Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 1476

  • Eloge du populisme...

    Il faut s’arrêter un instant sur l’expression des adversaires de l’immigration, qui caractérisent celle-ci comme une immigration “de peuplement”. On s’accorde généralement à faire de 1974 un point de bascule quant à la nature de l’immigration, par l’effet du regroupement familial. On passa alors de l’immigration provisoire d’individus, dont les motifs étaient économiques ou de refuge (asile politique), à une immigration d’implantation. Si l’expression “immigration de peuplement” est plus juste encore que ceux qui l’emploient ne le croient, c’est parce qu’elle n’est pas seulement un phénomène quantitatif, mais un phénomène qualitatif : il s’agit effectivement de “faire peuple” à l’intérieur d’un peuple déjà existant. Ce phénomène, qui est loin d’être majoritaire, est en partie nouveau, ne se limite pas à la France, et crée de véritables diasporas à l’intérieur des pays d’accueils. C’est dans la mesure où les immigrés veulent conserver leur similitude avec le peuple du pays d’origine qu’ils refusent l’assimilation au peuple d’accueil, et cela parce qu’il est impossible d’être similaire à deux modèles contradictoires. Il est curieux que l’on déplore comme “populiste” l’attachement du peuple d’accueil à sa similitude, et que l’on encense l’attachement des immigrés à la similitude de leur peuple d’origine.

    Les éditions Elya viennent de publier Eloge du populisme, un essai signé par Vincent Coussedière. Professeur de philosophie, Vincent Coussedière en appelle au travers de ce livre à une recomposition de l'offre politique.

    eloge du populisme.jpg

    "Si un éloge du populisme reste possible, c’est parce que le populisme n’est pas ce phénomène de ressentiment identitaire critiqué par les experts, confondant populisme du peuple et démagogie populiste. Le populisme est d’abord une affirmation, l’affirmation d’un attachement profond à une tradition qu’il s’agit d’imiter. Ce que le peuple veut conserver, ce n’est pas son identité, car il n’a pas d’identité et il le sait. Ce qu’il veut conserver, c’est sa capacité d’imiter une tradition et de reconnaître la similitude de ceux qui l’imitent avec lui. C’est très maladroitement que les mouvements populistes expriment leur revendication dans un langage identitaire, tombant ainsi dans le piège des démagogues. Etre conservateur ne consiste pas à vouloir conserver une identité mais à vouloir conserver une liberté.
    A rebours de cette interprétation méprisante du « populisme », cet essai propose une réévaluation du phénomène. Le populisme n’est plus rabattu sur une forme de démagogie et d’appel au peuple, mais il est repensé comme la réaction, saine en elle-même, d’un peuple politique à sa destruction. Car il y a plus de mémoire politique dans le populisme du peuple que dans les interprétations que proposent les experts de « la tentation » populiste ou de « l’illusion » populiste. C’est cette mémoire politique, retenue encore dans le peuple populiste, et perdue par les élites, qui ménage paradoxalement un avenir au peuple français."

     

     

     

     

     

     

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • "Europe, euro, rigueur, croissance : la quadrature du cercle"...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 mai 2012 et consacrée à la crise européenne...


    Eric Zemmour : "Europe, euro, rigueur... par rtl-fr

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le nouveau chaos international...

    Nous vous signalons la parution de la revue Rébellion (n°53, mars - avril 2012) dont le dossier aborde la question du chaos géopolitique actuel. Vous pourrez notamment y lire un entretien avec Aymeric Chauprade, consacré à la Realpolitik ainsi qu'un entretien avec le géopoliticien eurasiste Alexandre Douguine. 

     

    Rébellion 53.jpg


    Au sommaire :
    Editorial : Le temps des leurres. 
    Culture : Sank'ia, l'épopée barbare de Z. Prilipine. 
    Dossier géopolitique 
    Entretien avec Aymeric Chauprade : comprendre la Realpolitik. 
    L'Union pour la Méditerranée par Julien Teil. 
    Obama et l'Impérialisme par Terouga. 
    Entretien avec Alexandre Douguine. 
    Histoire : Thermidor, le crépuscule de la République par David l'Epée. 
    Culture : Entretien avec François Bousquet sur Jean-Edern Hallier. 
    Livre : les Mémoires Vives d'Alain de Benoist par Thibault Isabel. 
    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 1 commentaire Pin it!
  • Le temps du choix...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré aux heures décisives qui nous attendent et qui nécessiteront de notre part un choix...

