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crise - Page 17

  • Inévitable protectionnisme ?...

    Les éditions Gallimard publient cette semaine, dans leur collection « Le débat », un essai de Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger et Adrien de Tricornot, intitulé Inévitable protectionnisme. Les trois auteurs ont la particularité d'être journalistes respectivement à L'Expansion, L'Express, et au Monde économie, trois journaux qui étaient jusqu'à présent des bastions de l'idéologie néo-libérale. Les temps changeraient-ils ?...

     

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    "Le protectionnisme est le dernier tabou des élites européennes. Malgré la violence de la crise, la suprématie du libre-échange demeure une croyance indiscutée. C’est cette interdiction de débattre que les auteurs, journalistes économiques de la nouvelle génération, ont voulu lever dans ce livre sans a priori idéologique. Le constat est cruel : l’idéologie libre-échangiste, devenue hégémonique à la fin du siècle dernier, est aujourd’hui battue en brèche par les faits. Dans les pays en développement, l’amélioration du niveau de vie, réelle dans certains cas, s’est avérée illusoire dans beaucoup d’autres. Dans les pays développés, la mondialisation a creusé des inégalités qui menacent de corroder le tissu social de nos sociétés. Le temps est donc venu pour l’Europe de définir un protectionnisme positif, européen, social et écologique, à l’opposé du nationalisme et du repli sur soi. C’est ce à quoi s’emploie cet ouvrage, qui étudie les conditions de la mise en oeuvre d’un tel dispositif et la manière dont il pourrait s’appliquer concrètement dans la vie des Européens."

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  • "Toutes les fautes financières de l’UE sont parties de la City"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien accordé par Hervé Juvin à Coralie Delaume, cueilli sur Causeur et consacré à la crise des dettes européennes...

     

     

     

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    Coralie Delaume. L’euro vient d’avoir dix ans mais cet anniversaire a été célébré dans l’inquiétude plus que dans la joie. Le dernier « sommet de la dernière chance » a abouti a un accord dit « 17 + ». Cet accord va-t-il contribuer à sauver notre monnaie ou est-ce un leurre ?

    Hervé Juvin. Les sommets dits « de la dernière chance » se suivent et se ressemblent… et la presse anglo-américaine n’a pas tort de considérer qu’aucun sommet n’a apporté la solution à la crise de l’euro ! Pourquoi ? Parce que ce qu’il est convenu d’appeler la crise de l’euro est un effet de la crise américaine et de l’insoutenable explosion financière anglo-américaine.

    Il n’y a donc pas crise européenne à proprement parler ?

    Disons qu’il y a bien un problème d’excès de dépenses publiques en Europe. De même, il y a bien un problème avec l’euro-mark, surévalué pour les pays du Sud. Mais cela seul ne justifie pas la crise actuelle.
    Pour les « eurosceptiques », le mal est dans le principe même de l’Union monétaire, qui serait proche de l’explosion. C’est ce que répètent semaine après semaine les grands quotidiens et magazines anglo-américains, avec une constance qui relève de l’idéologie, ou du rideau de fumée. En réalité, la décomposition politique américaine est probablement bien plus avancée et plus grave que la crise européenne, et les banques américaines bien plus en risque que leurs homologues européennes : si elles avaient à faire jouer les CDS (credit default swap) , la totalité du système bancaire américain exploserait. Pour les « euroconfiants », l’Europe progresse à son rythme et selon ses règles, en prenant son autonomie à l’égard des modèles, des systèmes et des diktats anglo-américains. Si Hermann van Rompuy peut dire que l’année 2011 fut « annus mirabilis » pour l’UE, c’est parce qu’il juge que l’accord de décembre engage celle-ci sur la voie de la convergence fiscale, de la cogestion budgétaire, redonne aux pays fondateurs leur rôle, assure peu à peu l’autonomie de l’Europe à l’égard des agences de notation, des marchés anglo-américains, et éloigne de l’Union les prédateurs comme la Grande-Bretagne, la Tchéquie et quelques autres inféodés à Washington. Crier ainsi victoire demeure toutefois prématuré. Nous verrons en 2012. Car ce qui se joue ici n’est pas économique mais politique.

    Comment analysez-vous la crise européenne de la dette ?

