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etats-unis - Page 70

  • Plaidoyer pour la Russie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'écrivain Gabriel Matzneff, cueilli sur le site du Point et consacré à la curieuse hostilité de la France à l'égard de la Russie...

     

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    Plaidoyer pour la Russie

    J'aimerais beaucoup qu'en 2014 on m'explique les raisons de l'inféodation de la politique étrangère française - droite et gauche confondues - à celle des États-Unis ; qu'on me déroule les arcanes de l'opiniâtre hostilité que les autorités françaises, les médias français - gauche et droite confondues - témoignent à la Russie. En Irak, en Serbie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, et, de manière moins sanglante mais semblablement servile, en Géorgie et en Ukraine, l'Élysée et le Quai d'Orsay, le petit doigt sur la couture du pantalon, sont, depuis de nombreuses années, aux ordres des Américains, adoptent sans barguigner leur exécrable politique étrangère. Parfois même s'y montrent - en Libye et en Syrie par exemple - des serviteurs encore plus zélés que leurs maîtres.

    La première fois que j'ai voté pour élire le président de la République, figurait parmi les candidats celui du parti américain. Il s'appelait Jean Lecanuet et se prenait pour la réincarnation de John Kennedy, assassiné deux ans plus tôt. Il n'était pas antipathique, mais sa ferveur pro-yankee prêtait à sourire et, à droite, les gens sérieux se rassemblaient derrière le général de Gaulle qui, lui, prônait une politique étrangère peu soucieuse des intérêts des États-Unis ; une politique qui, au Proche-Orient, en Europe orientale, au Canada, en Amérique du Sud, en Asie, était uniquement attachée aux intérêts de la France.

    "Nous sommes en guerre contre l'Amérique"

    À ces élections de 1965, la gauche portait les couleurs d'un seul candidat, François Mitterrand. Je me battais pour lui dans les colonnes de Combat, un journal de jeunes insolents mousquetaires dont le capitaine de Tréville se nommait Philippe Tesson ; et aussi dans un hebdomadaire de droite, La Nation française de Pierre Boutang, où mon meilleur argument était : François Mitterrand, lui aussi, saura dire non aux Américains.

    Le général de Gaulle, défenseur d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural, était attentif à développer cette amitié franco-russe qui, depuis le mariage de la princesse Anne de Russie avec le roi Henri de France jusqu'aux champs de bataille des deux guerres mondiales, est la colonne d'or de l'équilibre européen ; il s'inscrivait dans cette féconde tradition de l'alliance franco-russe célébrée par le duc de Saint-Simon, Chateaubriand et tant d'autres esprits lucides.

    Mitterrand, lui aussi, était un slavophile qui n'imaginait pas un instant que l'Europe pût n'être qu'une Europe catholique et protestante ; qui savait que la Russie et les autres pays orthodoxes de l'Europe orientale constituaient un élément essentiel de notre vieux continent. Fidèle à l'amitié qui unit la Serbie et la France, il a souffert de la guerre de l'Otan contre le peuple serbe. Dans un beau livre paru chez Plon, Le dernier Mitterrand, Georges-Marc Benamou cite ce propos que le président malade lui tint en 1994 :

    "La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique... Oui, une guerre permanente, une guerre vitale... Leur propagande, les manipulations, leurs mensonges... Les Américains voulaient envoyer les Turcs bombarder les Serbes, j'ai fait ce qu'il fallait pour éviter cette folie."

    L'intelligentsia française témoigne une sourcilleuse exigence démocratique à l'endroit de Poutine

    Personne ne fait aux Américains le reproche d'avoir une politique favorable à l'Amérique. Comme le dit Pierre Fresnay dans L'assassin habite au 21, "c'est bien normal". En revanche, nous pouvons légitimement regretter que les successeurs du général de Gaulle et de François Mitterrand, hier Nicolas Sarkozy, aujourd'hui François Hollande, se soumettent si platement aux mots d'ordre de Washington, se croient obligés - lors de crises telles que, hier, celle de la Géorgie, aujourd'hui celle de l'Ukraine, - de prendre le parti des marionnettes pro-américaines, de manifester leur hostilité à la Russie et aux amis de la Russie.

