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Métapo infos - Page 667

  • Les Essais d'Ernst Jünger...

    Les éditions du Livre de poche viennent de publier dans leur collection La Pochothèque un recueil d'essais d'Ernst Jünger dans une édition établie, présentée et annotée par Julien Hervier et intitulé sobrement Essais. Le lecteur y trouvera notamment des livres essentiels comme Le Travailleur, Passage de la ligne ou Traité du rebelle. Un ouvrage indispensable pour tous les amateurs de l'auteur d'Orages d'acier, du Coeur aventureux et de Sur les falaises de marbre.

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    " Hostile très tôt au monde bourgeois, élève médiocre, fuguant à dix-huit ans pour rejoindre la Légion étrangère, héros couvert de décorations, Ernst Jünger (1895-1998) est un parfait autodidacte qui n’a effectué à l’université que de brèves études en zoologie. Boulimique de lecture depuis son enfance, nourri de Nietzsche et de Schopenhauer, il allie à une culture immense et diversifiée l’expérience traumatisante de la nouvelle guerre de matériel. Bien qu’il se considère modestement comme un « amateur », il a composé de nombreux essais éclairants sur la crise du monde moderne, l’usage des drogues ou encore l’entomologie. Nous avons privilégié ici les textes qui s’interrogent sur le triomphe de la technique, marqué par l’avènement de la figure du Travailleur : celle-ci commence par fasciner Jünger avant de l’inquiéter, dans sa méfiance envers l’État technocratique, hautement suspect eu égard à sa sensibilité libertaire et précocement écologiste.

    Édition établie, présentée et annotée par Julien Hervier.

    Ce volume contient :

    Lettre de Sicile au bonhomme de la Lune / Le Travailleur / Sur la douleur / La Paix / Passage de la Ligne / Traité du rebelle / Le Mur du temps / Maxima-Minima / Sens et signification / Les Ciseaux. "

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  • Un nouveau partage du monde est en train de se structurer...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Figaro Vox, dans lequel elle commente les récentes déclaration d'Emmanuel Macron à l'hebdomadaire The Economist sur la situation de l'Europe. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé récemment, avec Hervé Juvin entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Caroline Galactéros: «Un nouveau partage du monde est en train de se structurer»

    FIGAROVOX.- Le magazine The Economist consacre son dernier numéro et sa couverture à une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle il affirme que le monde est au bord du précipice. La situation internationale est-elle aussi apocalyptique que celle que décrit le chef de l’État?

    Caroline GALACTEROS.- Il me semblait que le Président, dans son interview, avait appliqué cet oracle à l’Europe et non du monde. Le monde n’est pas du tout au bord du précipice. Il se rééquilibre autour de puissances qui assument leur souveraineté, définissent leurs ambitions et se donnent les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont nos utopies qui sont en déroute et c’est bien l’Europe qui tombe dans l’insignifiance stratégique (une forme de mort cérébrale) subitement privée de la béquille mentale que lui fournissaient le lien transatlantique et son alignement servile sur les injonctions américaines. Quant à la France, elle danse sur un volcan et pas seulement au plan extérieur. Si la présente lucidité présidentielle se consolide par des actes et des dynamiques durables, alors nous éviterons le pire et peut-être même renverserons-nous enfin la vapeur à notre avantage. Ce serait là, sur le plan stratégique, une vraie et salutaire «disruption». Après Biarritz, Moscou, la Conférence des Ambassadeurs et désormais cette interview, la grande question est désormais la suivante: Jusqu’à quel point sommes-nous déterminés à désobéir et à assumer les critiques ou la résistance active de certains de nos partenaires européens?

