Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Laurent Ozon, cueilli sur le site d'Avant-guerre, dans lequel il développe un point de vue incisif sur les journalistes des grands médias...
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Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Laurent Ozon, cueilli sur le site d'Avant-guerre, dans lequel il développe un point de vue incisif sur les journalistes des grands médias...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bernard Huyghe, à l'ironie mordante, cueilli sur son blog et consacré aux menaces occidentales contre la Syrie...
Punir Bachar ?
Nous allons donc punir Bachar. Sans consentement de l'Onu (mais ce ne serait pas la première fois que les démocraties déclenchent une guerre sans l'accord des Nations Unies). Sans avoir vraiment examiné les preuves. Sans nous être demandés pourquoi un régime qui est responsable de cent mille morts et qui va peut-être gagner utilise un moyen militairement inutile (terroriser les populations ? elles ne le sont pas au bout de deux ans ?) : il donne ainsi une légitimité aux puissances étrangères qui veulent appuyer la rébellion et un admirable prétexte aux partisans du principe néo-conservateur - frapper tous les tyrans pour déclencher un tsunami démocratique, naturellement pro-occidental.
L'affaire semble entendue, et quand bien même les preuves manqueraient, cela démontrerait a fortiori l'ignominie de Bachar qui les dissimule (après avoir eu la stupidité de faire venir des inspecteurs des Nations Unies, qui se font tirer dessus par des snipers). C'est une application du principe des ADM : puisque personne ne peut les trouver, c'est que Saddam les dissimule, ce qui le rend encore plus coupable. CQFD.
D'ailleurs Foreign Policy a produit des interception démontrant que les responsables du régime cherchent à dissimuler leur crime (tiens, cela ne vous rappelle rien ?). On voit donc que Prism contribue à sauver la démocratie et que ceux qui critiquent la NSA sont sans doute des partisans du gazage des populations civiles.
Le président de la République nous a fort clairement expliqué la dialectique de la punition. Ou bien être complices ou bien agir, Ou bien supporter l'intolérable, ou bien sauver des populations civiles. Dit en ces termes, sauf à être un collabo pro-gazage, on voit mal ce que l'on pourrait objecter.
Nous allons frapper. Sans doute avec des missiles de croisière. Pour des raisons techniques, la participation française sera fort modeste, mais nous trouverons peut-être une petite hachette made in France à joindre au Thomawaks d'Obama. Ce sera symbolique et cela permettra à nos ressortissants de jouir d'une aura de sympathie auprès des chiites du monde entier (15% des musulmans) qui comprendront que nous faisons cela pour leur bien.
Comme Bachar est stupide (cf. plus haut), il a certainement groupé ses dépôts d'arme ou ses centres militaires dans le désert, loin de toute population civile, il n'y aura donc pas de victimes innocentes (pas plus que lors d'une frappe de drone démocratique, par exemple).
Comme Bachar est menteur, la télévision de Damas ne manquera pas de produire des images d'enfants tués par les missiles démocratiques.
Comme nous sommes intelligents nous comprendront qu'il s'agit de propagande (contrairement aux vidéos sincères et authentiques produites par l'opposition). Tiens, au fait, pourquoi ne pas bombarder la TV de Damas comme nous avons bombardé celle de Belgrade en 99 ?
Comme le président Hollande (une guerre tous les huit mois) a bonne mémoire, il sait que :
- En 1991 nous avons cru à l'armée irakienne qui était la quatrième du monde, aux couveuses débranchées et aux canons qui allaient tirer des obus au gaz sur Israël. Nous avons puni Saddam (pas assez pour l'empêcher de gazer des Kurdes après coup, mais puni quand même)
- En 1999, nous avons cru au génocide des Kosovars, aux charniers que l'on allait découvrir et aux boucliers humains. Nous avons puni Milosevic et, au bout de quelques temps, confié les clefs du Kosovo à des gens parfaitement honorables (voir Kosovo: Une guerre juste pour créer un État mafieux, de Pierre Péan)
- En 2003 nous avons un peu moins cru aux Armes de Destruction Massive de Saddam. Mais nos amis américains ont fait le travail quand même et l'Irak baigne dans un océan démocratique de paix et de bonheur.