    Les Russes ont toujours été animés de cette "passion extrême de s'unir avec la France" que Saint-Simon se réjouit d'observer chez Pierre le Grand, et cette passion fut longtemps réciproque, mais, pour des raisons que j'aimerais qu'en 2014 on m'explique, elle ne l'est plus. En 1988, lorsque Gorbatchev décida de mettre fin au régime dictatorial qui depuis soixante-dix ans oppressait le peuple russe, cela aurait dû être en France, et en particulier chez les intellectuels, les artistes, une explosion de joie. Qu'après des décennies de décervelage d'État, les Russes pussent enfin redécouvrir leurs racines culturelles, spirituelles, prier librement, s'exprimer librement, voyager librement, que dans les vitrines des librairies ressuscitent les livres interdits - des Démons de Dostoïevski au Requiem d'Akhmatova, des oeuvres de Berdiaeff à celles de Florensky -, aurait dû réjouir tous les Français attachés à la liberté d'expression, et en premier lieu ceux qui se réclament de la gauche.

    Bizarrement, il n'en fut rien et, en 2013, il n'en est toujours rien. L'intelligentsia française, qui durant soixante-dix ans a témoigné une incroyable indulgence aux tortionnaires Lénine, Staline, Brejnev, qui, au pire des persécutions, a continué de lécher le cul du pouvoir soviétique et de bouffer ses petits fours à l'ambassade de la rue de Grenelle, témoigne soudain une sourcilleuse exigence démocratique à l'endroit de Poutine. Oui, c'est en vérité curieux, car, à comparaison des trois sanglants zozos que je viens de nommer, Poutine est un parangon de démocratie.

    Si des professionnels de la politique européenne pouvaient en 2014 me dévoiler les raisons de ce deux poids deux mesures, de cet assujettissement aux États-Unis, de cet incroyable et absurde désamour de la Russie chez nos gouvernants, nos journalistes et nos intellos bon chic bon genre, j'en serais ravi. Sur ce, Joyeux Noël, Bonne Année et, comme disent nos amis corses, Pace e Salute !

    Gabriel Matzneff (Le Point, 15 décembre 2013)

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  • Amérique année zéro...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Immarigeon sur la dette américaine, publié dans le numéro de décembre 2013 de la revue Défense nationale et cueilli sur son blog American parano.

     

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    Amérique année zéro

    Certes le débat sur la dette qui va de nouveau secouer les Etats-Unis dans les prochains mois semble n’être que l’onde de choc d’une crise financière de 2008 qui n’a jamais été résolue, la poussière ayant été mise sous le tapis. Certes tous les pays industrialisés connaissent ce débat. Mais une évidence a surgi, qu’il est inconséquent d’ignorer : les Etats-Unis vont faire défaut à leur dette mais surtout à leur rôle de locomotive, et la seule question est désormais de savoir quand.

     

    Depuis que la Chambre des Représentants à majorité républicaine a rejeté, à l’automne 2008, la première mouture du Plan Paulson de sauvetage du système financier, vote inspiré par la colère de ce qu’on pourrait appeler l’Amérique profonde, on sait qu’un jour où l’autre, avec ou sans ce Tea Party né quelques semaines après ce vote mais engendré par lui, les Etats-Unis vont faire banqueroute. Rien de nouveau en soi, nombre d’historiens rappellent depuis plusieurs mois les précédents de Philippe le Bel avec les Templiers, de François II avec les banquiers transalpins ou de Sully.

     

    Il est vrai que, en cette fin d’année 2013, le Trésor américain est autorisé à emprunter jusqu’au 7 février prochain, et l’Etat fédéral est financé jusqu’au 15 janvier. Mais après ? Le déficit public sera encore de 800 milliards en 2014 et au mieux de 600 milliards en 2018, et encore si la croissance atteint 4% par an. La balance des paiements enregistre un déficit de l’ordre de 500 milliards par an depuis plus de dix ans. Le plafond autorisé de la dette va donc être franchi quelque soient les relèvements votés. La crise peut recommencer dès le début de l’année prochaine, et plus sûrement le 1er octobre prochain, premier jour de la nouvelle année fiscale, en pleine campagne électorale, moment où les élus comptent leurs troupes.

