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Métapo infos - Page 1398

  • Une question raciale ?...

    La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (n°43 - hiver 2013), disponible en kiosque, un dossier sur la question raciale en France...

     

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    Au sommaire du dossier :

    Les imprévus de la question raciale aux Etats-Unis

    Immigration africaine : le choc démographique et culturel

    Entretien avec Jean-Paul Gourevitch

    Montreuil sous bois ou Bamako sur Seine ?

    La Mal jaune : voyage au coeur de Belleville

    Le territoire éclaté

    Le tournant idéologique de 1983

    De la beauté du métis

    Un nouvel ordre génétique ?

    Divers scénarios possibles

    On trouvera aussi, notamment, un entretien avec l'écrivain et journaliste non-conformiste Jean-Paul Bourre, à l'occasion de la sortie de son livre Le temps du loup, et un article sur le cinéma d'Orson Welles, ainsi que de nombreuses notes de lectures et une rubrique musique...


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  • Oligarques en péril !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à la révolte des peuples en Europe...

     

     Beppe Grillo, gauche, Institutions, Mario Monti, oligarchie, populisme, Silvio Berlusconi, Union européenne

     

    Oligarques en péril

    La défaite cuisante subie par Mario Monti lors des élections italiennes n’a pas fait dévier d’un pouce la ligne fixée par les oligarques à Berlin, à Bruxelles, à Paris. L’austérité sera maintenue, au besoin renforcée, dans le parfait mépris des peuples qui la subissent. Ecoutons la rumeur médiatique : les foules qui apportent leurs suffrages à Beppe Grillo ou à Silvio Berlusconi, nous dit-on, ne sont pas dignes de la moindre considération. Le premier n’est-il pas un humoriste ? Le second n’est-il pas perdu de réputation ?

    En haut lieu, on se rassure à bon compte en personnalisant à l’excès les enjeux. Quel que soit le pays, la protestation populaire se fixe sur les tribuns tels qu’ils se présentent, de droite ou de gauche, vulgaires ou distingués, intelligents ou obtus. C’est sans doute regrettable mais on n’arrêtera pas le mouvement en plaçant des millions d’électeurs dans la catégorie infamante du populisme. Pour les citoyens révoltés, ce n’est qu’une humiliation supplémentaire. Pour ceux qui, parmi eux, cherchent une issue positive à la crise générale, c’est une nouvelle source de confusions et de disputes stériles. Le populisme, aujourd’hui, englobe l’extrême droite, l’extrême gauche, les adversaires de l’euro, les ennemis de l’élite, les classiques démagogues. C’est trop. Trop de simplifications et trop d’amalgames qui ne sont d’aucune aide quand on essaie de penser, tâche difficile, la catastrophe en cours.  Les mouvements populaires qui sont en train de se manifester dans les rues espagnoles et portugaises ou qui s’expriment dans les urnes grecques et italiennes sont la conséquence de trois phénomènes :

    L’effondrement du projet européen. On a présenté aux citoyens des différentes nations la perspective d’un grand marché de consommateurs qui laissait supposer une prospérité croissante. L’austérité imposée ruine cet espoir. Confrontés à la récession, au chômage et à la pauvreté de masse, d’innombrables citoyens estiment que ce projet européen est un échec, un mensonge, ou les deux à la fois.

    L’effondrement des gauches. Les partis communistes sont des survivances et les partis socialistes ont abandonné leur doctrine de progrès économique et social pour pratiquer les fausses vertus de l’ultralibéralisme. En Italie, en Espagne, au Portugal, en France, les masses protestataires sont privées de recours aux partis socialistes qui tentent de les abuser le temps d’une campagne électorale pour mieux les abandonner juste après.   

    L’effondrement lent des institutions démocratiques. Quand les gouvernements de droite et de gauche s’alignent sur la Commission européenne sitôt les élections passées, quand ils signent des traités européens qui les privent de leurs pouvoirs, quand ils ne tiennent aucun compte des référendums en France et aux Pays-Bas, quand ils laissent une troïka se livrer au saccage et au pillage de la Grèce, il est évident que ce n’est pas le « populisme » qui menace la démocratie mais l’oligarchie.

