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Métapo infos - Page 2

  • Entre les lignes...

    Les éditions Erik Bonnier viennent de publier les souvenirs du journaliste de terrain Jean-Louis Tremblais intitulé Entre les lignes - Reportages de guerre et aventures de presse. Jean-Louis Tremblais a été grand reporter au Figaro Magazine de 1999 à 2023. Spécialiste des relations internationales, il a couvert plusieurs conflits pour son journal. Il a déjà publié, avec Jean Sassi, Opérations Spéciales, vingt ans de guerres secrètes (Nimrod, 2009).

     

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    "« Ce qui n’a jamais été publié » Jean-Louis Tremblais a été grand reporter au Figaro Magazine pendant 25 ans. Spécialiste de la politique étrangère, il a couvert plusieurs conflits pour son journal. Dans cet ouvrage, il a sélectionné une vingtaine de ses reportages sur les convulsions d’une planète en fusion : Kosovo, Cisjordanie, Afghanistan, Cachemire, Irak, Congo, Côte d’Ivoire, Somalie, Birmanie, Cambodge, Ukraine, etc. Il y a ajouté quelques aventures de presse n’ayant rien à voir avec la guerre mais dignes d’êtres racontées, parce que cocasses ou loufoques. « Le métier de journaliste consiste à passer la moitié de sa vie à parler de ce que l’on ne connaît pas, et l’autre moitié à taire ce que l’on sait », dit-il en citant son maître ès reportage, Henri Béraud, l’égal d’Albert Londres pendant l’entre-deux-guerres. C’est pourquoi il a décidé de publier ici, non pas le reportage tel qu’il est paru à l’époque, mais le « making of » de chaque sujet, ce qui s’est vraiment passé sur le terrain et que le lecteur n’a jamais lu, n’a jamais su. L’auteur ne se met pas en scène. Loin de là, car il n’est pas toujours à son avantage dans ces tribulations multiples et variées. Il raconte, tout simplement, ce qu’il faut faire pour « rapporter » l’information. Un témoignage de terrain, unique et vécu, pour comprendre le monde tel qu’il est..."

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  • Shein : bien tortueuses, les nouvelles Routes de la soie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Françoise Monestier, cueilli sur le site de Polémia et consacré à l'impérialisme économique chinois qui exerce sa puissance en France...

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    Shein : bien tortueuses, les nouvelles Routes de la soie

    Ironie de l’histoire, mauvais alignement des planètes ou tout simplement hasard du calendrier, le Salon du Made in France — une concession supplémentaire au Système avec cet usage imbécile de l’anglais mis à toutes les sauces — a ouvert ses portes le jour même où Sébastien Lecornu donnait son absolution à Shein, qui ne respecte aucune règle environnementale, viole allègrement le droit du travail en devenant le champion toutes catégories de la contrefaçon et en inondant le monde entier de ses vêtements, ustensiles de cuisine et autres gadgets.

    Magouilles en tous genres

    Alors que son installation dans le très « bobo » quartier du Marais, où est implanté le BHV dirigé par un certain Merlin qui n’a rien d’un enchanteur, donnait du grain à moudre à une bande d’écervelés semblant ignorer que la Chine n’en est pas à son coup d’essai dans sa conquête systématique de l’Europe, Lecornu renonçait en effet à la suspension de la plateforme du site chinois. Une abdication d’autant plus surprenante que, selon Bercy Infos du 10 novembre, 80 % des 200 000 colis expédiés par Shein et contrôlés le 6 novembre par nos douanes se révélaient non conformes — cosmétiques non autorisés, jouets dangereux, appareils électroménagers défaillants…
    Pourquoi donc une telle reculade ? Le géant chinois a certes supprimé de son catalogue les « poupées pour pédophiles » et les armes de catégorie A jusque-là en vente libre sur le site du géant chinois, qui jure, en paraphrasant un roman américain à succès, que « le Diable ne s’habille plus en Prada mais en Shein ». Mais le maintien de l’accès à cette plateforme est surtout une soupape de sécurité pour éviter que des millions de Français en rupture de société ne descendent dans la rue. En effet, nos compatriotes, qui ne peuvent pas joindre les deux bouts, asphyxiés qu’ils sont par l’augmentation du coût de la vie, des taxes et autres impôts abusifs, et seront bientôt interdits de découvert bancaire par la bande d’Ursula von der Leyen, pourront quand même se payer des fringues à trois francs six sous, acheter des jouets à leurs gamins ou des robots de cuisine qui risquent de leur sauter à la figure. Nolentes volentes, ils continueront indirectement ainsi d’être les victimes d’un système qui appauvrit notre pays, augmente les fermetures d’entreprises hexagonales et grossit la liste des chômeurs, bien contents cependant de s’offrir une requinpette Shein, Temu ou Ali Baba et de pouvoir, à bas prix, déguiser leurs gamins pour Halloween ou le Carnaval.

