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Décryptage - Page 112

  • A propos des Pussy Riot...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'«affaire» des Pussy Riot...

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    Pussy Riot, ce que désigne l'Occident
     
    L’art propagandiste consiste à se servir d’un événement, volontairement provoqué ou non, et de l’instrumentaliser en l’insérant dans une narration qui, la plupart du temps, est complètement détachée de la réalité, et s’apparente plutôt à une légende, noire ou rose. George Orwell a très horrifiquement décrit une société fondée en permanence sur cette dualité, qui fait penser à une sorte de schizophrénie collective, propre aux régimes dits « totalitaires ». Pour bien saisir l’importance disproportionnée que la « performance » des Pussy Riot, dûment encouragée et soutenue par l’énorme appareil de guerre idéologique de l’Occident, il faut la replacer dans une perspective sociétale. Car si ces « artistes », qui répètent de façon caricaturale et grotesque, ce que l’Occident a produit de pire en matière « culturelle », servent de pionnes à un conflit qui les dépasse, elles n’en expriment pas moins ce qu’est en vérité la nature du « Nouvel Ordre mondial » que d’aucuns voudraient voir s’étendre à l’échelle planétaire.

    Ne nous attardons pas sur les faits commis, qui relèvent du droit commun, et concernent la justice russe. Il est d’ailleurs choquant que des responsables politiques étrangers contestent un jugement qui serait exactement le même dans leur propre pays. Comme le faisait remarquer Alexandre Latsa (Pussy Riot : pourquoi une telle médiatisation? Rianovosti), l’article 322-3-1 du code pénal français punit de sept ans de prison et 100.000 € d’amende la dégradation d’un bien culturel exposé dans un lieu de culte. Rappelons aussi qu’en France existe une loi sur le blasphème, non pour protéger les religions traditionnelles, mais pour garantir la pérennité de dogmes relatifs à la shoah, vérités qu’il est interdit de discuter, et qui donne l’occasion, de ci, de là, de condamner, non pas parfois par rapport à ce qui est proféré, mais en regard de ce qu’on suppute être une opinion induite. Personne en France ne s’est élevé, dans les milieux intellectuels, pourtant si prompts à l’indignation sélective, contre cette loi inique qui a scandaleusement traîné devant les tribunaux des esprits libres, aujourd’hui si rares, parfois en assimilant outrancièrement l’antisionisme à de l’antisémitisme. Rappelons aussi en passant que nos démocrates maison, aptes à déclencher des « semaines de la haine » quand ça les arrange, ou à manier la perfidie comme d’habiles petits Goebbels qu’ils sont, ne voient aucun inconvénient à ce qu’un parti, qui drainent plus de 18% des électeurs, n’envoie à l’assemblée que deux députés. Il faut imaginer ce qu’une telle réalité politique susciterait de sarcasmes s’il s’agissait de la Russie, qui pratique en la matière la proportionnelle.

