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  • Un décryptage à droite de la Présidentielle...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien cueilli sur Polémia, qui a été donné par Jean-Yves Le Gallou à Monde et Vie et dans lequel il analyse l'élection présidentielle.

    Ancien haut-fonctionnaire et homme politique, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

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    Un décryptage à droite de la Présidentielle

    Guillaume de Tanoüarn : Jean-Yves Le Gallou, peut-on parler à propos de la toute récente élection présidentielle, d’une « victoire éclatante du Rassemblement National », comme l’a fait Marine Le Pen le soir de l’élection ?

    Jean-Yves Le Gallou : Assurément non. Dans une élection une « victoire éclatante » intervient quand la liste victorieuse l’emporte avec une large avance sur son ou ses  concurrents. A la présidentielle, Marine Le Pen a perdu avec un énorme handicap par rapport à Emmanuel Macron ; quelque 17 % de retard sur son concurrent. Certes sa défaite, en pourcentage est moins importante que lors de la présidentielle de 2017. Mais il faut garder leur sens aux mots sous peine de tomber dans la désinformation. Cela étant dit, j’ajouterai qu’en utilisant une telle expression, « victoire éclatante », elle avoue en fait que son objectif réel est atteint et qu’il n’était donc pas de gagner. On l’a vue très enjouée le soir du premier tour, comme on l’avait vu danser sur sa défaite en 2017, après le fameux débat. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter l’énorme distorsion qu’il y avait entre la satisfaction qu’elle éprouvait visiblement et la peine immense des électeurs d’Hénin-Beaumont. Signe sans doute que la coupure entre les élites et les peuples, qui existe de manière nationale et même internationale, passe aussi au RN.

    N’était-ce pas le même esprit que l’on a pu constater lors du grand débat Le Pen-Macron, ce soulagement visible de la candidate Marine, à la fin d’une confrontation décevante des deux côtés ?

    Son objectif manifestement était de faire face sans prendre trop de coups. C’est la raison pour laquelle au début du débat, elle a encaissé les attaques de Macron sans répliquer. Un exemple ? Macron venait de l’accuser d’être liée au pouvoir russe par un prêt en cours de remboursement depuis 2015. Elle avait deux répliques possibles : accuser Macron d’être lui-même au service des réseaux mondialistes américains, à travers l’affaire McKinsey, dans laquelle il apparaît que des millions de données, nous concernant nous Français, ont été fournies à ces cabinets de conseil américains et  finalement par-là, au Pentagone. Item : d’avoir détruit des fleurons industriels français comme Alstom pour satisfaire les Américains qui ont mis dans cette affaire « une pression de dingue ». Mais Marine Le Pen n’a rien fait de tout cela, probablement par peur d’être accusée de « complotisme ». Elle n’a attaqué son adversaire frontalement que sur la question des éoliennes, interdites au Touquet, ce qui restait de l’ordre de l’anecdote. Elle aurait pu aussi accuser Macron de faire une campagne auprès du gouvernement algérien, alors que le président candidat avait envoyé, deux figures de la macronie l’un après l’autre, Darmanin et Castaner, à la Grande mosquée de Paris dont le recteur est nommé par Alger. Elle n’en a rien fait. Tout se passe comme si elle était habitée non par le souhait de sauver la France, mais par le désir de garder, avec la boutique « Rassemblement national », le statut d’ « opposante officielle » du Président.

    Elle avait déclaré au Figaro que ce serait sa dernière campagne ?

    Oubliée cette déclaration de campagne. Elle se voit repartie pour un tour de manège. En avant pour 2027, voire 2032 !

    Eric Zemmour marque, dans sa déclaration après le second tour de la Présidentielle, que c’est la huitième fois que le nom Le Pen est en échec lors d’une grande élection. Ne met-il pas là le doigt sur une forme de malédiction historique ?

