Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

russie - Page 25

  • Ukraine : désescalade, quel agenda ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Emmanuel Goût cueilli sur Geopragma et consacré aux tensions ukraino-russes, attisées par l'OTAN. Emmanuel Goût, membre du Comité d’orientation stratégique de Geopragma.

     

    Chars ukrainiens.jpg

    Ukraine : désescalade, quel agenda ?

             Récemment, le groupe Normandie [1] a convenu d’une énième reprise des réunions quadri-latérales et conclut une nouvelle fois au bien-fondé des accords de Minsk tandis que certains leaders européens, à commencer par le Président français Emmanuel Macron en charge de la présidence européenne, invitent à la désescalade. Alors que dans le même temps, son ministre des Affaires Étrangères chausse déjà les bottes aux pieds – au moins ceux de nos enfants prêts à être déployés à l’est sous le drapeau Otanien – avant de se rendre en Ukraine. 

          Il convient par conséquent de s’interroger sur le sens à donner à une telle volonté affichée de désescalade et pour cela revenir aux sources de l’escalade.  

          Il y a ce terrible mal entendu sur l’accord tacite qui aurait eu lieu au début des années 90, entre Américains et Russes, sur le gel des positions de l’OTAN en deçà des pays de l’Europe centrale et de l’est. Chacun des deux protagonistes alimente sa propre version. 

          Il y a une Ukraine, rendue indépendante pour la première fois de son histoire en 1991, tiraillée entre un réflexe anti soviétique qui n’hésita pas de se faire complice de l’Allemagne nazie, et une tradition historique qui la place aux origines de la Russie et dans laquelle une partie de la population se retrouve, en particulier à l’est de son territoire.

          Il y a cette même Ukraine qui n’a pas su se libérer d’une oligarchie corrompue toute tendance confondue et qui voit dans Nord Stream 2, le gazoduc qui contourne l’Ukraine, les conditions de la fin d’une rente milliardaire.

          Il y a la Russie de Poutine qui n’a pas su en son temps trouver le leader ukrainien en mesure de redistribuer les richesses et créer ainsi les antidotes aux révolutions de couleur, plus ou moins entretenues par l’étranger. C’est ainsi que les révolutions ont pu trouver un milieu favorable dans ce pays gangrené par la corruption, sans pour autant y mettre fin

          Il y a ce que j’ai pu enfin souvent rappeler, cette incapacité à penser différemment le monde post-chute du mur de Berlin en 1989. La confrontation de deux mondes idéologiques qui voulaient s’exporter prenait alors fin en consacrant la victoire du capitalisme libéral des États-Unis. Ces derniers ont poursuivi et consolider leur dessin d’exporter leur modèle sous le couvert de mots aussi enchanteurs que souvent illusoires : liberté, démocratie… Les Russes, qui avaient opté pour une économie de type capitaliste, à la suite d’une transition particulièrement difficile dans les années 90, n’avaient plus aucun modèle idéologique à exporter et devaient se concentrer sur la reconstruction d’une crédibilité internationale, sur de nouvelles bases, sans aucune veine idéologique. C’est sans nul doute un important résultat obtenu ces 20 dernières années.

          Il aura suffi de manœuvres russes sur son propre territoire pour mettre en crise l’occident. Un grand média américain, encore très récemment, s’interrogeait sur la réaction des USA si les Chinois s’installaient au Mexique : nul doute sur la réaction américaine. Mais il n’y eut pas que des manœuvres militaires : s’en suivit, en effet, des exigences sur le positionnement de l’OTAN en Europe de l’Est et surtout au sujet de la possible adhésion de l’Ukraine à l’OTAN : la fameuse ligne rouge.

          Depuis le monde, surtout l’occident, s’enflamme virtuellement.

          Il est important à ce stade, et pour mieux tenter d’interpréter une possible « désescalade », de comparer les deux dynamiques de la surenchère verbale. Pour cela, il faut comprendre la différence fondamentale entre la Russie, son leader et les USA, la France, etc. et leurs leaders respectifs : il en va du rapport théorique et pratique entre l’action politique et la communication. Depuis plusieurs décennies, en Europe, en Occident en général, la communication a pris le pas sur l’action politique dont elle finit par conditionner les orientations, les directions, alors que la communication devrait exclusivement rester sujette de l’action. Dernier exemple en date, le voyage en plein « partygate » du Premier ministre  britannique en Ukraine.