    Les Américains ne veulent pas payer l’impôt, les Européens ne peuvent plus payer l’impôt ! La fuite en avant des dépenses publiques (folie des collectivités territoriales en France, suradministration, multiplication des assistances inconditionnelles, etc.) est insoutenable.
    Elle ne suffit pourtant pas à expliquer la crise de la dette, d’autant que, à la différence de la Grèce, dans la plupart des pays européens, et notamment en France, la machine fiscale fonctionne, et fonctionne bien : peu d’argent échappe à l’impôt.

    Folie dépensière, donc. Mais alors, comment expliquez-vous qu’un pays aussi endetté que le Japon, par exemple, ne connaisse pas les mêmes problèmes que l’Europe ?

    Prenons l’exemple de la France. Deux erreurs y ont été commises. D’abord, celle du recours massif aux capitaux extérieurs pour financer la dette. L’Agence France Trésor s’est félicitée que 70 % de la dette publique de la France soit détenue à l’étranger ! C’est oublier qu’une dette détenue par les nationaux n’est rien d’autre qu’un impôt différé, et que l’inflation peut la réduire. A l’inverse, une dette détenue majoritairement à l’extérieur reste une dette, et le défaut est le seul moyen de la diminuer vraiment. En interdisant à nos résidents d’acheter des titres de dette publique, nous avons bradé la souveraineté nationale pour quelques points de base de taux d’intérêt en moins ! Le Japon, bien plus endetté , n’a pas de problème parce que 90 % de sa dette publique est détenu par ses propres résidents ! Seconde erreur : l’achat de la paix sociale par l’argent public, non contrôlé et non administré, comme le démontre la politique du financement associatif aussi bien que celle de l’assistance, avec les effets de rente auxquels les deux donnent lieu, et qui vont être, plus que la dette, à l’origine de la grande colère des classes moyennes à venir.

    Comment doit-on interpréter l’attitude du Royaume-Uni : son comportement de « cavalier solitaire » est-il le fait d’un égoïsme condamnable ou défend-il légitimement ses intérêts nationaux ?

    David Cameron a été élu avec l’argent de la City, notamment des hedge funds, et défend des intérêts particuliers qui se confondent de moins en moins avec ceux de la Grande-Bretagne : ceux de la minorité dont l’argent décide des élections. Toutes les fautes commises par les pays de l’Union en matière financière sont parties de la City, à commencer par les fameux « trois D » – déréglementation, désintermédiation, décloisonnement – du Big Bang de 1986 , qui ont détruit les institutions boursières continentales, et avec elles la confiance des investisseurs. La City est un lieu funeste où la finance criminelle a libre cours, et qui n’a pas sa place en Europe.
    Dans le même temps, la politique traditionnelle anglaise reprend son cours. Elle a toujours consisté à briser tout projet d’union de l’Europe continentale, considéré comme une menace pour l’indépendance britannique. Avec le concours intéressé des Etats-Unis, elle est toujours parvenue à casser l’unité de l’Europe. Nous verrons bientôt si elle y parvient une fois encore.

    Cette attitude a priori égoïste des anglais ne témoigne-t-elle pas d’un échec patent de l’Europe post-nationale ? Paradoxalement, n’assiste-t-on pas, à mesure que les Etats se départissent de pans entiers de leur souveraineté (monétaire, budgétaire), à un réveil des nations d’Europe ?

    Le mouvement est en effet contradictoire, et les débats qui ont pris un tour imprévu autour du « directoire allemand » imposé à l’Union par la seule puissance qui affirme avec constance une stratégie d’autonomie à l’égard de la finance anglo-américaine, sont frappants. La résurgence des sentiments nationaux est brutale, notamment en France à l’égard et de l’Allemagne – Bismarck, les casques à pointe – et de l’Angleterre – Jeanne d’Arc, Toulon. Ceci devrait conduire à réfléchir davantage ceux qui saluent la sortie de l’Angleterre de l’Union et accueillent avec plaisir l’ordre allemand en Europe continentale. Les Français sont-ils gouvernables comme les Allemands ? Il y a quelques raisons d’en douter. Il y a quelques raisons d’estimer que nous nous trouvons devant des choix historiques, devant lesquels nos dirigeants, hommes de tactiques et d’habiletés plus que de vision et de conviction, sont singulièrement démunis. Il y a aussi quelques raisons de considérer que l’état d’apesanteur politique dans lequel la naïveté mondialiste et sans-frontièriste a tenu la majorité des européens – le monde est une grande famille, et autres poncifs – n’aidera guère à répondre à des questions dont il a été répété sur tous les tons qu’elles ne se posaient pas – par exemple, celles de la souveraineté nationale.
    Eh bien si, ces questions se posent ! Et nous n’en avons pas fini avec notre condition politique, malgré les sottises déversées depuis des décennies sur l’unité planétaire et la démocratie mondiale !

