Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

etats-unis - Page 70

  • La résistance indienne aux Etats-Unis...

    « Il est de coutume, dans les milieux libéraux, de dire que la grande supériorité de la Révolution Américaine sur la Révolution française, c'est qu'elle n'a pas fait de victimes. La Terreur en France fit 42 000 morts ; le génocide indien dix millions.

    Alors, mesdames et messieurs, honneur aux vrais Américains ! Honneur à Powathan, le roi des Algonquins ! Honneur à Petite Tortue, chef des Indiens Miamis ! Honneur au Chef Joseph, le Nez-Percé, mort en déportation ! Honneur à Tecumseh, chef des Shawnees et fédérateur des tribus ! Honneur à Geronimo, mort en prison ! Honneur à Cochise, mort dans " sa réserve " ! Honneur à Chaudron Noir, le Cheyenne, sabré par les troupes de Custer à la Washita ! Honneur à Cheval Fou, dont le cour est enterré à Wounded Knee ! Honneur à Nuage Rouge ! Honneur à Taureau Assis ! »

    Alain de Benoist (Actes du XXVème colloque national du GRECE, 1992, Etats-Unis : danger !)

     

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer dans leur collection de poche Folio un ouvrage d’Élise Marienstras, publié initialement en 1979 et intitulé La résistance indienne aux États-Unis. Professeur d'université, Elise Marienstras est historienne et spécialiste des débuts des Etats-unis.

     

    Résitance indienne.jpg

    " Ce livre raconte «une autre histoire» : parcourant cinq siècles, il présente, à partir aussi bien de textes d'une actualité proche que de récits plongeant dans les temps immémoriaux du mythe, la résistance d'un peuple à la négation de son existence. Le récit de leur résistance tenace à la colonisation et à la tentative d'extermination permet d'entendre directement leur parole, de les observer dans l'action, de les retrouver comme les partenaires d'une histoire commune où Euro-Américains et Amérindiens ont chacun joué leur rôle. Vus sous cet angle, les Amérindiens paraissent exemplaires : ils se sont opposés avec constance au vol de leurs terres, à la violence exterminatrice, à l'anéantissement de leurs structures sociales et de leurs cultures, saisissant les armes les plus propices - guerre, guérilla, recours légal, usage inversé de l'acculturation, ressourcement aux racines de la spiritualité ancestrale. Exemplaires dans leur refus de séparer la lutte pour la survie du combat pour l'identité, les Amérindiens concrétisent, par l'affirmation de leurs propres valeurs, le doute qui saisit le monde actuel sur le bien-fondé des civilisations technologiques, l'exploitation abusive des ressources naturelles, l'enfermement de l'homme blanc dans une vie consacrée au seul profit matériel. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Contre le partenariat transatlantique !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur le site Europe solidaire, qu'il anime, et consacré au traité de partenariat transatlantique. Jean-Paul Baquiast est également le responsable du site d'informations scientifiques Automates intelligents.

     

    Van_Rompuy,_Obama,_Barroso_Novembre_2011.png

     