    Avait-il raison de donner l’impression de déterrer si vite la hache de guerre ? La remarque de Zemmour est juste factuellement. Mais pourquoi voir dans ce bilan une malédiction ? Ce qui reste à savoir, c’est s’il est possible de gagner dans un système où la totalité des journaux (Présent et Monde et vie mis à part), et les médias télévisés (au moins TF1, France 2, France 3, M6) roulent pour un seul candidat, où les corps intermédiaires du Medef à la CGT, des syndicats agricoles aux chasseurs, votent pour le même candidat. Comme l’a exprimé l’hespérialiste belge David Engels avec force au dernier colloque de notre Institut Iliade : « Ne nous trompons pas : ce n’est pas par le biais de processus démocratiques conventionnels que nous obtiendrons la victoire […] parce que l’ensemble du système politique actuel, malgré le pluralisme formel, est si unilatéralement dominé par le libéral-gauchisme qu’il rend une victoire électorale globale de la “droite” impossible dans les faits et ne peut donc être qualifié de démocratique que dans une mesure limitée. Qu’il s’agisse de l’orientation gauchiste des médias, de l’école, de l’université, du monde professionnel, des institutions de l’État ou des fonctions politiques : partout, la synchronisation idéologique est telle que seules des infimes nuances de gauchisme semblent être tolérées, tandis que tout mouvement patriotique culturel est soit étouffé, soit désintégré de l’intérieur, soit discrédité ou éradiqué. » Dans le contexte dialectique occidental, le changement par les urnes est impossible à court terme. On notera que les seuls pays qui aient des gouvernements identitaires et conservateurs ont des médias pluralistes, c’est-à-dire qu’à côté des médias financés par Soros, il y a dans ces pays des médias indépendants, à une échelle que l’on ne trouve pas en France. Regardez Victor Orban : pour lui, le combat culturel se prépare dès maintenant, il est pour l’après, quand il ne sera plus au pouvoir. Je ne résiste pas à préciser que l’interventionnisme du président ukrainien Zelensky à l’international, lui a rendu service. Les Hongrois, contrairement aux Français, ne s’y sont pas laissé prendre, sans doute parce que ce sont de proches voisins.

    Pour finir sur Marine Le Pen, j’irais droit au but : est-elle compétente ?

    Elle donne l’impression, même quand elle s’est bien préparée comme lors du dernier débat présidentiel, de manquer de confiance en elle sur les sujets techniques. Tout en refusant de s’aventurer par terreur du politiquement correct sur les sujets transgressifs. Mais cette avocate de formation a des qualités politiques majeures : elle sait écraser ses adversaires et purger son propre parti avec une grande constance depuis 2002. Elle n’est pas là où elle est, simplement par hasard ou par héritage. Ses compétences comme « tueuse » ne sont plus à démontrer.

    Que signifie pour vous cette deuxième victoire – éclatante pour le coup – d’Emmanuel Macron ?

    Victoire éclatante au vu des chiffres, je veux bien. Mais c’est un pur produit de sa stratégie médiatique depuis cinq ans. Le duel était annoncé depuis cinq ans. Il a suffi de sélectionner Marine Le Pen comme meilleure opposante, de la ménager avant le premier tour, de la tabasser entre les deux tours, en menant un procès médiatiquement unanime en diabolisation et en incompétence. Et de la re-ménager, une fois l’affaire électorale faite, pour qu’elle puisse resservir si besoin dans un nouveau duel.

    Le jeu est le même depuis longtemps. J’ai un ami médecin qui a soigné Jean-Marie Le Pen en 2002 au moment où il a dû se lancer dans une campagne de second tour. C’était exactement la même chose ; « Ils sont très gentils avec moi, disait Le Pen à l’époque en parlant des journalistes, je crois qu’ils veulent me faire monter au second tour ». Dans l’entre-deux tours, oubliées les gentillesses qui avaient pour but de faire passer Le Pen devant Lionel Jospin. Les antifascistes d’opérette étaient remontés comme des pendules. Ce théâtre-là, cette théâtrocratie antifasciste fonctionne encore. Mais le but de Chirac était, grosso-modo le statu quo. Diriez-vous la même chose de Macron ?

    Macron est un liquidateur, au double sens du mot liquide et liquider. Il promeut une société liquide, où les invariants, les institutions structurantes, les repères français sont appelés à disparaître. Et il se livre à cette liquidation en toute discrétion. Un exemple : Il supprime les grands corps de l’Etat (en ce moment-même les concours du Quai d’Orsay) pour les remplacer par des Cabinets de conseil ; il laisse les fonds de pension faire main basse sur l’industrie française. Il crée de la dette et considère comme parfaitement acceptable un déficit de la balance commercial de 85 milliards d’euros. Voyez la formidable escroquerie de la campagne du Premier tour sur le pouvoir d’achat : la vérité, c’est que quand un pays achète plus qu’il ne vend à l’étranger, il n’a pas d’argent magique à distribuer. Il doit se serrer la ceinture (et serrer la ceinture des citoyens bien sûr) pour payer ses dettes. Et quand il a le choix entre des étrangers et des citoyens, il doit limiter les dépenses d’assistance aux étrangers et à leurs descendants pour ménager les citoyens. La Campagne a laissé l’impression que le meilleur président est celui qui ouvrirait le plus vite le chéquier de la nation. Macron joue ce jeu avec cynisme pour mieux faire sortir la France de l’histoire. Il gagne du temps en augmentant la dette, pour mieux liquider l’identité culturelle de la France, à travers l’éducation nationale (la récente destruction du Bac est tellement flagrante qu’on veut déjà la réformer), les arts et la place toujours plus grande faite aux populations d’origine étrangère.