    Mais comment l’Europe peut-elle encore renouer avec sa condition politique ? Ne sommes nous pas d’ores et déjà en train de sortir de l’Histoire ?

    Les épreuves, les crises, les guerres, rappellent toujours que l’homme ne vit pas seul et que l’individu n’est rien sans l’infrastructure omniprésente des institutions et des systèmes qui assurent sa survie. C’est le point aveugle de l’idéologie des droits de l’homme : l’homme moderne est certes un homme qui a des droits, mais encore faut-il dire qui assure ces droits, qui organise et qui paie.
    La vérité est que ces droits lui sont assurés par la société politique dont il est membre, dans un cadre défini dans l’espace par la frontière, et dans le temps par l’identité. L’Europe, en devenant la zone la plus ouverte du monde à tous les courants de capitaux, de biens, de services et d’hommes, a voulu rompre avec sa condition politique, refuser de se donner une frontière et d’affirmer son identité. Quel exemple significatif que ces billets sans visage pour l’euro ! Pourtant, l’histoire est en marche. L’Europe va devoir dire ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Selon l’intuition du philosophe Rémi Brague, elle se fera bien davantage en se séparant de ce qui n’est pas elle qu’en s’unissant à l’intérieur. C’est le défi d’une citoyenneté européenne à venir.

    Hervé Juvin, propos recueillis par Coralie Delaume (Causeur, 9 janvier 2012)

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  • Bonne année...

     

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    Avant de vous laisser lire les voeux grinçants de Michel Geoffroy, cueillis sur Polémia, Métapo infos vous souhaite une année 2012 dédiée à la mobilisation, à la résistance et au combat face au système et à sa pensée unique...

    Cordialement !

     

     

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    Rien que de bons voeux

    Bonne Année à Goldman Sachs qui a gentiment fourni des dirigeants à la Grèce, à l’Italie, à l’Espagne et à la Banque centrale européenne, pour nous aider à mieux prendre en considération les intérêts des banques et des marchés.

    Bonne Année à M. Trichet, aux directoires de la Banque centrale européenne et des banques centrales de la zone euro, qui ont bien mérité du Deutsche Mark.

    Bonne Année à l’euro surévalué « qui nous rend plus forts », mais que les gouvernements européens nous disent qu’il faut maintenant secourir d’urgence.

    Bonne Année à N. Sarkozy et A. Merkel qui décident de nouveaux traités limitant encore plus la souveraineté budgétaire des citoyens européens, mais sans les soumettre à référendum.

    Bonne Année à tous les gouvernants européens qui veulent nous protéger des démons du protectionnisme : les travailleurs chinois et indiens les remercient chaleureusement.

    Bonne Année à Liliane Bettencourt, à Maurice Lévy, à Louis Schweitzer, à Jean-Cyril Spinetta, à Frank Riboud et à tous les dirigeants qui ont souhaité au mois d’août dernier « l’instauration d’une contribution exceptionnelle qui toucherait les contribuables français les plus favorisés ». Leurs vœux seront exaucés au-delà de leurs espoirs puisqu’en 2012 nous paierons tous plus d’impôts, plus de taxes, ainsi que des tarifs et des péages plus élevés.

    Bonne Année à tous les chômeurs, en particulier les jeunes : l’embellie est en vue car N. Sarkozy a convoqué un sommet sur l’emploi dans trois semaines.

    Bonne Année aux inégalités sociales : elles vont continuer de prospérer avec la récession que nos gouvernants font tout pour écarter en réduisant les dépenses publiques et en augmentant les impôts et les taxes.

    Bonne Année aux syndicats de cheminots, de la RATP, des contrôleurs aériens, des pilotes de ligne, des postiers, des gaziers et d’EDF et d’une façon générale à tous les « partenaires sociaux » : vous aurez certainement l’occasion en 2012 de « lutter » pour vos revendications catégorielles en prenant en otages comme d’habitude les salariés, les usagers et les banlieusards impuissants.