    Une double tromperie

    La gauche parisienne bien-pensante y est allée de sa petite manif le jour de l’intronisation de Shein au sein du BHV, et nos gouvernants ont pris des airs de vierges effarouchées en jurant leurs grands dieux qu’il fallait en finir avec l’entrée du cheval de Chine rue de Rivoli. On allait voir ce qu’on allait voir. Comme le note très judicieusement Thomas Joly, patron du Parti de la France : « Ceux qui ont vendu notre industrie, bradé nos usines, signé les traités de libre-échange les plus délirants avec la Chine feignent aujourd’hui l’indignation devant les “dangers” du commerce asiatique. »
    Il suffit en effet de se balader sur les différents marchés de France et de Navarre pour voir, depuis des dizaines d’années, les masses de contrefaçons venues directement de l’ex-Céleste Empire. On ne compte plus les faux sacs ou les fausses écharpes Chanel, Hermès et Cie, ainsi que les fausses baskets Nike ou les faux cachemires Bompard. Mais il y a pire : de faux médicaments, des pneus de contrebande, du miel de pacotille… Bref, tout un éventail de produits acheminés directement par d’énormes flottes de bateaux et d’avions — au diable l’écologie ! — dans notre pays et souvent écoulés par des réseaux proches des trafiquants de drogue, qui consolident leur pouvoir dans notre pays, les triades chinoises et les mafias européennes ayant partie liée.
    Et que dire, s’agissant de certains de nos voisins, de l’achat par Pékin des principaux ports et aéroports de Grèce, ou de l’invasion de la même Chine en Italie, même si Giorgia Meloni a dénoncé en 2023 un accord signé en 2019 par ses prédécesseurs ?

    La taupe Raffarin dans ses basses œuvres

    D’ailleurs, à propos de prédécesseurs, que dire de celui de Sébastien Lecornu, un certain Jean-Pierre Raffarin, qui, depuis 1976 et sur recommandation de Giscard, joue les commis-voyageurs de ce pays communiste jusqu’à la moelle des os ?
    « Vous allez me présenter comme un agent de Pékin. La réalité est complexe ; je suis en permanence sur une ligne », confiait l’ancien Premier ministre de France au journal Paris Match lorsqu’en 2003, il est l’un des seuls représentants politiques occidentaux à se déplacer dans le pays en pleine pandémie de SRAS, ce qui lui confère une certaine aura sur place et renforce ses liens auprès des autorités locales. Il fut décoré quelques années plus tard, en présence du président Xi Jinping, de la médaille de l’Amitié devant 6 000 dignitaires chinois, comme l’avaient été Vladimir Poutine ou… Raoul Castro. Rien que du beau monde. C’est le même homme que mandata Sarkozy en 2008 afin qu’il mette de l’huile dans les rouages, Pékin n’ayant pas apprécié que le récent prisonnier de la Santé ait rencontré le Dalaï-Lama et vendu des frégates à Taïwan.
    Depuis janvier 2018, représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour la Chine, ainsi que membre du conseil d’administration de la China Europe International Business School de Shanghai, Raffarin s’est toujours bien gardé de prononcer les mots « dictature » et « censure » s’agissant de ce pays qu’il connaît sur le bout des doigts, bien qu’il ne pratique pas le mandarin, contrairement à son épouse qui parle couramment le chinois. C’est toujours le même Pékin — ou plutôt péquin — qui a posé avec l’empereur de l’industrie pharmaceutique Alain Mérieux les bases du laboratoire de haute sécurité dans la ville de Wuhan, la maudite patrie du Covid. On connaît la suite.
    Émissaire depuis maintenant plus de vingt ans de Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron, Raffarin donne des cours à la Business School de Shanghai contre espèces sonnantes et trébuchantes et se produit même à la télévision chinoise pour vanter les réalisations du régime. N’oublions pas également qu’il a été le premier à accueillir dans son Poitou natal un Institut Confucius, ces têtes de pont de l’infiltration de Pékin en Europe, institut qui a également essaimé à Paris avant d’aller poser ses valises à Tahiti et… à Nouméa, dont les volontés d’indépendance nous ont coûté une fortune.

