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Métapo infos - Page 4

  • Théorie du combattant...

    Les éditions Perrin viennent de publier un essai de Michel Goya intitulé Théorie du combattant.

    Ancien officier des Troupes de Marine, responsable du blog de réflexion militaire La voie de l'épée et membre du comité éditorial de la revue Guerre & Histoire, Michel Goya est l'auteur de plusieurs essais consacré à la chose militaire comme La chair et l'acier (Tallandier, 2004) Irak, les armées du chaos (Economica, 2008),  Sous le feu - La mort comme hypothèse de travail (Tallandier, 2014), S'adapter pour vaincre (Perrin, 2019) ou Le temps des guépards (Tallandier, 2022), ainsi que L'ours et le renard - Histoire immédiate de la guerre en Ukraine (Perrin, 2023), en coopération avec Jean Lopez.

     

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    " Le 18 août 2008, 10 soldats français sont tués et 21 autres blessés dans les montagnes afghanes. Personne n'a vu venir l'embuscade montée par les talibans et leurs alliés locaux. Cet événement tragique est le point de départ du nouvel ouvrage de Michel Goya, qui s'ouvre par la description de ces combats de la vallée d'Uzbin puis par l'analyse de leurs conséquences.

    Naît aussitôt après les faits une forte contradiction entre l'ébranlement national provoqué par la destruction d'une section d'infanterie française dans cette embuscade et le peu qui avait été entrepris pour empêcher que ce drame soit possible. Les combattants rapprochés, ceux dont le métier est de tuer ou d'être tués au contact intime de l'ennemi – fantassins et forces spéciales pour l'immense majorité –, sont indispensables à la victoire des armées. Si leur mort provoque un événement national, ils doivent légitimement faire l'objet d'une priorité nationale, d'autant qu'ils n'ont jamais été aussi peu nombreux en France. Dans les faits, cela n'a jamais été le cas : on ne découvre l'importance des fantassins que lorsqu'ils meurent.

    Michel Goya s'attache d'abord à décrire ce qu'est un combattant rapproché moderne, depuis l'ère industrielle, et comment son métier a évolué depuis la révolution des armes légères jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les choses ont peu évolué depuis pour ces guerriers, alors que les autres technologies militaires et les autres manières de faire la guerre connaissaient un grand développement. La section d'infanterie française détruite en 2008 par des rebelles afghans équipés de vieilles armes soviétiques aurait pu tout aussi bien l'être par une compagnie d'infanterie allemande de 1944.

    Enfin l'auteur décrit les problèmes actuels rencontrés par les combattants rapprochés occidentaux, alors que leurs adversaires directs, actuellement souvent irréguliers, n'ont jamais été aussi nombreux. Il explore également comment on peut, initier une nouvelle révolution dans la manière de combattre.

    Une réflexion iconoclaste forte et nécessaire, par un historien et stratégiste, dans la lignée de son ouvrage de référence, Sous le feu. La mort comme hypothèse de travail. "

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  • Aux origines de l’aristocratie européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte publié par l'Institut Iliade, issu du site de l'Instituto Carlos V* et consacré aux origines de l'aristocratie européenne.

    *L'Instituto Carlos V (Charles Quint) est le frère espagnol de l'Institut Iliade, qui a également, depuis quelques mois, un frère italien avec l'Istituto Eneide.

     

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    Aux origines de l’aristocratie européenne

    Le mot « aristocratie » provient de la racine grecque aristos (ἄριστος), dérivée du terme « areté » (ἀρετή) et fait référence à l’excellence ou à la vertu. En pratique, les aristoi (ἄριστοι) étaient ceux qui possédaient des qualités exceptionnelles qui les rendaient aptes à gouverner.

    Pour comprendre quelle était l’essence de cette supériorité, se pose alors naturellement la question suivante : dans quelle mesure étaient-ils meilleurs ?

    Cette question a été abordée par le biais de perspectives très différentes. Alors que certains mettent en avant une série de caractéristiques spirituelles, ou des qualités éthiques et intellectuelles, d’autres adoptent une vision critique et soupçonnent que l’emploi de cette terminologie répond davantage à un mécanisme de manipulation utilisé par les classes dominantes pour justifier leur pouvoir. Sans écarter ces interprétations, qui peuvent éclairer des aspects importants du phénomène, nous allons ici travailler sur une hypothèse différente en examinant s’il est possible d’envisager l’aristocratie comme une question de manipulation de la Nature et non du statut économique.

