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Métapo infos - Page 7

  • Patrouille du conte...

    Les éditions Sept Cavaliers viennent de rééditer un roman de Pierre Gripari, publié initialement en 1982 et intitulé Patrouille du conte, avec une préface d'Alain Paucard. Écrivain, Pierre Gripari (1925-1990) a exploré à peu près tous les genres. On lui doit aussi bien des romans que des nouvelles, des poèmes, des récits, des contes, des pièces de théâtre et des critiques littéraires. Mais Pierre Gripari est surtout connu du grand public comme un écrivain pour enfants avec notamment ses Contes de la rue Broca et les Contes de la Folie-Méricourt.

     

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    " La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres, disait Churchill. Sauf dans l'univers des contes pour enfants. Que deviendraient ces mondes imaginaires sans leurs reines et leurs rois, leurs ogres et leurs sorcières ? Des prêches un peu fades qui ennuieraient les petits et les grands du monde entier. C'est pourtant ce qu'a imaginé Pierre Gripari, l'un de maîtres de la littérature enfantine, qui s'adressait à tous les publics, de 7 à 77 ans, dans sa Patrouille du conte, fable prémonitoire rédigée en 1982. Une patrouille d'enfants reçoit pour mission d'aller faire la police dans le Royaume par trop monarchique des contes. Sa mission : les épurer de leurs reliquats chrétiens, féodaux et archaïques. L'affaire se passe mal, comme on s'en doute. Car à trop vouloir faire l'ange, on fait la bête – et on en devient bête. Une merveille d'humour et de fantaisie. "

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  • Les frontières après Trump : Groenland et Panama...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun cueilli sur Geopragma et consacré aux menaces d'annexion du Groenland et du canal de Panama formulées par Trump...

    Membre fondateur de Geopragma, Pierre de Lauzun a fait carrière dans la banque et la finance.

     

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    Les frontières après Trump : Groenland et Panama

    Le président Trump a stupéfait le monde des relations internationales en expliquant récemment qu’il souhaitait acquérir le Groenland ainsi que le canal de Panama, et qu’il n’excluait pas l’usage de la force à cette fin. Il ajoutait qu’il apparaissait naturel que le Canada soit lui aussi intégré dans l’Union, mais cette fois sans usage de la force.

    Il va de soi que dans la logique de Donald Trump, ceci est largement un discours destiné à faire pression dans une négociation, et ne signifie pas automatiquement intention arrêtée de passer à l’acte. Cela pourrait aussi relever de son goût pour les provocations apparemment gratuites, ce dont Gaza vient de faire les frais de façon spectaculaire. Mais le cas du Groenland et du Panama est plus plausible.

    Il est dès lors intéressant de le prendre au mot, et d’analyser la signification de telles déclarations pour le cadre international dans son ensemble.

    Rappel de réflexions d’ensemble

    Dans un billet précédent j’avais évoqué la question de la modification des frontières par la force. Je notais : « il peut être légitime de vouloir poser le principe d’un respect des frontières existantes, qui ne seraient pas modifiables sauf accord mutuel, et cela au nom de la paix… Cela dit, l’examen des précédents depuis 1945 montre que même s’il a servi de règle de base, le principe a connu une existence souvent chaotique. On a pu régulièrement s’assoir dessus, et même justifier son exact contraire, parfois par de grands arguments moralisants ».

    Mais je rappelais par ailleurs que « la mise en œuvre du principe peut aboutir à des résultats embarrassants. Prenons le cas de Taiwan, reconnue comme partie intégrante de la Chine par la plupart des Etats. Le respect des frontières reconnues, compris littéralement, va ici manifestement dans le sens de Pékin. Ce qui choque. Et donc on cherche à moduler le principe… Soit en considérant qu’une frontière même contestable au départ devient légitime avec le temps, ce qu’en pratique on fait assez largement… Soit en se calant sur des procédures d’autodétermination… Mais si on retient ce critère, on risque justement de conduire à des remises en causes nombreuses des frontières existantes par toutes sortes de séparatistes, ou d’intervenants extérieurs, du plus souple au plus violent ».