     

    Mais laissons ce débat finalement secondaire. Si les Américains vont faire défaut, c’est qu’à l’occasion du dernier rebondissement du feuilleton de la dette, celle-ci a fait irruption dans leur imaginaire collectif comme le symbole de cette intrusion de l’étranger qu’ils refusent depuis la Farewell Address de George Washington, et même depuis cette Tea Party de Boston de 1773 qui sert de raison sociale aux trublions du Congrès et qui fut déjà une prophylaxie. Ce jour-là, de surprise stratégique il n’y aura guère, d’autant que, depuis la débâcle irakienne, les Américains se replient dans leur île-continent.

     

    Certes ils font preuve d’un activisme certain en Amérique latine, au Moyen Orient ou en Asie. Mais à y regarder de près, cette agitation s’apparente à un vaste repli stratégique laissant derrière lui des marches ou ces gisements de matières premières indispensables à une société gaspilleuse. Plus que jamais, les Etats-Unis ne se sentent tenus à aucun engagement vis-à-vis du Reste du monde qui n’est pour eux, comme je l’écrivais dès 2006, que le Rien du monde. Tocqueville l’avait déjà compris : ils n’ont aucune vraie politique extérieure parce qu’ils n’ont aucun intérêt autre que ce qui leur permet de survivre.

     

    Et ils sont entrés dans un processus de survie. Car s’ils vont faire défaut c’est aussi et surtout parce qu’ils savent mieux que quiconque que leur sous-productivité ne leur permettra jamais de rembourser la dette abyssale qu’ils ont accumulée depuis le milieu des années 70, lorsqu’ils ne firent pas les mêmes efforts de productivité que le reste des pays industrialisés. Ils font semblant de faire de la croissance dans une économie subventionnée à tous les étages : c’est un Plan Marshall à l’envers. Cette croissance n’est tirée que par la production de dollars, ce qui permet de gaspiller davantage de richesses qu’il ne s’en crée.

     

    C’est ce que dénonce Charles de Gaulle dès février 1965 : « Le fait que de nombreux Etats acceptent des dollars pour compenser les déficits que présente à leur profit la balance américaine des paiements, amène les Etats-Unis à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre, et alors que le dollar est un moyen de crédit approprié à un Etat ». Et tout le monde triche, parce que personne ne peut envisager que la locomotive du monde n’en soit pas une. C’est comme au Monopoly, les après-midis pluvieux de vacances bretonnes : il arrive un moment où la petite sœur n’a plus de quoi acheter l’hôtel de l’avenue Mozart, alors on lui fait une avance pour que le jeu continue, qu’il fait trop froid pour aller se baigner et qu’on est déjà allé à la crêperie hier.

     

    « Amérique, devenue cette faible main de pierre séparée d’une statue », écrivit Supervielle. Que vaut aujourd’hui ce dollar-assignat ? Lorsque Richard Nixon, en avril 1973, décide de le découpler de l’or, une once s’achète 35 dollars : quarante ans plus tard, il faut en débourser 1.200. Or les Etats-Unis refusent obstinément d’aborder la question monétaire, on le voit à chaque G-20, et ils vont encore s’y refuser lors des négociations du Grand Marché Transatlantique.

     

    D’où vient alors que ceux qui passent la Grèce en coupe réglée au nom du respect des critères de Maastricht, supplient dans le même temps les Etats-Unis de laisser filer leur déficit et de relever le plafond de leur endettement ? « Un Schpountz n’est pas un idiot, il raisonne parfaitement sur toute chose, il a même du bon sens, sauf en ce qui concerne l’Amérique », fait dire Marcel Pagnol, au début du film, à un de ses personnages… à un mot près, bien sûr. Il y a dans nos élites une véritable addiction à l’Amérique, on ne sait plus faire sans elle, et on ne lui connaît pas de méthadone de substitution.