    Pour développer notre argumentation, nous devons d’abord remonter aux conditions qui ont précédé la forge de notre culture telle que nous la connaissons. L’archéologue et anthropologue Marija Gimbutas a démontré dans son livre The Gods and Goddesses of Old Europe, en se basant sur l’analyse de sociétés tribales contemporaines et sur des vestiges matériels de la préhistoire, qu’en « vieille Europe » (expression utilisée pour désigner les sociétés sédentaires, d’abord de chasseurs-cueilleurs puis agricoles, qui ont prospéré durant la période préhistorique du continent européen), la capacité procréatrice de la femme occupait une position de préférence, car il était considéré que les femmes étaient les conductrices des forces cosmiques qui produisent la fertilité. Cette croyance correspond également à l’institution de sociétés matriarcales et matrilinéaires, c’est-à-dire des communautés dans lesquelles les femmes détenaient le pouvoir politique et religieux, et où l’héritage se transmettait par voie maternelle.

    Les preuves archéologiques les plus anciennes de cet ordre de valeurs sont les nombreuses statuettes dédiées à la « Déesse Mère », ou « Grande Mère », qui ont au moins vingt-cinq mille ans d’ancienneté, comme la célèbre Vénus de Willendorf. Cette tendance s’est maintenue, et même s’est exacerbée à la suite de l’émergence de l’agriculture, durant la période néolithique. Nous pouvons corroborer cette hypothèse en examinant le site de Çatalhöyük, situé dans la péninsule d’Anatolie, où ont été découvertes des figures datant d’environ 6000 av. J.-C. représentant la Grande Mère. De même, la religion minoenne tournait également autour de divinités féminines, comme la Déesse Serpente, dont l’image a survécu jusqu’à nos jours grâce à une statuette datant de 1600 av. J.-C. trouvée dans le palais de Cnossos. De plus, la prolifération de ce type de divinités à travers le monde permet de théoriser qu’il s’agit d’un phénomène transculturel, caractéristique d’une époque où l’être humain était très vulnérable face à la Nature.

    Aussi, la période historique de l’Europe où le rôle de la femme était prépondérant coïncide avec un moment où l’humanité ne comprenait pas encore le fonctionnement de la gestation. Autrement dit, l’homme était incapable d’identifier sa propre participation à l’acte de procréation, ce qui l’amenait à attribuer la grossesse à un pouvoir spécial des femelles pour communiquer avec la Nature et assumer en elles-mêmes la puissance reproductive. Dans son livre The family among the Australian Aborigines. A sociological study, Bronisław Malinowski explique que les tribus qui ont maintenu un mode de vie préhistorique ignorent encore que la procréation a un lien de cause à effet avec l’acte sexuel. Quoi qu’il en soit, le contexte matriarcal qui a prospéré en Europe entre 7000 et 3500 av. J.-C. se caractérisait, selon Gimbutas, par une existence pacifique, coopérative et égalitaire.

    Cependant, cet ordre social n’a pas pu contenir l’élan des migrations indo-européennes, également appelées indo-aryennes, qui se sont étendues dans toutes les directions sur une période pouvant aller de mille à trois mille ans, et qui ont complètement changé non seulement la physionomie de l’Europe, mais aussi celle du reste du globe. Ces populations émergent dans l’Histoire en tant que cavaliers et pasteurs nomades formant des groupes stratifiés, hétéropatriarcaux et bellicistes. Gimbutas explique comment ces envahisseurs, des guerriers montés à cheval venant du sud de l’actuelle Russie, selon l’hypothèse des Kurganes qu’elle défend, ont dominé les sociétés agricoles à travers trois vagues migratoires qui se sont succédé entre 4000 et 1000 av. J.-C. Pour certaines intellectuelles affiliées au féminisme, comme par exemple l’auteure de Le calice et l’épée, Riane Eisler, l’émergence de la culture indo-européenne et patriarcale a signifié la propagation de la guerre, de l’inégalité, de l’aliénation et de la destruction de l’équilibre des écosystèmes, représentant un cataclysme dont nous devons nous lamenter. À ce stade de l’étude, inutile de s’arrêter sur cette polémique, nous poursuivons notre exposé pour revenir sur ce sujet à la conclusion.