    Macron rencontre du point de vue catégoriel, deux succès écrasants : auprès des personnes âgées et auprès des plus jeunes (18-24 ans). Comment expliquez-vous ce double succès d’apparence contradictoire ?

    Oh ! Très simplement. En ce qui concerne les vieux, c’est la génération soixante-huitarde : ils sont viscéralement progressistes même si ce sont des progressistes installés, ils n’ont jamais vraiment pensé à leur descendance. On a dit que la Du Barry disait au temps de sa gloire ; « Après moi le déluge ». Aujourd’hui cette formule identifie toute une génération – ceux que vous appelez « les personnes âgées » – une génération qui nous a préparé l’enfer par son insouciance. Leurs petits enfants seront minoritaires dans leur propre pays. Quant à ce que vous dites des jeunes qui voteraient Macron, ces 18-24 ans, ce sont les plus sensibles à la propagande d’Etat. Ils s’en guériront avec l’âge et les leçons que la vie ne va pas manquer de leur donner. Pour l’instant le vote des jeunes est la seule « réussite » de l’Éducation nationale.

    Que vous évoque la géographie électorale de ce scrutin ?

    Il faut mesurer à leur juste valeur les analyses de Christophe Guilluy sur l’opposition entre les centres urbains et les périphéries. Je prendrais l’exemple de la Nièvre, un département marqué par François Mitterrand et par le socialisme dans les années 70. J’ai connu une époque où le Front National faisait moins de 5 % dans ces terres qui lui étaient peu favorables. Aujourd’hui, dans la Nièvre, Marine a fait 30 % des suffrages au premier tour et elle arrive en tête du Second tour. On peut, plus ou moins, faire les mêmes remarques sur d’autres départements qui représentent la France périphérique, comme les Ardennes, la Meuse ou les Vosges, dans lesquels Marine Le Pen est également arrivée en tête. A l’opposé, la Seine-Saint-Denis, département phare du FN dans les années 1980, a voté à près de 50 % pour Mélenchon au premier tour et à 75 % pour Macron au second tour. C’est la France du Grand Remplacement. Electoralement, ce concept que la campagne de Zemmour nous permet d’utiliser largement, ne correspond pas seulement à un vote ethnique mais aussi à un vote politique pour le remplacisme, puisque à l’opposé, Marine est arrivée largement en tête dans les départements d’Outre-mer comme la Martinique, la Guadeloupe la Réunion, ou la Guyane.

    Comment se présente la situation politique à la veille des Législatives ?

    De la façon la plus simple à travers la coagulation de différents blocs. Il y aura d’abord un bloc centriste, avec la République en Marche, le Modem et les résidus post-sarkozistes des  LR. Il y a ensuite un grand bloc de gauche autour de Mélenchon, auquel se rallieront socialistes et écolos. La sagesse voudrait qu’il y ait en face de ces deux blocs, une union des droites autour de candidatures issues du RN, de Reconquête ou de Debout la France, voire des députés LR du sud, non-ralliés à Macron. Un tel bloc pourrait porter à l’Assemblée nationale entre 100 et 150 députés. Mais l’union dépend de la volonté du plus fort de la faire ou non. Marine Le Pen est à la croisée des chemins et tout indique à l’heure où nous parlons qu’elle ne souhaite pas d’union nationale. Le Rassemblement National, dans ce cas, pourra peut-être prétendre à constituer un groupe à l’Assemblée avec une vingtaine de membres. Cela paraît suffire à la présidente qui, bien qu’elle soit elle-même députée, n’a jamais prisé le combat dans les deux chambres. En outre, elle ne veut pas d’un groupe trop abondant, avec les difficultés dans la gestion des hommes que cela implique. Et enfin, last but not least, disons qu’elle a besoin de renflouer les caisses de son Parti avec un maximum d’électeurs se portant sur les listes du RN. Passera-t-elle au-dessus de ces raisons ? Non, entre sauveuse ou boutiquière elle a hélas choisi. Héritière je suis, rentière je demeure, boutiquière un jour, boutiquière toujours.