    Le rôle de pionnier, de défricheur d’une voie nouvelle est périlleux et demandera beaucoup de ténacité. Jusqu’au moment où certains de nos partenaires, entrevoyant la liberté, voleront au secours de la victoire et nous emboîteront le pas, notamment en Europe du sud mais pas seulement. Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée. Le choc? Notre abandon sans états d’âme par la figure paternelle américaine. Sur le fond, rien de bien nouveau mais le verbe trumpien nous a brutalement ouvert les yeux sur le profond mépris et l’indifférence en lesquels Washington nous tient. La servilité ne paie jamais vraiment. Emmanuel Macron a bien raison de douter de l’applicabilité de l’article 5 du Traité de l’Alliance atlantique. Le problème n’est pas de savoir si les États-Unis voleraient au secours d’un État européen attaqué par la Russie ou Chine. La Russie a vraiment d’autres chats à fouetter et la Chine «attaque» déjà l’Europe tous azimuts économiquement. Non, le problème est bien celui d’un fatal entraînement de la France ou d’un autre membre de l’Otan si jamais la Turquie venait à être prise à partie militairement par la Syrie en réponse à sa violation caractérisée de la souveraineté syrienne. Scénario peu probable à vrai dire, car Moscou ne laissera sans doute pas un tel engrenage ruiner ses patients efforts pour en finir avec la déstabilisation de son allié moyen oriental. Même chose si l’Iran venait à réagir à une provocation savante téléguidée par Washington. Moscou, Téhéran et Ankara ont partie liée pour régler le sort de la Syrie au mieux de leurs intérêts respectifs et Washington comme Damas n’y peuvent plus rien. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que la Turquie n’agit à sa guise en Syrie qu’avec l’aval américain. Washington laisse faire ce membre du flanc sud de l’Alliance qui lui sert en Syrie de nouvel agent de sa politique pro islamiste qui vise à empêcher Moscou de faire totalement la pluie et le beau temps dans le pays et la région. Ankara gêne aussi l’Iran. Bref, ce que fait Erdogan est tout bénéfice pour Washington. Et les Kurdes ne font pas le poids dans ce «Grand jeu»? En conséquence, c’est bien l’Amérique qui dirige toujours et complètement l’Otan. S’il est bien tard pour s’en indigner ou faire mine de le découvrir, il n’est pas trop tard pour se saisir de cette évidence et initier enfin une salutaire prise de distance de l’Europe par rapport à une Alliance qui ne traite nullement ses besoins de sécurité propres.

    Nous restons extrêmement naïfs. Nous n’avons jamais eu voix au chapitre au sein de l’Alliance pas plus d’ailleurs depuis que nous avons rejoint le commandement intégré pour nous faire pardonner notre ultime geste d’autonomie mentale de 2003 lorsque nous eûmes l’audace de ne pas rejoindre la triste curée irakienne. Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe et d’ailleurs que l’épouvantail de la prétendue menace russe est une construction artificielle destinée à paralyser le discernement des Européens, à les conserver sous tutelle, à justifier des budgets, des postures, des soutiens résiduels au lieu de construire enfin une véritable stratégie propre à l’Europe en tant qu’acteur et cible spécifique stratégique. Je rejoins là notre président. Mais je ne crois pas du tout que L’OTAN soit en état de mort cérébrale. Il devient juste clair que ce qui pouvait, aux yeux de bien des atlantistes, justifier notre alignement silencieux et quasi inconditionnel a vécu. Trump veut faire payer les Européens pour qu’ils achètent des armes…américaines et obéissent aux décisions d’intervention américaines qui ne les concernent pas. Il est temps de ne plus supporter ce chantage et de sortir de l’enfance stratégique. Nous en avons les moyens. Il ne manquait que la volonté.

    De son côté l’UE peine à définir une politique étrangère commune, croyez-vous la diplomatie européenne encore?

    Je n’y ai jamais cru! Je ne vous rappellerai pas le cruel sarcasme de Kissinger «l’Europe? Quel numéro de téléphone?» Ce qui est possible, c’est de faire sauter un tabou ancien qui veut que l’affirmation de la souveraineté des nations européennes soit antinomique de la puissance collective et un autre, qui veut que l’élargissement de l’UE ait été destiné à la rendre puissante et influente. C’est précisément tout l’inverse. Mais il est trop tard pour regretter cet élargissement brouillon et non conditionnel stratégiquement. Il faut partir du réel et le réel, c’est qu’il existe une très grande divergence entre les intérêts stratégiques américains et ceux des Européens qui doivent se désinhiber. La France peut prendre la tête de cette libération et favoriser une conscience collective lucide et pragmatique des enjeux communs sécuritaires et stratégiques.

    Il faut commencer par une véritable coopération industrielle à quelques-uns en matière de défense, sans attendre une unanimité introuvable. Il faut créer des synergies, faire certaines concessions et en exiger d’autres, et ne plus tolérer la moindre critique de Washington sur les contributions à une Alliance enlisée dans d’interminables et inefficaces opérations.

    Alors qu’Emmanuel Macron rentre d’un voyage officiel en Chine, vous écrivez, «La Chine a émergé tel un iceberg gigantesque». La Chine est en train de tisser son empire autour du globe, est-elle en train d’imposer son propre contre modèle à l’Occident?