    Je concluais que « ce principe a rendu de réels services ici ou là. C’est un moyen de calmer le jeu, qui n’est pas à mépriser. Mais à condition de ne pas le voir comme le grand principe moral qu’on tend à en faire ; c’est simplement une règle pratique, pragmatique, permettant de maintenir la paix dans bien des cas. »

    Le cas du Groenland

    Que peut-on dire des cas évoqués ? Pas grand-chose sur le Canada, car Trump ne parle pas d’employer la force. Les deux autres sont de ce point de vue plus intéressants. En commun est le fait qu’ils constituent ou peuvent constituer des enjeux stratégiques majeurs, et qu’en même temps la population directement concernée est minime.

    L’immense Groenland est un enjeu géopolitique majeur, dans la perspective du contrôle de l’Arctique et pour ses matières premières, et il le devient chaque jour plus avec le réchauffement climatique. Concrètement, même tout impérialisme mis à part, et sans vouloir choquer personne, on pourrait dès lors défendre l’idée que les 57 000 habitants actuels ne peuvent être le seul décideur, et peut-être même pas le décideur principal – ce qui n’exclut pas de respecter leurs droits par ailleurs (autonomie, accès aux fruits des ressources, culture etc.). En sens inverse, le principe d’autodétermination a un rôle réel : c’est, comme le respect des frontières, une balise, frêle, mais qui régule et limite quelque peu les appétits.

    Qui d’autre alors aurait voix au chapitre ? Côté américain, la revendication est ancienne, mais n’a aucune base historique ou culturelle. Elle ne peut donc consister que dans l’affirmation d’un équivalent de la prise de possession d’une res nullius : cela revient à dire que le Groenland n’étant ni peuplé par une vraie nation, actuelle ou potentielle, ni capable de se défendre, ni d’exploiter ses ressources, un autre peut et doit le faire. Or, pourrait-on avancer dans cette ligne, les Etats-Unis sont ceux qui actuellement assument ces fonctions, même si c’est sur le mode mineur (notamment par une base militaire). Mais évidemment, dans un tel cas, d’autres pourraient avoir aussi des ambitions. En un sens, la déclaration d’intérêt de Trump est au minimum un moyen de dire à ces derniers : attention, ça m’intéresse, n’y touchez pas ou vous aurez affaire à moi.

    Outre le principe d’autodétermination, une objection majeure vient évidemment du rôle du Danemark et derrière lui, de l’Europe. Jusqu’à récemment le Groenland était danois. Désormais, c’est un territoire autonome, simplement associé à l’Union européenne, mais dont le Danemark assume en théorie la défense, et qui demande l’indépendance. D’un côté donc, le lien existe, et dans la mesure où on entrerait dans le raisonnement précédent, les Danois seraient plus fondés que les Américains à revendiquer l’île, et derrière eux l’Europe. Cela dit, il ne paraît pas évident que ce soit l’option préférée des Groenlandais eux-mêmes. Mais d’un autre côté, sans l’appui déterminant des Américains, les Européens seraient incapables de défendre le Groenland contre une attaque par un grand pays. Il n’est donc pas évident qu’ils soient en état de revendiquer pour eux seuls la décision ; même s’ils sont légitimement une partie prenante.

    Dès lors, en cas de pression soutenue de Trump, on peut concevoir qu’une solution se dégage après négociation, avec inévitablement un rôle appréciable des Américains. On peut aussi imaginer que la question passe dans l’arrière-plan pendant un temps.

    Cela dit, la situation pourrait se tendre dans la zone, avec une vraie menace (russe, chinoise ou autre), militaire ou économique. Ce n’est pas le cas actuellement. Mais si cela se produisait, une action un peu brutale des Etats-Unis serait certes contraire au droit, mais ni incohérente avec leur comportement passé (et pas seulement au XIXe s.), ni purement arbitraire. Dans un cas extrême, ce serait peut-être même indispensable. Mais alors les Groenlandais seraient peut-être les premiers à la demander…

    Le cas de Panama

    Ce cas est assez différent historiquement, car l’Etat même de Panama a été de fait créé assez brutalement par les Etats-Unis (par sécession forcée hors de la Colombie, en 1903), justement à propos du canal. Ce dernier est une voie d’eau internationale majeure. En outre, les Etats-Unis en avaient gardé le contrôle total jusqu’en 1999, le retrait faisant suite à une décision de restitution prise sous le président Carter.