    Pour que l’expansion soit rendue possible, les Indo-Européens ont utilisé des avancées techniques singulières (instruments comme les brides ou la roue) et, principalement, la domestication du cheval. En raison du flux migratoire intense, la religiosité des peuples qui gouvernaient désormais les populations indigènes des terres européennes s’est progressivement infiltrée dans la culture européenne, sur un substrat de spiritualité tellurique. En conséquence, les divinités associées à la Nature ont été reléguées au second plan, comme cela se produit en Grèce avec les divinités chthoniennes, ou avec les Vanir de la mythologie nordique. Le culte indo-européen, qui tournait autour de Deus Pater, avait un caractère céleste (un « esprit ouranien », selon la terminologie de Julius Evola) et n’était plus lié à la fertilité, mais aux valeurs culturelles d’une aristocratie guerrière en plein essor. De même, l’ordre familial a également été altéré, établissant un système patrilinéaire et patrifocal dérivé des observations sur le lien de parenté réalisées par les pasteurs indo-européens, qui démentaient le préjugé matriarcal fondateur selon lequel l’homme n’intervient pas dans le processus reproductif.

    Il est important de souligner que le phénomène décrit ne s’applique pas seulement à l’expansion indo-européenne. Au contraire, des dynamiques similaires se reproduisent sur tous les continents au fil de l’Histoire. Prenons l’exemple de la relation entre les peuples tutsi et hutu. Bien que la population native de l’actuel Rwanda soit constituée de Hutus, les Tutsis se sont érigés en une élite aristocratique qui a administré de manière parasitaire ce vaste territoire jusqu’au XXᵉ siècle, bien qu’ils ne représentent que dix-sept pour cent de la population. L’exemple de ces deux tribus a été analysé par Pierre van den Berghe dans Race and Racism : A Comparative Perspective (1967, 12), ce qui l’a amené à soutenir que les Tutsis ont développé par eux-mêmes toute une forme de pensée raciste qui revendique leurs traits physiques (nez aquilin, grande taille, constitution fine, etc.), tout en méprisant et définissant comme inférieurs les traits de ceux qu’ils soumettent.

    Des cas similaires se retrouvent par exemple en Chine, qui n’a pas été conquise uniquement par les Mongols, mais aussi par les Mandchous a posteriori. Ces deux groupes ethniques ont quelque chose en commun : leur origine en tant que pasteurs dans les montagnes du nord. De plus, les Mandchous, tout comme les Tutsis, ont imposé un système basé sur la discrimination raciale pour préserver leur culture et leurs traits génétiques, afin de ne pas être assimilés par la vaste population d’autochtones, comme cela était arrivé aux Mongols. Comme l’avait déjà pressenti l’historien arabe Ibn Khaldoun au XIVᵉ siècle, nous pouvons identifier une constante dans l’histoire de l’humanité : les peuples nomades conquièrent les sédentaires et imposent leur loi.

    Nous pouvons attribuer le succès de ces peuples, selon les théories énoncées par Costin Alamariu dans Selective Breeding and the Birth of Philosophy, à trois facteurs principaux : l’alimentation, la culture et l’environnement. Tout d’abord, l’alimentation des pasteurs-nomades est principalement basée sur la consommation de produits laitiers, de viande et de fruits, provenant des arbres éparpillés sur la géographie qu’ils traversent. La consommation de doses élevées de protéines, maintenue au fil des générations, produit des individus d’une taille supérieure et d’une constitution osseuse et musculaire bien plus robuste, ce qui est approprié pour mener des efforts militaires. Cette alimentation ne pourrait pas être plus différente de celle des communautés sédentaires, qui vivent attachées à la terre qu’elles cultivent. Ainsi, l’alimentation de ces dernières se basait sur des végétaux et des légumineuses, avec une consommation très faible de produits carnés.

