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Métapo infos - Page 1473

  • Vers un monde sans Union Européenne ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site de l'agence de presse Ria Novosti et consacré à la crise de l'Union Européenne...

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    Vers un monde sans Union Européenne ?

    Les espagnols auront entendu au moins une bonne nouvelle durant cette année 2012: ils ont bien la meilleure équipe de football d’Europe. Mais une sombre coïncidence se confirme: les derniers vainqueurs de l’euro de la décennie sont dans une situation proche de la faillite économique, Grèce (2004) et Espagne (2008 et 2012).

    En Europe, pas un mois sans une "réunion de la dernière chance", pas un jour sans que les mots "marchés financiers" ou "crise financière" ne viennent inquiéter la grande majorité des européens quand à leur avenir proche. Mois après mois ces réunions entre membres de l’Union Européenne construisent toutes des solutions provisoires, pour éviter l’éclatement de la zone Euro, et peut être celui de l’Union Européenne. Pour les citoyens des pays de l’union, le spectacle devient tragique : les pays à bout de souffle demandent comment emprunter encore plus, les autres donnent des conseils : travailler plus et gaspiller moins.

    Les mauvais élèves de la classe ("les médiocres" dirait le politologue Biélorusse Vadim Gigin) espèrent que les élections en Allemagne en 2013 verront la chute politique du système Merkel, afin de permettre la mise en place d’euro-bonds destinés à mettre en commun (mutualiser) les dettes d’états via des euro-obligations. Ce système d’euro-bonds aurait pour conséquence directe qu'en cas de faillite d'un Etat les autres seraient "tenus" de rembourser sa dette. Autrement dit, il s’agit de faire payer l’ensemble des états encore relativement sains en jouant sur le principe de "solidarité financière". Et peut être un choc psychologique pour les marchés, destinée à aider les derniers de la classe, en faisant baisser les taux d’intérêts spéculatifs.

    Un ami, proche des hautes instances de la commission européenne, me confiait récemment qu’il estimait que l’Union Européenne allait faire face à 10 ou 15 ans de crise. Je me suis immédiatement demandé si les dettes des états pouvaient disparaître en 15 ans, et par quelle méthode dont personne n’a encore parlé. Pour le moment, on ne parle que d’emprunter de moins en moins. Il y a d’autres observateurs de haut niveau beaucoup moins optimistes.  Pour l’ancien ministre des finances russe Alexeï Koudrine, la zone euro va à la dislocation. Selon lui, la prochaine sortie de la Grèce de la zone euro devrait avoir pour conséquence d’aggraver considérablement la pression sur l'Espagne. Une opinion partagée par les analystes de Capital Economics pour qui l'effondrement de la zone euro se produira vraisemblablement en 2013, soit une décennie après son entrée en vigueur. L’UE sans gouvernement fédéral ne semble pas être en mesure d’aider ses membres à s’en sortir et la petite Ile de Chypre, menacée par une situation à l’Islandaise, va chercher des aides en Russie et en Chine.

    A la frontière de l’Union Européenne, le cas russe devrait être mieux analysé par les experts européens. Il ne faut pas oublier que pendant les années 90, la situation financière et sociale en Russie était bien plus grave que dans la Grèce ou l’Espagne d’aujourd’hui. Aujourd’hui, les élites russes de toutes les tendances politiques, ne souhaitent pas revenir aux années 90, et remettre les mains dans l’engrenage de l’endettement maladif et compulsif. Les budgets russes sont gérés avec une grande prudence, c’est l’équilibre ou l’excédent qui sont visés, et l’état a constitué des réserves pour faire face aux imprévus.

    Dire qu’en Russie tout est basé sur les hydrocarbures, et dire qu’en Chine tout repose sur le faible cout de la main d’œuvre n’explique pas totalement pourquoi ces deux pays poursuivent leur croissance économique et accumulent des réserves de change. En Russie comme en Chine, le contrôle du pouvoir politique sur la planification de l’économie est une réalité. Un état fédéral puissant qui exerce son autorité sur l’économie privée et sur les marchés, c’est peut être bien ce qui manque à l’Union Européenne.