    Excalibur.jpg

    Le temps du choix

    Commenter l’actualité, chaque semaine, impose le terrain, et donc la règle, celle que l’actualité plus ou moins médiate formule, à travers sa logique tennistique de va-et-vient par-dessus le filet de l’opinion. Les rets qui emprisonnent les discours, les concepts, et même les rêves, sont comme l’issue fatale de ce détour qui nous porte vers l’appât, le leurre astucieusement disposé par le chasseur. La politique, à la suite de la moribonde religion, fut un temps le dépôt du bonheur moderne, le réceptacle des utopies et des millénarismes sécularisés. Mais tout amour-passion a une fin, et les peuples se réveillent de leurs émois dans la désillusion des vieux couples, las d’eux-mêmes, mais captifs de leurs habitudes.

    Ainsi a-t-on voté, et votera-t-on, en masse. Ou peut-être un peu moins. La politique a aussi ses athées, et ses agnostiques. Sans compter ses tartuffes. Que retenir donc du remuement des choses courantes ? On s’apercevra que des mois de mots furieux et de comédie – puisque la politique est du théâtre, ce qui ne la dépare pas forcément – ont donné une curieuse apathie collective. On s’aperçoit que beaucoup ont voté contre Sarkozy, qui, pour sa part, ne s’en tire pas si mal. Touché, mais pas coulé. Si les affaires qui le poursuivent ne l’éreintent pas, si ses petits camarades ne lui broutent pas l’herbe sous le pied, et si la gauche, comme c’est probable, sombre avec le pays, il peut revenir comme une sorte de sauveur. Quant à Hollande, il n’essaie même pas de pousser le lyrisme jusqu’aux sommets grandiloquents de 81, même si des reflets ménagés astucieusement ont remué quelque nostalgie. Toutefois, le temps est à la gestion, la sacro-sainte prise en charge de la réalité. A tel point que, comme il était prévu, il existe peu de différence entre le gouvernement actuel et le précédent : la politique économique, tout autant libérale et mondialiste, s’appuie sur une Europe dominée par les banques, et ce n’est pas une légère déclinaison en faveur d’une hypothétique croissance qui change quoi que ce soit. Dans le domaine des relations étrangères, la France est toujours inféodée aux USA, et garde sa place subalterne au sein de l’OTAN. Les velléités de retrait d’Afghanistan sont à relativiser : les troupes françaises restent sur le terrain, pour réaliser ce pour quoi elles y étaient, à savoir la logistique et la formation des cadres de la police et de l’armée afghane, bras armé du fantoche Karzaï. On apprend au demeurant que la petite mise en scène, à Camp David et à Chicago, d’un président français, terriblement normal, face à un président américain condescendant, était préparée depuis plusieurs mois, et que le retour des militaires français était plié, à condition que nous acception le principe du bouclier anti-missiles installé par l’Otan, officiellement dirigé vers le Moyen-Orient, mais en réalité vers la Russie. Pour le reste, et malgré une petite virée, bien étrange, de Rocard à Téhéran, on reste ferme vis-à-vis de l’Iran, de la Syrie, et l’on a pour Israël les yeux de Chimène. La Russie est gourmandée, même si elle nous achète des navires de guerre. Et on ne voit aucune véritable erreur dans l’intervention militaire en Lybie, qui a conduit à la déstabilisation du Mali et à l’instauration d’un régime islamiste, tortionnaire et chaotique. Bref, tout peut aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, à condition de l’aider à devenir meilleur, c’est-à-dire à persévérer dans la discrimination positive, à réjouir les lobbies gay, lesbienne et tutti quanti, à enfoncer un peu plus le système éducatif dans la boue pédagogiste, et à lutter avec sévérité contre le racisme, l’antisémitisme etc. Bref, de la vieille soupe réchauffée. Ah ! j’oubliais : il y a exactement 17 femmes et 17 hommes au gouvernement, ce qui constitue sans doute un petit pas pour un premier ministre, mais un grand pour l’humanité…

    Il n’y a donc pas de quoi fouetter un journaliste. La grisaille de la décadence quotidienne, pour ainsi dire.

    Sauf que d’autres constats inquiètent tout autant. Nous ne reviendrons pas sur le score important des partis de gouvernement aux dernières élections présidentielles, d’autant plus que la participation a été élevée. La demi-réussite de Sarkozy, ajoutée au cynisme des partisans de Hollande, dont l’américanoïde Terra Nova est l’une des figures emblématiques, témoignent d’une affligeante adhésion, du moins d’une acceptation tacite, dans l’opinion, de l’ordre des choses. Les reports de voix, bien que moindres qu’en 2007, en faveur du champion affiché des Etats-Unis, montrent qu’une certaine pédagogie patriotique est encore utile.