          Il s’agit ici d’une réflexion fondamentale et d’une différence existentielle avec la Russie, où l’action pensée reste au cœur, à la base des stratégies et la communication – quand elle existe – au service de celles-ci. C’est une réflexion sociétale qu’il conviendrait de développer car cette inversion du rapport action-communication vient conditionner et troubler notre quotidien dans tous les domaines.

          Les leaders américains raisonnent désormais exclusivement en fonction de leur popularité et donc de leur opinion publique ; les leaders européens font de même. À ce propos, il convient de revenir sur une anecdote mise en lumière dans la récente et remarquable étude de Breznev par Susanna Shattenberg, qui raconte qu’une délégation soviétique se rendit aux USA pour rencontrer des homologues du Congrès américains pour discuter l’impact du cas Sakharov. En résumé, la délégation américaine précisa sans détour aux Soviétiques que la seule préoccupation américaine était celle de leur opinion publique ; le chef de la délégation américaine n’était autre que le jeune Joe Biden.

          En Occident, la crise dite ukrainienne donne lieu à une surenchère médiatique, souvent calculée, afin d’esquiver des questions ou problématiques internes qui viennent s’additionner à une tension internationale évidente et croissante. Cette tension internationale vient de franchir une nouvelle étape, la Chine offrant un soutien non déguisé à la Russie qui ne pourra que se consolider à l’occasion de la visite du Président russe en Chine le prochain 4 février, à l’occasion de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver, boycottés politiquement par une partie de l’Occident.

          Il ne manquerait plus que la Chine aligne ses navires face à Taiwan pour déstabiliser le monde et ouvrir un possible nouveau front.

          Côté russe, Poutine s’affiche, face à cette hystérie environnante, comme un leader au sang-froid, peut-être cynique, loin d’un leadership twitterisé. Poutine ne twitte pas. Comment peut-on penser que la diplomatie et la politique puisse se twitter, alors qu’une telle pratique des réseaux sociaux constitue une évidente violation de la valeur « temps ».

          La première désescalade ne passerait-elle donc pas d’abord par une chute de l’adrénaline médiatique du coté Occidental ? Il faut raison garder.

          Cette considération reste cependant « objectivement subjective ». Pas sûr, par conséquent, que cette voie puisse conduire au début d’une désescalade. Cette dernière ne peut advenir que si des hypothèses de solutions sont imaginées. C’est dans cette perspective qu’il convient de s’exercer à mettre sur la table les données du problème, distinguer le négociable de ce qui ne l’est pas, penser des compromis là où le bon sens peut encore se faire valoir, en surmontant des réflexes historiques qui trop souvent font obstacle à une évolution aussi pacifique qu’encadrée dans un monde de plus en plus multipolaire.

          Laissons tomber les lignes, les révolutions émotives de couleur pour revenir à la réalité des cartes. S’il y a bien deux aspects sur lesquels personne ne fera marche arrière, c’est d’une part la présence de l’OTAN en Europe de l’Est et d’autre part la Crimée russe. Il serait inutile de se fourvoyer et de penser une quelconque variation de cette géographie militaire et politique, aussi conviendrait-il aux parties de légitimer ces deux situations et de mettre fin réciproquement à tout ce qu’elles impliquent, comme par exemple les sanctions. 

          À ce stade, l’OTAN renoncerait de son côté à « toute nouvelle acquisition » à commencer par l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie. Quant à la Russie, elle pourrait entamer des négociations sur l’Ossétie et la Transnistrie. Ce nouvel environnement géopolitique rentrerait dans le cadre de la définition d’un accord sécuritaire global entre l’Union européenne – si elle se donne les moyens d’une politique indépendante – et la Russie. 

          Pour en venir à l’Ukraine qui est certainement au cœur d’un jeu qui la dépasse, elle trouverait dans cet accord sécuritaire sa garantie conditionnée à sa neutralité politique entre la Russie et l’Europe. L’Ukraine pourrait se donner une dimension fédérale pour consentir à ses différentes identités régionales et assurer un quotidien plus équilibré, loin des tensions entretenues ces dernières années.

          La désescalade n’a de sens que si elle est accompagnée de courage, d’une méthode comportementale, et de possibles solutions temporelles et stratégiques – parfois difficile à assumer – mais au service de la sécurité du monde dans lequel nous vivons. 