    Bonne Année aux fabricants de caméras de vidéosurveillance, de radars et d’alcootests : le gouvernement a décidé d’en implanter de nouveaux et de rendre obligatoires ces derniers pour « améliorer notre sécurité », bien entendu.

    Bonne Année à tous les délinquants et criminels récidivistes : les 5 millions de victimes annuelles de crimes et délits recensées en France par l’Observatoire de la délinquance et de la réponse pénale leur assureront une activité soutenue en 2012.

    Bonne Année à ceux dont on ne parle jamais dans les médias : ceux qui profanent les églises, les tombes chrétiennes ou les cimetières militaires.

    Bonne Année aux forces de police et de gendarmerie qui continuent d’arrêter – en évitant les « bavures » – ceux que les juges libèrent peu de temps après.

    Bonne Année à tous ceux qui veulent venir en France nous faire profiter de leur extraordinaire savoir-faire ou nous enrichir de leurs magnifiques différences culturelles ou religieuses. Ils nous rejoindront bientôt puisque les syndicats, le patronat et les présidents d’université le réclament de concert aux pouvoirs publics, pour notre bien. Et bonne année à tous les « sans-papiers » : ils seront régularisés par circulaires une fois de plus, n’en doutons pas, en 2012.

    Bonne Année à tous les Mohammed car ce serait le prénom le plus fréquemment inscrit à l’état civil à Oslo, à Bruxelles ou à Marseille.

    Bonne Année à toutes les associations communautaires et « antiracistes » qui sont financées par le contribuable pour aider les étrangers qui contournent les lois de la République, pour promouvoir la discrimination à l’encontre des Français de souche ou pour réduire toujours plus notre liberté d’expression.

    Bonne Année au Parlement qui vote toujours plus de lois mémorielles qui confient aux juges le pouvoir de dire ce qui doit être « historiquement correct » pour nous.

    Bonne Année au Conseil constitutionnel et à la Cour européenne des droits de l’homme, qui mettent en tutelle le pouvoir législatif, c'est-à-dire notre souveraineté.

    Bonne Année aux médias et aux agences de publicité : ils continueront en 2012 de nous fournir régulièrement en bobards et ils veilleront à ce que nos informations et nos pensées restent bien « politiquement correctes ».

    Bonne Année aux Egyptiens, aux Tunisiens, aux Libyens, aux Afghans, aux Irakiens, aux Syriens, aux coptes et aux chrétiens du Nigéria : vous aurez bientôt le choix entre le chaos, la valise ou l’islamisme, mais avec les compliments des « libérateurs » occidentaux. Car, dieu merci, vous n’êtes pas protectionnistes !

    Bonne Année à nos militaires morts aux ordres de l’OTAN et à leurs familles : vous serez honorés le 11 novembre à la place de vos grands-parents qui sont morts pour la France.

    Bonne Année à Laurence Parisot qui nous souhaite une France métissée et qui se dévoue pour nous éviter de tomber dans un « piège bleu Marine ».

    Mais surtout bonne année à tous les Français qui finiront par ouvrir les yeux et qui en tireront enfin les conséquences politiques en 2012 !

    Michel Geoffroy (Polémia, 29 décembre 2011) 

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  • La fin des certitudes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site de l'agence de presse russe RIA Novosti et signé par Hugo Natowicz, journaliste français installé à Moscou, qui tient le blog intitulé Impressions de Russie.

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    La fin des certitudes

    Un de mes premiers souvenirs liés à l'actualité est la chute du mur de Berlin, événement qui a, à juste titre, marqué les jeunes nés dans les années 1980. Par-delà les énormes bouleversements géopolitiques qu'il a induits, le démantèlement de l'Union soviétique a eu une conséquence psychologique majeure: ma génération, frappée à jamais par ces images, a grandi avec la certitude d'être née du bon côté de l'histoire.

    Ce sentiment était exacerbé par des décennies de confrontation entre deux blocs, l'URSS et les Etats-Unis. Un tête-à-tête anxiogène qui avait au moins un mérite: celui de tracer une géopolitique commode et compréhensible, sur le mode binaire. Le monde était prévisible, nettement organisé autour de la confrontation de deux camps hostiles.