    Contre le partenariat transatlantique

    Les négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (PTCI) ont débuté cet été, malgré les réserves, tout au moins en France, de nombreux représentants politiques, chefs d'entreprise et dirigeants de syndicats. Ils considèrent cette démarche comme un abandon de plus des compétences européennes face à une concurrence américaine "libre et non faussée" qui ressemble de plus en plus à une mise en coupe réglée, compte tenu des différences de forces entre les futurs partenaires. Il n'empêche. Avec l'implication personnelle du président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso qui en espérerait le soutien américain pour une promotion dans une institution internationale, le mouvement s'accélère. Le gouvernement français pour sa part semble étrangement indifférent. Ceci pourtant au moment où les révélations de Edward Snowden montrent l'ampleur de la guerre économique menée par les Etats-Unis, via la NSA et d'autres agences, aux dépens des industries et des économies européennes. Certains objectent que le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership ) ou PCTI (Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement) favoriserait symétriquement les divers partenaires à l'échange. C'est évidemment faux. Les intérêts français n'atteignent en aucun cas la taille critique leur permettant de se battre à égalité. Ceci non seulement dans le domaine économique mais dans le domaine politique et diplomatique, où leurs futurs partenaires américains bénéficient d'un soutien sans faille du Département d'Etat et du Ministère de la Défense, grand acheteur comme l'on sait. Certes, en Europe, une partie du patronat européen et de la banque, bien représentée dans les média, espère qu'à l'occasion de ce partenariat transatlantique seront démantelées les diverses mesures mises en place depuis 30 ans pour maintenir un reste d'équilibre entre l'investissement public et l'investissement privé, comme plus généralement entre le social et l'économique. La table-rase actuellement imposée à la Grèce par l'UE et la Banque centrale pourrait ainsi être généralisée dans l'ensemble de l'Europe. Mais ce soutien représente une raison de plus pour rejeter les négociations. L'indépendance et les perspectives de relance de l'Europe auront tout à y perdre – sauf à admettre que les entreprises et les banques européennes sont vouées à devenir de simples succursale de leurs concurrentes américaines. On fait également valoir que les Asiatiques sont moins frileux que les Européens, puisqu'ils semblent s'engager avec enthousiasme dans l'équivalent du TTIP pour la zone Pacifique, le TPP. Mais d'une part la taille et la compétitivité des entreprises asiatiques sont malheureusement en général sans comparaison avec celles des entreprises européennes. D'autre part, même en Chine, des réticences commencent à se faire sentir. La véritable colonisation des secteurs de pointe chinois par des entreprises et capitaux américains commence à alerter les opinions. On fait enfin valoir que les Européens n'ont pas de raison de s'inquiéter, parce que le soutien donné au TTIP et au TPP par les Américains semble s'effriter. Les membres du Congrès, notamment, découvriraient que beaucoup de leurs électeurs dans les secteurs économiques traditionnels ne partagent pas l'enthousiasme de la Maison Blanche, en perdition dans tous les autres domaines, pour une rapide conclusion des négociations.

    Mais il ne faut pas compter la-dessus. Le Big Business et la grande banque américaine ne seront pas fâchés de se débarrasser à la fois de la concurrence européenne et des lourdeurs de certains secteurs traditionnels provenant de l'Amérique profonde. Ils ne renonceront donc pas à mener et tenter de gagner la « guerre des Traités ».
    Il n’empêche. Tous les arguments présentés ici, et bien d'autres, pour refuser les négociations ou les faire indéfiniment traîner en longueur, semblent se heurter à un mur d'indifférence, tant à Bruxelles qu'à Paris. Il faudra s'y résigner. Il ne s'agira que d'une nouvelle phase dans le suicide de l'Europe.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 11 janvier 2014)

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Economie, Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (60)

    Nasser.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Marianne, Jack Dion revient sur la conduite des négociations de l'accord de partenariat transatlantique...

    L'agent du néolibéralisme fou

    Accord partenariat transatlantique.jpg

    - sur le site de l'OJIM, on peut découvrir un panorama particulièrement intéressant dde l'histoire et des évolutions idéologiques du quotidien Libération...

    40 ans de Libération : des maos aux bobos

    liberation.jpg

     

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Bonne année aux sots !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur le site Europe solidaire et consacré aux révélations d'Edward Snowden sur la mise au point par la NSA d'un ordinateur quantique, véritable graal dans le domaine de la recherche en informatique...

    Jean-Paul Baquiast est l'animateur du site Europe solidaire, ainsi que du remarquable site d'actualité technoscientifique Automates intelligents

     

    Ordinateur quantique.jpg

    L'ordinateur quantique de la NSA

    Dès janvier 2004, nous présentions en détail (1) les promesses et les difficultés de réalisation d'un ordinateur quantique pleinement développé. Nous indiquions également que, pour assurer sa cohésion et sa croissance, l'Europe, qui en a les moyens, devait s'inscrire dans cette course au Saint Graal de la science et de la technique. Il n'est pas de difficultés qui ne se résolve quand on fait l'effort nécessaire. A preuve le succès du premier homme sur la Lune, inenvisageable sérieusement au début du 20e siècle. Cet article, bien que lu par plusieurs centaines de milliers de personnes, selon nos statistique, n'avait suscité en France aucune réaction. Sans doute parce que personne n'avait la culture politico-technologique pour en comprendre la portée - encore que cette culture, ne nous vantons pas, était , comme le montre notre exemple, à la portée de presque chacun.