          Pour penser le monde, il nous faut des leaders qui redeviennent maîtres de leur agenda et de leur vision. À ce sujet, De Gaulle exprimait clairement son idée d’une Europe équilibrée possible de « l’Atlantique à l’Oural » en affirmant qu’une telle Europe « décidera du destin du monde». 

          Nous avons tout à gagner à pousser cette formule jusqu’à Vladivostok, et ainsi éviter un monde qui se dessinerait de Moscou à Pékin.

          Autrement, l’escalade risquera de nous ramener nos enfants drapés au milieu de l’esplanade des Invalides au prix d’une guerre inutile et évitable… En sommes-nous prêts ? 

    Emmanuel Goût (Geopragma, 1er février 2022)

     

    Note :

    [1] Après le déclenchement du conflit du Donbass, l'Allemagne et la France se sont réunis avec la Russie et l'Ukraine en Normandie à l'occasion de la commémoration du 6 juin 2014. Depuis, des négociations au sujet de l'Ukraine ont lieu occasionnellement sous ce format.

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Russie, Ukraine, OTAN : l’Europe en danger ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 29 janvier 2022 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Caroline Galactéros, pour évoquer la crise ukrainienne.

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

                                                

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Géopolitique, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • L'héritage païen de la Russie...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier une étude de Francis Conte intitulée L'héritage païen de la Russie - Le paysan et son univers symbolique. Francis Conte, professeur de civilisation russe et directeur de l'UFR d'études slaves à l'université Paris-Sorbonne.

    Conte_L'héritage païen de la Russie.jpg

    " Aujourd'hui libérée du système soviétique, la Russie retrouve son passé et la richesse de la culture du monde paysan, que ni le tsarisme ni le communisme n'ont réussi à faire disparaître. S'appuyant sur des enquêtes effectuées à la fin du siècle dernier (notamment par les ethnographes) et sur le renouveau actuel des recherches, Francis Conte, professeur de civilisation russe et directeur de l'UFR d'études slaves à l'université Paris-Sorbonne, évoque cette mosaïque faite de mythes et de croyances. Par-delà les caricatures du moujik popularisées en Occident, ce livre - qui sera suivi d'un second volume consacré aux représentations de la mort et de l'au-delà - traite du monde alentour : les éléments, la forêt, les animaux, la maison (l'izba) avec lesquels la paysannerie russe a toujours entretenu des relations spécifiques, fondées sur un ordre symbolique transmis par les contes et légendes, mais aussi par les rituels liés aux grands événements de la vie. Cette perception du sacré intimement mêlée à la foi orthodoxe forme une religiosité originale toujours vivace en dépit des ruptures, un " néo-paganisme " singulier qui s'inscrit dans le courant de redécouverte, par les Russes, du sens de leur longue histoire. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La mémoire longue : retour sur la question des frontières de l’OTAN...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Héléna Perroud cueilli sur Geopragma et consacré à l'élargissement de l'OTAN face à la Russie. Russophone, agrégée d'allemand, ancienne directrice de l'Institut Français de Saint-Petersbourg et ancienne collaboratrice de Jacques Chirac à l'Elysée, Héléna Perroud a publié un essai intitulé Un Russe nommé Poutine (Le Rocher, 2018).

     

     

    OTAN_Ukraine_Russie.jpg

     

    La mémoire longue : retour sur la question des frontières de l’OTAN      

          Ces dernières semaines, à la faveur des tensions grandissantes de part et d’autre de la frontière entre l’Ukraine et la Russie, il est beaucoup question de malentendus, de promesses non tenues, de trahisons. Du moins c’est ainsi que les autorités russes, Poutine en tête, expliquent leur manque de confiance envers les Européens et les Américains. C’est ainsi qu’ils expliquent la nécessité impérieuse pour eux d’avoir aujourd’hui une garantie écrite sur, entre autres, le non-élargissement des frontières de l’OTAN.