    Si donc les Américains revenaient sur cette décision, en reprenant le contrôle du canal, ils pourraient évoquer le précédent historique. Ils pourraient en outre, comme pour le Groenland, souligner l’intérêt majeur du canal ainsi que l’incapacité du Panama (pays de 4,5 M d’habitants, sans armée véritable) de le défendre contre une puissance agressive. Plus, inversement, le risque éventuel d’un pouvoir local qui en fasse un usage hostile. Et, contrairement au Groenland, ils sont la seule puissance ayant vocation à intervenir.

    Là aussi, sauf négociation aboutissant plus ou moins paisiblement à une solution, un usage de la force ne serait certainement pas fondé à ce stade. Mais si une vraie menace devait se concrétiser, il ne faudrait pas s’étonner de voir les Américains agir. Et, au moins dans certaines circonstances (non réalisées à ce jour), cela pourrait se défendre.

    Conclusion

    En conclusion, il ne faut voir en l’espèce les paroles de Donald Trump ni comme des paroles en l’air, ni comme de la pure arrogance irrationnelle. L’intérêt des Américains a une certaine rationalité. Mais sauf concrétisation manifeste d’une menace sur ces territoires, actuellement non avérée, l’usage direct de la force peut difficilement être défendu.

    Une telle action, si elle se produisait, serait en outre un coup de canif appréciable dans une conception westphalienne des relations internationales, où en principe on respecte la souveraineté des autres ; et a fortiori si on se réfère à une norme basée sur le droit. Certes, on l’a rappelé, ce ne serait pas le premier de ces coups de canif. Mais la manière de faire serait un élément nouveau. En effet, même si sur Panama ou même le Groenland on pourrait soutenir que le réalisme donne quelconque consistance aux objectifs de Trump, le fait d’assumer sans complexe un comportement régulé par ses seuls intérêts et envisageant sans retenue le recours à la violence pour les satisfaire constitue un élément nouveau dans les relations internationales actuelles.

    Bien sûr, on resterait dans le contexte d’un interventionnisme militaire américain qui est une donnée quasiment permanente depuis 1945 (sauf, étrangement, sous Trump I !). Mais l’adoption d’une ligne explicitement centrée sur les seuls intérêts américains est néanmoins une nouveauté, car les motivations affichées par eux pendant cette période avaient toujours une forte dimension idéologique (sincère ou pas), et en tout cas affichaient le respect de certaines règles. Ici on raisonnerait sur un critère d’enjeu purement stratégique, qui justifierait d’agir sans plus de considération.

    Sur la planète, cela pourrait inquiéter un peu plus pas mal de monde. Mais cela constituerait évidemment et surtout un pas majeur dans le glissement vers un nouveau style de rapports. On l’a dit, il ne s’agit pas là de principes absolus et sacrosaints ; mais ils ont une certaine vertu pour calmer le jeu à l’occasion. Dans un tel monde, il n’y aurait plus de motif pour condamner l’invasion du Koweït par Saddam : si une coalition se formait dans un tel cas afin de résister au coup de force, ce serait par un pur calcul d’intérêts ou de rapports de forces. Et donc, même si on doit reconnaître les limites des règles, leur effacement complet représenterait un changement a priori peu souhaitable.

     Ajoutons qu’à terme une telle évolution serait particulièrement favorable à la résurrection du concept d’empire, appelé à un vrai avenir comme je l’ai évoqué par ailleurs.

     

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  • Histoire des Algéries...

    Les éditions Ellipses viennent de publier le nouvel ouvrage de Bernard Lugan intitulé Histoire des Algéries.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et Histoire du Maroc (Ellipse, 2023).

     

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    " Géographiquement, ethniquement, linguistiquement et historiquement, l’Algérie est plurielle. Dans cet ouvrage, Bernard Lugan en retrace toute l’histoire et nous raconte comment ces mondes pluriels sont devenus l’État algérien actuel.
    Ces diversités ont longtemps fait obstacle à un processus de fusion « nationale ». Un phénomène aggravé par la position « centrale » du pays dont les deux pôles potentiels d’unité, Tlemcen et Bougie, eurent des places d’autonomie chronologiquement réduites en raison du poids exercé à l’Ouest par le Maroc et à l’Est par Tunis. Ce fut donc en 1839 que ces mondes furent baptisés Algérie par les conquérants français ; puis en 1962 qu’ils devinrent l’État algérien. "

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  • David Engels: Il faut s'organiser en sociétés parallèles patriotiques !...