    Pékin agit très exactement comme Washington et joue l’Europe en ordre dispersé. Oui le «contre monde» comme je l’appelle est en marche. La Chine profite du tirage entre Washington et les Européens au fur et à mesure que les pays européens prennent conscience qu’ils ne comptent plus pour l’Amérique, mis à part pour justifier un dispositif otanien contre Moscou et empêcher le rapprochement stratégique avec la Russie qui seule pourrait donner à l’Europe une nouvelle valeur ajoutée dans le duo-pôle et triumvirat Washington -Moscou-Pékin. C’est Sacha Guitry je crois qui disait que les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être trois pour les porter. L’adage est valable pour l’Europe à mais aussi pour Moscou qui sait combien «le baiser de la mort» chinois peut à terme lui être fatal. L’Europe n’a donc pas encore tout à fait perdu de son intérêt aux yeux de Moscou même si, en ce qui concerne la France, la charge affective et historique du lien a été très abîmée. Il me semble donc que l’initiative française d’une relance d’un «agenda de confiance et de sécurité» est un pas important dans cette direction qu’il faut jalonner à bon rythme de réalisations concrètes.

    La guerre commerciale semble être la forme conflictuelle privilégiée par l’administration de Donald Trump. Les sanctions américaines pleuvent sur les entreprises chinoises, en Iran, en Russie. La guerre commerciale devient-elle un des éléments structurant d’un monde Yalta 2.0?

    La fin de l’utopie d’une mondialisation heureuse a permis la résurgence d’un politique de puissance et d’influence décomplexée. Or le commerce est l’instrument privilégié de ces relations. Il n’y a qu’en France que l’on croit encore aux pures amitiés et aux affections qui guideraient les rapprochements entre États. Attention! Je ne veux pas dire que les relations personnelles, l’empathie ou l’animosité ne comptent pas, bien au contraire. Mais ce qui compte dans l’établissement du rapport de force et dans la consolidation des rapprochements, ce sont les complémentarités économiques mais aussi culturelles et même civilisationnelles et surtout la fiabilité de la parole donnée et la crédibilité interne des dirigeants.

    Votre livre donne un aperçu global de l’état des relations diplomatiques depuis les cinq dernières années. Le monde depuis 1989, puis 2001 est en constante restructuration. Le jeu des puissances est mouvant. Quelle place la France peut-elle occuper dans un monde géopolitique si instable et imprévisible? Comment peut-on participer à construire une «coexistence optimale»?

    La France doit se voir en grand car elle a de sérieux atouts de puissance et d’influence mais elle n’en use pas à bon escient. Elle se complaît dans la repentance et l’alignement. Notre place dépendra en premier lieu de notre capacité à structurer une vision et un chemin puis dans notre ténacité à défendre nos intérêts et à affirmer nos principes.

    Il nous faut effectuer un tournant pragmatique en politique étrangère et en finir avec l’idéologie néoconservatrice. Celle-ci a dramatiquement vérolé toute une partie de notre administration et de nos élites qui ne savent plus ce qu’est l’intérêt national. La France est toujours une puissance globale. Plus que nombre d’autres. Simplement elle doit retrouver une économie florissante, restructurer son industrie, remettre son peuple au travail autour d’un projet de prospérité lié à l’effort et non à l’incantation. Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.

    La Russie de Vladimir Poutine s’est imposée aux puissances occidentales comme un acteur majeur des relations géopolitiques. Son attitude sur la crise syrienne incarne ce positionnement dans l’échiquier mondial. La Russie peut-elle être un allié «fréquentable» des puissances européennes? La distance entre les Européens et les Russes en termes de politique internationale est-elle encore légitime?

    La Russie est tout à fait fréquentable. La diabolisation infantile à force d’être outrancière, dont elle fait l’objet chez nous, nous ridiculise et surtout la conforte dans une attitude de plus en plus circonspecte envers ces Européens qui ne savent plus penser ni décider par eux-mêmes.

    En 30 ans, la Russie a vécu le pire durant les années 90 puis a entamé sans violence une remarquable reconstruction nationale. Tout n’y est pas parfait, mais pouvons-nous réellement donner des leçons et nous imaginer être encore pris au sérieux après les sommets de cynisme démontrés dans nos propres ingérences étrangères, avec les résultats que l’on sait? C’est là une posture qui sert essentiellement à se défausser, à ne pas aller de l’avant notamment sur les dossiers où nous pourrions et aurions tout intérêt à tendre la main à la Russie: sanctions, Ukraine Syrie, Libye, Union économique eurasiatique (UEE), etc… Sur ce dernier point, il faut nous montrer un peu plus lucides et anticipateurs que sur les Nouvelles Routes de la Soie sur lesquelles nos diplomates ironisaient il y a encore quelques années. L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats. Je souhaite de tout cœur que la récente inflexion imprimée par notre président à la relation franco-russe après une sombre et triste période, passe rapidement dans les faits et que nous soyons le maillon fort d’une nouvelle ère collaborative, intelligente et humaine entre la Russie l’Europe.