          Quel que soit le regard que l’on porte sur le maintien du président russe à son poste depuis deux décennies, que l’on considère qu’il usurpe le pouvoir en refusant de passer la main ou qu’il l’assume dans une phase de transition, une chose est certaine : il a une connaissance profonde des dossiers et surtout la mémoire des hommes et des situations qu’aucun de ses homologues occidentaux ne peut avoir. Que l’on y songe ; depuis 2000 Poutine a eu comme interlocuteurs cinq présidents américains, quatre présidents français, trois chanceliers allemands… Et, malgré les assurances et les engagements des uns et des autres, depuis qu’il est aux affaires, il a été le témoin de quatre vagues d’élargissement de l’OTAN sur le continent européen. En 2004 les trois pays baltes, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie ; en 2009 l’Albanie et la Croatie ; en 2017 le Monténégro et en 2020 la Macédoine du Nord. Avant cela, alors qu’il était à la tête du FSB, il avait vu en mars 1999 les premières adhésions à l’OTAN de pays autrefois membres du Pacte de Varsovie : la République tchèque, la Hongrie et la Pologne.

          Il est intéressant de revenir sur les engagements pris par les Américains et les Européens à l’époque charnière de la réunification des deux Allemagne et de la chute de l’URSS. Les images d’archives du début des années 1990 sont très fréquemment montrées ces dernières semaines à la télévision russe. L’opinion russe est nourrie de ces événements. Les dirigeants du pays s’y réfèrent sans cesse ; derniers en date, les propos de Poutine sur ce sujet, en réponse à une journaliste de Sky News lors de sa conférence de presse annuelle du 23 décembre dernier, circulent beaucoup sur les réseaux sociaux. « Vous, Occidentaux, vous nous avez abreuvés de belles paroles », dit-il en substance, « et n’avez tenu aucun de vos engagements. C’est pourquoi nous exigeons maintenant et sans délai un engagement écrit ».

          Les propos « historiques » les plus connus sur le non-élargissement de l’OTAN à l’Est sont ceux de James Baker, secrétaire d’État américain auprès de George Bush père. Lors d’une entrevue avec Gorbatchev à Moscou le 9 février 1990 il avait dit ceci (source : procès-verbal de la rencontre) : « Nous comprenons que non seulement pour l’URSS mais aussi pour les autres pays européens il est important d’avoir des garanties que, si les États-Unis conservent leur présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, la présence militaire de l’OTAN ne se déplacera pas d’un pouce en direction de l’Est. Nous considérons que des consultations et des discussions dans le cadre du format « deux plus quatre » doivent garantir qu’une Allemagne réunifiée n’entraînera pas un élargissement vers l’Est de l’organisation militaire de l’OTAN. »

          Le lendemain le chancelier Kohl rendait visite à Gorbatchev pour essayer de persuader les Soviétiques de ne pas faire obstacle à une réunification rapide de l’Allemagne. En tête à tête il avait affirmé à son homologue russe (source : archives russes sur « Gorbatchev et la question allemande ») : « Nous estimons que l’OTAN ne doit pas étendre sa sphère d’influence. Il faut trouver là une régulation raisonnable. Je comprends les enjeux en termes de sécurité de l’Union Soviétique et j’ai bien conscience que vous, Monsieur le Secrétaire général, et les autorités soviétiques vous allez devoir expliquer tout ce qui est en train de se passer de manière précise à la population de l’URSS. »

          Quelques mois plus tard, le 25 mai 1990 le président Mitterrand rencontrait en tête à tête son homologue russe et faisait part de la même compréhension à l’égard des impératifs de sécurité de ce qu’était encore à l’époque l’URSS (même source que précédemment) : « Bien sûr se pose la question des alliances. J’aimerai savoir ce que vous pensez de l’avenir de l’OTAN et du Pacte de Varsovie. Personnellement je ne vois aucune possibilité d’interdire à l’Allemagne de faire son choix une fois qu’elle sera réunifiée et aura pleinement retrouvé sa souveraineté. Toutefois il est indispensable d’exiger d’elle des garanties avant que cela ne se produise. Je pense qu’une fois le processus de réunification achevé personne ne pourra interdire à l’Allemagne d’aller au bout de ses intentions… J’ai parfaitement conscience que la réunification de l’Allemagne, son adhésion à l’OTAN vous créent de très grands problèmes. J’ai moi aussi des difficultés à cet égard mais d’une autre nature. C’est pourquoi j’insiste sur la nécessité de créer les conditions de votre sécurité et les conditions de la sécurité de l’Europe dans son ensemble. C’est cet objectif que je poursuis en proposant mon idée de confédération européenne. Elle rejoint votre concept d’édification de la maison commune européenne…. Il ne faut rien entreprendre qui puisse non seulement isoler l’URSS, mais qui puisse lui donner le sentiment que l’on cherche à l’isoler. Je souligne qu’à la fin des fins la question de l’adhésion de l’Allemagne à l’OTAN n’est pas archi urgente. D’autant que la RFA est déjà membre de l’OTAN. »