    Le 4 février 2025, Clémence Houdiakova recevait, sur Tocsin, David Engels pour évoquer avec lui son ouvrage intitulé Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe, récemment réédité, dans une version augmentée, par les éditions de la Nouvelle Librairie.

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de plusieurs essais traduits en français, dont Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                              

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  • Hérétiques !...

    Les éditions Perrin viennent de publier un ouvrage de Jean-Yves Boriaud intitulé Hérétiques ! - Quand l’Église condamnait au bûcher. Professeur émérite à l’université de Nantes, Jean-Yves Boriaud est spécialiste de la Renaissance italienne. Il est l’auteur, chez Perrin, de biographies de Galilée, de Machiavel et de Léonard de Vinci ainsi que de l’ouvrage Les Borgia. La pourpre et le sang.

     

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    " « Dans une religion morte, il n’y a plus d'hérésies. » (André Suarès)

    L’ambition de ce livre est de retracer l’enchaînement logique qui conduisit une institution aussi solide que l’Église catholique à défendre son dogme au prix des innombrables condamnations à mort qui jalonnèrent son histoire. Il est vrai que ce dogme eut, tout au long des premiers siècles de notre ère, bien du mal à s’élaborer, de concile en concile, face à des « sectes » de toutes tailles surgies de partout et vite déclarées hérétiques dès qu’elles s’avisaient de mettre en cause la fragile construction de la Trinité : s’en prendre à elle, fut-il décidé, c’était s’attaquer directement à l’Église, image du Corps du Christ, ce qui légitimait une riposte punitive à la hauteur de ce crime de lèse-majesté. Partant, si les premiers temps de son existence virent les papes multiplier les « simples » excommunications, à partir des années 300, il fut jugé plus efficace d’impliquer dans les processus de répression des autorités politiques habilitées à prononcer des condamnations à mort. Se mit bientôt en place, avec le concile Latran IV (1215), une arme de guerre antihérétique d’une redoutable efficacité, la Sainte Inquisition, qui fit merveille notamment contre les « Parfaits » cathares, coriaces dissidents contre lesquels il fallut organiser une croisade sur le modèle de celles que l’on envoyait alors régulièrement contre les infidèles.

    La Renaissance, censée représenter une modernisation des esprits, fut loin de ralentir la répression contre des « hérétiques » souvent de haute volée, comme Jean Hus et Jérôme de Prague en Bohême, le dominicain Savonarole brûlé à Florence, le libraire Étienne Dolet exécuté à Paris, le carme Vanini à Toulouse, un autre dominicain, Giordano Bruno, à Rome. Et tant d’autres.

    Jean-Yves Boriaud raconte la naissance et les progrès de l’idée même d’hérésie, et examine les mécanismes partout mis en jeu pour rendre patent et aggraver ce péché mortel : diabolisation du dissident, assimilation de sa déviance à de la sorcellerie ou à des pratiques réputées criminelles… en lui laissant le moins d’espace possible pour une potentielle repentance, entendu que le spectacle même de son châtiment, soigneusement mis en scène, devait dissuader les foules spectatrices de tomber dans son infernale erreur. "

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  • L’Allemagne à la croisée des chemins : une crise politique et identitaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Faure, correspondant de Polémia en Allemagne, consacré à la crise politique et identitaire chez nos voisins d'outre-Rhin.

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    L’Allemagne à la croisée des chemins : une crise politique et identitaire ?

    Une coalition gouvernementale à bout de souffle

    Depuis son arrivée au pouvoir en 2021, le chancelier Olaf Scholz a été incapable de redresser le pays. Son gouvernement, tiraillé entre les exigences idéologiques des Verts et la gestion financière libérale du FDP, a sombré dans l’inaction et la contradiction. L’inflation galopante, le coût exorbitant de la transition énergétique et l’explosion des dépenses sociales liées à l’accueil des migrants ont plongé l’Allemagne dans une crise profonde.