    Survenue il y a exactement vingt ans, la chute de l'Union soviétique signifiait la disparition du dernier obstacle à une dynamique qui, pensions-nous inconsciemment, devait naturellement finir par englober le reste de la planète telle une vague vertueuse. La géopolitique simpliste du temps de la guerre froide débouchait sur une autre certitude, une nouvelle commodité pour la pensée. Les rôles du gagnant et du perdant étaient nettement distribués: l'Occident sortait vainqueur de son conflit avec l'URSS.

    Baigné depuis l'enfance dans les valeurs occidentales, j'ai longtemps cru, comme de nombreux citoyens européens, que le système économique, politique et moral qui m'avait vu naître était la seule et unique voie possible. J'ai eu la chance de grandir dans un monde qui, s'il n'était pas dénué d'injustices, était mû par une dynamique simple, confortablement soutenue par ce "sentiment de victoire" sur l'Union soviétique.  

    Ce "monde occidental" dans lequel je suis né, comment le définir? A quel moment se produit la jonction géopolitique entre les deux rives de l'Atlantique? A cet égard, le débarquement des soldats américains à Omaha Beach a marqué un tournant majeur. Arrivé en libérateur, Washington bénéficiait du droit légitime d’implanter son système politique et économique. Une entreprise fondée sur le plan Marshall, un prêt censé aider l’Europe à se reconstruire et à se consolider face à l’ennemi communiste. Sous couvert d'aide, les USA s'assuraient un marché pour écouler leurs marchandises, et subordonnaient l'économie européenne. Dernier rempart de la souveraineté française, De Gaulle eut beau fustiger la suprématie du dollar, appeler au retour à l'étalon or, et accuser les Etats-Unis d'exporter leur inflation; il finit par quitter le pouvoir après avoir été chahuté par la révolte étudiante de mai 1968.

    Au niveau politique, la logique d'après-guerre s'est caractérisée en Europe par le fédéralisme politique, les efforts visant à enraciner le libre-échange et la soumission du politique à l'économique. Une dynamique menée au mépris de la volonté des peuples, qui s'y sont opposés lors de référendums à chaque fois bafoués. Militairement, la toute-puissance occidentale est adossée à l'Otan, qui continue de perpétuer la logique d'expansion propre à la guerre froide malgré la disparition de l'URSS.

     

    Demain la chute?

    Il est désormais bien loin, le temps des certitudes. L'économie, jadis moteur de la construction du "bloc" occidental, en est devenue le talon d'Achille. Alors que de nouveaux acteurs attendent de s'affirmer sur la scène internationale, le repère planétaire qu'est l'Occident s'enfonce dans une crise dont les répercussions sont encore imprévisibles. Une chose est sure: elles seront incommensurables. Derrière l'agonie de l'euro, dont l'aggravation continue augure un final dramatique, se dessine une autre crise, plus profonde. Vingt ans après celle de l'URSS, une nouvelle chute se dessine: celle du monde occidental tel qu'on l'a connu jusqu'à présent. 

    L'obsession des médias sur les turpitudes de la monnaie européenne forcerait presque à oublier les convulsions que connaît le véritable pilier de l'économie mondiale: les Etats-Unis. Les problèmes de ce pays sont plus qu'inquiétants: de grands Etats, comme le Minnesota, ont déjà fait faillite, et les finances de nombreuses villes sont à sec. L'Etat recule inexorablement, une tendance qui a également commencé à se manifester en Europe.

    Derrière ces phénomènes de surface, c'est le système consistant à créer de la croissance par la dette qui est à bout de souffle. Renflouement après renflouement, l'Europe se débat en "comblant" des déficits abyssaux par des emprunts colossaux, tandis que les Etats-Unis impriment du dollar à la chaîne. Conscients du cercle vicieux, nombreux sont les économistes qui assurent que le déclenchement d'un krach mondial n'est plus désormais qu'une question de temps. La crise débouchera-t-elle sur la victoire du fédéralisme européen et une soumission totale de l'Europe à la logique atlantiste ? Suscitera-t-elle au contraire un réveil des peuples et un découplage entre l'Europe et l'Amérique? Il est encore trop tôt pour le dire.

    Fait positif, une prise de conscience des dérives du système financier se manifeste notamment outre-Atlantique, comme en témoignent les manifestations "anti-Wall Street". Las d'être les instruments d'un système devenu fou, un nombre croissant d'Américains comprennent que rien ne changera tant que perdurera la toute-puissance des grandes banques américaines. Cette compréhension tardive a peu de chances d'atténuer les effets du krach qui se profile; elle constitue néanmoins un espoir indéniable pour l'avenir.