    Deuxièmement, d’un point de vue culturel, la conquête correspond beaucoup mieux à la cosmovision d’un peuple de pasteurs, qui ne voit pas la terre comme une possession statique, mais qui est habitué à être propriétaire de son bétail. De plus, le bétail est un bien beaucoup plus facile à dérober, ce qui amène les pasteurs à développer une compétence supérieure pour exercer la violence. Enfin, le fait d’habiter des zones montagneuses conduit également à cultiver des valeurs étroitement liées à la guerre. Les régions montagneuses ont toujours été des scènes de conflits, que ce soit dans les Highlands écossaises ou dans les Balkans.

    Une fois que nous avons révélé les origines de l’aristocratie, nous sommes prêts à mieux comprendre la conception aristocratique du monde. D’abord, les preuves recueillies permettent de comprendre pourquoi les aristocrates ont toujours rejeté le travail manuel et les tâches agricoles. Par ailleurs, parmi l’aristocratie, il est récurrent de construire des résidences de campagne où la famille peut se retirer, comme si le sang les poussait hors des villes et leur demandait de se reconnecter avec l’esprit sauvage de leurs ancêtres. La pratique de la chasse et de l’équitation semble remplir une fonction similaire dans la préservation du contact avec la Nature.

    L’obsession pour le lignage peut également s’expliquer si nous revenons aux origines pastorales de l’aristocratie. En concentrant tous leurs efforts sur l’élevage, les pasteurs ont pu découvrir les rudiments de l’eugénisme, cherchant à faire en sorte que leurs spécimens se distinguent de ceux de leurs concurrents. Ce processus justifie évidemment l’un des principes de l’aristocratie : les ancêtres transmettent des caractéristiques à leurs descendants. Les pasteurs et éleveurs n’ont pas seulement découvert comment améliorer la qualité de leur bétail par le biais de la reproduction sélective (sélection des spécimens qui reproduiront des traits désirables chez leurs descendants), mais ils ont également appliqué ce principe à eux-mêmes et mis en œuvre de nombreuses procédures eugéniques, telles que des restrictions à l’union matrimoniale ou, à la manière de Sparte, des examens médicaux pour écarter les enfants faibles ou déformés, ainsi que des entraînements visant à améliorer les compétences des nouvelles générations.

    En résumé, lorsque les pasteurs devenus aristocrates pratiquaient certaines formes d’eugénisme, ils n’appliquaient rien d’autre qu’à l’homme ce qu’ils avaient observé en élevant leurs animaux. Par conséquent, l’aristocrate est celui qui pense qu’il est destiné à gouverner les autres, et il l’est non par hasard, mais en vertu de sa nature, qui est supérieure à celle des autres, tout comme d’autres personnes sont également destinées à servir en raison d’une inclination naturelle. Il ne faut pas chercher plus loin pour trouver ce type d’affirmations chez Platon et Aristote, qui reconnaissaient l’existence de différentes natures pour chaque être humain, une idée que l’ordre démocratique contemporain juge comme irrationnelle et inhumaine.

    Cependant, ces considérations resteraient stériles si nous ne tentions pas de distiller des conclusions qui font directement appel aux circonstances qui nous concernent. Après tout, nous ne pouvons ignorer que l’être humain ne peut être réduit à l’espèce. Comme le dirait Martin Heidegger, l’être humain n’est pas une substance fixe, mais un être-là (Dasein) en perpétuel devenir. En tenant compte de cette vision particulière, selon laquelle l’être humain ne peut être compris en tant que tel que dans le cadre qui lui est propre, c’est-à-dire dans l’espace-temps historique, certaines voix soulignent la nécessité de revenir à un paradigme similaire à celui des sociétés sédentaires et matrifocales. Mais comme le montrent les preuves historiques, les valeurs attribuées à ce type de sociétés, même si elles sont célébrées aujourd’hui, ont condamné la « vieille Europe » à être dominée par d’autres groupes humains mieux préparés au conflit. De plus, il convient également de prendre en compte dans quelle mesure l’égalitarisme de ces communautés lèse la capacité d’individuation de leurs membres.