    Puisqu’il faut s’attarder sur la seule réalité qui compte, à savoir la domination sans partage d’une propagande colportée par les officines, les chancelleries, les medias, les membres du show business etc., tous acteurs de diabolisation de l’ « ennemi », et de promotion d’une société gangrénée et contrôlée par la finance apatride et cupide, il est intéressant de souligner ce qui est tu, de façon si criante, si l’on ose dire. Quoi de plus comique que lire et d’écouter les couplets des chœurs de pleureuses, rhétorique si redondante et convenue qu’on a l’impression qu’elle s’inspire du même dictionnaire, d’un glossaire qui donnerait aux comédiens de cet opera buffa tous les termes idoines du langage de l’épouvante la plus extrême. C’est tout juste si Poutine, Bachar Al-Assad, après le regretté colonel Kadhafi, ne sont pas décrits comme les réincarnations méphistophéliques de l’inestimable Nosferatu, de quelque Dracula que toute la quincaillerie clinquante et dérisoire de la société hallucinogène actuelle viserait à exorciser. Cela porterait à rire, comme dans ces théâtres de guignol qui font se pâmer les enfants de cinq ans, s’il n’y avait dans les coulisses tant de cadavres encore sanglants. Car ces idiots utiles de la bien pensance (je ne parle pas des responsables politiques qui savent très bien ce qu’ils font, en machiavels de supermarché du crime) n’ont guère été entendus quand les forces colonialistes de l’Otan ont écrasé un petit pays libre et fier, occasionnant 160 000 morts. On ne les voit pas non plus quand des civils sont massacrés par les avions des « alliés » en Afghanistan, ou que des attentats « aveugles » (préfiguration de ce qui se passerait en Syrie si les « rebelles » extrémistes l’emportaient) déciment les populations dans l’Irak « libéré ». Apparemment, certaines vies valent plus que d’autres. Où sont passées les accusations de tortures délocalisées par la CIA dans certains pays arabes ou d’Europe centrale ? Pourquoi du reste ne pas user de la même ténacité que celle qu’on emploie pour diffamer la Russie et son prétendu « Goulag », son supposé manque de liberté, pour s’en prendre aux Etats Unis d’Amérique, que l’emprisonnement dans un camp de concentration à Guantanamo de prisonniers non jugés (et à ce jour, ce camp n’est toujours pas fermé) aurait dû mettre au ban de la « communauté internationale », et qui ont légalisé la torture, conçu une loi liberticide, dite « patriot act », laquelle permet toutes les atteintes à la vie privée, à l’expression et à la circulation des gens (avec l’assentiment de la Communauté européenne, qui a accepté un contrôle policier de ses ressortissant par les Américains) ? Pourquoi ne pas dénoncer, avec toute l’ampleur et la puissance médiatiques déployées pour caricaturer la Russie et d’autres pays récalcitrants, la peine de mort dont l’application particulièrement abjecte, passe presque, ainsi que les bagnes, les prisons infâmes, inhumaines du pays du shérif Lynch, comme des traits folkloriques du pays des cow boys ? Pourquoi, du reste, ne pas reconnaître que l’action « héroïque » de ces pauvres filles, qui risquent d’ailleurs de ne plus le rester tant il leur est permis d’espérer quelque récompense de la part du milliardaire Soros, qui a toujours soutenu les entreprises de subversion visant à miner les pays de l’ex-bloc soviétique, n’aurait pas été tenue pour telle si elles avaient eu l’idée saugrenue d’envahir une synagogue pour protester contre la politique agressive, spoliatrice, criminelle d’un Etat qui mène, sans susciter de protestations majeures, et en dépit de dizaines de résolutions de l’ONU le condamnant, un nombre impressionnant d’actions, dont une seule aboutirait, pour n’importe quel autre pays, à une mise au ban de la société des nations ?

    Il n’est pas inutile non plus de s’interroger sur la nature d’un tel groupe d’agit-prop, que l’on présente comme un modèle de liberté, représentatif d’une liberté d’expression liée prétendument, comme le suggère de façon particulièrement grotesque notre ministre de la « culture », à une jeunesse qui n’aurait, comme toute ligne d’horizon, que la perspective hautement exaltante, de pratiquer des orgies avec des femmes enceintes, de se masturber avec des poulets morts, de crier « merde, merde, merde au Seigneur » dans une église, de se montrer nu et couvert de cafards, et j’en passe. On sait que, jadis, à l’époque où les rôles étaient bien départagés à l’échelle mondiale, d’un côté l’axe du Bien, l’Occident, et l’axe du Mal, le camp soviétique – un mystique, Soljenitsyne, qui, au demeurant, présentait tous les caractères d’un véritable génie littéraire et philosophique, lui, était plus ou moins accepté comme dissident pat la pars occidentalis du globe, et d’ailleurs plutôt moins que plus. Il est vrai qu’à sa façon il anticipait la nouvelle Russie qu’un Vladimir Poutine incarne, une Nation fière, indépendante, qui ne se laisse pas marcher sur ses pattes d’ours, et qui revient de plus en plus à des valeurs ancestrales, à la religion de ses pères. Ce que ne saurait tolérer un capitalisme agressif, dont la justification, qu’on appellera « philosophique », faute de mieux, repose sur la légitimation de la destruction programmée de tout ce qui fait obstacle à l’affranchissement hédoniste, expressionniste, morbide de toutes les pulsions infra-humaines, de toutes les capacités, à vrai dire infinies, des désirs égocentriques, animaux et haineux de ce qui se cache sous la conscience humaine, et qu’une société digne de ce nom doit permettre de juguler par le respect, l’éducation, et la considération pour le sacré et sa propre patrie.
    Claude Bourrinet (Voxnr, 18 août 2012)

