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Métapo infos - Page 3

  • Colonie stratégique sur Mars : les États-Unis visent-ils une « domination astropolitique » ?

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Henrik Werenskiold , cueilli sur le site de la revue Conflits et consacré aux projets envisagés aux États-Unis d'installation sur la planète Mars...

    Henrik Werenskiold est le fondateur et le rédacteur en chef du site norvégien Geopolitika.

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    Colonie stratégique sur Mars : les États-Unis visent-ils une « domination astropolitique » 

    Dans le légendaire jeu de stratégie de Sid Meier, Civilization, le premier joueur à atteindre la Lune remporte la bataille entre les civilisations. C’est une idée intéressante, mais elle manque peut-être sa cible. Il existe en effet une planète encore plus importante : Mars, la planète rouge, dont la colonisation pourrait constituer l’ultime outil « astrostratégique » pour toute civilisation terrestre.

    Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et magnat de la tech, possède une technologie clé aux conséquences potentiellement énormes pour la stratégie globale des États-Unis. Il est la seule personne au monde capable, de manière crédible, de mener à bien la colonisation de Mars dans un avenir proche, ce qui, en cas de succès, pourrait avoir d’importantes répercussions géopolitiques sur Terre.

    Bien que de nombreux obstacles peuvent encore survenir, Musk affirme désormais qu’il vise à envoyer la première flotte de vaisseaux Starship non habités de SpaceX, chargés d’équipements et de fournitures essentielles, vers la planète rouge lors de la prochaine fenêtre de lancement dans un peu plus de deux ans. Si tout se déroule comme prévu, SpaceX envisage d’envoyer la première expédition habitée vers Mars lors de la fenêtre suivante, dans un peu plus de quatre ans.

    Une question de temps

    Ces astronautes posséderont une expertise essentielle dans des domaines clés pour établir une colonie viable sur Mars, notamment en ingénierie aérospatiale, environnementale et robotique, ainsi qu’en astrobiologie, médecine, psychologie, agronomie, géologie, sans oublier l’expertise en intelligence artificielle et en protection contre les radiations.

    Ces individus feront de la planète rouge leur domicile permanent et faciliteront l’arrivée de nouveaux colons. Par la suite, d’importantes fournitures seront envoyées vers Mars à chaque fenêtre de lancement, tous les deux ans, probablement en quantités croissantes. La première colonie martienne américaine permanente et autosuffisante ne semble donc être qu’une question de temps.

    Le premier à arriver gagne la véritable partie de Civilization

    À l’heure actuelle, il semble que toutes les autres entreprises de fusées et d’exploration spatiale – qu’elles soient privées ou étatiques – restent loin derrière la technologie de SpaceX en ce qui concerne la capacité réelle de coloniser Mars. Cela donne donc aux États-Unis une avance considérable pour construire une base opérationnelle sur Mars, apparemment bien avant que d’autres puissances puissent suivre leurs traces.

    Si les États-Unis et SpaceX parviennent à établir une base plus ou moins autosuffisante sur Mars, ils pourraient en principe créer un avantage « astrostratégique » permanent, impossible à reproduire par les rivaux terrestres du pays, en particulier la Chine. Les Américains pourraient en effet équiper leurs vaisseaux spatiaux en orbite autour de Mars de divers armements, ce qui pourrait, en théorie, empêcher tout rival d’établir une base concurrente sur la planète rouge.

    Il existe un traité de 1967 – le Traité sur l’espace ou Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique – qui interdit à tout pays de revendiquer la Lune ou d’autres corps célestes comme son territoire, y compris Mars. Mais avec l’évolution de la politique mondiale au cours des dernières décennies, où les grandes puissances s’opposent de plus en plus vivement et où plusieurs traités importants ont été rompus, il n’est pas impensable que les États-Unis se retirent du Traité de l’espace extra-atmosphérique et revendiquent Mars – soit comme leur propre territoire, soit réservé aux nations alliées – dès qu’ils auront établi une base permanente et autosuffisante suffisamment grande.

    Avantages géopolitiques

    Étant donné la rapidité du progrès technologique, ce n’est plus de la science-fiction. Ce n’est qu’une question de temps avant que les États-Unis n’envoient leurs premiers vaisseaux spatiaux vers Mars et ne commencent leur colonisation.