    Quel sera le rôle de Reconquête, puisque vous êtes membre de son Comité politique ?

    La politique ne consiste pas seulement à gagner des mandats, mais à faire avancer des idées et à gagner des combats, en étant présents à la fois sur les réseaux sociaux et sur le terrain, en multipliant les opérations concrètes, contre l’implantation d’éoliennes, de foyers d’immigrés clandestins, etc. Le combat politique, c’est 365 jours par an et non une fois tous les cinq ans. Il faut continuer à déplacer la fenêtre d’Overton, comme l’a fait Eric Zemmour durant toute la campagne présidentielle. Reconquête n’aura que quelques élus aux législatives. Mais dans deux ans, les élections européennes seront plus favorables à Reconquête, comme aux diverses formations émergeantes. Il suffit en effet d’obtenir 5 % des voix pour faire élire des députés selon un scrutin proportionnel. Il n’y a donc pas de votes utile. Quant à la liste, elle sera simple à composer, recoupant l’actuel Bureau exécutif de Reconquête pour la défense justement de la civilisation européenne et chrétienne. Ajoutons que les européennes ont toujours été favorables aux formations nouvelles et que sociologiquement l’électorat de Reconquête est moins abstentionniste que celui du RN.

    Quel est ce nouveau Bureau exécutif?

    Il tient en trois pôles : l’animation des fédérations est confiée à Nicolas Bay secondé par Damien Rieu pour la propagande (il ne faut pas avoir peur des mots !). Les relations politiques, les élus et le porte-parolat sont confiés à Guillaume Peltier. Et les études et la formation sont l’affaire de Marion Maréchal. Chacun a ainsi trouvé sa place de manière assez harmonieuse.

    Jean-Yves Le Gallou, propos recueillis par Guillaume de Tanoüarn (Polémia, 5 juin 2022)

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  • L'immonde autocratie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré à la pratique autocratique du pouvoir telle qu'elle s'est installée au sein de la Ve République depuis plusieurs années, pour atteindre son paroxysme avec Emmanuel Macron.

    Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014). Il a également publié des biographies d'André Tardieu (Perrin, 2019) et de Georges Bidault (Perrin, 2022).

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    L'immonde autocratie

    Il est des circonstances exceptionnelles, dans l’histoire, où l’intuition d’un homme ou d’une femme bouleverse le cours du destin. Elles sont connues: la rencontre de Jeanne et du Dauphin, le 18 Brumaire qui met un terme au chaos révolutionnaire, ou l’Appel du 18 juin. Les héros n’ont d’ailleurs aucun intérêt à s’éterniser – ou s’institutionnaliser – car la durée leur est généralement défavorable et ternit la mémoire de leur exploit.

    Pour le reste, le bien d’une communauté nationale est toujours, toujours le fruit d’un dialogue entre plusieurs visions ou sagesses. Les grands Capétiens qui ont fait la France ne décidaient rien seuls. Les choix décisifs pour le pays s’effectuaient à l’issue d’interminables débats au Conseil du roi, entouré des plus grands esprits d’une époque. Toute bonne décision est le fruit d’une délibération prenant en compte un cadre historique, institutionnel, les mentalités dominantes, le respect des principes collectifs et des traditions nationales ou diplomatiques, la volonté de préserver l’unité.

    La République parlementaire avait de gigantesques défauts, notamment l’instabilité gouvernementale: encore que celle-ci était largement de surface et couvrait la permanence d’hommes d’Etat qui revenaient d’un ministère à l’autre. Avec ses faiblesses, elle se prêtait – mieux qu’aujourd’hui – à l’impératif de dialogue et de concertation d’où sont sorties de grandes politiques, par exemple le développement des libertés sous la IIIe République ou les conditions des Trente glorieuses sous la IVe.

    La France, au fil des décennies depuis l’instauration de la Ve République, a fait naufrage dans l’autocratie. Le processus est de long terme: l’actuel occupant de l’Elysée n’en est pas l’inventeur, même s’il en est le produit et désormais l’incarnation paroxystique. Cela signifie qu’elle remet son destin, non pas à la délibération d’une équipe consciente des nécessités de l’intérêt général, mais aux seuls soubresauts psychologiques d’un individu.