     

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  • Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande...

    L'historien franco-israëlien Alain Michel, auteur de Vichy et la Shoah, enquête sur le paradoxe français (CLD, 2012), dans un article publié sur le site Herodote.net et que nous reproduisons ci-dessous, a relevé sept erreurs importantes dans le discours que François Hollande a prononcé à l'occasion de la cérémonie de commémoration de la «rafle du Vel d'hiv»... Ou quand un historien prouve que l'histoire, c'est plus compliqué que le catéchisme...

     

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    Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande

    1 - François Hollande : Une directive claire avait été donnée par l'administration de Vichy : «Les enfants ne doivent pas partir dans les mêmes convois que les parents».

    AM : La manière dont le président présente les faits (la séparation des enfants de leurs parents dans les camps du Loiret avant la déportation) est doublement erronée.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’une directive du gouvernement collaborationniste de Vichy. L’organisation de la déportation se déroule dans un dialogue et une coopération entre l’administration policière de la «zone occupée» et les autorités allemandes, plus précisément les représentants d’Eichmann à Paris. Il n’y a aucune intervention de Vichy sur cette question.

    De plus la décision de déporter les enfants vient des Allemands et la séparation des parents et des enfants découle de leur besoin de faire partir les convois alors qu’ils n’ont pas encore l’autorisation de Berlin d’envoyer les enfants. Pour résumer, la police de la «zone occupée» applique des directives allemandes.

    2 - François Hollande : Je tiens à rappeler les mots que le Grand rabbin de France Jacob Kaplan adressa au maréchal Pétain en octobre 1940, après la promulgation de l'odieux statut des Juifs : « Victimes, écrivait-il, de mesures qui nous atteignent dans notre dignité d'hommes et dans notre honneur de Français, nous exprimons notre foi profonde en l'esprit de justice de la France éternelle… »

    AM : Précisons que Jacob Kaplan n’était pas Grand rabbin de France en 1942, il ne le deviendra qu’en 1954.

    Mais surtout, sa déclaration d’attachement patriotique n’a rien à voir avec la rafle de 1942. D’une part du fait que la Solution finale n’existe pas encore en 1940 et ce qui préoccupe alors Jacob Kaplan est l’antisémitisme français ; d’autre part, parce que, sous la pression du gouvernement de Vichy, aucun adulte français (ou d’origine algérienne) n’a été arrêté lors de la rafle de juillet 1942, alors que Jacob Kaplan, dans sa déclaration d’amour à la France, s’exprime au nom des Juifs français et d’eux seuls.

    3 - François Hollande : La vérité, c'est que la police française, sur la base des listes qu'elle avait elle-même établies, s'est chargée d'arrêter les milliers d'innocents pris au piège le 16 juillet 1942. C'est que la gendarmerie française les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité, c'est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de l'opération.
    La vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France.

    AM : Il y a une confusion dans le fait que la police française de la «zone occupée» a établi des listes en octobre 1940 sur demande allemande et non de sa propre initiative comme la phrase semble le suggérer.

    Effectivement, les soldats allemands ne seront jamais mobilisés en France pour arrêter des Juifs. La Gestapo sait bien avant la rafle qu’elle peut compter sur la police de la zone nord, qui lui obéit du fait de l’application de la convention de la Haye et de la convention d’armistice. Plus de 8.000 Juifs ont déjà été arrêtés en 1941 dans la région parisienne et les Allemands se sont toujours servis de la police française pour ces rafles.