     

    Mais un jour tout va s’arrêter. « Tout se rue sur l’empire, écrivait Giraudoux, de la chenille à l’ennemi héréditaire et aux hypothèques de Dieu. » Et cette fois-ci ce sont les Américains eux-mêmes qui vont dire : ça suffit !

    Jean-Philippe Immarigeon (American parano, 12 décembre 2013)

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  • Le Point découvre un complot néocons...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de François Bernard Huyghe, cueilli sur son site huyghe.fr et consacré au dossier du magazine Le Point de cette semaine. Quand Franz-Olivier Giesbert (FOG) et ses petits camarades se livrent à une subtile opération de brouillage idéologique...

     

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    Le Point découvre un complot néocons

    Curieuse stratégie sémantique du Point qui, cette semaine, dénonce sur sa couverture "Les néocons", gens dont on nous révèle qu'ils "détestent" l'Europe, le libéralisme et la mondialisation, qu'ils représentent "le triomphe de l'idéologie du repli" et qu'ils on des "réseaux à gauche et à droite". La photo de la même couverture montre un château de sable, dont la dérisoire fragilité, rassure ceux que le titre aurait affolés et qui songeraient déjà à émigrer avant qu'on n'ouvre des Guantanamo en France.
     
    Des noms ? Outre les inévitables et médiatisés Zemmour ou Polony, sont convoqués au tribunal Chevénement, Marine Le Pen, Montebourg,  Guaino, Debray, Buisson, Michéa, Dupont-Aignan, Cochet, c'est-à-dire des gens qui s'inscrivent sur un arc allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche de l'éventail politique mais à qui le journal prête une triple phobie commune (libéralisme, mondialisation, Bruxelles). Cela les mettrait dangereusement en contradiction avec le sens de l'histoire : leur vrai ancêtre, révèle le Point, est Maginot, constructeur de la ligne du même nom et que symbolisait le château de sable (passons sur le fait que le très modéré général Maginot, ministre de Millerand ou de Tardieu puisse difficilement être considéré comme un ultra-réac en rupture avec les valeurs de son époque). 
    Par ailleurs, si l'on prend le critère du "contre", pourquoi ne pas intégrer Abdelhakim Dekhar qui a attaqué BFM, Libération et la Société Générale - symboles incontestables de la même trilogie libéralisme, EU, mondialisation - dans la liste ? Ou Besancenot ? Ou les bonnets rouges ?

    Cela rappelle un peu l'affaire dite des "nouveaux réactionnaires", un pamphlet ("Le rappel à l'ordre") de D. Lindenberg publié il y a onze ans et qui, d’Alain Finkielkraut à Jacques Julliard, de Philippe Sollers à André Glucksmann, de Michel Houelbeck à Alain Minc, de Luc Ferry à Pascal Bruckner, d'Alain Badiou à P. A. Taguieff, dressait la liste des auteurs coupables du même crime contre l'esprit. Crime dont l'auteur semblait penser qu'il consisterait à trahir leur mission d'intellectuels en prenant fait et cause contre le voile islamique, en s'inquiétant des émeutes de banlieue ou en réclamant de la discipline à l'école. 

    Bien entendu, les critères de Lindenberg (ne dénonçant que des intellectuels et s'appuyant sur des critères plus "sociétaux" pour définir le crime) ne sont pas ceux du Point, plus droitiers. Les premiers conspirateurs (ceux du "rappel à l'Ordre") sont plutôt des anti bobos se réclamant de la République, les seconds, ceux du Point, sont décrits comme des nuls en économie, frileusement repliés sur la Nation. L'hebdomadaire se place surtout du point de vue d'un supposé réalisme économique, même s''il doit concéder qu'il se trouve aussi des économistes sérieux pour contester les bienfaits de l'euro et du lasser-passer. 
    Le Point a parfaitement le droit de chanter les bienfaits du libre-échange, de la commission européenne et de la mondialisation heureuse. Et de considérer tous ceux qui pensent autrement comment destinés aux poubelles de l'histoire (mais en ce cas, pourquoi nous peindre leurs rapprochements supposés comme redoutables ?). On peut moins apprécier  la technique du "Machin à rencontré Truc qui a voté Chose qui, comme lui, est hostile à l'Otan..". Passons... Si l'hebdomadaire s'était borné à s'en prendre aux souverainistes ou au eurosceptiques, et à leur prêter des niaiseries et des connivences, en titrant "tous nuls en économie", il n'y aurait rien à redire, nous resterions dans le cadre du débat, primaire, mais du débat.