Comme le président sait cela, nous pouvons y aller de confiance. La punition ne renversera pas le régime de Bachar, certes, mais cela l’amènera certainement à résipiscence. Il faudrait songer à une sorte de peine probatoire à la Taubira pour les dictateurs. Bachar n'osera plus frapper des civils (par peur des représailles), ni des militaires (par peur qu'ils se défendent) : c'est tout bénéfice.
Allez, on y va ! Mais surprise : le président Obama se met à freiner des quatre fers ! Le voilà qui déclare : "Un engagement direct militaire des États-Unis.. ne serait pas bénéfique pour la situation sur le terrain... (cela) ne résoudra pas tous les problèmes de la Syrie. Évidemment, cela ne mettra pas fin aux morts de civils innocents en Syrie."
Et si Obama ne doute pas que Assad a "recours à des armes chimiques à grande échelle contre son propre peuple, contre des femmes, des bébés, des enfants", il en tire pour conséquence "qu'il crée une situation dans laquelle les intérêts nationaux américains sont affectés et qu'il faut que cela cesse". C'est dit de façon assez indirecte. Ce n'est pas exactement un ultimatum ou l'annonce de l'Apocalypse pour dans la soirée. Le président Obama a-t-il réfléchi ou n'a-t-il pas le mâle courage du notre ?Comme il est utile que nos lecteurs puissent mesurer les progrès de l'esprit humain en presque un siècle nous terminerons en leur rappelant un texte classique que nous avions déjà signalé
Ce sont les dix règles établies par lord Ponsonby en 1918 :
"Il faut faire croire :
1. que notre camp ne veut pas la guerre ;
2. que l'adversaire en est responsable ;
3. qu'il est moralement condamnable ;
4. que la guerre a de nobles buts ;
5. que l'ennemi commet des atrocités délibérées (pas nous) ;
6. qu'il subit bien plus de pertes que nous ;
7. que Dieu est avec nous ;
8. que le monde de l'art et de la culture soutient notre combat ;
9. que l'ennemi utilise des armes illicites (pas nous) ;
10. que ceux qui doutent de ces neuf premiers points sont soit des traîtres, soit des victimes des mensonges adverses (car l'ennemi, contrairement à nous qui informons, fait de la propagande).
François- Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 29 août 2013)
Vous pouvez découvrir ci-dessous l'excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 30 août 2013 et consacrée aux menaces de l'Occident à l'encontre de la Syrie ...
Alain de Benoist, directeur des revues Nouvelle Ecole et Krisis et éditorialiste de la revue Eléments, répond, dans un entretien diffusé le 29 août 2013, aux questions de la radio iranienne francophone, IRIB, à propos des menaces d'action militaire formulées par les États-Unis et la France contre le régime syrien.
La revue L'Afrique réelle publie un essai de Bernard Lugan, intitulé Printemps arabe - Histoire d'une tragique illusion. Comme toujours, l'auteur, historien et africaniste réputé, disperse les fumées idéologiques et revient aux faits...
Le livre, qui ne sera pas diffusé en librairie, est disponible en ligne sur le site de Bernard Lugan.