    Pour résumer, le président de la République aurait pu dire : «La vérité, c’est que ce crime fut commis en France par les nazis avec la complicité de la police et de l’administration française».

    4- François Hollande : L'honneur fut sauvé par les Justes, et au-delà par tous ceux qui surent s'élever contre la barbarie, par ces héros anonymes qui, ici, cachèrent un voisin ; qui, là, en aidèrent un autre ; qui risquèrent leurs vies pour que soient épargnées celles des innocents. Par tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des Juifs de France.

    AM : Cette affirmation est incomplète dans la mesure où ce ne sont pas seulement les Justes et les héros anonymes qui ont sauvé les trois quarts des Juifs de France, mais aussi l’action et les choix politiques du gouvernement de Vichy qui, en tentant de protéger les Juifs français (et en abandonnant à leur sort les Juifs d’origine étrangère), a considérablement ralenti la machine de destruction allemande (voir les historiens Léon Poliakov et Raul Hilberg).

    5- François Hollande : L'honneur de la France était incarné par le général de Gaulle qui s'était dressé le 18 juin 1940 pour continuer le combat.

    AM : Il ne convient pas, dans une cérémonie consacrée à la persécution des Juifs, de citer le général de Gaulle qui n’a rien dit et rien fait pendant la Seconde Guerre mondiale pour encourager les Français à sauver les Juifs. Il eut mieux valu citer des hommes d'Église comme le cardinal Saliège.

    6 - François Hollande : L'honneur de la France était défendu par la Résistance, cette armée des ombres qui ne se résigna pas à la honte et à la défaite.

    AM : De même, la Résistance en tant qu’organisme n’a rien fait et rien dit pour sauver les Juifs ou encourager à les sauver, à l’exception de Témoignage chrétien et des mouvements de résistance juifs (communistes et communautaires). Certes des résistants, en tant qu’individus, ont sauvé des Juifs, mais jamais sur instruction de leurs mouvements.

    7- François Hollande : L'enjeu est de lutter sans relâche contre toutes les formes de falsification de l'Histoire. Non seulement contre l'outrage du négationnisme, mais aussi contre la tentation du relativisme.

    AM : Le président de la République met sur le même plan le «négationnisme», qui consiste à nier l’évidence (la réalité de la Shoah) et se présente comme une anti-histoire, et les approches d’historiens qui remettent en cause certaines interprétations idéologiques, en relativisant ce qui s’est passé en France par rapport à ce qui s’est passé ailleurs en Europe. Cette confusion entre «négationnisme» et «relativisme» est sans doute excessive et, qui sait? pourrait contrarier la recherche historique.

    Alain Michel (Herodote.net, 22 juillet 2012)
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  • L'homme sur la photographie...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la photographie officielle de François Hollande, président de la République... Bien vue !...

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    L'homme sur la photographie

    Le « changement » se niche partout. Y compris dans la photo officielle du nouveau président de la République, prise par Raymond Depardon dans les jardins de l’Elysée.

    La nouvelle photographie a été annoncée comme un grand événement. C’est « un moment d’histoire », a déclaré le directeur de cabinet du président. Certains se contentent de peu.
    Que voit –on en effet sur cette photographie ?
    Rien. Ou beaucoup de choses, au contraire.

    Un homme dans un parc

    On voit d’abord un homme dans un parc, vêtu d’un complet sombre.

    L’Elysée étant pris sous un angle inhabituel, on ne sait pas au premier regard que l’on a affaire au premier personnage de l’Etat. On voit au loin deux vagues bâtisses et, à gauche, des étoffes qui pendent : trois couleurs et quelque chose de moins identifiable à côté (c’est, semble-t-il, le drapeau de l’Union européenne).

    Est-ce le château de Moulinsart ? Est-ce une publicité pour le catalogue de Relais et Châteaux ? On ne sait pas bien. Tout est flou et loin. Fuyant même.