    Cette crise politique et économique de l’UE est à replacer dans un contexte plus large que le continent européen. Comme l’a très justement rappelé récemment Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères: "la crise ne vient pas d’Europe, Lehman-Brothers n’était pas une banque Européenne". La crise vient d’outre atlantique, c’est une crise de tout le système occidental, et l’Europe paye aujourd’hui très cher les conséquences en chaine de la crise des sub-primes américaines. Le monde a changé à une vitesse fulgurante. L’opposition des idéologies communiste et libérale/occidentale avait au moins le mérite de structurer la planète. Lors de la victoire de l’idéologie libérale, une idée nouvelle est apparue : Un accord planétaire, autour d’un modèle économique et politique, idéal et unique, serait peut être possible. La victoire du modèle capitaliste paraissait définitive, et on pensait généralement que l’idéologie du vainqueur serait fonctionnelle, peut être pour toujours. On a même rêvé à cette époque de la fin historique des idéologies. Pour Francis Fukuyama par exemple, l'Histoire devait en effet s'achever le jour où un consensus universel sur la démocratie mettrait un point final aux conflits idéologiques.

    Or, 23 ans seulement après la parution de la thèse de Fukuyama, ce système "global-occidental" (globalitariste disent ses détracteurs) parait de moins en moins fonctionnel, et ce consensus universel sur la démocratie plus vague que jamais.

    Où est passé l’optimisme qui régnait en occident au moment de la disparition de l’URSS? Et cette idéologie libérale démocratique mondialiste idéale qui allait enrichir tous les peuples de la planète? On comprend peu à peu que si l’idéologie libérale a accéléré la globalisation, cette globalisation a sans doute directement contribué à la destruction de la domination occidentale, via l’affaiblissement de son idéologie bien sur, mais aussi via l’apparition de nouveaux modes de gouvernance politico-économiques, et de nouveaux systèmes de valeurs.

    On peut aujourd’hui se poser la question suivante: et si c’était finalement le système d'exploitation du monde occidental (politique, économique et moral) qui ne fonctionnait plus?

    Alexandre Latsa (Ria Novosti, 4 juillet 2012)

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  • Du surréalisme au fascisme...

    Les éditions Via Romana publient Jean Fontenoy, aventurier, journaliste et écrivain, une biographie signée par Philippe Vilgier. Docteur en sciences politiques, Philippe Vilgier a publié plusieurs ouvrages consacrés à la droite avec Francis Bergeron (dont un réjouissant Paris by right - Guide de l'Homme de droite à Paris, au début des années 90 !...).

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     "Journaliste et écrivain, homme d’action aussi à l’aise avec une machine à écrire qu’avec un pistolet-mitrailleur, Jean Fontenoy (1899-1945) a participé aux convulsions révolutionnaires de la première moitié du XXe siècle : avant-garde littéraire, Grande Guerre, Russie bolchevique, Chine de Chiang Kaï-chek et des Seigneurs de la guerre, drogue, engagement sur le front finlandais en 1939 contre l’URSS, enfin adhésion militante à la politique de Collaboration avec l’Allemagne nationale-socialiste.
       Fidèle à ses origines modestes, il est cependant toujours resté hanté par la question sociale dans les tours et détours souvent complexes de sa vie.
       Correspondant de presse, responsable d’agence, fondateur et directeur de journaux, auteur d’articles et de livres remarqués, Jean Fontenoy a participé, avec une réelle indépendance d’esprit et le souci d’être au cœur des événements, à la vie politique et culturelle de son temps, et notamment à l’évolution du nationalisme français de l’entre-deux-guerres.
       Voici la première biographie non romancée de cet étonnant personnage, fondée sur une documentation ample et précise, et présentée du point de vue de l’histoire des idées politiques."

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  • « Le quota de Robert Ménard est dépassé »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Francis Richard, cueilli sur le site suisse Les Observateurs, qui revient en détail sur l'"affaire Ménard"... Bienvenue en Normalie !... 