    La faute suprême est de penser que le parcours politique de ce dernier qui l’a porté à la fonction suprême est la garantie d’une intelligence supérieure qui lui servira de boussole pour guider le pays. Non, l’intelligence, celle qui permet de percevoir les enjeux historiques d’une époque et les décisions optimales qui s’en dégagent, n’a strictement aucun rapport. Sa réussite elle est plutôt le fruit d’une exceptionnelle mégalomanie et de la désinhibition, c’est-à-dire l’ambition maladive de s’asseoir sur le trône et l’absence de surmoi (ou de conscience) qui libère de tout scrupule à tuer le père, à trahir ses amis et à ériger le mensonge, les manipulations et l’hypocrisie en système de pouvoir.

    L’autocratie à la française est un mode de pouvoir qui substitue, comme critère essentiel des choix à accomplir, la vanité d’un individu au sens de l’intérêt général. Elle débouche sur des politiques qui exaltent l’apparence, la surface des choses, la mise en valeur de l’image du chef, au détriment de l’avenir collectif: d’où l’augmentation vertigineuse de la dette publique, l’effondrement scolaire ou industriel du pays, l’indifférence aux phénomènes de désintégration qui se manifestent par l’explosion des violences. L’autocrate ne s’intéresse pas (ou peu) au long terme, mais au coup d’éclat qui fait parler de lui, le montre en provocateur audacieux, le met en valeur, sublime sa personne, quel qu’en soit l’incohérence ou les effets délétères. Son objectif essentiel est la « trace » qu’il laissera.

    Ce mode d’exercice du pouvoir – l’autocratie – s’appuie sur le culte de la personnalité, l’exaltation médiatique et obsessionnelle d’un visage. Il favorise la courtisanerie, l’obséquiosité d’un cercle d’hommes et de femmes prêts à se prosterner pour bénéficier de la lumière qui en émane. Elle se fonde sur une logique de servitude volontaire, consiste à attiser, manipuler les émotions collectives, notamment la peur, pour les convertir en allégeance au sauveur ou protecteur national. Le mythe du sauveur – comme celui du « bouc émissaire »- est de toutes les formes de propagande, la plus fertile.

    La question centrale n’est pas la Constitution de 1958. Son application à la lettre (article 5, 20, 21), ne conduit pas forcément à l’autocratie. Elle tient plutôt à l’état de la société, son narcissisme croissant (« l’ère du vide » de Lipovetski 1983), sa dépolitisation et sa surmédiatisation, son déclin intellectuel qui la pousse à l’exaltation obtuse plutôt qu’à l’esprit critique, à un certaine certaine tradition française sensible au plumage du paon … Toujours est-il que de décennie en décennie, la sublimation d’un individu l’emporte sur les choix d’intérêt général et de long terme.

    Il ne fait (à mes yeux) aucun doute que ce mode de gouvernement fondé sur la vanité au détriment du bien commun contribue fortement au déclin de la France sur le long terme: désindustrialisation accélérée, effondrement scolaire, désœuvrement généralisé, ou chômage de masse, fragmentation de la société et violence, appauvrissement, explosion de la dette collective, désorganisation et déclin des grands services publics.

    Comment en sort-on? La meilleure solution est d’en sortir par la voie démocratique. Dans trois semaines, les Français ont une occasion inespérée de lancer un message puissant contre la dérive autocratique de leur système politique en refusant d’élire « une majorité présidentielle absolue ». En soi, cela ne réglera pas tous les problèmes évidemment. Mais le refus d’une majorité absolue marquerait un coup d’arrêt et le début d’une prise de conscience. Aucun risque d’aggraver l’impuissance publique: elle est déjà totale, masquée par une débauche d’exubérance narcissique.

    Cependant, rien ne permet de parier que cette prise de conscience est en voie de se produire. Il peut tout autant ne rien se passer du tout pendant de longues années, la poursuite d’un grand naufrage dans un monde d’exaltation vaniteuse, de mensonges et de courtisanerie, tandis que le déclin se poursuit inexorablement. Mais en l’absence de solution démocratique, un soulèvement populaire est tôt ou tard à redouter: il suffit parfois de peu de chose, une étincelle dans le baril de poudre.