    Et le parc en arrière plan est désert : pas de fleurs, pas d’animaux, pas d’enfants qui courent, pas de garden-party. Rien que de l’herbe. Un ennui sidéral se dégage de ce parc. Il n’y a qu’un arbre, à droite de la photographie : il se situe en arrière-plan, éclairé, alors que l’homme est dans un clair-obscur. Il n’a manifestement pas eu la chance de passer de l’ombre à la lumière comme J. Lang en 1981 : lui, il y est resté.

    Un homme tronc

    L’homme est pris en « plan américain », il a les jambes coupées. Mauvais présage.

    L’homme nous regarde mais son corps est orienté de trois quarts vers sa gauche, comme s’il allait bouger : ses mains, assez grosses d’ailleurs par rapport à son visage, ne sont donc pas au même niveau, ce qui fait bizarre. Dans un western, on pourrait penser qu’il va dégainer, mais il est désarmé.

    Aurait-il un bras plus court que l’autre, comme Guillaume II ? La photo donne l’impression que l’homme voudrait avancer ou nous dire quelque chose, mais qu’il ne le peut pas. Il reste muet et figé. Comme paralysé dans son élan.

    Un homme banal

    Cet homme pourrait être n’importe qui : le responsable du marketing d’une grande multinationale, un cuisinier renommé, un notaire ou le cousin machin. Rien dans la photographie ne nous indique sa fonction, sinon son sous-titre : « François Hollande, Président de la République Française ». Française : il faut préciser, en effet ; il pourrait être élu au Bundestag ou aux Cortes, le décor serait le même. C’est à cela qu’on reconnaît habituellement « l’art contemporain » : il faut que quelqu’un décode l’œuvre, sinon personne ne comprend le « geste » de l’artiste !

    La légende nous éclaire : voilà un président « normal ». C’est un Français banal, mais qui habite dans un château et qui doit s’enquiquiner toute la journée dans son grand parc désert ; un milliardaire qui s’ennuie, comme le dessinateur Sempé savait les croquer. On comprend qu’il n’ait pas envie de rire, surtout s’il pense aux impôts et aux charges qu’il va devoir bientôt payer.

    Suivez son regard

    Son directeur de cabinet croit nécessaire de nous indiquer qu’il a le regard « tourné vers la France, avec à la fois beaucoup d’attention, beaucoup d’humanité et beaucoup de vigilance ».

    On a, en effet, besoin de cette explication pour comprendre qu’il s’agit d’un homme politique. Mais un examen plus attentif de la photographie montre que, compte tenu de son orientation, l’homme ne nous fixe pas vraiment : il vise notre épaule droite et au-delà. Son regard passe donc au-dessus de nous. Mais que regarde-t-il ? L’horizon électoral ? La crise financière qui revient ? Les entreprises qui vont fermer ? Les futurs cortèges de « partenaires sociaux » ? On ne sait pas trop.

    Une posture inconfortable

    A l’évidence son sourire est indéfinissable. Il ne respire ni la joie de vivre ni la grande santé. L’inclinaison vers le bas de ses yeux n’arrange rien. Le propriétaire des lieux a le front dégagé, mais il a l’air préoccupé, crispé même. Comme s’il ne savait que faire.

    Avancer ? Mais il ne le peut pas puisque ses jambes sont coupées : c’est un homme tronc qui nous regarde. Pivoter vers sa gauche ? Il irait encore plus dans l’ombre : vers le côté obscur de la force politique, en quelque sorte. Pivoter vers sa droite ? Difficile dans la position où il se tient : il va se faire un tour de reins. Reculer ? Mais il va se perdre dans ce grand parc désert et lugubre ! La photo nous montre qu’il se tient déjà dans une posture bien inconfortable !

    Objectif atteint

    Il paraît qu’il a fallu prendre 200 clichés avant d’arriver à celui-là. Les autres devaient être pires, sans doute ! Ce portrait tranche assurément avec celui de ses prédécesseurs et sur ce plan l’objectif de communication est atteint.