" En 2010-2011, la Tunisie, l’Egypte et la Libye connurent des évènements spécifiques, hâtivement baptisés « printemps arabe » par des journalistes voulant y voir autant d’avancées démocratiques.L’échec de cette tragique illusion est à la hauteur des emballements émotionnels qu’elle suscita:- La Tunisie est en faillite économique et le climat politique y est devenu explosif. Les Frères musulmans au pouvoir veulent faire adopter une Constitution ayant la charia pour norme, ce que refusent des foules de plus en plus nombreuses. La radicalisation des positions est illustrée par l’assassinat de leaders de l’opposition et par la naissance d’une insurrection armée islamiste qui pose de sérieux problèmes à l’armée tunisienne.- En Egypte, ceux qui ne supportaient plus leur vieux chef militaire se sont finalement donnés à de jeunes chefs militaires pour échapper aux « fous de Dieu », ce qui n’empêcha pas le pays de basculer insensiblement dans ce qui risque de devenir une guerre civile.- En Libye, l’Etat n’existe plus. Le nord du pays est partagé entre des milices tribales ou religieuses, cependant que tout le sud est devenu un « Libystan » aux mains des jihadistes.Ce livre, illustré de cartes en couleur et qui n’a pas d’équivalent fait, au jour le jour, l’histoire du prétendu « printemps arabe » en Afrique du Nord. Il met également en évidence ses conséquences géopolitiques nationales, et régionales.Il explique également pourquoi le Maroc et l’Algérie ne furent pas concernés par ces évènements. "
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue grinçant de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré à l'abandon de toute idée d'indépendance nationale, ou européenne, face aux Etats-Unis...
Sept pas vers la soumission
Depuis le mois de juin, nous avons appris :
- 1/ que le G8 était écouté et qu'un délégué ne pouvait aller au cybercafé du coin sans que les services de sa Majesté n'interceptent ses messages...
- 2/ qu'aux Etats-Unis, l'opérateur téléphonique Verizon (comme sans doute d'autres) livrait à la National Security Agency des millions de métadonnées, non pas le contenu de conversations téléphoniques, mais des indications sur qui s'est connecté avec qui, d'où à où et quand, indications qui révèlent largement ce que fait quelqu'un et de quel réseau il fait partie, qu'il s'agisse d'un réseau terroriste, politique ou d'affaires... ceci sans compter les écoutes "classiques" et légales.
- 3/ que les grands du Net, Google, Skype, Apple, Facebook, et autres donnaient un accès qui semble incontrôlé aux mêmes services : contenu des échanges, métadonnées, données personnelles confiées aux opérateurs ou plates-formes. Cette opération dite Prism devrait fournir à la fois a) des informations très fines sur des individus (même des sociétés commerciales en croisant quelques données personnelles et des données sur vos connexions en ligne savent très vite votre âge, votre sexe, votre niveau de revenu, vos goûts dans différents domaines, vos relations...) b) des informations non moins précieuses sur des mouvements collectifs d'opinion, voire des "conspirations"...
- 4/ que tout ceci est légal puisque des cours secrètes suivant des procédures secrètes l'autorisent ; et que de toutes les manières, il ne s'agit de surveiller que des étrangers et des gens qui ne résident pas aux USA, donc que cela ne viole en rien la constitution. Mais au fait, comment savez-vous qu'ils sont étrangers ? Réponse : nos ordinateurs repèrent que leurs messages contiennent des termes qui indiquent avec 51 % de probabilité qu'ils sont étrangers. Question : comment obtenez-vous ces mots-clefs sans intercepter préalablement leur correspondance et qu'en est-il des 49% d'erreur probable ? pas de réponse...
5/ Que la NSA britannique le GCHQ étudie encore davantage de communications, suivant la même méthode de "pêche au chalut" (intercepter des millions de messages, les conserver et faire effectuer des recherches sémantiques par des ordinateurs surpuissants pour y découvrir des éléments suspects) mais ils le font sur des câbles sous-marins...
6/ Que, comme tout ce qui précède ne suffit pas, les services américains font également de l'espionnage ciblé sur des ambassades, ou des institutions comme l'Union Européenne, chez eux et à l'étranger, avec micros, pénétration dans les ordinateurs, etc...
7/ Que quelqu'un qui révèle tout ce qui précède est un dangereux espion mettant en péril le monde libre et qu'il est donc parfaitement normal de détourner l'avion d'un chef d'État susceptible d'abriter ce personnage en quête d'asile et de fouiller de fait l'aéronef suspect. Ceci avec l'aide d'alliés complaisants et sur la foi d'indications dont personne n'a révélé la source. Et pendant que nous négocions un accord commercial dont est sensé dépendre le sort de la planète : une véritable ouverture dans notre monde encore trop cloisonné... car qui pourrait imaginer que l'administration Obama fasse de l'espionnage économique ou diplomatique ?