    Posséder une base permanente et autosuffisante sur Mars offre des avantages géopolitiques évidents sur Terre. En poussant le raisonnement, une guerre nucléaire internationale et le concept de DMA (destruction mutuelle assurée) s’appliqueraient autrement aux Américains. Cela se situe bien sûr plus loin dans le futur, mais ce n’est plus un scénario totalement irréaliste.

    Astre brillant

    Lorsque Mars et la Terre sont les plus proches l’une de l’autre, cela s’appelle une opposition. Cela se produit lorsque Mars, la Terre et le Soleil sont alignés, avec la Terre au milieu. C’est à ce moment que Mars est la plus proche de la Terre et apparaît donc plus lumineuse et plus grande dans le ciel nocturne. La prochaine opposition entre Mars et la Terre aura lieu le 25 janvier 2025, et la planète rouge continue de se rapprocher de la planète bleue à une vitesse record.

    Il est donc temps de lever les yeux vers les étoiles, maintenant que l’hiver et la saison sombre s’installent. Un objet brille de plus en plus fort et occupe une position dominante parmi les corps célestes du ciel étoilé : la planète rouge. Nous pourrions en effet être les derniers humains de l’histoire à voir Mars « de près » sans une activité humaine significative à sa surface.

    La course vers Mars a commencé, et les Américains semblent avoir un avantage de pionniers sans précédent dans la colonisation de la planète rouge, ce qui leur conférera une avance irremplaçable s’ils le souhaitent.

    Henrik Werenskiold (Conflits, 7 novembre 2024)

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  • Des Pages ressuscités de Philippe Ariès...

    Les éditions du Cerf viennent de publier, sous la direction de Guillaume Gros, un recueil de textes inédits de Philippe Ariès intitulé Pages ressuscités.

    Journaliste, essayiste et historien (du dimanche , comme il le disait plaisamment lui-même), en parallèle d'une carrière au sein de l'Institut des fruits et agrumes coloniaux, Philippe Ariès (1914-1984) est considéré comme l'un des fondateurs de l'histoire des mentalités, notamment au travers de ses différents essais sur la mort ou la vie familiale en Occident. Ancien étudiant d'Action française, il a revendiqué toute sa vie une sensibilité traditionaliste.

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    " Alors que l’Europe n’en finit pas de s’interroger sur son identité, le voilà qui pose la question de l’existence d’une civilisation occidentale en remontant à ses sources.
    Alors que notre école est en crise, le voilà qui mesure le poids de cette institution dans la transformation de la famille et qui met en évidence le rôle nouveau de la mère et de l’enfant.
    Alors que les débats bioéthiques font rage, le voilà expliquant à quel point l’homme occidental a été dépossédé de sa mort, de plus en plus médicalisée et de moins en moins ritualisée.
    On reconnaît un penseur à l’actualité toujours prégnante de ses écrits. Par leur diversité et par leur richesse, les articles ici présentés permettent de mesurer la modernité des travaux du célèbre historien. Dont les méditations irriguent notre présent et dont les leçons continuent d’éclairer notre avenir.
    Une introduction essentielle pour découvrir toute la profondeur d’une œuvre magistrale."

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  • L’onde de choc américaine peut-elle réveiller l'Europe ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 8 novembre 2024 et consacrée à l'onde de choc du triomphe de Trump et à ses conséquences potentielles pour l'Europe.

     

                                               

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  • La confrontation en mer...

    Les éditions du Rocher viennent de publier un essai de Nicolas Mazzucchi intitulé La confrontation en mer - L'avenir de la stratégie navale. Nicolas Mazzucchi est directeur de recherche en « stratégie navale » au sein du Centre d'études stratégiques de la Marine.

