Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 3

  • Ces enclaves qui concentrent les tensions mémorielles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ulysse Manhes cueilli sur Figaro Vox et consacré aux enclaves.

    RUSBALT850.png

     

    « L’enclavologie, cette géographie des lieux qui résistent à toute définition »

    Prenons une carte du monde. Pas celle des atlas étatiques rigoureusement découpés. Plutôt une carte artisanale, qu’on pourrait déplier dans un train ou gribouiller sur une serviette. Traçons-y quelques cercles au hasard : Kaliningrad, Nakhitchevan, Abkhazie, Sahara occidental, Transnistrie…

    Que voit-on ? Que des enclaves condensent, à elles seules, les tensions que les empires dispersent. Kaliningrad en est peut-être l’illustration la plus claire. Ancienne Königsberg, joyau prussien et patrie d’Emmanuel Kant, elle fut rattachée à l’Union soviétique à la faveur des conférences de 1945. Churchill, d’abord réticent, céda finalement sous la pression de Staline ; Truman confirma l’accord dans le silence stratégique de Potsdam. Rebaptisée du nom de Mikhaïl Kalinine (cacique discret du régime mais signataire de l’accord qui permit le massacre de Katyn), la ville devient une excroissance soviétique enchâssée dans l’Europe.

    Aujourd’hui, Kaliningrad est une enclave militaire russe, verrouillée entre la Pologne et la Lituanie, bardée de missiles, tournée comme une tourelle vers l’Europe tout entière. Le moindre navire quittant les ports baltes doit négocier son passage dans des eaux « russes », et la simple existence de l’enclave rend vitale la défense du corridor de Suwałki, 65 kilomètres de territoire que les pays baltes considèrent comme une voie décisive. 
    À elle seule, Kaliningrad conjugue le souvenir des empires déchus, la fiction étonnante des accords de guerre et la hantise balte d’un retour de l’Histoire.

    Mais Kaliningrad n’est qu’un point sur la carte. D’autres poches, ailleurs, racontent les mêmes contradictions géopolitiques, les mêmes cicatrices non refermées. Elles ne sont pas des pays, pas même des régions : elles sont des îlots historiques, des zones où la carte officielle ne mentionne rien… Par exemple Daugavpils, en Lettonie – mi-russe, mi-européenne, comme en apnée. Ce qui saute aux yeux du visiteur à chaque fois, c’est un excès de mémoire. Chaque coin de ces poches semble saturé de récits non soldés, formant des trop-pleins qui fermentent.

    Certaines poches sommeillent, d’autres font surface. Aucune ne s’efface : elles restent en latence, peuvent changer de nom ou de protecteur mais ne quittent jamais la carte. La République serbe de Bosnie ? Un fragment figé dans l’État bosnien mais qui continue à parler une langue d’ailleurs. Le Syunik arménien ? Une gorge étroite que Bakou rêve d’ouvrir au scalpel. Le Donbass ? Une saignée permanente, stabilisée par les compromis, non par la paix. Il faudrait une science pour désigner tout cela. Une géographie secondaire, une cartologie mineure. Appelons-la enclavologie, faute de mieux : l’art d’observer les histoires non résolues, les accrocs de la carte et les lieux qui résistent à toute définition stable.

    Observons maintenant le Caucase. On croit que le conflit se joue entre États (Russie, Turquie, Azerbaïdjan, Iran) quand l’essentiel se décide en réalité dans les interstices. Le Nakhitchevan, ce bras géographique sans épaule, coupe l’Arménie comme un trait de hache et rêve d’un corridor vers l’Azerbaïdjan comme un retour au pays. À l’est, l’Artsakh (Haut-Karabakh) a été rayé d’un trait de plume mais persiste à flotter dans les esprits arméniens, comme une île perdue qu’on continue de voir après la marée. Plus au nord, l’Abkhazie géorgienne est une station balnéaire transformée en État russo-spectral aux intentions hautement impérialistes. L’Ossétie du Sud, quant à elle, n’est plus qu’un sas russe dans une république caucasienne qui n’a jamais choisi son camp.