    La solution diplomatique peut-elle encore jouer un rôle dans le dossier syrien?

    Une solution diplomatique ne peut exister que si l’on a atteint un équilibre militaire acceptable. La Syrie doit d’abord recouvrer son intégrité territoriale. Après les Syriens décideront de ce qu’ils souhaitent politiquement pour leur pays.

    Notre implication a été si humainement et politiquement désastreuse qu’il est possible de prétendre encore pouvoir décider du sort de ce pays à la place de son peuple. Évidemment, la guerre n’est pas finie. Il y a encore des dizaines de milliers de djihadistes fondus dans la population civile d’Idlib. Il y a la Turquie, la Russie et l’Iran qui consolident dans un vaste marchandage leurs influences respectives. Et il y a tous les autres acteurs régionaux et globaux qui cherchent à tirer leur épingle du jeu et à faire oublier leurs méfaits. Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien. Je l’ai assez expliqué, démontré et je n’épiloguerai pas. J’en parle abondamment dans mon recueil. Il est trop tard pour pleurer mais sans doute pas pour faire amende honorable, intégrer le processus d’Astana et son actuel dérivé - le Comité constitutionnel en cours de formation à Genève. Cela aussi, nous le devons à l’approche diplomatique inclusive et non idéologique de Moscou, ne nous en déplaise. Essayons, pour une fois, d’être intelligents et d’avancer pour que le peuple syrien sorte au plus tôt de son interminable martyr.

    Caroline Galactéros (Figaro Vox, 9 novembre 2019)

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  • Sur la chasse...

    Les éditions Atlantica ont publié récemment un essai de José Ortega y Gasset intitulé Sur la chasse. Philosophe et publiciste espagnol, tenant d'un conservatisme libéral, José Ortega y Gasset (1883 - 1955) est particulièrement connu en France pour son essai La révolte des masses (Le Labyrinthe, 1986) dans lequel il annonce l'apparition de l'« homme moyen » , qui « n'a que des appétits »  et qui « ne se suppose que des droits ». Plusieurs de ses essais ont été récemment réédités, comme Méditation sur la technique (Allia, 2017) ou Autour de Galilée - Du christianisme au rationalisme, du monde moderne à la post-modernité (Perspectives libres, 2018).

     

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    " Publié pour la première fois en France, le texte du philosophe espagnol José Ortega Y Gasset éclaire d’un jour nouveau l’inclination de l’homme pour la chasse.

    Enfin trouve-t-on étudiées - séquencées - les forces à la fois raisonnables et instinctives qui poussent le chasseur à revenir, encore et toujours, vers la forêt.

    Et si l’homme moderne continue de siffler son chien et de s’enfoncer dans les bois, c’est d’abord parce qu’il y retrouve une nature dont il ne s’est jamais dissocié tout à fait, une nature, la sienne, la Nature, la nôtre. Le chasseur, comme aucun autre habitant permanent des villes, retrouve sa place parmi les vivants, mesure sa vigilance et sa patience, se confronte aux lois ancestrales - ces temps où la peur et la mort faisaient la moitié de la vie.

    L’animal, lui, n’ignore rien de la peur, aussi sera-t-il vivant aussi longtemps qu’il restera en éveil. Tantôt il chasse, tantôt il est chassé. En acceptant cette règle, le chasseur goûte à l’échec au point de n’être jamais autant chasseur que lorsque sa proie se dérobe. Il faut par conséquent au chasseur être humble et accepter un certain dépouillement de moyens... pour redevenir « cet homme en alerte ».

    Dans une langue impeccable de clarté, nous écoutons José Ortega Y Gasset se faire une haute idée de l’homme, à cette condition que l’homme soit digne de sa nature. "

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  • Il faut construire une économie d’opposition !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Travers, cueilli sur Breizh info et consacré au besoin d'une économie communautaire qui reflète notre identité. Professeur d'économie en école de commerce, Guillaume Travers collabore à la revue Éléments.

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    Guillaume Travers : « Il faut construire une économie d’opposition»

    Breizh-info : Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

    Guillaume Travers : Je collabore à la revue Éléments et j’enseigne l’économie en école de commerce. J’écris principalement sur des sujets économiques mais je peux aussi toucher aux sciences sociales, sociologie, etc.

    Lors du colloque « Regards croisés sur notre identité », votre exposé portait sur l’argent-roi et la tradition. Vous avez notamment distingué l’économie moderne, fondée sur l’individualisme et l’utilitarisme, de l’économie traditionnelle médiévale, et insisté sur le fait qu’il avait fallu créer cette économie moderne, créer le marché. Or aujourd’hui on a communément l’impression que notre façon de faire est naturelle et a toujours existé. Pourriez-vous revenir sur ce côté « artificiel » de l’économie moderne et situer son apparition dans le temps ?