    Castaner, d’« En marche » à la Longue Marche

    Autre figure de la capture des élites européennes choisies pour promouvoir « les nouvelles routes de la soie » : un certain Christophe Castaner qui, après son passage à Place Beauvau et sa présidence du conseil de surveillance du port de Marseille — c’est bien commode pour les Chinois d’avoir des relations pareilles — a été choisi par Shein en décembre 2024 pour jouer les conseillers, en même temps que Nicole Guedj, ancienne secrétaire d’État dans deux gouvernements Raffarin et militante des droits de l’homme — que pense-t-elle des persécutions contre les Ouïgours astreints au travail forcé dans les camps du Lao Gai ? — et Bernard Spitz, un ancien patron d’Allianz.
    Avec un cynisme absolu, Donald Tang, le patron de Shein, indiquait avoir recruté « l’acteur clé du secteur du transport international » qu’est Castaner, président (toujours en activité) de la société concessionnaire des autoroutes et du tunnel du Mont-Blanc, « pour son expérience significative dans l’administration publique, la gouvernance et la planification stratégique, ainsi que pour sa connaissance du territoire ». On ne peut être plus clair, et on voit les résultats de cette embauche aujourd’hui, alors même que Castaner s’est discrètement écarté de Shein et observe, de Conrart, un silence prudent maintenant que le BHV est tombé — qu’on le veuille ou non — dans l’escarcelle chinoise.
    Dès l’embauche de l’ancien ministre de l’Intérieur, la Fédération française du prêt-à-porter féminin avait déploré le « soutien apporté à Shein par d’anciens responsables politiques ». Peine perdue, car Castaner se disait prêt à travailler main dans la main avec une entreprise qui « a une vraie volonté de s’adapter aux attentes européennes et démocratise la mode européenne », à coups de 7 200 nouveaux modèles de vêtements par jour, qui inondent le marché mondial et rendent « accros » un grand nombre de personnes fragiles. L’ancien protégé du caïd marseillais Christian Oraison, abattu en 2008 de plusieurs balles à Manosque, assurait, dès la prise de ses nouvelles fonctions, que « Shein démocratise la mode pour tous » et critiquait vertement la proposition de loi visant à taxer les produits issus de la fast fashion.

    Une loi suspendue. Par qui, pourquoi ?

    Le 15 mars 2024, les députés votaient à l’unanimité une loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile. Aussitôt, le géant chinois se mettait en chasse et recrutait l’influenceuse Magali Berdah, établie maintenant à Dubaï après de nombreux déboires judiciaires en France, pour réaliser une vidéo dans laquelle elle partait à la rencontre des Français afin de défendre la fast fashion chinoise et adhérer à la cause de Shein et de son slogan : « La mode est un droit, pas un privilège. » Berdah, qui a également tâté de la politique en tournant des vidéos avec Zemmour, Le Pen, Ciotti et ne tarit pas d’éloges sur Bardella. Quinze mois plus tard, et après un travail de sape conjoint de Shein et Temu pour détricoter la loi — c’est le cas de le dire — le texte arrivait au Sénat où il perdait de sa substance initiale après des rencontres entre certains sénateurs — notamment Sylvie Valente Le Hir — et les dirigeants de Shein. Le texte était cependant voté en juin dernier et devait passer en commission mixte paritaire avant une adoption définitive. Mais le gouvernement bloque volontairement la tenue de cette réunion depuis des mois.
    Cerise sur le gâteau, l’Union européenne conteste le texte voté par le palais du Luxembourg, reproche à la France de cibler des prestataires étrangers comme Shein et Temu, et pointe le risque de voir émerger une restriction de la libre circulation des marchandises.
    Et pendant ce temps-là, Serge Papin, nouveau ministre du Commerce, se félicite que Shein ait accepté de supprimer sur son site Internet Market Place, qui vend des produits dont on ne sait pas d’où ils viennent et qui ne respectent aucune norme de santé, aucune norme environnementale, aucune norme sociale. Une broutille qui permet d’amuser la galerie et de mener en laisse le toutou France.
    Et pendant que Pékin accroît son emprise commerciale dans le pays, nos confrères de Radio France publient une intéressante vidéo rappelant que la famille royale qatarie possède plus de 70 immeubles de prestige à Paris et sur la Côte d’Azur, dont le prestigieux hôtel Martinez à Cannes. Grâce à un certain Nicolas Sarkozy, ces princes du désert bénéficient d’un avantage fiscal sur les plus-values accordé en 2008. C’est ainsi qu’après avoir vendu au milliardaire Xavier Niel, gendre du multimilliardaire Bernard Arnault, ce joyau de l’île Saint-Louis qu’est l’hôtel Lambert, Abdallah ben Khalifa Al Thani aurait dû débourser 7 millions d’euros. Elle n’est pas belle, la vie ?