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    " Sous nos yeux, l'échiquier mondial se fracture. Les bouleversements géopolitiques rendent de nouveau crédible l'hypothèse d'un conflit entre les principales puissances mondiales. Sur terre. Et sur les mers. Attaques de navires occidentaux par les missiles des Houthis le long des côtes de la mer Rouge, montée en puissance phénoménale de la Marine chinoise, présence accrue des sous-marins russes aux abords de l'Europe… Les espaces maritimes et océaniques, que l'on avait pris l'habitude de considérer comme des domaines internationaux relativement sanctuarisés depuis la fin de la Guerre froide, sont de nouveau des territoires de conflictualité potentielle. Dans le même temps, la crise du Covid a remis en lumière l'exposition de nos économies aux routes maritimes, que cela concerne le réseau mondial des câbles internet ou le transport des marchandises.

    Satellites, aéronefs, navires de surface, sous-marins et drones : alors que se referme définitivement l'ère des dividendes de la paix, les principaux acteurs de l'échiquier international développent à marche forcée des outils navals puissants, et cherchent à maîtriser un panel de missions complexes, allant de la protection des ressources à la dissuasion nucléaire. Cet ouvrage, qui croise les évolutions stratégiques et doctrinales des trente dernières années avec le rôle que tiennent les nouvelles technologies, permet de comprendre ce qui se joue actuellement, de l'espace extra-atmosphérique jusqu'aux fonds marins, en passant par le retour potentiel du combat de surface. "

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  • La chasse aux dépenses nuisibles est ouverte !...

    Le Xe Forum de la dissidence, organisé par la Fondation Polémia se tiendra samedi 16 novembre 2023 à la salle Athènes Service, 8 rue d'Athènes à Paris (9e), à compter de 09 heures 30, sur le thème : 3000 milliards de dette ? Ouvrons la chasse aux dépenses nuisibles !

    Vous pouvez vous inscrire ici.

     

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    Selon l’INSEE, à la fin du premier trimestre 2024, la dette publique s’établissait à 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7 % du PIB, auxquels s’ajoute un déficit annuel de 170 milliards d’euros, soit plus du tiers des dépenses de l’État. Un record absolu. Quand certains parlent d’augmenter des impôts déjà très élevés, d’autres – c’est le cas de Polémia – parlent de chasser les dépenses nuisibles. Et il y en a.

    Programme de la journée

    9h30 - Accueil

    • 10h00 - Michel Geoffroy, polémiarque, essayiste
      De quoi la dette est-elle le nom ? Priorité à la suppression des dépenses non seulement inutiles mais nuisibles.
    • 10h20 - Comment trouver 150 milliards ?
      Vidéo.
    • 10h30 - Philippe Herlin, économiste
      Le coût du parasitisme bureaucratique.
    • 11h00 - Michel Aubouin, ancien préfet
      Les dépenses nuisibles des politiques de la ville et du logement.
    • 11h30 - Lucas Chancerelle, co-animateur d’iMédia sur TV Libertés
      Aides à la presse, ou comment on subventionne les milliardaires et le politiquement correct.
    • 12h00 - Jean-Claude Martinez, professeur agrégé de droit, ancien député européen
      Ce que nous coûte l’Union européenne.
    • 12h30 - Thierry Mariani, ancien ministre, député européen
      L’aide à l’Ukraine, des milliards en pure perte.

    12h45 -14h00 - Pause

    • 14h30 - La France médaille d’or des impôts, des dépenses publiques, de la dette et de l’insatisfaction.
      Vidéo.
    • 14h45 - Carl Hubert, polémiarque, essayiste
      Les subventions aux associations ou comment le contribuable finance le clientélisme ?
    • 15h15 - Xavier Driencourt, ancien ambassadeur
      L'Algérie et les aides aux pays étrangers.
    • 15h45 - Fabien Bouglé, lanceur d’alerte écologiste, essayiste
      Les folies budgétaires de la transition énergétique.

    16h15-17h00 - Pause, forum des livres, signatures-dédicaces.

    • 17h00 - Ce que nous a coûté la gestion du Covid.
      Vidéo.
    • 17h15 -17h45 - Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia
      Immigration : coût budgétaire direct, bilan global, charges d’infrastructures.
    • 17h45 - Le cas argentin.
      Vidéo.