    L’économie traditionnelle était extrêmement localisée et toujours subordonnée à des objectifs collectifs, qu’ils soient politiques, communautaires, etc. (on raisonnait par exemple en termes d’intérêt pour le village, pour une corporation…)

    Pour créer le grand marché, il a fallu détruire toutes les institutions sur lesquelles étaient construites l’économie. Donc détruire les corporations et abolir les très nombreuses frontières qui existaient au sein même du royaume. Cela avait commencé avant la Révolution française, mais a culminé aux temps de la Révolution.

    Avant, beaucoup d’échanges échappaient à l’économie monétaire, on était plus dans une logique de don et de contre-don. Mais à un moment, il y a eu une volonté de casser ces systèmes d’échanges traditionnels pour mieux les taxer. Cela s’est effectué selon un double intérêt, celui du roi de France et celui de la classe bourgeoise, qui se sont en quelque sorte alliés contre les intérêts des provinces, de toutes ces multiples petites patries locales qui étaient bien plus autonomes. Le but était de créer de grands marchés.

    Lors du colloque, vous avez cité l’opposition de la figure du marchand à celle du héros telle que l’avait développée l’économiste allemand Werner Sombart au début du XXe siècle. Pourriez-vous en redonner les grandes lignes ?

    Le marchand et le héros obéissent à deux types d’éthique complètement distincts. Ils suivent deux buts différents dans la vie. Selon Werner Sombart, le marchand se demande toujours ce qu’il peut prendre et compte en termes monétaires. Il s’inscrit dans une hiérarchie quantitative en visant l’accumulation des richesses. Le héros au contraire cherche à donner ; il ne raisonne pas en termes monétaires mais obéit à des valeurs. Il s’inscrit dans une hiérarchie qualitative (au sommet de laquelle se trouve par exemple le courage, la générosité, etc.). On retrouve cette distinction chez Péguy notamment, dans son essai L’Argent [NDLR : paru en 1913].

    Entre le marchand et le héros, où situeriez-vous aujourd’hui la figure de l’entrepreneur ?

    Le point le plus essentiel est de savoir si la personne agit pour son propre intérêt ou pour un intérêt plus large (pour une communauté, en un sens politique…) Un entrepreneur peut très bien s’inscrire dans chacune de ces deux dimensions. Il peut se positionner en héros ou en marchand. Pour construire une cathédrale par exemple, il fallait le financement de nombreux bourgeois entrepreneurs. Au-delà d’une simple accumulation de richesses, ceux-ci visaient un but collectif.

    Il est vrai que dans certains milieux de pensée, notamment de droite, le monde de l’argent peut facilement être perçu comme condamnable…

    Un de mes combats est précisément de faire passer l’idée que la construction de notre civilisation a nécessité énormément d’argent. Que l’on pense à la construction des cathédrales, des villes, des châteaux, au mécénat des artistes et au financement de leurs œuvres d’art picturales, musicales, etc. À partir du moment où l’argent sert une cause noble, c’est un bon instrument. Alors que l’argent accumulé pour lui-même n’a aucun intérêt civilisationnel.

    Tout dépend des intérêts que l’on poursuit, individuels ou communautaires. Et cela relève de choix concrets et quotidiens. Nous pouvons tous, chaque jour, au travail ou selon nos activités militantes ou associatives, agir en marchand ou en héros.

    D’où vient selon vous ce dégoût de l’argent ?

    L’origine de ce dégoût est assez complexe et se découpe probablement en trois phases. Tout d’abord, dans toutes les mythologies indo-européennes, les objectifs religieux ou politiques sont toujours supérieurs aux objectifs économiques. C’est la fameuse trifonctionnalité indo-européenne, où le sage se range dans la première fonction, le guerrier courageux dans la seconde et le producteur dans la troisième. Le producteur a donc pu être perçu comme inférieur. En réalité, ces trois fonctions restent absolument complémentaires, elles ne s’excluent pas l’une l’autre. Le producteur n’est pas écrasé par les deux premières fonctions, il y est simplement subordonné.

    Deuxièmement, le christianisme a véhiculé une image du riche qui aurait plus difficilement accès au ciel que le pauvre. La vanité de l’accumulation de richesses sur terre en découle et une dévalorisation du monde terrestre a pu en être interprétée. Pour autant, il n’est pas évident que cela implique de négliger l’argent mais c’est une interprétation possible et qui a facilement été faite.