    Ces effondrements marquent la fin du 20ème siècle. Les doctrines totalitaires sont mortes et le soviétisme, le maoïsme, le fascisme, le nazisme seront sans résurrection. L’utopie européiste et celle du marché mondialisé viennent de trépasser. Les partis du 20ème siècle sont à l’agonie alors que les formations politiques du 21ème siècle ne sont pas encore nées. C’est là un moment passionnant et dangereux. Dans les masses contestataires, il est normal que la recherche de solutions soit désordonnée puisque les vieux partis sont incapables de structurer une opposition cohérente. Du coup, une fraction de l’opinion peut se laisser prendre par telle ou telle forme de radicalisme droitier – ou bien se satisfaire d’actes de pure et simple violence.

    Le pire serait de fuir le danger. Même si cela constitue une marque de « populisme », il faut affirmer que l’affrontement n’est plus entre les partis de droite et de gauche mais entre l’oligarchie et le peuple. Le Front national s’inscrit dans cette dialectique et on n’arrêtera pas sa progression par des appels à la vigilance antifasciste. C’est le principe gaullien du rassemblement qu’il faut reprendre afin de constituer le parti patriote qui est en latence depuis l’échec du Pôle républicain. Qui saura être le rassembleur capable de donner sens et cohérence à la révolte qui gagnera tôt ou tard la France ?

    Bertrand Renouvin (Le blog de Bertrand Renouvin, 10 mars 2013)

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  • Un socialisme héroïque ?...

    Les éditions Pardès publient cette semaine le nouvel ouvrage d'Alain de Benoist intitulé Edouard Berth ou le socialisme héroïque. Dans cet essai, le directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole s'intéresse à une figure intellectuelle de la troisième voie, injustement oubliée. En 2007, Alain de Benoist avait dirigé la réédition d'une des oeuvres majeures de cet auteur, Les méfaits des intellectuels (Krisis, 2007).

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    " Théorisé dans les dernières années du XIXe siècle par Georges Sorel, le syndicalisme révolutionnaire se distinguait des autres tendances du mouvement socialiste par son insistance sur l'idée de grève générale et son refus de participer au jeu des partis politiques et de la démocratie parlementaire. La classe ouvrière devait se libérer par ses propres moyens afin d'instaurer une «société de producteurs» sur les ruines de la société bourgeoise, d'où l'importance donnée aux syndicats et à l'«action directe». Telle est la doctrine qui triompha en 1906 à l'intérieur de la CGT, avec l'adoption de la célèbre Charte d'Amiens. Considéré par les historiens des idées comme le meilleur disciple de Georges Sorel, Édouard Berth resta toujours fidèle à l'idéal du syndicalisme révolutionnaire. À l'exemple de son maître, il se voulait un «serviteur désintéressé du prolétariat». Mais son parcours fut plus qu'original. Formé à l'école de Proudhon et de Marx, admirateur des valeurs héroïques de l'Antiquité, il participa aux côtés de Georges Valois à l'aventure du Cercle Proudhon, fut successivement séduit par Maurras et Lénine, qu'il entreprit ensuite de critiquer vigoureusement. Il mourut en 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ce livre, qui s'appuie sur des documents inédits, est la première biographie publiée sur Édouard Berth. Il éclaire toute une époque d une lumière nouvelle."

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  • Vent de révolte ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Raoul Fougax, cueilli sur Metamag et consacré à cette exaspération qui commence à monter au sein du peuple français...

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    France : l'exaspération se manifeste

    De la rue aux urnes, un climat de révolte s'installe


    Les Français sont excédés et ils le font savoir. Ils sont excédés par l’échec du changement politique. Certes il y  a une exaspération  de gauche et une exaspération de droite, mais elles se rejoignent dans la dénonciation du pouvoir et même parfois du système.
     
    Une partielle pleine de leçons

    La partielle de l’Oise est très importante. Le premier tour a confirmé le désaveu du pouvoir, le second la fin de la stratégie du cordon sanitaire anti-Fn. L’Ump remporte le siège mais de justesse. Le Fn a plus progressé que lui entre les deux tours. Des électeurs de gauche n’ont donc pas hésité à voter front national. Le Fn devient ainsi une alternative électorale anti système. Le front républicain a volé en éclat, c’est sans doute aussi historique que le coup de tonnerre de Dreux du temps de Jean Pierre Stirbois.
     
    Lors du premier tour du 17 mars, la candidate socialiste, Sylvie Houssin, arrivée en troisième position, avait été éliminée, n'ayant pas obtenu les 12,5 % des inscrits nécessaires pour figurer au second tour. La socialiste n'avait pas donné de consignes de vote en faveur de M. Mancel mais la direction du Ps avait appelé dès le soir du premier tour "sans hésitation à faire barrage au Front national".
     