    Bien qu’il soit vrai que le culte de la Déesse Mère de la préhistoire corresponde à la prolifération de populations régies par des principes matriarcaux, nous ne devons pas supposer que ces sociétés ont inspiré des concepts tels que celui de la liberté. Les philosophes écoféministes qui ignorent ce fait et aspirent à un retour à la Nature, supposant que cette restitution signifierait l’abolition de toute exploitation et souffrance, ne font que reproduire la croyance en la nécessité de sortir de l’Histoire, qui a à la fois une version eschatologique-religieuse et une version utopique-matérialiste. Mais il est vrai que, loin de représenter une alternative libératrice, les sociétés matrifocales étaient marquées par deux ingrédients que l’on tente de dissimuler : la rareté et l’impuissance face aux caprices des phénomènes naturels.

    D’autre part, en raison des processus naturels que doit suivre une économie agricole, la vie de ces êtres humains était monotone et, à long terme, incompatible avec les instincts des jeunes hommes. En conséquence, les sociétés sédentaires de la préhistoire inhibaient les jeunes hommes par des conventions sociales qui garantissaient une vie plus sûre. Comme le souligne James George Frazer dans Le Rameau d'or, l’homme primitif ignore la différence entre convention et Nature, puisque la loi non écrite lui semble aussi naturelle que les cycles de la terre et du soleil. En fin de compte, l’habitant des populations sédentaires préhistoriques n’était pas un sujet libre, comme l’imaginent les héritiers de Rousseau, mais l’homme le plus asservi qui ait jamais existé.

    Les jeunes hommes indo-européens, en revanche, ont fait de la vitalité leur plus grande vertu et ont formé l’aristocratie qui a fondé les cités-États de l’Âge du Fer. La constatation du pouvoir reproductif féminin, que les hommes primitifs attribuaient à une origine magique, a conduit les hommes à réaffirmer leur capacité créative, au-delà du corps, par le biais de la téchne (production ou fabrication matérielle). Grâce aux outils produits artificiellement, les êtres humains ont accru leur capacité d’agir sur la réalité, atténuant leur vulnérabilité face à la Nature. Évidemment, la fabrication d’outils, qui implique la capacité et le désir de transcender les limites de l’espèce et de fonder une seconde nature (la culture), constituait l’essence du genre Homo pratiquement depuis ses origines. Cependant, c’est en Europe, dans ce que Oswald Spengler appelle l’esprit faustien occidental, que : « la lutte entre la nature et l’homme, qui avec son existence historique se rebelle contre la nature, a été pratiquement menée à son terme. »

    L’expression artistique qui représente le mieux ce changement de tendance se retrouve dans les statues grecques connues sous le nom de Kuroi (κοῦροι), qui immortalisent de jeunes athlètes victorieux. À en juger par la transition esthétique citée, cette nouvelle société ne vénérait plus la Grande Mère, mais les valeurs liées à la jeunesse et à la beauté. La ville européenne qui se crée à partir de cette floue période préhistorique se définit par sa volonté de tenter de conserver, dans un environnement urbain, la liberté des peuples nomades et de la jeunesse barbare, exaltant les tendances d’un mode de vie qui a un impact positif sur les manifestations culturelles développées dans le contexte privilégié de la pólis. La clé de la civilisation européenne réside dans son refus d’essayer de supprimer les ambitions de la jeunesse, même si celles-ci peuvent sembler déstabilisatrices, mais dans leur exaltation et leur perfectionnement par le biais du gymnase, de la palestre et des autres expressions de l’ἀγών (le mot « agón » fait référence à la compétition, qu’elle soit sportive, artistique, militaire ou dialectique).

    Cela dit, la connaissance de ce processus de sélection et d’élevage pratiqué par les élites des sociétés « civilisées » depuis l’Antiquité soulève également des conséquences qui devraient nous amener à réfléchir. Après avoir domestiqué le monde vivant, les aristocrates ont pris en charge leur propre autodomestication, et cette souveraineté sur eux-mêmes leur a permis de se consolider en tant qu’élite et de domestiquer les masses. Autrement dit, l’articulation de sociétés hiérarchiques dépend de la relation qui s’établit entre les maîtres et les domestiqués, que ces derniers soient des natures inertes, comme la matière-énergie, ou des natures vivantes, comme les animaux ou d’autres êtres humains. À la lumière des événements survenus ces dernières années, nous prévoyons que la sophistication des techniques de domestication augure d’un avenir à court ou moyen terme où ces différences entre maitres et domestiqués ne feront que s’intensifier.