    Troisièmement, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, il y a un moment historique où l’argent est devenu tout. Il a littéralement tout remplacé. Des auteurs tels que Péguy, Bernanos, Barrès, Céline ont été tellement écœurés par cette avidité à vouloir prendre possession de tout et à ériger l’argent au-dessus de toute valeur ou de tout bien, qu’ils ont basculé dans un profond rejet de l’argent. Peut-être était-il excessif. Toujours est-il qu’il a influencé les générations suivantes. Dans son essai L’Argent, Péguy constate par exemple qu’en 1870, le combattant était la figure emblématique de la société. Alors que 40 ans plus tard, il a été remplacé par le bourgeois. On peut comprendre cette réaction de rejet très fort, d’ordre quasi esthétique, face à la laideur de cette nouvelle hiérarchie qui érige au sommet l’accumulation de richesses au détriment de tant de valeurs nobles. Mais ce rejet a été tellement radical qu’on a perdu au passage la vision complémentaire, utile, de l’argent.

    Ne peut-on pas dire aujourd’hui que le politique est soumis à une logique économique, qu’il a évacué la recherche du bien commun, et se contente de répondre aux intérêts des minorités, des lobbys ?

    C’est un point tout à fait juste. Aujourd’hui, quand le politique prend une décision, il se demande si cela est bon pour tel ou tel groupe d’individus. Pour répondre au bien commun, encore faudrait-il avoir défini la communauté qui serait concernée. Or selon le paradigme actuel, individualiste et utilitariste, quasiment tout est subordonné à l’individu.

    Est-ce que le monde économique n’exerce pas aujourd’hui plus d’impact que le monde politique sur nos sociétés modernes ? Notamment quand on voit que les GAFA, en maîtrisant de plus en plus la diffusion de l’information, pourraient être en mesure de maîtriser l’information elle-même et donc notre vision du monde ? Pour être capable de contrer de telles logiques, ne faut-il pas chercher à investir le plus possible le champ économique et entrepreneurial ?

    Oui, j’en suis persuadé. Aujourd’hui, la domination est avant tout économique. Donc si on est en guerre contre le système, le domaine économique fait partie de nos armes. Écrire des livres et faire des conférences, c’est nécessaire, mais ça ne suffit pas. Il faut des moyens pour mener un combat d’idées.

    Par ailleurs, notre identité se définit par des valeurs, mais 99 % de notre vie, c’est du quotidien, c’est une manière de travailler, de consommer, de vivre, et cela est aujourd’hui en péril. Il faut construire une économie d’opposition à l’économie actuelle, une économie communautaire, qui reflète notre identité. C’est une priorité et même une question de survie. La création d’une telle économie communautaire nécessite des entrepreneurs, des gens qui œuvrent dans le concret. Les jeunes générations en particulier ne doivent pas hésiter à créer des entreprises qui soient au service de la communauté.

    Guillaume Travers, propos recueillis par Sylvie Lainé (Breizh infos, 9 novembre 2019)

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  • La Revue d'Histoire Européenne arrive !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le premier numéro de la Revue d'Histoire Européenne qui vient de faire son apparition dans les kiosques. Trimestrielle, cette revue abondamment illustrée et à la maquette aérée, dirigée par Laurent Berrafato, vient combler le vide laissé par la disparition de la Nouvelle Revue d'Histoire. Chaque trimestre le lecteur retrouvera un dossier de fond, des articles variés, des rubriques régulières : actualités, interview, expositions, mémoire des lieux, portrait, histoire politique, cinéma, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… Une initiative à soutenir !

    Il est possible de se procurer la revue en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

     

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    Au sommaire :

    TRIBUNE
    Philippe Conrad : Notre combat pour l'Histoire

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    EXPOSITION
    « Les canons de l'élégance » au musée de l'Armée

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Delphes : le nombril du monde

    ENTRETIEN
    Michel Fauquier, Aux sources de l'Europe

    PORTRAIT
    Mickael Gorbatchev : adulé en Occident, détesté en Russie

    DOSSIER
    Berlin 1961-1989 : le mur de la honte

    AL ANDALUS
    Le mythe du "vivre ensemble" dans l'Espagne musulmane

    QUAND LE LYS TERRASSAIT LA ROSE
    Sept cents ans de victoires françaises sur l’Angleterre

    LES TONDUES DE LA LIBÉRATION
    Ou la réapropriation du corps des femmes

    HISTOIRE POLITIQUE
    Le CNIP : la pépinière de la Ve République

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    10 août 1557 : la bataille de Saint-Quentin

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    « La traversée des Alpes » : à propos d’un tableau de Théodore Lévigne (1848-1912)

    L'HISTOIRE AU CINEMA
    Allemagne de l'Est : 6 films pour un Mur

    L'ABOMINABLE HISTOIRE DE FRANCE

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  • Libération et la mosquée...