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    « Le quota de Robert Ménard est dépassé »

    En France, sur 36 000 journalistes professionnels, 2 000 à 3 000 osent se dire de droite. Parmi ces journalistes anormaux – puisqu’ils ne sont pas de gauche –, une poignée, qui ne se compte pas sur les doigts des deux mains, fait parler d’elle plus que de raison. Ce qui est proprement intolérable et ne sera donc plus toléré en Normalie, ce nouveau régime inauguré par le camarade-président Hollande.

    Ces quelques suspects, à qui il convient de clouer le bec, qu’ils ont trop grand ouvert, s’appellent, dans l’ordre alphabétique, Jean-Jacques Bourdin, Eric Brunet, Philippe Cohen, Elisabeth Lévy, Robert Ménard, Ivan Rioufol et Eric Zemmour. Ils n’ont bien sûr aucun talent et ne doivent leur audience qu’à leurs piètres provocations de droite.

    Ces journalistes anormaux, qui, en d’autres temps et en d’autres lieux, auraient été enfermés, comme de juste, dans des asiles psychiatriques pour les empêcher de nuire à autrui, doivent progressivement disparaître du paysage audiovisuel français, où ils font taches.

    Comme ils travaillent sur des chaînes de télé ou des stations de radio privées, les patrons de ces dernières ont tout de même bien le droit de se séparer de leurs services quand bon leur semble, sans avoir à subir la moindre pression.

    Le scénario d’éviction est d’une simplicité biblique. Une émission d’un de ces anormaux déplaît aux censeurs de la gauche bien-pensante. Pour leur complaire, les patrons de la chaîne de télé ou de la station de radio en question, sous couvert de concertation, proposent alors au coupable, qui est « libre » d’accepter ou de refuser, une émission de rechange, où sa capacité de nuisance sera réduite, voire anéantie.

    Vous avez aimé ce scénario, où Eric Zemmour a récemment tenu la vedette. Vous adorerez maintenant celui, dont Robert Ménard est le protagoniste.

    Petit rappel. Pour son émission Z comme Zemmour du 23 mai dernier, sur RTL, consacrée au favoritisme pénal du nouveau Ministre de la Justice, Christiane Taubira, le journaliste Zemmour a été sanctionné. Sa chronique quotidienne sera remplacée à la rentrée de septembre par une chronique bihebdomadaire. Na!

    Que RTL vienne d’être rappelée à l’ordre au sujet de cette émission par le CSA, l’autorité de censure audiovisuelle du régime, n’est que pure coïncidence…

    Robert Ménard, fondateur de Reporters sans frontières, s’est déjà signalé dans un passé récent par son indocilité répréhensible et son anormalité. Dans un livre intitulé Vive Le Pen, il n’a certes pas invité à voter Front National, mais il a écrit, tenez-vous bien, que ce parti était un parti comme les autres puisqu’il n’était pas interdit et que ses électeurs ne devaient pas être ostracisés…

    Cette fois, dans son émission quotidienne du 18 juin dernier, à 17h45, Ménard sans interdit, sur I-Télé ici, la chaîne d’informations en continu du groupe Canal+, le journaliste a franchi la ligne rouge, couleur qui lui est interdite, comme à tous ses semblables. Il recevait Louis-Georges Tin, président du CRAN, le Conseil représentatif des associations noires, qui veut faire voter par le Parlement français une loi pour imposer la représentation de la « diversité » à l’Assemblée nationale.

    Qu’entend par « diversité » ce brave homme dont la rondeur sereine doit tout au fait qu’il est maintenant du côté du manche? Selon lui, les noirs, les arabes et les asiatiques sont la « diversité ». Or ils ne sont que dix à la représenter à l’Assemblée nationale – moins deux, Kader Arif et George Pau-Langevin, devenus, depuis, membres du gouvernement Jean-Marc Ayrault – alors que dans le pays la « diversité » représenterait de 10% à 12% des citoyens français.