    Alors que la classe moyenne est de plus en plus accablée par des impôts et des réglementations toujours plus lourdes, les grandes entreprises délocalisent leurs activités, attirées par des politiques plus compétitives à l’étranger. Le « miracle économique » allemand n’est plus qu’un souvenir lointain, remplacé par une stagnation inquiétante.

    L’immigration au cœur du débat

    La question migratoire est devenue le principal sujet de préoccupation des électeurs. Les vagues migratoires massives de ces dernières années ont mis à rude épreuve l’intégration et la cohésion sociale du pays. Les faits divers impliquant des demandeurs d’asile, de plus en plus médiatisés, attisent la colère d’une partie grandissante de la population qui réclame un changement radical.

    Les récents appels de la CDU/CSU pour une politique migratoire plus stricte, voire un rapprochement avec certaines idées défendues par l’AfD, montrent un glissement vers une ligne plus sécuritaire et souverainiste. Friedrich Merz, leader de la CDU, s’est d’ailleurs attiré les foudres des médias « progressistes » en affirmant qu’il fallait mettre un terme aux « abus du droit d’asile ».

    L’AfD : entre diabolisation et popularité croissante

    Face à cet échec du gouvernement, l’Alternative für Deutschland (AfD) connaît une ascension fulgurante dans les sondages. Avec des intentions de vote dépassant les 22 %, le parti national-conservateur incarne désormais une opposition crédible à l’establishment. Son discours en faveur d’une identité allemande forte, d’un rejet du multiculturalisme imposé et d’une souveraineté retrouvée séduit un nombre croissant d’électeurs, notamment dans les Länder de l’ex-RDA, où il dépasse nettement la CDU.

    Cette progression effraie l’élite politique et médiatique, qui multiplie les attaques et tentatives de censure. Des manifestations organisées par des mouvements de gauche aux décisions judiciaires visant à surveiller de plus près certaines branches du parti, l’AfD fait face à une hostilité systématique. Pourtant, loin de ralentir, cette dynamique semble renforcer la détermination de ses électeurs, lassés par ce qu’ils perçoivent comme une manipulation du débat public. L’AfD se montre de plus en plus critique envers l’Union européenne, jugée responsable de nombreuses politiques contraignantes pour l’Allemagne. Certains de ses dirigeants évoquent même la possibilité d’un « Dexit », à l’image du Brexit britannique.

    « L’ingérence »d’Elon Musk et la critique de l’Europe

    Dans un contexte international tendu, même des figures influentes comme Elon Musk s’intéressent à la situation allemande. Récemment, le patron de Tesla et SpaceX est intervenu dans un meeting de l’AfD, dénonçant le déclin industriel du pays et l’idéologie écologiste radicale qui pénalise les entreprises.

    L’AfD, quant à elle, se montre de plus en plus critique envers l’Union européenne, jugée responsable de nombreuses politiques contraignantes pour l’Allemagne. Certains de ses dirigeants évoquent même la possibilité d’un « Dexit », à l’image du Brexit britannique.

    Un tournant décisif pour l’Allemagne

    À quelques semaines du scrutin, l’Allemagne semble plus divisée que jamais. La CDU/CSU pourrait revenir au pouvoir, mais la pression exercée par l’AfD et une frange plus conservatrice de l’électorat pousse le parti vers un durcissement de sa ligne. L’avenir politique du pays dépendra de la capacité des électeurs à choisir entre la continuité d’un modèle en déclin ou un renouveau axé sur la souveraineté, l’identité et la sécurité.

    L’Allemagne est-elle prête pour une révolution conservatrice ? Le 23 février prochain apportera une réponse qui pourrait changer le visage du pays pour les années à venir. Ces évolutions reflètent les préoccupations des électeurs face aux défis actuels, notamment en matière d’immigration et de sécurité. Un sondage DeutschlandTrend indique que 67 % des électeurs soutiennent l’instauration de contrôles permanents aux frontières, y compris plus de la moitié des partisans du SPD du chancelier Olaf Scholz. À quelques semaines du scrutin, l’Allemagne se trouve à un carrefour politique, avec des électeurs appelés à choisir entre la continuité et un changement potentiellement radical dans la gouvernance du pays.

    Nicolas Faure (Polémia, 3 février 2025)

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