humanité depuis lors. Dès l'école primaire, nos chères petites têtes de moins en moins blondes sont bercées par les hymnes d'autocélébration de la « patrie des droits de l'homme », farouche garante de l'impeccable indépendance et de la totale liberté des médias qu'elle accueille en son sein généreux et maternel. En France, la presse est totalement libre, c'est une évidence pour tous. La preuve ? L'article 11 de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dispose que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi » et l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme affirme également la protection de la liberté de la presse. Sans compter, bien évidemment, la loi de 1881 que le monde entier nous envie ! C'est donc incontestable, la presse est libre en France, puisque, on le sait bien depuis l'avènement de la modernité, il suffit d'énoncer théoriquement un « droit » pour lui donner vie, consistance, réalité et efficience.

    Mais si quelques esprits curieux, voire téméraires, tentaient de regarder au-delà de la propagande et de l’image d’Epinal, que découvriraient-ils ? Et bien, ils apprendraient par exemple que la France n’est que 26e au classement de la « liberté de la presse dans le monde » établi chaque année par le réseau Reporters sans frontières, bien en dessous du Costa-Rica et de la Namibie, juste derrière Trinité et Tobago. Certes, on pourrait considérer que 26e sur 180 pays, ce n’est pas si mal que cela et ce serait sans doute le cas si la France ne prétendait pas être un parangon de vertu dans ce domaine et ne passait pas son temps à donner des leçons aux autres nations.

     

    Comme souvent (toujours ?) l’état des lieux concret est bien moins flatteur que le paysage idyllique dessiné par discours officiel. Il est d'ailleurs même bien pire que ce que ce classement pourrait laisser penser. En effet, il faut en réalité être un bien piètre observateur, un naïf ou un complice de cet état de faits, pour ne pas avoir conscience que la presse française est très largement muselée, entravée, soumise et bâillonnée. Et il ne s'agit pas d'une situation circonstancielle, temporaire ou passagère mais bien le résultat de sa structuration même, de son organisation, de son mode de fonctionnement et bien sûr, en premier lieu, de financement. Qui paye, commande. C'est un adage aussi invariable qu'intemporel et indiscutable. Or qui (se) paye la presse française ? D'une part une poignée de milliardaires mondialistes, de l'autre l'Etat. Deux grands argentiers dont la défense de la liberté d'expression et la promotion de la pluralité des opinions n'est pas exactement la principale préoccupation.

    Pour les premiers (Dassault, Bolloré, Lagardère, Křetínský, Niel...), il s'agit de s'acheter des moyens de « soft power » au service de leurs intérêts économiques tout en se prémunissant contre de possibles enquêtes ou accusations pouvant nuire à ceux-ci. Tous entièrement acquis à la même idéologique surplombante – le capitalisme libéral sans-frontièriste -, malgré des nuances cosmétiques permettant de donner l'illusion de la diversité, ces milliardaires dépensent des sommes colossales, qui se comptent en millions d'euros tous les ans, pour maintenir artificiellement en vie des titres de presse itérativement déficitaires, évidemment condamnés à la complaisance perpétuelle envers leurs bienfaiteurs/sauveteurs. La France est d'ailleurs particulièrement en pointe dans ce phénomène de « concentrations verticales » qui fait que, derrière le foisonnement des présentoirs des kiosques et des maisons de la Presse, on retrouve systématiquement les mêmes groupes, devenus tout puissants, et donc les mêmes intérêts.

    Du côté de l'Etat, un peu de la même façon mais avec l'argent public, on achète, par l'intermédiaire des « aides à la presse », un filet de sécurité face à des médias « d'opposition » qui ne dépasseront jamais les limites de la bienséance ni ne mordront bien violemment la main qui les nourrit partiellement.

    Ainsi la presse française se retrouve dans cette situation aussi ubuesque que schizophrène d'être à la fois subventionnée par l'Etat et (souvent grassement) rémunérée par l'oligarchie libérale qui prétend pourtant vouloir la quasi-disparition de celui-ci. Comme quoi, lorsqu'il s'agit de museler et de châtrer le « 4e pouvoir », les prétendus farouches adversaires parviennent très bien à s'entendre.

    Ainsi le plus libertaire et véhément des éditorialistes de Libé aura beau continuer à se prétendre (et parfois à se croire) un grand révolutionnaire, il n'en est pas moins, de fait, à la fois un fonctionnaire de l'Etat et un domestique du grand capital.

    Il existe cependant, fort heureusement, des exceptions à cette tendance (plus que) lourde. Elles sont rares. Dans le spectre « institutionnalisé » et bien pensant, elles se comptent sur les doigts d'un main (Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo, Le Monde Diplomatique...), au-delà, elles sont à peine plus nombreuses et se situent dans les « marges » politiques, celles de l'engagement et du militantisme. Car l'indépendance financière est le premier et le plus important garant de cette liberté tant vantée. Elle permet de penser et de dire ce que l'on veut, d'attaquer qui le mérite et de servir l'intérêt général plutôt que des intérêts particuliers. Elle est malheureusement également généralement synonyme de précarité, d'absence de visibilité, d'audience et de diffusion limitées.

    Alors oui, il existe bien une presse libre en France mais elle est ultra-minoritaire, pauvre et fragile. C'est pourquoi elle a un besoin vital de lecteurs, plus nombreux, qui ne soient pas que des consommateurs mais des acteurs de sa survie et de son développement. Car si les peuples ont les gouvernements qu'ils méritent, ils ont aussi des médias à leur image. A chacun donc de savoir quel reflet il souhaite voir apparaître en ouvrant les pages d'un journal ou d'une revue.

    Xavier Eman (A moy que chault !, 12 décembre 2022)

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  • Les snipers de la semaine... (247)

    Lino Ventura.jpg

     

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Hashtable, H16 flingue le gouvernement et sa funeste politique énergétique...

    C’est bon, détendez-vous, on passe l’hiver !

    Economies d'énergie.jpg

    - sur le site de la revue Éléments, Olivier François prend dans sa ligne de mire Agnès Pannier-Runacher...

    Faut-il sauver Agnès Pannier-Runacher ?

    Pannier-Runacher.jpg

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