    Car dans l'effondrement qui menace le monde, on pourrait voir émerger des hommes éveillés aux quatre coins du globe. Conscients des incohérences du système dans lequel ils sont nés, ils auront la lourde de tâche de replacer l'humain au centre de l'économie.

    Hugo Natowicz (Ria Novosti, 23 décembre 2011)

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  • Demain l'identité !...

    Nous vous proposons de visionner ci-dessous un remarquable entretien avec Hervé Juvin, diffusé sur France 24. Magistrale !...

     

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  • "Tout le monde se fout de notre sort"...

    Nous reproduisons ci-dessous un article cueilli dans le quotidien Le Monde, daté du 7 décembre 2011, et consacré au sentiment d'abandon qui envahit les Français des nouvelles classes populaires, qui subissent au quotidien les effets de l'immigration et de l'insécurité...

     

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    M. Jean, dans une cité de la région parisienne : "Tout le monde se fout de notre sort"

    C'est une cité sans renommée, dans une petite ville de la banlieue parisienne. Des immeubles proprets, de quatre ou cinq étages, pas plus. Il y a un arrêt de bus où les bus s'arrêtent encore. Il y a quelques commerces de proximité, un centre social et un poste de la police municipale. Le centre-ville est à 300 mètres à peine, mais c'est déjà un autre monde. "Ici, monsieur, nous vivons dans une bulle. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes."

    M. Jean, 75 ans, et Mme Françoise, 64 ans, habitent à quelques numéros l'un de l'autre. Une fois obtenue la promesse de ne pas être reconnus ("Ça peut être risqué pour nous"), la parole se débonde en un flot ininterrompu, pendant plusieurs heures.

    M. Jean, un ancien photograveur, est arrivé ici, avec sa femme et son enfant, à la fin des années 1960. La construction des immeubles n'était pas encore achevée. Les voisins étaient alors des fonctionnaires de La Poste ou d'autres administrations, des militaires, des ouvriers de l'usine voisine. "Tout le monde travaillait. On se connaissait. On laissait la porte ouverte." "On causait les uns avec les autres", poursuit Mme Françoise, employée trente-huit ans dans un grand magasin et qui a emménagé en 1986.

    "ENTASSÉS DANS DES F3"

    Quand tout cela a-t-il commencé à déraper ? "C'est difficile à dire. Quand on s'aperçoit des choses, c'est trop tard." M. Jean situe tout de même le basculement dans les années 1980. La cité a commencé à accueillir des familles délogées des squats de Paris qui entravaient les projets immobiliers de prestige dans la capitale. "Elles ont commencé à s'installer à un bout de la rue et puis ont remonté à chaque appartement libéré. On mettait quatre personnes dans un logement et on en voyait d'autres arriver avec des valises d'on ne sait où. Très vite, les gens se sont entassés dans des F3."

    Quand il s'agit de décrire les nouveaux venus, le discours s'embarrasse un peu, les mots deviennent encombrants, le vocabulaire forcément connoté. Alors on cherche, on change : les étrangers, les immigrés, les Noirs, les Africains, les Arabes, les Maghrébins. Les anciens habitants, eux, sont partis, appartement après appartement.

    Autres circonvolutions, contorsions de langage pour décrire cette population en fuite : les Français, les Gaulois, les Blancs. Mme Françoise et M. Jean sont restés.

    L'ancien photograveur décrit la paupérisation croissante du voisinage. "Plus personne ou presque ne travaille, décrit cet homme investi de fonctions associatives qui lui permettent de pousser les portes fermées. Quand on entre dans certains appartements, y compris ceux des Français qui restent, on voit des choses incroyables, des gens entassés, de la misère."

    DROGUE CACHÉE DERRIÈRE LES COMPTEURS

    Depuis les années 1990, les petits trafics ont gangrené le voisinage, les cambriolages n'ont cessé de se multiplier. "Je vois des jeunes circuler à bord de voitures comme jamais je ne pourrais en avoir alors qu'ils sont officiellement au RSA. Ici, c'est tout petit. On connaît la situation de chacun." Mme Françoise dit retrouver régulièrement de la drogue cachée derrière les compteurs. Elle ne descend plus seule dans sa cave. Même si sa cité a été épargnée par les émeutes de 2005, elle voit régulièrement de ses fenêtres des voitures brûler sur le parking, notamment au Jour de l'an.