    Françoise Monestier (Polémia, 12 novembre 2025)

     

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  • Avant qu'il ne devînt le Duce...

    Les éditions Certamen viennent de publier un essai historique d'Emilio Gentile intitulé Avant qu'il ne devînt le Duce.

    Historien italien, spécialiste du fascisme, Emilio Gentile a publié de nombreux ouvrages, dont La religion fasciste (Perrin, 2002), Qu'est-ce que le fascisme ? (Gallimard, 2004), L'apocalypse de la modernité (Aubier, 2011) ou Soudain le fascisme - La marche sur Rome, l'autre révolution d'octobre (Gallimard, 2015).

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    " Au lendemain de la déroute électorale des Faisceaux de Combat aux élections législatives de novembre 1919, Benito Mussolini envisage résolument d'abandonner la politique. L'individualiste nomade, «€‰l'aventurier de tous les chemins€‰» n'aurait, en définitive, pas sa place dans les joutes électorales d'un parlementarisme qu'il n'a, au fond, jamais cessé de haïr. Avec Avant qu'il ne devînt le Duce, Emilio Gentile nous fait découvrir un homme méconnu, le Mussolini pré-fasciste et primo-fasciste. Instituteur socialiste étouffant dans le cadre provincial romagnol, journaliste républicain, francophile et jacobin, militant socialiste maximaliste, celui qui n'est pas encore le duce est avant tout un esprit enfiévré convaincu qu'il ne trouvera la paix qu'en remodelant destin de l'Italie, du monde ouvrier, et de l'Europe. Une ambition qui le mènera à d'innombrables revirements et recompositions politiques, et non des moindres."

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  • Laurent Ozon : "la logique impériale est liée à la guerre perpétuelle"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Laurent Ozon à Alexis Poulin pour le Monde moderne, dans lequel il évoque le courant politique des néo-conservateurs, ses origines, ses figures clefs et ses choix stratégiques qui fondent aujourd'hui les lignes de fracture du débat politique dans le monde occidental et au-delà...

     

                                           

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  • Havres et haltes...

    Les éditions de Flore viennent de publier Havres et haltes, un recueil des chroniques de Rémi Soulié dans le mensuel royaliste Le Bien commun.

    Philosophe et écrivain, Rémi Soulié est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Les châteaux de glace de Dominique de Roux (Les Provinciales, 2002),  Nietzsche ou la sagesse dionysiaque (Seuil, 2014), Racination (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), Les métamorphoses d'Hermès (La Nouvelle Librairie, 2021), L'Éther (La Nouvelle Librairie, 2022), Les âges d'Orphée (La Nouvelle Librairie, 2022), Frédéric Mistral (La Nouvelle Librairie, 2023) ou L'Enthousiasme (La Nouvelle Librairie, 2024).

     

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    " Il est surtout question de liberté d’esprit dans ces chroniques, par-delà toute assignation idéologique, tout catéchisme élémentaire. Rémi Soulié fait, comme Maurras, de la critique un art majeur. Il dialogue avec le lecteur tout autant qu’avec les auteurs évoqués, dans une promenade qui nous conduit vers les cimes. Il ne s’intéresse, il est vrai, qu’à ceux qui les tutoient d’autant mieux qu’ils sont, comme lui, ennemis de tout verbiage. Ces chroniques sont une « cure d’altitude mentale ». "

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  • De James Watson à Jean-Eudes Gannat, la vérité devient un crime...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Balbino Katz, le chroniqueur des vents et des marées, cueilli sur Breiz-Info et consacré à la mort récente de James Watson, le biologiste américain, lauréat du prix Nobel pour avoir découvert la structure à double brin de l'ADN en 1953...