    Aujourd'hui, dans la suite des révélations Snowden/NSA annoncée par le trio Snowden/Greenwald/ Poitras - dont certaines encore plus importantes seraient selon eux prêtes à être divulguées - on apprend que la NSA développe un tel ordinateur quantique. Or quand la NSA et derrière elle le système politico-industriel américain et celui dit de Sécurité Nationale, investissent des trillions de dollars dans un objectif, ils l'obtiennent. Preuve en est que la NSA, la CIA et autres agences de renseignement, associées aux entreprises américaines qui contrôlent le Net, disposent désormais dans leurs serveurs d'un univers de Big Data leur permettant de connaître et de cibler les activités de chacun d'entre nous. Il est vrai que cela ne leur suffisait pas. La découverte, par les gouvernements et les citoyens de ce nouveau « goulag électronique » a relancé les efforts de certains Etats et de certaines entreprises pour développer des investissements de cryptologie encore plus difficiles à « casser » que ceux aujourd'hui disponibles. (2)

    Il était bien évident que la NSA et le Système de Sécurité Nationale américain n'allait pas laisser faire. Nous savions dès 2007 que la Darpa et le ministère de la Défense finançaient des recherches dans le domaine de l'ordinateur quantique, en collaboration avec la firme D.Wave. (3) Clairement, ils n'allaient pas se limiter à réaliser des ordinateurs quantiques de seulement quelques q.bit. Les révélations NSA/Snowden, qui viennent d'être documentées par le Washington Post (4) puis par toute la presse (5), montrent que l'effort est d'une toute autre ampleur, et sans doute déjà en partie couronné de succès.

    Un tel outil, aux mains de la NSA, même s'il n'est pas encore complètement développé (il sera toujours perfectible) constitue déjà une menace pour le reste du monde, si du moins celui-ci veut échapper à l'emprise du Système de Sécurité Nationale américain. Non seulement il pourra ruiner tous les efforts mondiaux de cryptographie, mais il donnera à ce Système, associé au Système politico industriel, des moyens de calculs permettant d'augmenter encore leurs performances et leurs ambitions, tant dans la défense que dans les domaines spatiaux, scientifiques et technologiques. Inutile de dire que l'Europe, pour ce qui la concerne, n'aura d'autres choix que disparaitre en tant qu'entité propre, à moins d'accepter de devenir dans les domaines de faible importance stratégique un simple satellite de l'Amérique.

    Les arguments de l'incompétence

    Comme précédemment, les Européens et en tous cas les Français, gouvernement en tête, estimeront du haut de leur incompétence que le risque est très surestimé, voire illusoire. Un série d'arguments est déjà présentée en ce sens. Evoquons les principaux, en indiquant selon nous leur fausseté :

    L'ordinateur quantique ne sera pas réalisable avec des années. On cite à cet égard les éminents spécialistes que sont Seth Loyd (6) et David Deutch (7). Répondons que ceux-ci ne sont sans doute pas informés des investissements faits récemment dans ce domaine, à coups de milliards de dollars, par la NSA. Quant à notre expert national, le Prix Nobel de physique Serge Haroche, il n'a même pas voulu répondre à notre question sur ce thème.

    La NSA est en train d'être reprise en mains par Barack Obama. Il s'agit d'une illusion, comme le montrent les inquiétudes croissantes des milieux « libertariens » américains. Obama et le gouvernement fédéral ne feront rien en ce sens. Même si certaines restrictions de crédit ou d'influence étaient imposées à la NSA, elles n'atteindront en rien le coeur du système de Sécurité Nationale appuyé sur les ressources informatiques immenses accumulées. L'argument de la lutte contre le terrorisme, de toutes façons, découragera tout effort sérieux pour brider la NSA. Merci Allah.

    L'Amérique partagera. L'ordinateur quantique apportera très vite de tels bénéfices, non seulement en cryptologie, mais comme évoqué plus haut dans les domaines scientifiques et technologiques, que la course à la puissance quantique, comme précédemment la course à la Lune, deviendra un enjeu si grand que toutes les forces du pays y seront consacrées, sous la protection bienveillante de l'armée et de la police. De plus, comme dans le domaine de l'Espace, le système de pouvoir américain ne partagera avec personne, même avec les prétendus proches alliés, les succès obtenus. Quant à la Russie, la Chine et les autres BRICs, elles ne doivent se faire d'illusion. Le retard accumulé ne se rattrapera pas.

    Nous ne pouvons donc que souhaiter, en ce début janvier 2014, une bonne et heureuse années aux sots qui ne se rendent pas compte à quel point l'équilibre du monde est en train de changer, au bénéfice non pas de la prétendue Humanité, mais pour les seuls profits de l'étroite minorité qui contrôle cette Humanité, grâce à la puissance financière et scientifique accumulée. Les sots trouvent toujours moyen d'être heureux. Grand bien leur fasse.