    Louis-Georges Tin prétend que sa religion n’est pas faite sur la manière dont la « diversité » pourrait parvenir à être représentée à l’Assemblée nationale. Des quotas? Pourquoi pas? Mais dans l’audiovisuel les quotas n’ont pas été nécessaires pour obtenir à la télé un grand nombre de journalistes de la « diversité ». Comment cela s’est-il produit? Grâce à un outil statistique, le baromètre de la diversité, mis en place en 2009 par le CSA, « qui compte clairement le nombre de personnes noires »…

    Louis-Georges Tin préconise donc la création d’une commission composée d’élus de gauche comme de droite, à l’Assemblée nationale comme au Sénat, pour en débattre. Robert Ménard n’arrive toutefois pas à obtenir de lui une réponse nette à la question: « Que fait-on concrètement? », parce que son interlocuteur prétend n’avoir pas d’idées derrière la tête…

    Au cours de l’entretien Robert Ménard dit que l’important, pour lui, n’est pas qu’un journaliste-télé soit noir, mais qu’il soit excellent et que la seule chose qui l’intéresse est que « la télé nous dise la vérité ». Pour lui le mot race n’est pas choquant, c’est le racisme qui l’est.

    Au cours de l’entretien, surtout, Robert Ménard ose souligner, ou obliger à reconnaître, les contradictions de Louis-Georges Tin:

    • Pour ce dernier la non-représentation des blancs en outre-mer n’est pas la même chose que la sous représentation des noirs dans l’hexagone…
    • Le CRAN refuse les statistiques ethniques, mais verrait d’un bon œil les statistiques de la « diversité »…
    • Le CRAN dit que les races et les ethnies n’existent pas, mais qu’il existe des gens de couleur « qui sont discriminés à cause de ça » (Robert Ménard avec son franc-parler parle de « truc de faux-cul »)…et que c’est de la « discrimination raciale ».
    • Louis-Georges Tin dit: « Je pense que ce n’est pas en changeant les mots qu’on change les choses » à propos de la suppression par Hollande du mot race dans la Constitution, mais utilise à la place le terme de « diversité ».
    • Vouloir que la « diversité » soit représentée n’est-ce pas « mettre le doigt dans un engrenage terrible »: les homosexuels, les pieds-noirs ne vont-ils pas « nous dire la même chose »?

    Robert Ménard reconnaît qu’il fait du mauvais esprit quand il remarque, à propos de quotas, que, parmi les trois premiers pays où il y a le plus de femmes au Parlement, figurent le Ruanda et Cuba, ces « dictatures de merde »…Louis-Georges Tin lui demande alors de ne pas être arrogant à l’égard des pays du Sud (sic) et ajoute que « cela veut dire qu’il y a des dictatures qui font mieux que nous »…

    A la fin de l’entretien qui dure un peu moins de 10 minutes, Louis-Georges Tin dit que le seul fait d’énoncer le problème peut faire changer les choses. A quoi Robert Ménard lui répond:

    « En tout cas, je vous souhaite bonne chance, même si, vous l’avez compris, je pense que c’est une connerie. »

    Un peu plus tôt, comme Robert Ménard est pied-noir et comme il a osé parler de revendication possible des 4 millions de pieds-noirs à vouloir être représentés, Louis-Georges Tin lui a fait cette réponse prémonitoire:

    « Je crois que le quota de Ménard est déjà dépassé.»

    Quoiqu’il en soit, le bruit court que c’est cet entretien, diffusé au lendemain de la victoire de la gauche aux législatives, qui a scellé le sort de Robert Ménard à I-Télé.

    La direction de la chaîne donne sa version tout à fait lisible:

    « Il y a une semaine, nous avons expliqué à Robert Ménard qu’il y avait un problème de lisibilité avec son émission qui mélangeait l’interview et l’opinion. Nous lui avons proposé une chronique en tant qu’éditorialiste où il pourrait exprimer son point de vue. Il vient de nous donner sa réponse par l’intermédiaire des médias. Mais nous n’avons jamais voulu nous séparer de lui. »

    Le scénario prévisible était bouclé…

    Dieu soit loué, Robert Ménard ne pourra plus mettre ses interlocuteurs en difficulté ! La Normalité pourra régner à la rentrée sur cette chaîne télé!

    Francis Richard (Les Observateurs, 19 juillet 2012)

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  • Les écrivains et la collaboration littéraire...