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    De James Watson à Jean-Eudes Gannat, la vérité devient un crime

    Au bar des Brisants, à la pointe de Léchiagat, le vent d’ouest entre comme un chat sauvage. Il pousse la porte sans frapper, fait vaciller les verres, tord les journaux. Par la baie, je devine le grand élévateur à bateaux, ce monstre bleu qui dresse dans le ciel sa carcasse métallique et semble soulever les chaluts comme des jouets d’enfant. C’est là, dans ce décor de sel et de rouille, que j’ai appris la mort de James Watson. Le vieil homme s’est éteint dans un hospice de Long Island, à quatre-vingt-dix-sept ans, dernier survivant du trio qui découvrit, en 1953, la structure de l’ADN.

    James Dewey Watson, fils de Chicago, enfant maigre et impatient, entra à quinze ans à l’université, obtint son doctorat à Indiana, puis rejoignit le Cavendish Laboratory de Cambridge. Là, dans un désordre de maquettes et de calculs griffonnés, il rencontra Francis Crick, Anglais hautain, dandy et lumineux. Ensemble, ils levèrent le voile sur la double hélice, le fil torsadé de la vie, cette architecture parfaite qui permet au vivant de se reproduire, de se copier, de durer. L’humanité, sans le savoir encore, venait de franchir le seuil du sacré.
    Watson avait vingt-cinq ans. Il entra aussitôt dans l’histoire des sciences, à la fois comme pionnier et comme trublion. Son livre The Double Helix, publié en 1968, fit scandale par son ton libre, presque insolent : on y sentait un jeune homme ivre de savoir et d’ambition, moquant ses rivaux, oubliant ses égaux. Il fut le premier biologiste à écrire comme un romancier, et c’est peut-être là que commença sa chute : il avait brisé la solennité du temple.

    Dans les décennies qui suivirent, il devint professeur à Harvard, dirigea Cold Spring Harbor, transforma ce laboratoire de Long Island en un centre mondial de génétique. On lui doit la découverte du rôle de l’ARN messager, des mécanismes de régulation des gènes, et plus tard la direction du Human Genome Project, qui déchiffra le code de notre espèce. L’homme aurait pu mourir comblé. Il mourut banni.

    Car Watson commit, à la fin de sa vie, le crime majeur de notre temps : dire le réel sans enrober ses aspérités morales. En 2007, dans un entretien au Sunday Times, il déclara, sur un ton de scientifique plus que de polémiste, qu’il doutait de « l’égalité des intelligences » entre groupes humains, constatant que les tests montraient des écarts persistants. Il n’affirmait pas une hiérarchie, il décrivait un fait. Ce fut assez pour que l’univers entier s’abatte sur lui.
    En quelques jours, il perdit ses conférences, ses fonctions, son prestige. La Royal Society annula sa venue, Cold Spring Harbor le suspendit, la presse mondiale le traîna dans la boue. À quatre-vingts ans, le découvreur de la vie fut transformé en pestiféré du progrès. Dix ans plus tard, interrogé dans un documentaire, il confirma calmement : « Mes vues n’ont pas changé. » Ce fut sa condamnation définitive.

    L’histoire des sciences retiendra son nom pour la double hélice, mais la mémoire des hommes, plus courte, le retiendra comme un maudit. Dans un monde dominé par l’idéologie égalitaire, il avait osé rappeler que la nature n’obéit pas à la morale. Ce n’était pas un cri de haine, c’était une observation. Mais nous vivons à une époque où la réalité, quand elle déplaît, devient un délit.

    Watson n’est pas seul dans cette nuit. Avant lui, un autre Américain, Arthur Jensen, professeur à Berkeley, avait subi le même procès. En 1969, dans la Harvard Educational Review, il publia un article montrant que l’intelligence, mesurée par les tests, dépendait largement de facteurs héréditaires, et que les programmes d’égalisation sociale n’y changeaient rien. On le traita de raciste, on tenta de l’exclure, on fit exploser des bombes dans son université. Mais Jensen tint bon. Il mourut en 2012, respecté par ceux qui, malgré tout, continuent à chercher la vérité. Watson, lui, vécut assez vieux pour connaître l’époque où les chercheurs s’excusent d’exister.