    Ce portrait n’exprime pas, en effet, la solidité des institutions ni la grandeur de l’Etat comme au temps d’un De Gaulle ou d’un Mitterrand. Non : dénué de tous les symboles de l’autorité républicaine, le personnage paraît au contraire flotter dans sa photo, comme si ce rôle était trop vaste pour lui. Sans ses jambes, il manque d’assise.

    Le portrait n’exprime pas vraiment non plus le mouvement ni les lendemains qui chantent : c’est une photographie qui ne se veut pas pausée, mais qui n’en est pas moins figée.

    La photo n’exprime pas, enfin, la détermination qu’on attendrait de la part du capitaine quand la tempête menace. L’homme a l’air gentillet, mais ses bras sont ballants et ses mains ouvertes. Il ne tient rien, il ne s’appuie sur rien, il ne désigne rien. Il est là, c’est tout : enfoncé jusqu’à mi-cuisses dans ce parc, déjà englué dans la réalité.

    C’est à sa manière, un portrait qui inquiète.

    Michel Geoffroy (Polémia, 6 juin 2012) 

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  • Les deux guerres du Mali...

    Bernard Lugan, africaniste réputé, directeur de la revue L'Afrique réelle, donne à Realpolitik.tv son point de vue sur la situation au Mali.


    Bernard Lugan : les deux guerres du Mali par realpolitiktv

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  • Les petites fêtes de l'oligarchie...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un amusant petit reportage de Médiapart réalisé le 27 juin 2011 à l'entrée d'une petite sauterie organisée au musée Albert Kahn par Alain Minc. Du beau linge de droite, de gauche, des médias et du CAC40...

     

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  • Patatras !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'affaire de Toulouse...

     

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    Patatras ! Décryptage d'une manipulation politico-médiatique

    Le choc émotionnel créé par les assassinats de Montauban et de Toulouse promettait de donner un nouveau tour à la campagne présidentielle : des assassinats dont le caractère raciste et antisémite, immédiatement relevé par Nicolas Sarkozy et les médias, devait inciter chacun à une introspection politique profonde. Car « l’ensemble de la République française est touchée par ce drame abominable », selon l’expression de M. Sarkozy (Le Monde du 20 mars 2012).


    La machine à diaboliser se mettait déjà en marche

    Passée la retenue du premier jour de recueillement, la machine à diaboliser, toujours bien huilée dans notre pays, se mettait déjà en marche : « Tragédie nationale, réflexion nationale », titrait doctement l’éditorialiste-procureur du Monde du 21 mars.

    Car qui est derrière ces crimes horribles ?

    Bien sûr, « le poison de la haine » pour M. Hollande ; « un climat d’intolérance croissant » pour M.Bayrou qui ajoutait : « Il faut que ce sujet du racisme et de l’antisémitisme soit traité et que cela cesse » (Le Parisien du 21 mars 2012). « Voilà un passage à l’acte extrêmement important dans un climat de libération de la parole raciste et antisémite », affirmait le président de l’union des étudiants juifs de France (Le Monde du 21 mars 2012).

    M. Mélanchon avait remisé sa cravate rouge pour participer aux manifestations de recueillement organisées à Paris dimanche soir et invité « d’aucuns à mesurer mieux le poids des mots » (Le Monde du 21 mars 2012), manifestation déjà qualifiée de « républicaine » par certains médias télévisés.

    Les armées fouillaient les dossiers d’anciens militaires « néonazis » (Le Monde du 21 mars 2012). « Les miasmes de l’antisémitisme sont toujours là et il faut nous en protéger », ajoutait le ministre de l’Intérieur, M. Guéant (Les Echos du 23 mars 2012).

    L’affaire prenait tournure.


    Le climat de haine

    Car, bien sûr, le coupable ou les coupables – un coupable sadique, en outre, qui aurait filmé ses forfaits – ne pouvait relever que de la bête immonde et du fameux « climat de haine » et de « stigmatisation » provoqué par la terrible extrême droite, celle qui aurait « lepenisé les esprits » et après laquelle, dit-on, courrait Nicolas Sarkozy pour se faire réélire.