    Les éditions Lafont Presse viennent de mettre en kiosque, sous le titre Les écrivains et la collaboration,  le sixième numéro de la revue trimestrielle qu'elles consacrent à Céline, avec la participation de David Alliot, de Frédéric Saenen, d'Eric Mazet et de Francis Bergeron.

     

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    Au sommaire :

    Enquête

    Les talents fourvoyés de la collaboration littéraire, par Frédéric Saenen

     

    Etudes

    Un cadavre à l'école, par Eric Mazet

     

    Céline à l'école du théâtre, par Eric Mazet

     

    Céline dans l'oeil de Galtier-Boissière, par Francis Bergeron

     

    Céline et la grande guerre, par Charles-Louis Roseau

     

    Céline à la société des nations, par David Alliot

     

    Archives

    Histoire d'une médaille, par Eric Mazet

     

    Bardamu à Médan – 1er octobre 1933, par David Alliot

     

    « Armand » Destouches et le phénix, par David Alliot

     

    Polémique

    Un bon communiquant, par Alain Paucard

     

    Témoignage

    Hélène Gallet, par Eric Mazet

     

    Analyse

    Céline au pays des soviets, par Eric Mazet

     

    Actualité

    Retour à Bezons, par David Alliot

     

    Présence célinienne, par David Alliot

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  • Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande...

    L'historien franco-israëlien Alain Michel, auteur de Vichy et la Shoah, enquête sur le paradoxe français (CLD, 2012), dans un article publié sur le site Herodote.net et que nous reproduisons ci-dessous, a relevé sept erreurs importantes dans le discours que François Hollande a prononcé à l'occasion de la cérémonie de commémoration de la «rafle du Vel d'hiv»... Ou quand un historien prouve que l'histoire, c'est plus compliqué que le catéchisme...

     

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    Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande

    1 - François Hollande : Une directive claire avait été donnée par l'administration de Vichy : «Les enfants ne doivent pas partir dans les mêmes convois que les parents».

    AM : La manière dont le président présente les faits (la séparation des enfants de leurs parents dans les camps du Loiret avant la déportation) est doublement erronée.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’une directive du gouvernement collaborationniste de Vichy. L’organisation de la déportation se déroule dans un dialogue et une coopération entre l’administration policière de la «zone occupée» et les autorités allemandes, plus précisément les représentants d’Eichmann à Paris. Il n’y a aucune intervention de Vichy sur cette question.

    De plus la décision de déporter les enfants vient des Allemands et la séparation des parents et des enfants découle de leur besoin de faire partir les convois alors qu’ils n’ont pas encore l’autorisation de Berlin d’envoyer les enfants. Pour résumer, la police de la «zone occupée» applique des directives allemandes.

    2 - François Hollande : Je tiens à rappeler les mots que le Grand rabbin de France Jacob Kaplan adressa au maréchal Pétain en octobre 1940, après la promulgation de l'odieux statut des Juifs : « Victimes, écrivait-il, de mesures qui nous atteignent dans notre dignité d'hommes et dans notre honneur de Français, nous exprimons notre foi profonde en l'esprit de justice de la France éternelle… »

    AM : Précisons que Jacob Kaplan n’était pas Grand rabbin de France en 1942, il ne le deviendra qu’en 1954.

    Mais surtout, sa déclaration d’attachement patriotique n’a rien à voir avec la rafle de 1942. D’une part du fait que la Solution finale n’existe pas encore en 1940 et ce qui préoccupe alors Jacob Kaplan est l’antisémitisme français ; d’autre part, parce que, sous la pression du gouvernement de Vichy, aucun adulte français (ou d’origine algérienne) n’a été arrêté lors de la rafle de juillet 1942, alors que Jacob Kaplan, dans sa déclaration d’amour à la France, s’exprime au nom des Juifs français et d’eux seuls.

    3 - François Hollande : La vérité, c'est que la police française, sur la base des listes qu'elle avait elle-même établies, s'est chargée d'arrêter les milliers d'innocents pris au piège le 16 juillet 1942. C'est que la gendarmerie française les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité, c'est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de l'opération.
    La vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France.

    AM : Il y a une confusion dans le fait que la police française de la «zone occupée» a établi des listes en octobre 1940 sur demande allemande et non de sa propre initiative comme la phrase semble le suggérer.