    Aujourd’hui, la biologie moléculaire et la génétique confirment ce que Jensen pressentait : les différences cognitives ont des bases génétiques mesurables. Les polygenic scores permettent de prédire une part du quotient intellectuel, de même que la taille ou la couleur des yeux. Ces résultats, traduits et discutés en Inde, au Danemark, en Pologne, sont soigneusement ignorés en France. Nos universités, engluées dans l’idéologie post-lyssenkiste, interdisent toute recherche sur l’hérédité des aptitudes humaines. Ici, le dogme vaut pour science : il est interdit de penser ce qui est, obligatoire d’imaginer ce qui devrait être.
    On ne réfute pas les faits, on les efface.

    L’ostracisme de Watson leur sert d’exemple. Il est devenu la mise en garde silencieuse qui plane sur chaque thèse, chaque colloque : ne dis pas ce que tu vois, dis ce qu’il faut croire.
    Et cette consigne, naguère confinée aux laboratoires, s’étend désormais à la vie publique. Voyez Jean-Eudes Gannat, embastillé pour avoir simplement décrit ce qu’il voyait dans les rues de son village. Une vidéo de vingt-quatre secondes, tournée devant le supermarché de Segré, lui a valu une garde à vue, une mise en examen pour « incitation à la haine raciale », et une interdiction d’utiliser les réseaux sociaux. Il n’avait ni injurié ni appelé à la violence ; il avait filmé la présence de migrants afghans et exprimé le désarroi de voir son bourg se transformer. Pour ce regard sans apprêt, il fut conduit devant les juges.

    De Long Island à Segré, du prix Nobel au militant local, c’est la même mécanique : quiconque nomme ce qu’il voit, fût-ce sans colère, doit être châtié. Le savant et le citoyen subissent le même interdit : décrire le réel, c’est déjà le contester. Watson perdit ses titres, Gannat sa liberté ; l’un et l’autre eurent pour crime d’avoir dit : « voici ce qui est ».

    Nous sommes revenus au Lyssenkisme, cette épidémie soviétique qui tuait la science au nom du dogme. En Union soviétique, on marginalisait les biologistes qui affirmaient l’existence des gènes. Aujourd’hui, on efface les chercheurs qui rappellent la loi de l’hérédité, et l’on poursuit les citoyens qui témoignent du changement de leur rue. Même cause, même peur : celle que la vérité, lorsqu’elle se dresse, révèle la fragilité de l’utopie.

    La France, jadis patrie de Descartes et de Pasteur, se distingue désormais par son silence. Aucune maison d’édition n’ose traduire les grands travaux contemporains sur l’intelligence humaine ; aucun média ne traite de ces questions sans y mettre d’avance les mots d’anathème : « complotiste », « raciste », « pseudoscience ». Dans nos universités, le réel s’étudie à condition de ne rien contredire. Il faut plaire pour exister. Et ce réflexe servile, que Spengler eût appelé la sénescence des civilisations, scelle notre déclin.

    Watson mourut seul. Mais ceux qui l’ont condamné verront leur mémoire ternie par cette lâcheté collective. Ils seront jugés, non par les tribunaux, mais par la postérité, qui n’a pas de morale et ne garde que les faits. Un jour viendra où l’on rougira d’avoir censuré un savant pour avoir constaté une différence, comme on rougit d’avoir brûlé Giordano Bruno pour avoir parlé d’autres mondes.

    Je songe à lui, ce soir, en regardant la mer du Guilvinec se retirer lentement. Le bleu du grand élévateur se reflète dans les flaques, pareil à un vitrail de métal. Je me dis que Watson, au fond, n’a jamais appartenu à son siècle. Il était de la race des chercheurs qui croient encore que le savoir doit dire la vérité, et non la servir.
    Son nom rejoindra la lignée des bannis glorieux, des Jünger de la biologie, des hérétiques sans autel.

    Et quand l’histoire, lassée des mensonges pieux, rouvrira les dossiers de la vérité, elle retrouvera ses mots, sobres et terribles : « C’est un fait. »

    Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées (Breizh-Info, 10 novembre 2025)

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