    Notre embarras vient l'emploi du terme "néocons" qui a une connotation historique précise : la guerre d'Irak . À l'époque, tout le monde (y compris l'auteur de ses lignes) écrivait sur ces idéologues qui avaient poussé G.W. Bush à  renverser le régime de Bagdad (en attendant, espéraient-ils de s'en prendre à la Syrie, à l'Iran). Passons sur le fait que probablement 100% de ceux qu'épingle le Point aient été opposés à cette guerre.
    Le problème est que les néocons américains sont des partisans affirmés de la mondialisation et du libre-échange planétaire. Quant à l'U.E. c'est une institution dont ils ne cessent de faire l'éloge, le seul reproche qu'ils aient fait  à lui faire  étant que certains États européens (qui n'ont pas suivi en Irak)  profitent  de la protection militaire américaine mais refusent de s'engager dans des conflits qui intéresse le camp des démocraties.
    L’essentiel du discours néo-conservateur est un  mélange de scepticisme et d’idéalisme.  Scepticisme à l'égard du multilatéralisme des concessions, des solutions diplomatiques. Les néocons sont  persuadés de l’excellence des principes de liberté incarnés par l’Amérique et, en ce sens, ils ont bien davantage le culte des droits de l’homme que d’autres situées plus à leur gauche. Surtout, ce sont des wilsoniens musclés : ils pensent qu’ils ont le devoir de faire un usage moral du pouvoir militaire pour combattre ce qu'ils appellent les quatre fascismes : nationaliste, nazi, (brun), communiste (rouge) et islamiste (vert). Quand des néocons emploient des formules aussi niaise que «An end to Evil» (il faut mettre fin au mal, titre d’un best-seller de Richard Perle), ils sont moins utopistes qu’optimistes. 

    Ils croient que les dictatures ne demandent qu’à s’effondrer et les peuples qu’à adopter la démocratie, une fois débarrassés de leurs tyrans. Ils croient que l’adversaire n’est jamais fort que de votre propre faiblesse. Ils croient que l’Histoire leur a donné raison sous Reagan et sous G.W. Bush. Ils croient que l’audace paie toujours et le compromis jamais. Ils croient que leur modèle étant le meilleur tout homme doté de raison et à qui on donne la liberté de l’information et du choix, finira par l’adopter avec reconnaissance.Ils croient qu'il faut affirmer toujours des valeurs universelles démocratiques et lutter contre tous les relativismes.
     Ajoutons que les néoconservateurs ont dit du bien de Sarkozy au moment de la Libye, de Hollande au moment du Mali et de Fabius au moment de la négociation avec l'Iran. Tandis que, pour la presse néoconservatrice Chevénement est un paléo-stalinien et Marine Le Pen, une dangereuse chauvine populiste.

    À ce compte, en jouant sur le sens du mot "liberal" outre-Atlantique, où il est à peu près équivalent de "gauchiste" ou de "soixante-huitard" chez nous, pourquoi ne pas titre "les néo-libéraux attaquent",  pour présenter  un numéro sur Christine Taubira, Nicolas Demoran et Cécile Duflot ?

    François-Bernard Huyghe (huyghe.fr, 29 novembre 2013)

     

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  • Hantés par la Chine ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 26 novembre 2013 et consacrée aux grandes manœuvres géopolitiques des États-Unis dont le souci exclusif semble être devenu la montée en puissance de la Chine...