    Marine Le Pen a qualifié d'"historique" le résultat de la candidate du Fn. Le score de Florence Italiani, « qui frise la victoire, doit être analysé comme une extraordinaire accélération de la dynamique du Front national et un magnifique signal d'espérance », écrit Marine Le Pen dans un communiqué. « Avec une hausse de 22 points et un quasi-doublement du nombre de voix (+ 6 000) entre les deux tours, notre candidate a pulvérisé les capacités de progression face au candidat du système, comparativement aux élections de juin. C'est un signe supplémentaire de ce que le Fn devient aux yeux des Français, de plus en plus lucides, le parti de l'espérance, face à une UMPS qui éprouve les pires difficultés à sauver ses prébendes». Ce qui est certain c’est que des électeurs de gauche ont voté Fn plutôt qu’Ump pour faire barrage.
     
    Le «  mariage pour tous » : un casse-tête gouvernemental

    Le succès de la manifestation contre le mariage gay est l’autre illustration de l’exaspération  des français. Cela concerne principalement une France traditionnelle, de droite, mais qui n’accepte plus d’être mise de coté. Ce n'est pas le peuple de france dans sa totalité.
     
    La France qui ne compte pas face aux lobbys et aux fausses élites rue dans les brancards. Le gouvernement devrait en tenir compte. D’autant plus que des  extrémistes surfent sur la vague et sur les erreurs du ministre de l’intérieur. Manuel Valls est revenu sur les accrochages qui ont eu lieu en marge du cortège, aux abords des Champs-Elysées. Alors que l’accès de l’avenue était interdit aux manifestants, plusieurs centaines d’entre eux ont tenté de « forcer un barrage pour rejoindre les Champs-Élysées », selon la préfecture de police. Les forces de l’ordre ont alors utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les militants. Les anti-mariage gay « ont été débordés par des groupes extrémistes », a observé Manuel Valls, évoquant des « dizaines d'interpellations ».
     
    Selon Jean-François Copé, des enfants auraient été atteints par des gaz lacrymogènes. « Je veux dire mon indignation en apprenant qu'on avait utilisé, semble-t-il, des gaz lacrymogènes contre des familles qui étaient présentes avec leurs enfants et qu'un certain nombre avait été gazé », a-t-il déclaré. Le président de l’UMP a demandé « à François Hollande de rendre des comptes aux Français sur les agissements qui ont été commis ».La présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, qui dit avoir elle-même reçu des gaz lacrymogènes, a quant à elle demandé la démission du préfet de police et du ministre de l'Intérieur.
     
    Que doit faire le pouvoir, face à une opposition aussi résolue, à une promesse électorale emblématique du quinquennat  et à des sondages donnant une majorité de français favorables au « mariage pour tous ». Soixante-trois pour cent des personnes interrogées pensent que les couples homosexuels doivent avoir le droit de se marier  une proportion en hausse de trois points par rapport à une enquête similaire menée début janvier. Mais ils sont encore 51% hostiles au droit d'adoption pour ces mêmes couples, 49% (contre 46% auparavant) s'y déclarant favorables. Pour le gouvernement, c'est la quadrature du cercle.
     
    Un arrêt de Cassation embarassant

    Un nouveau sondage confirme qu'une grande majorité de l'opinion (86%) est favorable à un renforcement de la loi interdisant le port de tout signe d'apparence religieuse dans les lieux où l'on s'occupe d'enfants. Selon ce même sondage BVA réalisé pour i-Télé et Le Parisien, 83% des personnes interrogées sont également favorables à une loi étendant cette interdiction aux entreprises privées contre 16% qui s'y disent opposées. 
     
    Ce résultat confirme un autre sondage réalisé dimanche par l'Ifop pour Ouest France selon lequel 84% des Français sont opposés au port du voile ou du foulard islamique par les femmes travaillant dans des lieux privés accueillant du public.
     
    Ces deux sondages ont été réalisés après l'annulation par la Cour de cassation du licenciement d'une employée voilée de la crèche privée Baby Loup.
     
    Les Français refusent  le déclin économique, le totalitarisme de la finance internationale, s’opposent en nombre aux évolutions qu’ils considèrent comme des dérives de la société. Ils mettent en cause les politiques, les élites et le pouvoir judicaire. Face a cette France exaspérée qui n’hésite plus devant les urnes et la rue, le pouvoir politique devient aussi autiste que le pouvoir médiatique. A ses risques et périls!
     