    Certes, la rhétorique ultra du candidat de l’UMP, sécuritaire, nationale et anti-immigrationniste, même si son outrance ne parvient pas à voiler l’hypocrisie d’une telle mise en boîte de l’opinion, n’est pas sans avoir connu un certain succès, notamment en ressuscitant une dichotomie droite/gauche, que le résultat sans ambiguïté du référendum de 2005 sur le traité de constitution européenne avait invalidée. Les élections de 2012 marquent une certaine régression dans la prise conscience des véritables enjeux, même si le Front national peut, à bon droit, avoir l’impression d’avoir marqué des points.
    Encore faut-il identifier les problèmes qui sapent notre société et notre identité. Et c’est justement là que l’on perçoit les limites de la politique, le conditionnement de nos angoisses, et de nos aspirations, qui en sont orientées finalement selon les desiderata du système.

    Chaque Français doit, avant d’opter pour un choix électoral, sonder ce qui l’agit au plus profond du cœur et des reins. Or, un choix électoral se fait au nom d’idées assez convenues, du fait des règles d’un jeu médiatique formaté et canalisé. Nous nous apercevons alors que les questions offertes ne nous concernent pas totalement, et que nous sommes contraints d’abandonner notre voix en dépit de ce que nous ressentons.
    Cependant, qui fait l’effort d’interroger ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il incarne ? Il ne peut exister de véritable politique si l’air que nous respirons, la langue que nous utilisons, le goût de nos rapports les plus intimes avec le monde, la couleur de nos dilections, l’intensité de nos rejets, le grain de nos impressions ne sont pas sollicités, et mis à la question. Qu’est-ce qu’être français ? Européen ? Qui n’a pas conscience, dans sa chair, dans ses mœurs, ses relations, que nous sommes colonisés, que nous sommes soumis à une culture exogène qui nous aliène, nous rend autres, étrangers à nous-mêmes, à notre propre pays, à notre passé, à nos traditions, au mode de vie qui nous fait advenir à la clarté de l’existence. Qui n’éprouve pas cela n’atteint pas le degré de connaissance de soi qui l’appelle à la vie.

    Depuis la fin de la guerre, l’american way of life a contaminé les moindres aspect de la vie publique et de la vie privée, à tel point que l’on regarde et écoute sans sourciller des publicités qui vantent les goûts d’outre-Atlantique, sur des musiques anglo-saxonnes gluantes et horriblement stéréotypées, et des jeux d’acteurs mortellement formatés. Les publicistes considèrent que ces esthétiques pornographiques plaisent au grand nombre, et probablement ont-ils raison, bien qu’il faille faire la part, dans leur stratégie, à la propagande. Car la réclame est aussi de l’endoctrinement. Qui évoquera en outre le cinéma pour ados, débile et de mauvais goût, le show business envahissant, avec le nombre grandissant de musiciens français qui chantent en anglais, la nourriture que nous absorbons, et surtout le rythme de vie qui nous est imposé par la vie moderne, et qui tend à ressembler à celui des Américains, qui évaluera la nature des émissions télévisuelles consommées, et même le fait de regarder cette télévision, qui a tué, comme la pratique de l’automobile, la vie authentique et relationnelle que les générations précédentes connaissaient encore, qui n’a pas envie de hurler devant ce meurtre d’une nation, de son corps et de son âme, ne sait pas ce qu’il est vraiment.

    Tout n’est pas mauvais, pourtant, de l’Amérique. Oui, il faut le dire, même si les Américains ne sont pas les premiers à défendre ce qu’ils apportent de bien au monde. Le jazz, par exemple, est plus populaire en Europe, et singulièrement en France, que dans sa patrie de naissance. Il paraît aussi que le livre génial de Jack Kerouac, On the Road, qui s’en prenait vertement à l’Amérique puritaine, et initiait cette tentative de libération d’une société pourrie par le fric et le moralisme, qu’était la Beat Generation, était boudé par les libraires, et de moins en moins lu à mesure que les USA s’engageait dans le Nouveau capitalisme. Pour nous, Français, et d’autant plus que Kerouac avait des racines bretonnes, et qu’il était d’origine canadienne francophone, et qu’il se réclamait de Rimbaud et de Céline, il était l’un des nôtres. Pourquoi parler de lui, au moment où l’on a tenté, apparemment avec succès, d’adapter au cinéma son chef d’œuvre ? Eh bien, celui qui lit cette prose enflammée, endiablée, enivrée comme une ruée continentale, a une petite idée de ce que c’est que de sentir d’immense espaces, presque infinis, à portée de désir et de conquête. Lorsqu’on met les pieds sur le Nouveau continent, la sensation que tout est possible, que l’on jouit d’une liberté aussi grande que les terres qui s’étendent jusqu’au Pacifique, emplit l’esprit et le fait vibrer de désir. La nostalgie des vieilles rues européennes, des églises romanes, des places monumentales de l’Europe arrive assez vite, mais on voit ce qui nous manque ici.