    Dans les Balkans, l’Europe se lézarde à bas bruit. La Republika Srpska (enclave pro-serbe au sein de la Bosnie-Herzégovine) ne clame rien mais avance à pas lents vers ses deux grands frères orthodoxes : la Serbie et la Russie. Le Kosovo, reconnu ici, nié là, se maintient dans une position d’équilibre précaire, un pied dans la souveraineté, l’autre dans l’angoisse d’un effondrement. En Serbie même, le Sandjak musulman, entre Novi Pazar et la frontière monténégrine, reste une tache sans légende, invisible dans son voisinage orthodoxe. Quant à la Moldavie, elle plane, à moitié roumaine, à moitié russe, tout entière promise à une fusion qui paraît impossible.

    Autour, entre les poches et les enclaves, vivent bien des mondes sans capitale ni ministère. La Gagaouzie, dans le Sud moldave, peuplée de chrétiens turcophones qui ne ressemblent à aucun de leurs voisins. Les Tziganes, dont les capitales innommées migrent en silence entre les Carpates, les bords du Danube et les rives de la mer Noire. Les Souabes du Banat, les Arméniens de Djoug (Jugha en arménien classique), les Ruthènes de Slovaquie orientale, les Aroumains, les Pontiques, les Karakalpaks, les Kurdes, communautés interstitielles, transfrontalières, transculturelles, translinguistiques, survivances nomades ou sédentaires à flou politique constant. Ils ne revendiquent pas tous un État mais ils occupent les creux. Et c’est dans ces creux que s’agrègent les conflits futurs.

    Dans les médias, on parle d’équilibres régionaux. Il faudrait plutôt évoquer les déséquilibres localisés et, disons-le ainsi, enclavologiques. Ce sont ces enclaves visibles ou latentes qui fonctionnent comme des sismographes. Elles signalent les failles, les dénis, les chagrins, les rancœurs, les promesses non tenues. Elles condensent les haines frontalières, les malentendus culturels, les résidus de traités anciens. Et parfois elles explosent, non parce qu’elles veulent exister, mais parce qu’on les ignore ou qu’on refuse de les penser.

    Une enclave n’est pas un détail historico-géographique. Une poche territoriale, si petite soit-elle, porte avec elle des couches de mémoire, de frustration, de dignités bafouées et de fantasmes d’unité. C’est là, dans ces formations exiguës, que les conflits latents deviennent palpables. Là que se forment les appétits de revanche, les logiques de corridor, d’allégeance et de survie. Le monde se joue, de plus en plus, à l’échelle des zones non résolues.

    Dans un verrou caucasien comme le Syunik, qui détermine l’accès iranien à la mer ; dans le corridor de Suwałki, fragile jointure entre l’Europe balte et le reste de l’OTAN ; ou dans la poche ibérique de Ceuta, promontoire espagnol sur le sol africain, où se télescopent héritage colonial, pression migratoire et dépressions des sociétés occidentales. Il n’est pas exclu que le destin des puissances se dessine dans ces interstices qu’elles feignent d’ignorer. Une enclave n’est ainsi pas un « symptôme » mais un territoire témoin dont les diplomaties diffèrent le traitement, mais qui se révéleront peut-être autant d’épines dans le pied dans la construction d’un monde pacifié.

    Ulysse Manhes (Figaro Vox, 4 juillet 2025)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Bye bye Me Too ?...

    Le numéro 88 du mensuel conservateur L'Incorrect est en kiosque. On peut notamment découvrir à l'intérieur un dossier central consacré à l'essouflement du phénomène "Me Too"...

    Incorrect 88.png

    Au sommaire :

    L’ÉPOQUE

    L'ESJ Paris se refait une beauté

    La classe armoricaine

    DOSSIER
    Bye bye Me Too ?

    MONDE

    Georges Bensoussan : Proche-Orient, le jour d'après

    IDÉES

    Alasdair Macintyre : un géant dans les ruines

    Alexis Rostand : derrière la catastrophe, l'espérance

    Croisade contre les idées reçues

    CULTURE

    Moraline et régression

    Olivier Norek : grand entretien

    Renaud Camus, un destin américain ?
    Morrissey au Zénith : l’idole en son panthéon
    Xavier Accart : maintenir la flamme du grégorien
    Pierre Joncquez : les dessous sacrés du spectacle

    Cinéma : miracle norvégien

    LA FABRIQUE DU FABO

    Les Jedis sont-ils de droite ?

    La tequila made in Marseille

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • Vers la fin de l'Etat-nation ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné, le 19 mars dernier, par Laurent Ozon à Rachid Achachi pour Ondes de choc TV, dans lequel il évoque la question des origines de l'Etat-nation, de ses transformations et de son devenir.

    Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

     

                                                

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Daimôn...

    Les éditions des Belles Lettres viennent de publier un essai de Vinciane Pirenne-Delforge intitulé Daimôn - Modalités de l’action des dieux en Grèce ancienne. Vinciane Pirenne-Delforge occupe au Collège de France la chaire Religion, histoire et société dans le monde grec antique depuis 2017. Ses principaux champs d’investigation sont la religion grecque antique, le fonctionnement des systèmes polythéistes antiques et l’historiographie des religions.

    Pirenne-Delforge_Daimôn.jpg

    Les mythes grecs parlent de dieux et de héros, et les cités étaient pleines de sanctuaires où les honorer. Mais la poésie archaïque fait apparaître ce qui semble être un troisième type de puissance divine, à savoir le daimōn.
    Que recouvre précisément cette notion dans les textes poétiques des périodes archaïque et classique ? A-t-elle par ailleurs une portée cultuelle ? C’est là l’objet de cet ouvrage. Plus précisément, l’autrice analyse les occurrences de daimōn – radicalement différent de notre démon moderne – dans la poésie épique, tragique, mélique, tout en le cherchant aussi dans les pratiques rituelles.
    Il apparaît alors que si le terme daimōn, au pluriel, peut désigner les dieux, le mot employé au singulier renvoie à une action divine dont l’être humain pris pour cible, en bien ou en mal, ne peut identifier la source. De manière poétique, il désigne la distribution des biens et des maux qui caractérise la vie humaine. Le recours au terme de daimōn souligne ainsi la part d’incertitude constitutive d’un système polythéiste, pluriel et foisonnant, dont la présente étude permet de mieux appréhender la complexité, tant en matière de représentations que de pratiques.

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (524) : chaîne TNT 23, petites magouilles entre amis...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                              

    Au sommaire cette semaine :

    L'image du jour : Les piscines éclaboussées par l’insécurité

    Incivilités, violences, évacuations d’individus par le PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention de la Gendarmerie), fermetures… Les centres aquatiques sont littéralement débordés par l’insécurité qu’y font régner quelques racailles que les médias refusent de nommer.

    Le dossier du jour : Un scandale et des millions : l’arnaque de la chaîne 23!

    Didier Maïsto revient exclusivement pour nous sur le scandale de l’attribution de la chaîne de TNT numéro 23 en 2012 à Pascal Houzelot, le discutable propriétaire de Pink TV, "La chaîne Gay-friendly" qui diffusait en fait du porno homosexuel payant. Après seulement 2 ans et demi d’exploitation de la chaîne 23, lui ayant été attribuée gratuitement par le CSA, soit l’actuel ARCOM, il l’a revend pour plus de 70 millions d’euros. Une attribution opaque et une vente douteuse qui lui valent aujourd’hui d’être mis en examen pour trafic d’influence actif, escroquerie et abus de confiance.

    ‐-‐-----------

    Pastilles de l’info:

    • Pour ARTE Junior, les bébés sont moches et chiants et c’est financé par vos impôts !
    • Sandrine Rousseau bientôt de retour sur X ?
    • Omar Sy, son chien et la SNCF : passagers ≠ stars, le deux poids deux mesures
    • Les cathos prennent le contrôle ? Décryptage d'une enquête Mediapart surréaliste
    • CRIF, Licra, SOS Racisme, plus d’argent public et plus de pouvoir pour censurer le net avec Aurore Bergé 

    ‐-‐-----------

    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Mathieu Gallet, l'ancien patron de Radio France au microscope...

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Canicule mentale...

    Nous reproduisons ci-dessous un coup de gueule de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré au sectarisme écolo-gauchiste.

     

    Ecologistes_Canicule.jpg

    Canicule mentale : les écolos-gauchistes rêvent de notre disparition, mais s’indignent qu’on puisse mourir

    On les voit, on les entend, on les subit. En boucle, depuis des années, les sirènes du climat hurlent dans nos oreilles : « Il fait chaud, on va tous mourir ! » après le « il fait froid, c’est un signe que ça se réchauffe et qu’on va tous mourir » et le « il pleut, c’est lié au réchauffement climatique on va tous mourir ». Les thermomètres s’affolent, les journalistes transpirent, les médecins de plateau paniquent, les écolos twittent en nage. C’est le réchauffement climatique, ma brave dame, l’Apocalypse éco-responsable. Fermez les volets, arrêtez les barbecues, coupez les moteurs thermiques et hydratez-vous — de l’eau du robinet, bien sûr, surtout pas un Coca dans une bouteille plastique, assassin de tortue marine. Encore moins de la climatisation dans les écoles, et si vous allez sous les 26 degrés dans les commerces, on envoie la police de l’écologie vous mettre à l’amende.