    18h00 - Conclusions du Forum

    18h15 - Fin des travaux

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  • Alain de Benoist : « La victoire de Trump, c’est avant tout la victoire du peuple sur l’Establishment »

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Breizh-Info et consacré aux élections américaines.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022), Nous et les autres - L'identité sans fantasme (Rocher, 2023) et, dernièrement, Martin Buber, théoricien de la réciprocité (Via Romana, 2023).

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    Alain de Benoist : « Donald Trump était le candidat des classes populaires, c’est la raison pour laquelle il l’a emporté »

    Breizh-info.com : Quelle analyse, à chaud, faites-vous de la victoire, large, de Donald Trump ?

    Alain de Benoist : Le général de Gaulle, à qui l’on vantait les mérites du système politique américain, avait répondu : « En France, la Cour suprême, c’est le peuple ». Donald Trump était le candidat des classes populaires, c’est la raison pour laquelle il l’a emporté. Une victoire d’autant plus significative qu’au-delà du vote des grands électeurs (qui n’a rien de vraiment démocratique), il a recueilli la majorité du vote populaire, avec une avance substantielle sur sa pitoyable rivale, ce qu’il n’était pas parvenu à faire en 2016 ni en 2020 (et ce qu’aucun candidat républicain n’avait pu faire depuis 2004). Pour le dire autrement, la victoire de Trump, c’est avant tout la victoire du peuple sur l’Establishment. Chez nous, on parlerait de la « France périphérique ». De l’autre côté de l’Atlantique, c’est plutôt la victoire de l’Amérique continentale sur l’Amérique maritime.

    Enfin, et on l’a moins souligné, c’est aussi la victoire de la référence concrète contre l’abstraction. Trump parlait de l’Amérique, c’est-à-dire d’une réalité bien précise, tandis que son adversaire parlait de grandes notions universelles, la « démocratie », la lutte pour « liberté », la « civilisation », qui, comme tous les termes qui ne renvoient pas à un contenu particulier, singulier, ne sont que des mantras vides de sens.

    Breizh-info.com : Selon vous, comment la présidence Trump affectera-t-elle les relations entre les États-Unis et l’Europe, notamment sur des dossiers cruciaux comme l’Ukraine et la défense européenne, mais aussi sur la question du protectionnisme ? Certains estiment que Trump pourrait encourager une forme d’indépendance stratégique en Europe. Pensez-vous qu’un second mandat pourrait précipiter une volonté accrue d’autonomie en matière de défense et de politique étrangère en Europe ?

    Alain de Benoist : Les relations avec l’Europe vont changer. Donald Trump est notoirement indifférent au lien transatlantique. Il trouve que l’OTAN coûte cher aux Américains et ne leur rapporte pas grand-chose. Est-ce de nature à secouer un peu des Européens qui n’ont jusqu’ici eu que trop tendance à s’imaginer qu’« en cas de problème, on pourra compter sur nos alliés américains » ? Dans quelques cas, on pourra y compter, dans d’autres sûrement pas. Trump veut rompre avec le « missionnaire démocratique » pour refonder l’Amérique sur la logique classique des grandes puissances. Et il veut en finir avec les conflits qui ne débouchent sur rien. Concernant l’Ukraine, les initiatives qu’il prendra risquent fort de déplaire à Zelensky, non que Trump sympathise avec Poutine, mais parce qu’il veut en finir avec une guerre qui n’a pas atteint ses objectifs, et que l’Ukraine a déjà perdu. Mais ceux qui s’attendent à ce qu’il développe une politique permettant à la Russie d’être à nouveau considérée pour « fréquentable » en seront pour leurs frais. De même, au Proche-Orient, il est peu probable qu’il accepte de s’engager dans la confrontation armée avec l’Iran dont rêve Netanyahou. La Russie va rester un ennemi pour les Américains, mais le grand rival est la Chine, et c’est visiblement sur elle que Trump veut concentrer ses efforts.

    Le protectionnisme est une autre question. Trump n’a jamais dissimulé son intention de réviser à la hausse les tarifs douaniers sur les produits exportés vers les Etats-Unis. Les Chinois redoutent que leurs marchandises soient taxées à 60 %, alors qu’elles ne le sont aujourd’hui qu’à 20 %. Les Européens sont également visés. Trump ne leur fera pas de cadeaux. D’une façon générale, le nouveau président entretiendra sans doute de bonnes relations avec quelques pays européens, mais il ne s’adressera pas aux Européens dans leur ensemble. Il s’en tiendra à des relations bilatérales lui permettant de mieux défendre ses intérêts.