    "Grande gueule", comme elle se décrit elle-même, Mme Françoise n'a jamais hésité à expulser les jeunes qui investissaient le hall. Cela lui vaut des déboires. Il y a un mois, sa guimbarde, vieille de 20 ans, a été vandalisée. En mai, elle a été agressée en bas de chez elle, s'est retrouvée avec des points de suture à la tête. "Régulièrement, je me fais insulter."

    "Les gamins jouent en toute impunité à des choses qu'ils voient à la télévision ou entendent avec le rap, explique M. Jean. Ils refont l'histoire. Pour eux, on reste les colons. Chez les parents, c'est la loi du silence. Ils n'osent rien dire. Ils ont peur de leurs enfants ou peur de la police parce qu'ils sont en situation irrégulière."

    Il y a peu, les deux témoins voient également la religion musulmane prendre la rue. "Depuis un an ou deux, les femmes sortent maintenant avec le voile. La fille de ma voisine s'est mise à le porter, il y a six mois. Ça m'a fait un choc. Les hommes se laissent pousser la barbe et s'habillent à la pakistanaise." Une salle de prière devrait bientôt ouvrir dans la cité.

    EN DÉCALAGE

    Alors, Mme Françoise et M. Jean ont commencé à se sentir en décalage, pour ne pas dire esseulés. "Nous nous retrouvons enfermés dans un ghetto", résume M. Jean. Ils se sentent intrus dans "leur" cité. "On me conseille de partir, on me dit que je n'ai pas à occuper seule un appartement de 60 m2, dit Mme Françoise, qui a perdu son mari. Je ne demande pas mieux que de me barrer mais je n'en ai pas les moyens."

    La veuve dont la retraite est de 1 250 euros, paye 506,95 euros de loyer pour son F4. "Je ne pourrais jamais trouver ça ailleurs avec mes revenus." M. Jean touche 2 100 euros de retraite avec sa femme, et paye un loyer de 652 euros pour un appartement de 82 m2. " Si je pouvais partir, pensez bien que je le ferais. Mais j'ai passé l'âge d'acheter." Alors M. Jean a fait une demande de logement social dans le Var qu'il renouvelle chaque année, sans grand espoir.

    "Tout le monde se fout de notre sort", estime M. Jean. C'est sans doute le plus cruel. "La police nous dit qu'elle n'ose pas intervenir car elle craint de mettre le feu aux poudres." Le bailleur social, lui, a ses bureaux dans les beaux quartiers de Paris. "Quand vous vous retrouvez autour d'une table avec ces gens-là, vous sentez que vous n'êtes rien." Un constat amer que ne confirment pas exactement les importants travaux de rénovation entrepris par le bailleur et la municipalité ces dernières années.

    "LES POLITIQUES NOUS ONT OUBLIÉS"

    Quant aux hommes politiques... Mme Françoise explose d'un rire sardonique. "Ils nous ont oubliés. La cité ne vote pas. La participation atteint à peine 30 %. Alors nous n'intéressons personne." Les deux voisins avaient choisi Nicolas Sarkozy en 2007. "J'y ai vraiment cru", assure M. Jean. Il éprouve aujourd'hui plus que de la déception, de la révulsion pour "cet homme qui nous a trompés, qui a dit qu'il s'occuperait de nous et qui ne s'est occupé que de ses amis les riches".

    Aujourd'hui, affirme Mme Françoise, "ce qui se passe à la télé, ce qu'il dit à l'Elysée, on s'en balance, ça ne nous concerne plus". Ils iront quand même voter puisqu'ils l'ont toujours fait. Mme Françoise a arrêté son choix : "Sarkozy ? Il n'y a pas de risque que je me fasse avoir à nouveau. A gauche, il n'y a personne qui puisse vraiment changer les choses. Alors, pour moi, je vous le dis tout net, ce sera Marine Le Pen et tant pis si ça pète."

    M. Jean, ancien syndicaliste chrétien, ne peut se résoudre à ce choix. "C'est contraire à mes convictions. Je ne me suis pas encore fixé. Je regrette que le vote blanc ne soit pas comptabilisé." Il soupire. "Pourquoi ces gens-là ne sentent-ils pas que nous n'en pouvons plus ?"

    Benoît Hopquin (Le Monde , 6 décembre 2007)

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