    Maxime Tandonnet (Blog de Maxime Tandonnet, 25 mai 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (376)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Le Parlement Européen "dansait l'Europe" à l'occasion de la clôture de la Conférence sur l'avenir de l'Europe. Retour sur les images d'une chorégraphie lunaire "made in France" !
    • 2 - Ukraine : Les USA entrent en guerre !
      Les révélations récentes du New York Times sur l'implication des Etats-Unis en Ukraine ont du mal à traverser l'océan Atlantique. Les médias français taisent ces nouvelles pourtant décisives. Une escalade du conflit serait à prévoir, et elle ne vient pas du Kremlin...
    • 3 - Revue de presse
      Un porte-parole de la maison blanche noire et lesbienne, un retrait de candidature en catastrophe, un attentat à Marseille, le rapport explosif du Sénat sur l'immigration et une rencontre entre Elon Musk et Thierry Breton ... Ne ratez rien de l'actualité de cette semaine avec notre revue de presse.
    • 4 - Le sacre de Macron, contre-feu ?
      L'investiture républicaine de Macron a tourné au sacre Jupitérien samedi dernier. Les journalistes redoublent d'efforts pour plaire au nouveau monarque. Et si cet épisode en camouflait un plus important ?

                             

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  • Élection présidentielle : les médias de grand chemin ont sorti l’artillerie lourde...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'Observatoire du journalisme consacré à la campagne médiatique massive qui a d'abord visé Eric Zemmour puis Marine Le Pen, ostracisant ainsi 13 millions d'électeurs...
     

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    Élection présidentielle : les médias de grand chemin ont sorti l’artillerie lourde pendant la campagne électorale
     
    Si certains pensaient que le respect du pluralisme avait fait des progrès en France, ils en sont pour leurs frais. Alors que 13 millions d’électeurs ont porté leurs suffrages à Marine Le Pen lors du 2ème tour de l’élection présidentielle, le Rassemblement National et ses soutiens continuent à être stigmatisés et à être considérés comme infréquentables. Avant le premier tour, c’est Éric Zemmour qui subissait les foudres de l’oligarchie médiatico-politique. Dans cette mise au ban, les médias de grand chemin prennent toute leur part. Nous en avons parlé brièvement le 25 avril 2022. La revue de presse qui suit rentre plus dans le détail.
     

    Le paratonnerre Zemmour

    De nom­breux com­men­ta­teurs de la vie poli­tique en con­vi­en­nent : Éric Zem­mour a durant la cam­pagne élec­torale précé­dant le 1er tour de l’élection prési­den­tielle servi de para­ton­nerre à Marine Le Pen. Les médias de grand chemin ont en effet fait feu de tout bois pour écarter le can­di­dat Éric Zem­mour du cer­cle de la respectabil­ité et l’ostraciser.

    L’OJIM y a con­sacré quelques arti­cles, notam­ment à l’occasion d’un meet­ing à Nantes, d’un déplace­ment à Mar­seille et d’une tri­bune des « jour­nal­istes-pas-com­plices ».

    L’approche du 2ème tour de l’élection prési­den­tielle a été mar­quée par un retourne­ment de sit­u­a­tion. De nom­breux « peo­ple » et jour­nal­istes ont rival­isé d’efforts pour dia­bolis­er le vote en faveur de la can­di­date du Rassem­ble­ment national.

    Les médias de grand chemin en campagne pour Emmanuel Macron

    Pour ne citer que deux exem­ples des nom­breuses tri­bunes appelant à faire bar­rage à Marine Le Pen, le 15 avril, dans L’Express, un col­lec­tif de pro­fes­sion­nels de san­té expri­mait « sa préoc­cu­pa­tion quant au pro­jet porté par la can­di­date du RN ».

    Le 20 avril, Libéra­tion nous infor­mait que « près de 300 per­son­nes issues du monde du sport se sont rassem­blées à la Mai­son du judo à Paris pour appel­er à faire bar­rage à l’extrême droite le 24 avril ».

    Mais les médias de grand chemin ne se sont pas con­tentés de relay­er des appels à vot­er en faveur d’Emmanuel Macron. Nom­bre d’entre eux ont de façon totale­ment décom­plexée fait eux-mêmes cam­pagne pour le can­di­dat LREM.

    Les exem­ples de ce par­ti-pris sont innombrables :

    Le 8 avril, Chal­lenges entendait nous faire savoir « com­ment Marine Le Pen cam­ou­fle ses folies budgé­taires ».