    Quant à savoir si, dans ce contexte nouveau, les Européens manifesteront une « volonté accrue d’autonomie en matière de défense et de politique étrangère », on peut toujours rêver. Dans le meilleur des cas, ils ne s’engageront dans cette voie qu’à reculons. L’Union européenne est aujourd’hui en phase terminale. Le plus grand reproche qu’on puisse lui faire, pour reprendre la distinction que j’ai faite plus haut, est d’avoir vidé le mot « Europe » de tout contenu substantiel (l’identité, la puissance, les frontières, les principes) pour en faire un synonyme de « valeurs universelles » qui, rapportées aux situations concrètes, ne signifient absolument rien.

    Breizh-info.com : Trump est souvent perçu comme un symbole de résistance face à la mondialisation mais aussi face au wokisme. Pensez-vous que sa réélection pourrait galvaniser les mouvements nationalistes en Europe et renforcer des figures politiques de la droite populiste ?

    Alain de Benoist : J’en doute beaucoup. Je comprends très bien la sympathie que peut susciter dans les milieux « nationalistes » telle ou telle prise de position de Trump. Le soutien que lui manifestent Giorgia Meloni et Viktor Orbán est tout aussi compréhensible. Mais cela signifie-t-il que Trump doit être pris comme exemple ? Je ne le crois pas un instant tant la vie politique est différente en Amérique et de ce côté-ci de l’Atlantique. De même que les Noirs africains ne sont pas des Européens à la peau plus foncée, les Américains ne sont pas des Européens qui parlent anglais. Les raisons profondes du succès de Donald Trump renvoient à des réalités très étrangères à l’Europe. Le rôle joué par un Elon Musk, la place des chrétiens évangéliques (et des sionistes chrétiens), qui idolâtrent la Bible et la Constitution, la tonalité brutale des interventions trumpiennes, tout cela n’a pas d’équivalent en Europe. Les esprits paresseux réagissent affectivement à des mots-clés, immigration, wokisme, etc., mais ne voient qu’un aspect des choses. Toute tentative de faire « comme Trump » en Europe est à mon avis vouée à l’échec. Les Européens devraient plutôt s’inquiéter de ce que signifie pour nous le fait que l’Amérique veuille retrouver sa « grandeur ». Si elle la retrouve, c’est alors qu’ils seront vraiment menacés.

    Breizh-info.com : Comment voyez-vous évoluer la dynamique entre les États-Unis, la Chine, et la Russie ? L’Europe pourrait-elle se retrouver davantage isolée ou, au contraire, rechercher une nouvelle forme de partenariat stratégique ?

    Alain de Benoist : Les Etats-Unis vont continuer à voir dans la Russie et surtout dans la Chine ce qui menace le plus leur hégémonie, déjà bien vacillante. Dans l’immédiat, faute d’avoir mis la Russie « à genoux », ils vont se désengager du théâtre européen, qui n’a plus grande importance à leurs yeux. Ils vont seulement continuer à tout faire pour que l’Europe ne devienne pas une puissance, c’est-à-dire une rivale. L’Europe va se retrouver face à ses responsabilités, qu’elle n’est visiblement pas capable d’assumer. Le risque principal pour elle n’est pas de « se retrouver isolée », mais de continuer à compter pour rien. Il en ira de même tant que ne sera pas intervenue la nécessaire rupture systémique dont nous avons besoin.

    Breizh-info.com : Trump ayant des positions très fermes sur l’immigration, pensez-vous qu’une telle approche pourrait inspirer des politiques migratoires plus restrictives en Europe ?