    Nous reproduisons ci-dessous l'analyse d'un numéro du quotidien Libération, celui du lendemain de l'attaque de la mosquée de Bayonne par un homme âgé de 84 ans, par l'Observatoire du journalisme. Éclairant...

     

     

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    Libération et la mosquée : chronique d’une journée hors sol

    Quotidien du Français libéral libertaire moyen, Libération ne surprend plus. L’actuel devenir du journal, de plus en plus décalé de la réalité, de plus en plus hors sol, ne peut qu’interroger sur ce qui est pensé dans les milieux auquel il s’adresse. C’était le cas le mercredi 30 octobre 2019.

    Dans la masse de l’actualité de ce mercredi 30 octobre 2019 (le Brexit, le Chili, l’Ethiopie, la Libye, le nucléaire, les retraites, l’Iran…), Libération choisit à juste titre de faire sa Une sur l’attaque menée contre une mosquée à Bayonne par un individu de 84 ans vite identifié. Vu la manière dont l’islam s’est imposé quotidiennement dans le débat public, voile aidant, le choix est judicieux. On imagine l’information jouissive du côté de Libé : à la « pointe » de la lutte contre « l’islamophobie », depuis des quartiers parisiens où l’on ne croise guère de femmes voilées, Libération ne cesse de répéter que « discriminer » les femmes qui choisiraient de porter le voile musulman serait un facteur de danger pour la société française, ce que l’islam ne serait pas. Bayonne tombe à pic.

    Ce ton est aussi celui du quotidien en ce mercredi 30 octobre.

    Une seconde « actualité », la dernière page du journal consacrée au « retour sur scène » de l’actrice porno Nikita Bellucci, entièrement dévoilée (« à découvert »), venant ponctuer le numéro du quotidien, montrant combien Joffrin et ses collègues sont hors sol.

    La Une

    Sobre. En rouge, « attaque de Bayonne » (attaque, attentat, attaque… la discussion a sans doute été serrée au sein de la rédaction). En gros caractères noirs : « Climat de haine ». En petit caractère noirs : « L’attaque d’une mosquée par un retraité d’extrême droite survient au milieu d’un débat national tendu et souvent dirigé contre les musulmans ».

    L’angle de l’analyse est donné : l’attaque contre cette mosquée serait directement liée au climat de haine alimenté par une « extrême droite » (qu’est-ce ?, demande-t-on sans cesse à des médias convenus qui semblent penser que définir l’extrême droite est en France une évidence) visant les musulmans à travers sa critique du port du voile. Les noms ne sont pas indiqués en Une mais chacun en reconnaîtra de nombreux, sur un spectre plutôt large - ce que le dessin de Plantu dans Le Monde daté du même jour montrait en moins de traits (un homme parlant au micro, un musulman dans une bulle de bande dessinée ; l’homme de la bulle, ensuite, pris pour cible).

    L’éditorial de Joffrin ou la rhétorique uniformisée

    Laurent Joffrin dit toujours la même chose au sujet de l’islam en France : il n’y a pas de souci avec la religion musulmane mais uniquement avec les « islamophobes », « xénophobes » etc, autrement dit tout ce qu’il appelle « l’extrême droite », c’est-à-dire dans son logiciel « la droite ». Car tout ce qui n’est pas de gauche, c’est le Mal. Laurent Joffrin pourrait aller voir le film Alice et le Maire et écouter attentivement le dernier discours écrit par Alice pour le maire Patrice Lucchini. Il apprendrait alors beaucoup sur la responsabilité de l’idéologie politique à laquelle il appartient dans la situation catastrophique actuelle.

    Complotistes assassins !

    Que dit l’éditorialiste en ce 30 octobre, sous le titre « fantasme », lendemain d’attaque de mosquée ? « Cette fois, le complotisme a failli tuer ». Un complotisme « le plus souvent associé aux idéologies extrémistes, de droite notamment ». Le lecteur ne peut être qu’étonné : Laurent Joffrin ignore-t-il réellement à quel point les musulmans vivant en France sont imprégnés de complotisme, y compris par exemple au sujet de la seconde guerre mondiale ? Il y a dans l’univers de pensée quotidien des quartiers musulmans en France tout ce que Joffrin dénonce sous le vocable d’extrême droite mais Joffrin ne le sait pas. Il voyage peu, ou alors très loin de la France. Pire : ce complotisme forcément d’extrême droite se généraliserait. Pourquoi ? Mais… « Il faut bien le dire, le RN de Marine Le Pen n’échappe pas à cette maladie de l’esprit ». Une sorte de… sida mental, quelque chose de cet ordre ? Ce parti politique serait, selon Joffrin, responsable du « climat de haine » car il « sous-entendrait » que l’immigrationisme serait « organisé » en sous-main et « volontairement ». L’éditorialiste Joffrin voit des complots partout.