    France 24 repre­nait mot pour mots le ver­ba­tim de mil­i­tants écol­o­gistes dans un arti­cle au titre inquié­tant : « avec Marine Le Pen au pou­voir, “il n’y aurait aucun espoir” pour la planète ».

    Le Parisien n’a égale­ment pas ménagé ses efforts pen­dant la cam­pagne élec­torale pour ori­en­ter le choix de ses lecteurs. Le 19 avril, il s’agissait de met­tre en lumière « les 5 failles du pro­gramme économique » de Marine Le Pen.

    Ce qui fut jadis un jour­nal de référence et qui est devenu un jour­nal de déférence à l’idéologie “woke”, Le Monde, nous met­tait grave­ment en garde le 9 avril : « absten­tion, extrême droite, les pièges du pre­mier tour».

    Le Figaro, à l’image d’une grande par­tie de son lec­torat, a mul­ti­plié les arti­cles très cri­tiques à l’encontre de Marine Le Pen, tout en ménageant Emmanuel Macron, présen­té comme plus « raisonnable », bien qu’il ait lit­térale­ment « cramé la caisse » durant son mandat.

    Le ser­vice pub­lic de radiod­if­fu­sion, fidèle à son ori­en­ta­tion idéologique, n’a pas été en reste. Pour ne don­ner qu’un exem­ple, le 19 avril, dans un nou­v­el exer­ci­ce de dia­boli­sa­tion, France Info entendait nous démon­tr­er «pourquoi le pro­gramme de Marine Le Pen reste ancré à l’ex­trême droite, mal­gré la dédi­a­boli­sa­tion ».

    Par­fois, des médias ont util­isé les car­i­ca­tures les plus abjectes pour dia­bolis­er la can­di­date du RN, à l’image du site d’information Politico.eu, qui a représen­té avant le 2e tour Marine Le Pen en men­ace gri­maçante de «la fin de l’Europe ». Rien que ça ! Ou bien Cour­ri­er inter­na­tion­al (voir notre papi­er du 25 avril supra)

    Les informations auxquelles vous avez échappé

    Cha­cun se sou­vient que durant la cam­pagne élec­torale en vue de l’élection prési­den­tielle organ­isée en 2017, les médias de grand chemin ont mené tam­bour bat­tant un sto­ry­telling ali­men­té par les casseroles de François Fil­lon et ses démêlés judi­ci­aires. Chaque jour appor­tait son lot de nou­velles révélations.

    En 2022, le con­traste a été sai­sis­sant. Les affaires Mc Kin­sey (« Mc Kin­sey gate »), Roth­schild (« Roth­schild gate ») et les accoin­tances trou­blantes entre Ursu­la Von Der Leyen et Emmanuel Macron mis­es en lumière par le site Breizh info, ont avant le pre­mier tour de la prési­den­tielle rapi­de­ment déserté les jour­naux télévisés et les autres médias.

    Tout sem­ble avoir été fait pour laiss­er une paix royale au can­di­dat Macron, un can­di­dat aux innom­brables casseroles (celles que nous venons de citer, Fes­sen­heim, Alstom, endet­te­ment faramineux du pays etc.), au pro­gramme poli­tique famélique, dévoilé au dernier moment. Un can­di­dat qui par ailleurs n’a con­cédé par­ticiper qu’à un seul débat con­tra­dic­toire lors de l’entre-deux tours.

    Cela ame­nait Anne-Sophie Chaz­a­ud à com­menter sur Facebook :

    « En France, au regard de la quin­zaine pro­pa­gan­diste pro-Macron absol­u­ment déli­rante et car­ac­téris­tique d’une République bananière que nous venons de vivre, il n’a même pas été néces­saire d’activer plus qu’à l’accoutumée des dis­posi­tifs spé­ci­aux de cen­sure sur les réseaux : les médias ont fait le boulot tout seuls, spon­tané­ment, en amont ».

    Difficile liberté d’expression

    Dans ce con­texte, il faut saluer les rares voix dis­cor­dantes dans le con­cert de louanges envers le can­di­dat Emmanuel Macron. Nous en citerons deux.