    Alain de Benoist : Eventuellement oui, mais encore une fois ne transposons pas ce qui ne peut pas l’être. Parler de l’immigration en soi, c’est utiliser un mot-valise qui en lui-même ne veut rien dire. Les problèmes liés à l’immigration aux Etats-Unis et en Europe sont de nature très différente. Les immigrés latinos, qui cherchent par tous les moyens à franchir le Rio Grande, sont des catholiques, pas des musulmans. Ils ont en général de l’admiration pour le pays où ils veulent s’installer, et cherchent à s’y intégrer. Ce sont déjà des différences importantes (c’est ce qui explique que Trump ait recueilli les suffrages de 12 % des Noirs et de 45 % des Latinos). La question des frontières se pose elle aussi différemment, pour des raisons à la fois historiques et géographiques. Enfin, on ne saurait oublier qu’en dernière analyse, c’est la mobilité générale engendrée par l’expansion du système capitaliste qui est la cause la plus fondamentale des pathologies sociales nées de l’immigration que nous connaissons.

    Breizh-info.com : Plus globalement, la victoire de Donald Trump témoigne d’une fracture importante aux Etats-Unis. Une sécession du pays, dans les prochaines décennies, est-elle selon vous quelque chose de possible ?

    Alain de Benoist : C’est en effet un vrai problème. On assiste aux Etats-Unis au retour et à l’exacerbation d’une polarisation politique à laquelle on n’était pas habitués. Le vote démocrate des Etats du Sud (les « Dixiecrats »), qui a perduré pour des raisons historiques (Lincoln était républicain), a longtemps eu pour conséquences de rapprocher les programmes des partis démocrate et républicain au point de les rendre indiscernables, surtout pour les observateurs étrangers. Le ralliement progressif du Sud aux républicains a changé la donne. La polarisation a fait son œuvre et, aujourd’hui, démocrates et républicains ne se parlent plus. Il y a désormais deux Amériques qui n’éprouvent plus que de la haine l’une pour l’autre. A moyen terme, tout est possible, à commencer, dans ce pays surarmé qu’est l’Amérique (on y compte plus d’armes de poing que d’habitants), une guerre civile qui me paraît personnellement une possibilité beaucoup plus grande aux Etats-Unis que chez nous. Dans les semaines qui ont précédé le scrutin présidentiel, on a déjà enregistré plus que de l’inquiétude à propos de ce qui aurait pu se passer si Trump n’avait pas été élu. Ces passions ne sont pas près de retomber. Trump a intérêt à disposer de bons gardes du corps…

    Breizh-info.com : Enfin, la victoire de Trump est une gifle, une raclée, pour la caste médiatique mainstream qui, en France comme à l’international, a fait campagne pour Harris. Est-ce que cette nouvelle défaite de la caste va, selon vous, la conduire à de nouvelles approches, de nouveaux regards sur l’évolution du monde, ou bien l’idéologie l’a-t-elle rendu définitivement aveugle ?

    Alain de Benoist : Le symbole du parti démocrate est l’éléphant. Et, c’est bien connu, un éléphant ça Trump énormément ! J’avoue qu’assister aux mines pincées, aux sourcils froncés et aux explications laborieuses des maîtres du cirque médiatique, qui voyaient déjà Kamala Harris s’installer à la Maison-Blanche à l’issue d’un « scrutin serré », a constitué un savoureux spectacle. Aucun signe avant-coureur ne les a ébranlés, et l’échec de Hillary Clinton en 2016 ne leur a pas non plus servi de leçon ! Ils ne comprennent pas comment il est seulement possible que Trump l’ait emporté. Plus précisément, ils ne comprennent pas que Trump l’ait emporté, non en dépit, mais bien à cause de tout ce qu’ils trouvent abominable chez lui. Vous avez raison, ces gens-là sont aveugles. Ils sont aveugles parce qu’ils vivent dans l’entre-soi et qu’ils ne parviennent pas à se rendre compte que le monde réel est de moins en moins conforme à leur wishful thinking. Ils sont politiquement, moralement, physiquement, intellectuellement, incorrigibles. Ils dansent et pérorent sur le pont du Titanic, sans voir que leur monde est en train de s’effondrer, et que celui qui va lui succéder sera plus dur encore. Ils font sortir des moulins à prière des formules rituelle – « populisme », « discours de haine », « racisme systémique », « masculinité toxique » –, mais tout le monde s’en fout. Laissons-les babiller, laissons-les dormir. L’histoire s’écrit sans eux – ailleurs.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 8 novembre 2024)

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