          On connaît la suite des événements. A l’automne 1994, les États-Unis choisissaient une tout autre voie. Le 29 septembre 1994, lors d’un déjeuner informel entre Bill Clinton et Boris Eltsine, en visite aux États-Unis, le président américain dit sans ambages à son invité russe : « L’OTAN va s’étendre mais les délais ne sont pas fixés pour le moment. Nous voulons continuer à avancer. Mais pour rien au monde je n’utiliserai ce processus contre vous. L’élargissement de l’OTAN n’est pas dirigé contre la Russie… Je ne veux pas que vous pensiez que chaque matin je me réveille avec une seule idée en tête : comment faire adhérer les pays du Pacte de Varsovie à l’OTAN – j’ai une tout autre vision des choses. Je réfléchis à la manière d’utiliser l’élargissement de l’OTAN pour arriver à un niveau de sécurité plus élevé, plus élaboré dans une Europe unifiée et intégrée – cet objectif, je sais que vous le partagez aussi. » (source : James Goldeier : « Promises made, promises broken ? what Yeltsin was told about Nato in 1993 and why it matters » – warontherocks.com 12 juillet 2016)

          Dans un pays qui définit la notion de sécurité comme « absence de danger » (« bezopasnost » en russe), pour qui le danger est donc premier, qui a une mémoire vive des invasions mongoles, napoléoniennes et nazies, dont le budget militaire est aujourd’hui 13 fois inférieur à celui des États-Unis et dont la population est trop peu nombreuse par rapport à sa surface – à peine 146 000 000 habitants pour 25 fois la superficie de la France, en déclin fort ces deux dernières années, et pas seulement sous l’effet de la pandémie, mais pour des raisons structurelles liée à la crise profonde des années 90 – il est certain que l’exigence de garanties est primordiale. Il serait peut-être grand temps de considérer « la menace russe » aussi sous cet angle.

    Héléna Perroud (Geopragma, 24 janvier 2022)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Guerres d'influence...

    Les éditions Odile Jacob viennent de publier un essai de Frédéric Charillon intitulé Guerres d'influence - Les états à la conquête des esprits. Professeur des universités en science politique, Frédéric Charillon a dirigé l'institut de recherche stratégique de l'Ecole Militaire.

     

    Charillon_Guerres d'influence.jpg

    " Quoi de commun entre les panda kissers (les zélateurs de la politique chinoise), la « Poutine mania », les « réseaux » turcs ou qataris, la K-pop (musique pop coréenne), les fondations allemandes, les Instituts Confucius ou les programmes d’invitation « Young leaders » aux États-Unis ? Dans tous les cas, il s’agit d’afficher, de séduire, de convaincre, de trouver des relais, dans une stratégie d’État plus globale qui vise à conquérir les esprits.
    Car – c’est la thèse de ce livre – l’influence, et non plus la puissance, est la nouvelle clé pour déchiffrer le jeu des relations internationales. L’influence mobilise des ressources croissantes de la part des États. Elle leur permet de modifier le rapport de force mondial, de contrôler des pays tiers ou d’y prospérer sans entrave.
    On peut dénoncer ces stratégies d’influence comme autant de manipulations inacceptables, pointer du doigt leurs commanditaires, en particulier quand ils pratiquent la nuisance et l’intimidation. Mais elles sont devenues la norme géopolitique.
    La France et plus largement l’Europe sont-elles bien armées pour mener ces guerres d’un autre type ? "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Pourquoi tant de haine contre la Russie ?...

    Le 20 décembre 2021, Olivier Pichon recevait sur TV libertés, dans l'émission Politique & Eco, Jacques sapir, pour évoquer l'économie russe.

    Économiste hétérodoxe, directeur d’études à l’EHESS, expert de l’économie russe, Jacques Sapir a publié de nombreux essais comme La fin de l'euro-libéralisme (Seuil, 2006), La démondialisation (Seuil, 2011) ou Souveraineté - Démocratie - Laïcité (Michalon, 2016).

     

                                              

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!