    Marcos G.

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  • Tour d'horizon... (291)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, une note sur l'impact culturel que va avoir (ou qu'a déjà) l'immigration en France...

    La « transplantation culturelle » de l’immigration en France

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    - sur le site de l'Académie de géopolitique de Paris, un texte de Michel Maffesoli consacré au retour de l'idée impériale...

    Le retour de l’idée impériale

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  • Feu sur la désinformation... (535) : La culture française à vau l'eau...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Martial Bild et Floriane Jeannin.

     

                                             

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : Le rocambolesque braquage du Louvre

    Alors que les images de la fuite des cambrioleurs circulent sur les réseaux sociaux, après le spectaculaire braquage de la Galerie d'Apollon et des diamants de la couronne, retour sur le vol à 88 millions d’euros qui révèlent les failles immenses de la France vis-à-vis de la défense de sa culture....

    Le dossier du jour : Cinéma : exception française ou propagande ?

    Comment l'argent public est-il utilisé pour financer une vision politique plutôt que la création artistique ? Combien coûte réellement un film au contribuable ? Comment les films deviennent des armes idéologiques ? Nous répondons à toutes ces questions avec Martial Bild qui a mené l’enquête !...

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    Pastilles de l’info:

    • L’affaire Mélenchon : après France Inter, ils en ont parlé sur "Quelle Epoque !"
    • T'es antisémite ! : Le micro off de Nathalie Saint-Cricq et Gilles Bornstein
    • "La Furia" sacrifiée sur l'autel du politiquement correct
    • Nunez face à Darius Rochebin et Sonia Mabrouk : deux journalistes et… deux chiffres sur l’immigration clandestine !
    • Juppé et le “devoir de réserve” du Conseil constitutionnel sur "Quelle Epoque"

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Sonia Mabrouk, l’interview politique!...

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  • Les néoconservateurs, une élite impériale...

    Les éditions Géopolitique profonde viennent de publier un court essai de Laurent Ozon intitulé Les néoconservateurs, une élite impériale.

    Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est déjà l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

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    " Vous avez forcément déjà entendu le vocable « néocon » dans une conférence, un entretien, un article ou un livre au cours de ces dernières années. Il est de ces mots qui se répandent d'autant plus facilement que nul n'en possède une définition exacte. Celui-ci sert souvent à désigner des acteurs aux contours mal déterminés, exerçant des pouvoirs mal définis pour des objectifs largement incompréhensibles, même si les commentateurs politiques s'accordent sur le fait qu'il s'agit là d'un réseau de pouvoir incitant les États-Unis à une politique de leadership mondial assumée et brutale.

    Depuis le début du second mandat de Donald J. Trump et ses tentatives maladroites pour mettre fin au conflit en Ukraine, on constate que le réseau néocon n'est pas seulement actif à partir des États-Unis et qu'il exerce une influence lourde sur la politique de l'Union européenne et de la France. Et plus troublant encore, on observe qu'il semble capable, à partir de là, de contester la politique du gouvernement légalement élu par les citoyens des États-Unis, lorsqu'il juge cela nécessaire.

    Il est temps d'éclaircir ce qui pousse les peuples européens à consentir à une politique ayant détruit de nombreux États du Proche et du Moyen-Orient, fait des millions de morts et jeté près de 40 millions de réfugiés sur les routes et dans nos pays. Il est temps de comprendre la nature de ces forces qui nous poussent à une guerre contre la Russie, ou à subir sans réaction, une politique de prédation et d'humiliation au profit des États-Unis d'Amérique depuis des décennies.

    Par cet essai, Laurent Ozon espère contribuer à l'ouverture d'un débat public sur les « néoconservateurs », à la lumière de leur histoire, de leurs intellectuels clés et des effets de leurs actions. Un débat sans lequel nous risquons fort de continuer à subir des politiques, des réseaux et des intérêts étrangers qui nous détruisent."

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  • Le suicide vert est en marche...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 20 octobre 2025 et consacrée à la folie verte qui sévit en Allemagne et dans une grande partie de l'Europe...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                                 

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