     

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 6 janvier 2013)

    Notes

    1) Automates Intelligents. Pour un grand programme européen, l'ordinateur quantique.

    2) Voir The Year in Crypto

    3) Voir sur le site Agoravox, qui n'a pourtant guère d'ambitions scientifiques, un article de février 2007.

    4) Voir Washington Post.

    5) Voir Le Figaro.

    6) Automates Intelligents. Seth Loys, Programing the Universe.

    7) Automates Intelligents David Deutch The Beginning on Infinity.

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Plaidoyer pour la Russie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'écrivain Gabriel Matzneff, cueilli sur le site du Point et consacré à la curieuse hostilité de la France à l'égard de la Russie...

     

    poutine russie.jpg

     

    Plaidoyer pour la Russie

    J'aimerais beaucoup qu'en 2014 on m'explique les raisons de l'inféodation de la politique étrangère française - droite et gauche confondues - à celle des États-Unis ; qu'on me déroule les arcanes de l'opiniâtre hostilité que les autorités françaises, les médias français - gauche et droite confondues - témoignent à la Russie. En Irak, en Serbie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, et, de manière moins sanglante mais semblablement servile, en Géorgie et en Ukraine, l'Élysée et le Quai d'Orsay, le petit doigt sur la couture du pantalon, sont, depuis de nombreuses années, aux ordres des Américains, adoptent sans barguigner leur exécrable politique étrangère. Parfois même s'y montrent - en Libye et en Syrie par exemple - des serviteurs encore plus zélés que leurs maîtres.

    La première fois que j'ai voté pour élire le président de la République, figurait parmi les candidats celui du parti américain. Il s'appelait Jean Lecanuet et se prenait pour la réincarnation de John Kennedy, assassiné deux ans plus tôt. Il n'était pas antipathique, mais sa ferveur pro-yankee prêtait à sourire et, à droite, les gens sérieux se rassemblaient derrière le général de Gaulle qui, lui, prônait une politique étrangère peu soucieuse des intérêts des États-Unis ; une politique qui, au Proche-Orient, en Europe orientale, au Canada, en Amérique du Sud, en Asie, était uniquement attachée aux intérêts de la France.

    "Nous sommes en guerre contre l'Amérique"

    À ces élections de 1965, la gauche portait les couleurs d'un seul candidat, François Mitterrand. Je me battais pour lui dans les colonnes de Combat, un journal de jeunes insolents mousquetaires dont le capitaine de Tréville se nommait Philippe Tesson ; et aussi dans un hebdomadaire de droite, La Nation française de Pierre Boutang, où mon meilleur argument était : François Mitterrand, lui aussi, saura dire non aux Américains.

    Le général de Gaulle, défenseur d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural, était attentif à développer cette amitié franco-russe qui, depuis le mariage de la princesse Anne de Russie avec le roi Henri de France jusqu'aux champs de bataille des deux guerres mondiales, est la colonne d'or de l'équilibre européen ; il s'inscrivait dans cette féconde tradition de l'alliance franco-russe célébrée par le duc de Saint-Simon, Chateaubriand et tant d'autres esprits lucides.

    Mitterrand, lui aussi, était un slavophile qui n'imaginait pas un instant que l'Europe pût n'être qu'une Europe catholique et protestante ; qui savait que la Russie et les autres pays orthodoxes de l'Europe orientale constituaient un élément essentiel de notre vieux continent. Fidèle à l'amitié qui unit la Serbie et la France, il a souffert de la guerre de l'Otan contre le peuple serbe. Dans un beau livre paru chez Plon, Le dernier Mitterrand, Georges-Marc Benamou cite ce propos que le président malade lui tint en 1994 :

    "La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique... Oui, une guerre permanente, une guerre vitale... Leur propagande, les manipulations, leurs mensonges... Les Américains voulaient envoyer les Turcs bombarder les Serbes, j'ai fait ce qu'il fallait pour éviter cette folie."