    Dans la Rome antique, un Européen pensait le monde d’Alexandrie à l’Atlantique, de Carthage à la Mer du Nord. Les armées parcouraient des milles pour défendre une seule patrie. C’était le cas encore avec Charlemagne. Au moyen-âge, les pèlerins et les chevaliers sillonnaient les routes de la Chrétienté pour porter leur foi ou leurs armes. Nous, Français, avons le souvenir des batailles de la Grande armée napoléonienne, quand la Grande Nation, comme disent les Allemands, respirait à l’échelle d’un Empire. Nos colonies mêmes ouvraient des horizons à la soif d’aventure de nos jeunes soldats et de nos officiers.

    Quels sont nos horizons ? A quoi aspirons-nous ? De quoi voulons-nous nous délivrer ? Quelles sont nos chaînes ? Sommes-nous encore dignes de l’Histoire humaine ? Sommes-nous capables de regarder au-delà des turpitudes politiciennes, et de nous fixer des horizons nouveaux, des frontières si ambitieuses, que nous pourrions encore nous sentir capables de soulever des montagnes ?

    Claude Bourrinet (Voxnr, 23 mai 2012)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Villes sous contrôle...

    Les éditions La Découverte viennent de publier Villes sous contrôle - La militarisation de l'espace urbain, un essai de Stephen Graham. Les travaux de Stephen Graham, géographe de formation, s'inscrive dans la lignée de ceux de l'américain Mike Davis, l'auteur de City of Quartz, Le stade Dubaï du capitalisme, Paradis infernaux : les villes hallucinées du néo-capitalisme...

    Villes sous contrôle.gif

    "Checkpoints, drones, GPS, passeports biométriques, insectes cyborgs, puces RFID, détecteurs de cibles, essaims de nanocapteurs, soldats-robots, barrières Jersey, dirigeables de surveillance, bombes « incapacitantes » et arsenal « non létal »... Qu'ont en commun toutes ces « technologies » qui, pour certaines, semblent relever de la science-fiction et qui, pour d'autres, imprègnent déjà notre quotidien de citadins ? Concoctées dans les laboratoires de l'armée, elles sont les nouvelles armes de la guerre en cours, cette « guerre asymétrique » ou « permanente » qui transforme les armées occidentales en forces contre-insurrectionnelles high-tech et chacun d'entre nous en cible potentielle nécessitant d'être identifiée, pistée, surveillée, au nom de la prévention d'une menace indistincte.
    Avec Israël comme laboratoire et la « guerre contre le terrorisme » comme terrain d'application mondial, cette nouvelle forme de conflit touche de manière très différenciée les habitants du monde riche et ceux des territoires post- et néo-coloniaux. Elle se signale cependant par un trait commun à tous : ses champs de bataille ne sont plus les plaines ou les déserts, mais les principales agglomérations urbaines mondiales. Dans le sillage des travaux de Mike Davis, Naomi Klein ou Eyal Weizman, le livre de Stephen Graham nous donne les clés pour comprendre les logiques profondes de cet emballement militaro-sécuritaire globalisé."

    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • G8, mon amour...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue acide et sans illusion de Jérôme Leroy, cueilli sur Causeur et consacré au sommet du G8...

    Auteur de romans d'anticipation noire, comme Monnaie bleueBref rapport pour une très fugitive beauté ou  La minute prescrite pour l'assaut, Jérôme Leroy a récemment publié Le Bloc, aux éditions Gallimard...