Imaginons un quart de seconde que tout ceci ait été le fait de Vladimir Poutine et de quelques gouvernements fantoches à sa solde. Avec quel mâle courage nous aurions dénoncé l'autocrate ! Quel intéressant débat nous aurions pu ouvrir, intellectuels, mes frères, sur la comparaison avec l'époque soviétique, les causes structurelles et les causes contingentes du Panoptique.
Certes nous avons roulé des yeux. Nos gouvernants ont déclaré "intolérable" (vous avez bien lu, intolérable, autrement plus viril que Madame Merkel) ce que nous avons toléré trois jours après.
Puis vinrent les reculades. Sanctionner les USA, retarder les négociations ? Peut-être amis à conditions que nos vingt-sept amis européens dont plus de la moitié sont des atlantistes convaincus nous suivent sur cette voie. Une commission Théodule étudiera la question et Obama a promis qu'il rassurerait le président "Houlan".
Ce n'est pas sous Sarkozy l'Américain que l'on aurait vu cela (pour la petite histoire : l'Express avait révélé à la fin de l'année dernière que les services américains avaient pénétré l'intranet de l'Elysée sous ledit Sarkozy sans que cela fasse réagir toute mesure la nouvelle présidence).
Rassérénée, la patrie des droits de l'homme à refusé le survol de son espace aérien à un avion présidentiel où aurait pu se dissimuler Snowden, l'obligeant de fait à atterrir en Autriche. Explication donnée : il y a eu des "informations contradictoires" (lesquelles ? fournies par qui ? par quels alliés en qui nous avons toute confiance ?), et par simple erreur,quelqu'un à Matignon (le planton de service ?) a pris une décision que le président de la République a corrigée aussitôt qu'il a appris que le président Morales était - devinez où -à bord de son avion présidentiel, entre temps déjà détourné.
Sur ce, un journal d'une rigueur morale irréprochable révèle que la DGSE fait à peu près la même chose avec ses stations d'interception électronique. Nous aurions même des ordinateurs de pointe pour mouliner des millions de mots clefs. Nous serions alors en mauvaise posture pour critiquer les États-Unis. Plus fort que tout, alors que le budget de la NSA se situe peut-être jusqu'à 10 milliards de dollars, la DGSE à réussi à se doter de ce matériel époustouflant sans éveiller l'attention sans doute par quelque habile manipulation comptable.
Du coup, on se souvient que dans les années 90 il y a eu l'affaire Échelon. (Occasion pour des millions de gens de découvrir l'existence de la NSA et du gigantesque système des "Grandes oreilles d'oncle Sam") Et que l'affaire Échelon avait amené en réaction la révélation de l'affaire dite Frenchelon (des stations d'interception françaises). Donc pourquoi se frapper pour cette vieille affaire, pour ne pas dire ce secret de Polichinelle ?
Et au final, le ministre de l'Intérieur peut déclarer dans une interview à l'Usine Digitale "Il faut cependant être lucides : pour protéger leurs populations, tous les États ont besoin d'accéder à certaines communications électroniques, aussi bien en matière de renseignement que de poursuites judiciaires... Mais l'exploitation des métadonnées ou des contenus n'est légitime que si elle se rapporte à des finalités de sécurité bien circonscrites : lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée ou encore protection des intérêts fondamentaux des États." Il suffirait donc de les cibler sur des individus qui présentent une menace réelle, et ce avec une finesse toute française.
Nous voici donc lucides et contents. Certains refusent de parler de coup d'État en Égypte, d'autres d'espionnage entre amis.
De quoi faut-il le plus s'émouvoir dans cette affaire ? De savoir que des amis vous espionnent et que les arcanes de la Realpolitik prospèrent toujours ? ou de ce que cela ne change rien de le savoir ?
François-Bernard Huyghe ( Huyghe.fr, 9 juillet 2013)