    Tatiana Ven­tôse ani­me avec un suc­cès pop­u­laire cer­tain l’émission Fil d’actu sur YouTube. A l’issue du pre­mier tour de la prési­den­tielle, la jour­nal­iste indépen­dante issue de la France insoumise a essayé de lancer un appel à vot­er con­tre Emmanuel Macron lors de 2e tour. Elle décrit dans une vidéo l’impossibilité à laque­lle elle a été con­fron­té de men­er son pro­jet à bien. Elle décrit en par­ti­c­uli­er l’impossibilité dans le milieu des intel­los, pré­caires ou pas, à affich­er des con­vic­tions « déviantes ».

    Au final, l’appel qui devait paraître dans le jour­nal Mar­i­anne n’a jamais vu le jour, bien que T. Ven­tôse ait recueil­li quelques signatures.

    Elle donne un autre exem­ple, qui con­cerne une inter­view d’un jour­nal­iste qui souhaitait témoign­er de son oppo­si­tion à Macron durant l’entre-deux tours au micro d’une radio de grande audience.

    L’interview n’a jamais été dif­fusée en rai­son de nom­breuses pres­sions au sein de la radio. On ne sait pas de quel média il s’agit, les noms ayant été gardés anonymes pour préserv­er la volon­té des intéressés. Ces deux exem­ples mon­trent une nou­velle fois le cli­mat de ter­reur intel­lectuelle, en par­ti­c­uli­er dans le milieu des médias, qui règne en France, un pays dont les dirigeants ne cessent de se gar­garis­er de mots ron­flants tels que « droits de l’homme», « démoc­ra­tie », « état de droit ».

    Del­phine Wespis­er est une anci­enne Miss France qui a des opin­ions poli­tiques et ne s’en cache pas. Dans une vidéo mise en ligne sur Twit­ter, elle explique son sou­tien à Marine Le Pen pour le 2e tour de l’élection prési­den­tielle. À la suite de cette mise en ligne, Del­phine Wespis­er a subi une avalanche d’insultes et de pro­pos peu amènes sur les réseaux soci­aux. Elle a égale­ment, selon 20 Min­utes, été écartée jusqu’à la fin du sec­ond tour de la prési­den­tielle de l’émission « Touche Pas à Mon Poste ». Le quo­ti­di­en gra­tu­it apporte une autre infor­ma­tion : « Après avoir défendu Marine Le Pen, (elle) a pris une déci­sion rad­i­cale : elle ne par­lera désor­mais plus jamais de poli­tique ». Une nou­velle preuve que dans la France de 2022, la lib­erté d’expression est un con­cept par­fois vide de sens.

    Nous ter­minerons cet arti­cle par un extrait de la vidéo de Tatiana Ventôse :

    « On est dans une péri­ode où se passe exacte­ment ce qu’on avait prédit si Marine Le Pen arrive au pou­voir. On n’est pas cen­sé être dans cette péri­ode-là. On n’est pas cen­sé être dans une péri­ode où l’on cen­sure la presse, où des gens se font vir­er parce qu’ils ont pris hors antenne des posi­tions poli­tiques, (…), où penser d’une cer­taine manière est pro­hibé, et si tu pens­es d’une manière un peu dif­férente, tu es mis à l’index, tu es mar­gin­al­isé, voire on te garan­tit une mort économique et sociale, et puis démerde toi… »

    Dans l’océan de con­formisme ambiant, il reste quelques vigies autour du flam­beau de la lib­erté d’expression plus que jamais menacée.

    Observatoire du journalisme (Observatoire du journalisme, 2 mai 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (375)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro spécial de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Maintenant que l'élection présidentielle est jouée, I-Média vous propose de décrypter en profondeur toutes les manipulations auxquelles les "médias de grand chemin" se sont livrés au cours de cette campagne. L'émission est une version détaillée, et plus exhaustive, d'un article de Jean-Yves Le Gallou publié sur le site de la fondation Polémia, dans lequel il décline, sous forme satirique, le décalogue du journaliste pour cette campagne.

    Diabolisation en deux temps, choix des thèmes par les médias, un duel Macron - Le Pen imposé par les instituts de sondage, l'exploitation de la guerre ou de la pandémie... Une campagne qui, à défaut d'avoir été palpitante, aura été riche en enseignements sur les travers et les vices du journalisme français.

     

     

                                                

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  • Le déclassement diplomatique français...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Georges Malbrunot à Jean-Baptiste Noé, pour la revue Conflits, afin d'évoquer son livre Le déclassement français, écrit avec Christian Chesnot. Georges Malbrunot est journaliste au Figaro, spécialiste du Proche-Orient.

     

                                            

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