    Mais permettez-moi une question simple : pourquoi diable ces gens s’émeuvent-ils autant à l’idée de la disparition de l’humanité, alors que c’est précisément ce qu’ils promeuvent toute l’année ?

    Ils détestent l’homme, mais redoutent sa fin

    C’est une contradiction aussi hilarante qu’abyssale : ces militants du néant, ces prédicateurs de l’extinction douce, geignent à l’idée que l’humanité puisse s’éteindre… alors même qu’ils passent leur vie à prôner son effacement. Car enfin, qui martèle à longueur de colonnes, de podcasts et de tribunes que faire des enfants est un acte écocidaire, que chaque naissance est un fardeau carbone, que l’avortement est un droit sacré, que le suicide assisté est un progrès, et que l’espèce humaine (enfin surtout l’homme blanc) est un virus sur la planète ?

    Qui, sinon eux ?

    Les mêmes qui célèbrent la stérilité comme un acte militant, la solitude comme une victoire, l’utérus comme un champ de bataille à neutraliser. Les mêmes qui transforment chaque revendication LGBT en nouveau modèle anthropologique, et qui considèrent le transhumanisme, la PMA pour toutes, l’auto-identification sexuelle et le polyamour asexué comme l’horizon d’une humanité enfin déconstruite.

    Et les voilà, pourtant, à pleurnicher à l’idée que “la planète ne nous survivra pas”, comme si cela les attristait.

    Le culte de Gaïa contre la vie

    Ne vous y trompez pas : ce ne sont pas des défenseurs de la nature, ce sont des partisans d’un ordre moral totalitaire, masqué sous un vernis verdâtre. Ils n’aiment ni les arbres ni les animaux ; ils haïssent simplement les hommes — surtout ceux qui sont blancs, ont des enfants, un barbecue, un 4×4, et un avis divergent.

    Leur écologie n’est pas une science, c’est une théologie punitive. Elle ne cherche pas à protéger la création, mais à justifier la destruction de notre civilisation. Il faut expier. Se taire. S’excuser d’exister. Et surtout, ne pas se reproduire.

    Mais alors, qu’est-ce qui les dérange tant dans le réchauffement ? Si l’humanité est un fléau, ne devraient-ils pas se réjouir qu’une canicule en finisse avec quelques boomers climato-sceptiques ? Ne serait-ce pas là une épuration naturelle, dans leur logique ? Pourquoi cette panique, si l’effacement de l’espèce est leur Graal ?

    Parce qu’au fond, ils ne veulent pas mourir. Ils veulent que vous, nous, les autres, mourions à leur place.

    Le véritable réchauffement, ce n’est pas celui du climat, c’est celui du délire idéologique. La température des cerveaux a dépassé les 42° dans les bureaux de Bruxelles, dans les salles de rédaction, et sur les bancs de la gauche morale. C’est une canicule mentale, un incendie de la raison.

    Ceux qui rêvent de mondes “dégenrés”, “décarbonés” et “posthumains” nous expliquent avec des trémolos dans la voix que la planète va mal parce qu’il y a encore des gens vivants dessus. Et ils s’affolent quand le thermomètre grimpe. Incohérence ? Non. Hypocrisie.

    Oui, il fait chaud. Et alors ?

    Le climat change ? Sans doute. Il a toujours changé. L’homme s’adapte — ou il disparaît. Mais il ne supplie pas Gaïa à genoux en récitant des mantras inclusifs.

    L’avenir n’appartient pas aux sectaires suicidaires en tongs biodégradables. Il appartient aux peuples enracinés, féconds, conscients d’eux-mêmes et debout. Pas aux effacés de l’histoire qui célèbrent leur propre extinction entre deux shots de soja tiède.

    Alors oui, il fait chaud. Qu’ils transpirent. Nous, on construit.

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er juillet 2025)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!