    Complot ? Vous avez dit complot ?

    Il n’y a pas de complot : Angela Merkel le disait clairement et ouvertement en 2015, l’Europe doit accueillir plusieurs millions de migrants car sa population vieillit. Et Macron renchérissait à ce propos il y a un an. Pas de complot imaginé par le RN, sinon dans l’imaginaire complotiste anti-droite de Joffrin, mais des faits : les gouvernements de l’UE veulent une politique migratoire permettant, de leur point de vue, de rajeunir la population du continent.

    Mais ce n’est pas la question pour Joffrin. Il n’y a qu’une question : celle de la responsabilité de toute violence liée à l’islam imputée au RN et « à une partie des polémistes d’extrême droite qui parlent de grand remplacement ». C’est cela, pense Joffrin, qui a conduit Breivik à perpétrer son massacre en Suède, tout comme à l’attaque de Bayonne ou à l’attentat meurtrier de Nouvelle-Zélande. Et tout cela vient des thèses de l’écrivain Renaud Camus. Le monde « non complotiste » de Joffrin est simple comme un monde vu par un complotiste : une seule réalité (cachée), celle de « l’islamophobie », avec une seule cause agissante. Et surtout, là est le fondement du complotisme : cette réalité est celle que ne voient que des élus (comme Joffrin, pour qui ceux qui lisent Camus sont des « esprits faibles »).

    Joffrin n’a oublié qu’un élément dans son éditorial : la religion musulmane a tué plus de 260 personnes en France depuis 2015. Et plusieurs centaines de milliers dans le monde. Zemmour, Camus, le RN et autres sont-ils vraiment la cause de cela ?

    Joffrin partout, islamisme nulle part !

    Les pages « événements » de Libération, ouvertes par l’édito de Joffrin, se prolongent par deux articles :

    • Une relation des faits de Bayonne vus par une journaliste du quotidien, avec comme titre : « Bayonne. Le racisme tue ». Le texte relate les événements, insistant sur le parcours de l’agresseur, son ancienne appartenance au RN, son goût pour Zemmour, son passé militaire puis de membre de l’éducation nationale et ses ennuis psychiatriques.
    • Le deuxième article est signé du « spécialiste » de « l’extrême droite » au sein de Libération, Dominique Albertini. Il est titré : « Padamalgam, nouveau refrain du RN », avec comme accroche : « Géné par le passé frontiste du suspect de l’attaque de Bayonne, candidat en 2015 aux cantonales, le parti appelle à refuser tout amalgame. Sans craindre les contradictions ». « Pas d’amalgame », c’est l’expression qui est dans toutes les bouches médiatiques dès qu’un problème surgit au sujet de l’islam ou de l’immigration (c’est pour cela que les médias parlent de « jeunes » quand il y a des incivilités ou des agressions alors qu’elles sont massivement le produit de jeunes issus de l’immigration, tout comme le trafic de drogues aux abords des lycées). Libération en fait son éditorial à chaque occasion. Du coup, le quotidien est gêné : il lui faut expliquer qu’amalgamer le suspect de l’attaque avec le RN, les discours de Zemmour, les écrits de Camus, les magazines ouvertement non libéraux libertaires, les sites d’analyse comme l’OJIM, ne serait pas un amalgame. La démonstration est à la peine, sauf à être à l’avance convaincu.

    Nikita est là

    Libération ne voit donc pas de problème avec l’islam en France, sauf pour les « esprits faibles » (plus de 70 % des Français tout de même selon le sondage IFOP/JDD paru le dimanche 27 octobre 2019 - l’observateur ne peut que se demander quelle idéologie depuis longtemps dominante peut être à l’origine de tant de faiblesse collective d’esprit). La rédaction ne voit pas plus l’incongruité qu’il y a à publier une Une sur l’attaque de Bayonne et à refermer le journal sur le corps nu de l’actrice porno Nikita Bellucci qui a « décidé de reprendre sa carrière » et qui explique pourquoi sur une pleine page, avec force détails sur ses expériences.

    Laurent Joffrin pense-t-il sérieusement que dans une France à venir où la religion musulmane, modérée à ses yeux, dominerait, une telle page serait encore publiable ? Si la réponse est oui, alors en effet Libération se regarde le nombril.

    Observatoire du journalisme (OJIM, 5 novembre 2019)

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