    L'intelligentsia française témoigne une sourcilleuse exigence démocratique à l'endroit de Poutine

    Personne ne fait aux Américains le reproche d'avoir une politique favorable à l'Amérique. Comme le dit Pierre Fresnay dans L'assassin habite au 21, "c'est bien normal". En revanche, nous pouvons légitimement regretter que les successeurs du général de Gaulle et de François Mitterrand, hier Nicolas Sarkozy, aujourd'hui François Hollande, se soumettent si platement aux mots d'ordre de Washington, se croient obligés - lors de crises telles que, hier, celle de la Géorgie, aujourd'hui celle de l'Ukraine, - de prendre le parti des marionnettes pro-américaines, de manifester leur hostilité à la Russie et aux amis de la Russie.

    Les Russes ont toujours été animés de cette "passion extrême de s'unir avec la France" que Saint-Simon se réjouit d'observer chez Pierre le Grand, et cette passion fut longtemps réciproque, mais, pour des raisons que j'aimerais qu'en 2014 on m'explique, elle ne l'est plus. En 1988, lorsque Gorbatchev décida de mettre fin au régime dictatorial qui depuis soixante-dix ans oppressait le peuple russe, cela aurait dû être en France, et en particulier chez les intellectuels, les artistes, une explosion de joie. Qu'après des décennies de décervelage d'État, les Russes pussent enfin redécouvrir leurs racines culturelles, spirituelles, prier librement, s'exprimer librement, voyager librement, que dans les vitrines des librairies ressuscitent les livres interdits - des Démons de Dostoïevski au Requiem d'Akhmatova, des oeuvres de Berdiaeff à celles de Florensky -, aurait dû réjouir tous les Français attachés à la liberté d'expression, et en premier lieu ceux qui se réclament de la gauche.

    Bizarrement, il n'en fut rien et, en 2013, il n'en est toujours rien. L'intelligentsia française, qui durant soixante-dix ans a témoigné une incroyable indulgence aux tortionnaires Lénine, Staline, Brejnev, qui, au pire des persécutions, a continué de lécher le cul du pouvoir soviétique et de bouffer ses petits fours à l'ambassade de la rue de Grenelle, témoigne soudain une sourcilleuse exigence démocratique à l'endroit de Poutine. Oui, c'est en vérité curieux, car, à comparaison des trois sanglants zozos que je viens de nommer, Poutine est un parangon de démocratie.

    Si des professionnels de la politique européenne pouvaient en 2014 me dévoiler les raisons de ce deux poids deux mesures, de cet assujettissement aux États-Unis, de cet incroyable et absurde désamour de la Russie chez nos gouvernants, nos journalistes et nos intellos bon chic bon genre, j'en serais ravi. Sur ce, Joyeux Noël, Bonne Année et, comme disent nos amis corses, Pace e Salute !

    Gabriel Matzneff (Le Point, 15 décembre 2013)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Amérique année zéro...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Immarigeon sur la dette américaine, publié dans le numéro de décembre 2013 de la revue Défense nationale et cueilli sur son blog American parano.

     

    Panique année zéro.jpg

    Amérique année zéro

    Certes le débat sur la dette qui va de nouveau secouer les Etats-Unis dans les prochains mois semble n’être que l’onde de choc d’une crise financière de 2008 qui n’a jamais été résolue, la poussière ayant été mise sous le tapis. Certes tous les pays industrialisés connaissent ce débat. Mais une évidence a surgi, qu’il est inconséquent d’ignorer : les Etats-Unis vont faire défaut à leur dette mais surtout à leur rôle de locomotive, et la seule question est désormais de savoir quand.

     

    Depuis que la Chambre des Représentants à majorité républicaine a rejeté, à l’automne 2008, la première mouture du Plan Paulson de sauvetage du système financier, vote inspiré par la colère de ce qu’on pourrait appeler l’Amérique profonde, on sait qu’un jour où l’autre, avec ou sans ce Tea Party né quelques semaines après ce vote mais engendré par lui, les Etats-Unis vont faire banqueroute. Rien de nouveau en soi, nombre d’historiens rappellent depuis plusieurs mois les précédents de Philippe le Bel avec les Templiers, de François II avec les banquiers transalpins ou de Sully.

     

    Il est vrai que, en cette fin d’année 2013, le Trésor américain est autorisé à emprunter jusqu’au 7 février prochain, et l’Etat fédéral est financé jusqu’au 15 janvier. Mais après ? Le déficit public sera encore de 800 milliards en 2014 et au mieux de 600 milliards en 2018, et encore si la croissance atteint 4% par an. La balance des paiements enregistre un déficit de l’ordre de 500 milliards par an depuis plus de dix ans. Le plafond autorisé de la dette va donc être franchi quelque soient les relèvements votés. La crise peut recommencer dès le début de l’année prochaine, et plus sûrement le 1er octobre prochain, premier jour de la nouvelle année fiscale, en pleine campagne électorale, moment où les élus comptent leurs troupes.