    On ne la citait pas encore franchement mais elle était déjà dans les esprits médiatiques et ceux de la classe politique institutionnelle. Après la Norvège, la France était donc une nouvelle victime de l’ultra-droite raciste et xénophobe.

    Les sociologues improvisés nous donnaient à leur manière l’explication du drame, comme ce bon docteur Bayrou, par exemple : « Les hommes publics ont le devoir de veiller à ce que les tensions, les passions, les haines ne soient pas à chaque instant entretenues. Le fait de montrer du doigt les uns et les autres, c’est faire flamber les passions et on le fait parce que dans ce feu-là il y a des voix à prendre » (Le Monde du 21 mars 2012).

    On rappelait perfidement que c’était Marine Le Pen qui avait lancé « un débat sur les étrangers et sur la place de l’islam en France » (Le Monde du 21 mars 2012). Sans parler de la question du halal, bien sûr.

    Nicolas Sarkozy s’empressait de recevoir pour les rassurer les représentants des « communautés » juives et musulmanes. La peau de l’ours politicien

    Car chacun voyait déjà le profit politique qu’il pourrait tirer de la situation, tout en s’en défendant haut et fort, bien sûr :

    – Le président sortant pouvait espérer se poser comme le champion intransigeant de la « traque » impitoyable des criminels racistes, en lançant un dispositif policier sans précédent en temps de paix dans notre pays ;

    – Les centristes et les socialistes trouvaient de leur côté un nouvel argument pour contrer le candidat Sarkozy, accusé d’avoir aussi entretenu ce « climat de haine » ;

    – M. Mélanchon allait pouvoir jouer à la Bastille le couplet « républicain » face à Marine Le Pen, son ennemi principal. Les candidats du Système se partageaient déjà la peau de l’ours toulousain…


    Patatras !

    Mais on apprend maintenant que le criminel est « un Toulousain français d’origine maghrébine qui semble s’être entraîné au djihad » (Lefigaro.fr du 21 mars 2012), qu’il se revendiquerait d’Al-Qaïda et qu’il s’appellerait Mohamed (d’après RTL) !… et qu’il était bien surveillé par la Direction centrale du renseignement intérieur pour ses activités « d’ancien » du Pakistan et de l’Afghanistan, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de commettre ses crimes. Voici une nouvelle catastrophique pour l’oligarchie !

    Car un « Français d’origine maghrébine » est pour le Système un intouchable, même s’il est criminel. Car vis-à-vis de cette délinquance, c’est le principe de l’absence d’amalgame et de stigmatisation qui s’impose. D’ailleurs, le recteur de la mosquée de Paris a immédiatement rappelé la ligne : il faut se garder de « tout amalgame entre la religion musulmane à 99% pacifique, citoyenne, responsable, non violente et tout à fait intégrée dans notre pays et puis ces mini-petites franges de gens décidés à faire un mal atroce » (sur iTélé le 21 mars 2012).

    Finies les envolées bizounours sur le « climat de haine » ! Mohamed n’est qu’un soldat perdu, un criminel minoritaire et endoctriné. Mais pas question de mettre en cause le fait qu’il aurait pu être influencé par un « climat » islamique. Adieu la mise en cause de « l’extrême droite » : il ne semble pas que ce Mohamed soit adhérent du Front national ni d’un comité de soutien à Nicolas Sarkozy !
    Adieu la dénonciation de la « xénophobie » : car que dire quand le criminel est « français d’origine maghrébine » ? Qu’il n’est pas bien intégré ?
    Adieu la condamnation du racisme ! Car un musulman, même djihadiste, ne saurait se voir appliquer ce qualificatif qui ne sied qu’aux Européens de souche. Adieu les superflics, qui n’arrivent pas à empêcher un homme qu’ils « surveillent » de passer à l’acte !

    La caste politique se partageait déjà avec délices les dépouilles du futur Anders Behring Breivik toulousain ; mais face à Mohamed elle est brusquement devenue aphone.

    Espérons que bientôt elle sera vraiment sans voix, dans tous les sens du terme.

    Michel Geoffroy (Polémia, 21 mars 2012)

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