    G8.jpg

     

    G8, mon amour

    Je regarde une photo de famille, comme on dit, du dernier G8 à Camp David. François Hollande, encore une chose à mettre au passif de son bilan catastrophique, forcément catastrophique, a commis une énorme faute de goût. Cette année, le protocole avait demandé que les chefs d’état soient habillés « casual ». Evidemment, il est arrivé en costume et a dû retirer en catastrophe sa cravate. Il se croyait où, ce ballot ? Encore sur le marché de Tulle à distribuer des tracts socialistes ? Décidément, il n’est pas rompu aux exercices d’hypocrisie, notre nouveau président. Quand le gouvernement mondial s’apprête à accroître la pression sur les peuples, quand il va mener une politique encore plus dure, il doit se montrer résolument et définitivement cool. L’équivalent sur le plan vestimentaire, si vous voulez, de cette figure rhétorique que l’on appelle l’antiphrase.

    J’espère que Hollande n’a pas oublié de tutoyer ses homologues, en plus. Il ne manquerait plus qu’il ait voulu la jouer solennel, mettre des formes comme dans les sommets internationaux du monde d’avant. Non, un G8, c’est comme une start-up, une entreprise jeune et sympathique où tout le monde se dit tu, se passe la main dans le dos, est super-pote, où l’on adopte là aussi le casual friday, où l’on se souhaite de manière sympatoche les anniversaires. Ce coup-ci, d’après ce que j’ai compris, c’était celui du premier ministre japonais, Yoshihiko Noda. Il a eu le droit à un beau gâteau au chocolat garanti non irradié et comme il a vite eu la bouche pleine, il n’a pas pu répondre au véritable bilan humain et écologique de Fukushima. D’ailleurs, personne n’aurait eu le mauvais goût de lui poser la question. Il y avait des sujets autrement plus urgents à débattre. Une vraie ligne de fracture idéologique entre croissance et austérité, plus exactement entre austérité libérale et croissance libérale.

    La différence ? Ah, mais elle est essentielle, la différence… Par exemple, une politique d’austérité libérale vise à l’équilibre budgétaire, restreint le crédit, augmente la durée du travail et les impôts tout en baissant les salaires. En revanche, une politique de croissance libérale, celle souhaitée par Hollande, le SPD allemand ou même par Obama qui angoisse légèrement à l’idée de voir l’Europe devenir un marché atone pour ses exportations et des pays comme la Grèce ou l’Espagne menacer de faire imploser le système en se clochardisant, c’est tout le contraire.
    La croissance libérale utilise les fonds publics, comme les fonds de stabilité de l’UE ou ceux de la Banque Européenne d’investissement, pour doper l’investissement privé et améliorer la compétitivité. Evidemment, cela suppose que l’on baisse les salaires et que l’on augmente les impôts.

    Si vous ne voyez pas de différence, c’est que vous êtes un salarié. Un salarié de mauvaise foi, probablement syndiqué de surcroît. Ou alors, par un regrettable malentendu, vous avez cru que la croissance libérale correspondait à un genre de néo-New-Deal rooseveltien. Auquel cas, on vous répondra qu’il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des keynésiens sauvages et que l’espoir de voir la génération suivante vivre mieux que vous, ou même simplement moins mal que vous, est terminé. Et ce ne sont pas les petits voyous d’étudiants québécois auxquels on répond par des lois d’exception, les indignés espagnols qui font leur retour sur les plaza, le terrorisme de la « jambisation » qui reprend en Italie ou les manifestations endémiques en Grèce qui vont changer quoi que ce soit à la saine gestion du capitalisme planétaire.

    Je regarde encore la photo du G8. Quelque chose me gêne, mais quoi ? Ah, ça y est j’y suis. Autour de la tablée des chouettes copains, il y en a de moins en moins qui tiennent leur pouvoir d’une quelconque légitimité populaire alors que je pensais naïvement que le libéralisme économique supposait le libéralisme politique. Par exemple, Barroso, pour la Commission Européenne, cet ancien maoïste de la révolution des Œillets qui ferait désormais passer Alain Madelin pour Lénine, il est élu par qui, en fait ? Et Mario Monti, l’ancien employé du mois de Goldman Sachs, l’éminent membre du groupe Bilderberg, à la tête de son gouvernement technique, il a gagné quoi comme élections ?

    Mélenchon, avec sa sale tête, a parlé du G8 comme d’ « une institution détestable ». Je trouve aussi. Mais je me rends bien compte de la stérilité de mon attitude. Et je sais qu’un jour, après un long travail, on pourra dire de moi ce qu’Orwell dit de Winston à la fin de 1984 : « Il aimait Big Brother. » Euh, pardon, « Il aimait le G8. »

    Jérôme Leroy (Causeur, 22 mai 2012)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!