     

    Mais laissons ce débat finalement secondaire. Si les Américains vont faire défaut, c’est qu’à l’occasion du dernier rebondissement du feuilleton de la dette, celle-ci a fait irruption dans leur imaginaire collectif comme le symbole de cette intrusion de l’étranger qu’ils refusent depuis la Farewell Address de George Washington, et même depuis cette Tea Party de Boston de 1773 qui sert de raison sociale aux trublions du Congrès et qui fut déjà une prophylaxie. Ce jour-là, de surprise stratégique il n’y aura guère, d’autant que, depuis la débâcle irakienne, les Américains se replient dans leur île-continent.

     

    Certes ils font preuve d’un activisme certain en Amérique latine, au Moyen Orient ou en Asie. Mais à y regarder de près, cette agitation s’apparente à un vaste repli stratégique laissant derrière lui des marches ou ces gisements de matières premières indispensables à une société gaspilleuse. Plus que jamais, les Etats-Unis ne se sentent tenus à aucun engagement vis-à-vis du Reste du monde qui n’est pour eux, comme je l’écrivais dès 2006, que le Rien du monde. Tocqueville l’avait déjà compris : ils n’ont aucune vraie politique extérieure parce qu’ils n’ont aucun intérêt autre que ce qui leur permet de survivre.

     

    Et ils sont entrés dans un processus de survie. Car s’ils vont faire défaut c’est aussi et surtout parce qu’ils savent mieux que quiconque que leur sous-productivité ne leur permettra jamais de rembourser la dette abyssale qu’ils ont accumulée depuis le milieu des années 70, lorsqu’ils ne firent pas les mêmes efforts de productivité que le reste des pays industrialisés. Ils font semblant de faire de la croissance dans une économie subventionnée à tous les étages : c’est un Plan Marshall à l’envers. Cette croissance n’est tirée que par la production de dollars, ce qui permet de gaspiller davantage de richesses qu’il ne s’en crée.

     

    C’est ce que dénonce Charles de Gaulle dès février 1965 : « Le fait que de nombreux Etats acceptent des dollars pour compenser les déficits que présente à leur profit la balance américaine des paiements, amène les Etats-Unis à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre, et alors que le dollar est un moyen de crédit approprié à un Etat ». Et tout le monde triche, parce que personne ne peut envisager que la locomotive du monde n’en soit pas une. C’est comme au Monopoly, les après-midis pluvieux de vacances bretonnes : il arrive un moment où la petite sœur n’a plus de quoi acheter l’hôtel de l’avenue Mozart, alors on lui fait une avance pour que le jeu continue, qu’il fait trop froid pour aller se baigner et qu’on est déjà allé à la crêperie hier.

     

    « Amérique, devenue cette faible main de pierre séparée d’une statue », écrivit Supervielle. Que vaut aujourd’hui ce dollar-assignat ? Lorsque Richard Nixon, en avril 1973, décide de le découpler de l’or, une once s’achète 35 dollars : quarante ans plus tard, il faut en débourser 1.200. Or les Etats-Unis refusent obstinément d’aborder la question monétaire, on le voit à chaque G-20, et ils vont encore s’y refuser lors des négociations du Grand Marché Transatlantique.

     

    D’où vient alors que ceux qui passent la Grèce en coupe réglée au nom du respect des critères de Maastricht, supplient dans le même temps les Etats-Unis de laisser filer leur déficit et de relever le plafond de leur endettement ? « Un Schpountz n’est pas un idiot, il raisonne parfaitement sur toute chose, il a même du bon sens, sauf en ce qui concerne l’Amérique », fait dire Marcel Pagnol, au début du film, à un de ses personnages… à un mot près, bien sûr. Il y a dans nos élites une véritable addiction à l’Amérique, on ne sait plus faire sans elle, et on ne lui connaît pas de méthadone de substitution.

     

    Mais un jour tout va s’arrêter. « Tout se rue sur l’empire, écrivait Giraudoux, de la chenille à l’ennemi héréditaire et aux hypothèques de Dieu. » Et cette fois-ci ce sont les Américains eux-mêmes qui vont dire : ça suffit !

    Jean-Philippe Immarigeon (American parano, 12 décembre 2013)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!