    Raoul Fougax (Metamag, 25 mars 2013)
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  • Le sens de l'Histoire...

    Les éditions Ellipses viennent de publier Le sens de l'Histoire - une histoire du messianisme en politique, un essai de Jean-François Gautier. Docteur en philosophie, essayiste, musicologue et historien des sciences, Jean-François Gautier collabore à différentes revues et a notamment publié  L’univers existe-t-il ? (Actes Sud, 1994).

     

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    " L'histoire a-t-elle un sens ? L'antiquité gréco-latine n'en concevait aucun. L'antiquité sémitique, les judéo-hellénismes et christianismes ont chacun proposé le leur, lequel a servi de motif à nombre de conflits. Les idéaux des Lumières, avec leur conviction d'un progrès continu dans la marche d'une humanité globalisée, puis les communismes et le national-socialisme ont renouvelé les propositions d'un sens de l'Histoire à accomplir. Du monde antique pour lequel le destin des cités se forgeait à force de courage et de ténacité, jusqu'au laisser-faire du Grand Marché auto-régulateur des économies modernes, il y a des impensés à l'oeuvre dans les représentations collectives de l'Histoire. Ce livre souligne combien la compréhension d'un temps historique, avec ses inconnues, diffère de celle d'un sens de l'Histoire, bardé de certitudes ou d'espérances. Dans une époque où dominent les incertitudes relatives aux lendemains immédiats, chacun peut trouver, au fil d'une telle enquête sur la variabilité des sens de l'Histoire, de quoi méditer sur son propre devenir, et sur celui de la communauté à laquelle il appartient."

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  • Immigration : des vérités difficiles à dire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Malika Sorel-Sutter, cueilli sur le site de Marianne et consacré à la question de l'immigration. Membre du Haut-conseil à l'intégration, Malika Sorel est l'auteur de plusieurs essais, dont Immigration, intégration : le langage de vérité (Mille et une nuits, 2011).

     

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    Immigration : ces vérités si difficiles à dire

    Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, ce n'est pas de subir la loi du mensonge triomphant qui passe» (Jean Jaurès). Notre époque aurait-elle à ce point manqué de courage qu'elle a, depuis près de quarante ans, accepté de subir la loi du mensonge dans la question de l'immigration-intégration, sujet pourtant capital puisqu'il engage le destin de notre cohésion sociale et nationale ?

    Une multitude de facteurs se sont conjugués pour empêcher que de simples vérités ne soient dites quand, dans le même temps, les esprits libres se sont faits de plus en plus rares. Une concordance inattendue d'intérêts entre les univers politique, médiatique, financier et économique a coulé la chape de plomb d'une pensée unique qui a conduit à la castration du politique. Pour Hannah Arendt, «la politique, c'est cet espace intermédiaire où se joue la liberté, où agissent les hommes libres». Le retour de la politique est le défi que nos sociétés démocratiques doivent de toute urgence relever si elles ne souhaitent pas être balayées.

    Entre mensonges et interdits

    L'immigration est une chance pour la France, et même la chance d'une Europe qui ne fait plus assez d'enfants. L'immigration rapporte plus qu'elle ne coûte. Il n'y a pas de problème d'intégration des descendants de l'immigration extraeuropéenne. Ce que vous croyez voir et vivre au quotidien n'est que le produit de vos fantasmes, ceux d'esprits racistes et étriqués. Voilà ce qui est assené chaque jour aux Français depuis de nombreuses années.

    Un discours lucide a été tenu dès 1981 par Georges Marchais, alors secrétaire général du PCF, puis en 1990 par Michel Rocard, Premier ministre de l'époque. Mais, comme le dit l'adage, nul n'est prophète en son pays. Leurs avertissements sont restés lettre morte. En janvier 1981, Georges Marchais parlait de «cote d'alerte atteinte» et disait qu'il fallait «résoudre l'important problème posé dans la vie locale française par l'immigration». Il évoquait des «familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes» et le fait que cela rendait «difficiles leurs relations avec les Français». Etablissant un lien entre la poursuite de l'immigration et la menace du chômage qui pesait sur les ouvriers, il voulait «stopper l'immigration officielle et clandestine». Il déplorait «l'idée lamentable» que ses «détracteurs, qui vont de la droite au Parti socialiste» se faisaient des «travailleurs» : «bornés, incultes, racistes».