    Effectivement, les soldats allemands ne seront jamais mobilisés en France pour arrêter des Juifs. La Gestapo sait bien avant la rafle qu’elle peut compter sur la police de la zone nord, qui lui obéit du fait de l’application de la convention de la Haye et de la convention d’armistice. Plus de 8.000 Juifs ont déjà été arrêtés en 1941 dans la région parisienne et les Allemands se sont toujours servis de la police française pour ces rafles.

    Pour résumer, le président de la République aurait pu dire : «La vérité, c’est que ce crime fut commis en France par les nazis avec la complicité de la police et de l’administration française».

    4- François Hollande : L'honneur fut sauvé par les Justes, et au-delà par tous ceux qui surent s'élever contre la barbarie, par ces héros anonymes qui, ici, cachèrent un voisin ; qui, là, en aidèrent un autre ; qui risquèrent leurs vies pour que soient épargnées celles des innocents. Par tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des Juifs de France.

    AM : Cette affirmation est incomplète dans la mesure où ce ne sont pas seulement les Justes et les héros anonymes qui ont sauvé les trois quarts des Juifs de France, mais aussi l’action et les choix politiques du gouvernement de Vichy qui, en tentant de protéger les Juifs français (et en abandonnant à leur sort les Juifs d’origine étrangère), a considérablement ralenti la machine de destruction allemande (voir les historiens Léon Poliakov et Raul Hilberg).

    5- François Hollande : L'honneur de la France était incarné par le général de Gaulle qui s'était dressé le 18 juin 1940 pour continuer le combat.

    AM : Il ne convient pas, dans une cérémonie consacrée à la persécution des Juifs, de citer le général de Gaulle qui n’a rien dit et rien fait pendant la Seconde Guerre mondiale pour encourager les Français à sauver les Juifs. Il eut mieux valu citer des hommes d'Église comme le cardinal Saliège.

    6 - François Hollande : L'honneur de la France était défendu par la Résistance, cette armée des ombres qui ne se résigna pas à la honte et à la défaite.

    AM : De même, la Résistance en tant qu’organisme n’a rien fait et rien dit pour sauver les Juifs ou encourager à les sauver, à l’exception de Témoignage chrétien et des mouvements de résistance juifs (communistes et communautaires). Certes des résistants, en tant qu’individus, ont sauvé des Juifs, mais jamais sur instruction de leurs mouvements.

    7- François Hollande : L'enjeu est de lutter sans relâche contre toutes les formes de falsification de l'Histoire. Non seulement contre l'outrage du négationnisme, mais aussi contre la tentation du relativisme.

    AM : Le président de la République met sur le même plan le «négationnisme», qui consiste à nier l’évidence (la réalité de la Shoah) et se présente comme une anti-histoire, et les approches d’historiens qui remettent en cause certaines interprétations idéologiques, en relativisant ce qui s’est passé en France par rapport à ce qui s’est passé ailleurs en Europe. Cette confusion entre «négationnisme» et «relativisme» est sans doute excessive et, qui sait? pourrait contrarier la recherche historique.

    Alain Michel (Herodote.net, 22 juillet 2012)
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  • L'école : un grand pourrissoir ?...

    La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (été 2012), disponible en kiosque, un dossier sur l'école...

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    Au sommaire du dossier :

    L'école : le grand pourrissoir

    Le Pourrissement programmé des esprits

    Paroles de profs

    Les Hauteurs béantes de l'école

    Il était une fois... le bourrage de crâne

    L'Histoire (des vainqueurs)

    Apprentissage et travail manuel : le grand mépris

    L'école privée est-elle la panacée ?

    Etat sociologique de la jeunesse

    L'éducation nationale est-elle réformable ?

    On trouvera aussi un entretien avec Christian Vander, le meneur et batteur de Magma, mythique groupe de jazz-rock des années 70, des articles sur l'anarchisme de droite, sur l'indianiste Alain Daniélou et sur Sergio Leone, génial réalisateur d'Il était une fois dans l'Ouest, et de nombreuses notes de lectures...

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