     

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  • La quatrième guerre mondiale...

    Les éditions Astrée viennent de publier un essai de Costanzo Preve, intitulé La quatrième guerre mondiale. Philosophe non-conformiste de nationalité italienne, marxiste hétérodoxe, Costanzo Preve est l'auteur de nombreux ouvrages, dont deux, Histoire critique du marxisme (Armand Colin, 2011) et Éloge du communautarisme - Aristote - Hegel - Marx (Krisis, 2012) ont déjà été traduits en français.

    Le livre peut être commandé sur le site des éditions Astrée.

     

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    " La période historique qui s’est ouverte par la dissolution sociale et géopolitique des états socialistes inspirés par l’idéologie du communisme historique réel du XXe siècle (1917-1991) — à ne pas confondre avec le communisme idéal utopico-scientifique de Marx — peut être caractérisée par le phénomène de la globalisation économique néo-libérale, autrement dit, par le projet politique et géopolitique des États-Unis de constituer un empire mondial. Mais ce projet ne peut-être mené à terme sans une quatrième guerre mondiale, fût-elle «informelle».

    La Première Guerre mondiale (1914-1918) fut gagnée par les pires, qui désagrégèrent l’unité géopolitique multinationale des empires austro-hongrois et ottoman, et firent de l’Europe centrale et du Proche Orient un enfer. La Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) n’a jamais été une guerre unitaire ; elle fut en réalité l’addition de trois guerres bien distinctes : une guerre traditionnelle de l’Allemagne et de l’Italie contre la France et l’Angleterre (1939-1941) ; une guerre idéologique entre fascisme et communisme (1941-1945) ; et une guerre impérialiste des États-Unis visant l’occupation économique et géopolitique de l’Europe et de l’Asie Orientale (1941-1945).

    Ces trois guerres se sont assurément entremêlées, mais leur unification symbolique a été le fruit d’une opération idéologique postérieure.

    La Troisième Guerre mondiale (1945-1991), qu’on a appelée improprement «guerre froide», a vu la victoire du modèle du capitalisme globalisé, largement post-bourgeois et post-prolétarien (et dont la projection culturelle a été qualifiée de « post-modernité ») sur le modèle du Parti-état du communisme historique du XXe siècle.

    Ce communisme a été dissout de l’intérieur par une contre-révolution socioculturelle des nouvelles couches moyennes soviétiques révoltées contre la prolétarisation forcée imposée par un despotisme social égalitaire. Et nous nous trouvons aujourd’hui à une époque du monde où se découvre un nouvel horizon : celui de la Quatrième Guerre mondiale. On peut s’abstenir de prendre position, ou bien choisir l’un ou l’autre camp. L’auteur de ce livre a choisi le sien, contre le nouvel empire des États-Unis, fondé sur un odieux messianisme interventionniste. "

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  • Quand les idées changent vraiment le monde...

    Les éditions Vuibert viennent de publier Think tanks - Quand les idées changent vraiment le monde, un essai de François-Bernard Huyghe, préfacé par Alain Juillet et Eric Delbecque. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe est l'auteur de nombreux essais marquants comme La soft-idéologie (Robert Laffont, 1987), La quatrième guerre mondiale (Rocher, 2004) ou Les maîtres du faire-croire (Vuibert, 2008).

     

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    " Un éclairage sur les think tanks, ces « réservoirs d’idées » à l’importance croissante. Les think tanks tiennent une place croissante dans le débat public. Leur double fonction, produire des solutions originales en politique et persuader les décideurs ou l'opinion, suscite des fantasmes à la mesure de leur méconnaissance. Cet ouvrage vise à clarifier la nature de ce phénomène, qui n'a maintenant plus rien de spécifiquement américain ni même occidental, de le replacer dans le cadre de la montée des contre-pouvoirs et groupes d'influence.
    Un éclairage sur une actualité décisive qui ouvre un débat de fond sur la nature et les mécanismes du pouvoir dans nos sociétés. "

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