    On serait bien en peine de dire ce qui a changé depuis, hormis que ce procès a été étendu à tous les Français qui défendent le socle des valeurs de la République, ainsi qu'à ceux des enfants de l'immigration extraeuropéenne qui se sont culturellement intégrés. C'est un fait, une partie non négligeable de nos élites, et leurs prises de position l'attestent, ont pris le parti de ceux qui ne s'intégraient pas dans la communauté nationale, et même de ceux qui ne s'inséraient pas dans notre société, une société dont les normes collectives sont de plus en plus rejetées, et parfois aussi combattues. Or, même s'il s'élève dans l'échelle sociale, un enfant de l'immigration ne sera à terme adopté par la communauté nationale que si, et seulement si, il est perçu par les Français comme partageant leur conception de principes fondamentaux tels que la liberté individuelle, l'égalité homme-femme, la fraternité, la laïcité, la liberté d'opinion. En matière d'intégration, c'est le corps social, et non le politique au travers de l'administration, qui décide qui est français et qui ne l'est pas.

    Du discours de Michel Rocard à l'Assemblée nationale, on n'a voulu retenir qu'une infime partie : «Nous ne pouvons pas - hélas - soulager toutes les misères de la planète.» On a enterré le cœur de son intervention, qui détaillait la menace qui pesait sur notre société si elle persistait à accueillir un «flux massif et incontrôlé», ce qui finirait par hypothéquer «gravement et tout ensemble d'abord l'équilibre social de la nation, ensuite les chances d'intégration des étrangers installés, enfin l'avenir même de nouvelles vagues d'arrivants et des pays d'où ils viennent [...]». Et pour conclure, Michel Rocard refusait de «croire définitivement inconciliables la politique et la sagesse».

    Tout ce que Michel Rocard avait anticipé s'est finalement produit. L'équilibre social de la nation se trouve aujourd'hui gravement hypothéqué. L'intégration des étrangers déjà installés et de leurs descendants est largement compromise par la reproduction des sociétés culturelles d'origine sur la terre d'accueil, conséquence directe des flux migratoires dont l'explosion est nourrie, entre autres, par l'exigence d'endogamie qui pousse à aller chercher époux ou épouse dans le pays d'origine. Elle est compromise aussi du fait des attaques en règle dont le modèle français d'intégration est la cible constante, et de l'évolution d'un certain nombre de facteurs sur la scène internationale. Nonobstant les conséquences ravageuses des errements sur cette question, un rapport sur l'intégration qui vient d'être remis au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, cloue au pilori toute approche qui serait fondée sur le respect des «grands concepts et valeurs suprêmes» du peuple d'accueil, et recommande d'entériner l'impuissance de l'Etat à faire respecter les règles d'accueil et de séjour de la République, en délivrant des titres dits «de tolérance» qui aboutiraient à une régularisation massive des clandestins.

    Politique et sagesse définitivement inconciliables ?

    Le vœu de Michel Rocard n'a pas été exaucé : la politique et la sagesse ne sont toujours pas réconciliées. Le personnel politique a persévéré dans la voie du laisser-faire, accompagné d'un discours public fondé sur le déni puis le camouflage du réel, prenant au passage les citoyens pour des esprits simples capables de gober mensonges et inepties. Le puzzle de l'intégration a été sans cesse réduit à sa plus petite pièce, la pièce socio-économique. Les pièces décisives ont été écartées : distance culturelle, rôle central des parents, causes profondes qui empêchent l'école d'assurer sa mission première. En outre, on n'a eu de cesse de dresser les enfants de l'immigration contre notre société, en les persuadant qu'ils étaient les victimes des Français et en leur taisant la réalité des investissements considérables consentis par l'Etat - certes souvent peu fructueux puisque le diagnostic de départ était erroné.

    Le résultat ? C'est la menace qui pèse désormais sur notre démocratie et, en premier lieu, sur nos élites. Selon l'enquête d'Ipsos «France 2013, les nouvelles fractures», 72 % des sondés considèrent que le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et 82 % jugent que les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels. Les items relatifs aux questions d'ordre identitaire éclairent d'une lumière crue le gouffre béant qui sépare désormais les élites des citoyens. La défiance touche également les médias, qui sont mis dans le même sac que la classe politique. Devant tant de voyants qui ont viré au rouge, on s'attendrait à un sursaut de la part des élites. Espérons que politique et sagesse finiront par se réconcilier.

    Malika Sorel-Sutter (Marianne, 22 mars 2013)

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